Une anesthésiste rigolote

Hier, j'ai passé la journée à l'hôpital pour une hystéroscopie chirurgicale, ce qui est un joli mot pour dire qu'on m'a raclé l'utérus (!!!) et posé un stérilet histoire de voir si par hasard ça améliorait mes problèmes de règles hémorragiques (Ben quoi, vous aviez demandé de mes nouvelles, non ? Comment ça, il n'était pas nécessaire de donner autant de détails ?)

Quand on m'a conduite au bloc, j'ai constaté que l'anesthésiste qui allait m'endormir n'était pas celui que j'avais vu en consultation, ce qui m'a semblé plutôt une bonne nouvelle car ce dernier devait avoir 70 ans et avait les mains qui tremblaient en permanence (je vous jure). Celle-ci avait un fort accent italien.
— Ah, vous êtes italienne ? s'est-elle exclamé en voyant mon nom.
— A moitié, oui.
— On va bien vous traiter, alors !
Ce qui n'est qu'à moitié rassurant, je trouve.

Elle m'a tripotée, piquée, a préparé ses produits, puis elle m'a dit :
— Voilà, je vais vous injecter le produit qui va vous faire dormir. Imaginez que vous êtes allongée au soleil sur une plage de sable fin.
Un masque à oxygène sur le visage, une charlotte sur les cheveux, les pieds dans les étriers, grelottant sous une chemise en papier déjà déchirée et un drap trop fin, un appareil de prise de tension en train de me broyer le bras droit, une perfusion dans le bras gauche, le plafonnier dans les yeux. J'ai beaucoup d'imagination, je vous jure, mais pas à ce point.
(Cela dit, c'est tout juste si je ne préfère pas être au bloc qu'allongée sur une plage, en fait.) (Je n'aime pas tellement la mer et encore moins le soleil) (Un hamac dans une forêt, ça m'aurait mieux convenu.)

— Rassurez-vous, a-t-elle ajouté, comme c'est une toute petite opération, on va vous faire une anesthésie générale très légère : vous vous réveillerez au bout de trois quart d'heure en pleine forme.

Résultat : anesthésie à 11h, et puis un temps interminable en salle de réveil où j'ai bien cru qu'ils allaient finir par me mettre des gifles ("Madame, ouvrez les yeux ! Oui, je vois que vous bougez la main et que vous m'entendez, alors ouvrez les yeux !" ... Ben, moi je voudrais bien, ce sont mes yeux qui veulent pas...), et puis des visites de l'infirmière toutes les demi-heure pendant lesquelles je me rendormais alors qu'elle était encore en train de prendre ma tension, et puis une visite du médecin à 14h alors que j'émergeais à peine et qui a dit "En théorie vous avez déjà le droit de partir mais peut-être qu'il vaut mieux attendre jusqu'à 16h", et j'ai enfin réussi à me lever et à me rhabiller à 17h pour rentrer à la maison et m'effondrer sur mon propre lit.
J'en conclus que si l'anesthésie n'avait pas été légère, j'y serais encore.

(Et bien sûr, après avoir passé la journée à roupiller, j'ai passé la nuit à jongler avec les insomnies.)