vendredi 19 juillet 2019

Des photos non concluantes

Les gamins rentrent de colonie ce soir. Sur le site des organisateurs, quelques photos floues ont été postées. Je les scrute avec le Grand.

— C'est Miss Thing One, la fille de profil, non ?
— Ben, il me semble... Mais je n'ai jamais vu ce t-shirt jaune poussin auparavant... Pourtant, c'est bien ses cheveux, et elle a une montre comme elle, et elle lui ressemble drôlement...

Photo suivante.

— Oh, et là, regarde, avec les lunettes de soleil, c'est encore elle ! Pas vrai ?
— C'est la même tête, en tous cas. Et elle a un appareil photo rouge autour du cou qui ressemble à celui que je lui ai donné. Mais ta sœur n'a jamais eu de t-shirt blanc marqué "Adidas", ni de casquette verte...

Je suis perplexe. Aurait-elle un sosie à la colonie dont elle a omis de me parler dans sa courte lettre ? Ou va-t-elle revenir ce soir avec une valise qui n'est pas la sienne ?

jeudi 18 juillet 2019

Lettre de Miss Thing One

Les trois plus jeunes sont en colonie depuis lundi dernier. C'est leur première colonie, et ils étaient enchantés d'y aller, parce qu'ils avaient assisté à la réunion d'information et que le directeur avait vraiment réussi à leur donner envie. Et puis c'est forcément plus facile à trois que tout seul.

Lundi dernier, je les ai donc amenés à la gare, avec leurs vêtements étiquetés dans leurs valises étiquetées et leurs étiquettes au poignet, et je leur ai dit au revoir, en leur recommandant pour la millième fois :
— Vous me donnerez des nouvelles, hein ! Vous avez des enveloppes timbrées, des cartes, du papier, alors vous m'écrirez vite, un jour ou deux après l'arrivée, pour me dire si c'est bien, là-bas !

Depuis, plus de nouvelle. Heureusement que je ne suis pas une mère angoissée, ni suffisamment naïve pour croire qu'ils obéiraient illico à mes mille recommandations. N'empêche que tous les jours depuis jeudi dernier, je vérifie le contenu de ma boîte aux lettres, et je suis de plus en plus dépitée.

Et puis aujourd'hui, miracle ! Je reconnais ma propre écriture sur une enveloppe ! A l'intérieur, une feuille, une seule. Pas de date, pas de signature, mais je sais tout de suite que c'est ma gamine, à l'écriture et à l'orthographe (celle de son frère jumeau est bien pire, et le Filou vient seulement de finir le CP). Et surtout, c'était sur elle que je comptais le plus pour m'écrire, parce que les autres sont de gros flemmards quand il s'agit de tenir un stylo.

Je la reproduis tel quel ci-dessous, d'abord pour donner des nouvelles à ceux de la famille qui lisent mon blog, et ensuite parce que je suis très contente de recevoir pour la première fois de ma vie une lettre de l'un de mes enfants (le Grand m'avait bien écrit une carte postale un jour, contraint et forcé par ma mère, mais voilà tout).

Coucou mamounète !
J'ais âte de te revoir mais en même temps j'ais envie de resté.
Nous sommes allé a la piscine mais nous n'avons pas pied. On a pris des cainture et on c'est bien amuser.
Je me suis fait 2 amis. On est dans une chambre a 6 et on a une animatrice. Trop sympas ! Elle s'appelle Lucie.
A bientôt !

Bien, j'en conclus que ça se passe bien, au moins pour elle, et pas trop trop mal pour ses frères, sinon elle me le dirait (je pense). J'en saurai davantage quand je les récupérerai vendredi. Quitte à nuire à ma réputation de mère indigne, j'avouerais que j'ai presque "âte", moi aussi !

mardi 16 juillet 2019

Shorts pour fille

Faites le test, pour voir. Entrez dans le magasin de vêtements pour enfants le plus proche de chez vous. Allez regarder le rayon des shorts pour les garçons, en solde ou non. Puis allez regarder le même rayon, mais chez les filles.

Avec un peu de chance, les modèles équivalents seront au même prix. Mais pour moitié moins de tissu. Car tous les shorts des filles, tous, s'arrêtent tout en haut de la cuisse, au ras des fesses. Ceux des garçons vont au minimum jusqu'au milieu des cuisses, ou même jusqu'au genou.

Ah, vous trouviez que votre fille de 4, 8 ou 12 ans n'avait pas absolument besoin d'être "sexy", voire que c'était plutôt malsain ? Ah, vous pensiez qu'il n'était pas indispensable qu'on voie sa culotte quand elle se penche en avant ou grimpe aux arbres ? C'est que vous êtes vieux-jeu. Tant pis pour vous.
(Tant pis aussi pour ceux qui voudraient que leur garçon aient un short le plus court possible pour avoir moins chaud ou patauger dans un torrent sans se déshabiller ou n'importe quelle autre raison. Non, visiblement, pour les petits garçons, le haut de la cuisse est bien trop indécent.)

Test complémentaire : vérifiez la taille des poches. Quand j'ai fini, à sa demande, par lui acheter un short au rayon "garçons", ma gamine s'est émerveillée : il y avait des poches, des vraies, assez grandes pour y mettre des choses dedans, des mouchoirs ou des jolis cailloux ou des pièces de monnaie !
Ah oui, parce que sur les poches aussi, les fabricants rognent sur la quantité de tissu. Uniquement pour les filles, bien sûr. Et les femmes, évidemment. Selon une étude très sérieuse, 10% des jeans pour femme ont des poches assez grandes pour pouvoir y mettre la main. Contre 100% des jeans pour homme. Et là, pas moyen de faire l'équivalent de ce que j'ai fait pour Miss Thing One : je n'ai aucune chance de trouver un pantalon adapté à ma morphologie au rayon "hommes".

Non, ce n'est pas gravissime, loin de là. Mais oui, ça m'énerve.

lundi 15 juillet 2019

Théories du complot

Vous connaissez certainement les antivax, qui sont convaincus sans la moindre preuve scientifiques (et même avec des centaines d'études prouvant le contraire) que les vaccins rendent autistes. J'ai même lu un jour quelque part un "Je connais trois personnes autistes, eh ben comme par hasard ils ont tous été vaccinés dans leur enfance" qui m'a stupéfiée (personnellement, toutes les personnes que je connais qui ont eu un accident de la route mangeaient du pain, alors je suis très inquiète). Bon, les antivax ne sont pas très rigolos, car ils contribuent à la propagation de maladies qui peuvent être gravissimes pour des personnes au système immunitaire défaillant. Bref.

Vous avez aussi probablement entendu parler des platistes, qui pensent que la Terre est plate et que ce n'est qu'à cause d'un grand complot mondial qu'on croit le contraire. Ce qui me fait mourir de rire, car ça me rappelle une histoire parodique d'un Christophe Colomb qui partait faire le tour du monde et qui finalement arrivait au bord de l'assiette terrestre, manquant de basculer dans le vide avec ses bateaux, ce qui du coup le contraignait à faire demi-tour, "mais comme il a eu honte de son échec il ne l'a raconté à personne, et du coup aujourd'hui tout le monde croit que la Terre est ronde". OK, les platistes ne sont pas très clairs sur la raison pour laquelle on soudoie les pilotes d'avion afin de tromper la population, mais l'idée est amusante.

Vous savez aussi sans doute que Michael Jackson n'est pas mort, que la NASA nous cache l'existence des extra-terrestres, et que les Illuminati contrôlent le monde. Ah, et plus récemment, que Notre-Dame a brûlé parce que Macron n'avait pas eu le temps de terminer le discours qu'il devait prononcer ce soir-là.

Mais connaissez-vous les récentistes, dont je viens de découvrir l'existence ? Ce sont des gens qui pensent que le Moyen-âge a été inventé par l’Église Catholique, alors qu'en réalité on est passé directement de l'Empire Romain à la Renaissance. Comme les platistes, ils ne donnent pas beaucoup d'explication sur la motivation de ce complot organisé à l'échelle mondiale, mais voilà, sachez-le, les historiens vous mentent.
Franchement, j'aimerais comprendre comment fonctionne le cerveau des gens qui inventent des histoires pareilles. C'est fascinant, non ?

PS : Un commentaire sur Twitter qui m'a réjouie pour la soirée : "Ah, alors c'est pour ça que la fin du monde n'a pas eu lieu en 2012 : parce qu'en fait on est en 1012 !". Eh oui, il suffisait d'y penser...

dimanche 14 juillet 2019

Bilan au bout d'un an

Ça fait exactement un an que j'habite ici. C'est donc l'heure du bilan.
(Ne vous inquiétez pas, ça devrait être rapide.)

Dans l'ensemble, l'année n'a pas été facile, surtout les premiers mois. Le travail ET les enfants en solo ET les démarches variées ET le rangement inévitable après un déménagement, ça faisait beaucoup. Et tout n'est pas terminé, loin s'en faut. Mon cagibi est encore en bazar, les fournitures scolaires ne sont pas triées, toutes les étagères de la maison sont un peu penchées faute de cales, il y a encore des ampoules nues ici et là. Ma connexion internet est mauvaise. Il faut que je vende mon triporteur que je n'utilise plus. J'ai mis des mois à trouver un opticien qui sait s'occuper des enfants, un kiné à l'écoute, une retoucherie correcte, une benne à vêtements, un médecin traitant, etc., et il me manque encore quelques bonnes adresses.

Bref, autant dire que depuis un an, je ne dors pas beaucoup, je ne fais pas beaucoup de sport, je ne lis guère et je n'ai presque pas mis les pieds au théâtre ou au cinéma. Mais tout cela va s'améliorer. Cela s'améliore déjà. Depuis environ deux mois, j'ai l'impression de toucher terre.

Donc, problèmes conjoncturels mis à part, qu'est-ce qui a changé en mieux ou en moins bien pour moi depuis juillet 2017, avant la séparation et le déménagement ?

Points négatifs :
- Je n'ai plus d'herbes aromatiques fraîches à volonté. J'ai bien essayé d'en faire pousser dans des pots sur le rebord de la fenêtre, mais elles sont mortes très vite. Je dois utiliser des herbes congelées ou séchées, et il faut reconnaître que ça a beaucoup moins de goût.

Points positifs :
- Tout le reste.


Voyez, je vous avais dit que ce serait rapide.

(Qu'est-ce que je suis bien dans cet appart, bien dans ma vie de célibataire, bien dans mon quartier !)

jeudi 11 juillet 2019

Le haut-le-coeur de onze heures du soir

— Maman, je pense qu'il faut changer ma brosse à dents, m'annonce le Grand au moment du coucher.
— Ah ? Elle est abîmée ?
— Non, enfin si, mais surtout il y a des algues noires à l'intérieur, je ne pense pas que ce soit normal.

mercredi 10 juillet 2019

Noyade dans la Seine

(Attention, ceci n'est pas un article rigolo)

Lundi soir, j'ai assisté à une noyade en direct.

J'étais partie faire une grande promenade à vélo, le soir, pour admirer Paris sous le soleil couchant, pour me dégourdir les jambes, pour profiter de la fraîcheur retrouvée. J'ai gagné la Seine côté rive droite et j'ai commencé à rouler au pas sur les voies sur berge devenues piétonnes, pleines de pique-niqueurs, de touristes épatés, de gamins joyeux. Et puis quand je suis arrivée au Pont-Neuf, j'ai vu quelqu'un qui nageait dans le fleuve, et des gens qui criaient autour, depuis la berge et du haut du pont. Je me suis arrêtée et j'ai constaté que deux hommes, bientôt rejoints par un troisième, nageaient le plus vite possible vers un autre en train de s'enfoncer dans l'eau. Apparemment, il était tombé du pont quelques secondes plus tôt. Je présume qu'il est tombé, et qu'il n'a pas sauté pour se rafraîchir, d'abord parce qu'il avait encore ses chaussures, ensuite parce que le pont est assez haut et que quelqu'un désireux de se baigner aurait plutôt choisi de sauter de la berge, et enfin parce qu'il ne faisait pas chaud, ce soir-là. J'ignore comment il est tombé. J'imagine qu'il était assis sur le rebord du pont et qu'il a fait le clown ou qu'il a été bousculé. Et soit il ne savait pas nager, soit il était ivre, soit il est tombé à plat dos ou sur la nuque et ça l'a assommé.

Toujours est-il que quand les hommes qui avaient plongé pour le repêcher sont arrivés sur place, il avait déjà coulé.

Ils ont bien tenté de plonger, mais ils n'ont pas réussi à le retrouver. Sans lunettes, et dans cette eau marron, ils n'y voyaient rien.

Sur le quai, plusieurs personnes avaient déjà appelé les pompiers, et j'ai même entendu une femme s'indigner en anglais qu'ils ne soient pas déjà là, parce que "dans une grande ville, ils devraient arriver en une minute maximum". Personnellement, je me demandais comment ils feraient pour venir, car même sirènes hurlantes, ce ne serait pas facile de circuler dans les rues. Mais en fait ils sont arrivés par barque à moteur : deux de pompiers, une de police. A bord, les pompiers étaient déjà en combinaison de plongée et terminaient de mettre leurs masques. Ils ont disparu sous l'eau. Sont remontés les mains vides. Ont recommencé. Et cette fois, ils sont remontés avec un corps inanimé. Le noyé a été hissé à bord, un pompier a immédiatement entrepris de lui faire un massage cardiaque, et la barque est partie aussitôt.

(Ah, et j'oubliais de dire que les policiers, eux, avaient repêchés les héros qui s'étaient jetés à l'eau et qui ne réussissaient pas à remonter sur les berges : pas d'escalier à cet endroit-là).

Voilà, je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça. Sans doute parce que ça m'a passablement traumatisée. L'homme a passé au moins cinq minutes sous l'eau, peut-être plus – je n'ai évidemment pas pensé à regarder ma montre. Il paraît qu'il y a de bonnes chances qu'il puisse être ranimé, et que le cerveau peut survivre à environ six minutes de manque d'oxygène sans séquelles. J'ai regardé dans les actualités pour savoir s'il allait bien, mais il faut croire que ce genre d'incident n'est pas suffisamment rare pour qu'on en parle : je n'ai rien trouvé.

Tout ça pour dire que c'est mieux de ne pas s'assoir sur le rebord d'un pont. Et aussi que mes enfants vont prendre des cours de natation à partir de septembre, et que je ne lâcherai pas l'affaire tant qu'ils ne sauront pas nager.

vendredi 5 juillet 2019

L'école est finie (ou presque)

16h40. Sonnerie à la porte. Ce sont les trois mômes, qui rentrent tout seuls depuis quelques mois.
— Bonjour maman ! On est en vacances !
— Ouaiiiis !
— Youpie !
On prend le goûter en vidant les cartables. L'ambiance est joyeuse. Puis, comme d'habitude, je retourne à mon bureau pour recommencer à travailler, et eux se dirigent vers leur chambre. Dans le couloir, j'entends le Filou qui propose aux deux autres :
— On joue à l'école ?
— Oui, d'accord ! répond Miss Thing One avec enthousiasme.

Je ne m'en suis pas encore remise.

mercredi 3 juillet 2019

Deux femmes

Les infos à la radio, ce matin, alors que j'étais encore aux trois quarts endormie :

"Ce sont deux femmes qui ont été nommées à des postes-clés de l'Union Européenne (...)".

Ce qu'on souligne en premier, ce n'est pas leur métier, leur orientation politique et économique, leur nationalité, que sais-je. Non, non, l'important, c'est leur sexe.
Vous croyez qu'un jour, la radio annoncera que "deux hommes ont été nommés à des postes-clés" ?

(Au moins, après ça, j'étais bien réveillée, du coup.)

lundi 1 juillet 2019

Préparatifs pour colonie de vacances

Mes trois plus jeunes vont bientôt partir en colonie, pour la première fois. Ils sont tous les trois très motivés, d'abord parce qu'ils y vont ensemble et donc n'ont pas trop d'inquiétude sur le fait de se faire des copains, ensuite parce qu'ils ont assisté à la réunion d'informations et que le directeur du camp leur a fait une description qui donnait vraiment envie. J'espère juste qu'ils ne seront pas déçus.

Bref, en ce moment, je suis dans les préparatifs. Eh oui, car ça n'a l'air de rien, mais je me suis rendu compte qu'il valait mieux ne pas attendre la veille du départ pour découvrir que je n'ai pas trois valises individuelles (normalement, quand on voyage, je mets toutes leurs affaires dans la même valise, mais les chambres ne sont pas mixtes, donc ils seront forcément séparés !). Ou trois shampoing/douche (j'utilise désormais des savons et shampoings solides). Ou trois trousses de toilette (pareil, on en prend toujours une pour toute la famille). Etc.

Alors j'ai sorti la liste fournie, je l'ai parcourue très attentivement, et j'ai eu deux crises cardiaques en cinq minutes.

Le premier, quand, après les 7 t-shirts, 8 slips, 2 pyjamas, 8 paires de chaussettes, shorts etc., j'en suis arrivée à la ligne "Une tenue de soirée pour la boum".
La boum, bon sang. La BOUM. Le dernier soir, ils vont faire une boum. Oui oui oui. C'est une colonie pour les 7-10 ans. Je vois très bien le Filou en chemise de soie aller inviter à danser une jeune donzelle d'un mètre de haut. Mais bien sûr.
(Je suis écroulée de rire rien que d'imaginer la tête que feront les deux garçons ce soir-là) (Miss Thing One fait de la danse et elle ne demande pas mieux qu'emporter la robe à paillettes achetée pour le spectacle de fin d'année, donc je me fais moins de soucis pour elle).

Le deuxième, c'est quand, à la fin de la liste, j'ai lu un avertissement souligné : "Toutes les affaires de votre enfant doivent obligatoirement être marquées".
Oui, bien sûr, j'aurais dû m'en douter, mais j'avais oublié.
Toutes les affaires. Toutes.
Soit, en comptant tous les éléments de la liste, 63 étiquettes à coller / coudre / repasser.
Par enfant.
Donc 189 en tout.
Ou même 222 si on compte deux étiquettes par paire de chaussures et de chaussettes.

Si je ne blogue pas beaucoup cette semaine, vous saurez pourquoi.