mercredi 30 mars 2016

Des films en famille


Le Grand a toujours été très sensible face à des écrans, et n'a jamais aimé aller au cinéma. Quand il était petit, il n'aimait pas les Disney (à mon grand désespoir), refusait de voir des films "où il y a des gens qui meurent", était horrifié à l'idée qu'on puisse volontairement regarder un film qui se termine mal, et avait peur d'avoir peur (si, si). Or, quand on élimine tous les films qui font peur et/ou sont tristes à un moment ou un autre, il ne reste pas grand-chose. Cendrillon l'avait traumatisé à cause du passage où les vilaines sœurs déchirent la robe, alors qu'il devait avoir déjà au moins cinq ans. C'est vous dire l'ampleur du problème.

Il y a trois ans, ce n'est que grâce à une ruse habile ("Je vais juste te montrer le prologue, après j'arrête") que j'ai réussi à lui faire voir Le seigneur des anneaux. Depuis, les choses se sont un peu améliorées. Il ne veut toujours pas aller au cinéma, en général, mais commence à apprécier certains films d'action (Star Wars ou Indiana Jones ont très bien marché) et des comédies (Louis de Funès est l'un des seuls personnages qu'il ait reconnu au musée Grévin). Il faut encore régulièrement appuyer sur la touche "pause" pour lui expliquer par le menu ce qu'il a en fait déjà compris tout seul mais qu'il veut qu'on lui confirme, mais je suis patiente. En fin de compte, j'ai souvent fait pareil. Il veut aussi savoir quels sont les personnages qui vont mal finir, pour ne pas s'y attacher. Je peux comprendre.

Parallèlement, les trois petits ont grandi, et le Filou, en particulier, vient de passer le cap des quatre ans. De toute façon, en bon petit dernier de la fratrie, il a pris l'habitude de suivre les autres (vous ne vous imaginez pas que je raconte des livres aux trois mômes séparément, le soir, hein ?). Et lui, les écrans, il aime ça. Il ne s'en méfie pas, contrairement au Grand, et ne s'en détourne pas même quand il ne comprend pas tout, contrairement aux Things.

Et du coup, depuis un mois, nous avons commencé à regarder des films en famille. Et ça, c'est vraiment le bonheur. Tous les cinq (Darling est rarement là au bon moment, c'est-à-dire le samedi ou pendant les vacances) serrés les uns contre les autres sur le canapé, nous avons par exemple découvert Chérie j'ai rétréci les gosses, qui a amusé tout le monde. Et Peau d'âne prend une autre saveur quand je le revois, vingt ans plus tard, entourée de mes gamins. Et l'autre jour, j'ai enfin compris pourquoi le Filou enfilait régulièrement un t-shirt à manches courtes par-dessus sa chemise : il cherchait à imiter la tenue de Flynn Rider, le très charmant voleur de Raiponce...

Bref, à nous les joies des films "pour toute la famille". Mais bien entendu, rassurez-vous, je ne leur montre pas n'importe quoi, et quand une scène risque de les choquer, je les avertis. Aujourd'hui, par exemple, nous avons regardé Hook, la revanche du capitaine Crochet. Comme je savais que le chef des garçons perdus allait se faire tuer, je n'ai pas manqué de le dire à mon fiston, pour qu'il ne soit pas traumatisé. Je parle du Grand, bien entendu...

lundi 28 mars 2016

Virus pascal

Nous avions prévu un super weekend de trois jours, avec bien sûr chasse aux œufs, mais aussi invités à goûter et à dîner, brunch, virée au cinéma, promenade à vélo ou musée selon la météo...

Finalement, nous avons préféré jouer à l'hôpital.

Un lit d'appoint dans le salon...

... et un autre dans mon bureau.
(Admirez les bassines assorties)


Et encore, je ne vous montre pas Darling qui comate sur le canapé, fiévreux et la goutte au nez.

En fin de compte, nous avons tout de même réussi in extremis à chercher les œufs dans le jardin le lundi après-midi, entre deux averses et deux pics de fièvre. Mais ensuite, les seuls qui se sont réellement jetés sur le chocolat mouillé, c'est le Grand et moi.




A l'heure où je vous écris, Mr Thing Two semble à peu près guéri avec seulement une petite fièvre en fin d'après-midi, le Filou peine à remonter la pente et ne dort pas encore (c'est lui qui a été le plus touché, première année de maternelle oblige), et Miss Thing One, jusqu'ici épargnée (si on excepte l'otite de dimanche dernier, bien sûr), a enfin vu ses vœux exaucés, et a attrapé le même virus que les autres, parce qu'il n'y a pas de raison qu'elle soit la seule à ne pas délirer avec 40°C et à vomir dès qu'elle essaie de manger trois cuillerées de compote.

Joyeuses Pâques à tous !

samedi 26 mars 2016

Kouign-amann fantaisiste

A la boulangerie* :
— Je vais prendre un pain aux céréales, un pain complet, et une baguette, s'il vous plaît.
J'avise alors un gâteau rond sans étiquette, mais que je crois reconnaître :
—  Oh ! C'est un kouign-amann ?
— C'est de la pâte à pain feuilletée, avec du beurre et du sucre.
— Oui, donc c'est un kouign-amann, quoi.
— Ah non, dans les kouign-amanns, il y a des fruits.
— Pardon ? Ah non, non, je vous assure que non.
Le vendeur** prend un air pincé :
— Dans tous ceux que j'ai mangés, il y avait des raisins et des pommes. Mais bon, vous pensez ce que vous voulez. Ça fera six euros cinquante.

Ce que je pensais, j'étais bien tentée de le lui dire, mais les Things étaient avec moi.


(Non mais franchement, des raisons et des pommes dans un kouign-amann ? Et il travaille dans une boulangerie ?)
(Pour ceux qui ne connaissent pas – les pauvres – l'article sur le kouign-amann de Wikipedia est ici) (J'adore ça, et il m'est arrivé d'en faire, mais c'est loooong, et jamais aussi bon que quand ça vient d'une bonne boulangerie)


* Mon kitchenaid est malade, il fait un bruit d'enfer et peine à la tâche, du coup je n'ose plus lui faire pétrir de la pâte à pain. J'ai hâte qu'il soit réparé, surtout quand je vois notre budget pain mensuel...

** J'ose espérer que ce n'était pas le boulanger.

vendredi 25 mars 2016

Tri de vêtements

Je remonte trois énormes caisses de la cave.
— Qu'est-ce que tu fais ? me demande Darling.
— Je fais mon deuil.
— Pardon ?
— J'admets une bonne fois pour toute que nous n'aurons jamais de carte famille nombreuse à vie.
— Mais qu'est-ce que tu racontes ?
— Je trie les vêtements de bébé ! Nous n'aurons pas de cinquième enfant, donc autant se débarrasser des vêtements trop petits.
— Ah, d'accord ! Mais tu n'es pas obligée de tout faire d'un coup, si ?
— Non, et d'ailleurs je n'en avais pas l'intention. Là, ce sont juste les vêtements taille zéro à six mois.
— Hein ? Tout ça ?
— Oui, et encore, on a de la veine : comme nos gamins sont tous nés au printemps, ce ne sont que des vêtements d'été, donc qui prennent très peu de place. Tu devrais voir les boîtes suivantes...

Je commence à tout sortir, et à faire des piles. Les pyjamas, les bodies, les t-shirts, les pantalons, les shorts, etc.

— Tu vas tout donner ?
— Non, je vais en garder, disons, deux ou trois de chaque catégorie, au cas où... Eh ! bien, par exemple, au cas où ma sœur nous confie son gamin pour un weekend et qu'il se salisse et qu'elle n'aie pas prévu suffisamment de vêtements de rechange.
— Ça ne ressemble pas un peu à un prétexte, ça ?
Shut up, veux-tu ?

Je me retrouve entourée d'énormes piles de vêtements. C'est effroyable. Il y a par exemple une bonne quinzaine de robes, alors que je n'ai jamais mis de robe à Miss Thing One avant qu'elle sache se tenir assise, donc vers un an. Elles sont neuves. Assez de pyjamas pour changer un bébé tous les jours pendant un mois sans jamais faire de lessives. Les bodies, mieux vaut ne pas en parler. Et les t-shirts ? C'est comme les robes, je n'en mettais jamais, en tous cas à manches courtes : en été, c'était body + un petit short par-dessus pour avoir l'air à peu près habillé. Alors comment se fait-il que j'aie, voyons... un, deux, trois... dix, onze, douze... vingt-trois t-shirts à manches courtes ?

Je sélectionne deux ou trois quatre ou cinq vêtements dans chaque pile, et je fourre tout le reste dans trois sacs poubelles de cinquante litres.

— Tu ne vas quand même pas jeter tout ça ?
— Bien sûr que non. Je vais les refiler au Relais. J'ai bien pensé à les vendre, au moins ceux qui sont quasi neufs, mais vu le prix auquel partent les vêtements d'occasion sur eBay, et vu le temps que ça me prendrait de faire les photos et rédiger les annonces et aller à la poste etc., ça ne vaut vraiment pas le coup.
— Mais au moins, propose d'abord à ta sœur d'en prendre un peu ! Et à ta cousine, qui vient d'accoucher !
— Darling, elles ont déjà pris plein de trucs. Tout ça, c'est ce qui restait...

Conclusion : j'ai vidé deux caisses. Mais il y en a une qui est repartie à la cave. En la redescendant, je me suis rendu compte que j'avais probablement gardé juste assez de vêtements pour habiller un enfant. Bon. On va faire semblant de ne rien avoir remarqué, d'accord ?

PS : Sur le même thème, il y a quatre ans...


mercredi 23 mars 2016

Lecture clandestine

23h15. Mes yeux se ferment tout seuls devant mon écran. Rien à faire, je ne terminerai pas ce chapitre ce soir. Tant pis. Je souhaite bonne nuit à Darling et je monte me coucher.

23h16. Je redescends, et j'annonce à Darling :
— J'ai vu de la lumière sous la porte de notre fils. Je le soupçonne d'avoir rallumé en douce pour bouquiner dès que nous avions le dos tourné.
— Oh, non ! Vraiment, le Grand exagère, c'est la troisième fois en quelques jours !
— Ce n'est pas le Grand.
— C'est vrai ? C'est Mr Thing Two ?
— Non plus.
— ...
— ...
— Non !
— Si.

Eh oui, le Filou, quatre ans et quelques jours, était en train de dormir sous la lumière aveuglante du plafonnier, un Barbapapa à côté de lui sur l'oreiller. Il commence tôt sa carrière de lecteur nocturne, je trouve...

lundi 21 mars 2016

Envie de dire

Entendu au Salon du livre, hier, au milieu d'une table ronde très sérieuse :
— Eh bien, j'ai envie de vous dire que de nos jours...

Et un peu plus loin, un monsieur très sérieux interviewé par un autre monsieur très sérieux :
— En fait, cet auteur est... j'allais vous dire qu'il est important, parce que...

Mais enfin, nom d'un chien, si vous avez envie de dire quelque chose, ne nous dites pas que vous avez envie de nous le dire ou que vous allez le dire, dites-le !

(Ça m'a rappelé le monologue du scribe qui m'avait fait mourir de rire dans le film Astérix chez Cléopâtre)
(Je suis d'ailleurs ressortie assez vite de ce salon du livre que je trouve décidément trop sérieux, et j'ai même presque envie de dire prétentieux...)

samedi 19 mars 2016

Les anniversaires d'après le Filou

Le Filou a eu quatre ans mercredi dernier. Or, depuis mon retour, il refusait de l'admettre, et se fâchait quand on insistait, en levant bien haut trois doigts de la main droite. Refus de grandir, avait diagnostiqué ma mère. Personnellement, j'avais une autre théorie : le gamin estimait simplement que tant qu'on n'avait pas fêté son anniversaire, il était encore "avant".

J'avais raison. Hier, quand il est revenu de l'école, après avoir célébré en classe son anniversaire et celui d'un autre garçon né en mars, il a accepté de lever quatre doigts. Mais la véritable "fête" qu'il attendait, c'était celle que nous avons faite aujourd'hui. Service minimum : d'anciens voisins comme invités, pas de décoration, encore moins d'activités ou de jeux (la pêche à la ligne et assimilé, ce n'est vraiment pas mon truc), mais il y avait les deux indispensables :
- un gâteau (deux, même), avec quatre bougies, qu'il a soufflé en moins de temps qu'il n'en a fallu pour chanter "joyeux anniversaire" ;
- des cadeaux, dont il s'est désintéressé deux minutes après les avoir ouverts (faut dire que sur la table, il y avait des BONBONS, et à côté de ça, tout le reste pâlissait) (c'est d'ailleurs la toute première chose qu'il a mentionnée à son père quand ce dernier est rentré du boulot pendant notre dîner).

Du coup, ce soir, je vérifie que c'est désormais bien acquis, et je lui demande :
— Alors, tu as quel âge, maintenant, mon grand garçon ?
Et le voilà qui lève cinq doigts. Un peu étonnée, je le corrige :
— Ah non, quatre ans, pas cinq !
Sur quoi, il s'énerve :
— Mais si ! Hier, n'a fêté le niversaire à l'école, et auzourd'hui, à la maison !

Ben oui : il a eu deux fêtes d'anniversaire, donc il a pris deux années de plus. Logique.

(Le pire, c'est qu'il n'en démord pas, maintenant...)

jeudi 17 mars 2016

Une petite souris voyageuse

Quand je vais chercher les trois petits à l'école aujourd'hui après cinq jours d'absence, Mr Thing Two se précipite vers moi en retroussant ses babines. Une fois la première surprise passée, je me rends compte qu'il ne veut pas me mordre, mais me montrer qu'il a perdu sa première dent de lait !
(Enfin, la deuxième, mais pour la première, c'était nettement plus tôt que prévu...)
— Oh, tu es un grand ! je m'exclame. Tu l'as perdue aujourd'hui ?
— Non, je l'ai perdue après-après-hier.
— ... ? Ah, tu veux dire avant-avant-hier ? Il y a trois jours ?
— Oui, mais la petite souris n'est pas encore passée. Papa m'a dit qu'elle était occupée. Mais moi, je sais où elle était. Elle était en Italie !

De fait, la petite souris, étant revenue aujourd'hui en TGV, va pouvoir aller fouiller sous l'oreiller dans un instant, juste avant d'aller se coucher.

mercredi 16 mars 2016

Giboulés

Malheureusement, entre la traduction, les démarches à la poste, etc., je n'ai pas eu le temps hier d'apprécier le temps printanier. Les arbres en fleur, la température si douce, le ciel bleu... Je me suis juré de ne pas rentrer à Paris sans en avoir davantage profité. Au matin, avant même de petit-déjeuner, j'irai courir une heure dans les collines. Juré !

Ce matin, il neigeait. Et ça n'a fait qu'empirer au cours de la journée.

Mais, heu ?

mardi 15 mars 2016

Revenez dans deux mois !

Début novembre, à la poste italienne :
— Bonjour, je voudrais fermer les comptes bancaires de feu ma grand-mère.
— D'accord.
— On peut faire ça tout de suite ?
— Ah non, il faut d'abord les faire passer en succession.
— Mais la somme qu'ils contiennent est bien inférieure au seuil des taxes de succession, et j'étais co-titulaire...
— C'est comme ça. Normalement, ça prend deux mois.
— Je peux au moins retirer de l'argent ? Au moins la moitié, puisque c'est un compte joint ?
— Non, désolée. Revenez début janvier.

Comme je me méfie des fêtes de fin d'années, je n'y retourne que mi-janvier :
— Voilà, je reviens fermer les comptes...
— Ah, zut, écoutez, c'est pas de chance, il y a eu un peu de retard, le dossier sera prêt la semaine prochaine. Vous pouvez rester quelques jours de plus ?
— Euh, non. Tant pis, je reviendrai.
— Vous avez encore les livrets, au fait ?
— Ceux où est inscrit le solde du compte ? J'en ai un, mais apparemment, ma grand-mère avait deux comptes. Je n'ai pas retrouvé l'autre.
— Ah, on va demander un duplicata, alors. Ça prend deux mois.

Mi-mars, m'y revoici :
— Bonjour, c'est encore moi...
— Ah, quel dommage !
— Pardon ?
— Il y a eu un peu de retard pour le duplicata, tout sera prêt dans dix jours. Et je suis obligée de fermer les deux comptes en même temps. Vous pouvez prolonger votre séjour ?
— Ah non, vraiment pas, non.
— Revenez dans deux semaines, alors.
— Euh, vous savez, j'ai aussi un métier, des enfants... Mais bon, cette fois je m'y attendais, et j'ai déjà pris mes prochains billets : je reviendrai dans deux mois, d'accord ?

Finalement, pour me "faire une fleur", elle a fermé l'un des deux comptes. Prochaine étape en mai. A moins que d'ici-là, on trouve un nouveau problème qui exige un délai supplémentaire...

(La bureaucratie me fatigue.)
(Et à la fois, elle me fournit un excellent prétexte pour prendre des micro-vacances)
(Si vous saviez comme je dors bien et comme je travaille vite, ici !)

lundi 14 mars 2016

Des Américains qui vont bon train



Normalement, je ne suis vraiment pas douée pour reconnaître les accents, mais celui-là était si prononcé que dès que le monsieur a ouvert la bouche, j’ai compris que ce couple métis d’âge moyen qui prenait le même train que moi venait des États-Unis. Un autre indice qui ne trompe pas : ils m’ont adressé la parole en anglais, le plus naturellement du monde, sans même me demander si je le comprenais. Syndrome du pays conquérant. Mais surtout, c’est ce qu'ils m’ont demandé qui m’a paru curieux :
— Excusez-moi, c’est bien le train qui va à Milan ?
— Oui, bien sûr.
— Ah ! Parce qu’il y avait une erreur sur le tableau d’affichage.
— Ah bon ? Je n’ai pas remarqué.
— Si, il y avait écrit que ce train allait à Venise.
— Ben oui, c’est le cas. Mais il s’arrête dans d’autres gares sur le chemin, dont Milan.
— Ah, d’accord ! C’est la destination finale qui est affichée !

J’ai trouvé ça assez étonnant qu’ils ne le sachent pas. Mon étonnement a redoublé quelques instants plus tard : ils sont entrés dans le train, puis ils ont dû être incapables de trouver leurs places, car ils ont voulu rebrousser chemin avec leurs grosses valises. Énorme embouteillage dans le couloir et jusque sur le quai. Plus personne n’a pu bouger pendant cinq minutes. Le conducteur a même dû intervenir :
— S’il vous plaît, entrez dans n’importe quel compartiment et laissez passer les gens, parce que sinon on y sera encore demain !
Il se trouve qu’ils étaient dans le même compartiment que moi. Un train de nuit (l’un des tout derniers en circulation, hélas, trois fois hélas). Ils ont regardé autour d’eux d’un air perdu, et ont examiné leur billet pour essayer de repérer leur numéro de place. C’est moi qui ai dû le leur indiquer.

La nuit s’est mal passée. À une heure et quelques du matin, le monsieur, peut-être encore sous le coup du décalage horaire, s’est levé et a bavardé deux minutes avec sa femme, à voix haute. Puis il est sorti dans le couloir. Puis il a rouvert la porte pour lui dire quelque chose. Puis il l’a refermée. Puis il l’a rouverte. La troisième fois, je lui ai demandé gentiment :
— Excusez-moi, mais si vous continuez à faire ça, je ne vais pas pouvoir dormir, et je pense que les trois autres personnes non plus…
— Oh ! Pardon, excusez-moi !
Visiblement, il n’y avait pas pensé.

La nuit, outre que courte (le contrôleur nous a rapporté nos papiers d’identité, confisqués pour passer la douane, à cinq heures du matin, pour une arrivée à 5h45) a été mauvaise (trop chaud, trop d’arrêts) (pas grave, j’aime être allongée dans le noir du compartiment même quand je ne dors pas). Quand nous avons tous débarqué à Milan, j’ai fait un tour rapide de la gare pour constater qu’aucun café  n’était encore ouvert, ce qui ne m’a pas vraiment étonnée. En revenant sur mes pas, j’ai rencontré mes Américains qui m’ont encore abordée :
— Pardon, mais où devons-nous aller, maintenant ?
— Vous avez une correspondance ?
Ils m’ont mis leur billet sous le nez.
— Ah oui, votre train suivant part à 7h. Eh bien, il ne vous reste plus qu’à patienter. Vous pouvez toujours essayer de trouver un café ouvert autour de la gare, puisque vous avez le temps. Ou alors vous allez dans la salle d’attente.
— D’accord, donc on va attendre tranquillement à l’étage ?
« À l’étage ». J’ai levé les yeux. Certes, au-dessus de la verrière, le ciel était encore noir. Mais c’était sans l’ombre d’un doute une verrière. Et dans cette grande gare-terminus (vous voyez ce que je veux dire : celles que les trains ne peuvent pas traverser, il faut qu’ils fassent demi-tour, comme par exemple dans les gares parisiennes), il n’y avait pas d’étage. J’ai compris qu’ils se croyaient dans un aéroport.
C’est à ce moment-là que j’ai eu la quasi-certitude que ces deux personnes n’avaient sans doute jamais pris le train.

vendredi 11 mars 2016

Un pyjama transgenre et transgénérationnel

Quand ma mère a vidé l'appartement de ma grand-mère, elle m'a proposé de prendre ce qui pouvait m'être utile, ou me faire plaisir. De la vaisselle, un tabouret, quelques livres, un jeu de société, des petites jumelles de théâtre... A tout hasard, j'ai aussi regardé les vêtements.

— Tu peux prendre quelques pulls, m'a dit ma mère : ils devraient t'aller.
— D'accord. C'est vrai que je n'en ai pas beaucoup. Tiens, les pyjamas... tu crois que si j'en prends un pour le Grand... ?
— Non. Alors là, non. Hors de question. Tu ne vas pas lui refiler un pyjama de vieille dame, à ce pauvre garçon !
Quand ma mère prend ce ton-là, moi, je file doux. Je n'ai pas protesté.

Quelques jours plus tard, j'ai offert au Grand un nouveau pyjama blanc cassé, tout simple, bien chaud. Il a beaucoup apprécié. Il faut dire qu'il n'était écrit nulle part dessus qu'il avait appartenu à son arrière-grand-mère, et je me suis bien gardée de le lui signaler. Darling a d'ailleurs approuvé mon "achat". Ma mère n'a rien remarqué.

Franchement, quand on voit le prix d'un pyjama d'homme de bonne qualité, ça n'aurait pas été du gâchis, dites ?

mercredi 9 mars 2016

Recyclage de petits gâteaux desséchés

C'étaient des petits gâteaux qu'avait apportés la mère de Darling, aux noisettes et à la noix de coco. Ils étaient vieux de trois semaines, car elle en avait fait beaucoup trop, et ils étaient devenus durs, secs, un peu rances. Plus personne n'en voulait, mais ça me faisait mal au cœur de les jeter à la poubelle. Alors quoi ?

Alors :
Je les mixe jusqu'à les réduire en poudre ;
J'ajoute une certaine quantité de farine, au pif ;
J'ajoute des morceaux de beurre, au pif ;
J'ajoute un jaune d’œuf qui passait par là ;
Je remixe, j'étale dans un moule la chapelure fine que j'obtiens, je la presse ;
J'éparpille dessus des pépites de chocolat, toujours au pif ;
Et puis j'y verse une boîte de lait concentré sucré qui va caraméliser à la cuisson, selon le principe des Hello Dollies.
Passage au four, refroidissement, découpage en carrés.

Il n'en est rien resté.

mardi 8 mars 2016

Bulletin

8h45, ce matin :
— Maman, tu peux signer mon bulletin du premier trimestre, vite, je dois partir et je devais le rendre hier !
Si ce n'était pas le Grand, je soupçonnerais un stratagème pour ne pas me laisser le temps d'examiner le bulletin, mais sa moyenne est bonne. Néanmoins, il ne s'en tirera pas aussi facilement. J'ai signé sans lire, mais j'ai fait une photocopie. Ensuite, je l'ai lu.

Les notes : entre correctes et très bonnes. Fort bien.
Les appréciations (je zappe les début de phrases, à la fois par fausse modestie et parce que ce sont toujours les "mais" les plus intéressants) :
- Maths : "... mais quelques fois très inattentif. Il faut se concentrer un peu plus."
- Physique-chimie : "... mais il ne fait pas toujours preuve d'attention. Une participation orale plus fréquente et moins de bavardages serait..."
- Français : " ... mais essayez de ne pas laisser votre esprit divaguer."
- Histoire-géo : "... mais il devrait participer davantage en classe et approfondir le travail à la maison".
- SVT : "... mais qui pourraient être meilleurs avec un travail personnel plus approfondi"

Ce soi, je lui demande :
— Mon Grand, qu'est-ce qu'on peut tirer comme conclusion de ton bulletin ? A part que tu te débrouilles plutôt bien, je veux dire ?
— Que je suis distrait, que je ne participe pas assez et que je ne révise pas assez avant les évaluations ?
— Bon. Au mois, tu le sais...

(Cela dit, je doute fort que ça change, vu que son instit de grande section de maternelle et tous les autres depuis m'ont toujours martelé en boucle "rêveur" et "ne participe pas"...*)


(Ça me rappelle quand il m'a expliqué que dans je ne sais plus quelle matière, ses notes avaient baissées parce qu'il n'était plus à côté de son meilleur copain. Je m'étais offusquée :
— Comment ça ? Tu copiais sur lui ?
— Mais non ! Mais pendant les évaluations, quand il me voyait rêvasser, il me donnait un coup de coude pour que je m'y remette, alors que maintenant, ma voisine, elle s'en fiche, et je me rends toujours compte à la fin que je n'ai plus le temps de répondre à toutes les questions !)

*Et vous savez quoi ? Tant qu'il a des notes plutôt bonnes, je m'en fiche. C'est vrai, il pourrait sans doute mieux faire, mais ça servirait à quoi ? Le jour où ça lui posera vraiment des problèmes, ce sera le moment de faire des efforts...



lundi 7 mars 2016

Demande de stage

C'est la première fois qu'on me la fait, celle-là : une lycéenne m'a envoyé un email, très aimable au demeurant, pour me dire que comme elle souhaite devenir traductrice et qu'elle a lu plusieurs auteurs que j'ai traduits, elle aimerait effectuer un stage d'une semaine chez moi, et ainsi mieux connaître les rouages du métiers.
Moi je veux bien, mais les rouages du métier, en gros, c'est de prendre une phrase en VO, et la réécrire en français, éventuellement en cherchant un mot dans le dictionnaire ou une explication sur Wikipedia. Par ailleurs, faire un stage auprès d'une personne qui passe ses journées en silence devant son ordinateur, ça risque d'être assez vite ennuyeux...
Ou alors j'accepte, et je lui fais étendre le linge, donner le bain aux enfants, classer mes papiers, et me préparer le thé ?


(Oui, bon, d'accord, je pourrais éventuellement lui donner quelques recherches à faire, et lui proposer de pré-traduire certains passages pour décortiquer ensuite avec elle le résultat... Mais en dehors du fait que je ne suis pas prof et que je n'ai pas suivi la moindre formation de traductrice, il y aurait deux problèmes de taille : d'abord, je n'ai pas vraiment le temps, et ensuite, mes trente ou quarante heures de travail hebdomadaire sont réparties de manière très aléatoire, dont au moins deux heures chaque soir jusqu'à 23h30 ou minuit !)

dimanche 6 mars 2016

Voulez-vous vraiment modifier votre adresse email ?

Le Monde. Connexion. Modifier mes informations personnelles. Modifier mon adresse email. Vos modifications ont été enregistrées.
Mon Marché Bio. Mon compte. Modifier mon profil. Nouvelle adresse email. Voulez-vous vraiment changer votre adresse email ? Oui. Vous allez recevoir un email de confirmation.
Mozy. Connexion. Modifier mes informations. Changer l'adresse email. Pour activer la nouvelle adresse email, veuillez cliquer sur le lien dans l'email de confirmation qui vous a été envoyé. Clic. Votre nouvelle adresse email est confirmée.
Nespresso. Mon compte. Modifier mes informations personnelles. Enregistrer. Vous avez modifié votre email.
Nutrinet. Se connecter. Modifier mes coordonnées...

Quand, au retour de vacances, j'ai trouvé un email de la part de Picard surgelés qui me remerciait de les avoir contactés (qui ça, moi ?) et que j'ai vu que le message que j'étais censée avoir envoyé, à Picard et à deux ou trois autres sites de vente en ligne, était intitulé "New important message", j'ai vu à la fois le verre à moitié vide et à moitié plein.
La mauvaise nouvelle, c'était que mon compte avait été piraté.
La bonne nouvelle, c'était que le compte piraté était celui que j'utilise pour tous les sites administratifs ou commerciaux sur Internet, et non pas celui que j'utilise pour mon boulot ou mes contacts personnels. A priori, aucun de mes amis et aucun de mes éditeurs ne devrait recevoir un message de moi leur proposant d'acheter une pilule pour enlarger leurs parties génitales.

Aujourd'hui, après le départ précipité de Darling, entre deux lessives et deux cris d'enfant, je me suis attelée au problème. Je me suis créé une autre adresse jettable, et j'ai entrepris de modifier mon adresse email sur tous ces comptes que j'ai créé sur Internet au fil du temps, pour des démarches quelconques (CAF, banque, impôts, sécu...) ou pour des achats (IKEA, Houra, Plantes et jardin...) ou des services (Dropbox, Télérama, Velib...). Il y en a certains que je n'ai pas utilisés depuis des années (vêtement d'allaitement, puériculture), et d'autres que je n'ai utilisés qu'une seule fois (même pour acheter ponctuellement des billets pour le théâtre du Châtelet, il faut créer un compte !)

Là aussi, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle, c'est que j'avais une liste de ces comptes. Sauf oubli, je les note toujours, pour ne pas en ouvrir un autre deux ans après, ou pour retrouver facilement mon identifiant ou numéro de clients.
La mauvaise nouvelle, c'est qu'il y en a 78, joliment classés par ordre alphabétique.

Allez, j'ai fait les deux tiers, je n'y vois plus rien, je m'arrête. Pajemploi, les Paniers du Val de Loire, Paypal, Picard et le Portail famille de ma commune attendront bien un jour de plus...

samedi 5 mars 2016

Retour difficile

Même si nous avons passé de très bonnes vacances, j'étais plutôt contente de rentrer à la maison aujourd'hui – vous savez, home sweet home, tout ça –, jusqu'à ce que je découvre que :

- J'ai au moins six lessives (de 10kg) à faire ;
- Mon adresse email a été piratée ;
- Le plafond de la salle de bain est en train de tomber en miettes à cause d'une fuite (qu'on ne peut réparer qu'en cassant tout, d'après le plombier) ;
- La mère de Darling est malade, et il va donc devoir partir demain matin à l'étranger en urgence (douze heures après mon retour, donc) (voyons le bon côté des choses : nous n'aurons pas eu le temps de nous disputer) ;
- Le chat, qui a porté une collerette pendant presque deux semaines à cause d'une vilaine plaie, a désormais des nœuds épouvantable tout autour du cou ;
- Je n'ai toujours pas reçu le contrat de ma traduction à rendre pour le 29 février.

A part ça, tout va bien, merci, et vous ?

jeudi 3 mars 2016

Les billets pour enfants à Avignon et Marseille

Acte 1, Avignon :
Je consulte le site Internet de la compagnie de transports pour voir à partir de quel âge les enfants paient dans les autobus. Bizarrement, l'information n'est nulle part sur le site.
Je vais acheter des tickets au tabac.
— Vous savez à partir de quel âge les enfants paient ?
— Ah non, aucune idée.
Je prends le bus avec mes mômes. Je pose la question au chauffeur.
— Je ne sais pas, me répond-il. Quatre ans ? Cinq ans ?
J'utilise quatre billets. Au retour, je pose de nouveau la question à un autre chauffeur.
— Quatre ans, je crois.
— Donc mon gamin de trois ans et onze mois ne paie pas ?
— Ah, en fait je crois que c'est trois ans.
J'utilise donc cinq billets. Mais je n'ai toujours pas l'information qui m'intéresse.

Acte 2, Marseille :
Nous attendons à l'arrêt de bus (d'une compagnie différente de celle d'Avignon, bien sûr). Un extrait du règlement est affiché sous l'abri, comme à Paris. Je le parcours rapidement. Rien.
Je vais au tabac acheter des tickets.
— Vous savez à partir de quel âge les enfants paient ?
— Eh bien... Ils ont quel âge, vos enfants ?
(Mais qu'est-ce que c'est que cette réponse, franchement ?)
— Trois ans et demi, et cinq ans et demi.
— Alors ce n'est pas la peine de leur prendre un ticket.
Admettons. Mais je ne sais toujours pas ce que je veux savoir.
Cette fois, je ne pose pas la question au chauffeur. De toute façon, visiblement, il n'en a rien à faire.

Acte 3, Marseille :
Nous voulons faire un tour sur la grande roue. Cette fois, il est écrit noir sur blanc que les plus de dix ans paient plein tarif. D'accord. Mais les plus jeunes ?
— Les enfants paient à partir de quel âge ?
— Tous les enfants paient, madame.
— C'est vrai ? Même les nouveaux-nés ?
— Ah non, pas les bébés, bien sûr.
Mais alors, bon sang de bon soir de saperlipopette de crénom d'un chien, quelle est la limite ? Un an ? Un mètre de hauteur ? Le fait de savoir marcher ? L'acquisition de la propreté ? L'entrée en maternelle ? Enfin, de toute façon, je n'ai pas de bébé, donc ça n'a pas d'importance.
— Alors trois billets enfant, et trois billets adulte, s'il vous plaît.
— Vous avez quatre enfants ? Il a quel âge, le grand ?
— Oh, largement plus de dix ans ; ça se voit, d'ailleurs, non ? Il a treize ans et demi.
— On va dire quatre billets enfant et deux plein tarif, alors.


Je n'aime pas les clichés, mais je commence à comprendre ce que me dit ma mère quand elle m'explique que "dans le Sud, les règles sont beaucoup plus floues"...

mercredi 2 mars 2016

Marseille

C'est la première fois de ma vie que je mets les pieds à Marseille. Alors, certes, une journée, c'est trop court, et avec les enfants, nous n'avons pas pu voir grand-chose, mais je suis tout de même vraiment très contente d'avoir eu l'occasion de découvrir cette ville.

Cette fois, le Filou médusé n'a pas dit "La piscine !"
mais "La rivière !". On progresse.

"Un fort, c'est comme un château fort, pour faire la guerre",
a expliqué doctement Mr Thing Two.


Pour cette légende, j'hésite entre "Sens dessus-dessous"
et "Au secours, ils sont huit".


Ce qui est bien en février,
c'est qu'il n'y a pas TROP de monde.

Un tour de grande roue pour clore en beauté la journée.


Bonus : malgré les prédictions alarmistes de ma sœur, personne n'a pris mes boucles d'oreille en forme de tour Eiffel comme une provocation, et je ne me suis pas fait casser la figure (ou alors c'est qu'elles étaient trop petites et que personne ne les a vues).