Hier soir, après une journée horrible où le Filou, malade jusqu'au trognon et fiévreux jusqu'à l'os (je lui avais bien dit, au médecin, que l'antibiotique qu'elle m'avait donné ne suffisait pas contre les otites !), n'a pour ainsi dire pas quitté mes bras, sauf pendant la sieste où c'est Mr Thing Two qui n'a pas dormi, et une soirée interminable où il a fallu attendre SOS médecin pendant deux heures et demi, puis aller chercher des médicaments très loin parce que toutes les pharmacies des environs étaient déjà fermées vu l'heure tardive, nous nous sommes installés tranquillement pour voir l'épisode suivant de Star Wars. J'étais vraiment contente de me changer les idées. J'ai mis le son très bas, parce que le Filou avait encore 38,5° quand nous l'avions couché, et que je voulais entendre s'il appelait.
— Mets plus fort, m'a demandé Darling, qui souhaitait entendre la musique du générique.
— Non, ai-je refusé sur un ton sans réplique.
— Si ! a-t-il exigé.
Il ne m'en a pas fallu davantage pour balancer la télécommande par terre et partir à grands pas furieux – sans claquer la porte, mais uniquement parce qu'il n'y en a pas entre le salon et l'escalier. A ma décharge, j'ai enchaîné quatre très mauvaises nuits pour cause d'enfant malade, et cette journée seule avec les quatre gamins qui ne pouvaient pas sortir pour cause de pluie avait terminé d'user mes nerfs.
Je monte, je vais voir le Filou qui pleurniche, je lui donne de l'eau, je le berce un peu, je ressors de la chambre, et je trouve Darling qui est venu me chercher :
— Va regarder le film, je reste là, m'ordonne-t-il froidement.
— Je voulais qu'on le regarde ensemble !
— Et moi je ne veux pas le regarder en si petit format et avec le son si bas !
— Et après, c'est à moi qu'on dit que je ne suis pas capable de faire des compromis ?
Je redescends, passablement furieuse, et je m'aperçois que le film en est déjà à sa vingtième minute. Je m'énerve :
— Mais pourquoi ne m'avez-vous pas attendue ?
— Papa nous a dit de continuer pendant qu'il montait te chercher, se justifie le Grand.
— Il est hors de question que je regarde un film dont j'ai raté les vingt premières minutes !
Mais il ne m'écoutait déjà plus : il y avait des vaisseaux spatiaux qui tiraient dans tous les sens, et il n'avait d'yeux que pour l'écran.
Plus furibonde que jamais, j'ai essayé de me consoler en me disant que tant pis, j'allais en profiter pour avancer cette fichue traduction à rendre avant les vacances.
Sauf qu'il n'y a pas de porte entre mon bureau et la télévision. Impossible de me concentrer dans ces conditions. [note pour moi-même : penser à faire installer une porte entre mon bureau et le salon à la rentrée, car le problème se pose un peu trop souvent.]
Bon, ben je vais aller me coucher, essayer de rattraper un peu mon sommeil en retard.
Sauf que, dans notre lit, Darling vient d'entamer un livre. Il n'a pas l'habitude de dormir à 22h20. Et je ne peux pas dormir avec la lumière allumée. Et il ne peut pas aller lire ailleurs, puisque notre salle de jeux / chambre d'amis est occupée par ma mère, et le salon / salle à manger par les pré-ados devant la télé.
Et de toute façon, je suis d'une humeur tellement massacrante que je doute que je réussirais à dormir.
Ne reste plus que la cuisine et la salle de bain, ou le jardin imbibé d'eau. Mais pour faire quoi ? Pas envie de me mettre à confectionner un gâteau à 22h25, et encore moins de me vernir les ongles ou de m'épiler les sourcils (j'en entends qui rigolent) (ignorez-les). Quelle activité pourrait m'aider à me calmer, à part lire – mais je n'ai pas envie d'aller lire à côté de Darling que je déteste actuellement de tout mon cœur ?
Oh ! Je sais !
C'est ainsi qu'hier soir, entre 22h30 et 23h30, j'ai fait vingt kilomètres en vélo dans des ruelles totalement désertes et sur des quais mal éclairés (voire non éclairés du tout pour une portion du trajet réservée à la "circulation douce" : on ne pas se mettre à installer des réverbères pour les piétons et les cyclistes, hein ?) J'ai visité la commune voisine, j'ai vu plein de jolies maisons, j'ai admiré les derniers reflets du jour sur l'eau, j'ai siffloté un air joyeux en pédalant de toutes mes forces (ce qui n'est pas vraiment compatible, il faut l'avouer). Quand je suis rentrée, Luke avait retrouvé son papounet*, et j'étais trempée de sueur de la tête aux pieds, mais d'excellente humeur. J'ai pris une douce très chaude, j'ai bu au moins un litre d'eau, et je suis allée me coucher sur la pointe des pieds, avec encore un petit sourire aux lèvres. Je n'ai eu aucun mal à m'endormir.
*Ceux qui n'ont pas vu Star Wars – si, ça existe, ma mère en fait partie – ne doivent pas chercher à comprendre cette phrase.
J'ai peur que tu finisses par vouloir participer au Tour de France...
RépondreSupprimerJe me demande combien de coups de sang, de colères et de disputes ça m'éviterait ? Hum, je devrais peut-être y songer...
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