samedi 31 janvier 2015

Chantage au dessert pour le Filou

Déjeuner. Le Filou prend une cuillerée de pâtes, puis ôte sa serviette, descend de sa chaise, et va jouer. J'ai renoncé depuis longtemps à lui courir après, dans ces cas-là. Quand le dessert arrive, cependant, le voilà qui rapplique :
— Crème au socolat !
— Tu veux une crème au chocolat ?
— Ui !
— Alors commence par manger tes pâtes.
— Non ! Fifi a pas y aime à ladons !
— Tu n'aimes pas les lardons ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
— Moi a pas y aime !
— Tu es sûr que ce sont les lardons qui te gênent ? Regarde, ça c'est un lardon, et ça c'est un petit bout de poireau.
— Moi a pas y aime à poyeaux !
— Ah oui, c'est bien ce qui me semblait. Tu n'aimes pas les poireaux ? Tant pis pour toi. Il n'y en a pas beaucoup, et si tu les manges en même temps que les pâtes et les lardons, ça passera tout seul.
— Non ! Moi veux pas !
— J'ai bien compris. Mais si tu veux manger cette crème au chocolat, il va d'abord falloir manger les pâtes. Avec les poireaux. Promis, ça ne te bouchera pas le derrière.
— Noooooooooon !
— Bon, alors tant pis, la crème au chocolat est pour moi.

Sur ce, j'ouvre le pot, et je mange une cuillerée. Hurlements de cochon qu'on égorge. Je propose :
— Tu as changé d'avis ? Tu la veux, cette crème au chocolat ?
— Ui !
— Alors d'abord, tu manges au moins dix cuillerées de pâtes.
— Non, non, NOOOON ! Fifi a pas y aime !
— Bon, tant pis.

Et j'avale une deuxième cuillerée de crème au chocolat. Il n'en croit pas ses yeux. Il crie sa rage avec une violence qui nous assourdit tous. Mais je tiens bon.
A la quatrième cuillerée de crème au chocolat disparue dans ma bouche, il a cédé. Et il a mangé toutes les pâtes qui étaient dans son assiette, avec lardons et poireaux, en oubliant totalement de s'arrêter à dix, ce qui prouve qu'elles n'étaient pas si mauvaises, en fin de compte.


Dîner. Rebelotte. Une cuillerée de risotto aux légumes, puis il va se promener. J'attends. Le dessert arrive. Chic, des poires ! Même chantage : tu manges d'abord ton risotto. Il râle. J'insiste. Pendant ce temps-là, j'épluche une première poire, je la coupe en quartiers, j'en donne un au Grand, un à Thing One, un à Thing Two, et j'en garde un pour moi, que je pose sur le côté de mon assiette pendant que j'entreprends d'éplucher un deuxième fruit.
Et là, le Filou, qui s'est résigné à manger son risotto, attrape mon quartier de poire, et avant que j'ai le temps d'intervenir, il le lèche.
Après quoi, mort de rire devant mon indignation, et très fier de lui, il m'a lancé :
— A goûte, moi !
Je pense qu'on peut dire qu'il m'a rendu la monnaie de ma pièce.
(Mais il a tout de même mangé son riz avant d'avoir son dessert, na !)

vendredi 30 janvier 2015

Capsulite

En tout début d'année scolaire, je vous racontais que j'avais commencé à faire du judo, dans le prolongement de mes leçons de jiu-jitsu d'autrefois. Je vous avais aussi dit que j'adorais ça. Et ensuite, je ne vous en ai plus jamais parlé.
Pourquoi ?
Parce qu'à la deuxième séance, fin septembre, je me suis fait mal à l'épaule. A l'épaule gauche. En hissant quelqu'un de lourd. Sur l'épaule droite. Oui, je sais, c'est bizarre. J'ai dû reculer trop violemment l'épaule gauche pour faire basculer le bonhomme sur l'épaule droite, et ça a fait un petit crac. Sur le moment, ça m'a fait mal, mais c'est passé très vite, si bien que j'ai tout de même terminé la leçon. Sauf que le lendemain, j'avais de nouveau mal. Et le surlendemain aussi. Une semaine plus tard, je ne me sentais toujours pas prête à retourner au judo. Deux semaines plus tard non plus.
Résumons : après quelques semaines où je me suis répété avec beaucoup de conviction "Oh, ça va bien finir par passer tout seul", j'ai fini par aller voir l’ostéopathe, puis le médecin, et enfin le kiné.

Quatre mois plus tard, il faut se rendre à l'évidence : loin de s'améliorer, mon épaule ne fait qu'empirer. Pas tellement la douleur, même si elle est bien présente et parfois gênante (essentiellement la nuit), mais surtout la perte de mobilité. Au bout d'un mois, je ne pouvais plus dégrafer mon soutien-gorge. Au bout de deux mois, j'avais du mal à me gratter le dos. Au bout de trois mois, il devenait difficile d'enfiler un sac à dos ou un gilet. Et maintenant, même me laver l'épaule droite est exclus. Certes, mon épaule droite n'est jamais très sale, Darling m'aide à ôter mon soutif, j'ai appris à enfiler les gilets en commençant par la bonne manche, et je garde à portée de main quelques longs crayons au cas où mon dos me démangerait, donc tout ceci n'est pas dramatique. N'empêche que le fait que mon épaule soit de plus en plus bloquée malgré des séances de rééducation nombreuses n'est pas bon signe. Du coup, après une nouvelle visite chez le médecin, le verdict est tombé : c'est une capsulite.
Mais encore ?
Wikipedia est mon amie :
La capsulite rétractile, ou « épaule gelée », est une affection douloureuse de l'épaule responsable d'une impotence fonctionnelle majeure du membre atteint.
Ce qui ne m'apprend pas grand-chose de nouveau.
Sauf que le médecin a ajouté un détail : ça dure... douze à dix-huit mois.
Bigre !
La kiné a confirmé. Capsulite. La bonne nouvelle, c'est que ce n'est pas très grave. La mauvaise nouvelle, c'est que c'est long. Très long.
L'autre bonne nouvelle, c'est qu'au bout de quelques mois – Wikipedia dit 9 –, la douleur devrait s'estomper. L'autre mauvaise nouvelle, c'est que mon épaule va se bloquer de plus en plus, jusque vers le 14ème mois, toujours selon Wikipedia.

— Ce qui me désole le plus, c'est de penser que mon mari avait raison quand il m'a déconseillé de recommencer le judo parce que j'étais trop vieille, me suis-je lamentée aujourd'hui auprès de la kiné.
— Oh, il ne faut pas trop accuser le judo. Si j'avais fait le même mouvement que vous, je me serais peut-être fait mal, mais ça serait peut-être passé en trois jours. On ne sait pas pourquoi chez certains patients, ça dégénère en capsulite, et pas chez d'autres.
— Parce que j'ai laissé traîner avant d'aller voir le médecin ?
— C'est sûr que vous auriez mieux fait d'agir plus vite, mais ça n'explique pas tout non plus. En fait, la capsulite est très largement soupçonnée d'être une maladie psychosomatique.
— Ah bon ?
— Oui. On la retrouve souvent chez des personnes angoissées, par exemple.
— Mais je ne suis pas angoissée, moi !
— Ça peut être autre chose. Le stress, par exemple. Ou une fatigue intense.
— ...
— Tout ce que je peux vous dire, c'est que même si vous avez toujours l'air pleine d'énergie, visiblement, votre corps a éprouvé le besoin à un moment donné de dire "Stop ! Ça suffit !", et il a saisit le premier prétexte venu.
— ...
(Conversation certifiée 100% authentique.)


La conclusion de la kiné a été double :
- Il faut que j'aille la voir au moins deux fois par semaine pendant au moins six mois ;
- Il faut que je me repose.
Ce qui me fait un peu le même effet que si elle m'avait dit "Il faut que vous fassiez des économies, et il faut que vous me donniez mille euros". Complètement antinomique. Deux matinées par semaine chez le kiné jusqu'à nouvel ordre ! Il ne manquait plus que cela dans mon emploi du temps, tiens.



Voilà, après je suis rentrée à la maison, en vélo bien sûr, et j'ai été prise sous une véritable tempête de neige, et je suis arrivée avec les jambes trempées de neige fondue, du haut des cuisses jusqu'aux orteils. Non, mon épaule est restée bien au chaud sous mon imperméable ultra-costaud. Elle n'est gelée que métaphoriquement...

jeudi 29 janvier 2015

Puissance mille

C'est un mot qui existe dans la langue que je traduis, et qui n'existe pas en français. Un verbe, qui veut dire tout simplement "rendre plus puissant".

Dans la plupart des phrases, ça ne pose aucun problème. "Cet ordinateur a été rendu-plus-puissant", en VO, devient "On a augmenté la puissance de cet ordinateur" en VF.

Sauf que me voilà au milieu d'un roman de science-fiction, et que tout à coup, ce sont des humains à qui on a volontairement fait subir une mutation génétique, et qui sont ainsi devenus plus puissants : ils ont acquis des capacités exceptionnelles (vous savez, télépathie, télékinésie, téléportation, ce genre de trucs).

Et devinez un peu comment la population les surnomme ?

Gagné. Les Rendus-plus-puissants. Avec une majuscule, s'il vous plaît.

Plus qu'à me creuser longuement la tête et à parcourir mon fidèle dictionnaire en errant de synonyme en cooccurrence, de cooccurrence en champ lexical, et de champ lexical en antonyme...

(Les Amplifiés ? Les Surdoués ? Les Surdéveloppés ? Les Intensifiés ? Les Mutants ? Les Superhéros ? Les Malabars ? Les Accrus ? Les Télévisions ? Les Surpuissants ? Les Fortiches ?)

mercredi 28 janvier 2015

Retour du Grand

Le car est arrivé en avance, cette fois. Du coup, Darling, que j'avais envoyé à 6h30 devant le collège (chacun son tour !), était déjà de retour à 6h45 avec le Grand qui a catégoriquement refusé de se coucher pour compléter sa nuit, et qui a attendu notre feu vert pour foncer voir ses trois frères et sœur l'un après l'autre, preuve qu'ils lui avaient un peu manqué, quand même.

Il a skié ! En dépit de son problème au genou, il a pu suivre une grosse partie des leçons, et comme il n'avait pas complètement oublié ce qu'il avait appris l'année dernière, il a enfin décroché sa première étoile. Le moniteur lui a même dit qu'il aurait presque pu tenter la deuxième. Il est très fier.

Il a bien mangé, il a bien dormi, il n'a pas eu froid, et il a lu deux des trois bouquins qu'il avait emportés. Il a partagé sa chambre avec quatre autres garçons, mais c'était une grande chambre, très confortable. Il s'est fait des nouveaux copains.

Il a eu beau temps, enfin, pas vraiment beau temps, en fait il y avait du brouillard tous les jours. Et il n'a pas neigé ? Ah si, il a aussi neigé, plusieurs fois. Du coup, ils n'ont fait qu'entrevoirle Mont Blanc, alors qu'ils étaient juste en-dessous. Et c'est bizarre parce que le sommet n'est pas pointu, paraît-il.

Il n'a pas envoyé les trois cartes postales pour lesquelles je lui avais préparé des enveloppes comportant déjà l'adresse et le timbre. Il n'avait pas de cartes postales. Si, il y avait des magasins dans la station, mais ils étaient loin. Si, il y est allé plusieurs fois, mais il n'y a pas trouvé de cartes postales. Si, en fait il y en avait, d'accord, mais elles étaient chères. Et il n'avait pas d'argent. Non, il n'a pas perdu les 20 euros que je lui ai donnés avant le départ, mais il ne savait plus où ils étaient. Si, il s'est acheté d'autres trucs, mais pas au même moment. Non, il n'aurait pas pu écrire des vraies lettres sur du papier, parce qu'il n'avait pas de papier. Si, il avait du papier d'écolier, mais ce n'était pas du papier à lettres. Si, ça aurait été mieux que rien, mais il aurait préféré envoyer des cartes postales...
(Là, je me suis fâchée :
— Franchement, tu me déçois. Je ne suis pas contente. Je t'avais expressément demandé de le faire. Tu aurais pu prendre cinq minutes pour envoyer trois cartes. Tu es terriblement égoïste !
— Ah, mais arrête ! Pourquoi tu me traites toujours d'égoïste ?
— Eh bien, c'est une bonne question. Pourquoi est-ce que je dis souvent que tu es égoïste, et jamais que tu es violent ou capricieux, par exemple ? Il doit y avoir une raison, mais laquelle ?)

Depuis qu'il est rentré à la maison, il rattrape son retard sur sa DS.

Bref, le Grand va très bien, merci.

mardi 27 janvier 2015

Mauvaise nuit pour le Grand

Le Grand arrive demain matin, vers 6h30, après un voyage de nuit dans le car. Je n'ai eu aucune nouvelle depuis son départ. Mais vraiment strictement aucune : je n'ai rien vu sur la porte du collège quand je suis passée devant ce weekend (pas même le fameux "le car est bien arrivé"), je n'ai croisé aucun autre parent, et bien entendu, même si je lui avais donné mon numéro de portable en lui disant vaguement "Si un copain peut te prêter son téléphone une minute, envoie-moi juste un texto, c'est gratuit", inutile de dire que mon portable est resté muet (et pourtant, je l'ai consulté au moins deux fois en cinq jours : si si, je peux le faire, dans les grandes occasions).

Je me demande s'il a pu skier, ou si sa douleur au genou l'en a empêché. Je me demande s'il a été malade dans le car. Je me demande s'il a pensé à prendre son traitement contre l'asthme. Je me demande s'il était dans une chambre avec des garçons sympas. Je me demande s'ils ont bavardé tous les soirs jusqu'à minuit. Je me demande s'il m'a envoyé une carte postale le dernier jour en toute hâte, ou s'il a oublié l'enveloppe timbrée au fond de sa valise.

Je vais être franche : malgré ma mèrindignitude, je me suis même posé ces questions trois ou quatre fois ces derniers jours. Il m'est même venu à l'esprit que je pourrais appeler la mère d'un de ses copains pour avoir des nouvelles. Mais je vous rassure, ces accès de mèrepoulitude n'ont pas duré plus de quelques secondes, et l'idée qu'il est actuellement en train de dormir dans une position atrocement inconfortable dans un car rempli d'ados et conduit par un chauffeur qui carbure au café ne va pas du tout m'empêcher de dormir moi-même – et le plus confortablement possible, même.

lundi 26 janvier 2015

Les petites angoisses de Mr Thing Two

L'autre jour, Mr Thing Two, malade, ne peut avaler son doliprane : il a des haut-le-cœur. Je lui propose alors de lui mettre un suppositoire. L'idée ne l'enchante guère. Cela fait bien longtemps qu'il n'en a pas eu, et il n'en garde aucun souvenir.
— Mais c'est quoi ?
— C'est un médicament, comme le sirop, mais on le met dans les fesses. Ça ne fait pas mal du tout.
— Et après, il va où ?
— Eh bien, dans le ventre, comme quand tu avales un sirop, et une fois dans le ventre, il fait son travail de médicament, il fait baisser ta fièvre !
Il fait une grimace très inquiète :
— Et après, il sort par la bouche ?
(Ben oui, le chemin inverse du sirop, quoi. Logique.)


Depuis quelques mois, suite à un faux mouvement, j'ai mal à l'épaule. Rien de grave, mais ça ne passe pas, et pourtant, j'enchaîne les rendez-vous chez la kiné et même l'ostéopathe. Bref, j'évite de porter des enfants, quand c'est possible. Ils le savent. Pourtant, hier soir, Mr Thing Two tente sa chance :
— Tu me portes dans mon lit ?
— Ah non, mon poussin, j'ai vraiment mal à l'épaule, ce soir.
— Tu as encore mal ?
— Eh oui.
— Beaucoup ?
— Ce soir, oui.
— Ça saigne, alors ?
(J'ai essayé de lui expliquer qu'on pouvait avoir très mal sans saigner et saigner sans avoir très mal, mais il ne m'a crue qu'à moitié.)


Ce soir, en sortant du bain :
— Maman, il y a la pâte à trouille ?
Je demeure très perplexe :
— Pardon ?
— La pâte à trouille ? On va voir la pâte à trouille ?
— Mais de quoi tu parles ?
— Ben de la pâte à trouille, à la télé !
(En fait, il voulait voir la Pattes-Patrouille, ou Pat-Patrouille, un dessin animé à propos de chiens qui sauvent des gens. Il avait juste mal compris le titre...)

dimanche 25 janvier 2015

Trois gamins à La Défense

Après une semaine d'enfermement dans une maison dont chaque centimètre carré de mur contient plus de microbes qu'un torchon de vaisselle utilisé depuis six mois, avec tous les jours entre une et quatre personnes malades à la maison, pas une seule journée de travail complète, pas d'autres sorties que pour des raisons médicales, pas une seule nuit sans interruptions multiples, des enfants grognons et des adultes souffreteux, des quintes de toux et des poussées de fièvre, des vomissements et des maux de ventre, ce matin, nous étions tous à peu près rétablis. Je dis bien à peu près : les trois petits nez coulaient encore comme des robinets, le Filou et les deux parents toussaient encore comme des dératés, et Darling grelottait encore dans une maison chauffée (exceptionnellement) à 21°C, mais enfin, c'était beaucoup mieux que les jours précédents. Du coup, nous avons décidé que nous avions bien mérité une petite promenade. De préférence dans un endroit un peu plus dépaysant que le parc le plus proche, voire si possible un endroit que les enfants ne connaissaient pas encore. Et nous sommes allés à la Défense.


Alors, il faut bien l'avouer, l'esplanade de la Défense, le dimanche, en janvier, par temps froid et gris, ce n'est pas la folle allégresse. Voyons le bon côté des choses : les touristes ne s'y pressent pas, on ne se marche pas sur les pieds, et comme il n'y a pas de voiture, on peut laisser les enfants courir, ce dont ils avaient bien besoin après avoir passé chacun entre 4 et 6 jours cloîtrés à la maison depuis samedi dernier. Et puis nous avons admiré l'arche, repéré l'Arc de Triomphe au loin, rigolé devant les immeubles aux formes biscornues, contemplé les œuvres d'art et la fontaine colorée, et terminé par trois tours de manège, donc somme toute, c'était plutôt une sortie réussie.





Et maintenant, vivement demain matin, quand chacun reprendra le chemin de ses occupations habituelles...

samedi 24 janvier 2015

Derniers problèmes à régler

La fin d'une traduction, avant la correction orthographique et la relecture : on règle les derniers problèmes, ceux qu'on a laissés en suspens en se disant "on verra plus tard". Les jeux de mots. Les proverbes, qui n'ont parfois pas d'équivalent dans une autre langue. Les noms propres. L'éditrice m'a dit de les garder en VO ; oui mais s'ils veulent dire quelque chose, ou si ce sont des surnoms ? Je parie que dans le tome suivant, on comprendra pourquoi ce personnage est surnommé d'après une carte à jouer, et je serai bien ennuyée... Les rimes : cette prophétie, il va bien falloir la mettre en vers, quitte à s'éloigner un tout petit peu du texte original. Les adresses ; est-ce que je mets "rue" en français, ou je le laisse en VO ? Pas sûr que les gamins comprennent... Les slogans ; ah, mais zut, fallait-il vraiment nous donner le slogan de ce vendeur de sandwichs qu'on ne reverra jamais dans la série ? Les dernières vérifications, aussi : alors, voyons un peu si je trouve un plan de la ville ou se passe l'action, histoire d'être sûre de ne pas dire de bêtises... Et cette étrange dédicace, au début du roman, comment dois-je la comprendre ? C'est quoi, ce truc entre guillemets, un private joke, une émission de télé, une allusion que je n'ai pas comprise ? Cette citation mise en exergue, elle a sûrement déjà été traduite, donc autant prendre la citation officielle si je la trouve, mais je n'ai pas les œuvres complètes de ce philosophe en français chez moi. Et encore, j'ai de la chance, il est dans le domaine public, donc avec beaucoup de patience, je vais finir par trouver ça quelque part ; quand c'est un roman récent, c'est plus dur... C'est bon, il ne me reste plus rien en surligné ? Ah si, bon sang, le titre, j'oubliais le titre, impossible à traduire littéralement ; l'éditrice m'a dit de lui faire des suggestions, et pour le sous-titre aussi !

Selon les textes, une dizaine, un vingtaine, une trentaine de mots ou de phrases à revoir, tout au plus. Et souvent, au moins dix heures de boulot...

vendredi 23 janvier 2015

Un faux mouchoir ?

Miss Thing One me voit tirer un mouchoir en tissu de ma poche. J'en ai piqués quelques-uns à ma grand-mère, il y a quelques années : je les utilise pour aller courir (ainsi,aucun risque qu'ils se décomposent si je transpire trop) et quand j'ai la goutte au nez (histoire de ne pas utiliser trois boîtes de mouchoirs en papier dans la même journée).
Elle me fixe, ébahie :
— Pourquoi tu utilises un mouchoir pas vrai ?
Je ris.
— C'est un vrai mouchoir, ma puce. Un mouchoir en tissu. Avant, il y a longtemps, les mouchoirs en papier n'existaient pas : ils étaient tous en tissu. Au lieu de les jeter, on les lavait.
— Il y a longtemps ?
— Oui. Disons, quand ta grand-mère, ma maman, était petite.

Darling, qui passe par là, s'arrête net, offusqué :
— Et même quand moi, j'étais petit, je te signale !
— C'est vrai ? Moi, enfant, j'utilisais déjà des mouchoirs en papier. C'est vrai que tu es plus vieux que moi...

(Oui, je me venge. Il m'a traité de vieille il y a deux ou trois jours, rappelez-vous.)

(Vérification faite, les Kleenex ont été introduits en France en 1960. Donc même ma mère a pu en utiliser dans son jeune âge. Mais Darling n'est pas né en France...)

jeudi 22 janvier 2015

Le Grand part en classe de neige

Ce matin, le réveil a sonné à 5h30. La bonne nouvelle, c'est que Miss Thing One venait de me réveiller à 5h20, et j'avais passé cinq minutes à la faire souffler dans dix mouchoirs d'affilée, donc j'étais déjà bien réveillée. L'autre bonne nouvelle, c'est qu'en quittant la maison à 6h, j'ai échappé à la diarrhée matinale du Filou, qui a mis Darling sur le pied de guerre bien avant que son propre réveille ne sonne à 7h.
Et où allais-je comme ça, si tôt ? Accompagner le Grand, qui est parti en classe de neige avec tous les élèves de 5ème de son collège.

Il faut cependant savoir que le Grand est dispensé de sport depuis déjà plusieurs mois, car il est victime d'une maladie de croissance : il a mal au genou, et il boîte. Sa prof de sport m'a convaincue (sans trop de mal) (OK, très très facilement) de le laisser partir avec les autres malgré tout. Au pire, il ne fera pas de ski, et pendant que les autres sont sur les pistes, il passera quatre heures par jour à lire, ce qui ne devrait pas trop le chagriner. Mais la prof m'a dit qu'elle lui ferait tout de même essayer le ski, en douceur, au cas où ça ne lui ferait pas trop mal.
— De toute façon, je dirai que j'ai raté ma première étoile, m'a-t-il annoncé.
C'est vrai. Quand il en a refait l'année dernière, après cinq ans d'abstinence, il a eu un peu de mal à s'y remettre, et on lui a donc donné un simple flocon, alors qu'il l'avait déjà.
— Et je dirai que je n'en ai pas fait depuis cinq ans, a-t-il ajouté.
Pour le coup, ce n'est pas vrai. Pas grave. Je sens bien que son rêve serait qu'on le mette au club piou-piou, histoire de ne prendre aucun risque. Je vous ai déjà dit que ce grand gamin n'est pas un fonceur ? Il aime bien skier, mais il a toujours un peu la trouille d'être à la traîne, de tomber, d'être abandonné. Et maintenant, d'avoir mal. S'il osait, il dirait qu'il n'en a jamais fait, mais ce ne serait pas crédible. Au moins, il y a peu de chances qu'il se retrouve sur un champ de bosses ou dans un snowpark (le médecin a été clair : ce qu'il ne doit vraiment pas faire, c'est sauter).

Le petit problème de la dispense, c'est que puisqu'il n'allait pas en sport, le Grand n'a eu AUCUN papier officiel concernant le séjour. Rien. J'ai trouvé ça un peu léger de la part de la prof de sport, j'avoue. J'avais eu les dates du séjour au tout début de l'année, mais aucun autre détail. J'ai dû me battre pour qu'il me photocopie chez un copain la liste du matériel à emporter, il y a une semaine. Heureusement que j'ai insisté, car il me soutenait qu'il fallait acheter des chaussures de ski, ce qui me semblait très improbable. J'avais raison, c'était des "après-ski", bien sûr.

Pour l'heure de départ et le lieu de rendez-vous, c'est lui qui me les a annoncé. Ce matin, en traversant les quelques rues désertes menant jusqu'à la place du marché, à 6h15, sous un ciel noir et glacial, je me suis dit que j'aurais peut-être mieux fait d'appeler le collège pour avoir une confirmation.
— Si on se retrouve tout seuls sur la place à 6h30, on aura l'air ridicules, ai-je gémi.
— Si on est seuls, il n'y aura personne pour nous trouver ridicules, a-t-il répliqué.

Nous n'étions pas les seuls. Mais nous n'étions pas très nombreux non plus. En fait les gens sont arrivés tranquillement entre 6h30 et 7h, pendant que je faisais des petits bonds sur place pour essayer de me réchauffer. A 6h45, j'ai enfin repéré une mère que je connaissais, et je me suis précipitée vers elle :
— Vous pouvez me donner quelques informations ? Mon gamin n'a eu aucun papier à cause de sa dispense.
— Quoi ? Mais si, j'ai dit à mon fils de prendre les papiers en double pour les lui donner, et dimanche, quand le vôtre est venu passer l'après-midi à la maison, il les a mis dans sa poche devant moi !
Tous les regards ont convergé vers le Grand, qui a rougi sous sa cagoule :
— Ah oui, c'est vrai... J'ai oublié de te les donner !
Toutes mes excuses à la prof de sport. Ne jamais accuser d'autres gens quand il est possible que ce soit votre pré-ado le coupable. Je devrais le savoir.

— Et vous n'étiez pas à la réunion d'information ? me demande encore l'autre mère.
— Un jeudi soir à 18h30, aucune chance : mon mari rentre à 20h30 au plus tôt, ce soir-là. Que disaient donc ces papiers que je n'ai pas eu ?
— Que les DS étaient interdites et seraient confisquées si on les trouvait...
— Ah oui, ça, bizarrement, il s'en est souvenu.
— Qu'ils pouvaient prendre leur portable, mais qu'ils n'en auraient l'usage qu'une heure chaque soir...
— Je m'en fiche, il n'en a pas. En général, il utilise celui du vôtre pour m'appeler.
— Cette fois, il ne risque pas, le mien a perdu son portable.
— Ah. Autre chose ?
— Que le départ était à 6h30 ce matin...
— Sauf qu'à force, il est déjà 6h55, mais passons.
— Et qu'il fallait leur donner un pique-nique pour le voyage.
— Ah, zut !
— Il n'a rien ?
— Disons que comme il n'a pas petit-déjeuné, je lui ai donné de quoi grignoter : un paquet de gâteaux, une banane, une compote et une pomme... Mais c'est tout.

Je serai complètement honnête : l'idée que j'aurais pu aller tout de suite acheter quelque chose à la boulangerie m'a traversé l'esprit, car le départ ne semblait vraiment pas imminent. Mais je me suis dit que ce n'était pas plus mal que le Grand subisse un peu les conséquences de son étourderie. Je ne sais pas si ça fait de moi une mère responsable ou une mère indigne ?
Par ailleurs, ce matin, j'avais aussi glissé six sucettes dans son sac, avec pour consigne "Tu partageras avec tes copains", ce à quoi il m'avait répondu du tac au tac "Mais s'ils n'en veulent pas, je peux toutes les manger moi-même ?". Du coup, je lui ai conseillé :
— A l'heure du déjeuner, surveille un peu les autres : il y a toujours des parents qui donnent beaucoup trop de choses à leurs enfants. Tu peux aussi essayer d'échanger les sucettes contre des chips ou des morceaux de sandwichs, ça m'étonnerait que tu ne trouves pas preneur...

Enfin, le car et la prof de sport sont arrivés, séparément, mais tous les deux à 7h passé ; et les enfants ont pu charger leurs valises et monter. Dans l'ordre alphabétique. Le Grand est donc passé en dernier. J'ai beaucoup regretté que Darling ne s'appelle pas Amicoli ou Aubet ou Aawizt ou quelque chose du genre : j'avais les doigts de pieds complètement gelés.
Et puis enfin, à 7h15, le car est parti, et puis moi aussi, mais au bout de trois pas, j'ai fait demi-tour précipitamment pour rattraper l'autre mère :
— Et dites, au fait, quand est-ce qu'ils reviennent ?
— Il ne vous a même pas dit ça ?
— Si, il m'a dit qu'ils voyageraient de nuit et qu'ils arriveraient le matin, mais il ne savait plus si c'était mardi, mercredi ou jeudi. Précis, vous voyez.
— Mercredi, entre 6h30 et 7h. Nous devons être là à 6h30.
Je vois. On parie que le car n'arrivera pas avant 7h et demie ? Croyez-moi, mercredi prochain, je prendrai une couverture et une thermos...



Coda :
— Ah, et pour savoir s'ils sont bien arrivés... a dit la mère.
— Il est prévu qu'on sache s'ils sont bien arrivés ? Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, non ?
— ... ce sera affiché ce soir, à 18h30, sur la porte du collège.
La même heure que la réunion d'information à laquelle je n'ai pas pu assister. Genre, je vais ressortir à 18h15 avec les trois petits, dont deux toujours malades, pour aller voir s'il y a un papier qui dit "le car et bien arrivé" punaisé sur la porte. Mais bien sûr. Je persiste dans mon opinion : pas de nouvelles, bonnes nouvelles...

mercredi 21 janvier 2015

Brèves de maladies

Ce matin, je me lève au radar, encore plus fatiguée que quand je me suis couchée hier soir. Darling me demande :
— La nuit a été mauvaise ? Ils se sont beaucoup réveillés ?
(Darling est un homme, un vrai : il n'entend pas ses enfants pleurer la nuit) (Désolée pour le cliché, ce n'est pourtant pas mon genre) (Le pire, c'est qu'autrefois, quand il n'y avait que le Grand, il l'entendait) (Bref)
Moi, d'une voix d'outre-tombe :
— Six fois. Je me suis levée six fois. Dont une pour le Filou qui a vomi son doliprane. Tu dois t'en souvenir, tu t'es levé aussi !
— Ah oui, c'est vrai. Et les autres ?
— Euh, deux autres fois le Filou, et puis une fois Miss Thing One et une fois Mr Thing Two... Non, attend, ça s'était la nuit dernière... Alors deux fois Miss Thing One, une fois le Filou, et... Non, je ne sais plus.
(Je veux hiberner jusqu'à fin avril, au moins)


A midi, tournée de doliprane pour les trois petits, tous restés à la maison aujourd'hui. Le Grand, revenu du collège, réclame :
— Moi aussi, je suis malade ! J'ai un peu mal à la tête ! Je veux du sirop !
— Tu es trop grand pour prendre ce sirop, andouille. Mais j'ai des cachets, si tu veux.
— Tu sais bien que je n'arrive pas à les avaler !
— Il me reste aussi des suppositoires...
— Euh, en fait ça va mieux.
Je m'en doutais.


A la pharmacie :
— Bonjour, je voudrais du paracétamol.
— Sous quelle forme ?
— Toutes.
— Pardon ?
— Du sirop pour les enfants, des suppositoires pour celui qui vomit le sirop, des sachets de poudre pour adolescents, et des cachets pour les adultes.
— Oh là là ! Il y a un virus qui traîne, chez vous ?
— Qu'est-ce qui vous faire dire ça ?


L'après-midi, je prends la température des petits (le Grand n'a vraiment rien) (à part un ongle incarné et un genou en vrac). Le Filou : 39,2°. Miss Thing One : 38,5°. Mr Thing Two : 36,8°.
— Ah, ben il y en a au moins un qui n'est plus malade !
— YES ! crie Mr Thing Two en levant un poing victorieux.
(Mon seul vrai éclat de rire de la journée)


Au dîner, poulet. Normalement, il est intégralement dévoré, il ne me reste que la carcasse pour me faire du bouillon. Cette fois, tout le monde chipote ; du coup, il en reste la moitié. Le Filou mange une cuillère à soupe de purée, et rien d'autre, alors qu'il n'a pas touché à la galette des rois au goûter (!). Miss Thing One ne termine pas sa crème au chocolat (!!). Mr Thing Two va un peu mieux, et heureusement, parce qu'avant-hier, en l'entendant me dire avec le plus grand sérieux qu'il n'aimait pas les pâtes au jambon (!!!), j'ai failli appeler le samu. Moi même, je suis trop patraque pour terminer mon assiette (!!!!).
— Voyons le bon côté des choses : malgré les dépenses à la pharmacie, on va faire des économies...


21h15. J'ai enfin couché tout le monde, et malgré le retard pris sur mon travail, je ne vais pas tarder à aller au lit moi-même. D'abord parce que je dois me lever à 5h et demie demain matin (je vous raconterai). Ensuite parce que même si je m'efforce de l'ignorer, moi aussi, j'ai vaguement la crève.
— Tu as dû attraper froid, suggère Darling, qui vient de rentrer du boulot et de finir de dîner.
— Je crois qu'il y a une explication plus simple : ça fait cinq jours que je passe mon temps à moucher des petits nez, et j'avoue que je ne me lave pas les mains 50 fois par jour... Ils m'ont sûrement refilé leurs microbes.
— Peut-être. Mais tu peux aussi avoir attrapé froid. Tu ne t'habilles pas toujours assez chaudement, quand tu sors. Et ne le prends pas mal, mais plus on vieillit, plus on est susceptible de tomber malade quand on ne se couvre pas assez...


Sur cette dernière note joyeuse, je vais me coucher (et lors des réveils nocturnes, je prendrai des notes, comme quand j'allaitais les jumeaux).

mardi 20 janvier 2015

Bulletin de santé

- Une otite ;
- Une toux sèche, avec fièvre ;
- Une toux grasse, avec fièvre ;
- Une infection zizitaire ;
- Un genou HS (maladie de croissance) ;
- Une gastro ;
- Un diabète insulino-dépendant ;
- Une pancréatite ;
- Un ongle incarné ;
- Une tendinite à l'épaule...

... Ça fait beaucoup d'un coup pour une famille de six personnes, non ?

(Je n'ai réussi à avoir qu'un seule rendez-vous chez le médecin, en fin d'après-midi. J'emmène le plus fiévreux ? Celui qui est malade depuis le plus longtemps ? Celui qui cumule le plus de saletés ? Je tire à la courte paille ?)

Edit, à 19h : Finalement j'ai emmené le mauvais, bien sûr. Le Filou n'a qu'un petit virus contre lequel il n'y a rien à faire (doliprane, lavages de nez, blablabla) alors que Miss Thing One a vraiment tout l'air d'avoir une "vraie" otite (bactérienne). Mauvaise pioche.

lundi 19 janvier 2015

Cotisations et abonnements

Après avoir passé trois semaines à aller sur le site de ma banque trois fois par jour, pour surveiller l'état de mes comptes et jouer aux vases communicants ("Alors, si je prends encore 70 euros sur le compte joint et que je les vire sur mon compte perso, ça devrait être bon pour le prélèvement des impôts dans deux jours, sauf que le prélèvement du gaz qui passe sur le compte joint est prévu dans trois jours, donc peut-être qu'en empruntant encore 80 euros au livret A du Grand..."), j'ai enfin été réglée par l'éditeur qui avait négligé de "valider les paiements" avant Noël. Du coup, c'est la fête : non seulement j'ai pu racheter des pâtes et même des pommes, non seulement j'ai acheté trois T-shirts au Grand (qui aurait pu faire la manche vu l'état de sa garde-robe), mais en plus j'ai même réglé mes cotisations diverses et variées.

Et puis voilà que dans l'un des bulletins d'adhésion à remplir, il y avait la rubrique "centres d'intérêt".
Cela faisait un bout de temps qu'on ne m'avait pas posé cette question, tiens.

Quel sont mes centres d'intérêts ? En fait, il y a un moyen assez simple de le savoir : il suffit de faire la liste de toutes les cotisations que j'ai payées ce matin, et d'y ajouter les journaux auxquels je suis abonnée. Voici la liste, certifiée authentique et complète :

Alors, les cotisations :
- Une association de traducteurs (l'ATLF) ;
- Une association d'auteurs pour la jeunesse (La Charte) ;
- Une association féministe (Osez le féminisme) ;
- Une association écologiste locale ;
- Une association de cyclistes (MDB).

Les abonnements presse :
- Un quotidien en ligne (Le Monde) ;
- Un magazine culturel (Télérama) ;
- Un magazine de cuisine (Saveurs) ;
- Un magazine de jardinage (Les 4 saisons du jardin bio) ;
- Un magazine de consommateurs (Que Choisir).

Dans l'ensemble, je me reconnais assez bien dans ce portrait-robot. Une intello écolo féministe traductrice pour la jeunesse qui fait du vélo et aime cuisiner (le jardinage ne mérite pas vraiment qu'on en parle) ? C'est bien moi. Autant dire une bobo, quoi.

J'ai tout de même repéré un grand absent, dans cette liste. En un sens, c'est normal, d'ailleurs, mais tout de même, ça a attiré mon attention :
Pas une seule association de parents. Pas un seul magazine pour les petits.
On pourrait croire que je n'ai pas d'enfants.
C'est une des choses les plus importantes dans ma vie quotidienne (cf le titre du blog), mais ce n'est pas un "centre d'intérêt".
Amusant, non ?

samedi 17 janvier 2015

Tasse avec mélangeur automatique

Après le pot parlant qui félicite l'enfant, le tube de papier toilette qui se désagrège dans l'eau, le seau à technologie bionique, et quelques autres objets indispensables pour le quotidien, je viens de découvrir le mug qui mélange automatiquement la boisson.

Je vous jure. Regardez :



Il ne mixe pas, hein : ce n'est pas un mousseur à lait pour faire du cappuccino, par exemple. Mais si vous buvez du café au lait, par exemple, il mélange le café et le lait. Et même le sucre, si vous mettez du sucre.
Mais si.

Vous vous rendez compte ? Plus besoin de petite cuillère ! Quel gain de temps, quel soulagement pour les paresseux ! Bon, certes, il fonctionne avec des piles, ce qui signifie qu'il ne passe pas au lave-vaisselle. Il faut donc le laver à la main. En revanche, pas besoin de laver la petite cuillère : vous voyez bien qu'on y gagne.

Cet engin en plastique à moteur qui fonctionne à piles serait même écologique, selon un commentaire lu quelque part : plus besoin d'utiliser les petits bâtonnets jetables qui sont distribués pour mélanger les boissons en l'absence de petites cuillères. Écologique. Puisqu'on vous le dit.

Franchement, je ne sais pas si j'ai davantage envie de rire ou de me pendre...


jeudi 15 janvier 2015

La (presque) peste et le (presque) chef

Miss Thing One discute avec son frère jumeau. Elle lui explique quelque chose. Il tente de l'interrompre. Mal lui en prend :
— Tais-toi ! Je PARLE ! lui assène-t-elle.
— Mais j'ai le droit de dire quelque chose ! geint-il.
— Oui, mais d'abord, tu m'écoutes !
La discussion continue, dégénère en dispute. J'interviens :
— Dis donc, ma chérie, tu arrêtes un peu de faire la peste ?
— Je ne suis pas une peste ! proteste-t-elle.
— Ben si, un peu quand même.
Alors là, elle se fache tout rouge :
— Je t'ai dit que NON ! hurle-t-elle.
Franchement, elle fait peur... mais pas à moi. J'insiste :
— Moi je trouve que si.
Elle me regarde comme si elle voulait me tuer, puis concède, toujours sur le même ton très autoritaire, genre tu-n'as-pas-intérêt-à-me-pousser-à-bout :
— Un tout petit peu, alors.

(Mais enfin, de qui tient-elle donc ?)

*    *    *

Pendant le dîner, Darling m'annonce que la librairie où il travaille comme chef de rayon va peut-être changer de locaux et se déplacer dans un autre magasin à dix mètres de la boutique actuelle.
— Le déménagement devrait avoir lieu en mars, pendant trois dimanches de suite.
— Tu devras être présent ?
— Je préférerais, oui. Toi aussi, tu peux venir, si tu as envie et si on trouve quelqu'un pour garder les enfants. Je sais que tu aimes bien ranger les rayonnages de livres...
— D'accord, pourquoi pas.
— Mais, heu, devant les autres libraires, tu devras faire semblant de m'obéir, hein ? Là-bas, c'est moi le chef, tu ne peux pas te mettre à contester ouvertement tout ce que je dis...
— ...
Bon, admettons. On fera semblant.

mercredi 14 janvier 2015

Fifi a veut à l'icole (puisqu'on vous le dit !)

Ce matin, Darling est malade. C'est donc moi qui gère les trois petits (le Grand n'a plus besoin de moi, heureusement). Je suis assez fière de moi : levée à 7h30, je pars à 8h15 avec les trois bambins habillés et nourris, et moi-même, j'ai petit-déjeuné, je me suis lavée, je me suis habillée (je ne suis encore jamais allée à l'école en pyjama sous mon manteau, comme on me dit que ça se fait dans certains pays), je me suis maquillée et je me suis verni les ongles des pieds (non, bon d'accord, je plaisante) (pour le maquillage aussi – je précise pour ceux qui ne me connaissent pas...).

Un seul incident se produit au moment de mettre le Filou dans le porte-bébé dorsal (histoire d'avoir les mains libres afin de tenir les deux autres) (je me méfie de ces mômes). Il est un peu étonné, car normalement je l'emmène chez l'assistante maternelle en vélo, donc j'explique :
— On va d'abord accompagner les Things jusqu'à l'école, d'accord ?
Un grand sourire se dessine sur son visage.
— Oui ! Fifi a y aime à l'icole !
— Mais tu ne vas pas y rester, tu sais. On dépose juste ton frère et ta soeur, et ensuite je t'emmène chez l'ass-mat.
Et là, c'est le drame. Il hurle :
— Non ! Fifi a veut l'icole ! Moi a y aime à l'icole ! MOI VEUX L'ICOOOOLE ! OIIIINNNNN !
J'ai eu bien du mal à le consoler. J'aurais dû me méfier, ce n'est pas la première fois qu'il me dit ça. L'ass-mat de l'année dernière me l'avait bien prédit : les derniers mois, il risque de s'ennuyer. Au moins, je ne suis pas trop inquiète pour la rentrée de septembre prochain...

(Tout de même, quand je pense qu'il a désormais l'âge qu'ont à la rentrée les enfants nés en décembre, qu'il est très indépendant, qu'il parle – tout arrive –, qu'il est propre, et qu'il rêve de suivre ses frère et sœur, je regrette plus que jamais qu'on ait refusé de le prendre cette année) (et puis aussi, ça m'économiserait une demi-heure de route par jour, et plusieurs centaines d'euros par mois) (bon, d'accord, j'admets que je regrette encore plus pour moi que pour lui).

(Nous sommes finalement partis sous le regard perplexe du Grand qui avait vraiment beaucoup de mal à comprendre qu'on puisse faire un caprice pour aller à l'école)
(Remarquez bien qu'il y a un précédent : je me souviens qu'au même âge, sa sœur avait détesté être privée de crèche pendant une semaine...)

mardi 13 janvier 2015

Ateliers d'écritures et troubles du comportement, deuxième round

Hier, ateliers d'écriture, donc. Il a vraiment fallu se creuser la tête pour trouver un sujet à partir d'un thème imposé pour les plus jeunes (les bonnes manières). La dernière fois, nous avions rédigé une liste de choses à ne pas faire, mais les gamins avaient s'étaient assez vite ennuyés d'aligner les "Il ne faut pas voler" et "Il ne faut pas abîmer le matériel" (entrecoupés de quelques "Il ne faut pas grimper sur l'armoire pour sauter sur le lit" ou "il ne faut pas faire pipi sur le lit d'un camarade" qui avaient mis de l'ambiance, tout de même). Cette fois, je voulais donc trouver quelque chose de plus rigolo, et je leur ai donc proposé de faire des phrases qui commençaient toutes par "Si j'étais un garnement...". Allez, on s'en donne à cœur joie pour inventer des bêtises !

Bien sûr, comme c'est un établissement pour enfants qui ont des troubles du comportement, il y a eu quelques "Si j'étais un garnement, j'exploserais la tronche de tout le monde et ensuite je foutrais le feu à l'établissement", qui ont été recalés comme ne respectant pas la consigne (on a dit "garnement", pas "criminel") (néanmoins, si ça te fait du bien, tu as le droit de le dire et de l'écrire, à défaut d'avoir le droit de le faire), mais il y a eu aussi quelques idées rigolotes, "J'étalerais du nutella sur le parquet de la chambre des filles", "Je verserais de la colle dans les pâtes de la cantine", "Je mettrais un putois dans la voiture d'un éducateur", "J'écrirais une lettre d'amour à la directrice de la part d'un professeur", etc. Il y avait aussi celui qui voulait placarder des photos de femmes nues partout dans la classe (9 ans, le gamin) et celle qui voulait aller dévaliser la maison d'en face pendant la nuit (8 ans). Et puis aussi celui qui nous a aimablement donné l'exemple de ce qu'était concrètement un garnement et qui, après avoir balancé ses affaires dans toute la classe, a fait mine de me coller une baffe (mais comme il avait 7 ans et que nous étions trois adultes dans la classe, je ne me suis pas trop sentie menacée, je vous rassure) (j'ai tout de même eu une pensée émue pour l'éducateur chargé de le faire se coucher / se laver / s'habiller, etc., qui m'a avoué qu'il lui arrivait assez fréquemment de se faire mordre ou griffer).

Un sacré boulot, il faut l'avouer, dont je ressors à chaque fois avec une migraine, car ça crie beaucoup (oui, maman, encore plus que chez moi...). Mais j'aime cette parenthèses, fût-elle épuisante ; j'aime que certains de ces enfants fassent un effort pour se concentrer et soient fiers ensuite de ce qu'ils ont pondu (à la fin, quand on relit ce qui est écrit au tableau : "Ah, cette phrase-là, c'est moi qui l'ai dite !", ) ; et j'aime le contact avec cette équipe de gens formidables qui se battent de toutes leurs forces pour que ces gamins ne se retrouvent pas en prison à 16 ans à se faire embrigader par des criminels ou des terroristes, ces hommes et ces femmes qui savent à quel point leurs pensionnaires ont eu des histoires difficiles, ces adultes chez qui la compassion n'empêche pas la fermeté et l'autorité n'empêche pas la compréhension, qui râlent du manque de moyens ou du manque de personnel, mais qui savent aussi en rire et aller de l'avant, jour après jour. Bravo, vraiment.

dimanche 11 janvier 2015

Un hôtel désert

Sans transition, parce que – pour nous – la vie continue, pendant que le Grand est allé manifester (avec la famille d'un copain) pour la première fois de sa vie, moi, j'ai pris le train jusqu'à un trou paumé (sans offense, hein !) pour animer des ateliers d'écriture demain. Et cette nuit, je vais dormir seule dans un hôtel de 24 chambres. Entièrement seule. Autrement dit, il n'y a pas un rat (enfin, j'espère) dans tout l'établissement. Pas même un gérant. J'ai dû ouvrir la porte de la rue avec une clef remise à un voisin, traverser de longs couloirs silencieux (va savoir pourquoi, on m'a attribué la dernière chambre, très loin de l'entrée), en essayant de ne pas imaginer ce qu'il pourrait y avoir derrière toutes ces portes si on était dans un film d'horreur, et m'installer dans une chambre glaciale, au chauffage éteint. Heureusement que je ne suis pas trop froussarde...

vendredi 9 janvier 2015

Le petit garçon et le terrorisme

Et puis il a bien fallu aborder le sujet avec les Things, de peur qu'ils en entendent parler par ailleurs et que mon silence nourrisse leur peur d'avantage encore que mes paroles. Miss Thing One n'était pas au courant et ne s'y intéressait pas vraiment. Mr Thing Two, lui, avait plus ou moins compris pourquoi les sorties scolaires étaient annulées, avait entendu parler des "terroristes", et comme c'est un petit garçon assez angoissé, le sujet le travaillait.

Comment explique-t-on à un enfant de quatre ans et demi que des gens puissent commettre des crimes aussi abominables quand on ne le comprend pas soi-même ? Il voulait savoir si ça s'était passé près de chez nous, cette histoire. Quand je lui ai dit que c'était à plusieurs heures de marche d'ici (je voulais lui donner un ordre de grandeur, car sa notion des distances est encore très approximative), il m'a demandé si les terroristes n'avaient pas de voiture. Quand je lui ai dit que non, on ne pouvait pas acheter un pistolet pour se défendre car les armes à feu étaient interdites en France, il m'a demandé où les terroristes avaient pris les leurs. Quand je lui ai promis qu'il n'y avait pas de terroriste dans le quartier, il m'a répliqué que puisque les sorties étaient annulées, c'était bien parce que il pouvait y avoir des bombes à la bibliothèque. Quand j'ai tenté maladroitement d'expliquer que les assassins s'en étaient pris à des dessinateurs dont les œuvres leur déplaisait, il a voulu savoir si lui aussi se mettait en danger quand il dessinait...

Comment expliquer à un enfant qu'on peut être considéré comme un ennemi par quelqu'un qu'on n'a jamais vu ? Comment le rassurer alors qu'il découvre que même sans avoir d'accident, sans être malade, et sans avoir jamais fait de mal à personne, on peut être une victime ? Comment dire l'indicible, lui faire accepter l'inacceptable ?

Dichotomie

Ces deux derniers jours, à chaque fois que je m'arrête cinq minutes entre deux pages de traduction, je file sur le site du journal Le Monde. Du coup, sur mon écran s'alternent des histoires de héros qui reconstruisent leur ville, éliminent le méchant, retrouvent leurs amis qu'ils avaient cru morts, tombent amoureux et font la fête (oui, j'arrive à la fin du roman) et des histoires d'assassinats, de liberté d'expression qu'on veut museler, de familles endeuillées, de policiers abattus à bout portant, de chasse à l'homme. Dichotomie totale. Mais pour une fois, au lieu de me paraître niaises, les aventures abracadabrantes de mes héros à quatre pattes me font du bien, et au lieu de voguer sur Internet pour m'évader de ce roman qui m'a tant agacée, je me surprends à me plonger dans ses péripéties pour m'évader de ce que je découvre sur Internet...

mercredi 7 janvier 2015

Je suis Charlie


Avoir le courage de rire encore, même quand on a envie de pleurer. Merci, Zep.

mardi 6 janvier 2015

Cycliste, donc forcément coupable

L'autre jour, dans une rue commerçante de ma petite ville, j'ai assisté de loin à un accident de vélo. Rien que de très classique : une voiture s'était arrêtée en double file, une cycliste est passée gentiment à côté, et à ce moment-là, l'automobiliste à ouvert sa portière. Bang. Par terre, la cycliste. Je ne sais pas si elle a été gravement blessée, car j'étais dans un magasin, et je n'ai pas vu grand-chose. Et puis je n'aime pas du tout jouer les badauds, et surtout, j'ai essayé de très vite me concentrer sur autre chose, car j'avais une envie furieuse d'aller donner des coups de hache dans la bagnole du [censuré] qui 1- s'était garé en double file pour ne pas avoir à marcher deux minutes, 2- était sorti de sa voiture côté circulation, et 3- n'avait même pas pris la peine de regarder derrière lui avant d'ouvrir sa portière.

J'étais donc très en colère. Et c'est alors que deux dames, dans le magasin où j'étais, ont commenté l'événement :
— Oh, la pauvre ! a dit l'une.
— Ah oui, elle a dû se faire mal ! a dit l'autre.
Un silence, puis la première a repris :
— Mais bon, il faut bien reconnaître que les vélos...

Elle n'a pas achevé sa phrase, mais son ton était parfaitement clair, et de toute façon, c'est LA phrase qu'on entend dès qu'on aborde le sujet : les vélos font n'importe quoi.
Autrement dit, la pauvre cycliste, au fond, elle l'avait bien cherché.
Cela ne vous dit rien, à vous, ce genre de phrase ? La victime qu'on transforme en coupable ?
La pauvre, elle s'est fait agressée, mais bon, elle portait une mini-jupe...
Vous voyez ce que je veux dire ?
En l'occurrence, la cycliste roulait sur la chaussée, dans le bon sens, et donc était à 100% dans son bon droit. Mais si ça se trouve, dans d'autres circonstances, elle brûlait les feux rouges ou prenait des sens interdits. Et si ce n'est pas elle, ce sont ses frères cyclistes !
La pauvre, elle s'est fait agressée, mais bon, des fois, il y a des femmes qui portent des mini-jupes, donc on peut dire qu'au fond, elle l'a bien cherché...

(Je préfère ne pas conclure)


(Je vous en supplie, épargnez-moi et ne me parlez pas de tous les vilains cyclistes que vous voyez faire "n'importe quoi" tous les jours, et qui sont "terriblement dangereux" avec leurs 20 kilos de ferraille, face à votre véhicule d'une tonne. Rappelons juste une évidence : s'il n'y avait pas de voiture, faire du vélo en ville ne serait pas dangereux du tout. Et sauf dans de très rares cas, les cyclistes ne sont dangereux que pour eux-mêmes. J'y reviendrai...)

lundi 5 janvier 2015

Un paragraphe (dé)motivant

J'espérais avoir terminé cette traduction avant les vacances. J'ai pris du retard. J'ai travaillé presque tous les jours pendant les vacances, sauf les 24-25 et le 1er janvier. Ce matin, il me restait 80 pages. Je me suis donné une semaine supplémentaire, pas un jour de plus : il faut ensuite que j'enchaîne sur un très gros pavé. Je bosse, je bosse, je bosse, je bosse.
Du coup, quand je tombe sur un paragraphe tel que celui-ci :



Quand on a la foi, on peut braver l’inconnu. La foi apporte l’espoir, et l’espoir donne des forces. Le don de [telle divinité], ce n’est pas de la magie ou un pouvoir surnaturel, c’est de la motivation. Or, la motivation est juste un autre mot pour désigner le désir de réaliser quelque chose de juste, de noble, de décisif, et l’assurance d’en être capable.Le don de [cette divinité] permet de croire en sa propre valeur, et en l’importance de ses objectifs. De là naît la force d’âme, et la détermination.


Je suis très tentée de couper. Mais il faut être honnête, même si je ne comptais pas mes pages avec une telle fébrilité, je serais tout de même tentée de sauter ce genre de passage...

(Et puis il faut savoir qu'on parle d'une bestiole qui décide de rebâtir son terrier, pas d'un révolutionnaire qui va changer le cours de l'histoire ou autre grand personnage...)

dimanche 4 janvier 2015

Une pose qui s'impose ?

Mais que font tous ces gens ?


Vous avez une idée ?


Réponse : ils prennent la pose devant un appareil photo, faisant semblant de mettre la main sur le sommet de la pyramide du Louvre. Ce sont sans doute les mêmes qui font semblant de redresser la Tour de Pise. Environ vingt photos de ce genre sont prises chaque minute, selon une estimation personnelle.

Saurez-vous retrouver le Filou sur cette photo ?
Mais bon, il m'est déjà arrivé de poser sous la Tour Eiffel avec un masque, habillée aux couleurs de Fantômette, donc qui suis-je pour juger les touristes, hein ?

(Avouez cependant que poser en Fantômettiste est un peu plus original...)

vendredi 2 janvier 2015

Le Hobbit 3

(Billet colérique et pas du tout intéressant pour ceux qui n'ont pas vu le film) (et avec un petit peu de spoilers, mais pas beaucoup) (il n'y a rien à spoiler dans ce film, en fait)

Je suis généralement assez bon public, mais là, on se fiche un peu du monde, quand même. Deux heures de batailles dans tous les sens, des têtes qui volent et des cascades improbables, une foule de gens – à tel point qu'on ne comprend plus très bien qui tape sur qui... et à part ça ? Eh bien, rien. Sans blague, la grève des scénaristes n'était pas censée être terminée ? Alors quoi, ça fait cling, clang, pan, vlan, grrrr, dans tous les sens, et rien d'autre à se mettre sous la dent ? Ou si peu : Galadriel qui devient bleue, des personnages qui meurent sans faire pleurer personne, un félon qui joue les comiques sans faire rire personne (mais à qui on confie tout de même des missions super-importantes, tout en le sachant traître, juste pour lui donner l'occasion de faire le pitre), une vague allusion à la mère de Legolas mais on n'en saura pas plus...
Une foule de gens, je vous dis. Y a même un ours.
 Et le pire de tout, c'est la fin. On est en plein milieu d'une bataille épouvantable, les nains se sont fait massacrer, les elfes sont partis (en tous cas ils ont dit qu'ils partaient, après quoi la caméra ne s'intéresse plus à eux), les humains se sont fait exterminer (plusieurs fois) (et même qu'au bout de six films, il est enfin venu à l'idée de quelqu'un que les femmes pouvaient se battre au moins aussi bien que des garçons pré-pubères) (mais on ne les voit pas partir à l'assaut, quand même, faudrait pas pousser), les gentils sont pris en tenaille par des gobelins ou des orcs ou peut-être des trolls et quelques vers géants pour faire bonne mesure, et puis après il y a un double duel interminable, et après, ben c'est fini, rideau.
Et la bataille, alors ? Sais pas. Visiblement, les gentils l'ont gagnée, mais ne me demandez pas comment. Genre, le cinéaste, il avait NEUF HEURES pour adapter trois cent pages, même qu'il est allé fouiller au fond des annexes et qu'il a inventé des personnages pour avoir plus de matos, et tout à coup, il se rend compte qu'il a trop traînassé et qu'il n'a plus que dix minutes pour finir sa trilogie. Biblo s'en va, et il récupère ses petites cuillères (ça lui sera vachement utile, sans assiettes ni meubles), et c'est fini.
Même eux, ils sont perplexes (et aussi ils s'ennuient).
Mais, heu, et Bard, il devient roi ? Et l'Arkenstone, vous savez, cette pierre dont on vous rabat les oreilles depuis trois films, elle finit dans la poche de qui ? Et Tauriel, elle va où, Tauriel ? Et qui c'est qui va régner sous la montagne, maintenant ? Et les nains, ils font quoi, à part festoyer hors champ ? Et le trésor, hein, ce trésor qu'on nous a montré sous toutes les coutures, on le partage ou pas, ce trésor ? Si vous voulez le savoir, vous n'avez qu'à lire le livre ; ça ne vous dira pas ce qu'est devenue Tauriel, mais tant pis pour vous, z'aviez qu'à pas aller voir des adaptations. Le cinéaste s'est souvenu qu'on lui a reproché d'avoir fait plein de fausses fins dans Le seigneur des anneaux, donc cette fois, il a pris le parti inverse : pas de fin du tout.
Ben je vais faire pareil, tiens.

jeudi 1 janvier 2015

Promenade du jour de l'an

Ce matin, toutes les conditions étaient réunies : Mr Thing Two était enfin à peu près rétabli, le soleil brillait, tout le monde avait bien dormi, nous n'attendions aucune visite... Nous avons donc enfin pu faire une sortie en famille – à sept, même, en comptant ma petite sœur de 13 ans qui s'était jointe à nous.

En quelques heures, nous avons comparé les dimensions des Arc de Triomphe et Arc du Carrousel, rencontré Spiderman (à qui Mr Thing Two est allé serrer la main et montrer triomphalement ses lunettes décorées d'un mini-Spiderman), compté les pyramidions autour de la grande pyramide du Louvre, déjeuné dans un MacDo (ce qui a au moins le mérite de l'originalité, car je n'y avais pas mis les pieds depuis plusieurs années) (et n'y retournerai pas de sitôt) (c'est vraiment infect, non ?), cherché la Tour Eiffel et Notre-Dame du haut de la grande roue de la Place de la Concorde, vu danser un monsieur orné de plumes multicolores, jeté des cailloux sur la fontaine gelée du jardin des Tuileries, admiré les décorations de Noël un peu partout, et profité du beau temps. Le Filou a sauté la sieste, même s'il s'est un peu reposé sur mon dos dans le porte-bébé, les Things ont très bien marché, les pré-ados ont parlé de pokemons, et Darling n'a fait qu'une seule crise d'hypoglycémie, donc dans l'ensemble, ça s'est passé aussi bien que possible.

Une fois de retour à la maison, nous avons dégusté un chocolat chaud mousseux où flottaient quelques chamallows fait-maison, avant de reprendre des forces pendant deux heures ; après quoi, Darling et moi allons rendre une petite visite à ma sœur (l'autre, la grande), et terminer la journée en beauté en allant voir Le Hobbit pendant que ma mère, toujours pleine d'abnégation, garde les gamins. Une vraie journée de vacances, de plaisirs et de détente. J'espère que je peux le prendre comme un présage, signifiant que l'année 2015 sera pleine de petites bonheurs en tous genres !

Bonne année à tous !