vendredi 27 février 2015

Quelques démarches administratives dans ma maison de vacances


A la poste :
— Bonjour, je voudrais fermer le compte postal de ma grand-mère.
— Ah oui, je vois, elle avait aussi un livret. Deux, même. Ils sont vides ?
— Oui. Il faut les fermer aussi.
— Mais vous avez les livrets avec vous ?
— Les vrais, en papier, vous voulez dire ? Ah non, je n'ai aucune idée de l'endroit où ils sont.
— Alors je ne peux rien faire. Revenez avec les livrets.

A l'agence téléphonique :
— Bonjour, je voudrais rendre ce téléphone que ma grand-mère avait visiblement loué au moins dix ans avant sa mort. Au prix de trois euros par mois, je n'ose pas calculer combien il nous a coûté.
— Ah, on ne peut pas faire ça ici. Il faut l'envoyer en recommandé à cette adresse, tenez.
— Mais c'est juste à côté d'ici, je peux aller le déposer ?
— Non, c'est uniquement une adresse postale.
— Je peux au moins transférer le contrat à mon nom ? Cela fait cinq ans qu'elle est morte, ma grand-mère...
— Ah non, il faut d'abord rendre tout ce qui a été loué.

Au téléphone avec le gaz :
— Bonjour, je voudrais modifier le nom sur les factures, elles sont encore adressées à ma grand-mère décédée, et puis aussi, je viens de me rendre compte que depuis la mort de ma grand-mère il y a cinq ans, vous avez continué à me facturer sur la base de ce qu'elle consommait avant, quand la maison était chauffée tout l'hiver, alors que ce n'est plus le cas...
— Attendez que je vérifie. En effet, d'après le dernier relevé de compteur, il y a trois mois, nous vous devons 1200 euros.
— Ah, enfin une bonne nouvelle ! Et vous comptiez me rembourser quand ?
— Dès que vous en feriez la demande.
— Je vois. Alors je fais la demande. Et aussi, je voudrais changer de nom, donc.
— Dans ce cas, je vais vous envoyer une facture de clôture de compte au nom de votre grand-mère, et un nouveau contrat à votre nom. Votre grand-mère sera remboursée par chèque.
— Mais comment voulez-vous que je l'encaisse, ce chèque, s'il est à son nom ? Je viens de vous dire qu'elle était morte !
— On peut aussi le faire par virement sur le compte où étaient débitées les factures. Mais comme il faut d'abord que le compte soit à zéro avant de changer de contrat,  il faudra faire ça dans un second temps.

Au téléphone avec l'électricité :
— Bonjour, je voudrais modifier le nom sur les factures, elles sont encore au nom de ma grand-mère décédée...
— Bien sûr, pas de problème. On va faire ça tout de suite.
— C'est vrai ? Comme ça, tout de suite, au téléphone ? Mais c'est formidable !
— Absolument. Cela vous coûtera 86 euros, qui vous seront facturés sur la prochaine facture, à payer d'ici la fin du mois de mars.
— Pas de problème, les factures sont payées directement par la banque.
— Ah, mais non, quand on change de nom de client, le prélèvement automatique est annulé, il faut le refaire.
— Ah... Je vais y aller tout de suite, alors.
— Non, il vous faut l'autorisation à remettre à la banque avec toutes les données. Elle sera dans la prochaine facture.
 
Au téléphone avec le distributeur d'eau - Jour 1 :
— Bonjour, je voudrais faire changer le nom d'un contrat, vous êtes ouverts jusqu'à quelle heure ?
— 16h.
Chez le distributeur d'eau - Jour 1 :
— Bonjour, je viens faire changer le nom d'un contrat.
— Ah, désolé, nos informaticiens travaillent depuis ce matin sur nos ordinateurs, on ne peut rien faire. On ne vous l'a pas dit, quand vous avez téléphoné ?
Chez le distributeur d'eau - Jour 2 :
— Bonjour, je viens...
— Désolé, nos bureaux ne sont pas ouverts au public le mercredi après-midi.
Chez le distributeur d'eau - Jour 3 :
— Bonjour, je viens changer un contrat, je crois que j'ai tout : le certificat de mort de ma grand-mère, sa carte d'identité, l'acte de succession, un justificatif de domicile, ma carte d'identité, mon numéro de sécurité sociale, le relevé du compteur, l'autorisation de prélèvement destiné à la banque, mon permis de conduire, la photocopie de mon diplôme de Sciences Politiques, l'acte de naissance des mes enfants et de mon compagnon, la recette des amaretti, mes mensurations, il ne manque rien, dites ?
— Non, mais le relevé n'est pas cohérent par rapport à nos prévisions.
— Forcément, la maison n'est presque plus habitée depuis des années, et vous avez continué à facturer comme si elle l'était !
— Ce doit être ça, mais par sécurité, nous allons envoyer quelqu'un relever le compteur.
— Mais je viens de le faire !
— Nous devons vérifier.
— Et en attendant, je peux mettre la facture à mon nom, hein, dites, je vous en supplie ?
— Ah non, il faut d'abord remettre le compte à zéro. Nous rembourserons le trop-plein perçu à votre grand-mère.
— Mais non, c'est à moi que vous rembourserez le trop-plein perçu, c'est moi qui paye les factures depuis cinq ans, je vous jure, regardez, j'ai aussi mon RIB, c'était notre compte joint à ma grand-mère et moi, donc ça ne change rien...
— Navré, mais c'est la procédure.

Chez la compagnie d'assurance :
— Bonjour, je viens de classer tous mes papiers et je n'ai pas trouvé l'attestation d'assurance pour 2014 et 2015.
— Alors... Ah oui, c'est normal, vous n'avez pas payé la facture début 2014, donc votre maison n'est plus assurée depuis un peu plus d'un an.
— Hein ? C'est une blague ? Mais vous ne m'avez pas relancée ? Et s'il y avait eu un incendie, par exemple ? Si la maison avait été totalement démolie ?
— Eh bien, vous n'auriez pas été remboursée. Vous voulez renouveler l'assurance pour 2015, alors ?


(Conversations très très résumées, car chacune a duré au moins une demi-heure, et jusqu'à deux heures dans le pire des cas, mais toutes strictement authentiques.)
(Et je vous ai épargné certaines démarches, notamment à la mairie et aux impôts)
(N'empêche que j'ai tout de même réussi à faire plein de choses, na !)

mercredi 25 février 2015

Du bon temps

Le temps.
Vous n’avez pas idée. Tout ce temps, tout à coup. Depuis que je suis arrivée ici, je travaille, pourtant : je traduis presque autant de pages qu’un jour de semaine ordinaire ; et en plus de cela, je cours à droite et à gauche, à la banque, à la mairie, dans un magasin de bricolage, dans une compagnie d'assurance. Et pourtant, j’ai du temps, plein, plein, plein. Cette différence incroyable, ne pas devoir s’occuper des enfants, et puis les corvées divisées par six. Je vous ai déjà parlé des corvées ? Quand je projetais d’avoir une famille nombreuse, j’avais pris en compte les problèmes d’argent, de place, de temps à consacrer aux enfants – les doucher, les habiller, jouer avec eux, les nourrir, les emmener à l’école, etc. –, mais j’avais négligé les corvées. Le lave-vaisselle à remplir et à vider matin et soir, les deux kilos de poireaux à découper et à nettoyer, le pain à faire ou à acheter, les quinze gros sacs de course à ranger, les dix ou vingt kilos de vêtements à trier, mettre dans la machine, faire sécher, plier, ranger. Même avec des électroménagers performants, même en s’y mettant à deux, même en éliminant toutes les tâches superflues comme le repassage, même en étant le plus efficace possible, même sans compter toutes les corvées administratives, cela prend des heures.

Et là, tout à coup, trois jours toute seule. Et tout ce temps, que de temps ! Pas de lessive, des courses minuscules, un repas complet mais très simple, une seule assiette que je lave à la main. Je déjeune sans me presser, et pourtant, j’ai terminé en un quart d’heure. Quoi, il est seulement 13h ? A la maison, il serait déjà 13h : plus que trois heures avant d’aller chercher les gamins, il faut que je me dépêche ! Mais là, je peux lire quelques pages supplémentaires de mon bouquin, me glisser sous ma couette pour avoir plus chaud, et même m’assoupir, et puis aller prendre un capuccino au bar pour me réveiller, et il est à peine 15h, et j’ai encore tout l’après-midi et toute la soirée devant moi ! Une sensation totalement oubliée : celle de ne pas être pressée.

Le temps. La solitude. Le silence. Certains en ont trop. Moi, j’adore… pendant trois jours. Juste trois jours pour redécouvrir la lenteur, le calme. Pour me rendre compte que si les choses s’étaient passées différemment, cela pourrait être ma vie. Cela le sera peut-être un jour. Certainement. Une maison plongée dans l’obscurité, où la seule pièce éclairée est celle où je travaille, où le seul bruit est celui des touches de mon clavier. Je comprends mieux pourquoi ma grand-mère avait toujours la radio ou la télévision allumée. Pourquoi presque toutes les traductrices célibataires de ma connaissance ont des chats. Pourquoi la vieille voisine d’en face me saute dessus pour papoter dès que j’arrive ici. Ce n’est pas mon désir : à tout prendre, je préfère les cris, les urgences, la course quotidienne, l’enchaînement des activités qui ne laisse pas le temps de respirer ni de méditer sur le sens ou la vacuité de l’existence. Mais pendant trois jours, ce temps à ma disposition est un cadeau du ciel. Je m’en repais avec autant de voracité que si on me servait de la salade – dont je me passe très bien en temps ordinaire – après m’avoir gavée exclusivement de gâteaux pendant des années. Quelque chose de sain, de rare, de précieux, qui confine au merveilleux. Du temps, du temps…

lundi 23 février 2015

Pique-assiette

Au bout de douze heures de voyage, arrivée dans une maison glaciale. Frigo vide (littéralement, cette fois). Magasins fermés. Resto ? Bof : pas de sous, et envie de me coucher tôt. Alors ?
Alors, vers 18h45, visite chez de vieux amis de la famille. Joie, surprise, embrassades, et puis :
—Tu viens d'arriver ?
— Oui, je suis épuisée ! Je vais vite fouiller dans les placards pour voir si je trouve quelque chose de pas périmé depuis l'été dernier, et puis au lit !
—Tu n'as rien à manger ?
—Si, si, ne vous inquiétez pas, je vais me faire des pâtes à l'huile... Ça me réchauffera, il fait douze degrés, dans la maison...
— Mais reste plutôt dîner avec nous, j'ai fait une soupe et il me reste de la charcuterie et de la tarte aux pommes!
— Oh, je ne veux pas vous déranger...
— J'insiste !
J'ai accepté. Puisqu'ils insistaient...

Courte nuit

Couchée à minuit pour cause de partie de Risk avec le Grand (je crains que sa plongée dans la Seconde Guerre mondiale ne lui ait donné des idées bizarres) (il a aussi totalement abandonné ses pokemons et ne joue plus sur sa DS qu'à World Conqueror) (j'essaie de lui faire comprendre qu'en suivant sa première ambition, devenir richissime, il peut aussi devenir un genre de maître du monde de manière un peu moins sanguinaire) (si, je suis anticapitaliste, mais à tout prendre je préférerais être la mère de Bill Gates que de Napoléon) après laquelle j'ai encore fini un chapitre de ma traduction, je me suis levée à 5h pour prendre le train de 6h20...
... qui est finalement parti à 7h30 pur cause de panne et de changement de rame.

Sommeil.

(Non, je ne peux pas dormir, il y a une femme avec deux mômes de 3 et 5 ans à côté de moi) (Quelle plaie, les enfants, à cet âge-là.)

dimanche 22 février 2015

Fils de libraire

Mr Thing Two fabrique un "livre" : plusieurs feuilles de papier agrafées entre elles. Il le retourne, et déclare :
— Je vais aussi faire un dessin pour la quatrième de couverture.

OK, ça c'est acquis. Prochaine étape : l'ISBN et l'achevé d'imprimer.

samedi 21 février 2015

Retour et re-départ

Voyage de retour toujours sans histoire – désolée, encore une fois. Juste les Things qui refusaient de regarder le DVD que je leur avais mis et qui préféraient chahuter, et le Grand qui a refusé, même sous menace de punition, d'aller s'asseoir sur son siège derrière le mien, parce que "je veux pas être tout seul, je serai trop loin de vous", et du coup il a fallu se serrer à cinq sur quatre places. De la part d'un pré-ado qui n'a quasiment pas quitté sa chambre pendant six jours d'affilée, et que nous n'avons vu qu'à l'heure des repas, cela m'a un peu agacée. Surtout qu'en fait, j'aurais pu prendre seulement quatre places, puisque le Filou a moins de trois ans, mais que j'en ai pris cinq pour que ce soit plus confortable et pour que le Grand puisse bouquiner tranquillement à l'écart. Du coup j'ai dépensé 18 euros (aller-retour) pour que la dame assise derrière nous ait la place de poser son sac et son manteau à côté d'elle.
Et puis quand je suis arrivée à la maison, j'ai découvert que j'avais 4,13 euros sur mon compte en banque, que le frigo était presque aussi vide que mon compte en banque, et qu'il y avait eu un attentat à Copenhague.
Du coup j'ai envie de repartir. Et ça tombe bien, parce que lundi matin, je repars en effet, et toute seule, pour quatre jours. Pas au ski, hélas : j'ai un certain nombre de démarches administratives à faire dans la maison où nous passons tous les étés, et bien entendu, j'emporte ma traduction sous le bras, à terminer impérativement cette semaine. Mais quand même, rien qu'à l'idée que je vais passer trois soirées seule, manger quand j'en aurai envie, me réveiller le matin sans entendre le Filou crier "Maman, a matin !" à 7h, discuter avec les voisins, et même certainement lire un roman dans le train (je ne peux pas travailler sur l'ordinateur dans le TGV, ça me donne une nausée terrible), j'ai envie de danser.
Et dire que Darling, qui vient de passer une semaine tout seul à la maison (et au boulot, bien sûr) n'attendait qu'une chose : notre retour... Le monde est mal fait !

jeudi 19 février 2015

Balisé

Comment convaincre des petits enfants à avancer autrement qu'en leur promettant une belle balade et de beaux paysages dont ils se fichent pas mal ?


Réponse : en empruntant un sentier de randonnée et en leur faisant chercher les balises. Ambiance chasse au trésor, saine émulation et avancée rapide garantis.

mercredi 18 février 2015

Brumeux

- Mais je t'assure, me répétait ma mère, normalement il n'y a jamais de brouillard, dans cette région...




lundi 16 février 2015

Quatre enfants dans le train

Alors voilà, j'ai pris le train pendant trois heures toute seule avec quatre enfants, et... rien. Mais vraiment rien de rien. Le RER nous a emmenés à la gare largement dans les temps, le Grand a porté la moitié des bagages, les trois petits n'ont pas fait de fugue, je ne me suis pas trompée de date, nos sièges étaient côte à côte, les seuls voisins proches avaient eux aussi des enfants et ne lançaient pas de regards incendiaires aux miens, le lecteur de DVD a fonctionné, personne ne s'est endormi, le pique-nique était satisfaisant pour tout le monde, j'ai réussi à remettre toutes les chaussures et même les manteaux avant d'arriver à notre gare pourtant annoncée juste deux minutes plus tôt, une dame m'a aidée à faire sortir tout le monde du train, nous n'avons rien perdu, et ma mère nous attendait à la sortie. Un voyage sans histoires.
Promis, la prochaine fois, nous ferons mieux...

samedi 14 février 2015

Le lac des cygnes

Premier ballet de ma vie. Le lac des cygnes, par le ballet impérial de Moscou. Une valeur sûre. Mise en scène ultra-classique. Décors magnifiques, costumes superbes, et danseurs très doués. Bref, très beau, vraiment.


Vraiment très beau.


Mais quand même... ça manque un peu de mots, non ?

Je veux dire, je n'ai rien compris à l'histoire, sauf le début dont j'avais lu le résumé sur le programme. A la fin, le prince et le sorcier se bagarrent, et puis après ? Wikipédia n'a pas pu m'aider, parce qu'apparemment, il y a plusieurs fin possibles. J'ai bien vu que le sorcier se tordait d'agonie sur le sol, mais ensuite, il s'est relevé. Ou alors c'était pour saluer ? Et puis le prince et sa belle aussi finissaient par terre ; mais pour mourir ou pour s'embrasser ? Le mystère reste entier.

Franchement, je ne sais pas, un surtitrage, au moins ?

Donc voilà, c'était mon premier ballet, et le dernier, peut-être, parce que ce spectacle très beau (j'insiste) a confirmé ce que je savais déjà depuis belle lurette : moi, ce qui m'intéresse, ce sont les mots. Parlés, chantés, écrits, qu'importe. Mais à mes yeux, une histoire sans mots, aussi belle soit-elle, c'est comme une chanson sans paroles (ou chantée dans une langue que je ne comprends pas) : il manque vraiment quelque chose. Il manque l'essentiel...

jeudi 12 février 2015

Interviews et fous-rires

Ce matin, l'auteur que j'ai accompagné hier et aujourd'hui (et qui vient de repartir, hélas) (c'est la rémunération, les repas au resto et la joie de rencontrer plein de monde que je regrette, bien sûr) (n'empêche qu'il est vraiment charmant, ce monsieur) (pour répondre à une question posée dans les commentaires : non, Darling ne lit pas mon blog) a été prié de réciter quelques mots en gesticulant devant la caméra. Le cameraman et lui discutaient en mauvais anglais. Traduit, voilà à peu près ce que ça a donné :
— Alors là, quand tu dis "Toi aussi !", tu fais un signe.
— Comme ça ?
— Non, pas avec toute la main, juste avec un doigt.
— Comme ça ?
— Oui, enfin c'est mieux si tu, heu, si tu désignes, tu pointes...
— Je n'ai rien compris. Tu le veux où, mon doigt ?

Ce qui nous a tous mis en joie dès 9h du matin.

Ensuite, nous avons fait une promenade sur les bords de la Seine, pour filmer l'auteur en train de découvrir Paris, et puis, comme c'est un auteur qui écrit des livres d'aventure plein d'action et de bagarres, on lui a proposé une petite mise en scène pour la page Facebook de sa nouvelle série : l'un des journalistes allait fait semblant d'arracher un sac à main, et l'auteur allait l'arrêter, l'assommer et lui reprendre le sac.
Devinez qui était la seule femme du groupe, donc la seule à avoir un sac à main ?
Sauf que quand le pickpocket d'opérette a essayé d'emporter mon sac, la lanière s'est cassée. L'auteur lui a quand même sauté dessus, alors que l'autre essayait de revenir en arrière. Le photographe a choisi ce moment pour faire une photo, qui représente donc deux hommes en train de se battre sauvagement, et moi juste à côté, absolument écroulée de rire.
Comme nous étions juste devant Notre-Dame, je vous laisse imaginer la tête des touristes, heureusement encore rares à cette heure matinale.

Plus tard encore, le cameraman a voulu demander à l'auteur de pivoter sur lui-même. Apparemment, dans le jargon du métier, il y a un mot pour ça : visser / dévisser, selon le sens dans lequel on tourne. Il lui a donc demandé fort aimablement :
Screw yourself, please.
Ce qui n'est pas spécialement drôle quand on ne connaît pas le deuxième sens du verbe to screw, mais l'auteur le connaissait, lui. J'en ris encore en écrivant ces lignes. Digne pendant de l'histoire de doigt du matin.

L'après-midi, pendant une rencontre avec une quinzaine de personnes, alors que je commençais à fatiguer, un jeune lecteur a posé une question très pertinente à l'auteur, qui y a répondu longuement, dans les détails. Il faisait des pauses, donnait des exemples. Il en était à sa deuxième ou troisième pause depuis le début de sa réponse quand il s'est tourné vers moi, gentiment moqueur :
— Tu n'es pas censée traduire ce que je dis, là ?
J'étais tellement crevée, ou tellement captivée par ce qu'il disait, que j'avais totalement oublié pourquoi j'étais là. Cette fois, ce sont surtout les autres qui ont bien ri...

(Quand je me retrouverai en tête-à-tête avec mon bouquin, la vie va me paraître bien terne, demain !)
(Mais samedi, je pars en vacances avec les mioches chez ma mère... Je ne me reposerai sans doute pas beaucoup, mais je ne devrais pas non plus avoir trop l'occasion de m'ennuyer !)

mercredi 11 février 2015

Journée d'interprétariat

J'ai passé la journée avec un homme très sympathique, intéressant, beau, cultivé, et de mon âge ;
J'ai déjeuné et dîné dans deux restaurants différents, tous les deux étoilés ;
J'ai appris plein de choses sur les techniques de self-défense ;
A la fin de la journée, j'ai marché vingt minutes dans Paris illuminée, en admirant au passage Notre-Dame, l'Hôtel de Ville, la Tour Eiffel, et la Conciergerie ;
Et sous prétexte que le monsieur très charmant ne parlait pas français, et qu'il m'a donc fallu traduire ses paroles, j'ai gagné en une journée un dixième de ce que je gagne habituellement en un mois.

Franchement, si on pouvait devenir interprète à plein temps d'auteurs jeunesse étrangers en tournée à Paris, je crois que je me laisserais tenter...

mardi 10 février 2015

La nouvelle passion du Grand

Quand il était tout petit, peut-être vers quatre ans, il y a eu les dinosaures. Avant, je ne savais même pas reconnaître un tyrannosaure ou un diplodocus. Je vous jure. Maintenant, quand Mr Thing Two (qui y vient à son tour) m'interroge, je suis capable de lui nommer du premier coup un parasaurolophus, un ankylosaure ou un pachycéphalosaure. Les doigts dans le nez.
(Faut pas me demander de l'écrire, par contre. Vous pouvez vous réjouir qu'il y ait un correcteur orthographique, sur ce programme : je n'ose pas vous dire comment j'avais orthographié anchilosaure ankilosaure anquilosaure ankylausore...)

Un peu plus tard, mais toujours avant qu'il apprenne à lire et qu'il puisse trouver tout seul les réponses à ses questions, il y a eu les instruments de musique. Avant, je ne savais même pas lequel, du violoncelle ou de la contrebasse, était le plus gros, et j'ignorais totalement l'existence des altos. Maintenant encore, si on m'interroge, je peux vous décrire minutieusement la différence entre une clarinette et un hautbois, et vous expliquer pourquoi le cor anglais s'appelle comme ça alors que ce n'est pas un cor et qu'il n'est pas anglais.

Au fil des années, il y a eu d'autres passions, toujours aussi violentes. Cela ne durait que quelques mois, mais pendant ces quelques mois, ça occupait son esprit du lever au coucher. Et bien sûr, même quand il a su lire, j'ai essayé de le suivre, au moins un peu, pour qu'il puisse en parler à quelqu'un. J'ai relu en long et en large tous les Tintins pour suivre la carrière du docteur Müller ou expliquer point par point ce qui me permettait d'affirmer que la Castafiore était non seulement une excellente chanteuse, mais aussi une femme au cœur d'or. J'ai comparé ad nauseam les catalogues Playmobils des différentes années, pour traquer la différence entre le chapeau du pirate numéro 2 de la boîte 9456 sortie en 2009 et le chapeau du capitaine de la boîte 6589 sortie en 2010. Je me suis émerveillée sur la poésie des côtés face des pièces de 1 euro finlandaises, et j'ai raconté l'histoire de l'enlèvement d'Europe qui figure sur les pièces de 2 euros grecques, sans oublier de braquer tous mes amis pour qu'ils me montrent le contenu de mon porte-monnaie, et d'examiner scrupuleusement les pièces qu'on me rendait à la boulangerie (— Vous pouvez me faire confiance, madame, c'est bien une pièce de dix centimes ! — Oui mais non mais c'est pas ça, mais il nous manque encore la version irlandaise, voyez-vous... Ça vous ennuierait si je fouillais dans votre caisse ?)
Le seul sujet sur lequel j'ai refusé catégoriquement de me pencher, c'est les pokémons. Rien à faire. Faut pas compter sur moi. Je ne passerai pas des heures et des heures à apprendre que Olacdejnève est l'évolution de Yapalfeu. Non.

Mais depuis la semaine dernière...
— Maman, pourquoi est-ce que Franco ne s'est pas engagé aux côtés de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre Mondiale ?
— Maman, le pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne, est-ce que c'est plus ou moins la même chose qu'une alliance ? Est-ce qu'ils commerçaient entre eux, par exemple ?
— Maman, tu savais que le corps de Mussolini avait été exposé dans une rue de Rome après sa mort ?
— Maman, si les Etats-Unis n'étaient pas entrés en guerre, est-ce que l'Allemagne aurait quand même perdu ? Pourquoi ?
— Maman, et la Bulgarie, pourquoi est-ce qu'elle s'est alliée à l'Allemagne, la Bulgarie ?
(Si vous savez répondre spontanément à cette question, vous avez droit à toute mon admiration) (on ne triche pas en consultant un époux prof d'histoire, hein, toi là-bas !)

Donc voilà, depuis une semaine, le Grand est entré dans une phase "Seconde Guerre mondiale". Il y a pire, on est bien d'accord. Je lui ai dégoté illico un bouquin sur le sujet, et il ne le lâche plus. Et pour les réponses qui n'y figurent pas, Wikipédia est mon amie. Et puis je n'étais pas mauvaise en Histoire au lycée, et il m'en est resté pas mal de choses. N'empêche que "Maman, ça veut dire quoi exactement, communiste ?" en plein petit-déjeuner, cinq minutes avant d'emmener les Things à l'école, ou "Maman, qu'est-ce qui est arrivé au maréchal Pétain après la guerre ?" pendant que je suis en train de nettoyer les déjections du Filou qui a eu la flemme d'aller sur le pot et a étalé du caca partout sur le palier, je vous avouerai que parfois, ça me fatigue...

lundi 9 février 2015

Merci de votre participation

Le conseil général de mon département songe enfin à faire des travaux le long d'une nationale particulièrement accidentogène, avec un "trottoir" ridicule et non goudronné, plus ou moins officiellement ouvert aux vélos. L'occasion enfin de se faire entendre, enfin.

Apparemment, le premier questionnaire, que je n'ai pas vu, commençait pas demander aux gens dans quelles conditions ils empruntaient le plus souvent cette route : seul dans une voiture, à plusieurs dans une voiture, en autobus, à moto, ou à pied ?
...
...
Quelque temps plus tard, l'oubli est réparé. Quand on me signale le questionnaire disponible en ligne, je décide donc de mettre mon grain de sel. Je me réserve un quart d'heure : ce genre de questionnaire est souvent long.

La première question est presque la même : dans quelle condition réalisez-vous le plus souvent ce déplacement ? Seul en voiture, à plusieurs en voiture, en autobus, à moto, à vélo (ah, ben voilà !), ou à pied ?
A vélo, réponds-je.
(En réalité, je dois avouer que je ne suis passée par là qu'une seule fois, car ce n'est pas tout près de chez moi. Mais cette fois-là, c'était à vélo, si si.)
J'ai rempli 2% du questionnaire. Je clique sur "suite". Et voilà que ce texte apparaît sur mon écran :
Merci d’avoir pris le temps de répondre à cette enquête, qui concerne essentiellement les usagers des bus et les conducteurs de voiture. Cependant, l’amélioration de la circulation sur la nationale concernera bien l’ensemble des moyens de déplacement : cyclistes, piétons, conducteurs de deux-roues motorisés...
Votre participation permettra d’enrichir l’étude globale d’amélioration des déplacements sur la nationale, dont les résultats sont attendus à l’automne.
N’hésitez pas à vous exprimer dans l’espace ci-dessous si vous avez quelque chose à ajouter.
Remarquez bien que si on signale qu'on passe par là à pied ou à moto, on est éjecté tout aussi vite. On va améliorer les conditions de la circulation sur cette route pour tout le monde, mais les seuls qu'on écoute, ce sont les automobilistes et les usagers des bus. Les piétons, les motards ou les cyclistes n'ont pas voix au chapitre. On va "améliorer" leur sort, mais sans les consulter, surtout. Ce sont les conducteurs de bagnoles qui vont décider ce qui vaut le mieux pour ceux qu'ils fauchent à la première occasion sur cette maudite route. On vit une époque formidable.

Voyons le bon côté des choses : au lieu de perdre un quart d'heure, j'ai pu retourner à ma traduction au bout d'une minute...

samedi 7 février 2015

Maman, ou une dame ?

Sur la liste de course du frigidaire, Darling a griffonné un dessin : une femme qui me ressemble un peu, avec ses cheveux courts et bouclés, en dehors du fait qu'elle brandit un plumeau (ce qui gâte considérablement la ressemblance, avouons-le). Mr Thing Two le remarque :
— Oh, on dirait que c'est maman !
Le Filou n'est pas d'accord :
— Bah non, pas maman, ça !
Je m'en amuse :
— Alors c'est qui, à ton avis ?
Il hésite, puis il lance :
— Ça a dame, ça !
— Tu as raison, c'est une dame. Mais moi aussi, je suis une dame, je te signale !
Alors là, il est choqué. Pour un peu, il se fâcherait :
— Mais non ! A pas dame, toi !
— Ah bon ? Je suis un monsieur, tu crois ?
— Mais nooon !
— Qu'est-ce que je suis, alors ?
Et lui, totalement déconcerté par ma question ridicule, de marteler :
— Toi MA-MAN, toi !

Plus tard, je me suis dit que c'était aussi pour ça qu'on faisait des enfants*. Parce que pendant quelques années, pour eux, il y a les dames, et puis les messieurs, et puis il y a maman et papa. Aux yeux de qui d'autre – si ce n'est aux yeux de nos propre parents, peut-être – peut-on espérer être à ce point unique au monde qu'on forme une catégorie d'êtres humains à soi tout seul ?


* Oui, j'avoue que je me pose très souvent la question. Même après quatre mômes, je ne suis pas complètement certaine d'avoir une bonne réponse...

vendredi 6 février 2015

Livret, kiné, lumière, vélo, boulot, rhume, gâteau, gamins et dodo (si si, tout ça)

Quelques pollyanneries, du coup ?

- Je suis contente parce que la prof principale du Grand m'a remis son livret avec des compliments, et que tout ce qu'elle trouve à lui reprocher, c'est qu'il participe trop peu à l'oral. Comme c'est ce qu'on me dit depuis le CP, ce n'est pas une surprise, et ça ne valait pas forcément le coup de sacrifier trois quarts d'heure pour m'entendre dire ça, mais c'est toujours plaisant de savoir qu'on a un gamin qui se débrouille bien, surtout quand on n'y est strictement pour rien (jamais je ne vérifie s'il a bien fait ses devoirs ou s'il a bien compris ses leçons). Du coup il a eu droit à un gâteau chez le pâtissier pour fêter ça, et il a choisi... une tarte aux fraises. Dehors, il faisait -5°C. Bon, disons que son niveau en maths ou en anglais est meilleur qu'en écologie.

- Je suis contente parce que ma kiné est sympa et (il me semble) compétente. Ce qui est important, vu que je suis condamnée à la voir au moins deux fois par semaine pendant de longs mois. Et quand j'ai vraiment mal, au lieu de me faire de la rééducation, elle me fait un massage, ce qui n'est pas désagréable. Il faut juste que j'apprenne à faire taire la petite voix qui me chuchote que pendant qu'elle me masse, je pourrais finir de lire tel manuscrit pour tel éditeur, ou recoudre le bouton d'un pantalon, ou vérifier mon compte en banque sur mon téléphone d'une main tout en me lavant les dents de l'autre, mais j'y travaille.

- Je suis contente parce qu'en rentrant de chez l'assistante maternelle, vers 17h30, je me suis rendu compte qu'il faisait jour. Il y avait même encore un peu de soleil qu'on pouvait admirer si on avait le courage de lever le nez et d'affronter le vent glacial. Que c'est bon de voir les jours s'allonger !

- Je suis contente parce qu'il y a une quinzaine d'années, quand je cherchais un vélo d'occasion, j'ai choisi un peu par hasard un vélo hollandais. Pour ceux qui l'ignorent, on est assis très droit sur un vélo hollandais, alors que sur les vélos plus sportifs, on est souvent à moitié couché en avant, et le poids du corps repose en partie sur les poignets et les épaules. Position impossible à prendre avec une capsulite. Je suis donc très contente de pouvoir malgré tout continuer à faire du vélo, d'abord parce que sinon, je perdrais beaucoup de temps, et ensuite parce que même quand les conditions météo ne sont pas idéales et que j'ai la flemme de sortir, je me rends compte que ce pédalage au grand air me fait beaucoup de bien, à la fois physiquement et moralement.

- Je suis contente parce que j'ai bien bossé pendant le peu de temps dont je disposais aujourd'hui, et que j'ai donc tout de même réussi à avancer ma traduction.

- Je suis contente parce que je vais accompagner un auteur anglais la semaine prochaine pendant ses deux jours de tournée parisienne, et que j'aime beaucoup ce genre d'activité. En plus, il écrit des bons bouquins.

- Je suis contente parce que comme ça fait 48 heures que j'ai un rhume carabiné, ça va forcément commencer à aller mieux demain ou après-demain au plus tard. J'ai hâte.

- Je suis contente parce que les gamins et moi-même n'avons pas intégralement dévoré le gâteau au miel que j'ai fait pour le goûter, et qu'il en reste donc pour le petit-déjeuner. J'ai faim rien que d'y penser.

- Je suis contente, comme toujours, parce que mes gamins vont bien, parce que le Grand est plutôt bien dans sa peau pour un ex-grand-angoissé-pré-ado, parce que Miss Thing One est forte et indépendante, parce que Mr Thing Two est drôle et vif, parce que le Filou est le plus mignon des terrible two tyranniques et capricieux, et parce que ça me fait trois adorables gamins à bizouiller tout le temps (le Grand a un peu passé l'âge, mais il a eu plus que sa part pendant des années, croyez-moi).

- Je suis contente parce que c'est l'heure d'aller me coucher !

jeudi 5 février 2015

Une journée travaillée

Demain matin, lever à 7h, douche réveil des enfants biberons petit déjeuner habillement général etc., et puis aller-retour chez l'ass-mat pour y conduire le Filou. Retour vers 9h15.
A 9h30, rendez-vous avec un cabinet d'expertise pour le "bornage" de la maison jouxtant la mienne. Histoire de voir si l'immeuble qu'ils veulent construire à la place de cette jolie maison peut aller jusqu'au mur mitoyen, ou pas. (Soupir.)
Ensuite, lessives, vidage de lave-vaisselle, coup de fil pour réserver une voiture, courses en ligne, tout ça.
A midi, après avoir grignoté sur le pouce, départ pour le seul magasin bio de toute la commune, où est livré mon panier hebdomadaire de légumes bizarres. Avec un peu de chance, je ne serai pas prise sous une tempête de neige avec mon vélo comme la dernière fois.
Sur le chemin du retour, arrêt chez la kiné, à 13h. Retour à la maison vers 14h.
A 15h40, rendez-vous au collège du Grand, avec la prof principale, pour la remise des livrets. Tout ça pour m'entendre dire qu'il se débrouille bien, qu'il pourrait mieux faire, en particulier participer un peu plus, mais qu'il a une bonne moyenne. De mon temps, on envoyait les livrets par la poste, je pense que ça convenait très bien à mes parents. En tous cas, moi, ça me conviendrait très bien.
A 16h15 – en sortant du rendez-vous, donc – je récupère les Things à la maternelle.
Dans la foulée, aller-retour chez l'ass-mat pour le Filou.
Et puis les bains, le dîner, tout ça, jusqu'à 21h.

Et après, on s'étonne que je travaille tous les soirs jusqu'à 23h ou minuit, et que même ainsi, je sois parfois en retard sur mon planning...

(En plus, je suis très enrhumée) (et j'ai mal à l'épaule) (et j'ai du sommeil en retard) (bref, ça ne va pas très fort, aujourd'hui)
(je veux partir en vacances)
(éventuellement avec ma traduction, mais sans tâches administratives et sans enfants)
(si si, ça ressemblerait davantage à des vraies vacances que l'inverse)
(OK, j'arrête, je vais me coucher)

mercredi 4 février 2015

Rendez-vous médicaux

Jeudi : kiné.
Vendredi : médecin.
Lundi : kiné.
Mardi : ostéopathe.
Mercredi : prise de sang.
Jeudi : kiné.
Vendredi : radio.
Lundi : kiné.
Mardi : échographie.
Mercredi : gynéco.
Jeudi : kiné.
Etc.

Je passe ma vie chez les professionnels de santé, en ce moment. C'est sympa, ça me rappelle ma grossesse gémellaire accompagnée de diabète gestationnel. Sauf que je ne suis pas en congé maternité, hélas, et qu'il n'y aura pas de jumeaux au bout, hélas heureusement...

mardi 3 février 2015

Garciattitude


— Alors, Mr Thing Two, raconte un peu à Yeya ce qu'on a vu au théâtre.
— Zorro !
— Et il y avait qui d'autre, comme personnages ?
— Le sergent Garcia !
— Et il était rigolo ?
— Oh, oui ! Il était gros et bête. Comme papa  !

(Décidément, ces gamins nous gâtent, en ce moment.)

lundi 2 février 2015

Enrobage

— Mon Grand, va prendre ta douche !
— Oui oui !
(Chahut.)
— Mon Grand, va prendre ta douche !
— Oui, j'y vais !
(Bavardage.)
— Mon Grand, va prendre ta douche !
— Mais oui, c'est bon !
(Glandouillage.)
— Mon Grand, on va passer à table dans cinq minutes, et je te préviens, si tu n'es pas propre et en pyjama, tu ne manges pas.
— Hein, quoi ? Cinq minutes ? Mais comment tu veux que je prenne une douche en cinq minutes ? Je ne vais jamais y arriver ! Tu le fais exprès pour m'empêcher de manger ! C'est pas juste ! Tu es méchante !
— Je sais, je suis une grosse vilaine.
— Oui ! Enfin, peut-être pas, mais une vilaine enrobée, ça c'est sûr !


dimanche 1 février 2015

Zorro au théâtre avec les Things

Mise en scène de J.-C. Camors
— On va aller au théâtre, voir l'histoire de Zorro.
— Ce sera un dessin animé ?
— Non, non, ce sera au théâtre, avec des vrais acteurs.
— Des quoi ?
— Des vrais gens, sur la scène.
(Perplexité de Mr Thing Two.)
— Comme un film ?
— Mais non, ils seront pour de vrai devant nous, pas sur un écran ! Et ça racontera l'histoire de Zorro. C'est un monsieur qui s'appelle don Diego, et qui se déguise avec un masque pour se battre contre les méchants.
— Comme Fantômette ?
— Oui, exactement.
— Mais il s'appelle Zorro ou don Diego ?
— Eh bien, don Diego quand il est habillé normalement, et Zorro quand il est en costume. Tu sais, comme Fantômette, ou comme Spiderman : ils ont un autre nom quand ils ne sont pas déguisés.
— Il a un autre nom, Spiderman ?
— Oui.
— C'est quoi ?
— Euh, attends que je regarde sur Wikipedia... Peter, apparemment.
— Et Fantômette ?
— Françoise. Ah, zut, je n'étais pas censé te le dire. Bon, d'ici que tu lises le premier, tu auras peut-être oublié.
— Alors on va voir le vrai Zorro ?
— Oui, enfin non, on va voir un acteur qui joue don Diego qui se déguise en Zorro.
(Là, je sens que je l'ai perdu.)
— Et il va se battre avec des vraies épées ?
— Oui. Enfin, je suppose qu'elle ne sont pas vraiment aiguisées.
— Mais alors, les gens, ils ont mal pour de vrai ?
— Non, ils font semblant.
— Et il y aura qui d'autre que Zorro ?
— Eh bien, il y a son serviteur Bernardo, qui est muet, et puis il y aura sûrement une jolie jeune fille, et puis un méchant commandant, et puis le sergent Garcia qui est gentil mais bête...
— Et il y aura Fantômette, aussi ?
— ...



Finalement, je ne suis pas sûre qu'il ait tout compris, surtout au moment où le méchant commandant a enfermé don Diego en expliquant que si Zorro ne se manifestait pas, cela prouverait que c'était bien lui ; quant à Miss Thing One, nettement moins vive quand il s'agit de suivre une histoire un peu complexe, je suis absolument certaine qu'elle n'a rien pigé. Mais il y avait des duels assez spectaculaires (pour des enfants de cet âge-là, en tous cas), et des dames en belles robes qui dansaient et même une qui se battait, et un sergent Garcia qui avait du mal à compter jusqu'à cinq et qui se prenait une tarte à la crème dans la figure, et les pantomimes de Bernardo, et les décors, donc même s'ils en ont moins profité que le Grand et moi, je ne crois pas qu'ils se soient ennuyés. Une chouette première expérience du théâtre !