mardi 24 septembre 2013

Ça vous ennuie si je vous pique votre boulot ?

Email reçu hier :

Bonjour,
Je suis en deuxième année de master de traduction. J'ai vu sur le site de l'association des traducteurs que vous avez traduit un roman de Untel ; or, plusieurs de ses romans m'intéressent, et j'aimerais les traduire. Pouvez-vous me dire s'il y en a d'autres en cours de traduction ?
Merci d'avance,
Cordialement,
Petite Jeunette

Alors, alors, alors.

1- Je n'ai pas traduit UN roman de Untel. J'ai traduit TOUS les romans de Untel parus en France (donc une bonne douzaine de titres en tout, chez deux éditeurs différents), à l'exception d'une trilogie acheté par une grosse maison qui a négligé de faire appel à moi, et qui s'en est mordu les doigts (le roman est paru avec deux années de retard à cause de problèmes de traduction, ce qui m'a bien fait ricaner – je sais, c'est mesquin). Je suis donc quasiment la traductrice française officielle de cet auteur, que j'ai également rencontré à plusieurs reprises. Et aller dire à la traductrice d'un auteur qu'on aimerait bien marcher sur ses plates-bandes, c'est, comment dire... peu délicat.

2- Pour savoir si les droits d'un roman étranger auquel on s'intéresse sont libres, on ne s'adresse pas à une collègue qui ne peut pas tout savoir, quelle que soit sa bonne volonté : on s'adresse à la maison d'édition du pays d'origine, qui publie Untel dans sa langue originale, et qui sait forcément si les droits de La malédiction de la forêt des elfes maléfiques du crépuscule ont été vendus en France ou pas. Surtout que la vente de droits peut précéder de plusieurs mois la mise en traduction, et que le titre peut avoir été vendu à une maison d'édition différente de celle qui publiait cet auteur jusque là.

3- Quand trois maisons d'édition différente ont déjà publié un auteur étranger, il est assez naïf de croire qu'on va pouvoir leur présenter un autre roman de cet auteur, car si les éditeurs ont bien fait leur boulot, ils les ont déjà tous lus ou les ont fait lire par des lecteurs professionnels comme votre serviteuse, heu, votre servante, bref, moi. Donc de deux choses l'une : soit Le crépuscule maléfique des elfes de la forêt maudite a déjà été lu, apprécié, et acheté, ou est en passe de l'être ; soit il fait partie de ces romans d'Untel que les éditeurs français jugent moins bons, et qu'ils n'ont pas l'intention de faire traduire. En l'occurrence, c'est le cas, parce que La forêt crépusculaire des maléfiques elfes maudits est un premier roman où on ne reconnaît pas encore la "patte" d'Untel, en dehors de ses tics d'écriture plus appuyés que jamais. Et il a fait beaucoup mieux depuis.

Mais à part ça, bon courage quand même.

(En vrai je ne lui ai pas répondu tout ça, bien sûr. Enfin, disons que j'ai beaucoup résumé, et j'ai formulé les choses le plus gentiment possible, en lui disant que je restais à sa disposition si elle avait besoin d'autres informations ou conseils. Elle ne m'a pas répondu.)

6 commentaires:

  1. Héhé, la pauvre ! Pour sa défense, elle ne cherchait peut-être pas à faire publier une nouvelle traduction, mais à trouver un sujet de mémoire pour la deuxième année de master. On en est tous là, à vrai dire...
    En tout cas, merci pour ces conseils, ils peuvent se révéler précieux!

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  2. J'y ai pensé, mais elle n'aurait pas dit qu'elle était intéressée par "plusieurs de ses romans", dans ce cas. Et je lui reproche de ne pas avoir fait des recherches plus poussées (idéalement sur Electre, mais même Amazon donne plein d'informations, sans compter que l'auteur a un site officiel très à jour où il annonce même les traductions en cours). Cela dit, je ne lui en veux pas, et je lui ai répondu très poliment, promis !

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  3. Moui, elle est quand même pas fut-fut, la fille.
    Quant au fait de se renseigner pour savoir si les droits sont dispo, je ne comprends pas qu'on ne l'enseigne pas en master de traduction.

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  4. Et puis regarde le côté positif de la chose : maintenant, tu sais qu'il faut que tu mettes ta fiche à jour sur le site en question ;-)

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  5. Marmeline, tu crois que ça sert à quelque chose ? Je n'ai mis que trois titres...
    4F : moi aussi je suis étonnée qu'on ne leur ai pas dit à qui s'adresser pour savoir si les droits étaient libres ! Peut-être qu'elle avait piscine, ce jour-là ? ;-)

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  6. Non, rien d'étonnant, j'ai fait un master de trad aussi et on nous avait juste dit de regarder sur le site de la BNF. (Bon en fait, comme je suis vieille, c'était un DESS et le Minitel. Hum.) Le mec qui devait nous faire des cours sur le monde de l'édition connaissait plutôt le rayon commercial et librairie, du coup je suis restée dans le flou jusqu'à mes stages.

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