Ma banque, dans laquelle je suis depuis que ma mère m'a ouvert un compte quand j'étais petite ; c'est dire si je suis une cliente fidèle. Rendez-vous avec ma conseillère (la quatrième en trois ans).
On m'a bien dit que cette banque était une des plus chères et moins flexibles du marché, mais vu la manière dont on m'a reçue dans cette autre banque, j'ai décidé que ce serait plus simple d'aller là où on me connaissait déjà.
— Bonjour, Madame. Alors voilà : je suis sur le point d'acheter une maison à X00.000 euros, et j'ai un appart de X50.000 euros à vendre, donc ça couvre aussi les frais de notaires. Je voudrais un prêt-relais.
— Vous avez un apport personnel ?
— De l'argent de côté, vous voulez dire ? Ben non. Pourquoi ?
— Parce que c'est indispensable. Ça doit représenter au minimum l'équivalent des frais de notaire. A la rigueur, on peut vous aider à le financer en partie, en vous faisant un prêt à la consommation très très cher avec des conséquences très très lourdes, mais il faut que je demande l'autorisation de mon directeur.
(Allons bon. Ça commence mal. Mais Darling a un frère cossu qui devrait pouvoir nous prêter ça officieusement. Vive la famille.)
— Bon, alors admettons que j'aie un apport personnel.
— Très bien. Alors je vais vous faire un prêt-relais qui couvre 70% de la valeur la plus basse estimée par les agences.
— Comment ? Mais ça ne va pas suffire !
— Pas de problème, on vous fera aussi un prêt immobiliser sur vingt ans pour couvrir la somme restante.
— Mais qu'est-ce que ça change ?
— C'est plus sûr. Et puis le taux d'intérêt du prêt immobilier est supérieur à celui du prêt-relais, nous y gagnons.
(Ah. Je vois.)
— Bon. Alors admettons que je prenne un prêt-relais ET un prêt immobilier. Je rembourserai les deux quand j'aurai vendu mon appartement.
— Ah, mais attention, si vous remboursez trop tôt, il y a de grosses pénalités. Et puis de toutes façons, chez nous, il est interdit de rembourser les prêts immobilier avant cinq ans.
(C'est à ce stade de la conversation que j'ai décidé de changer de banque.)
— Bon. Alors admettons que j'aie un apport personnel, et que je prenne un prêt immobilier dont je n'ai absolument pas besoin, et que je ne le rembourse pas tout de suite. Quand j'aurai vendu mon appartement, il me restera de l'argent, du coup. Qu'est-ce que j'en fais ?
— Vous pouvez le placer chez nous, à des taux très avantageux.
— Vraiment ? Meilleurs que ceux du prêt immobilier sur vingt ans que vous m'obligez à prendre ?
— Ah non, bien sûr que non ! Sinon, quel serait l'intérêt pour nous ?
( C'est bien ce qui me semblait.)
— Bon. Alors admettons que j'aie un apport personnel, que je prenne ce prêt immobilier, que je ne vous rembourse pas trop tôt, et que je place l'excédent ensuite. Maintenant, c'est bon ?
— Vous allez pouvoir payer les intérêts du prêt-relais ? C'est une grosse somme.
— Ben, oui, quand j'aurai vendu mon appart, j'aurai plein d'argent – emprunté –, du coup...
— Ah non, je suis désolée, il va falloir les payer mensuellement.
— Ah bon ? Mais on ne peut pas payer les intérêts à la fin, en même temps qu'on rembourse le prêt-relais ? C'est ce qui se fait habituellement, non ?
— Si... mais pas chez nous.
(Elle me cherche, là.)
— Bon. Admettons donc que j'aie un apport personnel, que je prenne un prêt immobilier, que je ne le rembourse pas trop tôt, que je place l'excédent, et que je paie les intérêts mensuellement. Vous me le faites, maintenant, ce prêt-relais, oui ou non ?
— Alors, voyons voir... Vos ressources... Les avis
d'imposition... Les impôts fonciers... Les estimations des agences... La
somme à emprunter... Les taux du prêt-relais... Oh ! Il y a un problème.
— Encore ? Lequel ?
— Comme les intérêts du prêt-relais sont très élevés, ça
vous fait un taux d'endettement à 60%.
— ... ?
— Autrement dit, les intérêts couvrent 60% de vos ressources.
— Ah... et alors ?
— Alors on ne peut pas faire de crédit quand le taux d'endettement dépasse 30%.
— Mais... ça ne sera que pour deux ou trois mois, tout au plus !
— Je suis navrée, mais l'ordinateur refuse d'aller plus loin. Je peux faire autre chose pour vous ?
J'avais bien une réponse toute prête, mais je suis polie.
Punaise, c'est le parcours du combattant !
RépondreSupprimerEn tout cas, j'ai bien ri à la lecture de ton billet, comme d'habitude... Bon courage !
Hum, sont pas très honnêtes dans cette banque. Quand on a fait notre crédit immo il était bien spécifié qu'on n'aurait pas d'indemnités à verser pour remboursement anticipé, et il n'y avait aucun délai. Bon courage, je sais qu'en ce moment les banques sont très dures en négociation.
RépondreSupprimerJ'ai deux autres rendez-vous la semaine prochaine, avec des banques qui ont meilleure réputation, j'ai bon espoir...
RépondreSupprimerPourquoi ne cherches-tu pas un courtier en banque ? Il fait toutes les démarches, peut obtenir de meilleurs avantages, et tu n'as rien à lui payer. Que du bénéfice. Tu le vois deux fois : d'abord pour lui exposer ton problème, puis quand il vient te proposer les différentes solutions. Nous avons fait ainsi, et nous avons obtenu les meilleurs taux.
RépondreSupprimerIl faut savoir qu'une agence a une certaine marge de manoeuvre avec ses bons clients. La même agence au niveau régional a un champs de manoeuvre plus large, et au niveau national ils peuvent même te négocier des rachats sans pénalités. Mais toi, pauvre Lamda n'y aura jamais accès... d'où l'intérêt de passer par le courtier.
Si mon prochain rendez-vous se passe mal, j'y songerai. Mais comment se rémunère-t-il, si on ne le paie pas ? Il doit forcément avoir une commission, non ?
RépondreSupprimerC'est la banque qui le rémunère. Ce qui est sûr, c'est que ça ne te coûte rien, et que tu as tout à y gagner.
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