mardi 30 avril 2013

Le Petit Filou

Étant donné qu'il passe son temps à faire des bêtises ;
Étant donné qu'à 13 mois, il s'habille en taille 2 ans ;
Étant donné que c'est quasiment ainsi que l'appellent les Things, par déformation de son prénom ;
Je vous annonce qu'à partir d'aujourd'hui, sur ce blog, le Petit devient le Filou.

(Et puis comme ça, ça ne posera pas de problèmes de compréhension quand naîtra le cinquième.) (Mais non, j'rigole !)

Un nouveau portable et quelques révélations

Depuis quelques semaines mois, je n'arrive plus à recharger mon portable. Au début, ça marchait encore une fois sur deux, puis une fois sur trois, mais là, depuis le début de l'année, j'ai dû réussir à le recharger trois fois. Autant dire que si, avant, il était souvent éteint (je vous rappelle que je travaille à domicile), maintenant, il l'est tout le temps.

Aujourd'hui, entre un rendez-vous médical pour le Grand et un autre avec un agent immobilier, j'ai enfin trouvé pris le temps de pousser la porte d'une boutique SFR, et j'ai demandé si je pouvais racheter un chargeur. La dame m'a demandé de lui montrer mon portable. Je lui ai tendu mon petit téléphone, acheté au même endroit douze ans plus tôt. Elle a failli se mettre à rire.
— Ah non, Madame, on n'en fait plus, des comme ça. De toute façon, visiblement, ce n'est pas le chargeur qui ne fonctionne plus, c'est la prise du téléphone qui est rouillée.
— Et on ne peut pas le réparer ?
Cette fois, elle a ri pour de vrai. J'ai pris ça pour un non.
 — Bon, ben je vais en racheter un, alors.
Je me laisse convaincre de prendre un smartphone : après tout, ça sera utile d'avoir toujours un plan sur soi, et accessoirement un bon appareil photo et un accès à mon compte en banque quand je suis en déplacement. Et même à mes emails et à mon blog, soyons fou. Et puis vu les points de fidélité que j'ai accumulés en douze ans, la dame m'a interdit de prendre un petit machin pas cher, sinon "c'est nous qui allons devoir vous donner de l'argent", paraît-il.
Elle me conduit vers les modèles exposés.
— Vous savez lequel vous voulez ?
— Oui, celui qui a la meilleure batterie en veille.
— Pardon ?
— Je veux un modèle que je puisse oublier dans mon sac pendant quatre ou cinq jours sans problème. Vous avez ça ?
Elle a ça, même si visiblement, c'est la première fois que quelqu'un lui donne pour critère de choix principal la possibilité de ne pas se servir de l'appareil. Elle me refile un truc qui peut patienter pendant 360 heures sans qu'on s'occupe de lui, à ce que dit la notice. Même s'il tient seulement la moitié de ses promesses, ce sera déjà bien.
— Passons au choix du forfait. Quelle est votre formule actuelle ?
— Une heure par mois. Mais je ne l'utilise jamais. Vous avez moins ?
A ce stade, j'ai bien senti qu'elle prenait des notes mentales, ravie d'avoir une anecdote croustillante à raconter à sa famille ce soir, au sujet de cette cinglée qui venue acheter un portable dans le but de ne pas s'en servir.
— Et vous payez combien ?
— Trente euros, plus le prix des SMS, je crois.
— Quoi ? Trente euros ? Maintenant, pour le même prix, nous avons une formule appels et SMS illimités, plus un certain nombre d'heures de navigation inclues...
— Ah ?
— Ça vous convient ?
Oh, ben disons qu'on fera en sorte que ça suffise, hein ?
Nous passons au contrat.
— Vous avez la box ?
— La quoi ?
— Vous n'avez pas Internet ?
— Ah si, j'ai Internet. Par Numéricable.
— Et vous payez combien ?
— Juste Internet, ou avec la télévision aussi ?
— Comment ça ? Vous n'avez pas une formule tout compris ?
— Ah non, non. Je paie environ 70 euros par mois pour les deux.
Elle s'étrangle, encore. Après avoir recommencé à respirer, elle sort un papier et un crayon, et se met à faire des calculs :
— Donc, 70 euros chez Numéricable, 30 euros chez nous... Vous avez d'autres portables dans votre foyer ?
— Oui, mon conjoint en a un. Même forfait que moi, une heure par mois, 30 euros. Mais il ne l'allume jamais. Encore moins que moi, je veux dire. Je crois que ça fait six mois qu'il ne l'a pas utilisé.
Les yeux comme des soucoupes, elle additionne, multiplie, soustrait, et m'annonce que si je prenais une offre groupée chez eux, je pourrais économiser 600 euros par an.
— Ah ouais, quand même... En fait, je ne savais pas que vous aviez aussi une offre internet, aussi. Et pendant que vous y êtes, vous ne feriez pas des lignes de téléphone fixes, aussi ?
— Si, bien sûr.
— Et si je changeais de fournisseur, je pourrais garder le même numéro ?
— Ah non, il n'y a pas de portabilité à partir des lignes Numéricable, désolée.
— Oh, ce n'est pas une ligne Numéricable ! J'ai gardé ma vieille ligne France Télécom, enfin, depuis, c'est devenu Orange, je crois. Je paie entre 80 et 100 euros par mois...
Quand je suis partie, cinq minutes plus tard, elle a annoncé à sa collègue qu'elle partait en pause. Elle a même dit qu'elle avait besoin d'un remontant. Mais qu'est-ce qui a pu l'affecter à ce point ?

(OK, OK, j'ai compris la leçon. Même si je ne veux pas mettre tous mes œufs dans le même panier, par crainte de la panne générale de tous mes moyens de communication, je peux sans doute réduire le nombre de fournisseurs à deux maximum, et surtout trouver des formules un peu plus avantageuses que celles que j'ai souscrites il y a dix ou quinze ans. D'accord. Je vais le faire. Promis.)

(Ah, et sinon, il est très chic, ce nouveau téléphone. Enfin, comme n'importe quel smartphone, quoi. J'ai réussi à accéder à mes comptes, à afficher la météo parisienne, et à mettre Fantômette en fond d'écran, donc tout va bien.)

lundi 29 avril 2013

Cantoche IKEA

Je n'aurais jamais cru qu'on pouvait passer quatre heures à IKEA (où nous voulions acheter une cuisine, un canapé, deux lits, des fauteuils, une commode, une armoire, une table et des chaises d'extérieur, et d'autres bricoles), et en revenir... avec rien.
Pas une casserole, pas une lampe, pas un miroir, pas une carafe, pas un tabouret, pas une étagère. Rien.
Ah si, quand même, j'oubliais : une machine à coudre. Mais pas de tissus. Ce qui tombe plutôt bien, car je viens de me rappeler que je ne sais pas coudre (et Darling non plus).

Bon, mais au moins, nous avons déjeuné à la cantine d'IKEA, ça faisait longtemps. Des boulettes suédoise pour Darling et le Grand (les autres étaient à la crèche). Le Grand, qui adore les boulettes, qu'elles soient de poulet, de porc ou autre, s'est tout de même informé, tout à fait innocemment, de sa voix très perçante :
— C'est quelle viande, dis, maman ?
Ma foi, mon chéri, de nos jours, on ne peut être sûr de rien...

dimanche 28 avril 2013

Je peux le faire !



Moi, ce matin, avec ma toute nouvelle tondeuse manuelle.

Surprise : elle marche très bien, même avec un réglage assez bas, et même dans les coins du jardin où il y a de l'herbe (on peut douter qu'il y en ait en voyant la photo, mais si si, croyez-moi, il y en a) (pas au point d'installer le bac de ramassage, mais ça pourrait venir)

Franchement, je l'adore déjà. Pas de bruit, on peut tondre à deux heures du matin sans problème ; pas trop fatiguant, et même nettement moins que lorsque je poussais la poussette double de 15 kilos avec 30 kilos de gamins dedans ; parfaitement écolo, et efficace... Et dire qu'il y a quelques mois, je m'en faisais toute une montagne !

Allez, prochaine étape, je ramone la cheminée.

vendredi 26 avril 2013

Le Petit m'épuise

Le Petit est entré dans cette phrase terrifiante où un bébé, sous prétexte qu'il a désormais appris à marcher, estime que sa liberté doit être totale. Il veut tout savoir, tout prendre, tout faire. Si on lui met des bâtons dans les roues, il hurle. Et si on lui interdit quelque chose qu'on ne peut pas planquer, il recommence. Autant de fois que nécessaire. Et bien sûr, il a beaucoup plus d'énergie que nous.
Autant dire que si on ne lui consacre pas 100% de son attention, par exemple si on veut préparer un dîner ou séparer des enfants qui se battent, on s'expose à des mauvaises surprises.

Quelques bêtises récentes ?
- Il a réussi à trouver un verre quelque part, peut-être sur mon bureau (il grandit, il arrive à attraper des choses sur les tables). Enchanté de le trouver si lourd, il est allé taper avec contre la fenêtre.
- Il a découvert qu'il pouvait grimper sur la chaise haute de Mr Thing Two. Pour l'en empêcher, j'ai fini par la coucher par terre. Qu'à cela ne tienne : une minute plus tard, je l'ai trouvé debout sur ma chaise. Pliante.
- Il a attrapé le panier à pain dans la cuisine et s'est mis à jouer avec le couteau. Quand je le lui ai confisqué, il s'est consolé en prenant un crouton et en s'enfuyant avec (si si, je vous jure, il s'est mis à courir, alors qu'il vient juste d'apprendre à marcher. C'est un miracle qu'il ne se soit pas retrouvé par terre.)
- Il a vidé un placard dans la cuisine, et découvert, tout au fond, ma boite à bougies d'anniversaires. Il les a toutes éparpillées par terre, et en a mâchonné une pendant qu'il y était.
- Il a jeté dans la corbeille à papier deux livres pris sur une étagère. Il faut croire qu'ils ne lui plaisaient pas. Heureusement, la poubelle n'était pas trop pleine, donc je m'en suis rendu compte.
- Comme je lui mettais un beau jouet en bois dans les mains, dans l'espoir naïf qu'il se mette à jouer avec ses affaires plutôt qu'avec les nôtres, il a voulu manifester son dédain en allant taper avec contre l'écran de la télévision.
- Exaspéré par mes remontrances et mes "Non !" répétés, quand je l'ai pris dans les bras pour l'empêcher de faire une énième bêtise, il m'a mordu.

Oui, d'accord, mais sur combien de jours, tout ça ? me demanderez-vous.
Entre 18h et 19h15 ce soir.
Vivement les vacances. Ou pas.

jeudi 25 avril 2013

Des restes croustillants

Quelques cuillerées à soupe de riz basmati cuit l'avant-veille.
Un peu de joue de porc longuement mitonnée la veille.
Des flageolets pas tout à fait assez cuits, encore un peu coriaces.

De la salade, mais pas d'autres crudités pour l'agrémenter.
En résumé : tous les ingrédients nécessaires pour préparer un repas complet et équilibré, mais en quantité insuffisante pour cinq personnes.
Et idéalement, il faudrait qu'on mange dans dix minutes tout au plus.

On passe en revue la liste mentale intitulée "l'art d’accommoder les restes" tapie dans un coin du cerveau (d'où elle ressort assez souvent, n'ayez pas trop pitié d'elle) :
- Des pâtes ? Non, pas avec du riz.
- Un risotto ? Non, encore moins.
- Une soupe ? Non, trop léger.
- Un gratin ? Non, ça ne donnera rien.
- Une tarte salée ? Non, les ingrédients ne s'y prêtent pas. Et vraiment pas le temps.
- Une salade complète ? Non, les Things ne voudront manger ni les feuilles vertes, ni les flageolets.
- Une omelette ? Non, avec la viande, ça fait double emploi.
- Des galettes ? Bof, ça ne m'inspire pas.

Soudain, une idée. La salade verte lavée et pas assaisonnée. Des feuilles de brick qui attendaient leur heure depuis quelques semaines. Les autres ingrédients rapidement mixés ensemble ; deux cuillérées au centre de chaque feuille de brick, pliage, passage rapide dans une poêle, et cinq minutes plus tard, nous sommes attablés devant des croustillants bien dorés avec leur salade verte.

Les Things mangent sans protester. Je suis très fière de moi, de ma rapidité, de mon inventivité.

Darling termine un croustillant, puis se lève et va chercher pain et fromage. Je le rappelle :
— Il y en a trois par personne, tu sais !
— Ah, merci... mais en fait c'est pas très bon.

La prochaine fois, je réchauffe les restes au micro-ondes et j'ajoute une soupe Picard pour compléter, voilà.

(Non, mais l'idée était bonne. La prochaine fois, j'ajoute des oignons, du fromage râpé, un œuf, et surtout du sel est des herbes.)

mercredi 24 avril 2013

Livraison insolite

On sonne chez moi. Dans mon chez-moi actuel : un appartement de quatre pièces, au premier étage d'un immeuble, à Paris.
J'ouvre. Ah, chic, c'est mon colis !

Mais le livreur a l'air plus que perplexe.
— C'est bien ici, la tondeuse, la fourche, la bêche, le coupe-branche, la serfouette et le rateau ?

Ben oui, pourquoi ?

lundi 22 avril 2013

Une cuillérée pour bébé...

C'était un moment de crise comme il y en a parfois. Tournant autour de mes pieds dans la cuisine comme un chat et manquant de me faire tomber à chaque pas, le Petit criait qu'il avait faim, très faim, mais vraiment très faim. Mr Thing Two chahutait dans la salle à manger et jetait des jouets partout. Miss Thing One l'imitait, quand elle a soudain réalisé qu'il fallait qu'elle aille tout de suite aux toilettes. J'ai posé l'assiette du Petit sur la table, au grand dam de celui-ci, et je suis allée installer le réducteur de toilettes pour ma gamine. Qui s'est mise à pleurer : elle voulait l'installer elle-même. N'ayant pas le temps de négocier, je l'ai laissée se débrouiller, et je suis revenue mettre le bébé braillard dans la chaise haute, tout en ordonnant vainement à Mr Thing Two de se calmer. Soudain, un hurlement strident s'est élevé dans la salle de bain. Inquiète, j'ai laissé le Petit attaché dans sa chaise, avec l'assiette hors de sa portée, et je me suis précipitée. Miss Thing One venait de se pincer avec le réducteur. Doigt sous l'eau froide, bisous, consolations. Dans la salle à manger, ça hurlait. Malgré la ceinture, j'avais peur que le Petit, dans sa fureur, réussisse à se libérer.

Et soudain, tout s'est tu.
Enfin, non, pas tout : Miss Thing One pleurait encore, mais on n'entendait plus rien dans la salle à manger.
C'est en arrivant une ou deux minutes plus tard, après avoir à peu près calmé la gamine et l'avoir assise sur le pot, que j'ai compris pourquoi. Mr Thing Two me l'a expliqué très fièrement lui-même :
— Moi donné à manger au bébé, moi !

En effet, ce petit bout de chou de trois ans avait compris le problème, cessé de jouer, et pris l'initiative d'enfourner des cuillerées de purée dans la bouche de son frère.
Il ne mérite pas une médaille, dites ?

(Certes, j'ai dû par la suite changer le pyjama du Petit et passer la serpillière par terre. Mais ce sont des détails, non ?)

dimanche 21 avril 2013

Un train d'enfer (2)

(Début de l'histoire ici)

Donc, après deux aller-retours à la gare en quatrième vitesse pour cause de billet oublié, alors que j'ai réussi à remettre mon enfant entre les mains des accompagnateurs Junior & Cie dix bonnes minutes avant le départ du train, alors qu'il est monté dans la voiture numéro 7 sous mes yeux, alors que je suis partie de la gare à peine trois minutes avant le départ, voilà qu'on m'annonce qu'il n'est pas parti ?
MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CETTE HISTOIRE ?


Passons sur le fait qu'il est 9h30, que j'ai beaucoup couru et pas encore petit-déjeuné, que Darling devrait partir au travail, que les trois petits ne comprennent pas pourquoi je ne m'occupe pas d'eux, et que mon portable est déchargé (comme toujours). Je passe un bref coup de fil à ma mère pour lui annoncer qu'il y a un problème, je conseille à Darling de téléphoner à son boulot pour prévenir qu'il sera en retard, je laisse sur la table les croissants que je n'ai pas eu le temps de manger, et je repars à la gare en bus.
Quand j'arrive à l'accueil J&C, mon gamin me lance un regard de reproche. Je me défends :
— Ne me regarde pas comme ça, ce n'est pas ma faute ! Tu étais avec moi, tu es témoin : on m'a demandé si tu étais bien le Grand, on m'a dit que le train était quai numéro 21, on t'y attendait, je ne comprends pas du tout ce qui s'est passé !
— Ben, en fait, j'étais dans le train pour Lille, ou Bordeaux, je crois.
— Hein ? Quoi ? Mais enfin, ce n'est pas possible ! Tu étais sur la liste, ils t'ont appelé par ton prénom !
— Oui mais en fait, ils attendaient un garçon qui avait le même prénom que moi, et qui n'est pas venu.
Tout s'éclaire. A la naissance du Grand, Darling et moi avons choisi un prénom drôlement joli, peu porté, original... croyions-nous. Ce n'est que par la suite que nous avons découvert qu'il figurait dans la liste des prénoms les plus donnés cette année-là. Les accompagnateurs J&C partant pour Lille (ou Bordeaux) attendaient tout simplement un certain Machin qui était en retard. En voyant arriver cette mère au pas de course avec son garçon, ils ont juste demandé si c'était bien Machin, sans vérifier le nom de famille ni la destination. Ce n'est que deux minutes avant le départ qu'ils ont fait l'appel avec les noms de famille, et que le quiproquo a été révélé.
Voyons le bon côté des choses : il s'en est fallu d'un cheveu pour que le Grand se retrouve à Bordeaux (ou à Lille).

En attendant, il est 10h10, mon gamin a raté son train, le billet n'est pas remboursable, pas un seul membre du personnel J&C ne s'est excusé ni même intéressé à notre problème, il n'y a pas d'autre train avec des accompagnateurs aujourd'hui, et il y a toujours cet avion qui part pour Venise demain matin.
Alors ?
Alors on décide qu'à bientôt onze ans, on peut voyager en train tout seul sans porter une casquette blanche marquée "Junior & Cie" dessus. Même si ce n'est pas légal.
Guichet. Il y a un autre train qui part à 11h07. Plus de place en seconde, mais une place en première. 63 euros avec la carte famille nombreuse. Ça me va. Un petit-déj rapide au café, parce que sinon je vais vraiment finir par tomber dans les pommes. Un sandwich et un fruit pour le déjeuner du gamin, et un Super Picsou Géant en prime. Nous vérifions trois fois la destination du train avant de monter dedans. J'installe le Grand à sa place, j'attache sa montre à son poignet, je lui répète pour la douzième fois qu'il arrive à 13h39, et qu'il n'y a aucun autre arrêt avant le sien, donc il ne peut pas se tromper. Puis je passe en revue les autres passagers. Au milieu de tous ces hommes d'affaire ou vieux messieurs très sérieux, une dame d'une cinquantaine d'années. Je lui explique la situation. Elle est très aimable ; elle me dit qu'elle descend à la même gare, elle demande s'il a un pique-nique, elle vérifie même où est sa valise. C'est promis, elle le surveillera. Je donnerai par téléphone le numéro de la voiture à ma mère, elle sera devant la porte à l'arrivée du train.

Et tout s'est bien passé. Le Grand n'a pas paniqué, il a bouquiné et joué à la DS, il est descendu à la bonne gare, où il était attendu. Il a réussi à ne pas trouver le sandwich qui se trouvait dans son sac à dos, au-dessus de tout le reste, dans un plastique transparent, mais il est arrivé à bon port, sain et sauf, avec ses papiers d'identité.

Quant à moi, après avoir déjà fait ce trajet cinq fois en métro, en taxi, en vélo, et en bus, je suis rentrée à pied, pour déstresser.

Venise, même par procuration, ça se mérite.

samedi 20 avril 2013

Un train d'enfer


Il y a quelques semaines, ma mère m'a proposé d'emmener le gamin à Venise. Hors vacances scolaires. Une occasion unique, une copine à elle qui lui prête son appart juste avant de le vendre. J'ai hésité, j'en ai même parlé à l'instit du Grand, et puis j'ai accepté, parce que ce seraient des vacances "culturelles", parce que le découpage en zones ne lui permettait pas de revoir sa famille grand-maternelle autrement, parce qu'il n'est parti nulle part depuis l'été dernier et ne partira pas ailleurs jusqu'à l'été prochain, et puis parce que bon, Venise, quoi.
Départ en avion demain matin, depuis la ville où habite ma mère. J'ai donc pris un billet "Junior & Cie" pour cette ville lointaine qui partait ce matin, à 9h07, ce qui me donnait le temps de l'emmener à la gare et de revenir assez vite auprès des petits pour que Darling puisse aller au boulot à l'heure, si tout se passait comme prévu.
Sauf que les choses ne se sont pas passées exactement comme prévu...

Réveil à 7h27 : le Petit et les Things réclament leur biberon. Normalement, le Petit se réveille plus tôt, mais il a passé – nous avons passé – une très mauvaise nuit. Il nous faut partir vers 8h pour être à la gare avec la demi-heure d'avance réglementaire ; j'ai tout le temps nécessaire.
Une demi-heure plus tard, j'ai pris ma douche, je suis habillée, le Grand aussi, il a petit-déjeuné, pas moi mais je rapporterai des croissants au retour, la valise est prête depuis la veille, un petit en-cas en cas de retard du train, une gourde d'eau, un bouquin, c'est parti. Nous prenons le métro, c'est direct, tout se passe merveilleusement bien, nous arrivons à 8h25 devant le stand Junior & Cie. Parfait.
La dame de l'accueil nous demande son billet.
Pas de problème, il est dans la pochette J&C.
Qui devrait être autour du cou de mon gamin.
Sauf qu'elle n'y est pas.
Ni dans sa valise. Ni dans son sac à dos. Ni dans mon sac à main.
Je sais où elle est : accrochée à la poignée de porte de la salle à manger. Au début, je l'avais mise dans la valise, et puis j'ai décidé que je la retrouverai plus facilement si je l'accrochais bien en vue, juste au-dessus.

Panique. J'annonce à la dame :
— Je vais faire l'aller-retour en taxi. Quarante minutes, ça devrait suffire...
— Pourquoi n'allez-vous pas faire un duplicata des billets au guichet, plutôt ?
— Vous croyez que c'est possible ?
— En tous cas, ça vaut le coup d'essayer.
— Il n'aura pas sa carte de famille nombreuse, elle est aussi dans la pochette...
— Ne vous inquiétez pas pour ça.
Nous courons au guichet. Pendant que nous poireautons dans la queue, je me traite de tous les noms. Pourquoi ai-je mis cette pochette à part ? Parce que je me disais que comme ça, il aurait moins de chance de la perdre. C'est pour ça que j'ai mis dedans tous ses documents importants : les billets, la carte de famille nombreuse, le passeport...
Le passeport !
Le passeport sans lequel il ne pourra pas aller à Venise, demain matin !
Je réfléchis à toute allure. Y a-t-il un moyen d'expédier un passeport à l'autre bout de la France en moins de vingt-quatre heures, le weekend ? Je n'en vois aucun.
Il est 8h30. On peut encore y arriver. J'avertis la dame de J&C que nous les retrouverons peut-être dans le train. Elle ne sait pas encore sur quelle voie il sera, mais elle nous attendra jusqu'au bout. Voiture 7.

Nous traversons la gare en courant jusqu'à la queue pour les taxis. Pas de file d'attente. Dommage, j'avais préparé mentalement un plaidoyer vibrant pour qu'on me laisse passer devant tout le monde ; quel gâchis. Nous sautons dans la première voiture, j'explique rapidement la situation au chauffeur. Il démarre, placide. Me consulte sur le meilleur itinéraire à suivre. S'arrête au feu orange. Non mais c'est bien, c'est très bien, je suis plutôt rassurée de savoir qu'il ne risque pas la vie d'innocents à chaque fois que quelqu'un lui demande de le conduire en urgence quelque part. Mais franchement, il sert vraiment à quelque chose, ce feu, là ? Et cette limite de vitesse à 50 km/h, c'est du n'importe quoi. Quand je pense qu'il y a des gens qui proposent de descendre carrément à 30 km/h. Qui peut soutenir cette idée ridicule ? Moi, jusqu'à ce matin ? Ah bon ?


Nous arrivons devant la résidence. Je laisse le Grand et les bagages dans la voiture, pique un sprint sous les yeux étonnés des mémés qui vont au marché, rentre en trombe dans l'appart, explique en deux mots ce qui se passe à Darling, saisis la pochette, ressors, claque la porte. Des hurlements derrière moi. Les petits n'apprécient pas de me voir repartir aussi vite. Tant pis, Darling va les consoler. J'espère.
Je remonte dans le taxi, qui nous fait faire un détour, mais arrive néanmoins à la gare à 8h52. Je le paie, nous sortons, courons au stand J&C.
Une dame, pas la même que tout à l'heure, nous accueille avec un sourire :
— C'est le Grand, j'imagine ?
(En vrai, elle a dit son prénom, bien sûr.)
Je suis rassurée de voir que sa collègue l'a prévenue. J'acquiesce. Elle barre le dernier nom sur sa liste.
— Les autres sont déjà dans le train. Quai numéro 21, voiture 7. Bon voyage !
Il est 8h57. Nous avons encore dix minutes. J'arrête enfin de courir. De toutes façons, je n'y arrive plus, je suis en pleine crise d'hypoglycémie, à force (je n'ai toujours pas pris mon petit-déjeuner, je vous rappelle).

Quai 21, voiture 7. D'autres animateurs J&C nous attendent.
— C'est bien le Grand ? Ah, nous avons eu peur que vous arriviez trop tard !
Je suis touchée par leur gentillesse. J'embrasse mon bonhomme, il monte dans le train, s'installe ; je lui envoie encore un baiser à travers la vitre, et m'éloigne d'un pas plus calme. Tout est bien qui fini bien !

Je prends un vélib' pour rentrer, même si j'ai à peine la force de pédaler. J'achète même des croissants au passage. J'arrive à la maison à 9h30, comme prévu : Darling ne sera même pas en retard au boulot. J'ouvre la porte de l'appart, les petits viennent à ma rencontre en souriant, je m'apprête à rire de ma mésaventure devant un bol de café au lait, quand Darling s'avance :
— Fofo, je suis désolé, je viens d'avoir un coup de fil de Junior & Cie ; le Grand n'est pas parti, il faut que tu ailles le chercher...

(à suivre ici)

vendredi 19 avril 2013

Dialogues, guillemets et incises

C'est un roman très littéraire, un vrai bon roman, écrit à la première personne, comme une lettre ; essentiellement de la narration, mais aussi de longs dialogues. Dans la version originale, l'auteur a pris le parti de n'utiliser ni guillemets, ni tirets : les dialogues sont retranscrits librement. Exemple :
Je l'interrogeai du regard. Veux-tu venir avec moi ? lui demandai-je. C'est trop tard, dit-elle. Nous avons laissé passé le train...
Avant de commencer ma traduction, j'ai signalé cette particularité à l'éditrice. Qui m'a aussitôt répondu que pas question, les dialogues devaient être ponctués de manière classique.
Avec un peu de regrets (pourquoi aller à l'encontre du désir de l'auteur ?), j'ai donc rétabli une ponctuation normale :
Je l'interrogeai du regard.
"Veux-tu venir avec moi ?
- C'est trop tard. Nous avons laissé passé le train..."
Vous remarquerez qu'au passage, j'en ai profité pour virer la moitié des incises. Parce que dans la langue originale, c'est une succession de "dit-elle", "dit-il", "dit-elle", tout au plus entrecoupés de quelques "demanda-t-il". Répétition inacceptable en français, paraît-il. On se retrouve donc à alterner les "rétorqua-t-il", "s'exclama-t-elle", "soupira-t-il", "protesta-t-elle", "répliqua-t-il", "s'étonna-t-elle", "s'esclaffa-t-il", "s'offusqua-t-elle", et j'en passe. Ce qui n'est pas exactement léger. Donc si on peut en supprimer, on le fait.

Aujourd'hui, trois semaines après la remise de la traduction, coup de fil de l'éditrice :
— Allô, Fofo, finalement nous en avons discuté entre nous, et nous avons décidé de suivre le modèle italien, avec des dialogues non signalés par des guillemets. Je vous envoie les épreuves.
Et me voici donc avec des pages entières de :
Je l'interrogeai du regard. Veux-tu venir avec moi ? C'est trop tard. Nous avons laissé passé le train...
 Plus de guillemets, plus de tirets, plus d'incises. Ça m'a rappelé une chanson d'Émilie Jolie : "Le lecteur aura du mal à suivre, mais ça fait rien, on s'en fout !"

jeudi 18 avril 2013

Un seul être vous manque et il faut balayer

Je travaille sur mon ordinateur, et la télévision n'est pas allumée dans mon dos. Ça me fait tout drôle.
J'ai passé le balais dans la salle à manger et la cuisine. Des années que ça ne m'était pas arrivé. Je ne supportais plus de marcher sur les miettes et les grains de sable.
Je n'ai pas acheté de pain ce soir, et ça n'a manqué à personne. Je n'ai pas non plus fait de yaourts.
J'ai envie de raconter ma journée à quelqu'un, mais il est trop tard pour téléphoner à qui que ce soit.
Il faut que j'aille remplir le lave-vaisselle avant d'aller me coucher, et ça me barbe.
J'ai dû demander au Grand de se changer ce matin, il avait mis un T-shirt beige avec un pantalon gris clair et des chaussettes violettes, ça jurait horriblement.
J'ai oublié d'aller chercher mon panier de légumes, hier.
J'ai très bien dormi la nuit dernière, dans le silence.
Je fais pleins de bisous aux gamins en ce moment : j'ai envie de câlins.
J'ai vraiment très envie de parler avec quelqu'un, de la traduction que je viens de commencer, ou de mes hésitations entre biporteur et triporteur, ou du coup de fil de l'agence immobilière qui me proposait d'acheter un appartement neuf (il y en a qui ne suivent pas, hein).
J'ai intérêt à aller me coucher tôt, c'est moi qui vais me lever pour préparer et donner les biberons, demain matin.

Oui, Darling est absent depuis deux jours. Comment aviez-vous deviné ?
(Heureusement, il revient demain.)

mercredi 17 avril 2013

Tondeuse

Et donc, une tondeuse. Parce que si jamais mon semis simplifié donne des résultats, il va bien falloir se décider à tondre, à un moment ou à un autre.
Sauf que la tondeuse, c'est un peu le cauchemar des zécolos. D'abord, ça fait un boucan épouvantable, et ça sent mauvais. Dans le genre "j'ai acheté une maison avec un jardin parce que j'aime la nature", on fait mieux. Ensuite, c'est un engin avec un moteur, qui tombe forcément en panne, qui doit être entretenu, qui finit par être balancé à la poubelle. Dans la catégorie "réduisons les déchets et les tracas", on fait mieux aussi. Enfin, et surtout, ça pollue atrocement : une heure de tonte équivaudrait à un trajet en voiture de 150 à 550 kilomètres selon les modèles ! Dans la série "je suis contre les voitures parce que ça esquinte la planète", on fait difficilement pire.

C'est alors que quelqu'un m'a annoncé qu'il existait des tondeuses électriques, pour les petits terrains. Et cette idée m'a beaucoup plu. Pas d'essence à acheter, pas de moteur encrassé, pas de panne de carburateur, pas d'odeur nauséabonde : excellent ! J'étais déjà convaincue quand mon interlocuteur a ajouté que le seul défaut de ces modèles, c'était qu'il fallait faire attention à ne pas couper le fil en passant dessus ; quant à lui, ça lui était déjà arrivé deux fois. Est-ce que je me sentais assez adroite et prudente pour... ?
Non.

Cependant, s'il existe des tondeuses électriques, ai-je pensé par la suite, il doit y avoir des tondeuses électriques avec une batterie, non ? Les avantages sans les inconvénients ?
Vérification faite, il y en a. Pas beaucoup. Pas très puissantes. Avec des batteries qui se déchargent assez vite. Et de plus en plus vite, même, au fur et à mesure qu'elles s'usent, comme toutes les batteries. Jusqu'au moment où il faut changer la batterie, et où  en fait, on finit par changer de portable ou de tondeuse parce que ça coûte moins cher que faire remplacer la batterie, parce qu'il faut trouver les pièces détachées, et puis il y a le coût de la main d’œuvre, et puis c'est compliqué parce que ce modèle-là on ne le fait plus, et puis franchement, Madame, pourquoi voulez-vous changer la batterie alors que pour le même prix, vous pouvez avoir un modèle tout neuf qui fait aussi broyeur à végétaux et confiturier ?

Bon, alors quoi, un mouton ?

Heureusement, avant d'en arriver là, j'ai trouvé une solution à mon problème. Attention, je vous préviens, j'ai découvert le fil à couper le beurre. Ce qui n'est pas si ridicule de la part de quelqu'un qui n'a jamais eu de beurre – je veux dire de pelouse.
La solution, donc, c'est une tondeuse manuelle. Un truc sans moteur, qui fonctionne à la sueur de mon front (ou de celui de Darling) (on peut toujours rêver). Avec des lames hélicoïdales, qui coupent l'herbe comme des ciseaux au lieu de la décapiter, même que c'est l'idéal pour du gazon anglais, paraît-il, ce qui est un peu loin de mes préoccupations actuelles, mais sait-on jamais. C'est magique : on pousse, et les lames tournent, et clac clac les brins d'herbe. S'ils ne sont pas trop hauts. Ou trop mouillés. Ou trop durs. Oui, bon, ce n'est pas parfait, mais les autres non plus, d'abord.

Naturellement, toujours dans l'idée d'investir une bonne fois pour toutes, j'ai opté pour la Rolls des tondeuses manuelles, d'origine allemande (évidemment), avec des tas de qualités que j'ai rien pigé mais j'y crois dur comme fer : la Fiskars Momentum. Jolie, solide, pratique, elle a tout pour plaire, paraît-il. Je suis tellement contente de mon choix que j'ai hâte qu'elle arrive, et même hâte de devoir tondre !



Ma mère, à qui j'expose mes cas de conscience et à qui je décris, toute fière, la solution que j'ai trouvée :
— Oh, c'était pas la peine de te dépêcher comme ça, elle ne poussera jamais, ta pelouse semée n'importe comment. Tu ferais mieux de commencer par ôter les quelques centaines de chardons qui envahissent ton jardin avant que les gamins marchent dessus en nu-pieds...

mardi 16 avril 2013

Trois ans

Donc, voilà. C'est officiel. Mes deux grands bébés sont devenus des enfants. Ils parlent. Ils jouent à des jeux de plus en plus intéressants, et non juste à faire tomber des cubes ou à déchirer des livres. Ils enfilent leurs pantalons tout seuls. Ils parlent, et s'expriment de mieux en mieux. Ils commencent à mettre la table, à rapporter leur pyjama dans leur lit, à ranger certains jouets. Ils peuvent aller au théâtre, voire au cinéma. Ils parlent, et posent plein de questions. Ils ne se réveillent quasiment plus la nuit, sauf en cas de cauchemar, mais c'est rare. Ils sont en train d'apprendre à se passer de couche pendant la journée, petit à petit. Ils cassent de moins en moins de choses. Ils sont inscrits à la maternelle pour la rentrée prochaine. Ils parlent ; je vous ai dit qu'ils parlaient ?

Sans mentir, j'attendais ce moment depuis... disons trois ans et huit mois, en gros ; depuis ce jour où on m'a annoncé qu'il y avait deux coeurs qui battaient en moi en plus du mien, et que je suis rentrée chez moi folle de joie à l'idée d'avoir deux enfants d'un coup, mais un peu terrorisée à l'idée que d'abord, j'allais devoir me coltiner deux bébés d'un coup. Et encore, à l'époque, l'idée qu'un autre puisse se pointer si vite derrière ne m'avait pas effleurée.

Bref, mes jumeaux ont trois ans, et je les aime, je les aime, je les aime. Certes, je les aimais aussi avant, j'avoue, mais mon amour est désormais un peu plus joyeux, un peu plus serein.
(Que ceux qui me connaissent et qui s'esclaffent en me voyant utiliser cet adjectif aillent voir à la crèche si j'y suis.)

Bon anniversaire, Thing One et Thing Two !


samedi 13 avril 2013

Pelouse à la volée

Avec ma nouvelle maison, j'ai acheté un terrain de 400 m² environ ; en ôtant les allées, les arbres et arbustes, et la surface occupée par la maison elle-même, il doit rester 250 m² de pelouse. Enfin, de terrain destiné à devenir une pelouse. Parce qu'avant la mise en vente, le proprio a fait venir un jardinier qui a tout labouré, et rien semé derrière. Du coup, ça commence à pousser de manière très inégale : ici et là, de la vraie herbe, ailleurs, des "mauvaises" herbes ou de la mousse, et parfois, rien du tout.

Voyant ça, j'ai acheté il y a quelques semaines un gros sac de "gazon universel", et vendredi, ayant l'occasion de passer par la maison pour des démarches administratives fastidieuses (encore, toujours), j'ai décidé de semer. J'ai commencé par lire les instructions au dos du sac :

1. Retourner le terrain sur une profondeur de 20 cm
2. Éliminer les pierres, racines et mauvaises herbes.
3. Affiner la terre en surface à l'aide d'un croc ou d'un râteau.
4. Rouler le sol pour obtenir une surface plane.
5. Bien mélanger les graines.
6. Semer à la volée.
7. Enfouir légèrement les graines avec un râteau.
8. Recouvrir d'une fine couche de terreau. 
9. Passer le rouleau.
10. Arroser.

J'ai repensé au gâteau que j'avais fait, la veille. Des instructions longues comme le bras : battre les jaunes avec le sucre jusqu'à ce qu'ils blanchissent, mélanger la levure avec la farine séparément, ajouter le liquide petit à petit, disposer les fruits au fond du moule après les avoir roulé dans la farine, et plein d'autres fadaises. Par manque de temps, j'avais simplifié : j'avais mis tous les ingrédients dans le Kitchenaid, dans n'importe quel ordre, et battu tout ça vigoureusement. Le résultat avait été parfait, bien entendu.

Du coup, j'ai fait pareil, version "jardinage simplifié". J'ai sauté les cinq premières étapes, et j'ai semé à la volée (rassurez-moi, ça veut bien dire prendre des poignées de graines et les éparpiller partout ?) Pour l'arrosage, la pluie s'en chargera, et pour le rouleau, j'irai un de ces jours faire courir mes gosses dans tous les sens, ça devrait revenir au même. Non ?

mercredi 10 avril 2013

Amitié fraternelle

Le double anniversaire s'approche. Je continue à enquêter auprès de ma gamine :
— C'est qui, tes amis, à la crèche, ma chérie ?
Elle me regarde avec perplexité. Je lui cite les noms de quelques autres gamins, et reformule :
— A la crèche, qui est-ce que tu aimes bien ?
— Lui ! me répond-elle, toute heureuse d'avoir compris la question, en me désignant son jumeau.

Je confirme donc qu'à leur anniversaire, ils s'inviteront l'un l'autre. Ça me convient parfaitement.


A part ça, je leur ai acheté deux boîtes de Playmobils 1 2 3, de valeur équivalente : le train et le château de la princesse. C'étaient les deux qui étaient les plus susceptibles de leur plaire. Mais maintenant, il va falloir que je tranche : à qui le train, à qui le château ?

lundi 8 avril 2013

Le dragon et le thé

Ce sont parfois les comparaisons qui sont les plus difficiles à traduire, parce qu'elles reflètent dans la langue source une culture, une habitude ou une connaissance que ne partagent pas les lecteurs de la langue cible. Je me souviens de l'exemple donné par Umberto Eco, qui explique que quand Paul Valéry compare les toits à la mer, sans plus de détails, ça semble forcément étrange aux lecteurs des pays où les toits sont en tuiles (rouges, donc) et non en ardoises...

Sans aller jusque là, croyez-vous vraiment que je peux laisser ma petite héroïne so british de dix ans dire en français, le plus naturellement du monde, au détour d'une conversation, que le museau de ce dragon est "grand comme un plateau à thé" ?

(Cherchant brièvement une autre comparaison qui tienne la route, pour l'instant, j'ai mis "grand comme un oreiller". Darling n'est pas convaincu. Il pense que mon inconscient essaie de me dire quelque chose...)

samedi 6 avril 2013

On ne regarde pas dans l'assiette du voisin

Pour le Petit, j'avais mixé un reste des lasagnes délicieuses que nous avions mangé la veille avec un peu de lait, pour que ce ne soit pas trop sec. Il y avait des morceaux, mais petits, et rien de dur. Des féculents, des légumes, de la viande, de la béchamel. Ça me semblait parfait.
Il en a mangé trois cuillerées, puis a refusé d'ouvrir la bouche.
Sale gosse.

Pour les cinq autres, j'avais fait une grosse soupe, aux légumes d'hiver et légumineuses, que j'avais consciencieusement mixée pour éviter les "Beurk, j'aime pas les haricots secs et encore moins les lentilles" et les "Au secours, il y a un truc vert dans mon assiette, je crois que c'est un poireau, sauve qui peut". J'avais fait griller cinquante grammes de lardons pour en ajouter un peu dans chaque assiette. C'était très bon.
Miss Thing One en a mangé trois cuillerées, puis a décrété qu'elle n'en voulait plus.
Petite peste.

Pendant le dîner, excédée par le Petit qui braillait qu'il avait faim (mais pas de lasagnes), je lui ai fait goûter un peu de soupe dans mon assiette. Il en a redemandé aussitôt.
Cinq minutes plus tard, Miss Thing One mangeait les lasagnes en miettes de son frère et le Petit la soupe épaisse de sa sœur.
Bon, mais de quoi je me plains ? Au moins, nous n'avons rien jeté, ce soir.


vendredi 5 avril 2013

EDF et la goujate automatique

Je téléphone à EDF pour avoir l'électricité dans ma nouvelle maison. Bien entendu, cela commence par une conversation avec une dame automatique. Après m'avoir débité que cette conversation allait me coûter très cher, elle commence à me donner des ordre (je vous mets l'intégralité de son discours, y compris les passages implicites mais évidents) :
— Votre appel concerne-il votre appartement parisien à telle adresse ? Si oui, tapez un, sinon, tapez deux.
— Non. Je veux dire, deux.
— Hum, ça c'est bizarre, c'est pourtant le numéro de téléphone qui correspond. Merci de taper votre numéro client à dix-sept chiffres qui se trouve sur votre facture. Si vous ne l'avez pas sous la main, vous êtes une andouille, mais vous pouvez taper dièse pour mettre cette conversation en pause. Si vous n'avez pas accès à votre numéro client, tapez étoile.
— Je ne suis pas une andouille, j'ai mon numéro. Le voici.
— Ha ! Je vous ai reconnue. Votre appel concerne bien votre logement à telle adresse ! Si oui, tapez un, sinon, tapez deux.
— Je vous dis que deux !
— Il y a quelque chose qui cloche dans tout ça. Merci de retaper votre numéro client à  dix-sept chiffres. Si vous voulez aller le chercher, tapez dièse. Si vous n'avez pas accès à votre numéro client, tapez étoile.
(Je sens venir le cercle vicieux. On va finir par me laisser parler à quelqu'un de vivant, oui ou non ?)
— Étoile.
— Si votre appel concerne un déménagement, tapez un. Si votre appel concerne...
— Un ! Vous voyez bien que ça ne concernait pas mon appart à telle adresse. Crétine !
— Inutile d'être grossière et de me couper la parole. Si votre nouveau logement est chauffé au gaz, tapez un. S'il est chauffé à l'électricité, tapez deux. Dans tous les autres cas de figure, je ne peux rien pour vous.
— Un, mais je peux aussi le dire à un vrai être humain ? S'il vous plaît ?
— Merci de taper le code postal de votre nouveau logement.
J'obéis, encore. Elle me pose deux ou trois questions supplémentaires, puis prononce enfin la phrase tant attendue :
— Ne quittez pas, je vais mettre fin à votre supplice et transférer votre appel à un opérateur.
Dix minutes d'attente, musique horrible, annonces tarifaires, conseil d'aller voir leurs offres sur leur site, etc. Enfin, quelqu'un décroche. Alléluia !
— Allô, bonjour, ici Nadine, que puis-je faire pour vous ?
— Eh ! bien, comme je l'ai déjà dit, enfin, tapé, je vais déménager.
— D'accord. Pouvez-vous me donner le code postal de votre nouveau logement, s'il vous plaît ?
Non mais l'autre crétine automatique, là, elle a pris des notes ou elle me faisait taper juste pour me faire passer le temps ?
Je redonne le code postal.
— Avez-vous déjà un compte chez nous ?
— Pour l'appartement où j'habite actuellement, oui, bien sûr.
— Merci de me donner votre numéro client.
Je reste calme. Je dicte les 17 chiffres. Elle me fait attendre une minute, puis :
— Ah, vous êtes sur l'ancien logiciel. Je ne travaille qu'avec le nouveau logiciel. Je vais vous transférer à mes collègues.
— Heu... bon, d'accord.
Musique d'attente. Annonces tarifaires. Musique d'attente. Conseils idiots. Musique d'attente. Publicité pour le site internet. Musique d'attente. Plusieurs minutes plus tard, une voix prend la parole. Mais pas une vraie voix d'un vrai humain. C'est l'autre bonne femme automatique qui m'annonce, avec une jubilation non dissimulée :
— Je suis désolée, le transfert n'est pas possible.
Et sans un mot d'adieu, elle raccroche.


Au fond, est-ce que j'ai vraiment besoin d'avoir l'électricité, là-bas ?



mercredi 3 avril 2013

Bras veau mon grent !

Je vous en parlais brièvement ici, le Grand a donc fait un journal sur la famille, avec des bandes de BD, de la pub, des informations, des petites annonces pour qu'on lui apporte des tickets usagés et des pièces européennes (il ne perd pas le nord, jamais), etc.

Dans l'ensemble, de bonnes idées, des trouvailles rigolotes, de vrais efforts de style... et une orthographe catastrophique. Il m'a avoué lui-même n'avoir "pas du tout fait attention". Je le crois volontiers. J'ose espérer qu'en classe, il n'écrirait pas que sa sœur qui met la table "mai les vair, les couvère et les asiète" ou que son jeune frère qui apprend à marcher a fait "de pas daffiler".

Les heureux abonnés aux journaux ont été un peu estomaqués, surtout ma grand-mère, que j'avais pourtant prévenue pour la ménager un peu. Après les félicitations, tout le monde lui a recommandé de faire un petit effort, mais il n'en voyait pas la nécessité, convaincu que ça ne servait à rien. Ma sœur, elle, n'a fait aucune critique. Elle lui a simplement envoyé ses compliments ce matin :

Bras veau pourre se trait bot journalle !
Hunne prochêne foua, jeux taporteré dés tiké de maitreau et dés pièsse d'otre péllis.
Bizoux,
Tas tente

Il a fallu une bonne minute au Grand pour déchiffrer ces deux lignes.
Réponse du berger à la bergère.
Démonstration par l'exemple.
Aujourd'hui, il m'a fait lire le deuxième numéro qu'il est en train de préparer. Il manque encore un bon tiers des pluriels, mais les fautes du type "j'écris en phonétique" sont beaucoup moins nombreuses. Je sais qui je dois remercier...

mardi 2 avril 2013

Dans un train, on ne rit pas

C'était dans le train. J'avais pris tout ce qui pouvait distraire les enfants pendant trois heures : gâteaux, autocollants, livres, petits jouets, etc. Mais les trois plus jeunes étaient fatigués et grognons. Darling et moi allions à tour de rôle faire les cent pas dans le couloir avec le Petit pour l'empêcher de déranger les autres voyageurs. Afin de prévenir une énième dispute entre les jumeaux, ou une énième tentative d'aller ramper sous les sièges, j'ai sorti le lecteur DVD. Bien entendu, j'ai mis un film muet. En l’occurrence, des courts-métrages de Charlot.
Et ça a marché ! Ils ont regardé Charlot avec le Grand, et ça les faisait même rire, tous les trois.
Jusqu'à ce que la dame derrière moi proteste :
— C'est bientôt fini, oui ? Vous n'êtes pas tout seuls, je vous signale ! Trois heures comme ça, ça va être long !
Du coup j'ai arrêté Charlot, et ils ont pleurniché pendant presque tout le voyage. J'espère que la dame a été contente.

(Je sais bien que c'est pénible, des jeunes enfants dans un train. Mais puisque la SNCF ne réserve pas certains wagons aux familles, que faut-il faire ? J'ai vraiment essayé de les faire tenir tranquille, je le jure. J'ai chanté, raconté des livres, commenté le paysage. Mais demander à un enfant de trois ans de rester assis sans bouger pendant des heures, c'est comme demander à un petit bébé de se taire ou à une ado de ne pas tomber amoureuse : même en les menaçant du fouet, ça ne marche pas...)

lundi 1 avril 2013

Annonce (Poisson d'avril)

Je suis tellement sous le choc que je ne sais pas comment l'annoncer, du coup je vous le dis en image :


Au secours.