L'autre jour, dans une rue commerçante de ma petite ville, j'ai assisté de loin à un accident de vélo. Rien que de très classique : une voiture s'était arrêtée en double file, une cycliste est passée gentiment à côté, et à ce moment-là, l'automobiliste à ouvert sa portière. Bang. Par terre, la cycliste. Je ne sais pas si elle a été gravement blessée, car j'étais dans un magasin, et je n'ai pas vu grand-chose. Et puis je n'aime pas du tout jouer les badauds, et surtout, j'ai essayé de très vite me concentrer sur autre chose, car j'avais une envie furieuse d'aller donner des coups de hache dans la bagnole du [censuré] qui 1- s'était garé en double file pour ne pas avoir à marcher deux minutes, 2- était sorti de sa voiture côté circulation, et 3- n'avait même pas pris la peine de regarder derrière lui avant d'ouvrir sa portière.
J'étais donc très en colère. Et c'est alors que deux dames, dans le magasin où j'étais, ont commenté l'événement :
— Oh, la pauvre ! a dit l'une.
— Ah oui, elle a dû se faire mal ! a dit l'autre.
Un silence, puis la première a repris :
— Mais bon, il faut bien reconnaître que les vélos...
Elle n'a pas achevé sa phrase, mais son ton était parfaitement clair, et de toute façon, c'est LA phrase qu'on entend dès qu'on aborde le sujet : les vélos font n'importe quoi.
Autrement dit, la pauvre cycliste, au fond, elle l'avait bien cherché.
Cela ne vous dit rien, à vous, ce genre de phrase ? La victime qu'on transforme en coupable ?
La pauvre, elle s'est fait agressée, mais bon, elle portait une mini-jupe...
Vous voyez ce que je veux dire ?
En l'occurrence, la cycliste roulait sur la chaussée, dans le bon sens, et donc était à 100% dans son bon droit. Mais si ça se trouve, dans d'autres circonstances, elle brûlait les feux rouges ou prenait des sens interdits. Et si ce n'est pas elle, ce sont ses frères cyclistes !
La pauvre, elle s'est fait agressée, mais bon, des fois, il y a des femmes qui portent des mini-jupes, donc on peut dire qu'au fond, elle l'a bien cherché...
(Je préfère ne pas conclure)
(Je vous en supplie, épargnez-moi et ne me parlez pas de tous les vilains cyclistes que vous voyez faire "n'importe quoi" tous les jours, et qui sont "terriblement dangereux" avec leurs 20 kilos de ferraille, face à votre véhicule d'une tonne. Rappelons juste une évidence : s'il n'y avait pas de voiture, faire du vélo en ville ne serait pas dangereux du tout. Et sauf dans de très rares cas, les cyclistes ne sont dangereux que pour eux-mêmes. J'y reviendrai...)
Pas coupable, mais forcément grand perdant dans l'affaire.
RépondreSupprimerLes voitures en double file, ça m'éneeeeeerve, même quand je ne suis pas concernée (je suis beaucoup piétonne), c'est juste que ça m'énerve.