dimanche 25 mars 2018

Une page se tourne


Je n'aurai plus jamais des cailloux parfaitement ratissés dans mon jardin,
J'aurai beaucoup moins souvent l'occasion de parler en anglais,
Je n'achèterai plus de bière, et beaucoup moins de fromage,
Je ferai connaissance avec le balai,
Je diminuerai un peu les quantités quand je prépare les repas,
Je ne me mettrai plus en rage parce que la vaisselle est entassée sur l'égouttoir,
Je proposerai ma maison sur des sites d'échange d'appartement,
Je n'irai plus au cinéma le soir sur un coup de tête,
Je ferai confiance aux enfants pour prendre leurs douches tout seuls,
Je stresserai encore plus si le boulot vient à manquer,
Je n'aurai plus beaucoup l'occasion de parler d'un livre que je viens de lire,
Je pourrai recommencer à louer des voitures de taille standard,
Je ne mettrai plus de nappe sur la table,
Je n'aurai plus droit à un petit massage crânien pendant que je travaille,
J'emmènerai toujours moi-même les enfants à l'école, aux activités, chez le médecin, etc.,
Je ne serai plus réveillée à 2h du matin par le bruit du lave-vaisselle que l'on remplit,
Je ne demanderai pas aux enfants de ranger leurs chambres alors qu'on est samedi matin,
Je n'aurai plus personne pour m'expliquer ce que je n'ai pas compris quand je regarde un film,
Je n'irai plus seule trois ou quatre jours en Italie,
Je ne remplirai plus d'autre déclaration de revenus que la mienne,
Je ne travaillerai plus le soir avec la télévision en bruit de fond,
J'utiliserai plus souvent l'escabeau...

17 ans de vie commune, à un ou deux mois près. Une valise, un taxi, un avion – fini. Je suis certaine d'avoir fait le bon choix, et même si ce sera sûrement difficile, je sais que je m'en sortirai. Mais tout de même, ce n'est pas sans un gros pincement au cœur que je commence ce soir ma nouvelle vie de mère célibataire...





mercredi 21 mars 2018

Un pauvre escargot

— Maman ! Z'ai trouvé un pauvre escargot, il était tout dessessé par le soleil, regarde !
Il me met sous le nez une planche couverte de débris de coquille.
— Il est même plus que desséché, on dirait...
— C'est paske ze l'ai écrabouillé pour voir s'il était bien mort.

Efficace, y a pas à dire : au moins, nous sommes fixés...

dimanche 18 mars 2018

Traumatisme

Depuis la dernière fois que je suis passée par ici, je suis allée skier dans les tourbillons de neige et le froid polaire, j'ai été victime d'un virus original qui m'a donné des vertiges à ne plus pouvoir tenir debout, j'ai traduit un bouquin qui se passait dans un camp de concentration et qui ne m'a pas tellement remonté le moral, j'ai visité une douzaine d'appartements, et on m'a volé mon vélo dans mon propre garage.

Dans les jours, semaines ou mois qui viennent, je vais devenir une mère célibataire, vendre ma maison, acheter un appartement dans une tour parisienne, mettre 8000 livres en carton, traduire un bouquin qui se passe au Pôle Nord, faire installer en urgence un puisard dans mon jardin, aller en vacances en Espagne, en Angleterre, en Italie et en Allemagne (oui oui, en plus du déménagement), fêter mes 42 ans et me racheter un vélo. Ou deux.

Mais l'expérience la plus traumatisante de l'année 2018, je l'ai incontestablement vécue aujourd'hui. J'étais en train d'emmener mes enfants voir des cailloux à la galerie minéralogique du Jardin des Plantes (vu le temps, on fait ce qu'on peut) quand j'ai senti, en pleine rue, que j'avais un problème typiquement féminin. Vérification faite, mon pantalon était déjà rouge à l'entrejambe. J'ai toujours une serviette périodique dans mon sac, mais à cette heure matinale, aucun bistrot n'était ouvert. Je n'avais pas le choix : j'ai donc dû aller dans des toilettes publiques.
Beeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerk.

(N'empêche, je suis curieuse : je voudrais bien savoir ce qui est passé par la tête des deux personnes qui ont décidé - délibérément, vu la distance - de déféquer à côté de la cuvette ?)