16h15. J'attends devant l'école. Une femme bien habillée, cinquante ou soixante ans, peut-être une jeune grand-mère, arrive. Une autre la salue :
— Ça va ?
— Oh non. Je suis d'une humeur massacrante. Je viens de me prendre une prune !
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Parce que j'étais mal garée. Tu sais, sur la place du marché, sur le bord, il y a deux files de stationnement, je me suis mise à côté, à moitié sur l'allée piétonne. Tout le monde le fait, puisqu'il n'y a pas assez de place. Et voilà que des agents m'ont mis une amende. Police municipale. Je suis furieuse !
(Des agents municipaux qui empêchent les automobilistes de se garer sur les allées piétonnes ? C'est vrai qu'il y a de quoi être furieuse.)
— Tu n'as pas essayé de négocier ?
— Ils n'ont rien voulu entendre. Moi qui en ai fait sauter tellement, des amendes, quand je travaillais à la mairie !
(De plus en plus scandaleux, en effet.)
— Tu ne pouvais pas te garer ailleurs ?
— Mais il n'y a pas de place ! Il n'y a jamais de place, là-bas ! Elles sont toutes occupées par les gens des communes voisines qui viennent prendre le RER ! Du coup, nous qui sommes de la commune, nous ne savons plus où nous garer !
(Il faudrait les sanctionner, ces gens qui vont prendre le RER et qui ensuite laissent leur véhicule chez nous. Ils n'ont qu'à aller travailler à Paris en voiture, tiens. Quoi, la pollution ? Quoi, les embouteillages ? Eh bien, ils n'ont qu'à aller jusqu'au RER à pied, ou en bus, ou en vélo, eux.)
— C'était combien ?
— Trente-cinq euros !
(Oh bon sang, tant que ça ? C'est monstrueux. Surtout comparé au prix de la voiture.)
— Ah oui, c'est agaçant.
— Ah, mais vraiment, je suis très remontée. Je vais organiser une pétition. J'ai presque envie d'aller manifester ! Moi qui n'ai jamais participé à une manifestation de ma vie !
(C'est vrai que c'est une motivation bien plus importante que la liberté d'expression, la lutte contre le sexisme ou le racisme, ou autres futilités de ce genre.)
Enfin, les portes de l'école se sont ouvertes. Je me suis précipitée à l'intérieur pour ne plus entendre la bonne femme à la prune. Parce qu'à force, moi, je mourais d'envie de lui coller un marron...
Ah tiens, je suis curieuse de voir la pétition contre ces salauds de fonctionnaires qui verbalisent les voitures garées comme des merdes, et d'ailleurs il faut empêcher les travailleurs de laisser leurs voitures avant l'aube sur les parkings pour prendre le RER, ils n'avaient qu'à avoir le RER chez eux, non mais!
RépondreSupprimerGrande cause pour une première manifestation! L'esprit Charlie est définitivement enterré...
Ah, je vois que ça te fait le même effet qu'à moi !
SupprimerJe pense que cette dame n'a pas trop été touchée par l'esprit Charlie, en tous cas pas assez pour sortir de chez elle, de son propre aveu... (Faut dire aussi qu'on ne peut pas aller manifester place de la République en voiture !)
:-)
RépondreSupprimerla bétise humaine est incommensurable ... quoique si on suit la logique de la dame, le français est fait de rêgles ... mais aussi des exceptions à la rêgle ... elle devait estimer que les rêglementations routières ne s'appliquaient pas à elle.
Dans son échelle des valeurs, il est plus intolérable de se garer, légalement, pour aller travailler, que de "faire sauter" des PV, en abusant de son pouvoir, en tout esprit républicain bien sûr... Ca laisse à méditer sur une population qui veut une France "plus en ordre, plus propre" mais qui ne commence surtout pas par elle. Belle journée !
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