Joies du travail non salarié :
Je signe un gros contrat début juillet, avant de partir en vacances. Comme d'habitude, le paiement de la traduction doit se faire en deux fois : la moitié (environ) à la signature du contrat, et l'autre moitié à la remise du texte ou à "l'acceptation de la traduction" (le temps pour l'éditeur de vérifier qu'on n'a pas fait un travail de cochon, quoi).
J'attends donc le premier versement, avec une certaine impatience. Or, l'été se passe sans que je voie rien venir. Les responsables de la comptabilité sont en vacances, peut-être ? Vers mi-septembre, m'attendant d'un jour à l'autre à recevoir une lettre de menaces de la part de ma banque, je me décide enfin à écrire un email à la personne avec qui j'ai négocié le contrat, et je lui tiens à peu près ce langage :
"Heu, x'cusez-moi de vous demander pardon, mais heu, vous savez, les sous que j'étais censée recevoir au moment de la signature du contrat ? Eh ben, c'te bonne blague, y sont jamais arrivés, dites donc ! C'est-y-pas rigolo, ça ? Le truc, c'est que figurez-vous que la sécu ne me donne plus un radis depuis début août, parce que (keskon se marre !) je suis censée avoir repris le travail après mon congé maternité... Donc ben voilà, je suis fauchée... Z'auriez pas des nouvelles, par hasard ?"
Et voici la réponse que je reçois :
"Ah oui, en fait, pour [telle et telle raison administrative], tous les règlements ont été "figés" pendant quelques semaines. Vous devriez être payée en octobre. Je suis désolée, j'espère que vous pourrez tenir !"
Heu...
Oui, je l'espère aussi...
(Non mais franchement, imagine-t-on de dire à un salarié qu'il sera payé trois mois plus tard que prévu ? Mieux encore, de ne PAS le lui dire ? Mais les traducteurs sont souvent censés vivre de littérature et d'eau fraîche...)
Tu devrais essayer avec les impôts "je ne peux pas payer le troisième tiers car tous les paiements sont figés, j'espère que vous tiendrez"...
RépondreSupprimerFait gaffe que ton commanditaire ne soit pas en faillite et son entreprise "à responsabilité limitée" (...sous-entendu au capital investi).
RépondreSupprimerParce que certains patrons organisent ainsi leur insolvabilité. Leur investissement capote avec l'entreprise, mais ils gardent le reste de leur fortune (maison, voiture), comme intouché.
Si les salariés n'ont pas été payé depuis plusieurs mois, même leur rang prioritaire ne permet pas toujours d'être payé sur la liquidation de la boîte, et alors c'est trop tard : même un procès gagné ne permet plus de gratter de l'argent.
Non non, c'est une grosse, GROSSE boîte ; si elle menaçait de faire faillite, je t'assure qu'on en aurait entendu parler... Et les salariés sont payés tout à fait normalement, eux. Justement, c'est bien pour ça que je me plains. Qui a considéré que, contrairement aux salariés, les auteurs (et traducteurs, illustrateurs...) pouvaient vivre sans argent pendant trois mois ? C'est assez ahurissant, non ?
RépondreSupprimerÇa ne sera jamais aussi intéressant d'être indépendant que salarié... Et encore, on est reeelativement protégés du fait qu'on signe un contrat, et qu'il prévoit un premier versement dès signature (avec les aléas que l'on connaît, évidemment).
RépondreSupprimerUn artisan, pour un gros chantier, demande un acompte de 10 %, mais bien souvent, il bosse sans paiement tout court, et après avoir présenté sa facture, il attend gentiment (contrairement à ses fournisseurs)... Et face à un mauvais payeur, quels recours ? Voilà.