— Tu verras, c'est vraiment très bien, m'a dit la personne qui m'a donné ce livre. Et émouvant : ça ne m'étonnerait pas que tu pleures un peu. Et peut-être que ça plaira aussi à ton aîné ?
Comme quoi on ne peut pas toujours avoir raison sur tout. Bilan : une vérité, une demi-vérité, et une erreur grossière. Parce que :
1- C'est en effet un excellent bouquin ;
2- Je n'ai pas pleuré "un peu", j'ai sangloté dans ma chemise (je ne voulais pas interrompre ma lecture le temps d'aller chercher un mouchoir)
3- Le Grand préférerait sans doute lire La critique de la raison pure en VO qu'un roman aussi bouleversant.
Franchement, ça faisait longtemps que je n'avais pas autant pleuré qu'en lisant Quelques minutes avant minuit (très beau titre, repris dans plein d'autres langues, même si le titre original est plus simplement A monster calls), de Patrick Ness, écrit d'après une idée de la regrettée Siobhan Dowd, traduit par Bruno Krebs et publié chez Gallimard Jeunesse en 2012. Difficile de résumer l'histoire sans la trahir, mais je vais essayer.
Il s'agit de Conor, un garçon de 13 ans qui vit seul avec sa mère gravement malade. Coupé du reste du monde par son chagrin, il n'a plus d'ami, et son père habite sur un autre continent... Mais le pire, ce sont ses cauchemars, ou plutôt son cauchemar, issu d'un terrible sentiment de culpabilité, qui le hante toutes les nuits. Du coup, le jour où un gigantesque arbre du cimetière prend vie et vient lui rendre visite sous la forme d'un monstre (façon "ent" dans Le seigneur des anneaux), Conor n'a pas peur de lui. D'autant plus que ce monstre, aussi effrayant soit-il, ne semble pas vraiment lui vouloir du mal. Il veut simplement lui raconter trois histoires, et en retour, exige que Conor lui en raconte une : une histoire vraie, l'histoire de son cauchemar...
Je ne vais pas vous mentir, c'est triste. Moi qui me suis identifiée au moins autant à la mère qu'à l'ado et même à la grand-mère, pour faire bonne mesure, ça m'a fait une grosse boule dans la gorge, et même trois. Mais même si c'est triste, ce n'est pas désespérant. Au contraire : il y a une certaine forme de courage, voire d'optimisme ; des choses qui sont enfin dites, des problèmes qui sont enfin résolus, même quand tout semble s'écrouler. Et j'aime tant ce que raconte le monstre. Que tout n'est pas blanc ou noir. Que les gens sont compliqués. Qu'on peut faire des mauvaises actions pour des bonnes raisons, et vice-versa. Qu'il faut avoir le courage d'affronter la vérité. Qu'il faut savoir différentier les mots des actes, et qu'on n'a pas à ses sentir coupable d'avoir eu de "mauvaises" pensées, etc.
Bref, si vous aimez les livres "coup de poing" et si vous avez une boîte de mouchoirs à portée de main, n'hésitez pas à vous lancer là-dedans !
PS : Une adaptation va sortir cet automne, un film à gros budget, avec Liam Neeson et Sigourney Weaver.
Lui aussi il était dans ma liste Am*zon. Ah la couverture! Je me doutais que ça n'était pas une franche rigolade car le fonds de commerce de Siobhan (on prononce "chavonne")Dowd n'était pas spécialement les gamines malicieuses qui font jaillir des étincelles au bout de leurs doigts.
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