dimanche 30 juin 2013

Quelques livres dont on pourrait se passer

Je commence à vider l'étagère des livres pratique. Je regarde rapidement les titres au fur et à mesure que je les entasse au fond du carton. Certains me font tiquer :
- Un guide vert de la Yougoslavie ;
- Une carte routière de France datant de 2001 ;
- Trois dictionnaires franco-espagnols, sachant que j'utilise désormais des dicos sur CD-roms
- Un fascicule distribué gratuitement dans les hôpitaux sur le déroulement d'une grossesse ordinaire ;
- Pas moins de quatre années différentes du guide "parents à Paris" ;
- Un énorme bouquin sur les jeux de société, jamais ouvert même à l'époque où j'aurais pu trouver le temps de jouer ;
- Un traité sur la manière de faire des belles photos (argentiques) ;
- Un atlas des relations internationales acheté pendant mes études ;
- Un livre de cuisine "pour étudiants", avec la recette du riz au lait, des pâtes au fromage et des carottes râpées ;
- Les pages jaunes de 2010, encore emballées dans leur papier plastique...

Pas le temps de trier. Tant pis. On verra ça au prochain déménagement.
(Je crois que j'ai dit la même chose il y a onze ans...)

vendredi 28 juin 2013

Brèves de déménagement

Les Things se disputent avant d'aller au lit. Je leur lance que dans moins d'une semaine, ils auront chacun leur chambre et dormiront chacun séparément. Miss Thing One approuve :
— Moi veut pas lui !
Mr Thing Two proteste :
— Moi veut Lila !
Ça commence mal.

*     *     *

Près de quarante de fièvre hier en fin de journée. Un bébé complètement patraque, avachi dans mes bras. La directrice de la crèche me rassure :
— Oh, c'est peut-être tout simplement la varicelle, ça commence parfois par une forte fièvre, et d'autres enfants l'ont eu dans sa section...
Sauf que le Filou a déjà eu la varicelle la semaine dernière, je vous signale.
Finalement c'est une double otite. J'ai eu pitié, je l'ai gardé à la maison. Faire des cartons avec un bébé sur le dos, c'est pratique. On ne risque par de basculer vers l'avant en portant une lourde charge, au moins.

*     *     *

A la crèche, il y a quelques jours :
— Vendredi, c'est la kermesse ; pouvez-vous venir à 17h, exceptionnellement ?
A l'école primaire :
— Vendredi à 17h, exposition des travaux d'art plastique des enfants. Surtout, n'oubliez pas de venir, votre fils serait tellement déçu !
A l'école maternelle de ma future banlieue :
— Nous avons prévu une visite de l'école pour les enfants qui entrent en maternelle en septembre. Ce sera leur seule occasion de découvrir les lieux avant la rentrée, donc c'est important. Vendredi, à 17h.
Pic et pic et colégram...
(Et moi qui voulais faire des cartons, vendredi à 17h !)

*     *     *

Quand les déménageurs m'ont apporté les cartons, j'ai bien insisté :
— Attention, j'ai beaucoup de livres !
— Oui, j'ai vu. Mais ne vous inquiétez pas, je vous ai donné cent cartons, rien que pour les livres ! Ça devrait suffire, non ?
59 cartons plus loin, alors qu'il reste pas loin de la moitié des étagères à vider, je commence à me poser la question.

*     *     *

L'éditrice pour laquelle je dois terminer un documentaire très long et qui exige plein de recherches :
— Envoyez-moi votre texte mercredi au plus tard.
Gloups. OK.
Elle enchaîne :
— Si j'ai des questions [je sais déjà qu'elle en aura, ndlr], je vous téléphonerai jeudi.
— Heu, mais, heu, jeudi, je déménage...
— Ah. Vendredi matin, alors.
Re-gloups.

*     *     *

Bon. Il est "seulement" 23h, mais ça fait presque un mois que je n'ai pas dormi une seule nuit (pas UNE SEULE !) plus de six heures, et souvent pas plus de quatre ou cinq, donc je vais me coucher. D'autant plus que je prévois que le Filou dormira au moins aussi mal que la nuit dernière, avec son otite. Quoique, avec le début du traitement, on peut espérer qu'il me laisse dormir, allez, jusqu'à 6h30, avec seulement une petite interruption d'une demi-heure pour donner du doliprane au milieu de la nuit ? Oui, allez, soyons optimiste.
Tiens, qui est-ce qui aboie comme ça ?
...
Miss Thing One a une angine. Ou la coqueluche. Ou autre chose. En tous cas, elle a une toux si rauque qu'on croirait un aboiement, mal à la gorge, et au moins 39 de fièvre.
Je me demande si on peut faire des cartons avec un bébé sur le dos et une gamine dans les bras, en ayant dormi trois heures deux nuits de suite ?
(Bien sûr qu'on peut. On peut TOUT.)

mercredi 26 juin 2013

Jusqu'ici tout va bien

Je ne suis pas trépassée.
Simplement, je termine deux traductions en même temps, je dors quatre heures par nuit, et je déménage dans une semaine.
Je ne suis pas trépassée, mais ça pourrait bien venir...


(Moi, à mon éditrice :
— Si je suis emmenée par les hommes en blanc avant d'avoir pu te remettre ma traduction, sache qu'elle est dans le dossier "Dropbox" sur mon ordinateur ; tu n'auras qu'à demander à Darling de te l'envoyer.
Elle, bosseuse, mère de deux jeunes enfants, et presque aussi débordée que moi :
— Je suis moi même au bord du burn-out. Je vais laisser un message à mon assistante pour lui dire d'appeler Darling si jamais nous n'y survivons pas, toi et moi...)



PS : Le titre est une citation du film La haine, qui m'avait beaucoup marquée quand je l'avais vu. Ça se termine par une histoire "drôle", celle d'un type qui tombe d'un immeuble de cinquante étages et qui se répète en boucle "Jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien..."

lundi 24 juin 2013

Pique-nique au Parc Floral

Journée au Parc Floral pour fêter l'anniversaire de mon Grand avec ses huit meilleurs copains (huit !) et ma sœur venue en renfort (bénie soit-elle). Peu de pluie, malgré les prévisions catastrophiques de la météo. Pas de soleil non plus, mais du coup, très peu de concurrence aux tables de pique-nique

Je suis rentrée lessivée, avec un mal de tête tenace, les bras cassés d'avoir porté deux énormes sacs contenant le pique-nique pour onze personnes, les jambes courbaturées d'avoir fait la course avec des pré-ados pleins d'énergie, la voix rauque d'avoir hurlé "Machin, viens ici ! Truc, allez, on rentre !", et un peu horrifiée à l'idée d'avoir un jour plusieurs créatures de ce genre-là à demeure sous mon propre toit.

Mais c'est toute contente que je vais me coucher, ce soir. Parce que mon Grand est ravi de sa fête ? Parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas pu bavarder avec ma soeur ? Parce que la journée s'est bien passée, sans réel incident, ce qui n'était pas gagné d'avance ? Parce que j'ai eu un énorme fou-rire en essayant de me remémorer comment on jouait à la déli-délo ? Ou parce que j'ai découvert que j'étais encore capable de grimper tout en haut de la "toile d'araignée", même par grand vent, et de faire des roues impeccables sans me faire mal ? Je vous laisse choisir...

dimanche 23 juin 2013

Quatre-quarts moderne

Le quatre-quart, on dira ce qu'on veut, mais ce n'est pas moderne. C'est même très loin des tendances culinaires actuelles : du beurre et pas de la purée d'amande ou je ne sais quoi, de la farine pleine de gluten, du sucre même pas complet ni forcément équitable, et des oeufs, un ingrédient pas vraiment nouveau. Ah, et puis de la levure, éventuellement, voire même un arôme quelconque, mais voilà, c'est tout.

Sauf que dans notre société de consommation démente, il faut que les choses soient modernes, qu'elles soient neuves, sinon ça ne se vend pas. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, si les gens consomment moins, ce n'est pas une bonne nouvelle, parce que le capitalisme n'est pas prévu pour ça, et que ça conduit à la crise. Il faut donc obligatoirement continuer à foncer droit dans le mur, et foncer de plus en plus vite. C'est comme ça qu'on invente le tube de papier-toilette qui se dissout dans l'eau, par exemple.

J'ai beau le savoir, je ne suis pas encore complètement habituée. Et l'autre jour, quand j'ai vu dans la rue une publicité pour le "premier quatre-quart tranché en France", je me suis même arrêtée sous l'affiche, interloquée. Mais j'avais bien lu. Une marque a eu la "lumineuse idée" d'innover sur un produit "qui n'a connu jusqu'ici que très peu d'évolution" : elle a donc pré-découpé son gâteau classique. En effet, "il fallait y penser" !

Vous trouverez d'autres détails sur ce site, d'où sont extraites toutes ces citations, et qui conclut en pariant qu'on "ne pourra bientôt plus s'en passer". La seule chose qui demeure floue, en fait, c'est la raison pour laquelle ce quatre-quart tranché représente une telle "révolution". Parce que le consommateur évitera de passer dix secondes à chercher un couteau avant de manger  sa pâtisserie "pleine de tendresse, d'amour et de bonheur" ? Non, ça ne peut pas être juste pour ça, si ?
Si.


Si tout cela vous laisse aussi pantois que moi, allez donc manger une tranche de quatre-quarts pour vous remettre de vos émotions. Et si vous n'en avez pas, commencez par le faire. Vous verrez, il y en a pour dix minutes, vaisselle comprise.

samedi 22 juin 2013

Bonheur chaotique

... et puis tout à coup, c'est le miracle, une soirée comme une autre, rien de plus, mais tout y est : Miss Thing One qui vient me mendier une cuillerée de tapioca à la canette toutes les quinze secondes, le Petit qui escalade le canapé et manque de tomber, Darling qui chante "Je perds mon pantalon, j'ai les fesses à l'air" à Mr Thing Two trop concentré sur le pistolet en légo qu'il tient d'une main et le bout de pain qu'il tient dans l'autre pour se rendre compte que son pyjama est en train de glisser, le Grand qui s'étrangle de rire et demande si c'est vraiment, comme le prétend son père le plus sérieusement du monde, une chanson de Johnny Hallyday, et moi qui repense à ce livre qu'on m'a offert récemment, Louise a une famille nombreuse, où j'ai appris que dans une famille nombreuse, on doit bien se tenir à table – mais bon, on s'en fiche, après tout, puisque la moitié de la famille n'est plus à table, quoique toujours en train de manger : les petits courent dans tous les sens ; les coussins et le jeté de canapé sont par terre ; les jouets envahissent la pièce et l'appartement tout entier ; on marche sur des bouts de haricots verts, de melon, de pâtes ; le moindre centimètre carré du très grand plan de travail de ma cuisine est occupé, à tel point qu'on ne sait plus ou poser une assiette ; tout le monde parle, rit ou crie ; l'heure théorique du coucher est déjà dépassée depuis quarante minutes ; personne n'a mangé un repas vraiment équilibré, car tout le monde a sauté soit les légumes, soit la viande, soit les féculents, soit le laitage ; je sais déjà qu'il va me falloir au moins trois quart d'heures pour calmer et coucher les enfants pendant que Darling range avant même de pouvoir me lancer, à dix heures du soir, dans la correction orthographique de ma traduction ; mais pendant ces quelques minutes, à mille lieues de cette idée d'organisation et de responsabilisation que j'avais sans doute en fondant une famille nombreuse, dans le chaos le plus total, je suis heureuse.


(Quoi, elle est trop longue, ma phrase ?)


jeudi 20 juin 2013

J'écope

J'ai l'impression d'être dans une barque qui prend l'eau. Constamment, le niveau de l'eau monte, monte, et menace de me noyer. Une seule solution : écoper. Pas d'échappatoire. Peut-être qu'il y a d'autres barques plus solides dans les parages, mais comment voulez-vous que je le sache ? Pour ça, il faudrait prendre le temps de lever le nez, de regarder autre chose que l'eau qui monte, d'examiner les alentours, de soupeser les options, de chercher le moyen d'aller rejoindre une autre barque. Pas le temps. Si je détourne le regard du fond de ma barque, je me noie. Alors j'écope. J'écope. J'écope. Parfois, dans un sursaut d'énergie ou de désespoir, j'écope avec tant de force et d'énergie que je commence à entrevoir le fond de la barque. Dans ces cas-là, bêtement, je relâche mes efforts, juste un peu, juste quelques heures ; je dors un peu plus, je lis quelque chose, je fais une autre activité qu'écoper. A chaque fois, je m'en mords les doigts. Mais de toute façon, c'est rare, car le plus souvent, l'eau est vraiment tout au bord du bateau, moi au bord de la noyade, et je sais que si je n'écope pas, c'est fini. Alors j'écope...
Peut-être que j'ai tort. Peut-être que je devrais arrêter, me croiser les bras. Peut-être que quelqu'un d'autre viendrait alors m'aider à écoper. Ou peut-être que je découvrirais que même si la barque coule, ce n'est pas très grave, car je sais nager. Peut-être qu'ensuite, ce serait beaucoup mieux. Mais rien n'est moins sûr. Si j'étais seule, je pourrais éventuellement courir le risque. Mais dans la barque, il y a des gamins qui ne m'ont jamais rien demandé, qui ont été embarqués malgré eux dans ce voyage. Je ne peux pas prendre le risque. Donc j'écope. Parfois avec fatalité ; parfois presque gaiement, en me disant que j'aurais pu tomber sur une barque bien pire ; parfois dans l'angoisse la plus totale, à en perdre le sommeil. Mais je continue. Je ne m'arrête jamais.
J'écope.

(Je déménage dans deux semaines, j'ai une traduction à rendre pour il y a cinq jours, des fiches de lecture pour il y a deux mois, des gamins pas encore définitivement inscrits à l'école / au collège / chez une assistante maternelle, des cartons pas encore commencés, une cuisine pas encore montée, des meubles pas encore livrés, une pile monstrueuse de fomalité administratives urgentes à expédier, et un bébé qui a la varicelle. Mais j'y crois, j'y crois. J'écope. On y arrivera. Je finirai même par recommencer à dormir...)

mardi 18 juin 2013

Tendons l'oeil !

Quand je vous disais qu'il écrit mal, cet auteur...

L’œil acéré de Gina vit les snipers postés sur le toit du stade et entendit le ronronnement de l'hélicoptère qui passait à intervalles réguliers au-dessus de la scène.

Franchement, ça m'a fait mal aux oreilles de lire ça...

lundi 17 juin 2013

Trois heures de dédicaces

Hier, j'étais invitée au Salon du Livre d'une banlieue lointaine. J'avais dû promettre d'y aller faire des dédicaces (gratuitement) après avoir été invitée à des rencontres (rémunérées) avec des élèves des collèges de la ville.
Sauf que j'ai une petite expérience des séances de dédicaces pour avoir accompagné bon nombre d'auteurs dans ce genre d'exercice. Et je sais parfaitement que quand on n'est pas un auteur vraiment célèbre, on passe la plupart de son temps à regarder ses mains et jouer avec son stylo.
J'avais donc promis de venir, mais seulement trois heures, et pas la journée entière, comme les organisateurs me le demandaient, ces cinglés.
J'ai bien fait. En trois heures, j'ai dédicacé trois livres. Un par heure.
Il faut croire que je ne suis pas vraiment célèbre.

(Franchement, moi-même, ça ne me viendrait pas à l'idée de me déplacer dans une librairie ou un salon quelconque pour faire dédicacer un bouquin par son auteur et encore moins par son traducteur, même si je l'ai beaucoup aimé. Pour les dessinateurs, c'est autre chose : ils font un petit crayonné ou même une véritable peinture à l'aquarelle, ça vaut le coup de venir les voir. Mais un vague "Pour Machin" suivi d'une signature illisible, quel est l'intérêt ?)

N'empêche. C'était sous une tente, dans un parc, et le soleil brillait. Le Grand est venu avec moi, et nous avons passé un bon moment à bavarder sur le trajet. J'ai acheté un livre de cuisine que je désirais depuis longtemps mais que je n'avais jamais réussi à voir en vrai. J'ai discuté longuement avec ma voisine de table, une auteure connue (même si elle n'a fait que sept ou huit dédicaces en trois heures, donc guère mieux) dont j'aimais beaucoup les romans quand j'étais petite. Le Grand et moi avons eu droit à un très bon déjeuner consommé sur des tables dressées directement sur l'herbe, dans un coin calme et très agréable. Et les organisateurs avaient préparé un petit panier-cadeau pour tous les auteurs invités, contenant des grissini, des chocolats, de l'huile pimentée et du nougat – un choix un peu étonnant, mais qui me convient très bien. Ah, et puis surtout, pendant plus de quatre heures (en comptant le trajet), j'ai abandonné les mômes entre les mains de leur père.

Ça valait bien trois "16 juin 2013, pour Nina/Mathieu/Roxane, bonne lecture, Fofo", non ?

samedi 15 juin 2013

Boomerang enterré

Je ne voudrais pas critiquer, mais l'auteur du roman que je suis en train de terminer de traduire  laborieusement écrit comme un pied. Choix de vocabulaire contestable, retours à la ligne incessants pour donner l'illusion d'un rythme soutenu, métaphores douteuses...

La toute dernière phrase qui m'a fait tiquer :
C'était une histoire qu'il croyait ensevelie dans un passé lointain, mais qui lui revenait comme un boomerang par l'intermédiaire de cet inconnu.
Je ne suis certes pas une spécialiste du boomerang, mais il me semble qu'on ne l'ensevelit pas, et que si on le faisait, il y aurait peu de chances qu'il revienne, je me trompe ?

Sûre et certaine

14h05. Le téléphone sonne. Nom d'un chien, quel est le [censuré] qui me téléphone un samedi à l'heure de la sieste ? Le Filou vient tout juste de s'endormir !
Je réponds, à voix basse.
— Allô ?
— Allô, vous êtes bien Madame Chèpukoimèpadutoufofo ?
(Ah ben voilà, c'est un faux numéro.)
— Non, ce n'est pas moi.
— Vous êtes sûre ?
...
(Maintenant que j'y repense, c'est une question plus profonde qu'il n'y paraît. Presque philosophique, en fait...)

jeudi 13 juin 2013

Petites annonces d'assistantes maternelles

Le site de la mairie de ma future banlieue a une rubrique de petites annonces pour les parents qui cherchent des modes de garde pour leur enfant et pour les assistantes maternelles, baby-sitters ou autres qui cherchent des enfants à garder. Une fois un peu remise du refus de la crèche municipale à accueillir le Filou l'année prochaine (il m'a tout de même fallu deux jours pour avaler que les familles nombreuses n'étaient pas prioritaires là-bas, alors qu'elles le sont à Paris), je commence à éplucher les petites annonces laissées par les assistantes maternelles.
Il n'y en avait pas beaucoup à une distance raisonnable de chez moi, mais je me suis bien amusée tout de même à constater la diversité des annonces.

Il y a celle qui se veut tendre :
Je garde votre bibou (sic) avec d'autres boutchous, nous allons jouer à pleins de jeux rigolos et faire plein de balades !

Celle qui parle au nom des enfants qu'elle garde :
Notre copain est entré à la maternelle alors on veut un autre copain avec qui jouer chez notre tata, elle est très gentille et fait très bien la cuisine !

Celle qui fait des fautes à chaque mot :
Je suis asistante matèrnelle je cherches un bébé a gardé a partire de septambre contacté moi sil vous plais.

Celle qui est laconique :
Assistante maternelle agréée cherche enfant à garder.

Celle qui ne l'est pas :
Bonjour, je suis une assistante maternelle agréée avec trois ans d'expérience, j'habite dans un appartement de trois pièces dont l'une est entièrement consacrée aux enfants que je garde, j'ai 45 ans et je me suis reconverti dans ce métier après avoir été longuement intermittente du spectacle, je propose aux enfants des activités décalées (sic) : nourrir les canards, aller au marché, se promener dans le parc...

Celle qui s'est trompée de rubrique :
Maman d'un enfant de quatre ans, je cherche une baby-sitter pour aller chercher mon fils à l'école tous les jours à 16h30 et le garder jusqu'à 18h30.

Celle qui se veut professionnelle :
Assistante maternelle agréée depuis 12 ans, je cherche un enfant de plus de 18 mois à garder à partir de septembre prochain. Je suis membre d'un groupe de réflexion sur la petite enfance et formatrice à la PMI.

Celle qui écrit en majuscule :
BONJOUR JE SUIS ASSISTANTE MATERNELLE ET JE CHERCHE UN ENFANT DE PLUS DE 18 MOIS A GARDER EN COMPAGNIE DE DEUX AUTRES PETITS.

Celle qui ne tarit pas d'éloge à son propre sujet :
Gentille, sérieuse, attentionnée, bonne cuisinière, patiente mais ferme, je serai pour votre enfant une seconde mère !

... et plein d'autres encore.
Devinez laquelle j'ai appelé en premier ?


— Tu es une vraie snob, me reproche Darling. Qui te dit que celle qui fait plein de fautes ou celle qui parle du "bibou" ne sont pas à la fois adorables et compétentes ?
Il a raison. Il a raison.
(N'empêche.)

mercredi 12 juin 2013

Fourmis industrieuses

La semaine dernière, quand je suis allée dans la maison de feu ma grand-mère, j'ai constaté qu'il y avait des bouts de jardin où l'herbe n'avait pas repoussé après les travaux de la terrasse effectués l'été dernier. Puisque ça n'a pas trop mal marché dans ma nouvelle maison, j'ai donc décidé de réessayer de semer une pelouse à la volée, en faisant confiance à la pluie prévue le lendemain et les jours suivants pour l'aider un peu à pousser. Le soir, avant d'aller me coucher travailler, j'ai donc joyeusement éparpillé les graines sur la terre encore relativement molle, et j'ai même arrosé un peu, pendant que j'y étais.

Le lendemain matin, au réveil, je me suis rendu compte que je ne voyais déjà plus les graines. Chic, me suis-je dit, l'arrosage leur a permis de s'enfoncer dans la terre, c'est très prometteur !
J'étais donc toute contente, jusqu'à ce que je découvre ça :

(Cliquez sur la photo pour l'agrandir.)

Ont-elles trouvé que toutes ces graines un peu partout, ça faisait désordre ? Toujours est-il qu'en moins de douze heures, les fourmis avaient formé trois ou quatre gros tas rassemblant toutes les graines de ma future pelouse, qui ne risque donc pas de pousser, ou alors seulement dans une circonférence de dix centimètres autour de chaque tas.
Je n'aime pas les fourmis, tout comme je n'aime pas les insectes en général. Mais je dois avouer que j'ai été tellement impressionnée par l'énorme boulot accompli que je n'ai pas eu le courage de noyer les fourmilières ni rien du genre. Je leur ai souhaité bon appétit, et je suis repartie en levant bien haut les pieds...

mardi 11 juin 2013

La première gorgée de thé...

Parfois, c'est difficile de jouer les Pollyanna. Par exemple quand :
- On vient de dormir moins de cinq heures pour la sixième nuit d'affilée ;
- On réalise que l'appartement ne se vendra pas avant l'été, qu'il va falloir garder le prêt-relais aux intérêts exorbitants quelques mois de plus, et baisser le prix de vente de manière conséquente à la rentrée, en espérant que ça suffise dans ce contexte de crise immobilière ;
- On vient de recevoir une lettre de la Petite enfance de notre future banlieue qui nous annonce que le Filou n'aura pas de place en crèche l'année prochaine ;
- On découvre semaine après semaine des nouvelles choses à faire dans la nouvelle maison, à tel point qu'on se demande à quoi vont ressembler les premiers jours/mois après le déménagement, et aussi combien ça va coûter ;
- On est de plus en plus en retard sur la traduction en cours, sans même parler des albums, fiches de lecture et autre ;
- On enchaîne les disputes conjugales parce que les corvées sont trop nombreuses, les enfants trop difficiles, les sorties et loisirs trop rares.

Alors on se fait un bon thé un peu plus sucré que d'habitude, on pense aux futures vacances avec des amies, on rêve au triporteur qu'on va bientôt acheter, on fait des petits gâteaux, on prévoit un dîner entre sœurs, on commence à programmer un potager dans le futur jardin, on se délecte à l'idée de lire bientôt le troisième volume d'une trilogie très appréciée, et surtout, comme toujours, on se rappelle que tout va bien, qu'on n'a pas des vrais problèmes d'argent, qu'on n'a pas des enfants vraiment difficiles, qu'on n'a pas de vrais problèmes de couple... Allez, une gorgée de thé, et ça repart.

dimanche 9 juin 2013

Motte anticonformiste


D'abord, les ouvriers ont creusé la terre, l'été dernier. Ensuite, ils ont fait le mur pour soutenir la nouvelle terrasse. Quand ils ont terminé, ils ont remis de la terre, et ils sont partis.
Et puis l'herbe a poussé, et puis l'hiver est venu, et puis la pluie et la neige ont tassé la terre, qui s'est affaissée peu à peu. Mais une motte s'était prise d'affection pour son pan de mur, et a refusé de suivre le mouvement...



samedi 8 juin 2013

Concombre insupportable

— Mr Thing Two, sors de la cuisine !
— Non.
— Si. Obéis. Tout de suite.
— Ah, mais t'es pu sortab' !
Pardon ? Je ne suis plus sortable ? Ah, non, j'ai compris :
— Je suis insupportable ?
— Oui !
J'ai envie de glousser, mais j'essaie de ne pas trop le montrer :
— Espèce de sale gosse insupportable toi-même !
— Non, c'est toi ! Concombre insupportab' !

J'avoue, j'ai craqué. J'ai ri. On ne me l'avait encore jamais faite, celle-là.



Attentionné

Le Filou est plein d'attentions charmantes : il a attendu mon retour pour enchaîner les mauvaises nuits et les poussées de fièvre (otite ? angine ? autre ?).
C'est gentil, non ?

Je veux dire gentil envers Darling, bien entendu...

vendredi 7 juin 2013

Trois jours de pré-vacances

Alors, d'abord, comme ceux qui ont lu mon bref message d'hier l'ont certainement deviné, j'ai pris le train. J'avais des choses très importantes à faire dans la maison où nous allons passer tout l'été en famille, et je n'avais que trop tardé. Des démarches, des travaux, des préparatifs pour que tout soit à peu près correct lors de notre arrivée. Dimanche, après avoir mis les gamins à la sieste, je me suis donc éclipsée. Sur le seuil de la porte, un Darling malheureux comme les pierres m'a lancé :
— Tu es sûre que tu as vraiment besoin d'y aller, ou c'est juste pour t'évader ?
Le vilain.

Avec ma valise bourrée de boulot accompagnés de deux ou trois T-shirts, je suis montée dans mon train, en première classe. Oui, j'avais pris mon billet très tôt, et la différence de prix était négligeable, donc je m'étais dit que j'allais en profiter. Je me suis assise à ma place isolée avec un grand soupir d'aise, et j'ai sorti ma traduction à relire et mon stylo rouge. Et aussi un châle plié pour faire office d'oreiller, en cas de petit somme fort probable (j'avais passé une mauvaise nuit, encore).
Juste à côté de moi, de l'autre côté de l'allée, s'est installé une famille.
Une femme avec sa mère, son père, sa soeur, sa nièce d'une quinzaine d'années, son mari...
... et sa fille de quatre ou cinq ans.
Italienne, la famille.
J'ai sorti aussi des boules quiès. J'étais fière de moi. J'avais tout prévu.
Sauf que non, j'avais oublié la batte de baseball.
Pendant les quatre heures qui ont suivi, je n'ai pas dormi, ni travaillé. Pendant ces quatre heures, la gamine a chahuté. Elle a chanté de sa voix suraiguë, elle a plaisanté avec les membres de sa famille, elle a joué à sauter comme une grenouille dans l'allée entre les sièges, à dix centimètres de moi. Malgré mes boules quiès, j'entendais chacun des mots qu'elle braillait. Fatiguée, je m'endormais malgré moi, et j'étais réveillée en sursaut par un éclat de voix. Aucun des six adultes qui accompagnaient la petite n'a eu l'air de trouver ça anormal. Tout au plus lui lançaient-ils un "Moins fort, ma chérie" sans aucune conviction si vraiment je sursautais trop violemment. Personne ne lui a raconté de livre. Personne ne lui a mis un DVD. Personne ne lui a fait écouter de la musique. Personne ne lui a chanté une berceuse. Personne ne l'a emmenée se défouler dans le sas entre les wagons. Personne ne l'a pris sur les genoux pour regarder par la fenêtre, "Oh, tu as vu, une vache ! Oh, une maison, là-bas ! Oh, ça alors, un arbre !"
Et dire que moi, on m'avait fait une remarque parce que j'avais mis un film muet à mes gamins pour les faire taire et qu'ils riaient, pendant que Darling promenait le bébé.
Bref.
Au bout de quatre heures, un siège à quelques mètres de là s'est libérée, et j'ai changé de place. J'entendais encore tout ce que disait la môme, mais moins fort. J'ai pu commencer la relecture de mon manuscrit.
C'est à ce moment-là que mon voisin de devant s'est mis à passer des coups de fil depuis son siège, dont le fameux "Oui, c'est pour te dire que j'arrive dans une heure".

La prochaine fois, j'y vais à pied.

Le reste du voyage s'est bien passé. Après une étape chez une amie, je suis arrivée à destination le lundi matin. Dans les trois jours qui ont suivi, j'ai changé des lits de place (les Things vont dormir dans des "vrais lits", maintenant), pris des mesures pour commander d'autres meubles, mis quelques petites choses au clair avec mes voisins qui ont planté des oignons au beau milieu des rosiers de feu ma grand-mère et des pommes de terre entre les lys et la lavande, retrouvé mes clefs (je les avais donné à une femme de ménage, qui les avait données au boucher, pour qu'il les donne à son frère, qui devait les donner à sa femme qui s'est découverte lesbienne et voulait quitter son mari pour habiter quelques mois chez moi avec ses trois enfants, sauf qu'elle y a renoncé, donc elle les a donné à mon intendant, qui me les a redonnées, de sorte que j'ai pu les redonner à la femme de ménage), et j'ai même réussi à payer une taxe que m'avait réclamée la mairie. J'y suis allée le mardi matin, avec mon chéquier. Mais la mairie n'acceptait pas les chèques. Un virement, alors ? Non plus. Du liquide ? Pas plus. Alors quoi ? Faut aller payer à la poste, juste en-dessous de la mairie, avec le TIP (ou équivalent). Ah, mais je n'ai pas pris le TIP, il est resté à Paris. Alors je vais vous le réimprimer. Tout de suite ? Ah, non, pour demain. Le lendemain, le TIP est prêt. Bon, alors je vais à la poste, maintenant ? Ah non, elle n'ouvre qu'un jour sur deux, il fallait y aller hier. Mais vous n'aviez pas le temps d'imprimer le TIP, hier. Alors faudra y aller demain. Mais je pars ce soir ! Ah bon, alors il faut aller à la poste du village voisin. Voiture. Poste du village voisin. Ordinateur en panne, revenez demain. Je peux pas, demain ! Alors attendez une heure. Vous n'êtes pas pressée, dites ? Non, pensez-vous...

Quand j'ai terminé les rangements et les formalités administratives, j'ai réglé des détails, fait des lessives, et puis travaillé un peu, quand même. En mangeant des cerises. Sur la terrasse avec une vue magnifique. Au soleil.
— Heureusement que je suis venue, ai-je dit le dernier soir à Darling, au téléphone. J'ai préparé la chambre des enfants, je suis allée à la mairie, j'ai acheté une veilleuse, j'ai rangé les draps, j'ai changé le siège des toilettes, j'ai balayé la maison...
— Et n'aurait pas pu faire tout ça en arrivant, en juillet ?
Le gros vilain.
(Bien sûr que si, on aurait pu, en fait.)
 

Un kilo de cerises, un kilo de fraises, un melon et quatre plats de pâtes fraîches plus tard, après deux grasses matinées jusqu'à huit heures, deux couchers de soleil magnifiques, un orage pluvieux qui a rendu la terre merveilleusement odorante, un roman palpitant, quelques cappuccini, quelques heures de traduction sans stress, une grande balade nocturne en ville avec une amie, et un voyage de retour sans histoire ni sale môme, je suis revenue avec l'impression d'être partie trois semaines en vacances.

Et puis au retour, j'ai trouvé : un bac à linge sale qui débordait jusque dans la couloir ; un bébé qui s'est réveillé trois fois pendant la nuit ; du boulot en retard ; un déménagement à préparer ; une chambre d'enfants dans un désordre tel qu'on ne pouvait plus circuler ; un frigidaire complètement vide ; un Grand qui tempêtait parce qu'on n'avait pas encore fait les cartons d'invitation pour son anniversaire ; une future cuisine en chantier avec un plan de travail qui a été mal découpé ; un gamin dans un pantalon qui ne lui appartenait pas, probablement prêté par la crèche ; trois colis et une lettre recommandée à retirer chez le gardien...

Si je pouvais, j'y retournerais tout de suite, tiens. Quitte à reprendre le train avec la famille italienne !


jeudi 6 juin 2013

Fusillade virtuelle

On devrait fusiller sans jugement les gens qui téléphonent dans le train pour dire "Oui, allô, je suis à Bordeaux, j'arrive à Toulouse dans deux heures". Soit à l'heure indiquée sur le billet qu'ils ont acheté un mois plus tôt, quoi.
(Ça marche aussi avec Lyon et Chambery, hein.)

Ah, et aussi ceux qui prennent le train avec des gamins bavards et remuants. Les salauds.

dimanche 2 juin 2013

Descente de lit

Nous venions de coucher les enfants, quelques minutes plus tôt. Le calme régnait dans la chambre des Things. Enfin, le calme habituel, quoi. Ils rigolaient, chahutaient, se lançaient des trucs d'un lit à l'autre, bavardaient, ce genre de choses, mais ils ne hurlaient pas, ne se disputaient pas, ne jouaient pas à déplacer leurs lits à barreaux en les secouant, n'arrachaient pas les rideaux, donc on peut parler de calme.
Darling comatait devant la télé, et je bossais, comme d'habitude. Ou je faisais semblant.

Soudain, nous avons entendu un grand crac !
Parents figés, oreilles dressées, muscles tendus. Prêts à bondir.
Dans la chambre, silence. Pas de hurlements, ni rien. Même plus de bavardage.
Pour le coup, on s'inquiète.
Et puis une petite voix qui s'élève :
— Oh, t'as cassé le lit, Lila !
HEIN ?

Une demi-seconde plus tard, il a bien fallu nous rendre à l'évidence. Mr Thing Two s'exprime désormais tout à fait correctement. Sa soeur avait bel et bien cassé son lit, ou plus exactement son sommier, à force de sauter dessus à pieds joints. Pas une petite latte chétive, non : carrément le cadre du sommier, un gros machin en bois massif. Brisé en deux.
Debout sur son matelas enfoncé dans le trou, la gamine constatait, penaude, qu'elle s'était rapproché du sol de quinze bons centimètres.

On passe rapidement en revue toutes les solutions possibles. Lit parapluie ? Sauf qu'il est dans la chambre du Filou que je ne veux surtout pas réveiller, et puis je n'ai aucune confiance, elle va le démolir. Matelas par terre ? Hors de question, elle va se relever dans la seconde ; elle ne le ferait peut-être pas si elle était toute seule, mais encouragée par son jumeau... Tasseau, bricolage, pour que ça tienne encore un mois, jusqu'au déménagement et aux lits de "grands" ? Pas à 21h30, merci.

Finalement, pendant que Mr Thing Two sermonnait très sérieusement sa sœur ("C'est pas bien, Lila ! Faut pas casser le lit ! Maman pas contente ! Oh, rega'de ! L'est tout cassé, maintenant !) (discours particulièrement cocasse quand on sait que c'est lui, de très loin, le plus chahuteur des deux), j'ai tout simplement fait une grosse pile de dictionnaires sous le sommier brisé, ce qui a permis au matelas de retrouver provisoirement son horizontalité. Et pendant qu'ils s'endormaient enfin, je me suis dit que les "vrais livres" avaient tout de même quelques atouts par rapport aux gadgets modernes. Vous vous imaginez caler un meuble, rehausser un gamin sur une chaise ou improviser un escabeau de fortune avec une pile de liseuses ou de tablettes électroniques, dites ?