jeudi 8 avril 2021

Le Grand risque la famine

Demain, je pars.

Si, on a le droit, quand c'est pour faire garder des enfants par des grands-parents. Donc je vais une semaine chez ma mère pour qu'elle me garde les enfants pendant que je bosse (chez elle). Oui, bon, en vrai, quand nous sommes là-bas, ils n'ont pas vraiment besoin d'être gardés, parce qu'elle a les deux meilleurs baby-sitters du monde : un trampoline et la collection complète de la série BD Les Légendaires. Mais justement, on y gagne tous. Même ses voisins du dessous, parce qu'ils n'existent pas (alors que les miens, si).

(Je tiens à préciser  1- Que ma mère et son mari sont vaccinés ; 2- Que nous n'avons eu quasiment aucun contact avec qui que ce soit depuis une semaine ; 3- Que nous respecterons scrupuleusement la limite des 10 km une fois arrivés là-bas. Ne me tombez pas dessus, s'il vous plaît.) 

("Prends un livret de famille pour prouver que ce sont bien tes gosses", m'a conseillé ma mère. "Je soupçonne qu'il y a du trafic d'enfant comme prétexte pour voyager, en ce moment. Et d'ailleurs, tu as pensé à les louer ? Tu en as trois, ça pourrait te rapporter une jolie somme...")

Bref, je pars à la montagne avec les trois mômes, mais je laisse à Paris le grand dadais, parce qu'il a cours quelques heures en présentiel à l'université la semaine prochaine. En plus, il est plutôt content à l'idée que pendant sept jours, personne ne va lui reprocher de prendre son petit-déjeuner à 16h et sa douche à 4h du matin (oui, il prend sa douche "le soir", avant de se coucher).

Mais il y a quelque chose qui l'inquiète : la nourriture.

— Maman, tu as fait une commande ? m'a-t-il demandé tout à l'heure.
— Non, mon chéri.
— Mais il n'y a plus de saucisson, ni de jus d'orange !
— Ni de surgelés, et d'ici deux jours il n'y aura plus de pain non plus. Je sais.
— Comment je vais faire, alors ?
— Tu iras faire les courses. Je vais te laisser de l'argent. Je te rappelle qu'il y a un Franprix à exactement 30 mètres de la maison. Et une boulangerie à 40 mètres, et un Lidl à 50 mètres. Pour le Picard, j'avoue, c'est plus loin, au moins 350 mètres, mais j'ai confiance en toi, tu vas y arriver.
— Oh là là, c'est dur. J'aime pas les magasins. Et c'est loin, quand même. Faut sortir de la maison ! Et après, faut porter les courses, et c'est lourd.
— Mon pauvre chéri. Je compatis.
— Je ne sais pas si je vais avoir le courage d'y aller. Vous allez peut-être me retrouver mort de faim, dans une semaine.
Et puis il a réfléchi une seconde, et s'est corrigé :
— Enfin, disons, plutôt mort de flemme.

Bon, au moins, il est lucide...

1 commentaire:

  1. Excellent exercice ! On prend les paris ? Mort de faim ou nouvel intérêt pour les courses quand on achète ce qu'on veut ?

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