mardi 31 mars 2015

Un nouveau vélo

Mon vieux vélo, acheté d'occasion il y a une quinzaine d'années, est en bout de course. Je l'ai utilisé pour aller au boulot pendant des années, quand je ne travaillais pas à la maison, et je l'utilise encore presque tous les jours pour emmener le Filou chez l'assistante maternelle, mais je peine. Les garde-boues sont arrachés, les lampes sont mortes depuis belle lurette, ça grince de partout, un frein m'est resté dans la main il y a quelques semaines (je vous rassure, il y en avait deux, comme sur tous les vélos), et sur les trois vitesses, il y en a une, la première, qui fonctionne très mal : je démarre en première, et je me retrouve en seconde au bout de trois tours de roue. Autant dire que dans la dernière montée jusqu'à la maison, avec le vélo de 25 kg + le Filou de 17 kg + mes kilos à moi, je souffre.

Du coup, depuis quelques mois, je louche sur les nouveaux vélos. Je cherchais la perle rare : un vélo hollandais (position assise droite, pas de poids sur les poignets : j'y tiens à mes poignets, ce sont eux qui assurent ma survie), avec vitesses dans le moyeu (pour ceux qui n'y connaissent rien, ça veut dire qu'on ne déraille pas), avec au minimum 7 vitesses (parce que trois, c'est suffisant aux Pays-Bas, certes, mais un peu juste à Paris, sauf quand elles sont réglées très bas comme celles des vélibs – mais dans ce cas c'est quand on veut aller vite qu'on est gêné), sans barre transversale (un cadre "femme", quoi, bien plus pratique même quand on ne porte pas souvent de jupe), et avec de bons freins (et surtout pas de rétropédalage, comme la grande majorité des vélos hollandais). Et si possible, pas trop lourd. Des critères difficiles à concilier, même en acceptant d'y mettre le prix, surtout si on ne veut pas acheter sur Internet sans avoir essayé avant.

Et puis vendredi dernier, miracle ! Dans un magasin spécialisé en vélos hollandais à quelques minutes de chez moi (mais bien caché), j'ai trouvé la perle rare. D'occasion, mais en parfait état. Avec tout ce que je voulais, et même des trucs en plus : une suspension, un cadre en aluminium (nettement plus léger), un guidon inclinable à volonté pour changer de position en cours de route si on veut aller plus ou moins vite. Une très bonne marque, Gazelle. Pour un prix très correct, en plus : 450 euros. S'il me dure quinze ans comme l'autre, ça fait 30 euros d'amortissement par an. Raisonnable, non ?

Je suis allée le chercher hier (parce que vendredi, j'étais à vélo, pardi ! Et revenir avec deux vélos, je n'ai pas osé tenter...). Je suis revenue dessus. Bon sang qu'il est léger ! Et silencieux ! Et toutes ces vitesses ! Quel plaisir !
Donc voilà, depuis hier, j'ai un nouveau vélo, et je suis drôlement contente.


Et à votre avis, ce matin, pour me détendre entre deux chapitres, qu'est-ce que j'ai fait ?
J'ai louché longuement sur des sites présentant des superbes vélos utilitaires...
(Inguérissable.)




Évidemment, il y a la version plus légère et rapide (avec seulement deux roues et une caisse plus petite) de mon triporteur chéri, le biporteur Bakfiets...

Ou alors en plus sportif, l'Urban Arrow, très chic, non ?

Mais moi, ce qui me fait vraiment rêver, c'est le Douze dont je vous avais déjà parlé. Regardez-moi cette merveille ! Le seul hic, c'est qu'il est cher. Et la position très penchée ne me convient pas vraiment.


Mon dernier coup de cœur : le Yuba Mundo, un "longtail". J'en rêve. Regardez, on dirait presque un "vrai" vélo !


Et pourtant, on peut y mettre deux énormes sacoches et pas mal de gamins...





dimanche 29 mars 2015

Une déesse

Les things regardent Fantasia. Initiation à la mythologie grecque avec la symphonie pastorale de Beethoven. Mr Thing Two m'interroge :
— Maman, pourquoi le monsieur il lance des éclairs ?
— Ah, Zeus ! C'est un dieu, mon poussin. Une partie des personnages de cette histoire sont des dieux : il y a le dieu du vin, celui qui est ivre ; et puis le dieu du soleil ; et puis aussi celle de l'arc-en-ciel...
— C'est une dieu dame ?
— Oui, on dit une déesse.
Il me regarde avec des yeux ronds, ahuris :
— Mais non !
— Mais si, je t'assure. On dit "un dieu" et "une déesse".
Il a l'air complètement perplexe. Je ne comprends pas ce qui le dérange. C'est finalement le Grand qui devine quel est le problème :
— C'est pas une DS pour jouer aux pokemons, hein ! Ça ne s'écrit pas pareil !
Ah, oui. J'oubliais que les gamins d'aujourd'hui connaissent les DS avant les déesses, les pokemons avant la mythologie grecque...

vendredi 27 mars 2015

Fin de semaine

Envoyer une traduction à un éditeur un vendredi soir à 23h30, ça n'a aucun sens, on est bien d'accord.

Quand en plus, on sait que l'éditeur en question sera absent toute la semaine prochaine pour cause de foire de Bologne (LA foire internationale du livre pour la jeunesse), cela devient complètement ridicule.

Mais que ne ferait-on pas pour avoir le plaisir de se dire qu'on est en weekend et qu'on a le droit de se reposer, hein ?

(En réalité, je doute énormément que j'attendrai lundi pour commencer la suivante...)

mercredi 25 mars 2015

Et que ça saute !

Le Filou aime sauter. Ce soir, à la fin du dîner, il grimpe sur la troisième marche de l'escalier, et il saute. Plusieurs fois de suite. C'est toujours mieux que ce qu'il faisait une heure plus tôt, quand je le croyais bien sagement en train de jouer aux petits bateaux dans son bain et que je l'ai surpris en train de sauter dans la baignoire à pieds joints après être monté sur le rebord. Mais bien sûr, il finit par tomber. Il accourt vers son père en pleurant. Et Darling s'affole :
— Oh mon Dieu ! C'est grave ! Cette fois, il s'est vraiment blessé !
— Mais non, mais non, dis-je, toujours beaucoup moins inquiète que Darling.
— Si, je t'assure ! Il a une énorme griffure sur la joue ! Regarde, c'est tout rouge ! Il va avoir un bleu énorme ! Vite, vite, il faut mettre de la glace, désinfecter, mettre de la pommade, quelque chose !

Je me suis approchée calmement. J'ai frotté la joue avec une serviette. Et l'enfant s'est retrouvé subitement guéri.
C'était de la purée de carottes...

(Et je vous rassure, après un rapide bisou sur le bras – j'imagine qu'il est cogné le coude en tombant – le Filou est reparti sauter du canapé de la salle de jeu...)

mardi 24 mars 2015

Des prunes !

16h15. J'attends devant l'école. Une femme bien habillée, cinquante ou soixante ans, peut-être une jeune grand-mère, arrive. Une autre la salue :
— Ça va ?
— Oh non. Je suis d'une humeur massacrante. Je viens de me prendre une prune !
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Parce que j'étais mal garée. Tu sais, sur la place du marché, sur le bord, il y a deux files de stationnement, je me suis mise à côté, à moitié sur l'allée piétonne. Tout le monde le fait, puisqu'il n'y a pas assez de place. Et voilà que des agents m'ont mis une amende. Police municipale. Je suis furieuse !
(Des agents municipaux qui empêchent les automobilistes de se garer sur les allées piétonnes ? C'est vrai qu'il y a de quoi être furieuse.)
— Tu n'as pas essayé de négocier ?
— Ils n'ont rien voulu entendre. Moi qui en ai fait sauter tellement, des amendes, quand je travaillais à la mairie !
(De plus en plus scandaleux, en effet.)
— Tu ne pouvais pas te garer ailleurs ?
— Mais il n'y a pas de place ! Il n'y a jamais de place, là-bas ! Elles sont toutes occupées par les gens des communes voisines qui viennent prendre le RER ! Du coup, nous qui sommes de la commune, nous ne savons plus où nous garer !
(Il faudrait les sanctionner, ces gens qui vont prendre le RER et qui ensuite laissent leur véhicule chez nous. Ils n'ont qu'à aller travailler à Paris en voiture, tiens. Quoi, la pollution ? Quoi, les embouteillages ? Eh bien, ils n'ont qu'à aller jusqu'au RER à pied, ou en bus, ou en vélo, eux.)
— C'était combien ?
— Trente-cinq euros !
(Oh bon sang, tant que ça ? C'est monstrueux. Surtout comparé au prix de la voiture.)
— Ah oui, c'est agaçant.
— Ah, mais vraiment, je suis très remontée. Je vais organiser une pétition. J'ai presque envie d'aller manifester ! Moi qui n'ai jamais participé à une manifestation de ma vie !
(C'est vrai que c'est une motivation bien plus importante que la liberté d'expression, la lutte contre le sexisme ou le racisme, ou autres futilités de ce genre.)

Enfin, les portes de l'école se sont ouvertes. Je me suis précipitée à l'intérieur pour ne plus entendre la bonne femme à la prune. Parce qu'à force, moi, je mourais d'envie de lui coller un marron...

Au grand jour

Nouvel atelier d'écriture en province, hier. Mais en sortant de la gare dimanche soir, choc : je ne reconnais plus rien ! Ben alors ? Je me suis trompée de gare ? Il y a bien un hôtel juste en face, mais ce n'est pas celui où je suis déjà descendue, il ne lui ressemble pas du tout ! Si ?
Il m'a fallu une bonne minute pour réaliser que pour la première fois, je voyais cet endroit alors qu'il faisait encore jour...

Du coup j'ai même découvert que c'est une fort jolie ville. Pas très vivante le dimanche soir, mais nettement moins morne que quand il fait nuit noire.


Je veux cette maison (mais à Paris, merci)

Ah, et puis j'ai aussi trouvé ça, et je ne me suis pas sentie trop dépaysée :


dimanche 22 mars 2015

Amour petit-filial

— Moi, j'aime beaucoup Mouna, me déclare Miss Thing One au moment de se coucher.
(Mouna, c'est ma mère.)
Je suis en train de la multi-bisouiller pour lui souhaiter bonne nuit.
Je lui demande :
— Et moi, tu m'aimes ?
Elle hésite, remarque mon air suppliant, et me dit gentiment :
— Oui, toi aussi je t'aime. Mais moins. Un peu, juste.

(J'en connais deux qui vont aller habiter chez leur grand-mère prochainement) (c'est mon beau-père qui va être content, tiens)

vendredi 20 mars 2015

Argent coûteux

Spam du jour :

Bonjour ! Je viens de trouver un moyen de gagner de l'argent rapidement sur Internet. En quarante minutes, j'ai déjà gagné 470 €. Super, non ? C'est un moyen très coûteux, qui fonctionne vraiment.

Après travailler plus pour gagner plus, voici qu'on nous propose de dépenser plus pour gagner plus. Hum, je vais y réfléchir...
(Déformation professionnelle : je me demande quel était le terme d'origine, et ce qu'il signifie vraiment en français ? Précieux ?)

Rencontre professionnelle au Salon du Livre

Inauguration du Salon du Livre. Au milieu des allées surpeuplées, je croise une femme d'à peu près mon âge, qui m'aborde :
— Tiens, Fofo ! Comment tu vas ?
— ... ?
— Tu ne me reconnais pas ? Laurence !
— Ah, mais oui, excuse-moi ! Comment ça va ?
— Bien, bien. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vues !
— Oui, c'est vrai, ça fait un bout de temps...
— Tu as rencontré beaucoup de monde ?
— Bof, les éditeurs sont toujours pris d'assaut, le soir de l'inauguration... quand ils ne sont pas un peu ivres !
— Ah ah ! Tu as raison. Bon, je file, on m'attend. Allez, salut !
— Salut !

Je viens de me rappeler pourquoi, normalement, je ne vais jamais à l'inauguration du salon du livre. (En dehors du fait que c'est loin de chez moi, qu'il y a trop de monde, qu'on n'arrive pas à voir les bouquins, et que je n'aime pas le champagne.)

Car enfin, c'était qui, cette Laurence ?

mercredi 18 mars 2015

Par tous les seins !

Mr Thing Two pose les mains sur mon ventre, de part et d'autre de mon nombril, et s'étonne :
— Maman, pourquoi est-ce que toi, tu as quatre seins ?

Bon. Juré, cette fois, je me mets aux abdos.

mardi 17 mars 2015

Un dimanche en voiture

Dimanche, nous avions encore la voiture louée pour le weekend. Pas envie de partir pour la journée entière comme la veille ; de toute façon, le temps était maussade. Alors quoi ?
— Et si on allait à IKEA ? a proposé Darling. Tu m'as dit qu'on avait des choses à acheter, et on pourrait y déjeuner.
C'était une bonne idée. Des menus enfants à moitié bio à moins de trois euros, c'est imbattable. Et le lave-vaisselle était toujours en panne. Et puis ça faisait un certain temps que je voulais y aller pour acheter des grandes boîtes de rangement et une lampe à installer sous un placard dans ma cuisine trop sombre.
— Et si on allait au Playmobil Fun Park ? a proposé le Grand. Ça fait deux ans qu'on y est pas allés !
C'était une bonne idée aussi. Un prix d'entrée extrêmement raisonnable, et la certitude que les enfants s'amuseraient sans grand efforts de la part des parents (à part un effort de patience, peut-être).

Finalement, après avoir étudié la carte, j'ai découvert avec joie qu'on pouvait combiner les deux :
— Le Playmobil Fun Park n'est vraiment pas loin en voiture, moins de vingt minutes, direct par l'autoroute, et il y a un IKEA juste à mi-chemin ! Donc on part à 10h30, on arrive là-bas un peu avant 11h, on achète les boîtes et la lampe, on déjeune à 11h30, juste à l'ouverture du restaurant, au moment où il n'y a encore personne, et ensuite on va jouer deux heures au Playmobil Fun Park.

Sur le papier, c'était parfait.
Et en plus, nous sommes réellement partis à 10h30. Un exploit.
Sauf que.

Sauf que l'autoroute qui était censée débuter à quelques centaines de mètres de chez moi, je ne l'ai pas trouvée. J'ai découvert par la suite que oui, elle passe par là, et oui, il y a une bretelle, mais non, on ne peut pas la prendre ici. Donc nous nous sommes perdus (première fois). Nous avons pris une autre autoroute, et nous avons atterri sur le périphérique. J'ai demandé à Darling de consulter la carte. Il ne savait pas où nous étions. Je lui ai dit que nous étions au croisement entre notre autoroute et le périphérique. Il continuait à ne pas savoir où nous étions. Je lui ai ré-expliqué en termes de géométrie : soit le segment A qui croise le cercle P en un unique point X. Il n'a pas trouvé. J'ai crié très fort et je suis sortie du périphérique pour consulter la carte moi-même. J'ai décidé de prendre une autre autoroute, numéro A6. Je suis retournée sur le périphérique. J'ai trouvé l'autoroute, mais ensuite je n'ai pas trouvé la sortie. Normal : en fait j'aurais dû prendre l'A6b, et j'étais sur l'A6a. Au bout d'un certain temps, j'ai pris la première sortie venue et j'ai de nouveau consulté la carte, non sans insulter copieusement Darling au passage. Nous étions allés si loin que nous aurions pu aller dire bonjour à mes copines de Lyon, ou presque. J'ai rebroussé chemin. J'ai enfin trouvé l'autoroute voulue, puis le magasin voulu. Nous sommes arrivés dans le restaurant à 11h40.
Nous avions mis plus d'une heure pour parcourir très exactement 10,4 km, selon Google map.
— On serait allés plus vite en triporteur, a fait remarqué le Grand, qui a un peu trop bien assimilé mes principes.

Après le repas, nous avons acheté les boîte, et surtout la lampe dont j'avais vraiment besoin. Puis nous avons repris la voiture. Et nous nous sommes perdus (deuxième fois). D'abord, j'ai pris l'autoroute dans le mauvais sens. J'ai pu faire demi-tour assez vite, mais après être sortis au bon endroit, nous avons eu un peu de mal à trouver le Playmobil Fun Park. Quand nous l'avons trouvé, j'ai failli entrer dans un parking par la sortie. Enfin, je me suis garée.

J'avais négocié avec les enfants : deux heures, pas plus ! Le Grand voulait rester au minimum quatre heures. J'avais tenu bon, et il avait beaucoup protesté.
Nous y sommes restés trois quart d'heure.
Trop de monde, trop de bruit, trop déconcertant pour les petits, qui étaient fatigués. Ils ne savaient pas quoi faire, ils ne trouvaient pas les jouets voulus, ou alors ceux-ci étaient déjà pris par d'autres enfants. Et le Grand a découvert – ce que je soupçonnais déjà – qu'il était trop grand pour cet endroit. Magique quand il avait huit ans, encore formidable à dix ans, mais plus du tout à bientôt treize ans. Ce sont les enfants eux-mêmes qui ont réclamé de partir.

Et puis nous sommes rentrés. Et devinez quoi ? Exact : nous nous sommes perdus (troisième fois). J'ai pris l'autoroute dans le bon sens, mais je ne suis pas sortie au bon endroit. Darling continuait à nous chercher en vain sur la carte (je pense qu'il s'attendait à trouver un gros point rouge avec écrit "Vous êtes ici"). J'ai fait un immense détour pour arriver à la maison. Nous sommes arrivés à 15h30, après être partis de la maison à 10h30 et avoir passé moins d'une heure à IKEA et moins d'une heure au Playmobil Fun Park.

Bon, disons qu'au moins, j'ai rentabilisé la location, pas vrai ?

Ce qui m'ennuie, c'est que depuis dimanche, impossible de retrouver la lampe que j'étais si contente d'avoir enfin achetée. J'ai peur qu'elle soit restée dans la voiture, rendue lundi matin...

lundi 16 mars 2015

Le passage des années selon Mr Thing Two

7h20 du matin, dans la cuisine, je prépare les trois biberons (oui, les presque-cinq-ans sont encore au biberon, ça va plus vite et ça ne dérange personne, hein ?) (promis, l'été avant l'entrée en CP, on arrête), et j'entends des pas dans l'escalier.
— Mr Thing Two, c'est toi ?
— Oui !
Je suis une bonne mère, je reconnais le pas de mes enfants. OK, j'avoue, je sais aussi que le Filou est coincé dans son lit-cage (il refuse catégoriquement que je le remplace par un lit "de grand"), que Miss Thing One met minimum une demi-heure à se lever le matin, et que le temps où le Grand se réveillait avant qu'on aille le secouer est très loin.
Bref, je lui annonce :
— C'est l'anniversaire du Filou, aujourd'hui !
— Je sais, tu me l'as dit hier.
(Alors pourquoi il faut que je dise au moins cinq fois "Va mettre tes chaussures", hein ?)
— Il a trois ans !
— Il est grand, alors ?
— Euh, oui, enfin, ce n'est plus un bébé, quoi.
— Mais pourquoi ça se voit pas ?
— Parce qu'on change petit à petit, pas du jour au lendemain.
Il réfléchit, puis :
— Et maintenant, il sait bien parler ?
L'anniversaire : le jour où, magiquement, on prend un an de plus.


Sur le chemin de l'école, le même, entre deux bouchées de biscuit :
— Maman, pourquoi tu meurs jamais ?
— Euh, euh, euh... Hein ?
(Franchement, ce n'est pas une question à laquelle je m'attendais à ce moment-là...)
— Tu m'as dit qu'un jour tu deviendrais vieille.
— Ah, oui, mais dans longtemps, longtemps, tu sais ! Tu as le temps de devenir grand. Pas "grand" comme ton grand frère, hein ! Adulte, je veux dire. D'avoir des enfants, peut-être même des petits-enfants.
— Et quand je serai un papa, tu seras vieille ?
— Eh bien, quand toi tu auras mon âge, moi j'aurai l'âge de ma maman : Mouna, ta grand-mère.
Lui, soulagé :
— Oh, mais elle est pas vieille, Mouna !
— Non, on est bien d'accord. Donc tu vois bien, c'est dans longtemps longtemps.
— Et j'habiterais encore avec toi ?
— A priori, non. Quand on devient adulte, on quitte la maison de ses parents pour aller habiter ailleurs, souvent avec son amoureux ou son amoureuse, et après on a des enfants. Si on en a envie.
— Je pourrai aller habiter chez Mouna, alors ?

samedi 14 mars 2015

Une journée à Pierrefonds

— Honfleur ?
— Non, trop loin pour un aller-retour dans la journée, et l'hôtel à six, ce n'est ni bon marché, ni reposant.
— Lille ?
— Non, si on va passer la journée à Lille, autant y aller en TGV.
— Provins ?
— Non, autant y aller pendant la haute saison, il y a beaucoup plus de choses à voir.
— Versailles ?
— Non, c'est facilement accessible en RER, on peut y aller n'importe quand !
— Chantilly ?
— Non, on y est déjà allés il y a quelques années. Et ce n'est pas encore la saison des fraises.
— Chartres ?
— Non, il paraît qu'en dehors de la cathédrale, il n'y a pas grand-chose à voir.
Etc.

Finalement, le plus dur, après avoir décidé de profiter de ce samedi où Darling ne travaillait pas et loué une voiture pour le weekend, ce fut de trouver où aller avec. D'autant que nous n'avions pas forcément les mêmes désirs : moi, je voulais une ville, ou au moins un village ; Darling aurait souhaité un château ; et le Grand militait pour une forêt. (Les petits, eux, étaient tout excités rien qu'à l'idée de prendre la voiture, donc je n'ai pas creusé plus loin.)

Ce n'est que ce matin, pendant le petit-déjeuner, penchés sur nos Guides Verts, que nous avons pris notre décision : Pierrefonds. Château ET village ET forêt. Et en plus, ça me rappelait Les trois mousquetaires. Si, parce que dans Vingt ans après, on découvre que Porthos s'appelle en réalité "du Vallon de Bracieux de Pierrefonds". Vous voyez bien.

Et ce fut une chouette journée.

Pique-nique et jeux dans la forêt de Compiègne...

(Cliquez pour agrandir)

Ballade dans le village...
(Une maison à vendre) (Je suis assez tentée)

Café et un chocolat chaud dans un petit bar sympa, juste à côté du lac...
(Prix : 6,30 €) (Bien la peine de quitter la capitale, tiens) (en plus, café ET chocolat étaient infects)

Visite du château...

(J'ai pensé à ma mère, qui a un morceau de toit du Grand Palais dans son salon)
(moins d'un mètre de haut et quelques dizaines de centimètres de large)
(petite joueuse)



Bonus : après avoir passé la journée à crapahuter, ce soir, à 20h40, ils dormaient tous profondément.

vendredi 13 mars 2015

Horloge et mathématiques

J'ai une très jolie horloge héritée de mon grand-père. Une vieille horloge qu'il faut remonter avec une clef, et qui fonctionne très bien, en dehors du fait qu'elle avance de cinq heures. Pas les aiguilles : juste la sonnerie. C'est à dire que quand elle affiche 2h, et qu'il est effectivement 2h, elle sonne comme s'il était 7h. Il faut aussi savoir qu'elle sonne deux coups par heure. Soit 14 coups, donc, quand elle prétend qu'il est 7h, et qu'il est en réalité 2h. Vous suivez ?

Il y a quelques semaines, un ami qui avait passé la nuit chez moi m'a avoué au matin qu'il n'avait pas très bien dormi, justement à cause de cette horloge (qui se trouve au rez-de-chaussée, alors qu'il avait couché au premier étage) :
— C'est vrai ? Mais elle ne sonne pas si fort que ça !
— Ce n'est pas parce qu'elle faisait trop de bruit, mais à chaque fois que je l'entendais dans mon demi-sommeil, je ne pouvais pas m'empêcher de calculer l'heure qu'il était, et ça me réveillait...
 
En effet, si on l'entend mais qu'on ne la voit pas, pour savoir l'heure qu'il est, il faut :
- Compter le nombre de coup ;
- Si ce nombre est supérieur à douze, soustraire dix ; si ce nombre est inférieur à douze, rajouter quatorze ;
- Diviser le résultat obtenu par deux.

Par exemple, si vous comptez seize coups, il est (16-10)/2 = 3 heures ; et si vous comptez huit coups, il est (8+14)/2 = 11h.

C'est tout simple, non ?

jeudi 12 mars 2015

Que de de...

Il décida de se garer de l'autre côté du portail d'entrée de l'aile ouest de la prison de Saint-Machin.

Hum... Il y a quelque chose qui cloche dans cette phrase, mais quoi ?

mardi 10 mars 2015

Réparation (ou presque)

Le réparateur du lave-vaisselle est venu cet après-midi. Ponctuel, aimable, efficace, il me pose les bonnes questions, il ne râle pas parce que le lave-vaisselle est mal encastré (c'est pourtant vrai), il ne soupire pas de devoir le tirer pour le débrancher, il me laisse bosser en paix, il passe même la serpillière. Enfin, au bout d'une demi-heure, il m'appelle :
— Madame, j'ai trouvé le problème, c'était ce tube qui était mal mis, du coup il y avait de l'eau qui coulait à côté et ça provoquait des courts-circuit.

— Ah, d'accord.
— Du coup je l'ai bien remis en place, et j'en ai profité pour bien revisser la plaque de devant qui se barrait, et puis j'ai aussi stabilisé la machine.
— Ah chic !
— Mais, euh, le problème, c'est qu'en le réparant, j'ai cassé cette lampe, là, à l'intérieur... Je suis désolé, il va falloir la changer.
— Ah. Mais je peux utiliser le lave-vaisselle quand même, dites ? Ce n'est pas très grave si la lumière ne s'allume pas...
— Sauf que comme le joint autour est cassé, l'eau va pénétrer dans les circuits et ça va forcément faire des dégâts, ça pourrait même provoquer un incendie. Je suis vraiment désolé, je vais revenir le plus vite possible pour faire la réparation. Lundi, c'est bon pour vous ?

(Voyons le bon côté des choses : c'est fou comme, quand on lave à la main, les verres sont bien plus transparents et les cuillères en argent bien plus brillants...)
(Et puis ça pourrait être le lave-linge, ce qui serait bien plus dramatique !)
(Et puis c'est un bon prétexte pour manger de nouveau des sandwichs et des pizzas le weekend prochain...)



dimanche 8 mars 2015

Menus simplifiés

- Ce matin : viennoiseries. On se lève chacun à son rythme, on prend une boisson chaude et on se partage les croissants et pain au chocolat que je suis allée acheter au saut du lit.
- Ce midi : pique-nique. On prépare des sandwichs vite fait bien fait, on emporte des chips, des oeufs durs, des compotes à boire, et on va en vélo dans la forêt la plus proche pendant deux ou trois heures pour profiter de ce dimanche réellement printanier.
- Cet après-midi : biscuits industriels. On ouvre une boîte de boudoirs qu'on accompagne d'un verre de jus d'orange. Pas de gâteaux maison aujourd'hui.
- Ce soir : pizzas. On prend un bain tranquillement pendant que Darling va chercher trois grandes pizzas qu'on se partage dans la joie et la bonne humeur avant d'enchaîner sur un gros bocal de compote.

Du point de vue familial, je suis une mère parfaite. Les gamins étaient ravis, et pour une fois, il n'y a pas eu un seul caprice à table aujourd'hui.

Du point de vue nutritionnel, je suis une mère indigne. Même en comptant les deux compotes, le jus d'orange, et – soyons fous – la sauce tomate des pizzas, on est très loin des doses recommandées de fruits et légumes par jour, et très au-dessus des doses de sel et de matières grasses.

Du point de vue pragmatique, je suis simplement une mère de famille nombreuse dont le lave-vaisselle est en panne...

samedi 7 mars 2015

Au bout du voyage

Dans ma traduction en cours, une révolutionnaire lance à un dictateur, en VO : "Votre manège ne tourne plus".
Pas français.
Du coup, je mets "C'est la fin de la course pour vous".
Pas français non plus, me dit ma mère, interrogée ce matin à 8h15, manteau sur le dos et valise à la main, alors qu'elle s'apprêtait à rentrer chez elle.
(Ça m'arrive souvent, de remplacer un idiotisme par un autre. A force d'avoir le nez sur mon texte, je ne sais plus ce qui se dit et ce qui ne se dit pas.)
— Mais alors je mets quoi ?
— Écoute, je vais prendre mon train et j'y réfléchis, d'accord ?
Elle part. Une heure plus tard, je lui envoie un texto :
Vous êtes au bout du voyage ?
Puis je me rends compte qu'elle risque de me prendre pour une folle, attendu qu'il va leur falloir trois heures, à ma sœur et elle, pour arriver dans leur ville, et j'ajoute :
Mon personnage, je veux dire, pas vous...
(Elle m'a dit que oui. Je garde donc ça, en attendant éventuellement de trouver mieux.)

Dépôt de plainte

J'ai fait deux tartes salées différentes pour le dîner, et malgré tout, il n'y en a pas assez. Il faut dire que ma mère et ma sœur sont là, et aussi qu'elles sont bonnes (les tartes, je veux dire). Tout le monde voudrait en reprendre, mais ma mère et moi défendons avec véhémence les parts de Darling, qui rentre tard du travail.
Quand son père arrive et commence à manger, le Grand proteste :
— C'est pas juste, papa il en a eu plus que moi !
— Ce n'est pas vrai, il a eu une part de chaque tarte, exactement comme toi.
— Mais ses parts sont plus grosses !
— Non, j'ai découpé en huit parts de taille égale.
— Mais il y a plus de choses dessus !
Là, son père commence à être agacé :
— Bon, eh bien d'accord, tu n'as qu'à manger une de mes parts, dans ce cas. Vas-y. Moi, je mangerai du pain.
Et le Grand, pas du tout gêné, avec négligence :
— Non, mais c'est bon, j'en suis déjà au dessert. Je ne réclamais rien : je me plaignais, juste.

jeudi 5 mars 2015

Une phrase alambiquée


Il repensa à ce baiser qui continuait à être un motif de gêne et d'embarras entre les deux amis, mais qui creusait au fond de leur âme à la recherche d'une prise à laquelle s'agripper pour les entraîner ailleurs.

Traduction littérale certifiée 100% conforme à l'original.

Mouais. Je sens que cette phrase-là, il va falloir la revoir...

(Et ce n'est pas la seule, hélas)
(Cet auteur me fatigue)
(Je préférais quasiment la praxis homilétique des ordres prêcheurs statutairement itinérants, c'est dire.)



mercredi 4 mars 2015

Yaourts maison : des économies ?

Aujourd'hui, je me suis posé cette question cruciale : réalise-t-on réellement des économies quand on fait ses propres yaourts ?
Tout le monde prétend que oui, mais par curiosité, j'ai fait le calcul, comme je l'avais déjà fait il y a quelque temps pour les crèmes au chocolat ou pour la compote. Il va sans dire que j'ai utilisé les premiers prix pour tous les ingrédients (bio, cependant), et que j'ai relevé tous les prix dans le même magasin.

Alors, pour 8 yaourts de 125 g chacun, j'utilise :
Un litre de lait entier bio UHT : 1,82 €
Des ferments lactiques : 3,54 les 4 sachets, soit 0,88 € pour une fournée.
(Il m'arrive aussi d'utiliser un yaourt du commerce à la place des ferments, voire un yaourt fait maison, mais le résultat est moins satisfaisant : les yaourts obtenus sont toujours trop liquides.)
Je néglige le coup de l'électricité, qui est vraiment faible.
Total : 2,70 € pour 8 yaourts.

Prix des yaourts entiers bio au supermarché : 1,54 les 4, soit 3,08 € les 8.

Ce qui nous fait 38 centimes d'économie pour chaque fournée, soit un peu moins de 5 centimes par yaourts. Davantage si on se passe des ferments en sachet.
Des économies considérables, donc : moins d'un millier de yaourts plus tard, la yaourtière est remboursée !
Probant, non ?

(Heureusement qu'il y a d'autres avantages que les formidables économies réalisées : réduction des déchets, possibilité de varier les goûts, gain de place dans le frigidaire – puisqu'on en refait à la demande au lieu d'acheter 48 pots d'un coup...)

lundi 2 mars 2015

Et ta soeur ?

Arrêt de bus, en famille. Une mère à poussette arrive, s'immobilise non loin de nous. Le gamin d'environ quatre ans bien calé dans son véhicule observe mes mômes, puis ordonne à sa génitrice :
— Avance encore, je veux voir la fille !
En effet, Miss Thing One, assise sagement sur le banc (contrairement à ses frères), est un peu moins visible. La mère s'exécute, mais Mr Thing Two se plante devant la poussette et lance sur un ton peu amène :
— La fille, c'est ma sœur.
Je me suis représenté le même dialogue quinze ans plus tard, avec peut-être une bagnole à la place de la poussette et "meuf" ou un autre terme peu flatteur à la place de "fille", et j'ai eu bien du mal à me retenir de rire...

dimanche 1 mars 2015

Popotin gracieux

A table, échange de piques entre Darling et moi : je le traite d'ivrogne, il me traite de goinfre, et ajoute que mes grosses fesses le prouvent. En entendant cette expression, le Filou s'écroule de rire, et comme son hilarité est communicative, nous aussi. Oma, la mère de Darling, qui comprend mal le français, demande ce qui se passe.
 — J'ai dit à Fofo qu'elle avait un gros popotin, explique Darling.
Choquée à ma place, Oma tente alors de me consoler de son mieux :
— Il est peut-être gros, mais il est très gracieux, tu sais !
Nous rions tous de plus belle. Elle insiste, en mélangeant au moins trois langues :
— Je t'assure, c'est la manière dont on le bouge qui compte ! Tu as un popotin très gracieux !
Le Grand a mis un quart d'heure à s'en remettre. Depuis, quand il me croise dans l'escalier, il me demande d'ôter mon "gracieux popotin" de son chemin...

Porte-malheur

— Non, moi pas pipi ! A pas veux ! Pas là, pipi ! Nooooon ! NOOOOON !
Hurlements, cris, rugissements, larmes, et je me roule par terre, et je tape mes parents, et je jette au loin tout ce qui est à ma portée, et je deviens rouge vif...
Le Filou fait de plus en plus de colères. Dix, douze par jour, et plus seulement à l'heure des repas. Sous le moindre prétexte. Parfois, je négocie. Tu ne veux pas t'habiller ? Et si je te laisse choisir son T-shirt ? Et si je te raconte un livre, d'abord ? Et si j'accepte de te laisser pieds nus pour le moment ? Parfois, je n'ai pas le temps, pas l'envie, ou je sais que ça ne servira à rien. Tu ne veux pas t'habiller ? Pas de bol, mon bonhomme, je suis plus forte que toi. Je te coince les jambes et les bras sous mon poids, et je t'enfile ton T-shirt de force malgré tes hurlements à faire pâlir d'envie les sirènes des pompiers.

Ce soir, j'étais fatiguée, et j'avais mal à l'épaule. Pour le repas, j'avais négocié. Pour le livre, j'avais négocié. Pour le deuxième doudou, j'avais cédé. Mais pour le pipi, non. Pas envie de changer les draps cette nuit, ou d'être réveillée à six heures du matin pour cause de vessie trop pleine du gamin qui a refusé de passer sur le pot (ou les toilettes, hein, il avait le choix). J'ai donc eu recours à cette arme minable, antithèse de l'éducation :
— Eh bien puisque c'est comme ça, tu restes dans la salle de bain, et tu ne viendras écouter le livre que quand tu auras au moins essayé de faire pipi !

Il hurle, il hurle, il hurle, et il essaie de tirer la porte, mais je tiens la poignée de l'autre côté. Une minute, pas plus, parce que non seulement je suis mauvaise mère, mais en plus je n'arrive même pas à tenir bon ou à mettre mes menaces à exécution, ce qui aurait au moins le mérite de la logique. Je décide de réessayer les négociations. J'appuie sur la poignée...
... et rien ne se passe.
J'appuie plus fort.
Toujours rien.
Je donne des petits coups dans la porte.
En vain.
Le pêne est bloqué dans la gâche. Et visiblement, la poignée ne l'actionne plus.

Qu'à cela ne tienne, je vais démonter la poignée. Je file chercher un tournevis.
Pendant ce temps, le gamin hurle de rage, encore. Darling essaie lui aussi d'ouvrir cette maudite porte, sans plus de succès que moi. Miss Thing One est dans nos pattes : elle adore les drames. Le Grand demande ce qu'il se passe. Mr Thing Two râle parce que je ne suis pas encore venu lui chanter sa berceuse du soir. Et comme si cela ne suffisait pas, Oma, la mère de Darling de passage à Paris, est plantée au milieu de l'escalier pour surveiller que nous ne torturons pas nos enfants (ce qu'elle nous soupçonne de faire dès qu'elle a le dos tourné).

Je démonte la poignée de mon côté. Comme le Filou tire dessus de l'autre côté, la poignée lui reste dans les mains, à lui aussi. Il hurle de plus belle, de toute sa voix : il n'a pas encore conscience d'être bloqué à l'intérieur, mais je crois qu'il est absolument horrifié à l'idée d'avoir cassé la poignée. Malheureusement, ça n'a servi à rien, car la porte ne s'ouvre toujours pas. J'arrive à convaincre le gamin de reculer, ce qu'il fait tout en pleurant avec autant d'ardeur que jamais, et puis je demande à Darling de défoncer la porte. Ce qu'il s'emploie à faire à coups de pieds, pendant qu'à l'intérieur, les décibels montent encore (ce que je n'aurais pas cru possible), et que de ce côté-ci, Oma s'épouvante, le Grand pose des question stupides (sa spécialité dans les moments de crise), Mr Thing Two s'énerve d'être négligé, et Miss Thing One manque de nous faire tomber à force de tourner autour de nous pour assister au spectacle aux premières loges.

Finalement, une fois le battant brisé, avec des éclats de bois partout sur la moquette et dans l'escalier, j'ai récupéré mon petit bonhomme qui n'en pouvait plus de pleurer. Je crois vraiment qu'il n'a pas compris que nous n'arrivions plus à ouvrir, mais qu'il a été traumatisé de nous voir casser la porte, surtout qu'il avait l'air de penser que c'était sa faute (il a dû croire que c'est parce qu'il avait trop tiré sur la poignée qu'elle lui était restée dans les mains). Miss Thing One aussi était bouleversée, d'ailleurs, et il a fallu lui promettre de racheter une nouvelle porte, ce qu'elle voulait que nous fassions immédiatement, dans la nuit, parce que laisser cette porte dans cet état-là, ça la perturbait beaucoup.

Il nous a encore fallu un certain temps pour ramasser toutes les échardes, et pour calmer tout le monde, et pour coucher enfin les enfants.

Et qu'a dit le Filou, à peine installé dans son lit ?
— A va pipi, moi ! L'est là, pipi !
Et il est ressorti du lit avant de filer tout droit remplir son pot.

D'une certaine manière, on peut donc dire que j'ai gagné, non ?