Pendant les vacances, à un moment donné, le Filou avait une grosse griffure sur le bas du front, une bosse sur le haut du front, une égratignure sur le nez, et une écorchure sur le menton.
— Oh, mais comment s'est-il fait cette cicatrice ? me demandaient les gens.
— Ben, ça dépend. Laquelle ?
(En réalité, j'aurais été bien incapable de répondre. Vous croyez que je prends des notes ?)
La veille du départ, à 21h passées, juste au moment de se coucher, il est tombé en avant et a percuté le coin d'un coffre avec sa mâchoire. Double plaie, extérieure et intérieure (je suppose qu'il s'est mordu en tombant). J'ai dû laisser trois lingettes imbibées de sang dans le bac à linge sale, elles seront irrécupérables cet été, c'est malin. Pendant vingt-quatre heures, il n'a quasiment rien pu manger, tant il avait la joue enflée. Juste au moment où il commençait à redevenir à peu près photogénique, à croire qu'il le fait exprès.
— Je commence à me demander si je le verrai un jour sans aucun bobo sur le visage... soupire régulièrement l'assistante maternelle.
(Moi aussi.)
Hier soir, entre 9h et minuit, il n'a pas dormi. Son anus lui faisait mal, ou le démangeait. Depuis que c'est arrivé à Mr Thing Two à peu près au même âge, je sais désormais ce que c'est, et j'ai toujours un vermifuge dans mon armoire à pharmacie, mais il faut tout de même quelques heures pour que ça agisse. Vers minuit et quelques, il se tortillait moins, et je l'ai recouché, ankylosée d'avoir passé tout ce temps à le bercer sur un mauvais fauteuil. Je me suis précipitée vers mon lit, épuisée, frigorifiée et endolorie. Hélas, il s'est mis à gémir, et nous nous sommes rendu compte qu'il avait 40 de fièvre. Advil. Il tremblait. Convulsions ? Nous l'avons couché dans notre lit (mais ouiiii, au-dessus de la couette). Bien entendu, impossible de dormir, pour lui comme pour nous. Deux heures plus tard, température : 39,9. Doliprane. On appelle SOS médecin ? On prend un taxi et on l'emmène aux urgences ? Tiens, d'ailleurs, il serait temps de demander où sont les urgences les plus proches. Et les taxis, aussi, d'ailleurs (quoique ma mère m'ait signalé qu'on doit pouvoir mettre un matelas de bébé dans la caisse du triporteur, ça ferait une ambulance très chouette). Trois heures du matin, température : 38,6. Alleluia ! Autant dire qu'il est presque guéri, non ? Au lit.
— Si c'est sa plaie qui s'est infecté, ça peut être très grave, dit Darling.
— Attendons quelques heures de plus. Nous avons eu d'autres gosses qui ont eu des poussées de fièvre inexpliquées qui sont parties très vite. A mon avis, il se venge de ces bains de bouche que nous avons essayé de lui faire faire, voilà tout.
(En effet, depuis, il plafonne à 37°C, sans médicaments. Je dis ça, je dis rien...)
Après cette affreuse nuit, je l'ai tout de même réveillé tôt et emmené chez l'ass mat. J'avais un rendez-vous, je ne pouvais pas faire autrement. Vers midi, j'appelle pour avoir des nouvelles :
— Je suis désolée, je sais que ce n'est pas la bonne heure, vous êtes sans doute en train de leur donner à manger...
— Non non, j'étais en train de mettre de la pommade sur le visage du Filou, il vient de tomber contre un meuble.
(Pas sur la mâchoire ? Non. Tout va bien, alors.)
Soirée difficile. Dire que je suis au bout du rouleau est très en deça de la vérité. Je n'y vois plus clair, je n'arrive plus à réfléchir. (Alors arrête de bloguer et va dormir, crétine ! Oui oui, dans une minute, promis.). Les Things chahutent avec le Grand. Je m'avance pour intervenir quand j'entends un énorme "boum" ! C'est le Filou qui vient de tomber du canapé, tête la première. Pendant qu'il reprend son souffle entre deux hurlements, Darling et moi échangeons un regard abasourdi.
— Mais il le fait exprès, ou quoi ?
(La bonne nouvelle, c'est que la bosse devrait être à peu près cachée par les cheveux. Je commence à avoir peur de croiser des flics, quand je suis avec lui dans la rue.)
A part ça, il va bien, il est mignon comme tout, et il fait plein de progrès. Il ne dit pas encore grand-chose, toujours pas de "gâteau" ou de "voiture" ou de "câlin" à l'horizon, mais aujourd'hui, par exemple, il a appris un nouveau mot.
"Bêtise".
Eh ben au moins vous ne vous ennuyez pas, avec lui ! :-D
RépondreSupprimerOh ben je ne m'ennuyais déjà pas beaucoup avec les autres, tu sais... ;-)
RépondreSupprimerlol, on dirait mon cadet : hier je me faisais la réflexion, en le voyant se prendre une énième fois le coin de la table et partir sans rien dire, qu'il devait vraiment avoir la tête dure ...
RépondreSupprimer...ça promet pour la suite^^
Je confirme, il a développé très tôt des aptitudes à être cascadeur...
RépondreSupprimerJ'espère qu'il ne s'est pas fait mal aux gencives ou aux dents.
Je ne voudrais jouer les rabat-joie, mais... il voit bien, ton Filou?
RépondreSupprimerJ'ai un neveu malvoyant, mais qui fonce quel que soit le type de terrain... et qui collectionne aussi bleus et bosses.
Comme Bougri, c'est la deuxième chose qui m'est venue à l'idée : est-ce qu'il y voit bien, ce loulou ? La première, c'était, comme toujours, "mais comment fait-elle ?"
RépondreSupprimerVoilà une bonne question que je ne m'étais pas posée ! De près, il voit bien, je pense : quand on regarde un livre avec lui, il est tout à fait capable de désigner le pied de Petit Ours Brun qui dépasse sous un rideau. De loin, il distingue sans problème l'avion qui passe dans le ciel. Je vais tout de même garder cette pensée en tête, mais je crois que l'explication est plus simple : il ne fait absolument pas attention. Il grimpe sur l'accoudoir pour sauter sur le canapé à pied joint, et forcément, parfois, il rebondit et tombe par terre. Ou alors il court comme un dératé dans la maison, et un beau jour, il glisse, et se ramasse un meuble. Ou alors il descend la tête la première le plus grande toboggan du square, celui qui est marqué "à partir de 8 ans", et forcément, à un moment donné, il se râpe le menton à l'arrivée...
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