vendredi 7 décembre 2018

Lectures intensives

– Fofo, me dit une éditrice il y a quelques jours, j'ai reçu plein de manuscrits étrangers. J'aurais besoin de faire le tri. Tu ne veux pas venir passer une matinée chez nous de temps en temps pour jeter un coup d’œil, toi qui sais si bien juger objectivement les points forts et les points faibles des bouquins ?

Elle n'a eu aucun mal à me convaincre. Quand on me propose un boulot qui me sort de chez moi, je suis (presque) toujours partante, surtout si on me prend par la flatterie.

Ce matin, donc, j'arrive à l'heure dite, et je suis accueillie par mon éditrice qui me conduit dans un beau bureau vitré, avec de la moquette par terre et une bouilloire sur la table. Elle me pose une grosse pile de manuscrits sous le nez et me plante là.
Je m'installe le plus confortablement possible sur la chaise (note : la prochaine fois, apporter un coussin), je me fais un thé (avec du lait) (oui, j'avais pensé à en apporter) (on peut me faire confiance pour ne pas oublier ce genre de choses), j'ôte mes chaussures (sinon, à quoi sert la moquette ?) et je me lance.
L'éditrice ne m'avait imprimé que 50 pages de chaque roman, en me prévenant qu'elle me donnerait la suite si ça en valait vraiment la peine.
En une matinée, j'ai donc lu les premiers chapitres de :
- Un roman historique avec des pirates et des princes ;
- Un roman humoristique sur un frère et une sœur en vacances ;
- Un roman coup-de-poing sur une amitié naissante entre deux âmes cabossées par la vie ;
- Un roman réaliste sur une secte aux Etats-Unis ;
- Un roman policier avec des gamins-détectives qui cherchent des voleurs de bijoux.

Comme aucun roman n'était excellent ou suffisamment vendeur, je ne suis jamais allée au-delà des cinquante premières pages. Mais comme aucun n'était mauvais au point de le laisser tomber au bout de quelques paragraphes ou même de le lire en diagonale, je n'ai pas pu m'empêcher de me plonger à fond dans chaque roman avant de devoir m'interrompre brutalement.

J'ai l'impression d'avoir passé ma matinée à voyager dans des contrées différentes, mais en devant à chaque fois reprendre le train pour ailleurs alors que je venais à peine de faire le tour de la gare d'arrivée.


6 commentaires:

  1. Rho ce que ça doit être méga frustrant ça ! Moi qui ai beaucoup de mal à abandonner un bouquin en cours (à moins que VRAIMENT VRAIMENT ce ne soit de la GROSSE DAUBE), je frémis en te lisant. S'embarquer à chaque fois, ne pas trouver le voyage désagréable mais débarquer au premier arrêt, brrrrr.
    (question de curiosité sur ce milieu que je connais encore peu : du coup, là, elle te paie du temps de travail ? Un forfait / bouquin examiné ? le café et puis c'est tout, sans oublier sa reconnaissance éternelle et l'assurance qu'elle pensera à toi pour d'autres projets ?)

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  2. Ah oui, pas évident comme exercice !
    Cela dit, quand on lit beaucoup, je pense qu'on repère assez vite si le roman est bon ou pas.
    Comme Gwen, j'ai longtemps eu du mal à abandonner une lecture en cours de route, mais maintenant je le fais sans états d'âme, car il y a tellement de choses à lire ! La vie est trop courte. ;-)

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  3. Exactement ! Moi non plus, avant, je ne lâchais jamais un livre...

    Gwen, on me paie en temps de travail : une demi-journée de lecture. C'est plutôt mieux payé que quand je fais des fiches de lectures à la maison (parce que si on ajoute le temps de lire le livre et celui de rédiger la fiche, le forfait est vraiment très bas).

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    1. Merci Fofo
      Je suis désolée, je pose des questions de RH, on ne se refait pas...
      (J'avais cru comprendre que quand on faisait des fiches de lecture à la maison, on n'était payé que sur les fiches faites = bouquins retenus pour passer à la moulinette suivante et que donc les bouquins pourris ne valent pas une fiche de lecture, donc doivent être repérés fissa afin de ne pas perdre sur eux du temps qui ne rapporterait pas un centime. J'ai bien compris ?)

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    2. Non, je suis payée pour toutes les fiches que je fais. Et si le bouquin est trop mauvais et que je ne veux pas perdre mon temps, en accord avec l'éditrice, je lui écris les raisons pour laquelle le roman ne vaut rien en quelques lignes, et je suis payée un petit forfait.

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    3. Ah merci de cet éclairage !
      Donc les pratiques différent, peut être selon les maisons et / ou les genres littéraires ... ce qui en soi ne serait pas surprenant
      C'est marrant !

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