Pour Noël, ma sœur a reçu le film de Tom Hopper, adaptation de la meilleure comédie musicale de tous les temps, Les Misérables.
Oui, je sais, d'habitude je n'aime pas les adaptations des livres que j'ai appréciés, et Dieu sait si j'aime Victor Hugo en général et Les Misérables en particulier. Mais quand je suis arrivée à Londres et que j'ai découvert les comédies musicales avec La Belle et la Bête, comme je vous le racontais ici, j'en ai cherché d'autres que je pourrais voir et que je serais susceptible de suivre même en ne comprenant pas grand-chose de la langue de Shakespeare. En toute logique, je suis donc allée voir Le fantôme de l'Opéra et Les Misérables, puisque je connaissais assez bien l'histoire pour ne pas redouter de manquer un élément important de l'intrigue.
Le fantôme de l'Opéra m'a plu, mais ne m'a pas marquée plus que ça. En revanche, en deux ans et quelques passés à Londres, j'ai vu cinq fois Les Misérables. Au prix du billet, ça vous donnera une idée de mon degré d'admiration.
(Non mais en vrai, j'y suis allée une fois en prenant un siège très peu cher derrière une colonne, et deux fois gratuitement, en séduisant tour à tour un des violonistes de l'orchestre et un des ouvreurs. En tout bien tout honneur, hein. J'ai battu des cils pour mettre en valeur mes yeux verts embués de larmes, et voilà. Et à la fin de la représentation, quand ils m'ont demandé si je voulais aller prendre un verre, j'ai dit que non merci, mais merci beaucoup, au revoir. Comme c'étaient des Anglais, ils n'ont pas insisté. J'aime les Anglais.)
Bref, Les Misérables est ma "comédie" musicale préférée. (Que celui qui a décrété qu'un spectacle musical ne pouvait être que comique soit condamné à aller voir tour à tour Les Misérables, Miss Saïgon et Wistle down the wind. En payant plein tarif, bien sûr.) J'ai l'enregistrement complet, et je l'écoute au moins une fois par an, au volant, en allant ou en revenant de vacances. Ma soeur a donc eu l'occasion d'en profiter.
Quand le film est sorti, l'année dernière, j'étais enchantée. Enfin, j'allais pouvoir revoir le spectacle à volonté ! En fait, j'aurais préféré une version filmée de la représentation scénique, mais il ne faut pas chipoter. J'attendais la sortie avec impatience. Et puis... et puis je n'y suis pas allée. Parce que pas de baby-sitter, parce que mauvaise critique dans Télérama, parce que personne pour venir avec moi, parce que pas le temps.
Maintenant que j'ai vu le film, je dirais que les mauvaises critiques ne sont pas totalement injustifiées, mais que les journalistes ont descendu le film pour de mauvaises raisons. Oui, l'histoire est très simplifiée. Mille cinq cent pages en deux heures ! Oui, ça chante tout le temps. C'est un spectacle musical ! Oui, on se concentre sur des individus et pas du tout sur le peuple. C'est une pièce de théâtre, à jouer avec un nombre restreint d'acteurs ! Par contre, il faut l'avouer, certains acteurs ne tiennent pas la route, et en particulier, Javert ne sait pas chanter. C'est ennuyeux. La manière de filmer "caméra à l'épaule" m'agace dans tous les films, et dans celui-ci aussi. Et l'abondance de gros plans nuit paradoxalement à l'émotion (comme disait une amie, puisqu'on est plus au théâtre, pourquoi ne pas en profiter pour nous montrer ce que voit l'acteur, au lieu de nous montrer l'acteur lui-même du début à la fin de sa chanson ?). Cela dit, je ne dirais pas non plus que c'est un mauvais film. Juste qu'on aurait pu faire bien mieux. Mais certains acteurs sont excellents, et puis bon, il y a les chansons, quoi !
(Je m'éternise, aujourd'hui, non ? J'en suis encore à mon introduction...)
Bref, le lendemain de Noël, j'ai donc voulu regardé le film avec ma petite sœur et avec le Grand. Ma soeur était ravie. Le Grand, moins, parce que "Je suis sûr qu'il y a des morts !" (Heu, j'avoue...) et "Ça ne m'intéresse pas !" (Comment peux-tu dire ça alors que tu n'as encore rien vu ?).
Dans mon envie de partager ça avec lui, je l'ai très vivement incité à rester. J'ai eu tort. Il faut savoir que le Grand ne peut pas s'empêcher de parler pendant les films. Tout le temps. En général, pour poser des questions. Dans 80% des cas, des questions auxquelles il aurait eu la réponse trente seconde plus tard. Par exemple, un personnage apparaît, et il demande "C'est qui, lui ?" alors que ledit personnage n'a pas encore ouvert la bouche et qu'on peut donc raisonnablement supposer qu'il va nous expliquer ce qu'il vient faire dans ce film.
Ce qui a donc donné, pour ce film dont il connaissait déjà l'histoire, ainsi que le nom et le sort de tous les personnages principaux :
— Ce sont les forçats ? C'est lequel, Jean Valjean ?
(Question posée à la première seconde du film. Je pense qu'on va vite le savoir...)
— Et lui, c'est qui ?
(Javert. Donne-lui une seconde et il va te le dire.)
— Pourquoi les gens sont méchants avec Jean Valjean ?
(Mais tu as lu les sous-titres, ou pas ?)
— Pourquoi ce prêtre il est gentil, lui ?
(Heu, parce que la gentillesse ça existe ?)
Etc., etc. Et ça n'a fait qu'empirer. Plus loin, quand Fantine chante sa chanson et crie sa colère contre celui qui a "dormi à ses côtés pendant un été", qui lui a "volé son enfance", et qui a disparu à l'arrivée de l'automne :
— Mais pourquoi elle est fâchée contre lui ?
— Parce que ce salaud l'a mise en cloque et a ensuite disparu sans laisser de trace à une époque où c'était grave pour une femme de coucher avec un homme mais pas l'inverse, et que c'est à cause de lui qu'elle va se retrouver rasée, à la rue, prostituée, et enfin morte !
(Oui, à ce stade, je commençais à être en colère.)
Il a continué ainsi à alterner les questions idiotes et les soupirs d'ennuis, jusqu'à ce qu'enfin, quand Jean Valjean venait d'entamer une nouvelle chanson qui ne figure pas dans le spectacle et que je me faisais une joie de découvrir, il lance, au beau milieu d'un couplet :
— Je peux lire mon Picsou pendant qu'il chante ?
Je ne l'ai pas massacré. Je lui ai juste un peu hurlé dessus, et je l'ai envoyé au lit. Ce qui l'a bien soulagé, au fond. Mais pas autant que moi. Et même que ma sœur, j'imagine...
(Mais d'où vient-il, ce gamin ?)
[Julien]
RépondreSupprimerLe Grand joue le jeu du "jusqu'où je peut aller trop loin?".
Une fois dans sa chambre, est-ce que la fangirl qui est en toi a pu s'immerger dans le film? Etait-ce la faute du Grand ou la faute du film? Est-ce que tu fais du Grand un paratonnerre à ta déception.
Oui, bien sûr que j'ai pu me plonger dans le film une fois le fâcheux éjecté. Avec cependant un peu moins d'émotion que je ne l'espérais, pour les raisons évoquées plus haut. Notamment pour "One day more", peut-être ma chanson préférée, une incroyable chanson de groupe, mais qui est ici filmée comme une succession de solos ; c'est dommage !
RépondreSupprimer[Julien]
RépondreSupprimerQuelle idée de regarder un film où Hugh Jackman ne fait pas tomber le haut! :D