Bonjour Fofo,
Je ne sais pas si tu te souviens de moi, je m'appelle Machine et je t'ai contactée il y a deux ans pour te parler de mon projet de devenir traductrice.
Depuis, mon projet a bien avancé : j'ai fait une formation rapide et je suis sur le point de me lancer en free-lance, en traductrice technique, spécialisée dans les textes juridiques, en rapport avec mon métier précédent.
Mais une amie vient de me proposer de traduire un gros livre de 1500 pages depuis l'allemand. Il s'agit des chroniques écrites par un homme d'état à la fin du XVIIe siècle, à traduire dans le français de l'époque. L'ouvrage sera publié par un éditeur universitaire, et destiné aux bibliothèques et aux chercheurs.
On m'a demandé de réaliser un devis, et je ne sais pas quoi faire. Combien demanderais-tu pour un tel ouvrage ?
Merci d'avance pour ton aide,
Machine
Hein ?
HEIN ?
HEIN ?
J'ai bien lu ? J'ai bien compris tous les éléments importants ?
Traductrice technique, option juridique ?
Pas encore lancée dans le métier ?
1500 pages ?
Chroniques du XVIIe siècle ?
A traduire dans la langue de l'époque ?
Éditeur universitaire ?
Destiné aux chercheurs ?
Du coup, pendant les premières minutes, je n'ai même pas réagi au fait qu'elle me demandait de lui faire un devis à la louche pour "un livre de 1500 pages" (avec combien de SIGNES par page ? Cinq cent, mille, cinq mille ?) sans aucune précision sur la difficulté du texte. Et pourtant, c'est assez drôle, en soi.
J'ai vraiment vraiment bien compris : cette ancienne assistante d'avocat sans aucune formation d'historienne et n'ayant jamais réalisé la moindre traduction littéraire (ni beaucoup de traductions techniques) veut se lancer dans la traduction d'un énorme ouvrage écrit il y a plus de trois siècles destiné à devenir un ouvrage de référence ?
Je lui a donné la fourchette des tarifs par tranches de 1500 signes depuis l'allemand, en précisant que c'était à adapter en fonction de la difficulté du texte, et puis je lui ai demandé si elle avait fait un essai, si elle avait une idée du nombre de mois qu'il lui faudrait, si elle avait les connaissances et les compétences requises pour ce genre de travail, et si son texte serait relu par un ou plusieurs historiens.
Sa réponse :
Merci beaucoup de ta réponse, ça m'aide énormément.
Bien cordialement,
Machine
Bien. Je prends ça pour un quadruple non.
Bon, eh bien bon courage, alors.
(Quand je pense que je me posais de graves questions déontologiques quand j'ai traduis cet article de quelques pages sur la linguistique – vous savez, la praxis homilétique, et tout ça –, en français actuel, alors que ma traduction allait être relue par l'auteur (francophone) lui-même ET par son traducteur attitré ET par une spécialiste de la question...)