mercredi 20 février 2019

Carnaval pour petits et grands

La semaine dernière, il y avait un mot dans le cahier de correspondances des trois petits :
Chers parents,
Mercredi 20 février, nous fêterons le carnaval. Les enfants pourront venir déguisés à l'école (les déguisements "maison" sont les bienvenus !). Les parents qui en ont la possibilité pourraient-ils préparer des crêpes ou des beignets que vos enfants apporteront à 8h30 ? Et vous êtes tous invités à venir écouter les enfants chanter une chanson à 11h. Merci d'avance !

Je vous avoue que ma première réaction a été de soupirer. Mais je suis une bonne mère (parfois). J'ai promis de faire des beignets aux pommes, parce que Mr Thing Two n'aime pas les crêpes. Et ce weekend, nous avons fouillé dans la caisse de déguisements et accessoires jusqu'à trouver quelque chose de convenable.

Ce matin, je me suis levée une heure plus tôt que d'habitude pour faire les beignets. A 6h30, j'étais donc en train de me mettre de la pâte plein les doigts en y plongeant mes rondelles de pommes, avant de les faire frire à la poêle. Pas vraiment le genre de trucs qu'on rêve de faire à une heure pareille, mais passons.

A huit heures quinze, ils étaient prêts :

Y a même deux déguisements "maison" (faits par ma mère)

Je leur ai confié une grosse boîte de beignets, et je les ai accompagnés. En arrivant devant l'école, j'ai découvert que la directrice et les instits étaient tous déguisés.
— Ah, mais les adultes aussi peuvent se déguiser ? ai-je demandé.
— Mais bien sûr !
— Chiche !

A 10h, le Grand, qui n'avait exceptionnellement pas classe, a été réveillé par une fanfare dans la cour de l'école en-dessous de nos fenêtres.

Oui, c'est pratique, je peux surveiller mes gamins à la récré
(en hiver, quand les feuilles des arbres sont tombées)
Du coup, je lui ai proposé de m'accompagner à l'école, et de se déguiser. Et à ma grande surprise, il a accepté. Nous n'avions pas beaucoup de temps pour trouver quelque chose, donc j'ai choisi quelque chose de très classique pour moi-même, et pour lui, après avoir rejeté la perruque longue et le kimono fleuri (je vous jure, il les a vraiment essayés !) nous avons bricolé un costume d'inspiration vaguement far-west (avec même une flasque de whisky – vide – dans une poche). Et nous sommes allés à l'école comme ça. Oui, oui, nous avons pris l'ascenseur avec d'autres mères ahuries, nous sommes passés devant les gardiens stupéfaits, nous avons marché dans la rue sous les regards de passants plus que perplexes, et nous sommes allés à l'école. Bien entendu, nous étions les seuls adultes déguisés, en dehors des instits. Franchement, je suis super fière du Grand, d'un naturel plutôt timide, qui a osé, à 16 ans, sortir dans la rue vêtu d'une robe de chambre en laine, en compagnie de sa mère déguisée en héroïne vintage vieillissante.

Même pas honte !

N'empêche que les trois petits étaient enchantés de voir que nous avions joué le jeu. Et en plus, nous avons bien ri, donc ça en valait la peine.



PS : De retour de l'école, j'ai demandé :
— Alors, Mr Thing Two, est-ce que tu aimes mieux les beignets aux pommes que les crêpes ?
— Je sais pas, j'en ai pas mangé.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Je les ai pas trouvés.
— C'est paske z'ai oublié de les donner, est intervenu le Filou. La boîte est encore dans mon cartable.
— HEIN ? C'était bien la peine que je me lève à 6h15 pour les faire !
— Mais c'est pas grave, maman, ze vais tous les manzer, promis.

lundi 18 février 2019

Le bac blanc du Grand

Samedi, le Grand m'annonce :
— Maman, j'ai pas cours lundi.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Parce que mardi, il y a le bac blanc.
— Hein ?
— Ben quoi ?
— Rien, c'est juste que je ne t'ai pas beaucoup vu réviser, ces derniers jours.
— Pour quoi faire ? On a le lundi, pour réviser ! Et même le weekend, en fait. Ça fait trois jours entiers !
— Ah oui, bien sûr, c'est laaaargement suffisant. Tu ne crois pas que les autres s'y sont peut-être mis un peu plus tôt, non ?
— Si, mais je ne vois pas pourquoi. On est en première, hein. On n'a que le français, où il n'y a rien à réviser, et les sciences.
— Rassure-moi, pour le vrai bac, tu t'y prendras un chouïa plus en avance ?
— Ben... Ça dépendra de la note que j'ai eu au bac blanc !

(J'en suis donc à espérer qu'il va se prendre un 5 sur 20, histoire de se secouer un peu)

(Est-ce utile de préciser que les "trois jours entiers" ont commencé à midi passé et ont été consacrés à 70% à faire autre chose que des révisions ?)


dimanche 10 février 2019

Râleries du Filou et oeuvres de Bordalo II

(Désolée pour mon absence de ces derniers jours. Quand les enfants sont malades, les parents trinquent. Je suis sûre que vous me comprenez.)

Après une semaine assez pénible, samedi, je propose une sortie. J'ai récemment fait la liste de tous les musées et monuments que nous n'avons pas encore vus à Paris, et même en ne comptant que ceux qui sont vraiment intéressants (je passe mon tour sur le musée de l'éventail, par exemple, ou celui de la contrefaçon), ça en fait un gros paquet. Je propose trois options. On vote. C'est le musée des arts asiatiques, le musée Guimet, qui gagne.

Sauf que juste après, je me rappelle qu'il y a une expo que je voulais voir avant qu'elle disparaisse. Il s'agit des œuvres d'un artiste, Bordalo II, qui dénonce la pollution en transformant des ordures en sculptures, qui représentent entre autres des animaux en voie de disparition (à cause des ordures, justement, vous suivez ?) C'est beau, c'est écolo, ET c'est gratuit, ce qui ne gâte rien. Allez, on y va.

Hurlements du Filou.
Forcément.

Il faut savoir que le Filou est un grand, un immense râleur. Depuis l'époque où il se roulait par terre tous les soirs quand il voyait le contenu de son assiette, il a un peu changé, mais pas tant que ça : il ne se lamente plus trop au sujet du menu, mais il est devenu très, très casse-pied pour... tout le reste, en fait. Un rien, la moindre contrariété, la plus petite déception, la plus insignifiante moquerie, le fait monter dans les aigus et éclater en sanglots. La seule chose qui le rend supportable, c'est qu'il n'a pas le moindre atome de rancune ou de bouderie, donc ça passe toujours en moins de temps qu'il ne m'en a fallu pour écrire ce paragraphe. N'empêche que parfois, c'est pénible.

Bref, il s'écroule par terre comme si le plus grand chagrin du monde venait de lui tomber dessus, réclame le musée "Guillemet" à cors et à cris, me traite de vilaine méchante, devient rouge de colère, trempe son t-shirt de larmes, et je vous jure que je n'exagère pas. Qu'importe : cinq minutes plus tard, nous voilà parti. Dans l'ascenseur, il est déjà aussi joyeux que les autres.

Bordalo II fait des trucs sympas. Si ça vous intéresse, c'est à la galerie Mathgoth, dans le 13ème arrondissement. Regardez donc (cliquez sur les images pour les voir en plus grand) :






Après la visite, nous rentrons en suivant des balises, nous traversons un parc original, nous courons dans des ruelles charmantes. Le Filou s'amuse comme un fou. Dans l'ascenseur, en remontant chez nous, je lui demande :
— Alors, Filou, suis-je si méchante que ça ? Ça valait la peine de faire une crise pareille ? Est-ce que c'était vraiment "nul", cette sortie ?
Il se renfrogne, mi-agacé, mi-honteux, et soupire :
— Oh, zut. Z'espérais que t'allais oublier de me dire ça.