vendredi 19 septembre 2014

Educations

Pendant les vacances, cet été, je n'ai eu que des invités avec des enfants, à l'exception de mon père adoptif. En me comptant, il y a donc eu quatre familles, toutes avec au moins deux enfants entre 2 et 10 ans, toutes plus ou moins intellos (profs, traducteurs...), toutes à peu près du même milieu, toutes avec des pratiques culturelles et des opinions politiques assez semblables.
C'était donc d'autant plus amusant de voir les différences entre les uns et les autres, en particulier sur la question de l'éducation.

Les uns râlaient parce que leurs enfants ne lisaient pas assez. Les autres râlaient parce qu'ils lisaient trop.

Les uns exigeaient que leurs enfants disent "Pourrais-je avoir du pain, s'il te plaît", et ne toléraient aucune autre formule un peu moins polie. Les autres acceptaient les "Je veux du pain, s'il te plaît", ou même occasionnellement "Du pain !", mais bondissaient face à un "Je veux pas", jugeant criminel l'omission de la double négation.

Les uns tartinaient leurs enfants de crème solaire dès dix heures du matin, à l'ombre, un jour pluvieux. Les autres, par grand soleil, disait "Oh, c'est bon, il est déjà presque 16h", ne sortaient la crème qu'une fois par semaine tout au plus, et oubliaient systématiquement les chapeaux.

Les uns – c'est peut-être la différence qui m'a le plus amusée – limitaient les produits laitiers au strict minimum, car certaines études prouvent qu'on en consomme trop, et proposaient donc du jus de fruit à leurs enfants comme boisson matinale. Les autres avaient lu d'autres études selon lesquelles les boissons sucrées, même des jus de fruits 100% naturels, causaient des dommages irréversibles aux cerveaux des enfants, et les bannissaient donc avec la plus grande sévérité, ne proposant que du lait à leurs gamins même pour le goûter.

Les uns ne lâchaient jamais leur portable. Les autres n'en avaient même pas.

Les uns fermaient deux portes à clefs dès qu'ils sortaient dans le jardin : celle de leur chambre, et celle de la maison. Les autres laissaient tout ouvert, tout le temps, même quand ils partaient en promenade, même la nuit.


Les uns auraient fusillé un enfant qui se serait levé de table sans demander la permission, mais leur accordaient la permission de déguerpir dès le dessert avalé. Les autres les laissaient courir ou lire entre deux plats, mais les rappelaient ensuite et exigeaient qu'ils aident à débarrasser la table.

Les uns sortaient les pulls en polaire et les chaussons rembourrés dès que le thermomètre descendait en-dessous de 27. Les autres, même à 24°, se contentaient de passer du débardeur au T-shirt à manches courtes.

Les uns laissaient leurs gamins s'habiller comme ils l'entendaient, ne voyant aucun inconvénient à ce qu'une fillette enfile sa jupe préférée par-dessus sa robe préférée. Les autres leur préparait des affaires et ne se laissaient influencer par aucun caprice.

Les uns tentaient jour après jour de faire dormir leurs enfants pendant la sieste, afin d'avoir un moment de repos. Les autres non seulement leur faisaient sauter la sieste, mais encore ne s'inquiétaient pas du tout si les mômes n'étaient pas couchés à dix heures du soir.

Les uns avaient déjà offert une DS à leurs enfants encore jeunes. Les autres n'avaient même pas la télévision chez eux.

Etc.

Moi qui n'avais encore jamais vraiment passé de vacances avec d'autres familles accompagnées de jeunes enfants, j'ai trouvé ces différences très intéressantes. Et cela m'a rappelé ce que me disait souvent ma mère : quand on est parent, on ne peut pas être certain d'avoir établi les meilleures règles possibles dans tous les domaines. Il y a forcément une part de subjectivité. Mais l'éducation, c'est faire respecter ces règles même si elles sont contestables. Parce que, sans règles, comment l'enfant pourrait-il se repérer ?


PS : Et maintenant, un petit jeu. Je me suis citée moi-même dans un certain nombre d'exemples ci-dessus. Devinez lesquels ?


4 commentaires:

  1. Interro surprise : Tu te souviens des prénoms de tous tes visiteurs ?

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    1. Pour l'instant, oui, mais je ne garantis rien dans six mois !

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  2. Et du coup, personne ne joue ! C'est pourtant facile : c'est toi qui enduis tes enfants de crème solaire dès 10 h du matin pour leur enfiler la doudoune par-dessus dès que tu sens le moindre souffle d'air tiède.

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    1. Voilà, c'est ça. Et aussi, je leur fais manger cinq fruits et légumes par jour, et je veille à ce qu'ils ne marchent pas pieds nus sur les cailloux, et je ne les mets jamais devant la télévision pour avoir une demi-heure de repos, et j'organise des activités pour eux tous les weekends... (J'en fais trop, là, tu crois ?)

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