D'abord, il ne faut pas rater la saison. C'est le point le plus important, car la floraison est très courte. Pour peu que vous habitiez en ville et qu'il n'y ait pas d'acacia dans votre quartier, ou que vous vous disiez "ah tiens, les acacias sont en fleur, mais là je n'ai pas le temps, j'irai le weekend prochain ou celui d'après", c'est fichu jusqu'au printemps prochain. C'est ce qui m'est arrivé les quatre ou cinq années précédentes (il n'y a pas beaucoup d'acacias dans les rues de Paris). La saison est encore plus courte que celle des cerises, c'est dire. Et on ne trouve pas de fleurs d'acacia surgelées chez Picard pour se consoler les cinquante semaines restantes.
Ensuite, il faut en trouver. Sachant que vous avez à peu près autant de chance de trouver ces fleurs chez un maraîcher que de faire la grasse matinée chez moi, et que tout le monde n'a pas d'acacia dans son jardin, ni même de jardin tout court, il faut partir à la cueillette. Hier, j'ai sillonné la moitié de la forêt la plus proche avec ma progéniture. De temps en temps, un "Euréka" fusait, mais à chaque fois, les fleurs étaient fanées, ou l'arbre était inaccessible, ou les branches étaient bien trop hautes. Finalement, j'ai fini par en découvrir à moins d'un kilomètre de chez moi, le long d'une nationale. Je sais, il devait y avoir autant de particules fines que de sève à l'intérieur. Tant pis. Une fois tous les cinq ans, ça ne me paraît pas bien grave.
Après, il faut les cueillir. En faisant attention à ne pas se piquer, parce que oui, il y a des épines, ce qui est gênant quand on doit sauter pour attraper une branche, car elles sont presque toujours trop hautes, les vilaines. Moi, je me suis retrouvée debout sur la pointe des pieds dans le triporteur, au milieu de mes gamins et de leurs bicyclettes, le casque sur la tête et le gilet jaune fluo sur le dos, un sécateur à la main, le bras tendu vers le ciel, sous une bruine naissante, à cinq mètres de la route sur laquelle défilaient des voitures aux conducteurs interloqués. Pas grave, le ridicule ne tue pas. Je me suis piquée, bien sûr. Mais j'ai coupé suffisamment de rameaux (ne pas prendre juste les grappes, à moins de prévoir de faire les beignets dans l'heure qui suit, parce que dès qu'elles sont détachées, elles fanent tout de suite), et je suis rentrée sans croiser les flics. Heureusement, car cueillir des fleurs dans des arbres publics, c'est interdit, bien sûr.
Enfin, il faut les cuisiner. Sur Internet, vous trouverez à peu près autant de recettes que de fleurs dans un acacia d'âge mur en pleine saison. Cela n'a pas grande importance : en gros, c'est une pâte à crêpe un peu épaisse, et on peut même faire ça au pif. Je déconseille l'ajout de rhum ou autre alcool fort, parce que les fleurs ont un parfum subtil qu'il serait dommage de cacher, mais chacun fait ce qu'il veut. Ensuite, après avoir fait la pâte, l'avoir laissée reposer, et avoir trempé les fleurs dedans, on les fait frire. Sans friteuse, dans mon cas. Donc dans une poêle, qui ne se remettra probablement jamais d'avoir été chauffée si fort, avec de l'huile d'olive, parce que je n'en utilise pas d'autre. A la fin, les vêtements, les cheveux, les murs eux-même sentent la friture. Mais les beignets sont prêts. On les saupoudre de sucre glace, on les accompagne d'un verre de lait ou d'un thé léger, et on passe à table.
Alors oui, les beignets de fleur d'acacia, ça se mérite.
Mais c'est BON !
Il parait que les beignets de fleurs de sureau c'est bon aussi.
RépondreSupprimerLes beignets de fleurs c'est bon.
Les beignets c'est bon...
En cherchant une recette, j'ai appris qu'on pouvait faire des beignets de fleurs de glycine ! Je garde ça en tête...
RépondreSupprimerJ'ai une copine qui a fait du sirop de fleurs de glycine, c'est délicieux ! Je ne sais pas si elle a tenté les beignets, en revanche.
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