Cette année, encore une fois, j'ai fait l’interprète auprès d'auteurs étrangers invités au Salon du livre pour la jeunesse à Montreuil. Comme d'habitude, je suis épuisée, mais contente de m'être changé les idées. Quelques extraits :
La toute première rencontre entre une auteure et une classe, jeudi matin :
— Bonjour les enfants ! Je suis très contente d'avoir l'occasion de rencontrer mes lecteurs français. Donc, nous sommes ici pour parler du thème de mon livre. Alors, qui veut me dire quelques mots sur la manière dont le sujet est abordé dans le roman ? Avez-vous trouvé que j'exagérais, ou au contraire que je n'allais pas assez loin ?
— ...
— Ne soyez pas timides. Le harcèlement à l'école, ça doit être un thème qui vous évoque quelque chose, non ?
— ...
Le silence devenant pesant, l'instit qui accompagne la classe lève la main :
— Ben, heu, en fait... Nous avions commandé 28 exemplaires du roman, pour l'étudier et pour préparer des questions, mais... le paquet n'est jamais arrivé. Personne n'a lu votre roman. Même pas moi.
(Ça commençait bien.)
Une autre auteure, plus tard :
— Donc, je m'appelle Machine et j'ai écris un livre centré sur ce personnage, Trucmuche. Je vais vous le présenter un peu. Donc, Trucmuche vit avec ses parents, blablabla, et puis avec sa grande soeur qu'il déteste, blablabla, et son meilleur ami à l'école, blablabla, et ses grands-parents, blablabla...
Je traduis fidèlement, mais au bout de cinq bonnes minutes, je profite d'une pause pour glisser à l'oreille de la dame :
— Pst, d'après ce que m'a dit la prof, ça fait trois mois qu'ils étudient le livre en classe... Je crois qu'ils savent déjà tout ça...
(Problème inverse, donc.)
Une autre auteure/illustratrice distribue des feuilles et fait faire un dessin aux enfants. Quand tout le monde a fini, elle enchaîne :
— Et maintenant, je vais vous apprendre à faire un pétard qui claque avec une feuille de papier, comme mon héros !
Pliage de feuille, explications, recommencements, et enfin, tout le monde y arrive. Résultats : une quarantaine de gamins excités comme des puces font claquer leurs feuilles dans tous les sens. Les deux instits fusillent l'auteure du regard. Elle essaie de ramener l'ordre :
— Maintenant, nous allons dessiner autre chose. Asseyez-vous ! Du calme. Écoutez-moi !
Peine perdue, bien sûr. Tout le monde est debout, saute et crie, et on ne s'entend plus. Il reste une demi-heure de "conférence". L'auteure se tourne vers moi, un brin désemparée :
— Je crois que j'aurais dû garder ça pour la fin...
(Je crois aussi, oui.)
Dernière rencontre, avec un auteur qui a écrit un roman dont je suis certaine qu'il plaira au Grand. Je demande à l'auteur de dédicacer un exemplaire pour mon gamin. (Au tout début, je demandais parfois une dédicace pour moi-même, mais ça fait longtemps que ça ne me fait plus grand effet.)
L'auteur écrit :
"Pour le Grand. Ta mère a été fantastique !"
J'ai donné le bouquin au gamin. Preuve qu'il n'est pas encore complètement ado : non seulement il n'a pas eu honte de moi, mais il a même trouvé ça super et l'a montré à tous ses copains...
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