lundi 29 décembre 2014

Un déjeuner de vacances

Un déjeuner ordinaire, et même légèrement plus calme que d'habitude, puisque le Grand est chez un copain. Darling est enfin en congé, donc nous sommes cinq à table.

Le Filou commence le repas de manière traditionnelle, c'est-à-dire en pleurant et tempêtant :
— Non, pas ça ! Fifi a pas y aime !
— Mais c'est des pâtes, mon chéri !
Sauf qu'il ne s'agirait pas de le prendre pour un imbécile : il a parfaitement vu qu'il y avait des petits bouts de trucs verts planqués au milieu des féculents. Comme il ne sait pas encore dire "légumes", il insiste :
— Fifi a pas y aime à pâtes !
— Allons bon, ça c'est nouveau. Qu'est-ce que tu aimes, alors ?
— Crème au socolat ! Fifi a veut à crème au socolat !

Miss Thing One est fatiguée, et pleurniche sans cesse. Pendant que j'enfourne de force une cuillerée de pâtes (aux légumes) dans la bouche du Filou, et que celui-ci braille tant qu'il peut, menaçant de cracher sur mon plus beau pantalon, elle m'appelle :
— Maman ! Maman ! Maaaaamaaaaa ! OUUUUIIIIIIINNNNNN !
— Quoi, quoi, qu'est-ce qui t'arrive, ma puce ? Non, Filou, tu ne craches pas ! Sinon, tu ne manges rien d'autre, je te préviens !
— MAMAN ! BOUHOUHOUHOU !
— Attends, ma chérie. Filou, revient ici ! Oh, et puis va au diable. Oui, ma puce ?
— Ma fourchette est tombée ! BOUHOUHOU !
— Mais tu ne peux pas la ramasser toute seule ?
— Si mais je voulais te le dire et tu m'écoutais PAAAAAAAS ! Bouaaaaaaaahhhh !

Mr Thing Two, lui, ne pleure pas souvent, et n'est pas trop difficile face au contenu de son assiette (il est même rare qu'il n'en demande pas une deuxième ration). Mais il fait des bêtises. Planque son couteau sous ses fesses (sale, le couteau). Se retourne pour attraper un bougeoir sur la cheminée. Enfonce sa bouche dans son verre, et renverse de l'eau partout. Son père s'énerve :
— Mr Thing Two, qu'est-ce que c'est que cette manière de boire ?
— Je lèche l'eau !
— Eh bien arrête tout de suite ! Je ne veux pas de petit chien à ma table !
— Mais je fais pas comme un petit chien, je fais comme un petit chat !

Enfin, le repas se termine, et je vais coucher le Filou ("Maman, a raconte un lire ! Non, pas papa : MA-MAN !") et Miss Thing One ("Mais je veux pas dormir, je suis pas fatiguééééééée, bouhouhouhouhou ! Non, c'est pas papa qui me couche, c'est MA-MAN, bouhouhouhou !"). Darling débarrasse la table. Je redescends, et trouve Mr Thing Two avec une boule du sapin de Noël à la main :
— C'est en plastique, hein maman ?
— Ah non, c'est en verre, repose ça tout de suite, c'est fragile !
— Mais alors, si je la jette par terre, ça se casse ?
— Oui, bien sûr... Attends une minute, c'est comme ça que tu m'as cassé une boule hier et une autre avant-hier ? Tu les as jetées par terre ?
— Ben oui, mais il y en a qui ne se cassent pas, elles sont en plastique, regarde !
Un vrai scientifique, cet enfant : par élimination, il devrait réussir à déterminer assez vite quelles sont les boules en plastique et quelles sont celles en verre.

Je lui ôte la boule des mains, je lui interdis de démolir les quelques décorations qui ont survécu à la chute du sapin le 24 au soir, et je lui ordonne d'aller jouer dans sa chambre, en silence, parce que son frère et sa sœur font la sieste. Il proteste :
— Mais j'aime mieux rester ici !
— Oui mais moi je VEUX être tranquille un quart d'heure et prendre un café avec papa, alors tu fiches le camp ! Ouste !
— Non !
Le moment est venu d'employer les grands moyens. Je vais dans la cuisine, j'allume la machine à Nespresso, et je prends une barre de chocolat :
— Écoute bien, mon bonhomme : je te donne ces quatre carrés de chocolat à condition que tu ailles les manger là-haut et qu'on ne t'entende pas. C'est compris ?
— Oui, d'accord !

Il file. Je fais couler les deux cafés, j'en tends un à Darling, nous allons nous asseoir sur le canapé, et je pousse un grand soupir de soulagement :
— Ah, ça fait du bien d'être un peu seuls... Mais... C'est quoi, ce bruit ?
Ce bruit, c'est celui de quelqu'un qui descend l'escalier. Comme le Filou est coincé dans son lit-cage et que Miss Thing One doit déjà dormir profondément, il n'y a qu'une seule possibilité. Mon intuition se confirme une demi-seconde plus tard :
— Mr Thing Two ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Je t'avais donné du chocolat à condition que tu nous fiches la paix !
— Ben oui, mais j'ai déjà tout mangé !


La prochaine fois, je lui file la tablette entière.


(Je vous ai déjà dit que je détestais les vacances ?)

4 commentaires:

  1. Mais heureusement pour nous, ces vacances donnent matière à des épisodes hilarants (enfin, pour les lecteurs, j'en ai bien conscience). Bon courage pour les derniers jours et Bonnes Fêtes !

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  2. Mais non ! La prochaine fois tu lui dis que, quand tu auras fini de prendre le café, tu lui donneras du chocolat s'ils vous a fichu la paix. Encore que, je ne suis pas sûre que ce soit une super idée...

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  3. Hu hu
    La fin me ait penser à un passage dans la suite du roman "Les quatre filles du Dr March" (son nom m'échappe)! C'est exactement ça sauf qu'il est question de sucre à la place du chocolat...

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  4. Purée j'ai l'impression de lire le récit de tous mes midis de vacances... Donc je plus que compatis ! Nous leur avons fait une salle de jeux et nous y avons gagné un peu en sérénité... mais vivement qu'elles grandissent quand même ;)

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