mardi 29 novembre 2011

Mi-parcours

Quatre mois et demi de grossesse. Encore autant à tirer.
Bon, je ne peux pas me plaindre, je suis dans la bonne période, entre le trimestre où ma vie se résume à deux phrases en boucle ("J'ai mal au cœuuuuur !" et "Je veux dormiiiiiiir !"), et le trimestre où on ressemble à un hippopotame maladif (mal au dos, varices, diabète, hémorroïdes, mycoses, insomnies, courbatures, et autres cochonneries dont je vous régalerai le moment venu) (les médecins appellent ça "les petits maux de la grossesse") (il faudrait tous les brûler vifs sans procès). Pour l'instant, je n'ai que des broutilles : des douleurs lombaires, une certaine fatigue, une tendance à m’essouffler assez vite, et d'autres désagréments presque négligeables comparés à ce qui m'attend et surtout à ce que j'ai vécu quand j'attendais les Things.
Je me rends consciencieusement aux visites médicales, je réponds à toutes les questions (note pour la prochaine fois : quand la sage-femme qui consulte le dossier s'exclame "Ah, je vois que vous avez eu du diabète gestationnel la dernière fois", ne pas répondre "Oui, ça me pend au nez, d'ailleurs je me gave de chocolats et de petits gâteaux en attendant". Le personnel médical n'a pas forcément le sens de l'humour), j'ai ressorti les T-shirts les plus grands et moches de ma garde-robe, et je ne mange même plus de Mont d'Or ou de saumon cru. Enfin, pas souvent. Pas très souvent.
Et hier, je suis allée à la deuxième échographie. Bon, la dame a compté les fémurs et les doigts, hein, au cas où ça aurait changé depuis la dernière fois, mais surtout, elle a confirmé le sexe, déjà annoncé par l'échographe précédente.

 Prémisse : j'ai passé ma jeunesse à tempêter contre les gens qui croyaient aux différences de caractère innés en fonction du sexe. Les phrases du genre "Oh la la, la pauvre, elle a eu trois garçons !" me faisaient bondir. Pour moi, c'était évident, tout était acquis. Il n'y a qu'à voir à quel point on s'adresse différemment aux garçons et aux filles, même nouveaux-nés. Savez-vos qu'Elena Gianni Belotti a même calculé que les tétées duraient moins longtemps pour les filles que pour les garçons, et que ces premières étaient sevrées plus tôt ? OK, c'était en Italie il y a quelques dizaines d'années, mais ça ne m'étonnerait pas que ce soit toujours vrai. En tous cas, on ne peut pas offrir des robes à dentelles aux filles et s'extasier devant leur beauté, ou des marteaux aux garçons et s'extasier devant leur vitalité, et ensuite prétendre que la coquetterie ou l'agressivité sont innés. Non mais.
(Et vous ne me ferez jamais croire que l'amour pour le foot, la cuisine ou le bricolage dépendent du sexe, ou que les hommes viennent de Mars et gnagnagna. Là, pour le coup, je m'y refuse catégoriquement.)
Cependant... en voyant côte à côte le Grand et sa jeune tante, et à présent Miss Thing One et Mr Thing Two, je commence à me poser des questions. Serait-il possible que la culture ne soit pas la seule en cause, que la nature joue aussi un rôle, peut-être pas au niveau du cerveau, mais des hormones ? Que les garçons "bouillent" réellement plus à l'intérieur, et ait davantage besoin de décharger leur trop-plein d'énergie, ce qui les pousserait à faire plus de bruit, plus de mouvements, et du coup plus de bêtises ?
Je n'en sais rien. Peut-être pas. Peut-être que les exclamations de Darling, qui a donné un prénom d'empereur conquérant à Mr Thing Two et qui admire sans cesse sa force, suffisent à expliquer ses différences avec Miss Thing One, qui peut passer vingt minutes à mettre un objet dans une boîte et à le ressortir sans aller casser des bouteilles de bière et ouvrir des flacons d'éosine (par exemple, au hasard).
Et au fond, je m'en fiche. Le fait est que, nature ou culture, les garçons ont bien l'air d'être plus turbulents que les filles – malgré d’innombrables exceptions, heureusement. Quelles qu'en soient les causes, c'est souvent le cas. Et quand elle était instit de maternelle, ma mère, aussi féministe fût-elle, ne l'ignorait pas.

Bref, l'échographe nous a dit qu'elle était sûre de son coup.
C'est un garçon. Et déjà en haut des courbes de croissance, comme son papa, comme son grand frère. Un garçon costaud, donc.
Au secours.

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