Il est très rare que je n'aie pas déjà lu un livre au moment de le traduire. Je crois que ça ne m'est arrivé qu'une seule fois en dix années de carrière. En effet, une partie de mon travail consiste à faire des fiches de lecture, comme la plupart des traducteurs travaillant dans l'édition jeunesse (du moins les traducteurs de "langues rares", c'est-à-dire... tout ce qui n'est pas l'anglais). On me soumet un roman étranger, je le lis, je fait un rapport ; s'il est positif, ou plutôt franchement enthousiaste, et si bien d'autres conditions sont remplies (l'éditeur aime le résumé ; il cherche un livre de ce genre ; un autre lecteur a également fait une fiche positive ; le thème n'a pas déjà été abordé récemment ; une autre maison d'édition n'a pas déjà fait une offre plus importante, etc.), l'éditeur achète les droits et me confie la traduction. Autant dire que ça ne concerne qu'une demi-douzaine de romans sur les dizaines qui me passent entre les mains chaque année.
La conséquence positive de ce boulot très mal payé de lectrice, c'est que forcément, j'aime toujours ce que je traduis. J'estime avoir beaucoup de chance par rapport à ceux qui traduisent des "harlequinades", ou des essais très ennuyeux, ou des polars médiocres à la chaîne.
Bref, actuellement, je traduis le troisième volume d'une série, et cette fois, le livre a été acheté en même temps que les deux précédents, alors qu'il n'avait pas encore été écrit. Du coup, je découvre l'histoire au fur et à mesure que je la traduis.
Et là, mon héroïne vient de retrouver son protecteur gravement blessé alors qu'il devait se rendre à un bal masqué pour empêcher un vilain méchant de devenir maître du monde. Que va-t-elle faire, grands dieux ?
(Oui, bon, d'accord. N'empêche que j'ai hâte de découvrir la suite !)
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