Sous cette appellation générique se cachent deux réalités bien différentes.
En début de grossesse, avant tout autre symptôme, avant même les nausées, parfois même avant de savoir qu'on est enceinte, on est prise d'une fatigue foudroyante. Si on s'écoutait, on dormirait douze heures par nuit, plus deux siestes de deux heures chacune ; mieux encore, on demanderait une mise en hibernation immédiate pour une durée d'au moins trois mois. Malheureusement, on ne s'écoute pas, parce qu'on travaille, ou qu'on a des enfants, ou une vie sociale trépidante, ou les trois, ou qu'on est en vacances dans un petit village en Italie avec des amis qu'on ne veut pas encore informer de ce futur "heureux événement", d'abord par superstition, et ensuite parce qu'on a besoin soi-même de digérer la nouvelle et de se convaincre que l'événement est réellement heureux. (Toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existé serait bien sûr fort truite, hein.)
Bref, pendant un bon trimestre, on se traîne lamentablement, on appelle de ses vœux un congé maternité anticipé, et quand on travaille dans un bureau, on en arrive même à faire des micro-siestes allongée sur la moquette dans les toilettes ou assise devant son ordinateur, la tête entre les mains, prête à se redresser d'un bond si le chef passe dans le couloir. (Situations vécues : je ne travaillais pas encore à domicile quand je suis tombée enceinte du Grand, et mon boss n'était pas tendre). Et on se brouille avec la moitié de ses amis parce qu'on refuse toutes leurs invitations en prétextant une panne de voiture (alors qu'on n'a pas de voiture) ou une otite du petit dernier (alors qu'on n'a pas de petit dernier), toujours pour éviter d'avoir à avouer qu'on a envie de vomir à la simple pensée de croquer dans un concombre et qu'on doit se coucher encore plus tôt que les poules si on veut tenir le choc.
Pendant le deuxième trimestre, RAS, ou presque. Disons qu'on ferait bien des grasses matinées plus souvent, et des siestes aussi, mais on survit.
Pendant le troisième trimestre, c'est une autre chanson. Au lieu de s'écrouler sur le matelas à 21h30 pour n'en émerger qu'au matin après la cinquième sonnerie du réveil, voilà qu'on se met à avoir du mal à dormir. Beaucoup de mal. De plus en plus de mal.
Certes, si vous avez bien suivi, ça n'a rien d'étonnant, car je vous rappelle que :
- On a les jambes qui remuent toutes seules dès qu'on arrête de bouger ;
- On a mal partout à cause du mauvais retour veineux ;
- On a des syncopes quand on veut se retourner et qu'on se retrouve sur le dos ;
- On ne sait plus comment caser cet énorme ventre (et je ne vous parle pas des seins) ;
- On a des démangeaisons mal placées ;
- On a envie de faire pipi toutes les deux heures maximum ;
- On a le nez tellement bouché qu'on n'arrive plus à respirer ;
- On a faim, parce qu'on a rationné les féculents ;
- On est victime de crampes fulgurantes au moindre mouvement ;
- On a un petit locataire dans le bidon qui ne trouve rien de plus
rigolo que de faire de violentes galipettes (alors qu'il a pioncé toute
la journée).
Ce qui, vous en conviendrez, suffit largement à justifier qu'on ait un peu de difficultés à dormir.
Oui mais non, ça ne suffit pas. Croyez-y-croyez-y pas, ce n'est pas la seule raison pour laquelle on finit, de guerre lasse, par se relever à trois heures du matin, en constatant au passage que sur les trois cent appartements de la résidence, pas un seul n'a de lumière allumée. Figurez-vous qu'au dernier trimestre, on fait des insomnies. Peut-être pour des raisons psychologiques, parce qu'on stresse, sur le mode "Oui mais alors si je mets le matériel de bricolage dans le placard à la place des couvertures pour pouvoir mettre les gigoteuses du gamin à la place du matériel de bricolage, où vais-je caser lesdites couvertures ?" ou encore "Bigre, il y a une trousse de maquillage qui figure sur la liste des choses à apporter à la maternité, dois-je en acheter une alors que je ne sais pas par quel bout on tient un mascara ?". Ou peut-être pour des raisons hormonales – la réponse standard des médecins à tous les problèmes des femmes enceintes (dans quelques semaines, quand vous passerez plus de temps chez le pédiatre que chez la gynéco, ce ne sera plus "C'est les hormones" mais "Il a des coliques", puis "Il fait ses dents", ça vous changera).
J'ai même récemment rencontré une sage-femme qui m'a expliqué doctement que les cycles de sommeil des femmes enceintes se raccourcissaient avant leur accouchement pour s'adapter à ceux du bébé, afin qu'elles soient bien entraînées à se lever huit fois par nuit dans les jours suivant la naissance.
On dit merci qui ? Merci, Madame la Nature !
Brrr, ta liste des trucs qui empêchent de dormir (et surtout, de dormir dans la position que tu veux), c'est mon pire cauchemar. LE truc qui pourrait me vacciner. J'ai connu quelques petites semaines d'horreurs dans ce goût là après une opération, j'aurais pu tuer quelqu’un, ha ha ! (Ou pas ha ha, en fait.)
RépondreSupprimerBon courage... :(
P.S. C'est un rigolo, le captcha de ton blog. À une ou deux lettres près, il me demandait de taper des gros mots en espagnol, huhu !
Mais tu sais, étrangement, moi qui tolère TRES MAL le manque de sommeil, au point d'être d'une humeur de dogue quand j'ai mal dormi, ben je m'habitue, et je me suis habituée aussi les autres fois. Peut-être parce que c'est progressif, ou parce que je sais que ça n'aura qu'un temps. Ou peut-être que c'est vrai, ce que m'a dit cette sage-femme, et que le corps y est préparé, contrairement à ce qui se passe après une opération.
RépondreSupprimerM'enfin si je pouvais avoir un peu moins mal aux jambes et respirer normalement, je préférerais, quand même !
N'ayant pas besoin de beaucoup de sommeil, j'ai bien mieux toléré la phase insomnie que la phase marmotte des trois premiers mois. Pour le gros bidon (et en effet on ne parle pas de la poitrine...) je ne savais pas trop comment me mettre, jusqu'à ce que j'achète un coussin de grossesse que j'ai adoré. J'avais d'ailleurs eu droit à une réflexion de ma belle-maman - qui d'habitude est très gentille - comme quoi c'était une dépense inutile et qu'un simple traversin ferait l'affaire... N'empêche que j'ai trouvé ça génial pour dormir et après ça m'a aidé à bien me placer pour donner les biberons (j'ai des problèmes de dos) donc achat non regretté!
RépondreSupprimer@Fofo: La nature serait donc à peu près bien faite ?! La respiration, ça rentre dans l'ordre immédiatement une fois accouchée ou tu gardes le nez bouché quelque temps encore, en souvenir ?
RépondreSupprimerEn ce qui me concerne, ce n'est pas tant le manque de sommeil ou les insomnies qui me rend dingue, c'est plutôt le fait de ne pas pouvoir m'endormir à cause d'une douleur ou d'une mauvaise position, je deviens hystérique...
Akane, un coussin de grossesse on peut toujours lui trouver une utilité hors bébé, du genre poser son tricot, ne pas se détruire les genoux quand on démonte des étagères, asseoir les invités par-terre... :D
Je ne me souviens plus pour la respiration, je pense que c'est passé très vite. Les impatiences aussi (parce que ça, ça peut vraiment rendre hystérique, mais je n'en ai pas eu pour ma première grossesse, donc pas de panique !).
RépondreSupprimerUne amie m'a prêté son coussin de grossesse, mais je n'arrive pas à dormir avec, ça ne me décambre pas assez. Je me suis débrouillée avec un gros oreiller calé sous le ventre ; heureusement que nous avons un grand lit. Mais il est effectivement très bien pour s'assoir par terre, et je pense qu'il pourra m'être utile pendant l'allaitement.