La vie d'une traductrice, mère célibataire de famille nombreuse
mercredi 26 mars 2014
Confession à un libraire
— Darling, j'ai quelque chose à te dire...
— Oh la la, pourquoi tu prends ce ton-là ? Qu'est-ce qui se passe ?
— Non non, rien de grave, enfin, pas trop, mais...
— Mais quoi ?
— Attends, assieds-toi.
— Tu m'inquiètes de plus en plus...
— J'ai quelque chose à t'avouer. J'ai même envisagé de ne pas t'en parler, mais ça n'aurait pas été honnête de ma part... Sauf que tu ne vas pas être content...
— Mais de quoi, de quoi ?
— Tu comprends, j'ai fait ça sans réfléchir, et après je m'en suis voulu, mais le mal était fait... Mais je te jure que ça ne changera rien, je reste la même, tu peux me croire ! Tout continuera comme avant, même si j'ai fait ça...
— Mais tu as fait QUOI, bon sang ?
— J'ai... j'ai... promets-moi de ne pas t'énerver !
— Alors ?
— J'ai acheté un Kindle...
(Note pour ma grand-mère : le Kindle est une liseuse électronique produite par Amazon. Contrairement à une tablette ou un mini-ordinateur, une liseuse n'a pas de rétroéclairage qui fatigue les yeux, et possède une batterie qui peut tenir plusieurs semaines sans être rechargée. Cela permet d'emporter des centaines de livres avec soi pour un poids total de moins de 200 grammes. En réalité, c'est à l'époque où je partais en vacances une bonne partie de l'été chez mon autre grand-mère, en train, avec au moins dix ou quinze énormes pavés dans ma valise surchargée – j'avais calculé que je lisais environ 300 pages par jour, là-bas, donc il me fallait de quoi tenir – que ça m'aurait été très, très, très utile. Maintenant que je ne prends presque plus le temps de lire "pour le plaisir", j'en ai nettement moins besoin. Et quand je lis, j'éprouve encore le besoin de posséder physiquement un roman et de pouvoir le ranger dans ma bibliothèque, sans compter que je veux pouvoir passer mes lectures à mes enfants ou mes amis. Mais à la faveur d'une promotion spéciale "Salon du livre", j'ai eu le vieux modèle, non tactile, pour seulement 47 euros, et l'idée d'avoir en permanence Les trois mousquetaires ou Les hauts de Hurlevent dans mon sac m'a séduite...)
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Bienvenue à toi, nouvelle Kindleienne! Moi j'ai Les Mystères de Paris pour moins de 300g dans mon sac. Trop de la balle, hein?
RépondreSupprimerEt sinon, ça va? Darling s'en est remis? Moi je m'étais fait vertement grondée par Nicolas mon collègue du bureau d'à côté!!!
justement, nous hésitons à nous en offrir une. Comme nous dévorons les livres, et que notre maison n'est pas extensible, mais que nous rechignons à les vendre ou les donner, nous nous sommes posé la question, mais nous n'avons pas encore sauté le pas, à cause de plusieurs choses: (si quelqu'un en sait plus, je prends les conseils ^^)
RépondreSupprimer- Nous aimons le contact du papier
- Il me semble qu'à part les grands classiques, tous les titres ne sortent pas sur toutes les marques de tablettes, mais en fonction d'accords prestataires/maisons d'éditions. Comme nous sommes assez éclectiques, il nous en faudrait plusieurs...
- Le prix pour l'achat d'un ouvrage numérique n'est pas beaucoup moins cher que le même en papier, ce qui est étonnant, parce que l'auteur ne gagne pas grand'chose par bouquin, et que ce soit en format papier ou numérique, je ne pense pas que cela change. Pour le traducteur non plus.
Le reste se répartit donc en frais d'impression (nuls pour le format numérique), relectures et mises en page (pas de changement papier/numérique) et commission pour la maison d'édition.
Et là, j'ai la désagréable impression de me faire tondre... Mêêêê si!
- et puis j'aime bien avoir l'avis du libraire, lorsque j'hésite;
En fait Darling ne l'a pas trop mal pris, il sait que ça ne va pas changer grand-chose à ma "consommation" de livres. En réalité, ce que je voudrais vraiment, c'est que quand on achète un livre papier, on ait droit à la version numérique gratuitement, ou pour un euro de plus, disons ; un peu comme Amazon offre parfois le téléchargement des titres en version MP3 quand on achète un CD. Je voudrais pouvoir acheter le dernier Pennac "en vrai", pour pouvoir le feuilleter, et le toucher, et le conserver, et le passer à ma mère, mais je voudrais aussi avoir une copie sur mon Kindle pour pouvoir continuer ponctuellement ma lecture dans le train ou en attendant mes gamins devant l'école. Puisque ce n'est pas encore prévu, je compte surtout télécharger des classiques que j'ai déjà dans ma bibliothèque, et occasionnellement des bouquins que je suis en train de traduire, pour alléger ma valise en vacances... Mais je ne me vois vraiment pas acheter "Uglies" (un des titres sur ma PAL depuis longtemps) uniquement en version Kindle. Si j'étais grande consommatrice de littérature de genre, harlequinades ou polars, le genre de choses qu'on ne relit jamais, ce serait différent, j'imagine.
RépondreSupprimerBougri, je pense comme toi pour le contact du papier, et l'avis du libraire. Et en effet, tous les formats de livres numériques ne sont pas compatibles avec toutes les tablettes, même si Kindle est sans doute la plus répandue.
RépondreSupprimerPar contre, tu te trompes concernant le prix du livre. C'est normal qu'il ne soit pas énormément plus bas que sur papier. Pour un roman (on ne parle pas d'un livre d'art ou d'un album pop-up, bien sûr), la fabrication représente entre 10% et 20% du prix du livre. Le reste est pour l'auteur, l'éditeur (une maison d'édition emploie plusieurs dizaines de personnes qui ont toutes un rôle important à jouer, et qui doivent être payées, sans parler des loyers et autre coûts), le libraire (eh oui, ne l'oublions pas !), la promotion (publicité, salons du livre, etc.), et j'en oublie sans doute. Donc c'est tout à fait normal que le prix des romans numériques hors domaine public ne soit pas beaucoup inférieur à celui des romans papiers. Quand tu achètes un roman à 12 euros, c'est le boulot de tous ceux qui ont contribué à faire en sorte que ce roman voie le jour, que tu paies ; pas le papier et l'encre, qui ne sont pas si chers.
Moi aussi je me suis tâtée un moment pour le Kindle, mais je n'ai pas (encore ?) franchi le pas... Je reconnais que c'est très pratique pour les gros lecteurs, mais moi aussi je suis une amoureuse de l'objet livre.
RépondreSupprimerSinon Fofo je ne connaissais pas du tout la série Uglies ; j'ai vu qu'ils avaient tous les tomes à la médiathèque près de chez moi. J'ai lu le pitch, ça m'a donné envie ! Là, j'ai commencé les Kamo de Pennac (sur tes conseils aussi !). C'est très sympa, j'aime bien.
Je suis accro au Kindle depuis plus de deux ans. Pourtant j'adore aussi les livres, physiquement, je travaille dans une bibliothèque, c'est tout dire. Mais, Bougri, ne t'inquiète pas. Le Kindle ne remplace pas les livres. Moi je continue à en acheter (plein...). Par contre le Kindle me permet de lire beaucoup PLUS. Parce que je charge des tas d'ouvrages gratuits (anciens) que je n'achèterais pas. Bon depuis peu, j'achète aussi des livres pour Kindle, soit des romans en anglais, pas faciles à trouver ici, et que je sais que je ne pourrai pas prêter à mes amis, soit des ouvrages un peu encombrant, que je veux pouvoir lire dans le train.
RépondreSupprimerCôté pratique : on tient le Kindle d'une seule main, un petit bouton sur le côté permet de tourner la page. Ce qui signifie que je peux lire en mangeant, en me lavant les dents, en faisant tout ce qui ne réclame qu'une seule main (en prenant un bain aussi, mais bon, faut faire attention - je ne le fais pas, d'ailleurs).
Par contre, au niveau des prix des livres, je comprend pour les publications récentes que ça reste cher, mais bon, c'est souvent plus cher que la version poche. Et ça c'est quand même dur. Et alors : je voudrais relire les Agatha Christies. C'est peu dense, comme bouquin, je les achèterais volontier en Kindle. Mais voilà, ça coute 5 euros. Alors que ça en vaut 1 chez les bouquinistes. Et que ça se lit en 1h30. Dur dur, en tous cas je ne m'y résoud pas. Je reste sur ma frustration. J'ai du mal à trouver cela justifié, d'autant que ces bouquins se sont vendus à tellement d'exemplaires que tout le monde a dû rentrer dans ses frais depuis. Bon ok, droits d'auteurs etc. Vivement qu'ils tombent dans le domaine public.
Pour Agatha Christie, je ne peux rien dire, c'est vrai que l'éditeur a dû rentrer dans ses frais depuis longtemps... Mais il faut aussi songer que si les livres numériques étaient beaucoup moins cher que les livres papiers, les librairies mettraient la clé sous la porte à un rythme encore plus rapide que maintenant. Or, même si je ne suis pas de ceux qui veulent que rien ne change sous prétexte que ça va mettre des gens au chômage, les librairies ont tout de même un rôle important à jouer dans l'offre éditoriale. En très très gros, la librairie de quartier survit en vendant des polars (quand ce n'est pas des cahiers et des stylos), mais c'est grâce à ça qu'elle peut se permettre de garder un petit rayon "poésie" ou "littératures étrangères", et c'est pareil pour bon nombre de maisons d'édition : le très rentable compense le moins rentable...
RépondreSupprimerJe me fais l'avocate du diable, comme d'habitude, et je ne connais pas assez bien le sujet pour me prononcer, en fait. Mais je suis sûre d'une chose, c'est que ce n'est pas simple, comme dossier !
D'accord avec Sajadanse, une version numérique plus chère que la version poche, est-ce bien raisonnable? Et si le coût de fabrication d'un livre physique est de 10 à 20%, pourquoi le coût de la version dématérialisée ne suit-il pas?
RépondreSupprimerJ'attends aussi que les "intégrales d'Agatha Christie" sortent en version numérique…
Je pense qu'il ne faut pas accuser le livre numérique des malheurs qui touchent la librairie, c'est un peu court. J'adore fureter dans les librairies et chez les bouquinistes, mais il faut être réaliste, ces commerces doivent s'adapter à la nouvelle donne, ou bien offrent des services qu'on ne trouve pas via un écran.
Par contre, le Kindle n'a pas vraiment fait maigrir mes étagères, car je "compense" le besoin de papier en achetant des beaux livres avec photos, et par ailleurs de nombreux ouvrages n’existent qu'en papier (les Editions Picquier, non mais allo quoi !). Pour les BD, ce n’est pas adapté.
Concernant les formats : Kindle fonctionne en circuit fermé car il est propriétaire de son format, tandis que Kobo est plus généraliste. Mais si tu lis en anglais, le catalogue de Kindle (d’Amazon, donc) est le plus riche.
PS : Nicolas est tout triste que tu aies acquis une liseuse...du coup, il n'a pas pris son thé dans mon bureau...
RépondreSupprimerLa version numérique sort en même temps que le roman ; la version poche sort au moins un an après. C'est cela qui explique la différence de prix. Mais il est vrai qu'on pourrait baisser le prix kindle au moment de la sortie du poche.
RépondreSupprimerLe livre numérique n'est pas le seul acteur de l'asphyxie des librairies, mais il en fait partie, au même titre qu'Internet ou les CD-rom, par exemple. Cela dit, je suis la première à me réjouir que l'on cesse d'imprimer ces encyclopédies ou dictionnaires qui consommaient des montagnes de papier et se périmaient si vite. N'empêche que la librairie de Darling, qui vendait beaucoup de dicos, en souffre, forcément !
Dis bien à Nicolas que ma liseuse est entrée chez moi EN PLUS des livres, en complément, et pas à leur place !
C'est exactement ça : une liseuse, ça vient EN PLUS et pas à la place...
SupprimerCe n'est pas vraiment le numérique qui me rebute, mais plutôt Amazon... Ne te reste plus qu'à équiper ton triporteur d'un porte_liseuse ;)
RépondreSupprimerHeureusement que je n'ai pas fait comme toi, à mon retour du Salon du livre, mon homme m'a accueillie en me disant qu'il avait pris une grande décision, en faisant des tas d'effets d'annonce comme toi, pour conclure : "J'ai décidé de boycotter Amazon."
RépondreSupprimerPour l'instant, en dehors de l'appareil à un prix très raisonnable (47 euros pour une telle technologie, ça prouve bien que ce n'est pas là-dessus qu'ils comptent faire des bénéfices), je n'ai téléchargé que des grands classiques gratuits et quelques pdf personnels que je ne voulais pas lire sur l'ordinateur, donc ce n'est pas avec ça que je vais contribuer à l'enrichissement d'Amazon...
RépondreSupprimerAnne, tu sais que le porte-liseuse pour triporteur m'a frôlé l'esprit ? Mais lire en conduisant, même à 15 km/h, ce n'est pas recommandé !
RépondreSupprimer(Ce que je voudrais pour mon triporteur, c'est un auto-radio...)
Si je me souviens bien, les livres pour "kindle" sont des fichiers propriétaires avec un verrouillage -une DRM-.
RépondreSupprimerToutefois, est-ce qu'un Kindle peut transporter et lire aussi des fichiers "classiques" "non protégé"?
.pdf? .mobi? .epub?
Les pdf, oui, en tous cas ; mais souvent, leur format n'est pas adapté à la lecture sur Kindle (un A4 réduit à la taille d'un écran Kindle, ça fait des caractères vraiment très petits).
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