lundi 15 février 2021

Ma nouvelle passion : la couture

 Je vous ai raconté que je m'étais prise de passion pour la couture ?

(Oui, j'ai des cycles de passion. Je m'en suis rendu compte récemment. Pendant quelques semaines, quelques mois ou quelques années, je passe l'essentiel de mon temps libre à jardiner, ou à faire des gâteaux, ou à tout savoir sur les vélos, ou à fabriquer des bijoux, etc. Et puis au bout d'un moment, ça se calme, soit parce que j'ai un peu fait le tour de la question, soit parce que ça devient trop facile, soit au contraire parce que c'est trop compliqué – mes ambitions de menuisière sont entravées par le fait que je me vois mal acheter tous les outils et le bois nécessaire pour fabriquer une commode au milieu de mon salon. Ça se calme, mais ça ne disparaît pas complètement, et même si je ne passe plus l'intégralité de mes pauses entre deux chapitres sur des blogs culinaires, je continue à tester volontiers de nouvelles recettes et à m'acheter des bouquins de cuisine qui m'intéressent. Ou à suivre les nouveautés cyclistes. Ou à me fabriquer un collier de temps en temps. Ou à tailler les rosiers avec bonheur quand je retrouve mon jardin italien. Bref, revenons-en à la couture !)

C'est ainsi : depuis la toute première leçon de machine à coudre donnée par ma mère pour la confection de capes Harry Potter, il y a un an et quelques, je me suis perfectionnée. J'ai bidouillé, j'ai raccommodé, j'ai fabriqué des accessoires (comme des sachets à cadeau ou des sacs à tarte ou des pochettes à sandwichs ou des masques), j'ai inventé des chaussons, je me suis lancée dans des déguisements aberrants (je ne sais toujours pas ce qui m'a pris de faire cette large ceinture à lacer, puis ce jupon, cette surjupe et cette chemise volantée), et puis au bout d'un moment, à l'automne, je me suis enfin décidée : j'ai acheté un patron et j'ai cousu mon premier "vrai" vêtement, un t-shirt tout simple.

La RÉVÉLATION. Mais vraiment.

Il faut savoir que depuis toujours, d'aussi loin que je me souvienne (début de l'adolescence), j'ai la hantise des magasins de vêtements. Au point, parfois, d'être prise de ce qui ressemble fort à des bouffées d'angoisse et devoir ressortir tout de suite quand je pénètre dans un Printemps quelconque. Et depuis toujours aussi, on me dit que je m'habille mal. Ce qui est vrai, parce que ça ne m'intéresse pas, parce que je suis tellement pressée de sortir des boutiques que je prends les premiers trucs qui me tombent sous la main, parce que je n'y connais rien, parce que j'ai toujours eu le sentiment qu'il me manquait une case, celle qui permet de savoir quel genre de robe va avec quelle morphologie (ou quel haut avec quel bas, ou quelle couleur avec quel teint). Heureusement que j'ai fini par trouver une amie que ça intéresse, elle, et qui est capable de m'emmener faire du shopping sans perdre son calme ni son humour (bénie soit-elle), mais elle habite loin de Paris.

Et là, tout à coup, j'avais un t-shirt de la couleur que je voulais, dans la matière que je voulais, de la taille que je voulais et de la forme que je voulais. Je ne dépendais plus de l'industrie ! Finie, l'époque où je ressortais presque en larmes d'un magasin parce que je cherchais un pantacourt tout bête ou un anorak à capuche et que la mode avait décidé qu'il n'y en aurait aucun cette année-là !

Ne faisant jamais les choses à moitié, mon premier t-shirt en main, j'ai décidé du jour au lendemain de ne plus jamais m'acheter de vêtements (sauf quelques exceptions : je n'ai pas vraiment envie de me lancer tout de suite dans les soutifs, par exemple).

C'est peu dire que je me suis lancée avec enthousiasme dans l'amélioration de ma garde-robe. La robe que je me suis cousue pour Noël est celle que je préfère de toutes les robes que j'ai jamais portées. J'ai tenté le short d'hiver avec collant, quelque chose que je n'aurais jamais même envisagé il y a encore un an. Mon gilet en polaire, à enfiler quand je bosse devant mon ordi, est pile comme je le veux, ni trop court ni trop long ni trop encombrant ni trop étriqué. Comme je ne sors ma machine à coudre que le weekend, je ne suis pas extrêmement productive, et ça va me prendre du temps avant d'avoir tout ce qu'il me faut, mais la joie que j'éprouve à me débarrasser des trucs moches que je gardais faute de mieux au fur et à mesure que je les remplace par d'autres de mon choix est immense.

Mais bien sûr, des fois, il y a des ratés.

Hier, j'ai choisi un patron très simple pour mon premier pantalon. Et comme je commence à être un peu plus expérimentée, et que je vais donc un peu plus vite, j'ai décidé que j'allais faire preuve de patience et que j'allais soigner les finitions (ce que je n'ai pas fait avec mes précédentes réalisations, qu'il ne faut vraiment pas regarder de trop près à l'intérieur – mais ce qui ne se voit pas ne compte pas, hein ?). Pour ce patron basique et rapide, j'ai donc fait des gros efforts, et j'ai même testé des magnifiques coutures rabattues surpiquées (si vous êtes aussi ignorants que je l'étais il y a six mois, regardez les coutures d'entrejambe de votre jeans, avec la double rangée de fil bien visible. Vous voyez de quoi je parle ?). Cela m'a donc pris environ cinq heures, alors que j'aurais pu le faire en deux. Et en plus, le tissu était magnifique. Une gabardine stretch en partie en viscose, pour ceux que ça intéresse. Souple, épaisse, presque infroissable, avec une belle couleur bleu canard.

Résultat ?

C'est moche.

Pas affreux, hein. Il y a un an, je m'en serais contentée volontiers. Et c'est confortable. Mais ça ne me va pas. Je ne sais même pas pourquoi. Une histoire de morphologie, peut-être. Et/ou de tissu pas adapté à cette forme-là. Et/ou de fourche trop longue ou trop courte devant ou derrière. Je n'ai pas encore bien compris. (Mais faites-moi confiance, d'ici quelques semaines je saurai tout).

Commentaire du Grand, auquel la case dont je parlais tout à l'heure manque de manière encore plus flagrante qu'à moi :

— Ben quoi ? C'est un pantalon !

Commentaire de Mr Thing Two, qui me voit dépité et cherche à me consoler :

— Si je t'avais vue avec dans la rue, je me serais pas dit "il est moche ce pantalon", tu sais. J'aurais rien remarqué.

Commentaire de Darling (venu voir ses mômes en vacances), qui ne manque jamais de me féliciter quand je réussis mais ne prend pas de gants quand j'échoue :

— Te fâche pas, hein, mais ça ressemble aux pantalons que mettait ta grand-mère.

Tout est dit.

(Pas grave. Au contraire. J'aime les défis. J'ai fait vingt fois des cookies ou des scones avant qu'ils ne soient vraiment parfaits. Je ferai vingt pantalons s'il le faut !)

 

7 commentaires:

  1. Alors là, je dis chapeau ! Ma mère cousait fort bien mais a toujours refusé de transmettre son savoir.Je me suis donc lancée seule quand j'étais nullipare ! J'ai ressorti la machine à coudre pendant le premier confinement pour faire de petites choses basiques mais je n'ose pas me lancer dans les vêtements. Alors un pantalon... j'admire, même si tu le trouves moche. C'est peut-être le patron qui est en cause ? Trouver un bon patron est finalement aussi difficile qu'acheter le bon pantalon ;-)

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  2. "mes ambitions de menuisière sont entravées par le fait que je me vois mal acheter tous les outils et le bois nécessaire pour fabriquer une commode au milieu de mon salon" : j'adore votre humour.

    SVP, n'arrêtez pas de poster, c'est mon petit plaisir ! Comme un pain au chocolat trempé dans le chocolat chaud du dimanche matin.

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  3. mais le pantalon c'est le truc le plus compliqué en couture! parce que effectivement une jupe ou une robe ca a un degré d'ajustement plus ou moins large... le pantalon faut que ça tombe bien! Ca vaut le coup de retester avec un tissu pas trop cher ;-)
    En tout cas bravo! c'est génial de pouvoir se coudre ce dont on a besoin comme on le souhaite quand on le souhaite!

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  4. Ou peut-être que les pantalons ne sont pas le vêtement qui te mettent le plus en valeur,contrairement aux robes, donc même si la réalisation est parfaite, le résultat n'est pas à la hauteur de tes attentes.

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    1. Et je découvrirais ça aujourd'hui, alors que ça fait 44 ans que je porte des pantalons (ou pantacourts) 360 jours par an ?

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    2. Pourquoi pas? Il faut aussi faire la part des choses entre ce qui convient à sa morpho, sa séduction, et ce qui convient à la vie de tous les jours.
      Tu n'as pas porté pendant 44 ans un pantalon en te disant chaque jour : wow, je porte un pantalon parce qu'il me fait une silhouette d'enfer.
      Et tu ne mets pas ta robe longue de Noël pour faire une rando ou du pousse-pousse.

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  5. Ma technique est la suivante pour être sûre que le pantalon m'ira, comme je ne suis pas encore très douée en couture, je me suis achetée deux pantalons identiques (taille élastiquée, poches italiennes) au supermarché après avoir essayé, j'étais donc certaine que la coupe m'allait. J'en ai décousu un qui m'a servi de patron et l'affaire est dans le sac :) je fais pareil avec les pantalons pour mes petites filles, ça ne revient au final, pas beaucoup plus cher qu'un patron.

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