samedi 31 décembre 2011

Opération chaussettes

Hier, en détendant le linge pendant que Darling s'occupait des Things, au moment de vérifier le contenu de ma boîte à chaussettes*, j'ai soudain décidé de ranger les chaussettes de la maisonnée. Allez, que tout le monde vide ses tiroirs et m'apporte TOUTES ses chaussettes dépareillées, hop, hop, et que ça saute !
Au début, il y en avait 74, ce qui faisait beaucoup, dont 62 noires, ce qui ne simplifiait pas les choses. (Je certifie l'exactitude de ces données : c'est le Grand qui a compté, il aime les chiffres). Mais à force de patience, le Grand et moi avons réussi à accoupler plein de chaussettes esseulées, qui sont retournées sagement dans leurs tiroirs respectifs. D'autres – par paires, dans la mesure du possible – ont été jugées trop trouées pour être décemment portées, et ont terminé leurs jours dans la poubelle .
Néanmoins, après avoir vérifié partout, y compris sous le bac à linge sale et dans les tiroirs à slips, j'ai constaté qu'il nous restait 18 chaussettes dépareillées. Oui, dix-huit.
Mais où donc, où donc sont leurs dix-huit jumelles ? Comment une telle quantité de chaussettes a-t-elle pu disparaître dans la nature ? On m'a conseillé de vérifier le filtre de ma machine à laver, mais outre que je ne sais pas comment y accéder et que je n'ai pas envie de me pencher là-dessus, s'il contenait 18 chaussettes, ce serait l'inondation à chaque lessive, non ? Je ne les ai pas non plus jetées (ni personne d'autre, j'en suis bien certaine : je suis obligée de subtiliser celles devenues inutilisables de Darling ou du Grand en cachette, l'idée de les supprimer les désole trop), et même en supposant qu'il y en ait deux ou trois coincées au fond d'une housse de couette dans une armoire, ça n'explique pas tout !
Alors ?
Franchement, si un génie bienveillant me donnait la possibilité de connaître soit la réponse à ce mystère, soit l'identité du Masque de fer, j'aurais bien du mal à choisir.

Une explication possible là :
http://www.bonpourtonpoil.ch/?p=934

* Il y a quelques mois, j'ai trouvé quelque part ce "truc" à destination des familles nombreuses qui ne prennent pas la peine d'attacher leurs chaussettes ensemble avant de les mettre au sale : rassembler dans une boîte toutes les chaussettes dépareillées qui sortent de la machine, et les remettre par paires de temps en temps. Une idée excellente que je vous recommande vivement d'appliquer si vous ne voulez pas vous retrouver avec 74 chaussettes dépareillées réparties dans les tiroirs des membres de la famille au bout de quelques années...

vendredi 30 décembre 2011

Les petits maux de la grossesse (3) : les varices

Un petit billet sur les mille et une joies des femmes enceintes, pour me faire pardonner mon texte sirupeux d'hier. Aujourd'hui, je vais vous parler du retour veineux. Mais si, restez, c'est passionnant, vous verrez.

Retour veineux, késako ? Une fois de plus, Wikipedia est mon amie (et la vôtre) :
Le retour veineux : Phénomène de la remontée du sang (appauvri en oxygène) du bas du corps vers la partie supérieure du corps pour y être rechargé.
Or, il faut savoir que quand on est enceinte, le retour veineux peut être perturbé. Et ça donne quoi, un mauvais retour veineux ? Des varices (entre autres). Ça non plus, je ne savais pas vraiment ce que c'était avant d'être enceinte des Things, donc au cas où vous seriez aussi ignorants que moi, re-Wikipedia :
La varice des membres inférieurs est une veine sous cutanée dont le diamètre est supérieur à 3 mm. Les varices sont habituellement sinueuses. Elles sont le siège d'un reflux sanguin.
Autrement dit, ce sont des grosses veines bleues en relief et en zigzag au niveau des jambes. C'est moche. Et, accessoirement, douloureux.
Soyons clair, ce n'est pas l'apanage des femmes enceintes. Ça touche beaucoup de monde. Mais la grossesse est l'un des facteurs déclenchant.

Or, les varices sont définitives. Elles se résorberont un peu après la naissance, mais ne disparaîtront jamais complètement. Et reviendront en force plus tard, avec l'âge, avec une autre grossesse (vous me voyez venir ?), une prise de poids importante, un métier qui oblige à de longues stations debout, etc.
Et quelle est la seule mesure préventive contre les varices, les médicaments veinotoniques s'avérant assez inefficaces ?
Les bas de contention.

Donc quand vous êtes enceinte et variqueuse, il faut prévoir dix minutes de plus le matin pour vous habiller, car enfiler ces fichus bas affreusement serrés n'est pas une mince affaire, surtout avec un gros ventre. Et pendant la journée, c'est désagréable. Ça serre au niveau de l'élastique, ça tient chaud... Avec un peu de malchance, d'ailleurs, vous serez trop comprimée au niveau de l'élastique, ou boursouflée au-dessus, et il vous faudra trouver autre chose, c'est-à-dire des collants de contention. Oui, mais les collants, il faut les baisser à chaque fois qu'on va aux toilettes. Opération difficile. Or, quand on est enceinte, on va souvent aux toilettes. Donc si, comme moi, vous achetez naïvement une paire de collants en pensant que ça vaut mieux que des bas, vous verrez bien vite que vous vous êtes mis le doigt dans l’œil, alors ôtez-le bien vite (le doigt, pas le collant) (quoique), vous allez vous faire mal.

Si ça peut vous consoler, les bas de contention, ça peut être très sexy, à condition que personne ne vous voit les enfiler en jurant et ahanant. Les miens sont noirs, avec de la fausse dentelle en haut et un petit nœud bleu ciel sur le côté. Darling a trouvé ça très chic, parce que, je cite, "Tu sais, moi, je ne fais pas la différence entre des bas de contention et des bas normaux, c'est pas écrit dessus !"

Mais j'ai gardé le pire pour la fin, histoire de ne pas terminer sur une note positive, car ce ne serait pas drôle. Figurez-vous qu'il n'y a pas qu'aux jambes qu'on peut avoir des varices. On peut aussi en avoir, et même beaucoup, dans un endroit que la décence m'interdit de nommer. Oui, . Et croyez-moi sur parole, ça fait mal. Même en dehors de toute galipette coquine.
Ah ben non, les slips de contention, ça n'existe pas.
A la rigueur, on peut essayer les douches glacées plusieurs fois par jour. Oui, toujours . Bon courage.
Ou alors, on attend sagement l'accouchement et l'épisiotomie qui va souvent avec, histoire que ça fasse mal toujours au même endroit, mais différemment. Il faut savoir varier les plaisirs.

Je vous laisse, je vais me coucher. Si j'ai du mal à m'endormir, je compterai mes varices, tiens.

jeudi 29 décembre 2011

Les meilleurs moments

Parfois, la vie, c'est aussi ça :
- Décider de partir à 9h30 pour aller visiter le musée des arts forains, et décoller à 9h40 à peine, donc avec vingt bonnes minutes d'avance sur le retard prévu ;
- Devoir marcher assez longtemps après être descendus du bus, parce que le chauffeur qui papotait avec un copain a tout simplement oublié de s'arrêter (!) (oui oui, nous avions bien appuyé sur le bouton "arrêt demandé"), et en profiter pour admirer la Seine qui miroitait sous les timides rayons de soleil ;
- Mettre plus d'une demi-heure pour traverser le parc de Bercy en suivant Mr Thing Two qui court dans tous les sens avec le Grand, alors que Miss Thing One marche sagement à côté de la poussette et refuse de lâcher la main qui la tient ;
- En arrivant devant le musée, découvrir qu'il y a environ 57 kilomètres de queue, et se dire que tant pis, de toute façon c'est notre première sortie depuis trois jours et il fait beau, autant en profiter ;
- Finalement, emprunter le coupe-file parce qu'un gentil monsieur monté sur des échasses nous a annoncé que les femmes enceintes pouvaient être assimilées à des "personnes à mobilité réduite" ;
- A la caisse, découvrir que les cartes bleues ne sont pas acceptées et que le musée est vraiment bondé, et se dire que décidément, le destin ne veut pas que nous y entrions ce jour-là ;
- Nous arrêter dans un café de la Cour Saint-Emilion pour cause d'hypoglycémie darlinesque, faire patienter Mr Thing Two, qui voudrait bien grimper sur les tables et casser les verres, en partageant avec lui un chocolat chaud, tandis que Miss Thing One, elle, refuse catégoriquement de goûter le chocolat chaud sous prétexte qu'elle ne sait pas ce que c'est ;
- Ressortir sans avoir rien démoli et sans même que la serveuse ait perdu son sourire ;
- Faire un petit tour rapide dans le magasin d'articles de cuisine, "pendant qu'on y est" ;
- Hésiter à acheter un tapis de cuisson spécial pour macarons, et puis se dire qu'on a fait des macarons exactement trois fois en dix ans, et que donc ce n'est pas forcément indispensable (mais on sait déjà qu'on finira par l'acheter un jour) ;
- Retraverser le parc en nous extasiant devant les canards et en empêchant Mr Thing Two de plonger dans la mare pour les voir de plus près ;
- Reprendre le bus qui nous fait la grâce de s'arrêter au bon endroit ;
- Juste avant de rentrer, acheter des pizzas totalement contre-indiquées pour les diabétiques, parce que ça fait tellement plaisir au Grand ;
- Tenter pour la première fois de manger tous ensemble, dans un boucan infernal et un désordre inimaginable, et conclure que deux services, c'est mieux...

Et c'est à cet instant-là, pendant que Miss Thing One crachait des bouts de clémentine tout autour de la table, pendant que Mr Thing Two mâchouillait un trognon de pomme repêché au milieu des ordures après avoir émietté son pain dans toute la pièce, pendant que le Grand nous saoulait en parlant incessamment de Tintin de sa voix suraiguë, que Darling m'a dit :
— Tu te rends compte que nous vivons là les meilleurs moments de notre vie ?
Est-ce l'effet du grand air, du soleil, des pizzas, des fous-rires partagés au cours de la matinée ?
J'ai trouvé qu'il avait raison.

mercredi 28 décembre 2011

San-Antoniaiseries

Je suis tombée tout à fait par hasard sur cette phrase, hier, dans un dictionnaire de citation :

L'existence, c'est comme ça : tu fais des gosses, et tu attends qu'ils s'en aillent. Et puis, quand il sont partis, tu attends qu'ils reviennent.
San-Antonio

J'ai un peu envie de me jeter par la fenêtre. Mais bon, je suis au premier étage, je risque juste de me casser la jambe et de me compliquer la vie encore plus, donc je vais m'abstenir.


A part ça, j'ai rêvé que je faisais des palets bretons. Et justement, il y a une recette dans un bouquin de cuisine reçu pour Noël. C'est sûrement un signe de la providence, n'est-ce-pas ? Il ne faut jamais contrarier la providence, tous ceux qui ont potassé la mythologie grecque savent ça. Dès demain, je m'y mets.


mardi 27 décembre 2011

Trempette

Hier soir, minuit et quelques :
— Allô, urgences maternité, bonjour ?
— Bonjour Madame, excusez-moi de vous déranger, mais je suis enceinte de cinq mois et demi et j'ai des contractions sans arrêt depuis ce matin... Même allongée ça ne passe pas...
— Vous avez prix un anti-spasmodique ?
— Oh la oui, j'en ai pris huit depuis ce matin.
— Hum. C'est votre premier enfant ?
— Non, le, heu... troisième... Non, attendez... quatrième.
(Oui, bon, il était minuit et quelques, j'ai dit !)
— Ah ! Je vois. Et est-ce que par hasard vous vous seriez agitée un peu plus que de raison, ces derniers jours ?
— Eh ! bien oui, forcément, avec Noël, et la crèche fermée...
— Oui, donc c'est peut-être simplement votre utérus qui vous dit zut. Écoutez, si vous n'avez pas de pertes, si le bébé bouge bien, il n'y a pas de quoi trop s'inquiéter, mais il faut que ça s'arrête. Essayez de vous reposer autant que possible, et prenez un bain chaud pour vous détendre.
— Un bain ?
— Oui, ça peut aider. Et si ça ne s'améliore pas, venez nous voir, nous vérifierons que les contractions n'agissent pas sur le col. D'accord ?
— D'accord. Merci, Madame !

Et voilà comment je me suis retrouvée à mariner dans de l'eau trop chaude vers une heure du matin, alors que je n'aime pas les bains et que j'avais sommeil. Tout ça pour m'entendre dire ce matin, après une nuit difficile, que le col allait bien et que c'étaient des contractions "inefficaces".
Alors si quelqu'un voulait bien expliquer à mon utérus qu'il peut arrêter de me dire zut et que j'ai bien compris le message, ce serait gentil, merci.

lundi 26 décembre 2011

Post-Noël

Voilà, c'est terminé. Les bons petits plats ont été avalés, les cadeaux offerts, ma mère est repartie avec sa petite famille, la maison est presque rangée, la nappe est prête à partir pour le pressing, les paniers gourmands ont été distribués (un peu vides cette année, car il me manquait un ingrédient essentiel pour toutes mes recettes : le temps), les calendriers de l'avent sont vides, les décorations de Noël n'ont pas encore été ôtées, mais de toute façon j'en ai mis très peu cette année, et même pas de sapin (après une longue réflexion de deux secondes et demie, nous avons conclu que les Things et les boules de sapin étaient incompatibles).

Tout le monde en est sorti vivant. J'ai fait les allers-retours avec la poussette de 40 kilos et des talons, et j'ai survécu. Je me suis bâfrée de gâteaux jusqu'au moment où je me suis soudain rappelé que je faisais du diabète gestationnel (je vous jure, en toute bonne foi, que ça m'était vraiment sorti de la tête), mais comme j'avais oublié mon lecteur de glycémie, ce n'est pas grave. (Quoi ?)
A nous tous – une bonne dizaine d'adultes le 24 – nous avons presque réussi à surveiller Mr Thing Two, que quelqu'un a empêché in extremis d'étouffer le chat, et que quelqu'un d'autre a rattrapé juste avant qu'il ne siffle tout le contenu d'une coupe de champagne : il en a bu tout au plus la moitié, ce qui ne peut pas lui faire de mal. Mais non. Par contre, le 25 à midi, nous avons dû manger à tour de rôle, car il a refusé de dormir, et profitait de chaque seconde de liberté pour essayer de grimper sur une chaise pliante / débrancher l'appareil à raclette / tirer la queue du chat / jeter les verres par terre / toucher les bougies / téléphoner au Pérou / voler du pain dans la cuisine / terminer les coupes de champagne (bis) (il a dû y prendre goût).

Du coup, par contraste, tout le monde s'est extasié sur Miss Thing One, si sage, si gentille, si calme. Du moins jusqu'à ce qu'on trouve pour la troisième fois de suite des marques de dents sur Mr Thing One, et une touffe de cheveux blonds dans la main de cette adorable brunette.

Quoi qu'il en soit, tout le monde va à peu près bien.

Par contre, depuis ce matin j'ai déjà dû prendre six anti-spasmodiques car j'ai des contractions non-stop, je me demande bien pourquoi ?

dimanche 25 décembre 2011

Joyeux Noël !

Allez, une petite Fantômette pour fêter ça (avec l'aimable autorisation de Laurence Moraine qui a réalisé ce superbe dessin pour le site Millepompon).

Joyeux Noël à tous !
 

vendredi 23 décembre 2011

Albums de Noël (4) : divers

Pour mémoire, les autres sont là :
- Les lettres du Père Noël de Tolkien
- Les grands classiques de Noël
- Mes plus beaux albums de Noël
- Les iconoclastes sur Noël

Pour terminer, juste quelques titres que j'aime, en vrac :

Le Loup Noël de Michel Gay (L'école des loisirs, 1980). J'aimais bien cet auteur quand j'étais petite, entre autres les Valentine qui ne sont malheureusement plus disponibles ; ma petite soeur, quant à elle, lisait beaucoup Pousse-Poussette, et c'est également l'auteur des célèbres Biboundé. Bref, un auteur qui a fait ses preuves ! Dans cette histoire, ce malheureux loup qui voudrait juste faire plaisir à ses enfants va déclencher bien malgré lui une panique dans un supermarché et un accident de la route... qui aura des conséquences heureuses ! J'apprécie l'humour léger et discret , ainsi que le trait épuré.


L'hiver de la famille souris de Kazuo Iwamura (L'école des loisirs, 1986, traduit par Irène Schwartz et Nicole Coulom) sort un peu du thème, car la plupart des japonais ne fêtent pas Noël. C'est donc juste l'histoire d'une famille de quatorze souris (les parents, les grands-parents, et dix enfants) qui passent une merveilleuse journée hivernale, avec luge, jeux de société, gâteaux, etc. J'adore les livres de la famille souris, avec leur innombrables détails qui font vraiment rêver, en particulier Une nouvelle maison pour la famille souris. On aimerait tant être dans ce creux de l'arbre avec eux et manger des chaussons à la confiture de fraises !

Le chat de Bethléem de Michael Foreman (Kaléidoscope, 2000, traduction d'Elisabeth Duval) est un album que j'ai lu et relu au Grand dans sa version originale (The cat in the manger). On y fait la connaissance d'un chat individualiste et réservé, comme tous les chats, qui voit débarquer dans son étable des humains, un âne, puis un bébé, puis des moutons, puis d'autres gens, puis des chameaux, et même des souris ! Et sans se l'avouer, lui aussi se laisse toucher par la magie de ce moment... Pratique pour raconter l'histoire de la naissance de Jésus de manière un peu moins classique que d'habitude ; les illustrations sont par ailleurs très belles.

Les enfants de Noël, de Kochka et Quentin Gréban (Editions Lito, 2004) me plaît particulièrement à cause de son histoire. Le Père Noël, excédé par les guerre et le racisme, a une idée géniale : il enlève tous les enfants, et les redistribue dans des familles et des continents bien loin de leur propre foyer ! "S'ouvre alors sur la Terre une période de grands voyages où les parents partent chercher leurs enfants. Mais ces recherches prennent du temps, et les mamans, qui ne peuvent pas s'empêcher d'aimer, se mettent à aimer leur enfant d'ailleurs, et à travers lui, les peuples d'ailleurs..." Je sais, c'est naïf, mais on a le droit d'être naïf à Noël, pas vrai ?


Je crois que c'est tout pour cette année. Si mon compte est bon, et sachant que j'en ai racheté deux récemment, il me reste donc encore 183 albums à vous présenter... Il me faudra un certain nombre de mois de décembre pour en venir à bout !

jeudi 22 décembre 2011

Une autre mère indigne

Je vais à la pharmacie acheter des veinotoniques (youpi) (je vous raconterai). La pharmacienne, elle-même mère de famille, me dit qu'elle me trouve fatiguée. (Ça se voit tant que ça ?)
— Oui, les deux petits sont à la maison en ce moment, et mon mari travaille.
— Ils ne vont plus à la crèche ? Mais pourquoi ?
— La crèche est fermée pendant deux semaines.
— Ah, les salauds !
Un vrai cri du cœur.

Allons bon, j'ai trouvé pire que moi.

mercredi 21 décembre 2011

Ouin !

— Ouin !
— ...
— ...
— Ouin !
— ...
— ...
— Ouin, ouin !
— Mmm... Quelle heure il est ?
— Trois heures et demie du matin...
— ...
— ...
— Ouin, ouin, ouin !
— C'est lui ?
— Non, c'est elle.
— Ouiiiiiinnnnnn !
— T'y vas ?
— Ah non, on avait dit que quand c'était elle, tu y allais, toi... Moi j'y vais quand c'est lui, sinon il râle.
— OUUIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNN !
— Je suis fatigué...
— Moi aussi ! J'ai bossé jusqu'à minuit !
— OOOOOUUUUUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNN !!!!!!
— J'ai pas le courage...
— Bon, tu te dépêche avant qu'elle réveille son frère ?
OOOOOOOOOOUUUUUUUUUIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNN !!!!!!!!!!!!!!
— D'accord, j'y vais, j'y vais... Mais la prochaine fois, c'est toi !

Mais si, je les aime, mes enfants. Juste un peu moins à trois heures et demie du matin, c'est tout.

mardi 20 décembre 2011

Prénoms

Maintenant que le Têtard a un nom de famille suite à la reconnaissance paternelle (oui, oui, je sais bien qu'il en aurait eu un quand même !), il va falloir songer à lui trouver un prénom. Et nous y songeons. Ça fait même plusieurs mois que nous y songeons.
Il nous faut donc un prénom :
- Qui puisse être prononcé sans difficulté dans les cinq langues européennes pratiquées par nos familles et amis ;
- Qui soit peu porté actuellement, pour qu'il n'ait pas cinq camarades de classe qui ait le même ;
- Qui ne ressemble pas à celui des autres membres vivants ou morts de la famille ;
- Qui ne commence pas par la même lettre que les autres, si possible, pour que chacun ait des initiales différentes ;
- Qui ne soit pas trop traditionnel ou vieillot, parce que je n'aime pas ça ;
- Qui soit ancien, et même si possible d'origine nordique, parce que c'est ce que souhaite Darling ;
- Qui signifie étymologiquement quelque chose de positif, ou qui ait été porté par une personnalité ou un personnage littéraire que nous approuvons, sachant que nous n'avons pas les mêmes héros ;
- Qui soit tout de même un peu dans l'air du temps – je n'aurais rien contre un joli prénom italien, par exemple ;
- Qui ne soit pas trop va-t-en-guerre, parce que je me méfie (Mr Thing Two a un nom de conquérant destructeur, et je commence à croire que le proverbe "Nomen est omen" est peut-être fondé) (en tous cas je ne veux pas prendre de risque) (ce gamin est en train de me rendre sexiste et déterministe, c'est scandaleux).


Autant dire que nous avons du mal.

— Roderick ?
— Non, ça rime avec le prénom de Mr Thing Two. Et puis je n'aime pas.
— Rodrigue, alors ?
— "Rodrigue, as-tu du cœur ?" Et il ira attaquer les Maures ?
— Alexandre ?
— J'ai dit pas d'empereur ! Et puis c'est presque le nom de mon père.
— Wolfram ? Knut ?
— Argh ! Non mais ça ne va pas, la tête ?
— Roland, comme celui d'Ariosto ?
— Je ne suis pas sûre d'avoir envie qu'il soit furieux... Et ça fait vieillot, je trouve. A la rigueur, la version italienne, Orlando ?
— Ça fait un peu Orlando Bloom, non ?
— Si. Silvain ?
— Bof... C'est banal...
— Nicolas ?
— Non, ça fait trop Noël.
— Clément ? Pour que ça nous porte chance et qu'il ait un caractère angélique ?
— Trop catholique.
— Ascanio ? Comme le fils d'Énée ?
— Non, j'aime pas. Et puis ça commence par un A.

Bref, nous ne sommes pas plus avancés qu'au début. Parfois, je me dis que la nature a bien fait les choses en prévoyant des grossesses interminables pour les humains. Je me demande même si quatre mois de plus suffiront.

lundi 19 décembre 2011

Bon vent !

Mr Thing Two enfile avec difficultés les chaussures de Darling, empoigne sa serviette qu'il a bien du mal à soulever (pleine de choses très importantes, des facturettes d'il y a deux ans, des vieux magasines, des médicaments périmés, des commandes oubliées de clients qui ont bien dû se demander pourquoi ils n'ont jamais reçu leur bouquin...), et se dirige d'un pas décidé – quoique maladroit, à cause des chaussures qui font environ cinq fois sa propre pointure – vers la porte de l'appartement après nous avoir lancé un "A roir !" cromeugnon ainsi que quelques bisous du bout des doigts.

Il part au travail, apparemment.

Ah, si seulement c'était vrai...

(Oui, je suis une mère dénaturée. Je vous ai dit que la crèche était fermée pendant quinze jours ?)

dimanche 18 décembre 2011

Albums de Noël (3) : les iconoclastes

Sortons un peu de la crèche où tout n'est que douceur et du traîneau du Père Noël qui distribue des cadeaux dans la bonne humeur. Certains albums sont nettement plus originaux, voire séditieux. En voici quelques-uns, plus ou moins connus.

Commençons par un grand classique : Sacré Père Noël (Father Christmas), de Raymond Briggs (Grasset, 1975). Une bande dessinée quasiment sans parole, où on retrouve un Père Noël râleur, voire soupe-au-lait, très éloigné des images d'épinal, confronté au mauvais temps, aux conduits de cheminée encrassés, etc.
Encore plus original : Les vacances du Sacré Père Noël (Father Christmas goes on holiday), où on le voit en maillot de bain et lunettes de soleil en train d'essayer de se faire comprendre des garçons de café ou de trouver une place dans un camping. On aime ou on n'aime pas – en toute honnêteté, ce n'est pas mon préféré – mais c'est indéniablement drôle. A noter que sur le thème de Noël, Raymond Briggs est également l'auteur d'une autre bande dessinée sans parole bien plus traditionnelle : Le bonhomme de neige (The Snowman), livre très connu en Grande-Bretagne, mais moins en France.

Toujours chez les auteurs anglo-saxons, il y a Le lendemain de Noël, de James Stevenson (L'école des loisirs, 1991, traduit par Michèle Poslaniec). Le titre anglais est The Night after Christmas, et fait bien entendu référence au très célèbre poème The night before Chrismas dont je vous ai parlé ici. Eh ! bien, figurez-vous que le lendemain de Noël, c'est beaucoup moins drôle. Les vieux jouets ont été mis à la poubelle pour faire place aux jouets neufs, et même après avoir trouvé un abri contre le mauvais temps, ils s'ennuient à en mourir... Ça finit plutôt bien, mais l'atmosphère générale de l'album est loin d'être festive et joyeuse ! J'aime la causticité de cet auteur, même si j'aime encore davantage le "nonsense" qu'on trouve dans d'autres albums parus en France et malheureusement épuisés pour la plupart (Une horrible pluie, Un jour affreux, etc.). Ceux-là me font mourir de rire !

Dans le genre "nonsense", il y a l'excellent Dictionnaire du Père Noël de Grégoire Solotareff (Gallimard, 1991). Les illustrations de cet auteur sont très caricaturales et pas vraiment adaptée à la "magie de Noël", mais justement, c'est ça qui est drôle ! Chaque double page comprend une définition, souvent absurde (au hasard, "Inquiet : lorsqu'il va en Afrique et qu'il est obligé de se déplacer en autruche, le Père Noël est très inquiet et l'autruche aussi"), ainsi qu'un dessin qui illustre et parfois éclaire le texte en regard. J'ai parfois entendu le Grand rire aux éclat en le feuilletant, et même ma mère !

Le Père Noël et les fourmis, de Philippe Corentin (L'école des loisirs, 1989) est également une réussite en son genre. Ce célèbre auteur pour enfants tente de répondre à une question classique : comment le Père Noël réussit-il à entrer partout, maintenant que bien des immeubles n'ont plus de cheminées ? On voit le malheureux bonhomme tenter plusieurs solutions qui s'avèrent toutes plus désastreuses les unes que les autres, jusqu'à trouver la solution à son problème grâce aux fourmis. L'album explique en prime pourquoi on ne réussit jamais à le voir... Très réjouissant.

Enfin, un dernier, à mettre plutôt dans la cathégorie "original" que réellement "iconoclaste", quoique... Dans Le nouveau, de Didier Levy et Matthieu Roussel (Sarbacane, 2004), on fait la connaissance d'un jeune cadre dynamique workaholic et très ambitieux à qui des lutins joyeux viennent soudain annoncer qu'il a été désigné pour prendre la relève du Père Noël. Autant dire que ça ne lui plaît pas du tout, du tout... L'histoire est vraiment bien construite, à la fois nuancée et presque crédible (dans le contexte, hein !), et les illustrations ont la particularité d'avoir été réalisées en images de synthèse, ce qui leur donne une allure particulière. Un album qui plaît beaucoup à ma petite sœur... et à moi.


Je m'arrête là pour aujourd'hui. Si j'ai le temps, j'essaierai de vous en présenter quelques derniers avant le 25, de préférence !

samedi 17 décembre 2011

Vrais ou faux ?

"Oh, des jumeaux ! Ce sont des vrais ou des faux ?"

Question traditionnelle qu'on pose à tous les parents de jumeaux, comme si ça avait beaucoup d'importance. Certains répondent sans se démonter : "Des faux, 100% plastique tous les deux". D'autres – j'en suis – se lancent dans de grandes explications sur la différence entre monozygotes et dizygotes, ne serait-ce que pour expliquer que non non non, ces compliments parfois teintés de grivoiserie qu'on adresse au père ne sont pas mérités, parce que s'il y a "faux" jumeaux, il y a deux œufs, donc deux ovules, donc c'est moi ou plutôt mes ovaires que vous pouvez féliciter, merci.

Mais bon, on me la pose tout de même assez peu souvent, cette question. Et même très très peu souvent quand ils ne portent pas de bonnet. Je me demande pourquoi ?

A noter tout de même que le commentaire le plus involontairement drôle m'a été fait un jour dans la rue par une femme qui venait de me poser les questions rituelles :
— Ce sont des jumeaux ? Quel âge ont-ils ? Ce sont des vrais ou des faux ? Filles ou garçons ?
— Ils ont huit mois, et ce sont des dizygotes, des faux jumeaux, puisqu'il y a un garçon et une fille.
— Ah ? Mon mari aussi, il a une soeur jumelle. Mais eux, ce sont des vrais jumeaux, vous savez.
J'avoue, je ne me suis pas lancée dans un grand discours scientifique. J'ai poliment acquiescé, et je suis rentrée en ricanant. Je suis vilaine.

vendredi 16 décembre 2011

Les petits maux de la grossesse (2) : les impatiences

Aujourd'hui, je vais vous parler de ce petit phénomène rigolo – pour les autres – que l'on nomme impatiences ou syndrome des jambes sans repos.

Imaginez-vous la scène. Le soir est tombé, vous avez réussi à coucher tous les moins de dix ans de la maisonnée, la table a été débarrassée par votre cher et tendre, et pour une fois, très exceptionnellement, vous n'avez pas l'intention de travailler toute la soirée. Vous vous allongez donc sur le canapé, jambes surélevées pour faciliter le retour veineux (ce point fera l'objet d'un chapitre à part), genoux posés sur votre moitié qui vient de glisser "Rencontre du troisième type" dans le lecteur de DVD, parce qu'il serait temps que vous sachiez enfin de quoi parle ce film soi-disant inoubliable.
(Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé ne serait pas complètement fortuite).

Et tout à coup, juste au moment où la soucoupe volante fait son apparition, votre jambe se soulève violemment de cinquante centimètres.

Si vous avez de la chance, vous n'atteignez pas le menton de votre Darling et vous ne lui cassez pas trois dents. Si vous avez de la chance, il a déjà fait la connaissance de ce phénomène lors de votre précédente grossesse et a appris à se méfier. Si vous avez de la chance, vous vous en tirez donc à bon compte, par quelques railleries qui vous donnent envie de l'assommer avec la télécommande (mais pour ça, il faudrait vous relever, donc vous laissez tomber).
Si vous n'avez pas de chance, tant pis pour vous. Et pour lui.

Cela dit, en journée ou même en soirée, à la rigueur, c'est tolérable. "Rencontre du troisième type" ne demande pas une concentration extrême, de toute façon ; quelques secousses incontrôlées des membres inférieurs ne gêneront pas la compréhension de ce looooooong moment où les extra-terrestres jouent à  "Allez on y va" "Non on repart" "Bon on se pose" "Maintenant on s'en va" "Et si on rouvrait l'écoutille" "Non on la referme" "Allez on descend" "Ou peut-être pas".

Le problème, c'est la nuit.

Parce que Wikipedia le confirme :
Ces sensations sont déclenchées par l'immobilité que demande par exemple l'endormissement. Elles apparaissent lorsque le sujet est au repos, en position assise ou allongée, surtout le soir et la nuit (...).
Donc on se couche, on  trouve la position la moins inconfortable possible pour le ventre, le dos, la poitrine et tout le bataclan, on se relève pour aller faire pipi, on se recouche, on s'étire, on se relève précipitamment parce que le fait de s'étirer a provoqué une crampe, on se recouche, on se pelotonne, on commence à somnoler, ça y est, on est presque endormi... et là, paf ! la jambe lance un grand coup de pied dans le vide (ou dans le tibia du conjoint). Autant vous dire que ça réveille.

Des solutions ?
Aucune.
Des médicaments ?
Néant.
Des mesures de préventions ?
Zéro.
Des remèdes ?
Rien de rien.

Vous pouvez toujours essayer de vous allonger sur le dos et de pédaler dans le vide, sans forcer sur les abdominaux. Mais soyons franche, même si vous faites l'équivalent d'une étape du Tour de France au milieu de la nuit, ça vous soulagera momentanément, mais ça n'empêchera pas les impatiences de revenir sournoisement dès que vous vous arrêterez. Par contre, ça fera bien rigoler la personne qui partage votre lit. C'est toujours ça de pris.

jeudi 15 décembre 2011

Mauvaise langue

Je vous ai raconté ici qu'une éditrice m'avait envoyé des petits albums à "traduire", dont certains sans texte, et même un sans images.
J'ai reçu tout ça aujourd'hui. Choisissant la facilité, j'ai décidé de commencer par ceux où il y avait déjà un minimum de texte – un mot par page, mais c'est déjà ça.
Sauf qu'en fait, ils sont en catalan.
Je l'appelle pour lui signaler que oui mais non, je ne sais pas très bien quelle langue elle s'imaginait que c'était, mais il y a erreur, ou je pars du principe que la "tortugueta", c'est la tortue, et que le "pingüi", c'est le pingouin ?


(Heureusement, vu que le "peixet" ressemble peu ou prou à l'animal représenté ci-contre, les risques de me tromper sont assez minimes. Ça pourrait même être du chinois, à la rigueur.)

mercredi 14 décembre 2011

Confusions

Il y a de nombreuses années, quand j'étais jeune, naïve et amoureuse, j'avais expédié Darling chez le maraîcher du coin acheter des poireaux.
Il était revenu avec des oignons nouveaux.
Bon, à sa décharge, ça se ressemble un peu. Et puis il avait demandé à la vendeuse, qui n'était pas la patronne de la boutique mais sa jeune nièce ou quelque chose du genre, et cette cruche avait confirmé que oui oui, c'était bien des poireaux.
Bref, je lui avais pardonné, et j'avais changé mon menu.

Un autre jour, quelques années plus tard, je l'avais envoyé au marché – je prenais encore des risques – acheter "des fruits de saison". Il avait rapporté des pommes et du raisin. En mai.
Je m'étais un peu moquée, quand même. Peut-être même fâchée. (Sûrement, me connaissant.) Puis je lui avais de nouveau pardonné. Et je ne l'ai plus jamais envoyé au marché.

Mais là, hier, je lui ai demandé d'aller au supermarché d'en face acheter du comté, car j'en fais un usage immodéré en cuisine (pâtes, riz, légumes, béchamel, soupes, tartes salées...). C'était facile, ça, non ? C'était précis ?
Eh ! bien, il est revenu avec de l'emmenthal.
Qu'est-ce que je vais faire avec ce bout de plastique sans goût ?
Cette fois, je ne sais pas si je vais lui pardonner...


(Oui oui, ça fait très cliché tout ça, je sais. Qu'y puis-je si la réalité ressemble parfois aux clichés ? J'ai une copine qui a pris le parti de dessiner les légumes les plus courants avant d'envoyer son jules les acheter, par précaution...)

mardi 13 décembre 2011

Reconnaissance

Darling et moi sommes allés à la mairie pour inscrire le Têtard à la crèche et pour faire la reconnaissance pré-natale.

Pour l'inscription en crèche, j'ai dû y aller deux fois : il manquait le justificatif de domicile. Et même si sur le dernier avis d'imposition de Darling, sur mon dernier avis d'imposition, sur le livret de famille, sur ma carte d'identité, sur le passeport de Darling, sur les trois derniers bulletins de salaire de Darling, sur mes trois derniers relevés de droits d'auteurs, et sur l'attestation de la CAF, il y avait partout la même adresse (donc sur DOUZE documents officiels différents), il fallait quand même une facture EDF. Bien. Pas grave, j'y suis retournée, et maintenant, c'est fait. La dame a même dit qu'avec deux autres enfants déjà dans cette même crèche, elle pense que je suis prioritaire. C'est une bonne nouvelle.

Pour la reconnaissance, c'est fait aussi. Même si Darling est victime d'un terrible accident de serpillère dans les semaines à venir ou s'enfuit avec une brune décharnée (pour changer de la blonde pulpeuse), le Têtard ne sera pas "né de père inconnu".
Il est très content de lui, d'ailleurs. Le soir, quand je lui ai aimablement reproché de ne pas avoir beaucoup oeuvré pour le bien commun au cours de la journée (autrement dit, quand j'ai hurlé de manière à ce qu'on m'entende trois étages au-dessus qu'il aurait au moins pu vider le lave-vaisselle), il m'a répondu avec l'élégance et le tact typiquement britanniques qui le caractérisent :
— Oh, ça va, hein. Je suis allé admettre que c'est bien moi qui ai couché avec toi il y a quelques mois, c'est déjà pas si mal.

(Mais il a quand même fini par vider le lave-vaisselle, je vous rassure.)


lundi 12 décembre 2011

Traduction ex nihilo

Il m'arrive assez souvent de "traduire" des albums pour les tout-petits, entre deux chapitres de mes romans pour les 8-15 ans.
Je mets le mot traduire entre guillemet, car il n'est pas rare qu'on me demande de rajouter 50% de texte, ou d'inventer une question adressée à l'enfant, ou de pondre un petit texte en vers... Bref, cela relève bien plus souvent de la création que de la traduction.

Tout à l'heure, coup de téléphone d'une éditrice :
— Allô, Fofo, je vous appelle pour vous proposer cinq petits livres en tissu à traduire... Dans les quatre premiers, il y a un mot par page en VO, mais j'aimerais que vous me fassiez une petite phrase. Dans le cinquième, il n'y a pas de texte du tout.
— Ah ben dans ce cas, ça va être vite traduit, au moins !
Sauf que non, bien sûr, ce n'est pas si simple : il faut que je m'appuie sur l'image pour trouver deux lignes rimées par double page. OK.

Cinq minutes plus tard, elle me rappelle :
— Fofo, c'est encore moi... En fait je me suis trompée, il y a un sixième petit livre en tissu. Sauf que je n'ai pas le livre.
— Heu... J'ai une imagination débordante, mais si je n'ai ni texte, ni images, je vais avoir du mal...
Elle a ri. En fait elle a une petite description sommaire de ce que représentera chaque page. Elle a aussi le titre.
Ouf. Sauvée.

Une semaine de dîners

Ce n'est pas pour me vanter, mais... Ah si, en fait, c'est bien pour me vanter. La modestie n'est pas ma principale qualité.
Trêve de discours, voici ce que nous avons mangé chaque soir pendant une semaine (tout est fait maison, sauf les quenelles) :

Dimanche :
- Lasagnes à la bolognaise enrichie en légumes
- yaourts maison

Lundi :
- salade verte avec dés de fromage
- steaks et poêlée de topinambours
- compote maison

Mardi :
- Carottes et betteraves crues râpées
- Gratin dauphinois mi-pommes de terre, mi-navets boules d'or
- Kjottkakers (croquettes de viande norvégiennes)

Mercredi :
- Quenelles natures à la béchamel
- Poêlée de quinoa et fondue de poireaux

Jeudi :
- salade mâche/avocat/fenouil
- "chili sin carne" avec riz basmati
- "mousses" au chocolat au tofu soyeux

Vendredi :
- potage potimarron / châtaignes / navets
- pâtes aux courgettes et lardons

Samedi :
- velouté brocolis / pommes de terre
- steaks hachés + restes !

Ce qui nous fait deux repas végétarien sur sept, trois en considérant que 50 grammes de lardons pour quatre portions, c'est négligeable. Ce serait presque parfait si nous ne mangions pas de viande le midi.
Mais nous en mangeons.
Bref, nous allons tous avoir plein de problèmes de santé à cause de notre consommation sur-protéinée (d'après le discours bo-bio actuel), nous participons activement au réchauffement de la planète via les gaz des bêtes d'élevage, nous sommes responsables de la faim dans le tiers-monde, mais je suis très fière de mon inventivité de cuisinière. Bilan positif, donc.
(Non ? Vraiment pas ?)

dimanche 11 décembre 2011

Albums de Noël (2) : les plus beaux

Les albums que je vais vous présenter maintenant ne sont pas forcément ceux dont l'histoire est la plus originale, mais ce sont – à mon avis – les plus réussis d'un point de vue visuel.


D'abord, un grand classique : Une étoile, cette nuit là de Marcus Pfister, traduit par Nora Garay (Nord-Sud, 1993). Les bergers, puis les rois mages, puis les animaux sauvages suivent l'étoile (mise en relief avec du papier brillant) jusqu'à la crèche. Des dessins très doux, très agréables.






Ensuite, il y a les deux albums sur le thème de Noël de Gabrielle Vincent : Noël chez Ernest et Célestine (1983, Duculot, puis Casterman), et Ernest et Célestine : le sapin de Noël (1995, Casterman). J'aime énormément le style de Gabrielle Vincent, ses dessins si vivants, si tendres, qui donnent une impression de "presque inachevé" mais qui suggèrent n'importe quoi avec quelques traits. En passant, ceux qui ne connaissent pas La naissance de Célestine ratent quelque chose : cet album pour les adultes fait venir les larmes aux yeux à n'importe qui ! Noël chez Ernest et Célestine raconte une fête bricolée avec peu de moyens mais tellement d'amour...



Le Noël du petit berger, d'Eve Tharlet (2002, Nord-Sud), parle d'un jeune berger qui mène Marie et Joseph jusqu'à l'étable, et qui fait le premier la connaissance de l'enfant Jésus. Les illustrations d'Eve Tharlet sont naïves et charmantes, et je les apprécie beaucoup.






Noël, de Jan Pienkowski (1990) , est très particulier : les images sont en découpages, en silhouettes noires sur des fonds colorés. Cet illustrateur plus connu pour sa série Meg et Mog a fait plusieurs livres avec ce genre d'illustrations, mais ils ne sont pas ou plus disponibles en français : même celui-ci ne se trouve plus qu'en anglais, sous le titre The First Christmas. Le texte est celui de la Bible ; ce sont vraiment les magnifiques silhouettes qui valent le coup d'oeil.





Enfin, je me permets de signaler un autre album que j'aime énormément, mais qui n'a jamais été traduit en français : c'est une illustratrice japonaise, et mon édition est allemande... Les illustrations de Masahiro Kasuya datent de 1980, et le titre allemand est Der allerkleinste Tannenbaum ("Le plus petit des sapins") (Friedrich Wittig Verlag, 1998). Les dessins extrêmement dépouillés, avec à peine un ou deux éléments par page, parlent d'un sapin à peine plus grand qu'un oisillon qui va pourtant se retrouver au centre d'une chorale d'animaux la nuit de Noël... Je ne me lasse pas de le regarder.



Je vous en présenterai quelques autres encore d'ici les fêtes !



samedi 10 décembre 2011

Télévision

La télévision n'est pas une baby-sitter.
Au contraire, c'est un danger gravissime. Si vous avez échappé au récent déferlement d'articles sur le sujet, tapez simplement "télévision + bébé" dans Google, et vous verrez.
Si vous mettez vos enfants de 20 mois devant un DVD comme "Mimi la souris", "Léo et Popi" ou "Les clipounets" (par exemple) (au hasard),  ils deviendront obèses, accros aux écrans, sans imagination, apathiques, hyperactifs (si si, en même temps), retardés, psychotiques et serial-killers. Et vous irez en enfer.
Mais vous aurez la paix pendant un quart d'heure.

En fin de compte, l'enfer, ce n'est pas si mal que ça, si ?

vendredi 9 décembre 2011

Une compote et des chiffres

Je me demande souvent s'il est réellement plus intéressant, d'un point de vue financier, de faire telle ou telle préparation culinaire (pain, yaourts, biscuits, pâté, etc.) soi-même plutôt que l'acheter toute faite. C'est ce que prétendent tous les sites qui dispensent des bons conseils aux parents de familles nombreuses, mais est-ce vrai ? Comme je suis du genre à aller jusqu'au bout quand je me penche sur un sujet, j'ai fait le calcul, en commençant par la compote.

Soit trois kilos de fruits bios : deux kilos de poires, et un kilo de pommes. Les poires m'ont été vendues comme des "poires à cuire" par ma maraîchère au prix de 3,20 € le kilo. Les pommes ont été commandées dans un lot de dix kilos chez Natoora à 2,12 € le kilo. Je n'ajoute ni sucre, ni arômes, juste un verre d'eau. En négligeant le prix du gaz (feu très doux pendant une demi-heure), cela me coûte donc 8,52 €.
Une fois les déchets éliminés, j'obtiens 2,5 kilos de compote.
La compote maison me revient donc environ à 3,41 € le kilo, avec très peu de travail (grâce à mon Kitchenaid qui m'évite de tout éplucher).

Chez Natoora, le pot de 360 g de "purée de fruits" (sans sucre) pommes-poires bio coûte 2,95 €, soit 8,19 € le kilo.
Chez Houra, le pack de quatre compotes pommes-poires bio de 100 g de chez Hipp coûte 2,45 €, soit 6,13 € le kilo.
Pas de doutes, c'est plus cher.

Autres avantages du fait-maison :
- on réduit les emballages, ce qui donne bonne conscience ;
- la compote est exquise, et plus variée (on peut ajouter une banane, de la vanille, de la cannelle...) ;
- et avec le jus recueilli plus un peu de sucre et d'agar-agar, on peut faire une excellente gelée de fruits.

Donc oui, ça vaut le coup. Pour peu qu'on possède la cocotte Le Creuset de 10 litres (environ 250 €), le Kitchenaid avec tous ses accessoires  (environ 800 €) et le mixer plongeant Bamix qui permet d'obtenir une compote vraiment lisse (environ 200 €), ça vaut largement le coup. Si, si, je vous assure.

jeudi 8 décembre 2011

Les petits maux de la grossesse (1) : les crampes

Je vous ai déjà parlé brièvement des "petits maux de la grossesse" ici mais je me suis dit que ça méritait d'être développé. Je vais donc vous offrir une série de billets au cours des mois suivants sur tous les inconvénients que l'on subit pendant ces quelques mois. Ces messages seront sponsorisés par l'Association des Joyeux Malthusianistes de France. Ne me remerciez pas.

La grossesse n'est pas une maladie, c'est bien connu. Parce qu'une angine, ou une gastro, c'est un vilain machin qui vous embête pendant plusieurs jours, une ou deux fois par an, avec trois ou quatre symptômes très désagréables. La grossesse, ce n'est pas ça. La grossesse, c'est un état merveilleux pendant lequel on se sent rayonnante, qui nous permet d'apprécier minute après minute cette faculté extraordinaire que l'on a de donner la vie. Ce moment fantastique pendant lequel tout le monde est au petits soins pour vous, et dont on peut apprécier même les inconvénients en échange de la promesse de donner bientôt tout l'amour du monde à cet être extraordinaire qu'est un nouveau-né.
Naaan, j'rigole.
La grossesse, c'est bien pire qu'une maladie. Parce que ça ne dure pas une ou deux semaines, mais neuf mois. Et parce que si vous n'avez pas de veine, ce ne sont pas deux ou trois symptômes désagréables qui vont vous tomber sur le dos, mais douze ou quinze.

Commençons tout doucement par un petit truc de rien du tout (je ne veux pas vous effrayer tout de go) dont j'ai été victime cette nuit : la crampe.
Tout le monde sait ce qu'est une crampe, pas vrai ? Eh ! bien non, moi je ne le savais pas avant d'être enceinte du Grand. Voilà ce que nous apprend Wikipedia :
Une crampe est une contracture violente, involontaire, passagère et douloureuse, visible et palpable, d'un muscle ou d'un faisceau musculaire.
Chez moi, ça se passe comme ça : je suis bien tranquillement en train de dormir, au plus profond de mon sommeil, dans mon lit, bien au chaud, et tout à coup, très vite et sans prévenir, une horrible douleur me saisit à la jambe ou au pied. Il faut donc que je me lève précipitamment, que je me précipite en boitillant et en gémissant "aïe aïe aïe" (pas trop fort, pour ne pas réveiller les enfants) dans la cuisine, où le sol est froid grâce au carrelage, et que j'essaie de tordre la jambe ou le pied dans une position qui me soulage, jusqu'à ce que ça passe. Après quoi, grelottante et complètement réveillée, je peux retourner me coucher et essayer de me rendormir. Jusqu'à la prochaine fois.
Pendant le dernier trimestre de mes précédentes grossesses, ça m'arrivait au moins trois fois par nuit.
Rien de grave, on est bien d'accord. Mais je m'en passerais volontiers.

Existe-t-il une méthode de prévention ? Pas vraiment. Ah si, manger des aliments qui contiennent du magnésium, c'est-à-dire principalement des bananes.
Sauf que les bananes sont interdites quand on fait du diabète gestationnel.
La grossesse ? Un lit de roses, mes amis. Avec tout plein d'épines.

mercredi 7 décembre 2011

Albums de Noël (1) : les classiques

Je viens de compter : je possède 201 livres pour enfants sur le thème de Noël, en grande majorité des albums illustrés.
(Oui, ça fait quelques années que je les collectionne, comment avez-vous deviné ?)
Bien entendu, je ne peux pas acheter toute la production annuelle des éditeurs, et une bonne partie ne le mérite pas, mais j'en achète plusieurs chaque année, et je les choisis en fonction de trois critères :
- les plus beaux ou émouvant ;
- les plus vieux et kitchs ;
- les plus célèbres, ou qui mettent en scène des personnages célèbres (Barbapapa, Elmer, Petit Ours Brun, Mimi la souris, Caroline, Martine...).

D'ici Noël, je vais vous parler de mes préférés.

A tout seigneur, tout honneur : commençons par LE poème à l'origine même du mythe du Père Noël (je vous préviens, le premier imbécile qui répète bêtement sans avoir pris la peine de vérifier que le Père Noël "c'est un truc commercial inventé par Coca-Cola" sera condamné à aller voir les vitrines animées des Galeries Lafayettes le samedi 24 à 15h). Il s'agit d'un poème de Clement Clarke Moore datant de 1823, qui s'intitule The night before Christmas, et ça a été illustré des dizaines de fois, y compris en France, sous des titres différents. La version la plus connue est peut-être celle que vous voyez ci-contre, La nuit magique de Noël, illustrée par Ted Rand, aux éditions Nord-Sud, dans une traduction de Michelle Nickly. Quant à moi, j'en possède une version en VO superbement illustrée par Christian Birmingham, un dessinateur britannique que j'adore, mais malheureusement cet album n'est pas disponible en français.


Toujours dans les ultra-ultra-classiques, il y a Un chant de Noël (A Christmas Carol) de Charles Dickens, en 1843. On le trouve bien entendu dans plusieurs versions illustrées et abrégées, mais je vous recommande de lire la version intégrale (ci-contre, la traduction de Michelle Sibon pour Gallimard). C'est l'histoire célèbre de Scrooge, qui a donné son nom à l'oncle de Donald, Picsou : un vieil homme très avare et solitaire qui déteste Noël jusqu'à ce qu'il rencontre trois esprits, l'esprit des Noëls passés, l'esprit du Noël présent et l'esprit des Noëls futurs... Et bien sûr, ça fini bien ! J'adorais cette histoire étant petite, je l'ai lue des dizaines de fois.



Revenons-en aux véritables albums. Mon préféré est très probablement Michka, de Marie Colmont (Père Castor Flammarion, 1941). Il a été plusieurs fois ré-illustré, mais je crois que l'édition originale est celle-ci, avec les illustrations de F. Rojankovsky. Je pourrais quasiment le réciter par coeur, et malgré ça, je n'arrive jamais à la fin sans en avoir les larmes aux yeux. "Renne, Oh ! Renne, il n'y a plus rien dans ton sac !" (snif)
Il en existe également une version audio lue par Paul Faucher. 



Encore un grand classique, et un coup de coeur pour moi depuis que je le connais : Boréal-express (The Polar express), de Chris van Allsburg, traduit par Isabelle Reinharez (l'École des Loisirs, 1986). J'étais déjà grande quand il est sortit - il appartenait à ma petite sœur - mais je me souviens avoir été fascinée par ces merveilleuses illustrations et avoir adoré l'ambiance (Ah, le train qui s'arrête dans la neige devant la maison ! Le chocolat chaud partagé par les enfants en pantoufles !) et la conclusion. Il a été adapté en film, mais j'ai cru comprendre que ce n'était pas une réussite.

Je m'arrête ici pour aujourd'hui, mais je vous en présenterai quelques autres prochainement.

mardi 6 décembre 2011

Edenté

Mr Thing Two est allé voir le dentiste à l'hôpital avec son papa, ce matin. Il est revenu sans la dent qui bougeait depuis ce fameux samedi. Le dentiste la lui a arrachée sans anesthésie, parce qu'on préfère éviter une anesthésie générale à cet âge-là, et quant à l'anesthésie locale... disons que je n'aimerais pas être à la place de quelqu'un qui doit faire une piqûre dans la gencive d'un gamin de 20 mois.
Bon, ne vous apitoyez pas trop sur son sort, la racine était cassée, la dent est partie très vite. Ils ne s'y sont mis qu'à trois pour l'immobiliser, et ils n'ont même pas eu besoin d'appeler l'armée ni les pompiers. Et puis zut, il n'avait qu'à ne pas faire le zouave, voilà.
(Je dis ça, mais en fait, je suis bien contente de ne pas avoir été là, ça m'aurait traumatisée).
Maintenant il va falloir l'emmener chez le dentiste tous les trois mois pour vérifier qu'il n'y a pas d'infection, vu qu'il y a encore un petit bout de racine à l'intérieur de la gencive. De joyeux moments en perspectives.

Bref, le voilà avec une incisive supérieure manquante, et ce jusqu'à environ sept ans, âge où la dent définitive poussera. Quand on lui a raconté ça, le Grand s'est montré convenablement apitoyé :
— Le pauvre, il aura une pièce de la petite souris en moins !
On peut faire confiance à ce garçon pour songer immédiatement aux conséquences financières de n'importe quel événement.

D'un autre côté, je me dis que ça peut être pratique, cette affaire. Quand le Têtard sera né et que je retrouverai des traces de morsure dans le gras de sa cuisse, ce qui ne manquera pas d'arriver, je saurai tout de suite quel est le coupable grâce à l'empreinte des dents. Et si ça arrive trop souvent, je peux toujours menacer Mr Thing Two de lui arracher une autre dent en représailles. Il faut voir le bon côté des choses.

Saint-Nicolas

Grand Saint-Nicolas, arrête bien ton âne là là là
Grand Saint-Nicolas, moi j'aime bien le chocolat lala !
Mais j'aime aussi bien
Sucre ou massepain
Pain d'épices ou bien gâteaux
Où tu colles ta photo...
(Anne Sylvestre)

Le Grand n'écrira pas de lettre au Père Noël, cette année, mais il a tout de même tenu absolument à mettre un verre de lait et des biscuits pour Saint-Nicolas, ainsi qu'une carotte pour son âne, dans l'entrée de l'appartement (on suppose que Saint-Nicolas possède un passe-partout). Bon, après être venu jusqu'à Paris exprès pour les quelques originaux ou expatriés qui le fêtent encore – dans notre cas, ça s'explique, mon beau-père est suisse et Darling d'origine allemande –, il méritait bien ça, le saint !
(Surtout qu'il avait oublié d'acheter des pains d'épices, des cacahuètes ou des pièces en chocolat, et qu'il s'est retrouvé à faire du pop-corn caramélisé à 23h30 pour que la chaussette rouge ne soit pas trop dégarnie...)

lundi 5 décembre 2011

Au pied levé

A 14h05, le téléphone sonne.
— Allô, Fofo, ici une des organisatrices du salon de Montreuil, écoute, on a un gros problème, on a une auteure d'une langue rare qui a remporté un prix, et, heu... on n'a pas d'interprète.
— Ah. Mais je ne parle pas votre langue rare, moi.
— Je sais, mais elle parle aussi un peu anglais.
— "Un peu" ? Et vous n'avez pas un seul anglophone sous la main ?
— Si, mais bon, elle est déjà assez agacée de ce contretemps, je voudrais au moins qu'elle bénéficie des services d'une vraie interprète... Alors si tu étais disponible... S'il te plaît... Je t'en prie...
— Et c'est quand, la remise des prix ?
— A 15h. Je t'envoie un taxi, d'accord ? Tu seras prête dans dix minutes ?

En fait, le taxi n'est jamais arrivé, j'ai poireauté un quart d'heure et j'ai fini par prendre le métro ; je suis arrivée juste à temps, et j'ai eu bien du mal à retrouver l'auteure, que je ne connaissais pas du tout ; j'ai fini par la trouver en compagnie d'un monsieur que personne ne s'est soucié de me présenter (j'ai compris plus tard que c'était l'éditeur) ; l'auteure était d'une humeur massacrante, furieuse de ne pas pouvoir parler sa propre langue – je la comprends – et j'ai cru qu'elle n'allait pas desserrer les dents pendant une heure ; j'ai d'abord dû me farcir l'interview de tous les autres auteurs qui avaient gagnés des prix dans d'autres catégories (albums, documentaires, etc.) ; l'animatrice de la rencontre n'a pas du tout compris ce que je faisais là et m'a prise pour la traductrice du bouquin ; j'ai dû parler à l'auteure et traduire ce qu'elle disait dans une langue qui n'était pas la sienne, au sujet d'un livre que je n'avais pas lu, avec des personnages dont je ne savais pas prononcer le nom ; et à la fin, quand l'organisatrice m'a offert une boîte de chocolats pour me remercier de l'avoir dépannée, je n'ai pas eu le courage de lui avouer que j'étais provisoirement diabétique.

Mais bon, somme toute, étant donné les circonstances, ça s'est plutôt bien passé. Et puis pour une fois, si on me demande comment s'est passé ma journée, j'aurais quelque chose d'un peu plus intéressant à raconter que "Oh, bien, j'ai traduit un chapitre de mon roman en cours, fait du pain, étendu deux lessives, et lu cinquante-trois fois Mimi la souris aux enfants".

Joies du dimanche

Aujourd'hui, Mr Thing Two m'a donné un bisou. Un vrai, sur la joue, avec l'aspiration au bon moment, et tout. J'en étais toute z'émue.

Quand j'ai découvert mon diabète gestationnel et que je me suis mise à hululer de désespoir, les bébés ont éclaté de rire et sont venus tous les deux me faire un câlin pour me consoler. Puis ils m'ont imité de leur mieux, et l'appartement a raisonné de "bouhouhou !".

Depuis quelques jours, le Têtard a découvert la mobilité. Je le sentais bouger depuis longtemps, mais là il me roue de coups. Miss Thing One, allongée sur mon ventre, s'en est aperçu et a soulevé mon T-shirt, curieuse. Mr Thing Two l'a désigné et a dit "bébé ?".
(Je ne sais pas ce qu'il a compris exactement du discours que nous lui avons tenu il y a quelques jours, mais visiblement, il en est resté quelque chose.)

En fin d'après-midi, Darling a mis de la musique entraînante. J'ai réussi à prendre une photo du Grand et des Things en train de faire la ronde ensemble, écroulés de rire. Puis Darling et moi les avons rejoints, et nous nous sommes trémoussés tous les cinq sur l'air de "I will survive", au grand amusement de nos nombreux voisins d'en face et des passants.

Parfois, je me rappelle pourquoi j'ai voulu une grande famille avec plein d'enfants.

dimanche 4 décembre 2011

diabète gestationnel

Bon, ben voilà. Je l'attendais, et il est arrivé ponctuellement – et même un peu plus tôt que prévu. Le diabète gestationnel est désormais là pour me rappeler que la salade (pas trop assaisonnée) est ma meilleure amie pour les quatre mois à venir.
Et dire que je venais d'apprendre à faire des scones par-faits, pour la première fois de ma vie. A tel point que j'en ai mangés sept pour le goûter. Avec du mascarpone en guise de clotted cream, de la confiture de fraises, et du thé Earl Grey avec un nuage de lait, comme chez Richoux.
(Qui a dit "Ah ben dans ce cas, c'est pas étonnant" ? Non mais de quoi je me mêle ?)

Le repas de Noël sera donc :
- sans foie gras (pas bien pour les femmes enceintes)
- sans saumon fumé (idem)
- sans bons fromages (évidemment)
- sans alcool (ben tiens)
- sans sucre
- sans féculents.

Même le menu de fête de Biocontact ne conviendrait pas. C'est dire.
Et bien sûr, je ne vais plus pouvoir faire de pâtisserie jusqu'à l'accouchement. C'est à dire jusqu'au moment où je n'aurais plus le temps ne serait-ce que de faire cuire des pâtes.

Je vais aller me pendre avec des fanes de carottes, tiens.

Congé parental d'éducation

Darling va bientôt prendre un congé parental d'éducation, parce que je ne vais pas pouvoir indéfiniment faire les aller-retours jusqu'à la crèche avec la poussette de quarante kilos (si si, quinze kilos de poussette et une douzaine de kilos par bébé habillé), et je ne parle même pas des semaines qui suivront la naissance du Têtard.
Comme j'écris avec plus d'aisance que lui, il me demande de lui rédiger la lettre pour l'employeur. Flemmarde, je cherche des modèles sur Internet.

En voici quelques-uns :
Madame, Monsieur,
Ayant atteint le terme de mon congé maternité je souhaiterais aujourd'hui le voir prolongé par un congé parental d'éducation...
Madame, Monsieur,
Je suis actuellement en congé maternité, et cela jusqu’au (précisez la date)...
Monsieur (Madame) le Directeur,
Actuellement en congé de maternité, je souhaite prendre un congé parental d'éducation...

Mais si, mais si : le congé parental d'éducation, c'est aussi pour les hommes. Puisqu'on vous le dit.

samedi 3 décembre 2011

Salon de Montreuil

En ce moment a lieu le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, à cinq minutes de Paris. Depuis quelques années, j'y joue le rôle d'interprète auprès d'auteurs étrangers lors de rencontres avec des classes, de conférences ou de séances de dédicaces. Un boulot qui m'est tombé dessus complètement par hasard, mais qui me plaît bien : j'aime voir de nouvelles têtes et sortir de ma solitude de traductrice-qui-travaille-à-la-maison. J'ai même accompagné deux fois un auteur en tournée dans quelques grandes villes de France ; ça sort de la routine !

Et pendant ces quelques années, j'ai vu tout et son contraire. Pour les dédicaces, par exemple. Ça peut se passer comme ça :
— Faites bien la queue, s'il vous plaît ! Et préparez vos noms sur un morceau de papier, pour que ça aille plus vite ! Attention, l'auteur ne signe pas plus de deux livres par personne, pour avoir le temps de satisfaire tout le monde avant de reprendre son train !

Mais ça peut aussi se passer comme ça :
— Bonjour, Madame ! Oui, oui, c'est l'auteur de ces livres empilés, là. Ils sont très bien, je vous assure. Oh oui, ils plairont sûrement à votre fils de treize ans. Vous en prenez un ? Ah, très bien ! Il va vous le signer. Et vous écrire un mot. Et vous faire un petit dessin. Vous êtes sûre de ne pas en vouloir un autre ? Non, parce que vous comprenez [ton confidentiel], il s'ennuie, ça fait une heure qu'il est assis là et vous n'êtes que la troisième... Et si on vous offre un marque-page, un pins et un poster en prime, vous en prenez un autre ?

De même, pour les rencontres au salon, une heure, ça peut être vraiment juste. En général, en plus de l'auteur et de son interprète, il y a un animateur qui retrace sa carrière, qui lance le débat, qui présente des points de vue intéressants ; l'auteur fait un discours, et peut aussi montrer des documents (photos, plan de travail, livre traduit en coréen, couverture provisoire...) ; puis viennent les questions du public, les relances, la lecture à voix haute d'un passage si on a le temps, et on a l'impression qu'on vient tout juste de commencer et qu'il reste encore plein de choses à dire quand on voit l'auteur de la rencontre suivante debout au fond de la salle, bras croisés, tapant du pied, dans une attitude qui signifie clairement "cassez-vous, c'est mon tour !".

Mais parfois, comme ce fut le cas hier après-midi, on a une animatrice qui n'a absolument rien à dire, qui n'a visiblement pas du tout préparé la rencontre, ni cherché des pistes de réflexions ; une auteure pas bavarde, qui répond par des phrases courtes ; une prof qui n'a pas beaucoup motivé ses élèves ; et une interprète qui ne sert à rien, parce que l'animatrice baragouine la langue et traduit donc elle-même les questions et réponses – en les résumant au passage, pour ne pas montrer qu'elle n'a pas tout compris.
Ce qui nous donne à peu près :
— Heu, bonjour, heu, je vous présente Nadia Métralement, qui va nous parler de son livre, Isabelle est moche. Vous l'avez lu ? Heu, vous avez des questions ?
Silence.
— Heu, oui, moi je voudrais savoir comment elle a choisi le nom de ses personnages ?
Traduction de la question, puis réponse, puis traduction de la réponse :
— Par hasard, ce sont les premiers noms qui me sont venus à l'esprit.
Silence.
— Une autre question ?
Résultat, une fois que les élèves sont arrivés au bout de la courte liste de questions qu'ils avaient préparés, il était 14h15. Pour une rencontre qui devait durer jusqu'à 15h.

Si vous êtes passés par Montreuil et que vous avez vu une interprète désœuvrée qui bouillait d'arracher le micro à l'animatrice pour faire son boulot à sa place ET le sien propre par la même occasion, contenait ses bâillements et essayait de garder une attitude professionnelle face à une bande d'ados ennuyés et silencieux, c'était moi.
(Du moins si elle était enceinte, et jolie.) (Quoi ?)

vendredi 2 décembre 2011

Un menu bio pour les fêtes (ou pas)

Au cours des dernières années, j'ai petit à petit viré bio. D'abord pour le lait, les œufs et le poulet, puis pour les légumes, puis pour tout le reste, du moins tout ce qu'on peut trouver facilement en bio (et à un prix à peu près raisonnable). Pour des raisons principalement écologique, ce qui signifie que j'essaie aussi d'être locavore (j'ai arrêté les fruits et légumes hors saison ou venus du bout du monde) et que je commence même à lorgner du côté de la cuisine végétarienne, pour diminuer la viande, même si c'est difficile, car nous adorons ça.
Et puis aussi, soyons franche, parce que ça m'amuse de découvrir plein de nouveaux produits et de faire des expériences culinaires. 

Je sais désormais qu'on peut faire des mousses au chocolat avec du tofu soyeux, j’assaisonne mes salades avec du gomasio, je remplace parfois le beurre par de la purée d'amandes, je fais pré-germer mes légumineuses, j'ai dix types de farines différentes à la maison et je n'utilise plus de sucre blanc. Même l'arrow-root et l'agar-agar n'ont plus de secrets pour moi, c'est dire.

Mais quand même, il y a des écolos-bios qui me font peur.

Dans le dernier Biocontact, le mensuel gratuit distribué dans les magasins bio, on trouve des publicités pour des extracteurs de jus d'herbe, pour des compléments alimentaires rassemblant 47 vitamines qui vous feront vivre jusqu'à 107 ans, pour du charbon végétal activé (?), pour des ostéopathes d'animaux de compagnie, pour des mesureurs d'hyperfréquences, pour du miel de Manuka possédant une activité antibactérienne non peroxydique (sic), pour des déshydrateur à sept étages, pour un site de rencontre d'amours bio, pour un siège démontable en bois permettant la méditation nomade (!), pour des cours de biochirurgie immatérielle grâce auxquels vous soignerez rien qu'avec l'esprit et l'énergie...
... Et puis au milieu de toutes ces pubs et petites annonces qui font froid dans le dos, il y a une proposition de "menu de fête bio".

En entrée, des rillettes de sardine sans lait. (J'adore la précision).
En plat principal, un gratin de pâtes aux champignons. Des champignons de Paris, hein, pas des cèpes.
Et en dessert ? Allez, soyons fous, une panna cotta. Sans sucre. Ni crème, d'ailleurs.

De quoi convertir tous vos amis et les convaincre que la cuisine bio, ce n'est pas forcément ennuyeux. Si si.

jeudi 1 décembre 2011

Les lettres au Père Noël

Mon Grand n'écrira pas de lettre au Père Noël, cette année.

Il n'a jamais vraiment cru au Père Noël. Dès le premier Noël où il était en âge de comprendre quelque chose, c'est-à-dire à deux ans et demi, et puis de nouveau à trois ans et demi, j'ai bien insisté sur ce point : le Père Noël, c'était une histoire.
Pourquoi lui ai-je dit la vérité si tôt ? Pourquoi ne pas l'avoir se laissé bercer de douces illusions, comme beaucoup d'enfants ? Pour trois raisons, pas moins.
- Premièrement, j'ai toujours mis un point d'honneur à lui dire la vérité, rien que la vérité (à défaut de toute la vérité). C'est quelque chose de fondamental, pour moi : mes enfants doivent savoir qu'ils peuvent me croire, quelles que soient les circonstances. Tout comme moi, j'exige de pouvoir les croire. Le mensonge, même par simplification ou pitié, me fait horreur.
- Deuxièmement, je connais un nombre incalculable d'adultes qui se rappellent très bien le jour où ils ont découvert que le Père Noël n'existait pas, et la déception qu'ils ont ressenti ce jour-là. La magie de Noël, tu parles ! Donner des illusions qui seront brutalement retirées par la suite, je trouve ça bien peu festif.
- Troisièmement, et c'est une raison à laquelle personne ne pense, parce que le Père Noël est injuste. Et le fait que la société soit injuste, c'est déjà dur à avaler pour des enfants, mais si le Père Noël s'y met, c'est vraiment trop triste. L'envie de faire croire au Père Noël à mes enfants m'a passé définitivement le jour où ma mère, alors instit en petite section, m'a raconté ce dialogue entendu dans sa classe, un matin de janvier :
— Moi, le Père Noël, il m'a apporté un garage, et puis un cheval à bascule, et puis un jeu de mémory, et puis une grosse peluche, et puis une jolie boîte à trésors, et puis des légos... et toi ?
— Moi, il m'a apporté un pull, une petite voiture et un paquet de bonbons...
Je me mets à la place de ce deuxième enfant, et ça me fait une grosse grosse boule dans la gorge. Encore une fois, "mes parents sont pauvres et pas les autres", c'est déjà difficile à admettre...  Mais là, que croire ?  Que le Père Noël préfère les riches ?  Qu'il a des chouchous ? Que je n'ai pas été assez sage ? Que je ne vaux pas autant que mon copain ?

Bref, le Père Noël, c'est une histoire. Mais une histoire à laquelle on a le droit de faire semblant de croire, et même à laquelle il faut faire semblant de croire, de toute son âme, maintenant que les choses sont claires !

Donc chaque année, mon gamin écrivait une lettre au Père Noël. Une vraie lettre, hein. Pas une liste avec le numéro de page du catalogue et la référence du jeu : il s'agit de cadeaux, pas d'une commande ! Une lettre d'une bonne page, qu'il me dictait au début et qu'il a écrit lui-même par la suite, avec des nouvelles, des questions, et accessoirement, quelques souhaits, illustrés par des dessins.
Et le Père Noël répondait ! Chaque année, nous trouvions dans la boîte aux lettres une longue lettre à l'adresse rédigée d'une main très tremblante (oui, il est vieux, le Père Noël !) et qui racontait plein de choses. Où il habitait, ce qu'il faisait, qui vivait avec lui, et puis des anecdotes, les dernières bêtises de son principal assistant, Ours Blanc, etc. Et une vague promesse du genre "J'essaierai de t'apporter ce que tu veux, sauf l'aquarium parce que Ours Blanc a cassé tout mon stock cette année, mais même si tu n'as pas exactement ce que tu m'as demandé je te promets que tu seras content."

Mais cette année, il a neuf ans et demi, mon petit pou tout doux... Et il est devenu trop grand même pour faire semblant. Nous en avons parlé hier, en installant la crèche ensemble (un grand moment de bonheur chaque année, j'en reparlerai sûrement).
— Dis, mon grand, tu as encore envie d'écrire au Père Noël, cette année ?
— Je ne sais pas... Au fait, si le Père Noël n'existait pas [remarquez qu'il a encore pris soin de maintenir la fiction, il sait à quel point j'y tiens !], où iraient les lettres qu'on lui écrit ? C'est la poste qui les garde ?
J'ai eu un petit pincement au coeur, mais il faut savoir accepter que les enfants grandissent.
— Tu sais, je crois qu'on peut arrêter de faire semblant... Tes lettres, je te disais que j'allais les poster, mais je les ai toutes conservées précieusement !
— Et tout ce que tu racontais sur les bêtises d'Ours Blanc et tout ça, c'est toi qui a tout inventé ?
— En partie, oui. Mais je me suis aussi inspirée d'un livre que je vais te montrer, et qui rassemble les lettre que l'auteur du Seigneurs des Anneaux écrivait à ses propres enfants au nom du Père Noël.


En effet, je me suis inspirée en partie de ce livre là :
Un livre magnifique, que j'ai dans l'édition anglaise mais qui a été également publié en français dans une traduction de Gérard-Georges Lemaire et qui est actuellement disponible chez Pocket. Mon édition est reliée, avec jaquette, grand format, et comprend une reproduction de toutes les lettres avec leurs illustrations, ainsi qu'une retranscription qui facilite la lecture. Tolkien ayant eu quatre enfants à la suite, la première lettre date de 1920 et la dernière de 1943, et elles sont drôles et charmantes, sans compter que je trouve très attendrissant l'idée qu'un père ait pu consacrer autant de temps à faire vivre ce mythe pour ses enfants. C'est pour ça que j'ai eu envie de faire pareil.

Une époque révolue... mais dans deux ou trois ans, ce sera le tour des Things, puis du Têtard, et j'espère que la lettre au Père Noël restera un grand plaisir chez nous pendant encore bien des années !