Chère Fofo,
Je suis éditrice BD chez TrèsGrandeMaison et je vous écris sur les conseils de ma collègue Trucmuche, avec qui vous avez travaillé sur des romans jeunesse. Nous aurions besoin de faire traduire l'introduction d'une bande dessinée entièrement muette : un texte assez court, environ cinq pages (voir ci-joint). Le problème, c'est qu'il nous faut le texte pour la fin de la semaine... Serait-ce possible pour vous ?
Dans l'espoir d'une réponse positive,
Bien cordialement,
Éditrice
Chère Éditrice,
En effet, le texte est court, donc je devrais y arriver pour la fin de la semaine, même s'il y a quelques recherches à faire. Je peux m'en charger. Quelle rémunération envisagiez-vous ?
Bien à vous,
Fofo
Chère Fofo,
Je suis ravie que vous acceptiez ! Nous vous proposons un forfait de 100 euros.
Bien à vous,
Éditrice
Chère Éditrice,
Vu le nombre de signes, une rémunération de 100 euros serait inférieure au tarif habituel, celui que me paie Trucmuche pour les romans. Et bien entendu, traduire ce texte précis et complexe va me demander beaucoup plus de travail que si je traduisais cinq pages de romans ! Par ailleurs, selon l'usage, il devrait y avoir une revalorisation de la rémunération lorsque le traducteur est payé au forfait. Et puis il y a l'urgence... Bref, pouvons-nous monter jusqu'à 120 euros ?
Amitiés,
Fofo
Chère Fofo,
Cela nous paraît un petit peu élevé, mais nous acceptons les 120 euros. Je vous prépare tout de suite une lettre-accord pour finaliser cela.
Bonne soirée,
Éditrice
Une bande dessinée sans texte, en dehors de l'introduction, donc aucun frais de corrections ou de mise en page. Un dessinateur célèbre. Une des plus grosses maisons d'édition en France. Un texte avec beaucoup d'expressions concernant spécifiquement la bande dessinée (pas du tout mon domaine). Plusieurs heures de travail, à caser dans les trois jours. Et elle trouve que 120 euros, soit 20 euros de plus que ce qui était proposé, c'est "un petit peu" trop cher...
hum, je ne connais rien au milieu de la traduction, mais j'avoue qu'à la lecture de ton argumentaire je ne m'attendais pas à ce que toi-même tu ne réclames que 20€ de plus....
RépondreSupprimermais les phrases à la "cela nous paraît un peu élevé mais ok" m'éneeeeervent ! soit c'est trop élevé et tu refuses, soit tu te dis qu'en fait c'est fair même si ce n'était pas ce que tu avais budgété au départ et tu dis oui point barre, pas en mode princesse qui te fait une fleur !
(énervement d'une RH qui projette sur ton billet la négo du jour avec une collègue se sentant obligée de traiter les rémunérations des gens dont elle a la charge comme si c'était ses sous à elle qu'on lui arrachait...)
Pareil que Gwen. Tu n'as pas tenté 150€?
RépondreSupprimerEt à la fin tu ne gagnes même pas les 120€ en entier, tu y enlèves tout ce qui est taxes, non?
Mais bon, on va dire que la prochaine fois qu'ils feront appel à toi, tu seras en position d'augmenter ton tarif. Elle est bien la BD?
Franchement je m'attendais à ce qu'on me propose 200 euros. J'ai été assez estomaquée quand j'ai vu le prix proposé... Je n'ai réclamé davantage que pour le principe, parce que je refuse de descendre en-dessous de mon tarif habituel. En général, je ne négocie pas quand c'est la première fois que je travaille pour quelqu'un, j'attends qu'il soit content de moi !
RépondreSupprimerEt Gwen, je suis d'accord avec toi, "c'est un peu cher mais on vous fait une fleur", c'est très agaçant. Tout ça pour 20 euros ! Ça représente quel pourcentage du budget total de la BD, 0,1% ?
Rha oui ça sent tellement le kif à la "je suis un requin je dope les bénéfs de la boite en rognant des centimes de ci de là"
RépondreSupprimerConcernant ton "En général, je ne négocie pas quand c'est la première fois que je travaille pour quelqu'un, j'attends qu'il soit content de moi !" : je ne connais pas le milieu de la traduction, encore une fois, mais j'avoue être assez en désaccord avec ce principe. Tu as de l'expérience (ce n'est pas comme si il s'agissait de convaincre quelqu'un de donner sa chance à une débutante), et en l'occurrence tu es même recommandée par Trucmuche, donc tu offres des garanties quant au résultat final, et ton travail, reconnu, a un prix... (en tant que RH je suis moi-même contre le principe pratiqué par certains de ne filer l'augmentation liée à une promotion qu'après une période de test. Soit on croit que la personne peut tenir le poste, et on y va, avec tous les attributs liés à la fonction, soit non, et on s'abstient tout court)
Mais peut-être que ça fonctionne vraiment différemment dans ton milieu....
En effet, ça paraît franchement pingre. Tu aurais aussi pu arguer que c'est un forfait. J'ai le même défaut, je n'ose pas trop négocier au premier contrat avec un éditeur... mais je trouve qu'ensuite, ça a du mal à bouger ; on devrait donc plus s'imposer dès le départ.
RépondreSupprimerRien à voir, mais avec ce qu'on dit du prix des cerises à venir, ton titre ne voudra plus rien dire...
RépondreSupprimerSnif.
Ben quand même, ça leur fait une augmentation de 20 %...Ok, je sors...
RépondreSupprimerJe suis comme les autres assez estomaquée par le prix proposé et la fleur accordée!! Bon courage pour ces quelques jours intenses en traduction bédèsque!
RépondreSupprimerUne joute de chevalier pour trouver un équilibre, mais dans un français impeccable, et sans animosité.
RépondreSupprimerUn marchandage de la maison d'édition digne d'un souk, mais dans un registre très soutenu.
Je trouve que c'est finement mené. Un nouveau client, se faire un peu respecter, et négocier un peu pour qu'au prochain contrat l'éditrice ne soit pas étonnée qu'on lui demande un tarif normal.
Mais qu'est-ce que ça aurait été si ça n'avait pas été en urgence! "On ne vous paie pas mais on vous fera de la publicité, promis!" -_-
Ah, le coup "on ne vous paie pas mais on vous fera de la publicité", ce n'est pas encore arrivé à des traducteurs, mais ça nous pend au nez : les dessinateurs professionnels ne connaissent que trop ce genre de proposition...
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