Le Salon de la littérature jeunesse, dit familièrement "Salon de Montreuil", parce qu'il se passe à Montreuil (oui, bien vu), vient de commencer aujourd'hui. Dans une ambiance assez morose. Certains éditeurs ont carrément annulé leur venue, certaines interventions ou séances de dédicaces d'auteurs ou d'illustrateurs ont été supprimées. Il faut dire que dans les allées, cet après-midi, il n'y avait quasiment pas d'enfants. Et un salon des livres pour les enfants sans enfants... c'est un peu triste.
Néanmoins, la "rencontre croisée" entre deux illustrateurs pour laquelle j'avais été embauchée en tant qu'interprète a été maintenue. Et quand je suis arrivée dans la salle, j'ai eu le plaisir de voir qu'il y avait une bonne vingtaine de gamins. Par miracle, deux centres de loisirs avaient réussi à venir. Chic !
La rencontre a commencé. Sur la scène, deux auteurs d'albums pour les petits. Dans le public, des mômes de 5-6-7 ans.
Et puis le modérateur a commencé à interroger les dessinateurs :
"Pouvez-vous nous résumer votre parcours professionnel ?"
"Pouvez-vous nous dire quelle technique vous avez utilisée pour votre dernier album ?"
"Quelle est la différence entre l'acquarelle et la peinture à l'huile, d'un point de vue pratique ?"
"Quel a été le retour de l'auteur du texte, et de l'éditeur ?"
Etc.
A des gamins qui ne savent pas la différence entre l'auteur, l'illustrateur, l'éditeur et l'imprimeur, et qui ignorent que les dessinateurs ne fabriquent pas eux-mêmes les livre avant d'aller les vendre. En fait, souvent, les plus jeunes n'ont même pas conscience que leur livre existe en plusieurs exemplaires...
Résultat ?
Nous avions devant nous les seuls enfants qui avaient réussi à venir au salon, et... ils sont partis au bout d'un quart d'heure. Cela faisait dix minutes qu'ils avaient complètement décroché et qu'ils chahutaient ou bavardaient, donc les adultes qui les accompagnaient les ont fait lever et partir.
Nous avons fini la rencontre à 9. Le modérateur, les deux illustrateurs, l'interprète (moi), et cinq adultes dans la salle. Dont l'épouse de l'un des illustrateurs.
(Soupir)
Cela me met toujours en colère que l'on rate une occasion d'intéresser les enfants alors que c'est si facile de le faire.
RépondreSupprimerJe trouve plus facile, avec l'exemple de l'ordinateur, du scanner et de l'imprimante d'expliquer à mes petits-enfants que "non, le dessinateur ne dessine pas directement sur le livre" et "mais oui, le livre que tu as regardé en classe c'est exactement, exactement le même que celui que j'ai acheté et que celui qui se trouve à la bibliothèque" et "tu vois ce livre est exactement comme le tien, les dessins sont imprimés, sauf celui que le dessinateur a fait sur la première page et qui n'est que pour toi et tu vois bien qu'il est différent des autres dessins".
Je pense que si j'avais 5 ans et qu'on me baladait avec ma bande de copains dans cet espace foisonnant et écrasant qu'est le salon de Montreuil, j'aurais une disponibilité de cerveau juste suffisante pour comprendre des choses très simples comme : "pourquoi tu dessines les chiens en bleu", "qu'est-ce que tu aimes dans cette histoire", "est-ce que tu t'inspires des gens que tu connais pour faire tes personnages"?
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