Quand je récupère les trois petits à l'école maternelle à 16h15, l'instit me dit que le Filou a une conjonctivite, et qu'il faut absolument commencer un traitement, sinon elle ne veut pas le voir demain.
Bien.
(Façon de parler.)
Au lieu de rentrer à la maison, je pars donc avec les mioches dans la direction opposée, vers la pharmacie la plus proche. Je suis fatiguée, ils sont déchaînés. Quand j'arrive dans la pharmacie, ils commencent à jouer à chat entre les présentoirs. Heureusement, c'est très vite mon tour.
— Bonjour, madame, je pense que mon plus jeune a un conjonctivite...
— Je peux voir ?
— Oui, bien sûr. Filou, viens ici !
— ...
— Filou, viens, que la dame puisse regarder tes yeux !
— Nan !
— ...
— ...
— Donnez-moi juste une minute, madame.
Je vais chercher le gamin, je l'empoigne sans ménagement, je l'emmène jusqu'au comptoir et je le soulève de manière à ce qu'il fasse face à la pharmacienne.
— Voilà, vous voyez ?
— Euh, en fait, il ferme les yeux...
— ...
Une minute plus tard, à force de déployer des trésors de pédagogie ("Mon poussin, je te promets que la dame ne va pas te toucher, juste te regarder. Tu m'écoutes, mon chéri ? Sacrebleu, ouvre les yeux tout de suite ou tu seras privé de goûter, et je te préviens, j'ai fait des cookies au chocolat !"), j'ai réussi à convaincre le gamin de montrer ses yeux rouges à la dame. Elle part chercher un collyre.
Derrière moi s'est formée une queue de quatre ou cinq personnes qui nous observent pour passer le temps. La bonne nouvelle, c'est que les Things ont arrête de chahuter. Ils bavardent avec une vieille dame qui s'est assise sur une chaise.
— Alors, vous êtes allés à l'école, mes mignons ?
— Oui, dit Miss Thing One.
— Et vous avez appris des choses, aujourd'hui ?
— Oui, on a écrit des mots. Et puis on a eu ça.
Et la gamine montre fièrement à la vieille dame le prospectus qu'elle tient à la main depuis la sortie de l'école.
— Oh, il y a des belles images, commente la dame. Je n'y vois pas très bien, vous savez. C'est quoi, ça, un bonhomme ?
— Non, la corrige aimablement Miss Thing One. C'est un pou.
— Un pou ? fait la gentille dame, un peu surprise.
— Oui, confirme Mr Thing Two de sa voix stridente dans le silence de la pharmacie. C'est un papier pour dire qu'on a des poux que la maîtresse nous a donné.
Ils n'ont pas du tout compris pourquoi tous les clients qui attendaient leur tour s'esclaffaient. Même la pharmacienne a eu du mal à garder son sérieux. Quant à moi, jamais je n'ai aussi bien compris l’expression "avoir envie de rentrer sous terre"...
(Le pire, c'est qu'ils n'ont PAS de poux, à ma connaissance. C'était juste un prospectus d'information, pour recommander aux parents de bien regarder et de traiter aussi souvent que nécessaire. C'était bien le jour...)
HA HA HA HAHAHA ! Merci pour ce fou rire en début de journée. Je me la pète habituellement avec mes gosses qui font leurs nuits à un âge record, moralité ajd j’ai l’air d’un zombie car cela fait plusieurs nuits que la miss me réclame au lieu de pioncer comme tout bébé de 8 mois qui se (me) respecte, bref, j’avais bien besoin de ce petit remontant pour affronter ma journée.
RépondreSupprimerTu as possibilité de changer de pharmacie ? Ou celle de leur enfiler des T-Shirt imprimés d’un très gros « c’était pas nous qu’on avait des poux » à ta prochaine visite ?
Hahaha! Alors ce sont les poux que la maîtresse vous a donnés avec le papier?
RépondreSupprimerJ'ai envie de ma relire un passage du petit Nicolas, tiens!
ah oui bien vu, en effet on ressent une certaine proximité....
SupprimerJ'ai bien ri moi aussi !
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