samedi 30 novembre 2013

Brèves de salon

Cette année, encore une fois, j'ai fait l’interprète auprès d'auteurs étrangers invités au Salon du livre pour la jeunesse à Montreuil. Comme d'habitude, je suis épuisée, mais contente de m'être changé les idées. Quelques extraits :

La toute première rencontre entre une auteure et une classe, jeudi matin :
— Bonjour les enfants ! Je suis très contente d'avoir l'occasion de rencontrer mes lecteurs français. Donc, nous sommes ici pour parler du thème de mon livre. Alors, qui veut me dire quelques mots sur la manière dont le sujet est abordé dans le roman ? Avez-vous trouvé que j'exagérais, ou au contraire que je n'allais pas assez loin ?
— ...
— Ne soyez pas timides. Le harcèlement à l'école, ça doit être un thème qui vous évoque quelque chose, non ?
— ...
Le silence devenant pesant, l'instit qui accompagne la classe lève la main :
— Ben, heu, en fait... Nous avions commandé 28 exemplaires du roman, pour l'étudier et pour préparer des questions, mais... le paquet n'est jamais arrivé. Personne n'a lu votre roman. Même pas moi.
(Ça commençait bien.)

Une autre auteure, plus tard :
— Donc, je m'appelle Machine et j'ai écris un livre centré sur ce personnage, Trucmuche. Je vais vous le présenter un peu. Donc, Trucmuche vit avec ses parents, blablabla, et puis avec sa grande soeur qu'il déteste, blablabla, et son meilleur ami à l'école, blablabla, et ses grands-parents, blablabla...
Je traduis fidèlement, mais au bout de cinq bonnes minutes, je profite d'une pause pour glisser à l'oreille de la dame :
— Pst, d'après ce que m'a dit la prof, ça fait trois mois qu'ils étudient le livre en classe... Je crois qu'ils savent déjà tout ça...
(Problème inverse, donc.)

Une autre auteure/illustratrice distribue des feuilles et fait faire un dessin aux enfants. Quand tout le monde a fini, elle enchaîne :
— Et maintenant, je vais vous apprendre à faire un pétard qui claque avec une feuille de papier, comme mon héros !
Pliage de feuille, explications, recommencements, et enfin, tout le monde y arrive. Résultats : une quarantaine de gamins excités comme des puces font claquer leurs feuilles dans tous les sens. Les deux instits fusillent l'auteure du regard. Elle essaie de ramener l'ordre :
— Maintenant, nous allons dessiner autre chose. Asseyez-vous ! Du calme. Écoutez-moi !
Peine perdue, bien sûr. Tout le monde est debout, saute et crie, et on ne s'entend plus. Il reste une demi-heure de "conférence". L'auteure se tourne vers moi, un brin désemparée :
— Je crois que j'aurais dû garder ça pour la fin...
(Je crois aussi, oui.)

Dernière rencontre, avec un auteur qui a écrit un roman dont je suis certaine qu'il plaira au Grand. Je demande à l'auteur de dédicacer un exemplaire pour mon gamin. (Au tout début, je demandais parfois une dédicace pour moi-même, mais ça fait longtemps que ça ne me fait plus grand effet.)
L'auteur écrit :
"Pour le Grand. Ta mère a été fantastique !"
J'ai donné le bouquin au gamin. Preuve qu'il n'est pas encore complètement ado : non seulement il n'a pas eu honte de moi, mais il a même trouvé ça super et l'a montré à tous ses copains...

mercredi 27 novembre 2013

Huit mètres cubes de caca

Vérification faite, la fosse septique que nous avons découverte, et dont seul le trop-plein était raccordé aux égouts, contenait huit mètres cubes d'excréments. Le double de ce qu'avait estimé le technicien venu vérifier l'installation.
En trois jours, les ouvriers ont pompé tout ça, désinfecté, rempli de sable, créé une canalisation, vérifié l'écoulement, ajouté une trappe, bétonné l'ouverture.
Ils viennent de repartir avec huit mètres cubes de matière fécale puante, et un chèque de trois mille cinq cent euros.
Heureusement que l'argent n'a pas d'odeur...

mardi 26 novembre 2013

Un ouvrier bavard

Depuis hier matin, j'ai cinq ouvriers dans mon jardin. Ils sont là pour me débarrasser de la vieille fosse septique, des odeurs immondes et des moustiques (ceux-ci ne sont pas mentionnés sur le devis, mais ça va avec, du moins on espère). Je les bichonne (les ouvriers, pas les moustiques), d'abord parce que je n'aimerais pas être à leur place, et ensuite parce que je veux qu'ils soient motivés et qu'ils fassent du bon boulot. Je leur sers le café dans des tasses à fleurs avec un sucrier assorti, je leur propose de l'eau, je leur offre même des biscuits faits maison.

Hier, en début d'après-midi, quatre d'entre eux sont partis avec le camion chercher du sable et des matériaux divers et variés. Le cinquième est resté là à les attendre. Au bout de quelques minutes, je me suis rendu compte qu'il était assis tout seul dans le jardin, désœuvré et transi. J'ai eu pitié, et je lui ai proposé de venir à l'intérieur. Il a pris place sur une chaise, face à un café fumant, et moi je suis retournée m'asseoir à mon bureau :
— Excusez-moi, je dois travailler.

Alors, où en étais-je... Ah oui, au milieu de cette page. Donc... Les magiciens sont dangereux, lui dit...

— Vous travaillez chez vous ? Vous faites quoi ?
— Je suis traductrice.
— Ah oui ? Qu'est-ce que vous traduisez ?
— Des livres pour enfants et pour adolescents.

Reprenons. Les magiciens sont dangereux, lui dit Sally. C'est...

— Dans quelle langue ?
— Depuis trois langues, mais toujours vers le français, parce qu'on traduit toujours vers la langue qu'on maîtrise le mieux.
— Et vous travaillez combien d'heures par jour ?
— Eh bien, je suis censée faire un temps plein, donc comme je n'ai pas le temps de travailler assez en journée avant d'aller chercher mes enfants, surtout si j'ai quelque chose à faire ou si on me dérange, je dois m'y remettre tous les soirs jusqu'à 23h, au moins.

Peut-être a-t-il compris le message ? Allons-y. ... lui dit Sally. C'est pour ça que la reine...

— Et après, il y a votre nom sur la couverture ?
— Parfois, mais le plus souvent c'est à l'intérieur du livre, en page de garde.
— Vous pouvez me montrer un livre que vous avez traduit ?
— Oui, tenez, regardez, celui-ci, Journal de Machintruc, c'est moi qui l'ai traduit. Mon nom est là, vous voyez. Tenez, je vous le prête.

Avec un peu de chance, il va se mettre à lire. Alors, voyons... C'est pour ça que la reine a ordonné...

— C'est un journal intime ? Comme celui d'Anne Frank ?
— Heu, oui, c'est ça, mais c'est plus gai. C'est un roman humoristique. Alors que celui que je traduis en ce moment est plus dramatique. Plus difficile à traduire. Il faut que je me concentre beaucoup plus.

Ce n'est pas vrai, bien sûr (un roman humoristique peut même être plus difficile, surtout s'il est bourré de plaisanteries et jeux de mots), mais j'espère que cette fois, il va saisir l'insinuation. Je me remets à taper. ... que la reine a ordonné que les magiciens...

— Alors comme ça, votre prénom c'est Fofo ? Moi je m'appelle Henri.
— Ah oui ?
— Je viens de Martinique, vous savez. Je suis arrivé ici l'année dernière.
— Vraiment ?

... ordonné que les magiciens... Attends un peu, je n'avais pas déjà le mot "magiciens" à la phrase précédente ?

— Au début j'étais couvreur, mais j'ai eu des problèmes avec mon patron, patati patata, alors voilà, je suis dans cette société d'assainissement.
— D'accord.
— Mais il n'y a pas de sot métier, pas vrai ? Et puis c'est utile, au moins, comme boulot.
— Tout à fait.

Si, je viens déjà d'utiliser le mot "magicien". Reformulons. La magie est dangereuse, lui dit Saly. C'est pour ça que la reine a ordonné que ceux qui la pratiquent...

— Cela dit, vous, vous faites un métier plus reposant.
— Mmm.
— Mais il faut beaucoup réfléchir, non ?
— Oui, il faut absolument pouvoir se concentrer. C'est pour ça que je ne peux pas travailler quand mes enfants sont là, ou quand on me parle.

Cette fois, j'ai été directe, non ? Il va sûrement se taire. Je m'y remets. ... que tous ceux qui la pratiquent soient immédiatement...

— Vous avez une belle maison. Elle date de quand ?

Les autres ouvriers ont mis deux heures pour faire l'aller-retour avec leur camion. Deux heures.
J'ai traduit trois lignes en deux heures.


— Quand tu lui as proposé de venir prendre un café pendant que ses collègues et ton mari étaient absents, il a dû se faire des idées, s'est esclaffé Darling, le soir, quand je me suis lamentée. Dans les films, enfin, dans certains films, c'est comme ça que ça se passe...


lundi 25 novembre 2013

Hunger Games

Ça s'est passé en mai ou juin dernier. Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Quelques jours plus tôt, j'avais acheté le premier volume de Hunger Games, en anglais. Normalement, je ne lis pas énormément de littérature pour "Young Adults" en dehors du travail, car j'en ingurgite déjà bien assez comme ça. Mais quand un roman a vraiment beaucoup de succès, je finis par le lire pour pouvoir juger si les romans pour lesquels je dois faire des fiches de lecture n'en sont pas des pâles copies, ou s'ils s'en inspirent de près ou de loin.

Bref, Hunger Games. Je l'avais entamé la veille, et j'avais lu le premier tiers, peut-être la moitié. Ce soir-là, je suis allée me coucher assez tôt parce que j'étais épuisée : les mauvaises nuits se succédaient, à l'époque. Du coup, je me suis dit que je pouvais lire quelques pages, allez, un petit quart d'heure.
Quand j'ai terminé le livre, il était plus de deux heures du matin. Non, vraiment, ça faisait longtemps que je n'avais pas été aussi déraisonnable.

Mais que voulez-vous que je vous dise ? J'avais été totalement incapable de reposer le roman avant de l'avoir fini. Il faut dire que c'est un excellent roman. Une dystopie effrayante dans un monde post-apocalyptique pas forcément complètement crédible mais très bien décrit, dans lequel on peut voir un parallèle évident avec notre propre société. Mais aussi des personnages tous nuancés, intéressants, plus vrais que nature, même les personnages secondaires les moins importants. Une héroïne / narratrice très réussie, pas trop parfaite, à laquelle il est impossible de ne pas s'identifier. De l'action, et un suspense à couper le souffle (ou à empêcher de dormir). Des scènes pleines d'émotion. Une histoire d'amour palpitante. Ah, et j'oubliais cette idée de base fantastique, la télé-réalité poussée jusqu'à ses limites les plus extrêmes, qui met parfois le lecteur dans la peau de ce téléspectateur malsain qui ne veut pas perdre une miette de l'histoire (comment ne pas le comprendre ?). Bref, un de mes coups de cœur de l'année.

Normalement, quand je lis ces succès anglo-saxons déjà traduits en français, je me contente du premier volume, parce que j'ai si peu de temps pour lire "gratuitement" que je préfère souvent lire autre chose que de la littérature moderne pour enfants et adolescents, pour changer un peu. Je n'ai jamais lu les suites d'Eragon, Percy Jackson, Les orphelins Baudelaire ou Artemis Fowl. Mais cette fois, je n'ai pas résisté. J'ai lu le deuxième volume, et je crois bien que je l'ai également terminé à une heure indue, même si je m'étais méfiée (le premier soir, j'avais demandé au Grand de cacher le bouquin dans sa chambre).

Et puis j'ai lu le troisième, et là, j'avoue que j'ai été très déçue. Je ne dis pas qu'il est mauvais en soi, simplement, il n'est plus dans la veine des deux premiers. Les scènes d'action prennent le pas sur les scènes d'ambiance, et ce ne sont même plus des dangers variés ou des bagarres entre individus, mais des batailles, des vraies scènes de guerre, les bombes, les pistolets, les canons, les courses-poursuites, rien que des choses qui ne me plaisent pas tellement. Les personnages s'effacent, perdent de leur importance au profit de scènes grandioses mais qui ne me "parlent" pas. La mort d'un ami de l'héroïne est si vite racontée qu'on risque presque de la manquer si on lit trop vite, alors que la mort de sa jeune alliée faisait tellement pleurer, dans le premier volume. Et par-dessus le marché, l'histoire d'amour est négligée, et sa fin est expédiée en trois paragraphe, de la manière la plus frustrante qui soit. J'imagine que c'est surtout ça que je ne pardonne pas à l'auteure : après nous avoir baladés pendant si longtemps dans une histoire si romantique et si forte, paf, un dialogue de deux phrases (littéralement !), un épilogue mi-figue mi-raisin qui se déroule vingt ans plus tard, et contentez-vous de ça. Mais, heu ?

(Au sujet de ce troisième volume, je me suis demandé si l'auteure ne l'aurait pas par hasard rédigé après avoir su que les droits cinématographiques de la trilogie allaient être achetée, et si elle ne l'avait pas pensé davantage comme un scénario que comme un roman, en gardant en tête ce que donneraient les effets spéciaux. Cela expliquerait la baisse de l'émotion au profit des descriptions .)
(A propos : je précise que je n'ai pas vu les films, et n'irai pas les voir. Je n'aime voir les adaptations des romans que j'ai appréciés.)


Mais bon, en dehors de mes réserves sur ce troisième volume, je recommande très chaudement cette lecture à ceux qui aiment ce genre de littérature et qui seraient encore passés à travers. Cette histoire très forte restera dans ma mémoire, et je suis certaine de ne pas l'oublier de sitôt !

vendredi 22 novembre 2013

Raplapla

Ayant dû retourner à mon ancien appart aujourd'hui, j'ai décidé d'y aller en vélo, malgré le vent et la froidure. Quand j'arrive au bout de trente-cinq minutes de pédalage intensif, mes mains gantées sont glacées, et mon dos en sueur.
Tout ça pour découvrir que la personne avec qui j'avais rendez-vous avait décommandé cinq minutes auparavant.
Bon.
Retour en vélo, bien sûr. J'aurais dû prendre un vélib à l'aller, au moins j'aurais pu me reposer dans le RER au retour. Mais bon, je passe par des jolis coins. Même si ça grimpe.
J'arrive dix minutes avant l'heure à laquelle je dois faire la tournée des maternelles (l'école et l'assistante) pour récupérer mes gamins. Je change de T-shirt et je repars. Après une heure et quart d'exercice et des cuisses en comportes, mon triporteur me semble moins séduisant que d'habitude, mais c'est pas grave, je mettrai l'assistance électrique au maximum, pour une fois.
N'empêche, me dis-je au bout de quelques tours de roue, j'ai dû bien me fatiguer, parce que même avec l'assistance, je trouve ça plus difficile que d'habitude.
Ce n'est qu'en arrivant face à une côte que je me suis rappelé que j'avais oublié de recharger la batterie et que celle-ci était complètement à plat...

(En tous cas, la preuve est faite, je peux faire ce trajet même sans l'assistance électrique. La dernière montée fut rude, mais j'en suis venue à bout sans faire descendre les mômes. Demain, courbatures à prévoir.)

jeudi 21 novembre 2013

Thermomètre infrarouge

Depuis mardi, le Filou a une otite, une bronchiolite, et à mon avis également une angine, car il ne mange plus rien. Oui, ça faisait longtemps ; par rapport à l'automne-hiver-printemps dernier, c'est même franchement miraculeux que je n'aie pas eu à ressortir le thermomètre pendant plus de deux mois après la rentrée. Justement, le thermomètre. Contrairement aux autres, qui se laissaient plus ou moins faire – pas de gaîté de coeur, mais avec résignation –, le Filou ne supporte pas la prise de température rectale. Et il faut avouer qu'au milieu de la nuit, quand il fait quinze degrés dans la maison, déshabiller un pauvre bébé mal en point et lui ôter sa couche semble bien cruel. Même de jour, d'ailleurs, il n'est guère agréable de lui faire subir ça plusieurs fois de suite pour vérifier si oui ou non, le doliprane fait de l'effet (la réponse est bof).

Hier, je décide donc de me moderniser et d'acheter un nouveau thermomètre. Il était temps, au quatrième enfant. L'assistante maternelle m'ayant vanté les mérites de son thermomètre infrarouge, je débourse cinquante euros pour rapporter chez moi ce magnifique engin. Il faut avouer que c'est rigolo comme tout. D'abord, il mesure non seulement la température du corps, mais aussi celle des liquides (plus besoin de plonger le coude dans le bain pour voir s'il est trop chaud) et même de la pièce (ah, bigre, 17,6°C ? Je me disais aussi que j'avais froid...). Et puis il parle. En trois langues, s'il vous plaît. "La température de la pièce est de dix-huit virgule deux degrés celcius" (j'ai monté le thermostat, entre-temps), en français, en anglais, ou en espagnol. C'est rigolo. Il peut aussi se taire, par bonheur. Pratique, on peut prendre la température d'un gamin qui dort sans même le toucher, sans faire le moindre bruit ! OK, je n'aurais jamais l'idée d'aller voir un môme qui ne pleure pas en pleine nuit pour voir s'il n'est pas brûlant de fièvre, mais si je voulais, je pourrais le faire. Sympa !

Allez, je teste sur le bambin. Malgré son état de serpillière, ça semble l'amuser, que je vise sa tempe avec mon drôle de pistolet. Un bon point, donc. 38,3°C. C'est tout ? Tiens, j'aurais cru davantage. On recommence. Après avoir attendu une minute : la notice insiste bien là-dessus. 38,9°C. Ah, tiens, ça augmente. Peut-être que je me suis rapprochée ? Nouveau test. 39,5°C. Ça correspond à peu près à ce que j'aurais dit grâce à la bonne vieille méthode du bisou sur la tempe (bien plus fiable que la main sur le front : je devine généralement le résultat à un degré près). Mais pourquoi est-ce que ça monte comme ça ? Une minute plus tard, rebelote. 40,3°C. Carrément ? Il risque de convulser, non ? Sauf que c'est bizarre, ce résultat qui change tout le temps. Une dernière tentative. 41,3°C !

A ce stade, j'ai ressorti le bon vieux thermomètre rectal, immobilisé le gamin hurlant, et constaté qu'il avait 39,7°C. C'est dommage que je n'aie pas continué avec l'autre, j'aurais peut-être découvert que le petiot dépassait les 42°C, en fin de compte ?

Un peu perplexe, je me suis dit que quelque chose avait dû détraquer l'engin. Pourquoi est-ce que celui de mon assistante maternelle donnerait toujours un résultat exact à 0,2° près, et pas le mien ? Peut-être étais-je trop près d'un radiateur, ou peut-être n'avais-je pas réussi à garder toujours la même distance, ou peut-être n'était-il fiable qu'au bout de quelques heures de fonctionnement. J'ai donc laissé l'engin se reposer, et je l'ai ressorti en fin d'après-midi, après avoir ramené les Things de l'école. J'ai fait un nouveau test sur eux et moi : plus facile que sur un bébé pleurnichard.

Miss Thing One avait une température normale, 37,5°C.
Mr Thing Two était en hypothermie : 36,2°C. En pleine forme, à part ça, et remuant comme un tonneau de singes, comme d'habitude.
Quant à moi, je ne m'étais pas du tout rendu compte que j'étais malade moi-même : 38,6°C.

Aujourd'hui, je suis allée échanger mon magnifique pistolet à infrarouge contre un thermomètre auriculaire, comme celui qu'on vous fourre dans l'oreille dix fois par jour dans les hôpitaux, y compris à la maternité, à six heures du matin, juste au moment où le nouveau-né s'endort enfin après sa quatrième tétée de la nuit. Il paraît que ça n'est pas très précis, surtout pour les petits enfants qui ont tendance à avoir des bouchons de cérumen dans les oreilles, mais d'après ce que j'ai pu constater à plusieurs reprises aujourd'hui, ça fonctionne tout de même nettement mieux que l'autre machin à infrarouge.
Le seul problème, c'est que le Filou se débat avec autant d'énergie que lors des prises de température rectale. Il déteste qu'on lui mette un truc dans l'oreille, je l'ai déjà constaté les rares fois où j'essaie de le récurer avec un coton-tige. Chaque nouvelle prise de température est une bataille (et bien sûr que je fais ça du côté où il n'a pas d'otite, je ne suis pas idiote). Pour un résultat fiable à un degré près, dit la notice. A peu près aussi difficile que le thermomètre dans les fesses, donc, et à peu près aussi précis que le bisou-sur-la-tempe.

Je ne suis pas certaine d'avoir fait une affaire.

mercredi 20 novembre 2013

Moustiques septiques

La mauvaise nouvelle, c'est que la vidange, la désinfection, le comblement et la fermeture hermétique de la fosse septique dont nous venons de découvrir l'existence sous la terrasse à l'arrière de la maison va nous coûter 3000 euros.
L'autre mauvaise nouvelle, c'est que lors d'une transaction immobilière, le vendeur doit certifier que la maison est bien raccordée aux égouts comme le prévoit la loi, mais n'est pas obligé de garantir la conformité du raccordement. En plus de la fosse septique immonde à peine dissimulée sous une planche, il peut donc y avoir mélange des eaux pluviales et des eaux usées (c'est presque certain), absence de trappes et de regards (c'est avéré), et autres mauvaises surprises, sans qu'il soit possible de se retourner contre le vendeur.
La mauvaise nouvelle corollaire, c'est que la mise en conformité est obligatoire dans un délai de deux ans après l'achat, et qu'elle risque de nous coûter entre 3000 et 5000 euros de plus, vu la disposition des lieux.

La bonne nouvelle, c'est que j'ai enfin compris pourquoi les moustiques continuent à  tournicoter par dizaines chez nous, le 20 novembre, alors que les températures avoisinent les 5°C, et aussi pourquoi il règne à l'arrière de la maison cette odeur affreuse que même le vent ne parvient pas chasser. Et surtout, la bonne nouvelle, c'est que nous devrions enfin être débarrassés de ces désagréments en début de semaine prochaine.

(Quand je pense à l'endroit d'où venaient ces affreuses bestioles qui nous ont piqués férocement tout l'été, y compris sur le visage, à tel point que les passants croyaient que les Things avaient eu la varicelle, j'en ai la nausée.)

mardi 19 novembre 2013

Tout ça, c'est du turc !

Email collectif d'une collègue traductrice :
Est-ce que l'un d'entre vous traduit du suédois ? J'aurais besoin de savoir ce que signifient les titres suivants : Blablablä blübliblök...
Réponse d'une âme charitable huit minutes plus tard :
Je sais que mon suédois est assez rouillé, mais à mon avis, ce n'est pas du suédois... On dirait du turc. Ah, ça y est, je viens de vérifier, c'est du turkmène !
J'ai bien ri. Je sais, c'est vilain. D'autant plus vilain que, pour moi, c'était du chinois, ces titres-là...

lundi 18 novembre 2013

Et les tortues, alors ?

Hier, pour la première fois, Mr Thing Two a assisté à un spectacle de Guignol. Cerise sur le gâteau, il était tout seul avec sa maman : le Grand avait poliment décliné, Miss Thing One était malade, et le Filou trop jeune. L'histoire (le chat botté) l'a beaucoup impressionné, et il avait beau être assis sur mes genoux, quand le chat a annoncé qu'il allait entrer au château de l'ogre, le gamin n'en menait pas large. Il faut dire que le chat botté était facétieux : — Vous savez ce que ça mange, un ogre, chers petits ?
— Des enfants ! — Et vous êtes quoi, vous ? — Des enfants ! — Oh, quel dommage ! Mes pauvres chéris ! Bon, ben adieu..
Quand nous sommes rentrés à la maison, il a reparlé de cet ogre qui, heureusement, n'était "pas méchant" (en effet, il était drôle, donc il ne pouvait pas être méchant). J'ai voulu tester sa mémoire :
— Tu te rappelles en quoi il se transforme, l'ogre ?
— En lion !
— Oui, c'est ça.
— Et en souris, aussi !
— Ensuite il se change en souris, tu as raison.
— Mais pas en tortue !
— Heu... fais-je, un peu interloquée. Non, pas en tortue, c'est vrai.
Le gamin médite une seconde, puis déclare, indigné :
— Il se moque de moi !
(Sur le ton de "Comment ça, tu veux un troisième dessert alors que tu n'avais plus faim pour ta soupe ? Tu te moques de moi !")
Pour un peu, il aurait crié "Remboursez !", sauf que le spectacle était gratuit...

samedi 16 novembre 2013

MA nouvelle baby-sitter

Notre toute première baby-sitter s'appelait Maëlle. Elle habitait dans la même résidence que nous, et c'était une jeune étudiante sympa et dynamique. Le Grand devait avoir environ deux ans quand nous avons fait sa connaissance ; elle venait le garder quand nous allions au théâtre ou au cinéma, peut-être une fois par mois. Le Grand l'aimait beaucoup, car elle l'autorisait à manger assis en tailleur par terre, regardait avec lui un épisode des "Gens qui rient" (Friends) (pas très adapté à son âge, je vous l'accorde) et le laissait se coucher tard. Mais pour avoir été gardée moi-même par des baby-sitters étant petite, je sais que ça fait partie du plaisir, ces soirées où on peut déroger à toutes les règles habituelles et dont, en fin de compte, tout le monde ressort content : les parents parce qu'ils ont passé une soirée en amoureux, le gamin parce qu'il a fait tout ce qui est normalement interdit, et la baby-sitter parce qu'elle a été payée pour manger des pâtes et terminer sa dissertation ou regarder des DVD qu'elle n'a pas chez elle.

Quand Maëlle a déménagé en Australie, ce fut le tour de Manon, la fille d'une amie d'ami. Manon jouait très bien au playmobils, apparemment, et le Grand attendait toujours sa venue avec impatience. Son seul défaut était qu'elle habitait un peu plus loin, et comme nous n'avions pas de voiture pour la raccompagner, il fallait y aller à pied, ce qui occasionnait régulièrement des disputes avec Darling ("— Elle n'a pas besoin qu'on la raccompagne, je suis sûr qu'elle sort souvent toute seule à 23h ! — Je me fiche de ce qu'elle fait d'habitude, si elle se fait agresser en sortant de chez moi je ne me le pardonnerai jamais, on raccompagne toujours une baby-sitter, c'est la règle ! — Tu exagères, elle ne cours aucun risque ! Et je n'ai pas envie d'y aller, je suis crevé. — Bon, d'accord, alors c'est moi qui vais y aller. — Ah non, hors de question que tu te balades dehors toute seule à une heure pareille, c'est dangereux ! — Mais tu viens de dire que...").

Après la naissance des jumeaux, nous ne sommes plus beaucoup sortis, tout simplement parce que je ne voulais pas confier deux bébés d'un coup à une petite jeunette alors que j'étais déjà débordée moi-même. Mais au bout d'un an, nous avons tout de même fait appel deux ou trois fois à Marylin, une jeune fille qui avait travaillé à la crèche l'année précédente, et qui donc connaissait bien les Things, et savait s'y prendre avec des bébés. Elle n'est pas venue souvent, mais je lui voue une reconnaissance éternelle, car c'est elle qui est venu s'occuper des gamins le soir où j'ai accouché du Filou, ce qui a permis à Darling d'assister à la naissance. Elle m'avait même dit que je pouvais l'appeler en pleine nuit si je perdais les eaux à deux heures du matin, tant je redoutais de devoir partir seule pour la maternité.

Il y a eu aussi Marine, sœur aînée d'un ami du Grand, qui a gardé occasionnellement ce dernier tout seul avant l'arrivée des Things, mais surtout qui est venu passer deux semaines avec moi l'été qui a suivit la naissance du Filou, m'évitant la déprime et la panique qui m'attendaient fatalement si je devais rester tout ce temps en tête-à-tête avec deux bambins de deux ans et un nouveau-né. Une jeune fille adorable, qui m'a apporté un vrai soutien logistique et un vrai soutien moral ; j'ai été ravie des quinze jours que nous avons passés ensemble.

Et depuis, plus rien. Tout simplement parce que je ne me voyais pas lâcher un(e) baby-sitter innocent(e) dans une maisonnée avec un Grand surexcité et trois bébés, donc autant de douches à donner, autant de bouches à rassasier, autant de couches à changer. Quand je sortais, c'était donc toujours avec un(e) ami(e), pas avec Darling. Mais depuis notre déménagement, je me suis rendu compte que la situation avait changé. Les Things savent désormais parler, donc les hurlements de rage ou de désespoir incompréhensibles ne sont plus à craindre. Par ailleurs, le Filou se réveille de moins en moins souvent la nuit. J'ai donc estimé que nous pouvions recommencer à sortir. L'assistante maternelle du Filou m'a recommandé une jeune fille dénommée Mathilde, qui viendra avec une amie et partagera avec elle corvées et rémunération. Et donc ce soir, pour la première fois depuis des lustres, je sors en tête-à-tête avec Darling. Je n'en reviens pas moi-même.

Et que ça se passe bien ou mal, je pense qu'on peut raisonnablement s'attendre à ce que le/la prochain(e) baby-sitter s'appelle Marianne, Marieke, Madeleine ou Malick...

(Remarque : pour conserver cette coïncidence si drôle, je n'ai pas changé les prénoms des personnes concernées. Si jamais quelqu'un me lisait, se reconnaissait, et s'en offusquait, je m'engage bien entendu à l'anonymiser immédiatement.)

vendredi 15 novembre 2013

Triporteur hivernal

Ce qu'il y a de bien avec le vélo, c'est que le chauffage et la clim sont intégrés. Mais si, mais si. Même s'il fait -5°C, on n'a pas froid, parce qu'on fait de l'exercice. Et même s'il fait 40°C, on n'a pas chaud, parce qu'on est rafraîchi par une petite brise très agréable.
(Ce n'est pas une boutade. Je me suis souvent fait cette remarque, à l'époque où j'allais au travail en vélo par les hivers les plus rudes et les canicules les plus torrides.)

Mais pour des passagers qui ne pédalent pas, c'est une autre affaire. En hiver, avec le vent froid, on est très vite gelé. Et s'il pleut, n'en parlons pas.

Du coup, j'ai offert une tente à mon triporteur :

Conclusion ? C'est parfait. Vraiment parfait. Très vite, grâce aux respirations mêlées des trois gamins, il règne une douce tiédeur dans l'habitacle, à tel point que quand les feux rouges s'éternisent, j'ai presque envie d'aller les rejoindre.

Et puis maintenant, je peux frimer encore plus qu'avant, et expliquer aux gens que je vais chercher mes mômes à l'école en décapotable...

jeudi 14 novembre 2013

Un style à briser le souffle

Lu aujourd'hui dans Le Monde : "L'odeur des cadavres putréfiés brise la respiration".
J'imagine que quelqu'un a trouvé l'expression "couper la respiration" trop plate, ou a voulu éviter une répétition, et a cherché un synonyme.
La prochaine fois que je traduirai une histoire romantique, je tenterai un "Dès qu'il la vit, il chuta amoureux d'elle", histoire de varier les plaisirs, moi aussi...


mercredi 13 novembre 2013

Le petit bonhomme est rouge

— Non, t'as pas le (d)roit, t'as pas le 'roit !
Je me réjouis toujours de voir mes enfants grandir. Cela dit, il y a certaines étapes dont je me passerais bien. Le lavage de dents, par exemple. Ou la découverte des feux de signalisation. Depuis quelques jours, les Things ont enfin compris pourquoi le bonhomme rouge se tenait immobile, les pieds écartés, tandis que le bonhomme vert avançait d'un pas alerte. Par la même occasion, ils ont aussi compris que quand nous étions en triporteur, le rond rouge signifiait que je devais m'arrêter de pédaler, alors que le rond vert équivalait à un laisser-passer. Mais ça, en tant que cycliste modèle, très respectueuse du code de la route, ça ne me dérange pas. Alors qu'en tant que piétonne...
— Non, maman, t'as pas le 'roit de 'raverser !
Voilà, maintenant je fais partie de ces gens qui poireautent bêtement devant un passage piéton alors qu'il n'y a pas une seule voiture à l'horizon, alors que le feu précédent vient de passer au rouge et que celui-ci va suivre mathématiquement, alors que la rue est très peu fréquentée, ou même qu'elle est bloquée par des travaux. J'attends, et je regarde passer les heureux piétons sans enfants – qui se font aussitôt rappeler à l'ordre par mes gamins.
- Oh, la dame elle a pas le 'roit !
Il m'arrive de regretter le temps pas si lointain où je me demandais s'ils n'étaient pas daltoniens...

(Quand ça lui aura complètement passé, je regretterai aussi ce défaut de prononciation de Miss Thing One qui lui fait sauter toutes les premières lettres des mots qui commencent par une consonne suivie d'un R. Même si des phrases comme "J'ai 'rès 'roid aux 'ras, j'ai pas 'ris mon pull parce qu'il y a un 'ros 'rou dedans, c'est pas 'rôle" pouvaient nécessiter quelques minutes pour être décryptées...)

mardi 12 novembre 2013

Jardinage en famille

Lundi matin, jour ferié. Il fait beau, pour la première fois depuis des semaines ! Il faut absolument en profiter. Mon jardin, totalement négligé depuis plus d'un an, est en train de se transformer en jungle, et puis on m'a offert des arbres fruitiers que je n'ai pas encore plantés. Allez, tout le monde dehors, et au boulot !

A chacun sa conception du jardinage :
- Darling vient nous prêter un quart d'heure sa force physique lorsqu'il s'agit de venir à bout d'une racine particulièrement tenace. Après quoi il s'éclipse sous le prétexte de vider le lave-vaisselle, de nous préparer du café ou de nettoyer la poussière que nous rapportons au fur et à mesure de nos allées et venues. Ce qu'il aime vraiment, c'est balayer en écoutant de la musique, pas jardiner.
- Le Grand ramasse les feuilles mortes avec l'aide des Things. Dès que ceux-ci en ont assez, il s'arrête. Ce qu'il aime vraiment, c'est chahuter avec ses frères et sœur, pas jardiner.
- Miss Thing One ramasse quelques feuilles, une par une, du bout des doigts, pour ne pas se salir les mains. Mais décidément, c'est trop mouillé, et puis le Grand lui donne des ordres, et puis c'est fatigant. Elle rentre faire un dessin. Ce qu'elle aime vraiment, c'est qu'on la laisse tranquille, pas jardiner.
- Mr Thing Two passe toute la matinée dehors. Sous le prétexte de nous aider, il se roule dans les feuilles mortes, tape partout avec un bâton, fouille sous les cailloux, creuse la terre à pleines mains, se met de la boue jusqu'aux sourcils. Ce qu'il aime vraiment, c'est se salir, par jardiner.
- Le Filou reste accroché à moi ne cesse pas un instant de pleurnicher. On ne sait pas vraiment pourquoi. Il ne veut pas ramasser des feuilles, ne veut pas jouer au ballon, ne veut pas rentrer dans la maison avec son père. Il se calme un peu quand je le prends sur le dos dans le porte-bébé, mais ne se console vraiment que quand je rentre enfin avec lui à la maison à la fin de la matinée. Ce qu'il aime vraiment, c'est qu'on s'occupe de lui, pas jardiner.
- Quant à moi, je ne ménage pas mes efforts : je taille, je creuse, je transporte, je ramasse, tout ça avec un sac à dos de douze kilos qui gigote (le Filou, donc). Je me disperse beaucoup, j'entreprends dix choses et n'en achève aucune, je perds continuellement mes instruments, et surtout, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il faut réellement faire. Bref, j'ai beau m’essouffler et récolter des courbatures partout, même à des muscles dont j'ignorais l'existence, je ne suis pas très efficace. Ce que j'aime vraiment, c'est me dépenser, pas jardiner.

Malgré tout, à l'heure du déjeuner, le pommier était planté et arrosé, les rosiers étaient taillés, la vigne aussi (j'ai une vigne, moi ?), et quelques buissons en prime ; la terre avait été remuée (binée ?), du lierre arraché, une bonne partie des feuilles mortes avaient été ramassées, un câble envahissant avait été enterré, et le jardin avait été un peu nettoyé.
Mais par quel miracle, me direz-vous ?
Eh ! bien, mon père adoptif était venu nous donner un coup de main – autrement dit, faire l'essentiel du boulot. Et lui, ce qu'il aime, c'est vraiment jardiner...

(N'empêche, nous avons passé une bonne matinée, tous ensemble. Vivement le prochain weekend de beau temps, qu'on recommence !)

samedi 9 novembre 2013

Question d'humeur

Mr Thing Two a la particularité de se réveiller presque toujours d'une humeur exécrable. Son grand frère était déjà un peu comme ça, et on ne peut pas dire que son père soit la personne la plus affable du monde au saut du lit, mais ce sont tous les deux des petits joueurs à côté de Mr Thing Two qui est capable de pleurnicher, voire de hurler de rage pendant au moins une demi-heure, et ce deux fois par jour : le matin, et au lever de la sieste. Ça lui arrive même à l'école, et dans ces cas-là, il n'y a rien à faire : câlins, réprimandes, promesses, nourriture, annonces, jeux, renvois au lit, j'ai tout essayé, même la fessée une fois*, rien ne fonctionne.
Je souhaite bien du courage à sa future épouse (ou son futur époux, y a pas de raison).

Cet après-midi, au moment de le coucher pour la sieste, après en avoir fait autant avec les deux autres, je lui tiens un discours très sévère :
— Je te préviens, tu ne te lèves pas tant que tu n'es pas de bonne humeur ! Nous ne sommes pas pressés, nous n'irons nulle part cet après-midi, tu peux rester au lit autant que tu veux ; alors quand tu te réveilles, tu restes un peu dans ton lit, et tu n'en sors que quand ta mauvaise humeur est passée. Et tu n'oublies pas de mettre tes chaussons et d'aller faire pipi avant de descendre. Mais seulement quand tu es de bonne humeur, hein ? Compris ?
— Oui, oui !
Je lui fais un bisou et je descends pour débarasser la table ; je prends les verres, je vais dans la cuisine, j'en ressors, et je me trouve nez à nez avec un petit bonhomme en train d'enfiler consciencieusement son deuxième chausson, assis en bas des marches.
— Mais qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi t'es-tu relevé ?
— Parce que j'ai de bonne humeur, maintenant !

(Je l'ai ré-expédié au lit, bien sûr. Je n'aurais pas dû : il a dormi, et il a ensuite tempêté entre 16h15 et 17h, pendant que nous essayions de prendre notre goûter tranquillement.)

* Je nierais farouchement devant un juge avoir jamais usé de violence envers mes enfants, sachez-le. C'est bien connu, les blogs, c'est de l'autofiction et pas vraiment vraiment la vraie vie.

vendredi 8 novembre 2013

Soupe mystérieuse

Hier soir, grand minestrone avec des légumes de saison, des pois chiches et du riz basmati. Un plat complet, végétarien mais protéiné, qui associe les légumineuses et les céréales, économique et écologique, à index glycémique assez bas, bref, j'ai tout bon. Et en prime, ce n'est pas mauvais.
Darling adore.
Le Grand aime beaucoup.
Les trois petits détestent.

Hélas, il m'en reste au moins deux ou trois kilos (c'est si long de faire des pois chiches que j'ai voulu rentabiliser mes efforts). Ce soir, grande question : comment faire passer tout ça en douce ? J'ai plusieurs idées (gratin, chaussons en feuilles de brick, galettes...), mais pour rendre le mélange réellement méconnaissable, je décide de tout mixer. Cela donne une soupe un peu épaisse, assez agréable, bien nourrissante. Le goût reste très proche de celui d'origine, forcément.
Darling adore.
Les trois petits aiment beaucoup.
Le Grand déteste.


Mais, heu ?

jeudi 7 novembre 2013

Jamais fini

Je vous avais raconté que j'avais dû faire venir le chauffagiste pour remettre en marche la chaudière. Celui-ci, voyant notre cheminée, m'a expliqué que c'était un véritable "aspirateur à air chaud", très peu rentable comme moyen de chauffage, et m'a conseillé :
— Vous devriez faire boucher la cheminée. Ou alors, mettez un insert, ça chauffe bien et vous ferez des économies sur le gaz.

J'y avais déjà pensé, surtout que je rêve de pouvoir faire du feu chez moi, mais pas dans un foyer ouvert, pour des raisons de sécurité et d'écologie, entre autres. Je fais donc venir le cheministe, qui confirme (bien sûr) que c'est une bonne idée.
— Mais tant que votre maison sera aussi mal isolée, vous aurez froid et vous consommerez une fortune en chauffage, ajoute-t-il. Il faut au minimum que vous mettiez des doubles vitrages.

En effet, les fenêtres sont en papier à cigarette, et celles du deuxième étage sont tellement moisies que je n'ose plus les ouvrir de peur qu'elles me restent dans la main. Je fais donc venir le menuisier, qui confirme (évidemment) que c'est indispensable.
— Mais il vous faut aussi une bonne ventilation, renchérit-il. Regardez-moi ça, vos fenêtres sont couvertes de buée ! Il faut absolument que vous fassiez mettre une VMC, surtout si vous mettez des doubles vitrages, sinon ça va devenir une étuve.

Je comprends maintenant pourquoi certains murs commencent à moisir. Va pour une Ventilation Mécanique Contrôlée. Je fais venir le ventilateur l'installateur de VMC, qui me confirme (naturellement) que c'est en effet nécessaire. Il examine les combles pour voir s'il dispose de suffisamment de place, et s'exclame :
— Mais vos combles ne sont pas isolées ! Vous savez que la chaleur s'échappe surtout par le toit ? Il faut vraiment que vous fassiez isoler les combles, sinon vos futurs doubles vitrages ne serviront pas à grand-chose. Et pendant que j'y suis, vous avez un tuyau d'évacuation d'eau qui fuit, là. Non non, ce n'est pas de l'humidité résiduelle, même la VMC n'améliorera pas les choses. Il faut faire venir le plombier. Et à part ça, cette mauvaise odeur, vous êtes sûre que ça vient d'un problème d'égout mal bouché ? Parce que vous faites ce que vous voulez, bien sûr, mais si j'étais vous, je ferais examiner l'ancienne fosse septique, ça m'étonnerait qu'elle ait été nettoyée et comblée comme le prévoit la loi... Oh, tiens, la maison était chauffée au fioul, autrefois, et on dirait que la cuve est toujours là. Vous savez que si elle n'a pas été vidée et qu'elle se fissure, ça va polluer toute la nappe phréatique ? Je vous conseille de la faire enlever. Bon, alors je vous envoie un devis pour la VMC. Dites donc, il n'est pas aux normes, votre raccordement au gaz, faites attention, c'est dangereux, un robinet comme ça... Allez, bonne journée. Faites couper ce lierre, parce qu'il est déjà en train d'envahir la gouttière, ça va mal finir. Au revoir !

Je savais bien que j'avais raison de redouter le passage de l'appart dans un grand immeuble à une maison individuelle...

mardi 5 novembre 2013

Crème au chocolat ultra-rapide

(Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas causé cuisine ici, non ?)

Il m'a fallu des mois, que dis-je, des années de recherches, d'expériences, de tentatives, de ratés, de semi-réussites, d'énervements, de recommencements. Mais ça y est, je la tiens enfin : LA crème au chocolat parfaite, celle qui a juste le bon goût et la bonne consistance, assez épaisse mais pas trop, assez chocolatée mais pas trop, assez sucrée mais pas trop, 100% bio, et surtout, prête en cinq minutes (le critère le plus difficile à respecter). Jamais plus je n'achèterai de Danette. (Certes, je n'en ai jamais acheté ; alors disons que je ne commencerai pas, voilà.)

Et comme j'aime les calculs, je me suis amusée à calculer le prix de revient de chaque crème, pour voir si je faisais juste ça pour la satisfaction du "c'est moi qui l'ai fait et je sais ce qu'il y a dedans" et pour l'absence d'emballages à jeter (ce qui serait déjà deux bonnes raisons), ou si je faisais des économies. Je sais, je vous ai déjà fait subir ce genre de comptes, mais c'est toujours intéressant de vérifier si le "fait maison" revient réellement moins cher, non ?

Alors :
- 50 g de fécule de maïs bio achetée à 2,33 € les 250g : 0,46 €
- 80g de sucre blond acheté 18 € les 5 kilos : 0,29 €
- 200 g de chocolat noir bio et équitable : 3,35 €
- 1 litre de lait entier bio : 1,82 €
En négligeant le prix du gaz ou de l'induction, cela nous fait donc 5,92 € pour environ 1,3 kilo de crème (10 pots de yaourt), soit 4,55 € le kilo.

La crème au chocolat bio la moins chère chez Houra coûte, elle, 1,99 € pour 4 pots, soit 5,24 € le kilo.

Ce qui nous fait tout de même 15% de plus. Si j'en fais une fois par semaine, j'économiserai donc près de 36 euros par an. De quoi s'acheter le meilleur triporteur du marché en moins d'un siècle ! Avouez que c'est considérable...


(Ah, et pour ceux que ça intéresse, les trois secrets de la rapidité de cette crème : premièrement, tout mélanger à froid au lieu de s'embêter à faire ça en deux fois et transvaser et faire fondre le chocolat à part et que sais-je encore ; deuxièmement, mettre à feu très vif et fouetter sans cesse jusqu'à ce que ça épaississe, au lieu de s'endormir devant un feu doux ; troisièmement, utiliser une casserole à bec verseur et un entonnoir à verrines qui facilite énormément le remplissage des pots. C'est tout. Pour sauter l'étape du concassage du chocolat, j'ai essayé d'utiliser directement du cacao en poudre, mais c'était moins bon. Mais en tapant la tablette encore emballée contre le plan de travail, ça va assez vite, et puis ça défoule.)

lundi 4 novembre 2013

Il suffisait de demander !

Comme je vous l'ai raconté ici, j'ai commencé à me faire des amis dès mon emménagement dans cette commune en déposant un recours contre mon nouveau maire, afin de lui rappeler que les double-sens cyclables étaient obligatoires en zone 30 depuis un décret vieux de cinq ans, et que sa décision de créer des zones 30 cet été en interdisant systématiquement ces double-sens constituait donc un abus de pouvoir.

Quinze jours plus tard, j'ai reçu une réponse. Tout cela n'est qu'un affreux malentendu. Le maire n'a jamais voulu aller contre la loi, non. L'arrêté interdisant les doubles-sens cyclables était provisoire, juste le temps de faire les travaux nécessaires. Le maire a d'ailleurs annoncé à plusieurs reprises que ces doubles-sens seraient mis en place peu à peu, et c'est bien regrettable que je n'en ai pas été informée, parce que franchement, on n'a pas idée de faire un recours comme ça, sans savoir. Mais, bon prince, il ne m'en veut pas, et me félicite pour mon zèle.

Étant donné que 1- l'arrêté utilisait des termes parfaitement définitifs ("Notre ville ne se prête pas à ces aménagements, et les double-sens cyclables sont donc interdits"), que 2- j'ai entendu de mes propres oreilles le maire expliquer qu'il était contre lors de la réunion d'accueil des nouveaux membres de la commune, que 3- il y avait un encart officiel dans le journal municipal de septembre-octobre expliquant que les zones 30 seraient à sens unique même pour les vélos, et que 4- les "travaux nécessaires" dont il est question consistent en un panonceau et un coup de peinture qui auraient très bien pu être faits en même temps que le reste, je pense qu'on peut affirmer sans risque de trop se tromper que mon nouveau maire n'a pas comme préoccupation première le respect impératif de la vérité. Mais je me suis dit que ça valait le coup d'attendre pour voir la suite, car on pouvait supposer qu'il avait compris que sa position n'était pas tenable, et qu'il allait se faire taper sur les doigts par le tribunal administratif s'il persistait dans cette voie.

Et en revenant de weekend, j'ai trouvé ça à l'entrée de ma rue :












 (Je vous l'avais dit : un panonceau sous le panneau "sens interdit", et un coup de pochoir par terre. Ça leur a pris quoi, allez, un quart d'heure ?)

Voilà, maintenant je songe à entrer dans la politique. Fofo présidente ! Vous voterez pour moi ?