mercredi 30 janvier 2019

Histoires de boissons chaudes et de tasses

Les petits Italiens, même à 5 ou 6 ans, boivent fréquemment du café au lait le matin au petit déjeuner, comme cela se faisait encore en France il y a quelques dizaines d'années.
Les petits Anglais ont souvent droit à du thé, bien sûr.
Et un jour où j'ai raconté à une famille américaine que les petits Français buvaient du chocolat chaud avant d'aller à l'école, j'ai eu droit à des regards incrédules et des éclats de rire. Ça leur paraissait totalement incongru. Le chocolat chaud, ça se boit le soir, avant d'aller se coucher, voyons.

Mais en dehors de la boisson elle-même, il y a aussi le contenant qui change. Autrefois, le chocolat chaud ou le café au lait, c'était toujours dans un bol. Quand j'étais petite, ma grand-mère italienne me servait du lait chaud dans un verre, et je trouvais ça incroyablement original. Chez nous, on utilise beaucoup de mugs ; il faut dire que j'en ai toute une collection (une bonne quarantaine), donc ce serait dommage de s'en priver. Pour mon thé du matin, pareil. Mais quand on prend le thé en famille, au petit-déjeuner le weekend, ou au goûter, la question ne se pose pas : on sort la théière, les tasses avec soucoupes, le sucrier, et parfois même le pot à lait. On fait les choses bien. Et je vous jure que le thé est meilleur comme ça. Si, si. Si !

Sauf qu'au bout de toutes ces années, le Filou et les Things n'ont pas encore complètement compris l'intérêt de la soucoupe. Ils boivent, et reposent ensuite la tasse à côté, sur la table, au risque de faire une auréole sur la nappe sur le bois rayé.
Hier, je me suis énervée :
— Ah mais c'est pas possible, vous n'avez toujours pas compris comment on est censé faire ? On repose la tasse SUR la soucoupe, pas à côté ! Ce n'est pas possible ! Les petits Anglais, à trois mois, ils ont déjà compris le principe !
— Oh, là, maman, t'exagères ! a objecté Mr Thing Two. A trois ans, à la rigueur.
— Mettons. N'empêche !
— Oui, mais nous on est pas anglais, maman ! m'a signalé victorieusement Miss Thing One.

D'où on en conclut qu'il faut avoir un cerveau certifié 100% britannique pour apprendre à manipuler une tasse de thé.



PS : L'autre jour, le Filou, pendant le goûter :
— Maman, z'ai pas de cuillère pour remuer mon thé !
— Mais si, tu en as une, regarde.
— Mais non ! Elle est trop grande, c'est une cuillère pour la tarte, pas pour le thé ! Il en faut une autre !
Il avait raison. C'était une cuillère de taille standard. Il est donc allé chercher une cuillère miniature (de celles qu'on appelait autrefois "cuillère à moka").

Tout espoir de les civiliser un peu n'est pas perdu.

lundi 28 janvier 2019

Un malade ennuyé et ennuyant

Mr Thing Two est malade.
(Oui, sa sœur va mieux, merci.)

Hier, il a passé la journée à comater et à se lamenter de ne pas avoir son énergie habituelle (celle de cinq gamins ordinaires, ou dix adultes en forme), et le soir venu, quand j'ai annoncé le dîner, il a éclaté en sanglots :
— J'ai même pas pu joueeeeeer !
(Une journée passée sans jouer est une journée fichue, même quand on a fait une sortie ou des activités extraordinaires, ce qui n'était bien évidemment pas le cas.)

Aujourd'hui, je lui ai dit que j'allais le garder à la maison. Je pensais qu'il serait content de rater l'école, mais en réalité, il était horrifié :
— Je vais rester toute la journée TOUT SEUL ? Non, non, non ! Je vais mourir d'ennui !
(Il était tellement malheureux que je n'ai pas eu le cœur de lui rappeler qu'il existait des enfants uniques.)

Heureusement (?), j'avais moi-même un rendez-vous médical auquel il a dû m'accompagner, et puis on est allé chez le médecin pour lui.
(Rhinotrachéite : tiens, je ne la connaissais pas encore, celle-là)
 Bref, entre une chose et l'autre, on a réussi à passer le temps.
(Non, je n'ai pas travaillé une seconde, bien sûr)

— Attention, m'a prévenue la docteure : c'est très contagieux.
— Gloups. Heureusement que son petit frère, qui chope tout ce qui passe, est déjà sous antibiotiques depuis mercredi dernier...
— Sauf que les antibiotiques ne peuvent rien contre ça, puisque c'est un virus.
(Suis-je bête.)

 Bref. J'espère seulement que demain, il ira mieux. En tous cas assez bien pour aller à l'école. Parce que quand Mr Thing Two est malade, tout le monde souffre... surtout moi.



(Bonus : ce soir, mauvaise humeur, boulot en retard, draps à changer, dîner à préparer en quatrième vitesse, et tout à coup, sanglots stridents de Miss Thing One dans la salle de bain. Je me précipite :
— Qu'est-ce qui t'arrive, ma chérie ?
— J'ai fait tomber mes lunettes tout au fond des toilettes alors que je viens de faire cacaaaaaa !)

(Fatiguée.)
(Oui, je les ai repêchées, et non, je ne donnerai pas de détails.)




vendredi 25 janvier 2019

Il manque quelqu'un, non ?

— Allô, madame Darling ?

Aïe, un enfant est malade ou vient de s'ouvrir le front.
(Il n'y a que les instits et les profs pour m'appeler tout naturellement par le nom de famille des enfants) (alors que 50% des enfants naissent hors mariage à Paris) (et que parmi les couples mariés, j'imagine qu'une bonne moitié de mères ont gardé leur nom "de jeune fille", ce qui doit donc faire à la louche 75% de mères qui ne portent pas le même nom que leurs enfants) (bref)

— Oui ?
— Miss Thing One a très mal à la tête depuis le déjeuner, elle pleure, vous pourriez venir la chercher ?
— J'arrive.

(Je le savais)

Je ramène la gamine, je lui colle un paracétamol, je la met au lit et lui conseille de faire une sieste. Une heure plus tard, je vais chercher les deux autres.
— Bonjour maman !
— Bonjour les garçons !

On s'achemine vers l'immeuble. Ils me racontent qu'ils ont joué aux autos tamponneuses (sans auto) dans la cour de récréation. On arrive au pied de l'escalier. Et tout à coup, le Filou s'exclame :
— Oh ! On a oublié Lila !

Soyons positif : il y en a au moins un qui a fini par s'en rendre compte.
(Je suis presque tentée de créer une catégorie "frère indigne")

jeudi 24 janvier 2019

Orientation du papier toilette

Vous saviez, vous, qu'il y avait toute une page Wikipedia consacrée à l'orientation du papier toilette ? Autrement dit, à la question de savoir si le papier doit pendre par-dessus ou par-dessous le rouleau ?

Eh bien voilà, maintenant vous savez.

(Et encore, en français, ce n'est rien. La page anglaise est loooongue, bien plus que, que sais-je, la page consacrée à la peintre Vigée-Lebrun, par exemple. Ou à Hébé, la déesse de la jeunesse dans la mythologie grecque. Ou à Oliver Twist de Dickens...)

Les défenseurs de l'une ou l'autre des positions citent des avantages allant de l'esthétique, l'hospitalité, la propreté, l'économie de papier jusqu'à la facilité avec laquelle on peut détacher les feuilles. D'un côté comme de l'autre, on trouve des célébrités et des experts. Il existe de nombreuses théories sur ce que pourrait révéler la préférence d'une personne : l'âge, le sexe, le statut socio-économique ou l'orientation politique ; un aperçu de certains traits de la personnalité comme la fiabilité ou la flexibilité ; enfin, il pourrait y avoir une corrélation entre ce choix et le fait de posséder un camping-car ou un chat.

Sérieusement.

(Chez moi, c'est par-dessus. Comme le préconisait l'inventeur, sachez-le. Mais si vous mettez le vôtre en-dessous, vous pouvez quand même m'inviter, je ne piquerai pas une crise, promis. Je ne le changerai même pas de sens. Je respecterai votre choix.)
(Ça me rappelle cette copine qui était venue dormir chez moi et qui avait discrètement déplié, retourné et replié toutes mes housses de couette, parce qu'elles étaient pliées sur l'envers...)

mercredi 23 janvier 2019

Peau d'âne au théâtre de Marigny

C'était sans doute l'un des films préférés de ma sœur quand elle était petite. Alors quand j'ai vu que le théâtre de Marigny en proposait une adaptation, je n'ai pas hésité : je lui ai pris une place comme cadeau de Noël.
 
Bien sûr, ce n'était pas facile de passer après Catherine Deneuve, Jean Marais, Jacques Perrin, Delphine Seyrig etc. Le metteur en scène Emilio Sagi a relevé le défi. Les critiques sont unanimes et élogieuses : le pari est, de l'avis général, très réussi. Et de fait, je n'ai pas été déçue.

La musique de Michel Legrand est bien entendu magnifique, l'orchestre est parfait, et les chanteurs chantent divinement bien. La musique est omniprésente, avec des mélodies et des chœurs qui rythment chaque changement de décor ou chaque scène muette, mais sans nouvelle chanson. Les décors sont superbes. Et les costumes sont véritablement éblouissants. Bref, les yeux et les oreilles sont comblés.
Et pourtant... en sortant de là, je me suis dit qu'il manquait un petit quelque chose. Je n'ai pas été déçue, certes, mais je n'ai pas été transportée. Oui, je sais, je suis difficile : j'ai vu beaucoup, beaucoup de comédies musicales sur scène, surtout à Londres, et mes standards sont devenu très élevés. Mais j'ai tout de même deux reproches principaux à faire à ce spectacle.

Le premier, c'est que les acteurs ne sont pas tous à la hauteur. Le père de Peau d'Âne est franchement mauvais, à tel point que c'est un soulagement quand l'héroïne s'enfuit enfin et qu'il disparait de l'histoire. D'autres sont tout simplement plats, manquant de caractère ou de piquant : ils récitent sagement leur rôle, sans plus. Peut-être parce qu'ils ont été choisis avant tout pour la qualité de leur chant ? En tout cas, c'est dommage.

Le deuxième, c'est que la mise en scène manque d'audace. Le dialogue est celui du film au mot près ; l'enchaînement des scènes est lui aussi exactement semblable, et à part des rollers et un vélo inattendus (mais moins que ne l'était l'hélicoptère d'origine !), tout est très sage, très classique, sans rien de neuf. Pour ne pas décevoir ou choquer les inconditionnels du film ? Mais un poil d'humour ou quelques détails originaux (autre que Claire Chazal en présentatrice – "C'est un peu WTF, non ?" a commenté ma sœur) n'auraient fait qu'enrichir la pièce sans rien ôter à l'histoire d'origine...

Bref, un spectacle impeccable, visuellement et musicalement d'excellente qualité, mais avec moins d'émotion ou de joie que j'aurais aimé y trouver. Néanmoins, je ne regrette pas une seconde ma sortie. Et je me promets bien de trouver autre chose d'équivalent pour l'année prochaine !

mercredi 16 janvier 2019

Ils disent QUOI ?

Le Filou, désormais en CP, déchiffre péniblement un petit roman dans une série de premières lectures :
— Les... en... fants... crient. Ils... se... disent... "Pute" !
Je sursaute, et il lève les yeux, mi-gêné, mi-rigolard :
— Ze te zure, c'est ce qu'il y a écrit !
— C'est peut-être "ils se disputent", non ?
— Ah ! Ah oui, admet-il, déconfit.
Ouf, je ne vais pas avoir besoin d'enguirlander l'éditeur.
(Ça tombe bien, je bosse pour lui.)

lundi 14 janvier 2019

Réparti

— Maman, me raconte avec enthousiasme le Filou à la sortie de l'école, auzourd'hui ma maîtresse elle était malade, alors ze me suis réparti !

???

— Tu es reparti ?
— Non, RÉparti, ze me suis réparti dans la classe de Lila et z'ai fait du sport avec elle.


(Les Things disaient – et disent sans doute encore – "J'ai été réparti", ce que je trouvais déjà moyennement clair...)

samedi 12 janvier 2019

Edmond, film et pièce


Cela faisait des mois que je n'étais pas allée au cinéma. Ce soir, je suis allée voir Edmond. J'ai un peu hésité, parce que j'ai vu la pièce de théâtre il y a moins d'un an, donc je savais que ce ne serait pas une surprise. D'un autre côté, j'avais vraiment beaucoup aimé, donc ça ne me gênait pas d'en voir une nouvelle version.

Verdict ? C'est excellent. Pour ceux qui ne connaissent pas, Michalik imagine la manière dont Edmond Rostand a inventé son chef d’œuvre, Cyrano de Bergerac, au pied levé, en trois semaines, malgré d’innombrables péripéties et difficultés, en s'inspirant en partie de sa vie quotidienne. Certains détails sont vrais, d'autres sont très probablement inventés de toutes pièces, mais peu importe : c'est très réussi, très drôle, avec des exagérations largement assumées (les producteurs corses proxénètes et leurs manœuvres...), et on en ressort avec le sourire !

Comparant le film et la pièce, Télérama avoue préférer le film. Je n'en dirais pas autant, car j'avais adoré les prouesses techniques vues au théâtre : les décors qui changent parfois à chaque minute en un tourbillon incessant mais réglé comme un ballet, les acteurs qui jouent une dizaine de rôles chacun et à qui un simple accessoire (ou un accent !) suffit pour se transformer complètement... Mais la réalisation du film est également très réussie, en dehors de quelques moments où la caméra tourne un peu trop à mon goût. Mention spéciale à ce moment où Cyrano et Roxane ne sont plus des acteurs, mais des "vraies" personnes, et où le décor du théâtre devient un véritable couvent, pour nous montrer à quel point les spectateurs sont plongés dans l'histoire : une très jolie idée. Les acteurs sont tous excellents, les décors du Paris de la Belle Epoque magnifiques, et l'intrigue est menée tambour battant : on ne s'ennuie pas une seconde. Bref, que vous ayez vu la pièce ou pas, n'hésitez pas si vous avez envie de passer un bon moment !

PS : En vrai, dans Cyrano de Bergerac, la femme de Ragueneau est tout sauf tendre avec son mari, et ce n'est pas le vicomte qui trouve le nez de Cyrano "tout petit, minuscule". Et aussi, "amputasse" rime avec "votre tasse". Voilà. (Désolée, il fallait que ça sorte) (Je vous ai déjà dit que Cyrano de Bergerac est ma pièce préférée et que je la connais à peu près intégralement par cœur ?)

vendredi 11 janvier 2019

Pas trop trop...

Le Grand et moi discutons de films que les trois mômes peuvent voir, ou pas.
— S'ils ont vu le Seigneur des anneaux, argumente-t-il, ils peuvent voir n'importe quoi !
— Non, pas tout à fait. Je sais bien qu'il y a des bagarres et tout le tralala, mais dans l'ensemble, ça ne fait pas trop peur. Ça finit bien, les méchants sont comme par hasard très laids et donc n'inspirent pas pitié, et à part l'araignée géante, ce n'est pas trop...
— ... matisant, complète Mr Thing Two.

jeudi 10 janvier 2019

Cheminée et sapin (un tout petit peu en retard)

Parce que même si j'aurais dû le faire plus tôt, j'en suis trop fière pour ne pas le faire du tout, je me permets de vous montrer, le 10 janvier, ma déco de Noël :

Une cheminée fabriquée ex-nihilo pour pouvoir y installer la crèche...
(ingrédients : cartons du déménagement, planche d'étagère, plaques de four, papier coloré, petite lampe, et papier peint façon briques)



Et un sapin écolo et économique qui ne risquait pas de perdre ses aiguilles pendant nos vacances en Alsace.
(grande plaque de bois appartenant à un meuble démonté, clous, laine verte, déco de sapin des années précédentes)



Voilà, c'est tout. Vous pouvez m’applaudir bien fort, et ensuite je passe à autre chose, promis.

vendredi 4 janvier 2019

Satisfecit

Retour de vacances (Alsace) (je vous raconterai peut-être, si j'ai le temps). Défaire les valises, changer les draps des lits, faire tout plein de lessives, remplir le frigo, et surtout ranger, ranger, ranger. Pendant que les gamins prennent leur dessert, je me lève pour vider le lave-vaisselle, et je soupire :
— Oh là là, c'est du boulot, une famille de quatre enfants.
— C'est vrai, répond Mr Thing Two, mais tu te débrouilles très bien, maman.