(Suite du billet précédent)
(Je jure que je n’ai rien
exagéré ; j’ai même largement coupé les redites, certains appels inaboutis, etc. En réalité, j’ai dû passer en tout cinq
heures au téléphone dans la journée. Heureusement que l'amie chez qui j'étais avait un
chargeur compatible avec mon portable.)
Donc, il est 18h20, ma voiture a été embarquée par la dépanneuse, et j’attends
qu’Avis ou Europe Assistance me trouve un véhicule de remplacement. On m’a
promis de me rappeler. Ce qu’on a fait, juste au moment où j’étais avec le
dépanneur : je n’ai pas pu répondre. Je rappelle, et tombe sur une voix enregistrée :
— Vous ne pouvez pas appeler ce
numéro.
Je téléphone encore une fois à
Avis Assistance en France.
— Désolé, on a transféré le
dossier à Avis Assistance Italie.
Je téléphone à Avis Assistance
Italie.
— Si vous avez un problème
technique avec votre véhicule, tapez un. Si vous désirez changer de véhicule
pour toute autre raison, tapez deux.
Je tape un.
La ligne est coupée.
Je réessaie.
Idem.
Je recommence, et je tape deux.
— Nos bureaux sont ouverts du
lundi au vendredi de 8h à 18h. Veuillez rappeler ultérieurement.
Je rappelle Europe Assistance.
— Désolée, mais Europe Assistance
peut seulement vous envoyer une dépanneuse, pas vous trouver un autre
véhicule : c’est du ressort d’Avis. Essayez la centrale réservation. Je
vais quand même chercher de mon côté, et je vous rappellerai.
J’appelle la centrale réservation
d’Avis.
— Désolé, nous n’avons pas de
véhicule à sept places disponible dans votre région actuellement.
— Bon, alors donnez-moi une
voiture normale jusqu’à lundi : pour l’instant nous sommes cinq.
— Rien de disponible, désolé.
— Comment ça, rien de
disponible ? Mais alors je fais quoi ? Je suis coincée loin de chez
moi avec mes quatre enfants, et…
— Pas la peine de vous énerver,
madame ! Si je vous dis qu’il n’y a pas de véhicule disponible, c’est
comme ça, je ne peux pas en inventer un !
— Mais… qu’est-ce que je suis
censée faire ?
— Ce n’est pas mon problème :
c’est une centrale de réservation, ici. Au rev…
— Attendez ! Il doit bien y
avoir un service client, chez Avis, non ? Donnez-moi le numéro.
— 011 213…
Et après m’avoir dicté le numéro
d’une voix exaspérée, il raccroche sans ajouter un mot, très agacé par mon
incapacité à me tirer d’affaire toute seule.
J’appelle le service client.
— Nos bureaux sont ouverts du
lundi au vendredi de 9h à 18h. Veuillez rappeler ultérieurement.
Je rappelle Europe Assistance.
— Ah oui, alors en fait nous ne
vous avons pas rappelée parce que comme nous n’avons pas votre numéro de
contrat de location, Avis nous a dit qu’on ne pouvait rien faire.
— Hein ? Mais vous
plaisantez ? Jusqu’ici, mon nom et le numéro d’immatriculation du véhicule
suffisaient, en tous cas ça a suffi pour enlever la voiture, mais pas pour m’en
trouver une autre ?
— Désolée.
Je n’ai pas le contrat de
location sur moi. Je rappelle Avis Assistance France.
— Désolé, mais en fait nous ne
sommes pas vraiment Avis mais une société de sous-traitance, donc nous n’avons
pas accès à la base de données d’Avis. Mais je vais vous donner le numéro de
téléphone d’une agence encore ouverte, à l’aéroport, ils pourront vous donner
votre numéro de contrat.
J’appelle l’agence Avis de
l’aéroport de Roissy.
— Tous nos correspondants sont
occupés. Veuillez rappeler ultérieurement.
J’appelle l’aéroport d’Orly.
— Attendez une minute, madame.
Pendant un quart d’heure, j’entends
l’homme qui m’a répondu débiter des explications à un client dans un anglais
exécrable, mais il finit par reprendre le téléphone et par me donner le numéro
du contrat.
À ce stade, il est 21h. Les
enfants sont en train de manger une pizza.
Je rappelle Europe Assistance en
Italie.
— Alors, à cette heure-ci il n’y
a plus que des agences dans des aéroports qui soient ouverts, mais je vais me
renseigner. Je vous rappelle.
(Interruption. Je colle mes
gamins devant Shrek, retrouvé
providentiellement sur une clef USB qui traînait dans mon sac – non, ce n’est
pas du piratage, j’ai le DVD à la maison – et je mange à mon tour.)
A 21h55, on me rappelle.
— J’ai trouvé un véhicule
disponible à l’aéroport le plus proche. Mais c’est une voiture à cinq places
seulement. Il faudra que vous vous arrangiez avec eux pour avoir un véhicule
plus grand ultérieurement.
— Dans l’état de désespoir où je
suis, je suis prête à tout accepter. On va me l’apporter ?
— Ah non, bien sûr que non, il
faut que vous alliez la chercher.
— A l’aéroport ? A trente
kilomètres d’ici ? Avec quatre enfants ? A dix heures du soir ?
— Ah oui, désolée.
— On me remboursera le taxi, au
moins ? Ou plutôt les deux taxis, puisque nous sommes cinq ?
— Je ne sais pas. Peut-être. Je
vais vous donner le numéro de l’agence Avis pour que vous vérifiiez avec eux
les modalités de retrait du véhicule. 011 545…
Je téléphone à l’agence de
l’aéroport.
— Tous nos opérateurs sont
occupés. Veuillez cependant rester en ligne pour ne pas perdre votre priorité.
Tous nos opérateurs sont occupés. Veuillez cependant rester…
Cela dure dix minutes, puis ça
coupe.
Je réessaie.
Même jeu.
Je recommence.
Idem.
C’est à ce moment-là que j’ai
laissé tomber. J’ai compris que je n’arriverais pas à rentrer dormir chez moi.
Mon amie nous a préparé au débotté cinq couchages. J’ai enfin pris une douche
et j’ai remis avec une grimace mes vêtements imprégnés de sueur, puisque je
n’avais aucune tenue de rechange. Nous avons dormi en sous-vêtements, sans nous
laver les dents. La nuit se serait bien passée, si je n’avais eu des insomnies
à cause de mon énervement, et si Miss Thing One, qui partageait mon lit, ne
m’avait réveillée alors que je me rendormais enfin à six heures du matin :
— Maman, un mouchoir, vite !
J’ai le nez qui coule !
— Hein, quoi ?
— Ah non, c’est du sang !
Ma sœur aussi saignait parfois du
nez la nuit quand il faisait chaud, donc je ne me suis pas affolée, et la
gamine non plus. Mais je défie quiconque de se rendormir après avoir couru
jusqu’à la salle de bain en laissant une traînée rouge derrière soi, lavé la
fillette qui en avait jusqu’aux pieds, lavé le sol de la salle de bain et du
couloir, enfoncé du papier toilette dans une narine plusieurs fois de suite
jusqu’à ce qu’il en ressorte blanc, etc.
Bref, tant bien que mal, la nuit
a passé, et le moment de repartir au combat a sonné…
(Suite et fin – j'espère – au prochain numéro)
Logiquement, s'il ne peuvent être en mesure de te fournir un véhicule, ils doivent te payer le taxi ou l'hôtel...Tu t'en es sortie ou pas ?
RépondreSupprimerJe n'en reviens pas !!??!
RépondreSupprimerJe compatis mais à un point... Les miens sont grands mais quatre en cinq ans, ça pose le même genre de problème !
RépondreSupprimerJ'attends la suite en retenant mon souffle (ne traine pas trop !)
Je suis consternée par autant de j'm'en foutisme. Je compatis et espère un dénouement rapide et surtout un dédommagement!!!
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