jeudi 31 janvier 2013

Fabrication d'anticorps en série

Jeudi 24 : Journée aux urgences pour Miss Thing One, qui a très mal à la jambe. Vérification faite, elle n'a rien de grave. Elle s'était peut-être claqué un muscle ; c'est passé tout seule en 24 heures.
Vendredi 25 : le Petit a une grosse gastro, du genre de celles qui font qu'on doit lui proposer des solutions de réhydratation et surveiller son poids. Pas de crèche, bien sûr.
Samedi 26 : suite de la gastro du Petit.
Dimanche 27 : suite de la gastro. Dans l'après-midi, ça commence à aller un peu mieux.
Lundi 28 : le Petit retourne à la crèche, mais on nous prévient qu'il est très, très grognon. Il tousse. La nuit est épouvantable.
Mardi 29 : il est tellement grognon que la crèche refuse de le garder. On l'emmène chez le pédiatre, qui ne sait pas ce qu'il a. Les dents ?
Mercredi 30 : le Petit commence à aller mieux, mais Mr Thing Two a de la fièvre. Le Grand doit avoir attrapé la gastro à son tour : il a une mine de déterré et se plaint d'avoir mal au ventre.
Jeudi 31 : C'est sûr, le Grand a la gastro, il a souillé plusieurs fois son pyjama pendant la nuit. Mr Thing Two, quant à lui, a tellement de fièvre que la crèche refuse de le prendre. Ils passent tous les deux la journée à la maison.

On pourrait continuer. Demain, encore une journée à la maison pour Mr Thing Two et le Grand. Samedi, ce que couve Mr Thing Two se déclarera sûrement. Dimanche, sa sœur l'aura peut-être attrapé à son tour. Lundi, le Grand aura une crise d'asthme, parce que ça fait vraiment longtemps. Mardi, une conjonctivite pour le Petit, attrapée la veille à la crèche. Mercredi, une otite pour... voyons, qui pourrait avoir une otite mercredi ? Ou une angine, à la rigueur ?

(C'est moi, ou cet hiver est particulièrement virulent ?)
(Ce n'est pas que moi. La nouvelle directrice de la crèche, qui vient d'arriver, s'en est plainte : "Je n'ai jamais vu autant d'enfants et de personnel malade. Je me suis dit que ça devait être un bizutage...". Et moi, de quoi me bizute-t-on ?)

mercredi 30 janvier 2013

Candide

C'est chouette, d'aller au théâtre, surtout quand ça fait longtemps qu'on n'a pas eu l'occasion d'y aller. Mais quand, en plus, la pièce commence à 18h30 au lieu de 20h30, c'est idéal. Parce que non seulement on part à l'heure où il faudrait aller chercher les enfants à la crèche, et on revient juste après l'heure à laquelle ils se couchent, mais en plus on peut dîner au lieu de sandwicher sur le pouce, et on peut même se remettre à bosser après !
A quand les matinées réellement en matinée, par exemple vers 8h du matin, pour travailleurs stressés et parents débordés ? Je saisirais volontiers un prétexte pour échapper de temps en temps au tapage matinal habituel...

(A part ça, c'était sympa, ce Candide décalé et un peu absurde, avec de très bons acteurs, une adaptation réussie, une mise en scène originale et une scène finale très drôle. Et puis après avoir entendu l'histoire de la Vieille ou de Cunégonde, je me dis que je ne suis pas tant à plaindre... Rien de tel que Candide pour vous rendre optimiste !)

mardi 29 janvier 2013

Bavure

— Miss Thing One, viens à table tout de suite ! Darling, assieds-la sur sa chaise. Chut, du calme, mon bébé. Oui, oui, ça vient. Non, Mr Thing Two, ne mets pas tes doigts dans ton verre ! Oh, regarde, tu en as mis partout ! Darling, va chercher un torchon, s'il te plaît. Oui, bébé, voilà, voilà, je remue la purée. Mon Grand, tu ne reprendras pas de viande avant d'avoir terminé tes épinards ! Tu as fini ? Je te sers. Darling, tu peux aller chercher de l'eau ? La cruche est vide. Oui, ma chérie, je te donne la becquée. Mr Thing Two, je t'ai dit d'arrêter avec ce verre, tu vas le renverser ! D'accord, je t'épluche ta clémentine. Non, bébé, ne pleure pas, voilà, je suis prête, je te donne à manger. Darling, tu peux aller lui prendre un bavoir ?

Et Darling assied la gamine, va chercher un torchon, remplit la cruche, va prendre un bavoir. Sauf que, comme souvent, l'effervescence lui fait un peu tourner la tête.

Et voilà comment, au moment de donner à manger au Petit, je me suis retrouvée avec un grand bavoir que Darling m'a consciencieusement noué autour du cou...

lundi 28 janvier 2013

Commençons la semaine du bon pied

Ce matin, Mr Thing Two ne voulait pas aller à la crèche, j'ignore pourquoi. ("Un trop bon weekend ?" a suggéré Darling pour me remonter le moral) Quant au Petit, encore un peu malade et fatigué après une mauvaise nuit, il s'est endormi pendant le trajet, donc je l'ai couché en arrivant, mais il s'est réveillé et s'est mis à hurler de désespoir. J'aurais voulu le garder ; je dis et je répète que je suis ravie que mes enfants aillent à la crèche et que je détesterais être en congé parental, mais quand ils sont mal fichus ou tristounets, je voudrais pouvoir me consacrer à eux, au lieu de devoir rentrer ventre à terre pour faire trois lessives (je vous ai parlé de la gastro ?), ranger l'appart à fond (visite d'un acheteur potentiel) et bosser comme une folle (et plus encore). Du coup, stressée et fatiguée moi-même par la mauvaise nuit en question, en voyant mon gamin pleurer, je me suis mise à pleurer à mon tour, et les puéricultrices ont dû nous consoler tous les deux – comme si elles n'avaient que ça à faire.
Ah, et puis en repartant, j'ai découvert qu'il y avait un préavis de grève pour jeudi.
Une semaine qui commence bien.

Bon, allez, une petite liste de pollyanneries, parce que j'en ai bien besoin :

- Je suis contente parce que même si cet hiver est particulièrement agressif en terme de microbes et assimilés (je n'ai toujours pas compris la différence entre les virus, les microbes, les bactéries et les germes), aucun de nos enfants ne souffre d'une vraie maladie grave, ce qui serait mille fois pire ;
- Je suis contente parce que ce matin, à l'heure où le Grand est parti à l'école, je me suis rendu compte qu'il commençait à faire jour, ce qui prouve qu'on avance réellement vers les beaux jours, aussi incroyable que cela puisse paraître ;
- Je suis contente parce que le soleil brille ;
- Je suis contente parce que cette semaine, je vais passer une journée en commission à bavarder avec des tas de gens sympathiques ;
- Je suis contente parce que j'aime bien le roman que je traduis en ce moment, et pour une fois, je ne l'ai pas lu, donc j'ai hâte de savoir ce qui va se passer ;
- Je suis contente parce que le chauffage a été rallumé dans ma belle nouvelle maison, et que nous allons bientôt y apporter quelques meubles et quelques jouets pour pouvoir aller y passer un dimanche de temps en temps ;
- Je suis contente parce que j'ai eu la visite rapide d'une amie lyonnaise samedi, et en plus elle m'a apporté du thé que j'aime beaucoup ;
- Je suis contente parce que ça fait trois dimanche de suite que je vais passer la matinée chez mon père adoptif pour travailler en paix, et que c'est une habitude qui me plaît beaucoup (en plus, il me fait un cappuccino en milieu de matinée, j'adore) ;
- Je suis contente parce que je vais au théâtre mercredi soir (même si je ne sais pas encore avec qui) (Candide, à 18h30, ça tente quelqu'un ?) ;
- Je suis contente parce que je vais voir ma mère dans deux semaines ;
- Je suis contente, et même très contente, parce qu'une amie m'a promis de venir passer quelques jours avec moi en vacances l'été prochain ;
- Je suis contente, mais vraiment très très très très contente, parce que j'ai réservé un billet de train pour aller skier deux jours mi-février, et qu'aucune autre escapade au monde ne pourrait me faire plus plaisir.

Allez, encore une brasse. Encore une. Encore une...

dimanche 27 janvier 2013

Fritti di riso

Ma grand-mère racontait toujours la même anecdote :
Un jour, mon père, alors adolescent, était arrivé à l'heure du déjeûner avec un copain invité au débotté. A cette époque, il habitait chez sa propre grand-mère, ou alors c'était elle qui habitait chez eux, je ne me souviens plus très bien. En tous cas, c'était mon arrière-grand-mère qui était chargée des repas, et en voyant arriver ce deuxième adolescent affamé, elle a attiré mon père dans un coin, inquiète :
— Tu aurais pu me prévenir ! J'avais prévu un repas de restes !
— Oh, pas grave, il s'en contentera, tu verras.
En effet, le copain s'en est contenté. Il s'est même resservi, a accablé mon arrière-grand-mère de compliments, et est reparti enchanté. Tant et si bien que quelques jours plus tard, mon arrière-grand-mère a vu arriver la mère de ce garçon qui lui a demandé, un peu agacée :
— Dites, je peux savoir ce que vous avez servi à mon fils quand il est venu déjeuner chez vous ? Parce que depuis, il n'arrête pas de me répéter à quel point c'était délicieux, mais il n'a pas su me dire ce que c'était. Des sortes de beignets, c'est ça ?
Mon arrière-grand-mère est tombée des nues :
— Mais... je lui ai juste fait des fritti di riso !

Depuis, à chaque fois qu'il me reste du risotto et que je fais des fritti di riso (en ajoutant de la farine, du fromage, des œufs, et en faisant cuire en petits tas dans une poêle – ça prend deux minutes, si on ne compte pas le temps passé à faire le risotto la veille), je repense à cette histoire. Hélas, ça m'arrive de moins en moins souvent. Pas seulement parce que j'ai trop peu de temps pour cuisiner, et donc pour faire un risotto, mais aussi parce que quand j'en fais, du risotto, il faut qu'il en reste.

Mon prochain achat rayon cuisine : une cocotte XXL, pour (grande) famille de goinfres. Sinon, je risque d'oublier cette histoire, et comme ma grand-mère n'est plus là pour la raconter, c'est hors de question.

(Je suis douée pour trouver un bon prétexte afin d'aller traîner sur les sites qui vendent des articles de cuisine, hein ?)

samedi 26 janvier 2013

Un agent immobilier hasardeux

On sonne à la porte. Je lâche mon héroïne (ce qui n'est pas sympa, car elle est en train de se noyer) et je vais ouvrir.


— Bonjour Madame, je suis de l'agence immobilière Machintruc, et nous avons des clients qui cherchent un appartement dans le quartier, donc je fais du porte à porte pour voir si par hasard, vous auriez entendu parler d'un appartement en vente dans la résidence...
— Oui, le mien.
— Oh, vraiment ? Oh, mais ça alors, c'est incroyable. Quelle coïncidence ! C'est fantastique. Nos clients cherchent en particulier des grandes surfaces, par exemple un quatre pièces, avec peu de travaux... C'est le cas ?
— Oui.
— Non mais c'est fou, vraiment, ce doit être le destin qui m'a conduit ici, je ne vois que ça.
— Le destin, pas les annonces déjà parues sur les sites d'autres agences du quartier avec des photos qui permettent de repérer le bâtiment et l'étage ?
— Les quoi ? Je ne sais pas de quoi vous parlez... Non, vraiment, je suis très content d'être passé par hasard aujourd'hui. Et figurez-vous que j'ai justement un mandat vierge sur moi, je devais le faire signer à quelqu'un qui n'a pas pu venir, enfin bref, ça tombe incroyablement bien, non ? Vous voulez le signer tout de suite ou vous préférez prendre deux minutes pour le lire, d'abord ? Prenez votre temps, comme ça je vais en profiter pour faire le tour de l'appartement et faire des photos.


C'est le deuxième en moins d'une semaine qui débarque chez moi par hasard (dans une résidence qui comprend environ 400 appartements, au bas mot). J'ai une chance incroyable, non ?

vendredi 25 janvier 2013

Dix malheurs n'arrivent jamais seuls

Un bébé qui a la gastro, soit.
Un bébé qui a la gastro et a besoin de dix douches par jour, ainsi que d'une gigoteuse propre toutes les deux heures, soit.
Un bébé qui a la gastro et a besoin de dix douches par jour, ainsi que d'une gigoteuse propre toutes les deux heures, et qui dort très mal à cause de ça et aussi à cause de sa conjonctivite, soit.
Un bébé qui a la gastro et a besoin de dix douches par jour, ainsi que d'une gigoteuse propre toutes les deux heures, et qui dort très mal à cause de ça et aussi à cause de sa conjonctivite, et qui doit rester à la maison alors que sa mère a déjà du retard sur le planning d'urgence qu'elle a mis au point pour rattraper son retard, soit.
Un bébé qui a la gastro et a besoin de dix douches par jour, ainsi que d'une gigoteuse propre toutes les deux heures, et qui dort très mal à cause de ça et aussi à cause de sa conjonctivite, et qui doit rester à la maison alors que sa mère a déjà du retard sur le planning d'urgence qu'elle a mis au point pour rattraper son retard, et alors que son père a déjà épuisé une "journée enfant malade" la veille en passant cinq heures aux urgences avec une gamine qui avait une douleur inexpliquée à la jambe, soit.

Mais pourquoi fallait-il que ce bébé ait la gastro et besoin de dix douches par jour et de gigoteuses propres et cætera et cætera juste le jour où l'eau est coupée dans toute la résidence pendant toute la journée ?



J'ai dû être parricide, matricide, infanticide et régicide dans une autre vie. Je ne vois que ça.

mercredi 23 janvier 2013

Un agent immobilier susceptible

— Allô ? Oui, bonjour Madame, je vous téléphonais pour savoir si vous vouliez toujours vendre l'appartement pour lequel j'avais réalisé une estimation il y a quelque temps...
— Ah oui, je l'ai mis en vente, donc si vous avez des clients potentiellement intéressés, vous pouvez venir le visiter avec eux.
— Pardon ? Vous l'avez mis en vente ? Et chez qui, je vous prie ?
— Heu... chez une agence de quartier, et un autre d'un grand réseau...
— Oh. Je vois. Vous avez donc fait l'inverse de ce que je vous avez conseillé. Je vous avais bien parlé de notre politique qui favorise les mandats exclusifs, pourtant, non ?
— Si, mais...
— Vous avez préféré le mettre chez plusieurs agences, sachant que ça dévalorise un bien, que les acheteurs vont le retrouver sur plusieurs sites internet et se demander ce qui cloche, pourquoi il ne se vend pas...
— Mais non, je...
— Vous savez, j'ai eu une dame qui avait fait comme vous, elle l'avait mis chez plein d'agences différentes, du coup ça a fait fuir les acheteurs, elle a dû baisser le prix, et malgré tout ça ne s'est pas vendu ; elle a fini par faire appel à moi, pour que je sauve sa vente, ce que j'ai fait, bien sûr, mais que de temps perdu !
— Mais...
— Je suis étonnée que votre mari ait consenti à ça, il m'avait paru très raisonnable. Nous devrions peut-être nous revoir tous les trois pour en reparler.
— Je vous assure pourtant que mon "mari" est d'accord avec moi... Et puis vous savez, c'est mon appart !
— Franchement, vous êtes sur la mauvaise pente. Vous vous êtes mal engagée, et vous allez vous en mordre les doigts. Je dis ça pour vous, pas pour moi, hein. Moi, je m'en fiche.
— Ah ?
— Bon, enfin, puisque le mal est fait, tant pis, on va faire un mandat simple, sans exclusivité. Mais c'est vraiment dommage que vous ne m'ayez pas écouté. Je vais avoir du mal à rattraper le coup, oui, beaucoup de mal. Quand voulez-vous que je passe ?
— Écoutez, monsieur, vous êtes vraiment très aimable, mais je m'en voudrais de vous donner un tel surcroît de travail. Et puis vos arguments m'ont convaincue : il vaut mieux ne pas mettre un bien en vente dans trop d'agences différentes, donc je vais m'en tenir aux deux que j'ai déjà choisies. Merci de votre appel, et au revoir !

(Non mais sans blague !)

mardi 22 janvier 2013

Un agent immobilier flagorneur

— Oh, c'est vraiment très chouette, chez vous. Quel bel appartement ! Et puis il est ensoleillé, c'est appréciable. Surtout pour un premier étage. Oui, c'est vrai, là il fait presque nuit, mais justement, on se rend d'autant plus compte qu'il est lumineux, d'ailleurs vous n'avez que trois lampes allumées dans votre salon. Et c'est bien agencé ! Ah oui, la cuisine toute en longueur est magnifique. Que de place ! C'est idéal, si on n'a pas besoin de se croiser. Et puis dans l'ensemble, il y a très peu de travaux à faire. Oui, bon, peut-être repeindre un peu les murs. De quand date le dernier coup de peinture ? De votre emménagement, il y a onze ans ? Franchement, ça ne se voit pas, ils sont encore impeccables, à part les taches ! Enfin, pour ce qu'on en voit, parce qu'avec tous ces livres... Mais c'est formidable, d'ailleurs : les livres, ça habille une pièce sans la faire paraître plus petite. Et vos étagères sont très jolies. La salle de bain est à refaire ? Mais non, ce n'est pas indispensable, sauf si on déteste vraiment le sol marron et les murs oranges. Mais vous savez, la déco des années 70 revient à la mode. Non, elle est très chouette, cette salle de bain, vous avez bien choisi. Ah, vous n'avez pas choisi, c'était déjà comme ça avant ? Vous la détestez, mais vous n'avez jamais eu le courage de la changer ? J'avoue qu'on peut trouver plus beau, c'est vrai ; je suis d'accord avec vous, au fond, elle est hideuse, mais ça peut plaire à des gens de mauvais goût, vous savez. Alors, je vais vous expliquer comment ça se passe, la vente par agence. Ah, vous le savez déjà ? Tant mieux ! J'adore quand les gens sont déjà au courant, ça évite de perdre du temps. Tenez, voici le mandat, vous pouvez signer ici. Vous voulez le lire ? Mais c'est formidable ! Quelle conscience professionnelle ! J'aime les gens consciencieux, je ne supporte pas ceux qui signent n'importe quoi. Bon, alors je vous le laisse, vous passerez me le rendre demain. Je vous quitte, je vous laisse travailler ; vous en avez du courage, de travailler alors que vous avez quatre enfants ! Et puis toutes ces langues que vous parlez, c'est impressionnant... Je pars. Et merci pour le café, il était délicieux, je ne sais pas comment vous faites pour qu'il soit aussi bon ! Comme c'est aimable à vous, de me raccompagner jusqu'à la porte, en ces temps d'impolitesse généralisée... On voit bien que vous êtes des gens exceptionnels. Oh, il est super, votre paillasson marqué "welcome" ! Très original. Vous l'avez trouvé où ? Bon, au revoir, et merci de votre accueil, c'était vraiment formidable !


C'est une impression, où ce type me prend pour une imbécile ?

lundi 21 janvier 2013

Production artistique débordante

Tous les jours, je rapporte de la crèche au moins deux ou trois trucs comme ça :

Représentation idéalisée du soleil couchant sur les montagnes enneigées,
ou peut-être Sans titre


Non mais franchement, je vous le demande, les puéricultrices s'imaginent-elles vraiment que je vais tous les garder ? Ou même quelques-uns ?

Enfin bon, quand j'aurai fait ramoner la cheminée dans ma nouvelle maison, ça pourra toujours servir à allumer le feu...

dimanche 20 janvier 2013

"Quand le jour se leva" (en plus long)

Dans un roman de style simple et banal, au beau milieu d'un chapitre, à un moment pas du tout crucial, dans une atmosphère parfaitement normale :
"Quand les premiers rayons de soleil transpercèrent les entrailles de la nuit pour donner naissance à une aube aux couleurs fantomatiques..."
(... le héros se lève, boit un café, et fait sa toilette, en gros.)

Elle avait fumé quoi, mon auteure, le jour où elle a écrit ça ?

samedi 19 janvier 2013

Lait (à faire peur)

Ce matin, plus de pain. Du coup, Darling et moi prenons un bol de céréales, comme le Grand.
Les trois petits, eux, boivent chacun un biberon rempli à ras-bord (et même un biberon et demi, dans le cas de Mr Thing Two, qui réclame toujours du rab).
A midi, je fais des yaourts, car il n'en reste plus qu'un.
Au goûter, les trois petits s'enfilent un nouveau biberon. Darling n'est pas là. Le Grand mange des cookies avec un verre de lait. J'accompagne les miens avec un cappuccino taille XXL.
Le soir, gratin de chou-fleur pour toute la famille, avec une béchamel maison, bien sûr. En grande quantité, parce qu'il faut bien reconnaître que ce qu'il y a de meilleur dans le chou-fleur, c'est le fromage et la béchamel qui vont avec.

En rangeant après le dîner, je m'étonne : où donc est passé le pack de six litres de lait qui était là ce matin ?
Et puis j'ai fait le calcul, et j'ai compris.

vendredi 18 janvier 2013

Une trentaine de pages

Pendant deux heures, dans le train qui me ramenait vers Paris, j'ai lu. Puis je suis descendue du train, je suis entrée dans le métro, et sur le quai, j'ai rouvert mon livre. Pendant la demi-heure de trajet, j'ai lu. Et puis je suis arrivée à ma station, et je suis descendue. Il était 19h.
Il ne me restait plus que deux chapitres. Une trentaine de pages, sur les 300 et quelques du bouquin.
L'héroïne, qui avait passé tout le roman à chercher son frère, venait de découvrir que son frère, c'était elle.
(Oui, bon, dit comme ça, ça fait bizarre, je sais. Mais l'auteur avait eu 270 pages bourrées de suspense pour en arriver là.)
Il fallait encore qu'elle comprenne pourquoi elle était devenue cinglée et comment arrêter de l'être, qu'elle se débarrasse des méchants, et qu'elle retombe dans les bras de son grand amour.
Et moi, il fallait que je rentre à la maison, que je fasse de gros câlins à mes gamins adorés pas vus depuis 48 heures, que je donne des douches à ces enfants qui n'avaient pas été lavés depuis 48 heures (coïncidence ? Mmm...), que je les couche, que je mange, que je fasse un gros câlin à Darling, et encore pas mal de choses avant de pouvoir me poser quelque part et reprendre ma lecture.
Plus qu'une trentaine de pages. Et un retournement de situation ahurissant, et plein d'explications à donner.
Et un siège de libre sur le quai, non loin de moi.
Qu'auriez-vous fait à ma place ?

(Franchement, ils avaient déjà passé 48 heures sans moi, ils pouvaient encore attendre vingt minutes, non ?)

jeudi 17 janvier 2013

Questions d'enfants

- Comment êtes-vous devenue traductrice ?
- Quel est votre livre préféré parmi vos traductions ?
- Combien de temps mettez-vous à traduire un livre ?
- Est-ce que vous travaillez toujours pour le même éditeur ?
- Comment avez-vous appris autant de langues ?
Etc., etc.

Mais aussi :
- Combien gagnez-vous ?
- Est-ce que vous arrivez à passer assez de temps avec vos enfants ?
- Est-ce que vous avez un mari ?
- Puisque vous dites que vous êtes débordée en ce moment, pourquoi vous ne faites pas faire toutes les tâches ménagères par votre mari ?

Et même :
- Quel âge avez-vous ?
- Si vous n'avez même pas quarante ans, comment se fait-il que vous ayez autant de cheveux blancs ?


Vous savez quoi ? J'aime les mômes. Vraiment.

Déplacement professionnel


Quand, il y a quelques mois, cette parfaite inconnue m'a écrit pour me dire "Je suis bibliothécaire, les enfants et moi-même apprécions beaucoup ce que vous faites, venez donc à Machin-sur-Truc pour nous raconter votre vie devant nos yeux adorateurs", je n'ai même pas demandé où était Machin-sur-Truc. J'ai accepté tout de suite.
Quand j'ai découvert que c'était à deux heures de Paris en train, que j'allais loger deux nuits dans un hôtel quatre étoiles, que j'allais être payée pour ça, et qu'en plus je serai débarrassée de mes enfants pendant 48 heures, j'ai demandé s'ils étaient sûrs de ne pas vouloir que je reste au moins une semaine, histoire de bien faire le tour de toutes les écoles du coin. Hélas, il  n'y a pas tant d'école que ça à Machin-sur-Truc, donc deux jours suffiront, m'a-t-on dit.

Et voilà pourquoi, la nuit dernière, j'ai dormi toute seule dans une chambre qui fait le double de mon salon, sans être réveillée une seule fois par un cri d'enfant, jusqu'à huit heures du matin (la grasse matinée absolue, ça fait des années que ça ne m'était pas arrivé) ; après quoi j'ai pris un somptueux petit déjeuner (avec du jus d'orange concentré, des œufs en plastique, du bacon 80% de couenne et du chocolat chaud sans cacao, mais on s'en fout) en prenant tout mon temps, et là je me prépare à aller rencontrer mes lecteurs, répondre à leur questions, et parler de moi, ce que j'adore faire (vous avez déjà remarqué que je suis légèrement narcissique ?).

Il y a une seule chose qui me chiffonne : je ne sais toujours pas exactement où est Machin-sur-Truc...
(Mais je sais que j'ai pris mon train à la gare Montparnasse, donc ça doit être vers l'ouest. En gros.)

mercredi 16 janvier 2013

Pentahexacontactuplés

Selon l'album que je suis en train de traduire sur les animaux surprenants, une femelle opossum a donné naissance un jour à 65 petits en une seule portée.
Heureusement que je me suis relue, car j'avais écrit qu'une femme avait un jour donné naissance à 65 petits d'un coup...
(Tout de même, pauvre bête !)

mardi 15 janvier 2013

A pleins gaz !

Première chose à faire dans la nouvelle maison, avant toute autre : remettre le gaz, histoire de pouvoir chauffer au moins un tout petit peu quand il gèle. Je téléphone à GDF, je tombe sur un monsieur très gentil, qui me pose toutes les bonnes questions, met en place le service, puis me propose un rendez-vous avec un technicien, le jour où ça m'arrange. Je lui donne une date.
— Oui, il y a encore de la place. Donc, mercredi prochain, entre 8h et 12h.
— Hein ? C'est une tranche horaire de quatre heures ?
— Ah oui, je suis désolée.
— Mais je peux téléphoner la veille pour savoir quand passera le technicien, dites ?
— Non, vous savez, c'est le technicien du distributeur, alors que nous ne sommes que fournisseurs.
— ... ???
— Enfin, bref, non, vous ne pourrez pas le joindre la veille, nous ne savons même pas qui ce sera, nous nous contentons de donner vos coordonnées.
— Mais... mais monsieur... En dehors du fait que pour y être à huit heures, il va falloir que je parte à 7h15 et donc que je laisse mon mari préparer seul les quatre enfants, mais bon, ça c'est presque un avantage... Que voulez-vous que je fasse pendant quatre heures dans une maison glaciale et entièrement vide ?
— Ah, c'est vrai que je n'aimerais pas être à votre place !

La compassion des autres fait chaud au coeur, dit-on. Réchauffe-t-elle aussi les mains et les pieds, je me le demande ?
(Question subsidiaire : peut-on tourner les pages d'un livre avec des moufles ?)


(Une idée me vient en écrivant ces lignes : il y a une cheminée, dans cette maison, c'est même pour ça que je l'ai achetée, enfin presque. Et si je tentais de faire un feu ? Chiche ?)


Enfin, ça y est !

Ça y est, cette fois, c'est bon ! Je suis sur un petit nuage depuis tout à l'heure. Quel bonheur !

Pour l'occasion, nous avons fait la fête. Nous avons ri, nous nous sommes embrassés, nous avons improvisé un bon dîner, nous avons débouché une bouteille de Moascato (un vin blanc mousseux sucré rapporté d'Italie en contrebande, introuvable en France, et donc bien plus précieux que du champagne), nous avons sorti nos superbes flûtes fait main très chères, et nous avons trinqué. Youpi, houra, youhou !

Je n'arrive pas à y croire. Enfin, ça y est ! Après tout ce temps, après ces périodes de doute, voire de désespoir, après des fausses joies et d'amères déceptions, c'est bon, ça y est : tous les petits retournent enfin à la crèche demain matin, et nous reprenons une vie normale ! ENFIN !

Avouez qu'il y a bien de quoi faire la fête, non ?



(Oui, bon, nous avons aussi trinqué à notre nouvelle maison, j'avoue. Pendant qu'on y était...)

lundi 14 janvier 2013

Leur liberté s'arrête là où commence la mienne

Deux semaines après son petit accident, radio de la clavicule pour Miss Thing One. Le cliché est prometteur : on ne voit quasiment plus la fracture. Je saute de joie quand l’orthopédiste m'annonce ça :
— On va pouvoir lui enlever le bandage, alors ?
— Oui, on peut lui enlever. Par contre, comme son os est probablement encore fragile, gardez-la encore à la maison une bonne semaine avant de la remettre à la crèche.

HEIN ??? C'est une BLAGUE ?

D'une petite voix, je supplie :
— On ne pourrait pas plutôt faire l'inverse ?
— C'est-à-dire ?
— La remettre en crèche, mais lui laisser son bandage, par précaution ?
Moue étonnée du médecin :
— Ah bon, vous préféreriez ?
— Ben oui... Je travaille, vous comprenez, donc s'il faut qu'elle reste à la maison, c'est une catastrophe pour moi... Alors que son bandage, c'est elle que ça gène, pas moi !

Et voilà comment j'ai expliqué à un médecin que je préférais que ma fille soit attachée et loin de moi plutôt que libre de ses mouvements et en ma compagnie.



(Cela dit, si elle avait l'âge de décider, je parie bien qu'elle aurait fait le même choix que moi. Ce matin, quand ses deux jeunes frères sont partis pour la crèche avec leur père, elle pleurait et hurlait "Moi va la crèche ! Moi va la crèche ! Moi va la CRÈCHE !". Je crois qu'une semaine en tête-à-tête avec Maman, ça lui a suffi plus que largement...)
(Autant dire qu'elle était ravie quand ses deux frères sont revenus une demi-heure plus tard, toujours avec Darling qui m'a expliqué que la crèche avait subi une inondation pendant le weekend et ne pouvait pas recevoir les enfants) (Non mais sérieusement, quelqu'un m'a jeté un mauvais sort, ou quoi ?)

dimanche 13 janvier 2013

Demain, j'achète une maison

Demain matin, j'achète une maison.

Je n'ai jamais habité dans une maison de ma vie. J'ai toujours bénéficié du confort d'un appartement, et même, depuis dix ans, d'une résidence "de standing". Certes, ça implique des voisins bruyants (nous pour nos voisins, quoi), des chiens qui aboient la nuit, des petits vieux qui font une crise parce qu'un bambin a fait trois pas sur la pelouse, des obsessionnels qui arrachent l'autocollant "stop pub" sur la boîte aux lettres, et des travaux très chers qu'on n'aurait préféré éviter (rien à fiche, moi, du parking !) ; mais de l'autre côté de la balance, il y a aussi un veilleur de nuit qui accourt quand on crie "au voleur", un plombier qui vient réparer gratuitement le radiateur qui fuit, un désinsectisateur qui passe régulièrement pour mettre du produit contre les cafards, un jardin avec une aire de jeux toujours aux normes, un concierge qui prend les paquets quand le coursier passe en votre absence, et au moins vingt-cinq familles avec des enfants qui vont dans la même école que le vôtre et qui peuvent l'emmener au passage en cas de grossesse difficile.

Mais demain, j'achète une maison.

Une maison drôlement chouette, presque deux fois plus grande que mon appart, entourée par un jardin avec des vrais arbres dedans que personne n'arrachera sans me demander mon avis, dans une rue pleine d'autres maisons coquettes, avec un centre-ville commerçant tout près, le RER à dix minutes, dans une banlieue fleurie et sympathique.
Je suis très contente.
Et complètement stressée.
Si ça se trouve, je me suis fait avoir. Peut-être que le toit est à refaire, et les murs aussi, et les fondations par la même occasion. Peut-être que le RER va être détourné et qu'il va passer juste dans mon jardin. Peut-être que les voisins d'à côté sont des nazis qui chantent des hymnes atroces tous les soirs jusqu'à deux heures du matin. Peut-être que cette mignonne banlieue va être entièrement inondée lors de la construction d'un prochain barrage sur la Loire ou le Rhin ou le canal Saint-Martin.
Et même si ce n'est pas le cas, je suis stressée quand même. Parce que je ne sais pas du tout ce que ça implique, une maison. Régulièrement, je me réveille la nuit avec des sueurs froides. Bon sang, il va falloir faire ramoner la cheminée régulièrement ! Mais au fait, il va falloir que j'achète une tondeuse, voire que je l'utilise ? Au secours, vais-je réussir à prévoir en été l'argent nécessaire en hiver pour le chauffage ? Sacrebleu, et le lierre, hein, qui va tailler le lierre ? Et surtout, le barbecue est-il réellement indispensable, alors que ni Darling ni moi n'aimons particulièrement ça ? (Tout le monde me dit que oui, que d'après la loi, c'est obligatoire dans une maison de banlieue) (comme la voiture) (je n'ai pas non plus de voiture) (mais c'est un autre chapitre).

Demain, j'achète une maison.

Je ne sais pas encore si nous ferons des travaux avant d'emménager, ni d'ailleurs à quelle date nous emménagerons (pas avant mai ou juin, en tous cas) ; je me rends compte qu'il va falloir que je passe des jours à mettre en place les abonnements divers, assurance, gaz, électricité, téléphone, internet, ramoneur de lierre, tailleur de cheminée ; je n'ai plus un centime de disponible tant que je n'aurai pas vendu mon appart, mais je vais avoir des montagnes de choses à acheter, des lits, des meubles divers, une tondeuse, des vélos, des jupes plissées et chemises à col claudine pour ma fille (c'est une maison très chic), un barbecue, un autocar pour nos déplacements en famille ; j'ai envie d'aller y passer le weekend de temps en temps en attendant l'emménagement définitif, tout en sachant que ce sera très compliqué ; et je ne vous parle même pas de mon stress principal, la cuisine entièrement vide et bien trop petite (enfin, elle serait trop petite si elle n'était pas vide, bien sûr).

Demain, j'achète une maison.


En fait, si le vendeur ne se pointait pas chez le notaire, je me demande si je serais davantage déçue ou soulagée ?

samedi 12 janvier 2013

Le jouet le plus génial

A Noël, il a reçu des Playmobils, des Pokemons, des DVD, des BD... Il était d'ailleurs ravi.
Mais son cadeau préféré, celui avec lequel il a le plus joué, jusqu'à plusieurs heures par jour pendant les vacances, c'est la boîte de Légo Duplo qui a été théoriquement offerte aux Things.


Ne vous faites aucune illusion, les Things n'ont, eux, pas le droit d'approcher ses Playmobils...


(PS : Le titre du billet est tiré du Monde de Sophie, dans lequel le professeur demande à Sophie "Pourquoi le Lego est-il le jouet le plus génial du monde ?" Je suis assez d'accord.)

jeudi 10 janvier 2013

Des vers (et des pas mûrs)

Après la visite des poux, il y a quelques mois, voici celle des vers, qui font que l'enfant déchire sa couche à force de se gratter, et vous font courir acheter un vermifuge dans la pharmacie de garde à deux kilomètres de là, à 22h30, au lieu de travailler enfin.
Quelle sera la suivante ?
(Celle des petits hommes en blancs ?)

mercredi 9 janvier 2013

La semaine de 189 heures

Répartition idéale de mon temps, en moyenne, sur une semaine normale :

- Travail : environ 40 heures
(Traductions d'albums et de romans, fiches de lecture, emails professionnels. Je ne sais pas si ça suffirait vraiment, mais on va dire que oui)
- Sommeil : environ 55 heures
(C'est un idéal, bien sûr. Même 50, ce serait bien)
- Tâches ménagères : environ 25 heures
(Vaisselle, lessives, courses, cuisine quotidienne, et un minimum de rangement – déduction faite des corvées exécutées par Darling, bien sûr)
- Soins actifs aux enfants : environ 40 heures
(Les habiller, les changer, les laver, les nourrir, les emmener et ramener de la crèche, les coucher, les bercer la nuit, les occuper, jouer avec eux... Je ne compte pas les moments où je les surveille d'un œil pendant qu'ils jouent ou regardent la télévision, avec le bébé dans le porte-bébé, car j'en profite généralement pour plier le linge ou éplucher des légumes.)
- Tâches administratives : environ 10 heures
(Coups de fil divers, inscriptions variées, rendez-vous à la banque, formulaires à remplir, factures à payer, etc. Il y en a toujours plus que je ne le crois.)
- Temps physiologique : environ 10 heures
(Douches, repas, et pas grand-chose d'autre.)
- Loisirs : environ 5 heures
(Minimum syndical. Lecture et rédaction de billets de blogs, emails à des amis, un peu de pâtisserie, et plus rarement, un footing ou un DVD).
- Événements exceptionnels : environ 4 heures
(Parce que quand on est six, il se passe quelque chose d'exceptionnel absolument toutes les semaines : un rendez-vous chez le pédiatre, un passage chez le coiffeur, un jour de fermeture de la crèche, un déplacement professionnel, une fête de famille, des soldes, une radio de la clavicule à faire à l'hôpital...)

Total : 189 heures, soit 27 heures par jour.

Je crois que j'ai un petit problème...


(C'est une moyenne pour une semaine normale, je le répète. En ce moment, il faut ajouter au moins dix heures par semaine de préparation du déménagement – visites de l'appart, rendez-vous avec des agences, formalités chez le notaire, etc. – et depuis lundi, le temps passé à garder ma gamine, qui ne me laisse pas du tout travailler, sauf pendant sa sieste.)

(Donc en fait, c'est ma réponse à ceux qui me demandent comment je m'en sors : je ne m'en sors pas, voilà.)

lundi 7 janvier 2013

Bilan de santé

Miss Thing One a donc la clavicule cassée. Ce que je n'avais pas envisagé, c'est que la crèche refuserait de la reprendre tant que l'os ne serait pas plus solide, parce que les risques de chute ou de bousculade sont trop importants. Je devais faire une radio de contrôle jeudi ou vendredi, mais il n'y a plus de place. Ce sera donc lundi, dans une semaine. A l'heure de la sieste (le seul moment de la journée où je pourrais espérer travailler). Dans le meilleur des cas, elle retournera donc à la crèche dans huit jours.

Le Petit a de la fièvre, 39,2° ce soir, après quinze jours en pleine forme. Disons qu'il continue à fabriquer des anticorps grâce à la vie en collectivité. Je devrais me réjouir, j'imagine. Et me coucher tôt, pour me préparer à une mauvaise nuit (particulièrement mauvaise, quoi).

Mr Thing Two a une conjonctivite. Comme c'est très contagieux, la crèche n'acceptera de le prendre demain matin que si j'ai commencé le traitement – ça, c'est facile, j'ai du collyre à la maison – ET si j'apporte une ordonnance d'ici demain midi, pour que le traitement puisse être poursuivi là-bas, puisqu'il faut mettre des gouttes trois fois par jour. Ce qui implique un passage chez le pédiatre demain matin. S'il est là, et s'il est disponible.

Darling a la grippe. Il continue à tousser, cracher, grelotter par intermittence. Ce qui ne l'a pas empêché de reprendre le travail ce matin. Par contre, dès son retour à la maison, il s'est effondré, logiquement. Là, il dort.

Le Grand a mal à la tête. Probablement la fatigue : couché trop tard, réveillé trop tôt... Ou alors il a attrapé les microbes de son père. On en saura plus dans les jours à venir.



Et moi ?
Je vais bien, merci. J'ai une gamine à garder, trois rendez-vous administratifs importants cette semaine (inscription à la crèche, banque, notaire), deux visites par des acheteurs potentiels de l'appart qui devra donc être impeccable, environ 756 heures de sommeil en retard, un roman à traduire en trois semaines, un album bourré de noms d'animaux inconnus à traduire pour lundi prochain, plus une dizaines de fiches de lectures à envoyer le plus vite possible, mais je vais bien.
Pour l'instant.

dimanche 6 janvier 2013

Vous avez Actes Sud ?

Une librairie de quartier, petite mais bien achalandée, avec un beau rayon jeunesse. J'y ai trouvé la suite du Journal d'un dégonflé pour le Grand, et je suis en train de payer lorsqu'un monsieur élégant d'une cinquantaine d'années entre et s'adresse à une libraire :
— Bonjour, vous avez Actes Sud ?
— Oui, bien sûr.
— Vous pouvez me le montrer ?
— Lequel ?
— Il y en a plusieurs ?
— Ah oui, c'est une maison d'édition !
— Vous pouvez me les montrer tous ?
— Mais... il y en a des centaines ! Que cherchez-vous, un roman, un essai ?
— Un livre pour mon neveu, on m'a dit de prendre Actes Sud.
— Ah, Actes Sud Junior, alors. Quel âge a-t-il ?
— Je ne sais pas.
— Il lit déjà tout seul, ou il faut lui faire la lecture ?
— Non non, il lit tout seul, il est grand. Montrez-moi ce que vous avez.
— Mais dans quel genre ? Documentaire, roman, album ? Sur quel thème ? Qu'est-ce qu'il aime ?
Malheureusement, j'ai dû partir avant la fin de la conversation. Ou plutôt heureusement, car j'avais du mal à retenir mon fou-rire...

samedi 5 janvier 2013

Je suis contente

Une personne m'a téléphoné hier, très inquiète, car en lisant mon blog "entre les lignes", elle avait cru comprendre que j'étais au fond du trou et que j'allais craquer.

Alors soyons clairs : oui, je passe de mauvaises vacances enfermée dans mon appart en tant que célibataire avec cinq enfants (en comptant Darling malade), oui, j'ai été de fort mauvaise humeur pendant plusieurs jours, et oui, je suis au bout du rouleau. Mais pas au fond du trou ; nuance. Je dirais même que paradoxalement, le passage par les urgences le 1er janvier m'a requinquée. Peut-être parce que ça m'a fait relativiser, ou peut-être parce que l'humour de la situation m'a frappée. Vous savez, un peu comme dans "Tarzan" de Disney, quand Jane se retrouve en équilibre précaire sur un arbre, incapable de redescendre, qu'elle lance désespérément, avec son accent britannique très chic, "Ça ne pourrait pas être pire, n'est-ce pas ?", et qu'une seconde plus tard, une averse torrentielle lui tombe dessus. Voilà, moi j'étais un peu en train de me dire que ça ne pourrait pas être pire, et cette douche m'a fait prendre conscience des innombrables averses ou tempêtes auxquelles j'avais échappé.

Bon sang, je crois que je suis mûre pour écrire un livre destiné à la section philosophie/psychologie des éditions Marabout. Si vous avez déjà la nausée, arrêtez tout de suite de lire, allez plutôt faire un tour sur un site du genre "Vie de merde", parce que ce n'est pas fini. Depuis ce coup de fil d'hier, j'ai joué les Pollyanna, et j'ai trouvé tout plein de raisons d'être contente :

- D'accord, l'ambiance du jour de Noël a été un peu plombée par l'état de serpillère de Darling, mais dans l'ensemble, je suis contente d'avoir passé de bonnes fêtes, d'avoir revu des gens que je vois trop rarement, et d'avoir reçu des chouettes cadeaux ;
- Au bout de dix jours à se traîner du lit au canapé et à menacer de faire exploser le thermomètre, je suis contente d'avoir enfin réussi à expédier Darling chez le docteur, qui a diagnostiqué (sans surprise) une grippe et lui a donné plein de choses qui vont l'aider, on l'espère, à se remettre sur pied ;
- Certes, je n'ai pas du tout pu travailler cette semaine, donc je suis déjà terriblement en retard sur ma prochaine traduction, mais je suis contente d'avoir terminé la précédente dans les temps alors que je n'y croyais guère ;
- A propos de la clavicule de Miss Thing One, je suis contente que ce soit la clavicule et pas la jambe ou le bras (c'est nettement moins handicapant, et ça se répare plus vite), je suis contente que ce soit arrivé à la gamine et pas à son jumeau (Mr Thing Two n'aurait jamais supporté d'attendre des heures sur mes genoux, ni de rester à jeun jusqu'à 23h, ni d'avoir le bras immobilisé pendant des jours), et surtout, je suis contente que ce ne soit pas grave (rien de tel qu'un passage par les urgences pédiatriques pour vous faire songer à tout ce à quoi on a échappé) ;
- Le Grand n'a pas pu partir avec sa grand-mère comme d'habitude pour des raisons d'organisation, mais je suis contente qu'il ait tout de même passé de bonnes vacances selon ses critères, à glander, à bouquiner, à jouer avec ses nouveaux playmobils, etc. ;
- Nous n'avons pas pu sortir tous les jours comme je le voulais, mais je suis contente d'avoir pu aller à la ménagerie du jardin des plantes avec une voisine et ses trois enfants (un grand moment), et aussi d'avoir pu faire quelques mini-sorties distrayantes (de toute façon, même aller à la pharmacie avec Mr Thing Two qui commente tout ce qu'il voit suffit à briser la routine) ;
- Malgré des frayeurs, des hésitations, des complications et pas mal de temps perdu, je suis contente que notre projet de déménagement suive son cours ;
- Toute écrasée que je suis par l'ampleur des tâches ménagères, je suis contente d'avoir un lave-vaisselle (qui remarche, hourra !), et une machine à laver, et un sèche-linge, et un congélateur ;
- Je manque terriblement de sommeil, mais je suis contente car j'ai l'impression que ça s'améliore, lentement mais sûrement (surtout depuis que je dors dans le salon pour échapper aux quintes de toux de Darling) ;
- Par-dessus tout, je suis contente d'avoir une si jolie famille, avec un Darling rien qu'à moi et des gamins adorables, très beaux et très intelligents (quoique fort mal élevés) (mea culpa). Quand je les vois jouer tous les quatre côte à côte dans la chambre trop petite des Things, avec un Grand qui construit inlassablement des tours avec les Lego des petits, deux toddlers qui s'inventent des histoires sans queue ni tête dans un langage incompréhensible, et un bébé qui grimpe partout et tape sur les jouets pour faire du bruit, mon cœur se gonfle de joie – pendant deux secondes, et ensuite je profite de cette accalmie inespérée pour aller vider le lave-vaisselle ou lancer une lessive ;
- Et enfin, en toute cohérence avec ce que j'ai dit précédemment, je suis contente, mais vraiment très très contente que la crèche rouvre ses portes dans deux jours.

vendredi 4 janvier 2013

Un futur potager

Je n'ai pas encore la maison, puisque la signature doit avoir lieu mi-janvier au plus tôt ;
Je n'ai pas encore le jardin autour de la maison, puisque le déménagement ne se fera que dans quelques mois ;
Je n'ai pas encore le temps de m'occuper du jardin, puisque j'ai même du mal à trouver le temps de me couper les ongles (j'ai fini le pied gauche ce matin, le droit est prévu ce soir) (authentique) ;
Je n'ai pas encore l'expérience, puisqu'il faut observer un terrain donné pendant minimum un an afin de voir comment il se comporte en chaque saison avant de se lancer, paraît-il ;

mais j'ai déjà un gros guide sur les potagers en carré, que je viens de m'offrir, pour rêver à ce que je ferai quand j'aurai la maison, le jardin, l'expérience, et peut-être même le temps, donc au printemps 2015, si mon compte est bon.

On ne pourra pas dire que je ne suis pas prévoyante.

jeudi 3 janvier 2013

Calendriers recyclés

J'aime bien les calendriers, qui constituent une manière agréable et facile de modifier la décoration régulièrement, un peu comme si on changeait les posters ou tableaux accrochés au mur une fois par mois. J'en ai donc souvent deux ou trois, alors que, soyons réaliste, un seul suffit amplement. Mais une fois l'année écoulée, je ne peux me résigner à les jeter. Quel gâchis !

Or, saviez-vous que les calendriers peuvent être réutilisés au bout de quelques années, généralement entre huit et douze, sauf quand ce sont des années bissextiles, auquel cas ça prend beaucoup plus longtemps ?

En 2013, en plus d'un calendrier de photos de famille réalisé pour Noël, j'accrocherai donc dans mon appartement trois calendriers 2002 représentant respectivement des œuvres de Chagall, d'autres de Matisse, et des photographies insolites de Paris, ainsi qu'un calendrier 1991 avec des dessins de John Howe illustrant les romans de Tolkien.

Il n'y a pas de petites économies.

mardi 1 janvier 2013

Clavicule

J'ai passé la journée d'hier à me dire que c'était le pire réveillon de ma vie, et celle d'aujourd'hui à me dire qu'on ne pouvait pas inventer un jour de l'an plus sordide. Darling malade et maussade, tâches ménagères de plus en plus envahissantes, gamins accrochés – souvent littéralement – à mes basques (enfin, disons à mon jeans), mauvais temps + siestes décalées + poussette double trop lourde interdisant toute sortie, aucune vie sociale, trop de bruit dans un appart trop petit, bref, pas drôle, même dans une famille où la tradition exige qu'on ne s'amuse pas le 31 décembre.
J'étais justement en train de profiter d'une demi-minute de pause pour me plaindre de mon sort dans un email lorsque Mr Thing Two et Miss Thing One se sont disputés sur le canapé à trente centimètres de moi. Le premier a poussé la seconde, qui est tombée, écrasant au passage le pied du Petit qui se trouvait dessous, agrippé à mon fauteuil (quand je vous dis qu'ils ne me lâchent pas d'une semelle !).
Du coup, moi qui avais passé la journée à prier pour pouvoir sortir (même juste un peu, même juste une demi-heure, même avec un enfant ou deux !), je viens de poireauter trois heures aux urgences avec Miss Thing One. Clavicule fracturée. Bras droit immobilisé. Et, ce qui est plus grave, pouce impossible à téter.
La monotonie de la journée a donc été brisée. Je suis sortie, et j'ai vu du monde.
Il faut se méfier des vœux qu'on fait pour la nouvelle année : ils ont une fâcheuse tendance à se réaliser.