mercredi 29 octobre 2014

Un vrai moment de solitude (ou pas)

Hier, quand  nous étions revenus de la plage avec les gamins, le moment où nous avions ôté les chaussures et les maillots dans la maison avait été une mauvaise surprise. Darling, privé de son balai chéri, avait bien essayé de ramasser à la main le sable éparpillé sur la moquette de la chambre d'hôtel, mais sans grand succès (je soupçonne que c'est pour cette raison qu'il a si mal dormi, cette nuit). Du coup, aujourd'hui, nous avons tenté un plan B. Ayant découvert un passage allant directement de la plage à la piscine de l'hôtel, passage qui n'existait pas autrefois, et que nous n'aurions de toute façon jamais eu l'occasion d'emprunter puisque c'est la première fois que la météo nous permet de nous baigner (nous ne venons ici qu'en hiver, normalement, et la piscine n'est pas chauffée), j'ai décrété que nous allions passer par là au retour, ce qui nous permettrait de nous rincer avant de monter dans les chambres, au lieu de nous rhabiller sur la plage, de remonter, de nous déshabiller, de nous doucher, et de nous rhabiller encore avec les vêtements poisseux de sel (on n'a pas le droit de traverser le hall de l'hôtel en maillot de bain).

L'idée était bonne, du moins sur le papier. Le problème, c'est qu'au moment de revenir, les gamins étaient fatigués et commençaient à avoir froid (il ne faisait "que" 25°C, après tout). Du coup, ils n'avaient pas du tout envie de se rincer, ni dans la piscine, ni sous la douche. Heureusement, l'endroit était désert. J'ai donc attrapé mes trois petits un par un et je me suis fourrée sous la douche froide avec eux dans les bras (aujourd'hui, moi aussi je m'étais mise en maillot de bain).
Hurlements.
— C'est presque de la torture, a dit ma sœur, qui restait prudemment à plus de trois mètres des douches, tout comme elle était restée prudemment à trois mètres des vagues.
— Mais non. Elle n'est pas si froide que ça.
Et pour prouver mes dires, j'ai sauté dans la piscine. J'ai découvert que la piscine était encore plus froide que la douche, et plus profonde que prévue. Quand je suis remontée à la surface, haletante sous le choc, les trois petits hurlaient plus que jamais.
— Emmène-les dans la chambre pour qu'ils se réchauffent : je me rhabille, je ramasse les affaires et j'arrive dans une minute, ai-je dit à Darling.
Il a disparu avec les trois gamins hystériques, et je suis restée avec les deux pré-ados (ma sœur et le Grand, pour ceux qui ne suivent pas). J'ai hurlé des ordres aux jeunes, je me suis séchée, j'ai ôté mon maillot, je me suis rhabillée, j'ai ramassé les dizaines de chaussures et vêtements éparpillés partout, j'ai crié encore une fois au Grand que s'il ne sortait pas de cette piscine je le noyais, et enfin, quand nous avons tous été prêts, j'ai marché vers l'ascenseur.
Et c'est là,
juste avant de rentrer à l'intérieur,
que je me suis rendu compte qu'à quelques mètres de la piscine, dans le seul coin de la terrasse où il y avait encore du soleil, une dizaine de personnes bronzaient en silence et nous fixaient d'un air parfaitement éberlué.

Depuis, je me demande ce qui me gène le plus : l'idée qu'ils m'aient vu mettre mes gamins hurlants sous un jet d'eau glacée, l'idée qu'ils m'aient vue faire la bombe et chahuter dans la piscine avec mon fils aîné comme si j'avais le même âge que lui, ou l'idée qu'ils m'aient vu ôter mon maillot quasiment sans me cacher, convaincue que j'étais d'être seule ?

— Tu sais qu'en plus, la piscine est juste à côté de la salle du restaurant, et qu'à midi et demie, il y avait forcément des tas de serveurs qui travaillaient et qui te voyaient par les fenêtres, a plus tard précisé Darling.

1 commentaire:

  1. C'est ta manière d'entre comme une bombe dans la piscine. Des témoins ont déjà été traumatisés.

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