dimanche 30 décembre 2018

Coupée du monde

Non, je n'ai pas été attaquée par le Père Noël, et je n'ai pas non plus déjà renoncé à ma résolution de recommencer à bloguer. J'ai juste fait un échange de maison avec une adorable demeure perdue au fond d'une vallée où, en hiver, le soleil n'arrive jamais. Pour de vrai. Et le réseau téléphonique non plus. Comme il n'y a pas de télévision ni de radio et que la box internet est en panne, la Troisième Guerre mondiale peut toujours éclater, ça ne perturbera pas mes vacances...

jeudi 20 décembre 2018

Épreuve(s)

Jeudi dernier :

Chère Fofo,
Ci-joint les épreuves de votre dernière traduction. Merci de m'envoyer vos éventuelles corrections au plus tard dans une semaine.
Bien à vous,
Éditrice

Pas de bol, j'avais une autre traduction (appelons-la T2) à rendre hier soir, celle qui engloutit impitoyablement tout mon temps libre et grignote sur mon temps de sommeil depuis deux mois. Tant pis, faut s'y coller, c'est déjà bien qu'on me donne une semaine pour les épreuves de T1.

J'essaie de terminer ma traduction T2 tout en relisant les épreuves de T1 chaque fois que je ne peux pas être devant mon ordinateur, par exemple en attendant les gamins devant l'école ou en me lavant les dents. J'envoie mes 400 pages de T2 hier soir à minuit. Il ne me reste plus que 20 pages des épreuves de T1 à lire. Et dieu sait que ma relecture n'est pas superflue, car dans cette maison d'édition, on réécrit toujours tout derrière mon dos, et pas toujours à bon escient (mais que voulez-vous, c'est plutôt bien payé).
Je termine à minuit et demi. Comme trop souvent, je ne dormirai que six heures. Mais j'aurai respecté le délai.

Ce matin, mon thé à la main, j'écris un email à l'éditrice avec la liste des corrections.  "Tu me sauve" prend un S. "Les quatres amies" n'en prend pas. Cette fille n'a sans doute pas "des yeux bleus et des boules brunes". Il y a au moins une énormité comme ça toutes les cinq pages, et je vous jure que ce n'est pas de mon cru. Je termine à 10h. J'envoie l'email.

Une minute plus tard, je reçois une réponse automatique :
Bonjour à tous,
Je suis en congé jusqu'au lundi 7 janvier. Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'années !
Bien cordialement,
Éditrice


lundi 17 décembre 2018

Les animaux fantastiques 2 - Les crimes de Grindelwald

(Critique garantie sans spoilers)

Ma mère l'avait trouvé "noir", un copain à moi avait dit "bof", et Télérama parlait d'une "puissance évocatrice rare" (gloups), donc j'y suis allée sans m'attendre à grand-chose, si ce n'est de pouvoir en discuter enfin avec ceux qui l'avaient déjà vu.

La bonne nouvelle, c'est que du coup, je n'ai pas été déçue. Certes, certes, c'est distrayant, et visuellement très réussi, et il y a quelques personnages intéressants. Voilà.

A part ça, les coïncidences deviennent de plus en plus énormes, la chronologie me laisse perplexe (mais quel âge a donc McGonagall, devenue directrice de Poudlard lorsque Albus Potter y étudie à partir de septembre 2017, si elle était déjà prof dans les années 1910 ?), le couple Jacob/Queenie m'énerve toujours autant (imaginez, juste une seconde, qu'un homme top-model avec de grands pouvoirs tombe raide amoureux d'une femme assez laide, avec 30 kilos de trop, gentille mais banale, sans aucun talent particulier, et ayant dix ans de plus que lui... Ah oui, tout de suite, ça paraît moins vraisemblable, hein ?), et la place prise par les effets spéciaux au détriment du scénario me désole : on aurait pu nous raconter tant de choses intéressantes, par exemple, pendant les dix minutes durant lesquelles un gros feu orange combat un gros feu bleu, ou pendant l'interminable vol en calèche du début...

Et puis surtout, surtout, cette histoire à peine ébauchée en deux heures à l'écran aurait pu faire un si beau roman ! Franchement, je ne me remettrai jamais de ce gâchis.

samedi 15 décembre 2018

Jumeau comment ?

Le Filou vient me voir avec un magazine ouvert aux pages des jeux :
— Maman, ze sait pas ce qu'y faut faire, à cette page ?
Je lis les instructions :
— Eh bien tu vois, ce bonhomme-là a perdu son jumeau dans la foule, alors il faut le retrouver.
— Ah, d'accord. Mais il est comment, son frère jumeau ?

Question nettement moins idiote qu'il n'y paraît quand on pense que les jumeaux qu'il a sous les yeux au quotidien sont de sexe différents, ont cinq centimètres et autant de kilos d'écart, des cheveux respectivement clairs et courts et bruns et longs, et bien entendu des vêtements tout à fait différents.

Je suggère donc que les magazines précisent désormais systématiquement qu'il s'agit de "jumeaux monozygotes coiffés et habillés de manière identique", au lieu de considérer que ça tombe sous le sens. Apprenons aux enfants à être précis.

jeudi 13 décembre 2018

De potentiels beaux-parents


— Maman, maintenant que papa et toi vous êtes divorcés, est-ce qu'on va avoir un beau-père et une belle-mère ?
Oh là là. J'étais en train de préparer le dîner, mais je lâche tout pour rejoindre Miss Thing One sur le canapé et tenter de la rassurer :
— Pour l'instant, ce n'est pas du tout prévu au programme, ma chérie. Je ne pense pas que papa ait très envie de retomber amoureux, et moi pas forcément non plus, en tous cas pas immédiatement, sans compter que je n'ai pas beaucoup d'occasions de rencontrer des hommes. Et même si papa ou moi tombions amoureux de quelqu'un d'autre, ça ne veut pas dire qu'on déciderait de vivre ensemble, tu sais. Enfin bref, ce n'est vraiment, vraiment pas pour tout de suite !
Elle hoche la tête et soupire :
— Dommage, parce que j'adorerais ça.
— ...
— Ça nous ferait comme deux papas et deux mamans, et ça nous ferait plus de famille à aimer et qui nous aimerait. Ce serait chouette.


Voilà, on lit des tas de manuels et d'articles et de romans qui parlent du traumatisme que représente le divorce des parents et du meilleur moyen d'aider les enfants à le surmonter, mais ça n'empêche pas les surprises...

mardi 11 décembre 2018

La gangue du Franc a lourché

Dîner en famille, comme tous les soirs. Le Grand prend le ton enthousiaste avec lequel il m'annonce généralement une information de très haute importance, du genre "Maman, tu savais que Jeanne Calment avait vendu son appartement en viager alors qu'elle avait 90 ans, à quelqu'un qui est finalement mort avant elle ?" Il se lance :

— Aujourd'hui, j'ai des couilles vertes... euh, j'ai découvert...

Autant vous dire qu'au milieu du fou-rire général, il a eu le plus grand mal à aller plus loin.

lundi 10 décembre 2018

Tétris de gâteaux

Comme le Grand a décidé de ne pas changer de lycée en cours de scolarité, il revient tard tous les soirs, après une petite heure de transports en RER entre notre ancienne banlieue et notre nouvel appart. Du coup, tous les matins, je lui prépare son goûter ; dans la grande majorité des cas, je lui donne une pomme, plus une part de gâteau ou des biscuits confectionnés la veille. Ce matin, je réussis à caser un reste de pain d'épice et quatre petits gâteaux de Noël dans un mini-tupperware carré. Mais il veut y ajouter un bonbon de sa chaussette de Saint-Nicolas.
Il ouvre la boîte,
pose le bonbon sur le dessus,
s'aperçoit qu'il ne peut plus refermer la boîte,
enlève un petit gâteau pour mettre le bonbon,
s'aperçoit qu'il ne peut plus remettre le petit gâteau,
et finit par me regarder d'un air désespéré.

Je lui prends l'ensemble des mains, et trois secondes plus tard, j'ai trouvé une place pour le bonbon en tournant le pain d'épice sur le côté. Ça me rappelle Darling qui mettait deux valises empilées dans le coffre d'une voiture et qui disait ensuite " ben voilà, y a plus de place". Je le dis à mon Grand :
— Toi, tu feras partie des gens qui sont incapables d'organiser une valise, ou le coffre d'une voiture. Si tu as une famille un jour, il faudra que ce soit ta femme qui remplisse le coffre au moment des départs en vacances...
— Bah, de toute façon, d'ici-là, il n'y aura plus de voiture.

(Mouais. N'empêche qu'en attendant, tous les soirs, je dois réorganiser le lave-vaisselle pour y mettre tout ce qu'il n'a pas réussi à caser dedans...)
(Je vais lui acheter un jeu de Tétris, tiens)

vendredi 7 décembre 2018

Lectures intensives

– Fofo, me dit une éditrice il y a quelques jours, j'ai reçu plein de manuscrits étrangers. J'aurais besoin de faire le tri. Tu ne veux pas venir passer une matinée chez nous de temps en temps pour jeter un coup d’œil, toi qui sais si bien juger objectivement les points forts et les points faibles des bouquins ?

Elle n'a eu aucun mal à me convaincre. Quand on me propose un boulot qui me sort de chez moi, je suis (presque) toujours partante, surtout si on me prend par la flatterie.

Ce matin, donc, j'arrive à l'heure dite, et je suis accueillie par mon éditrice qui me conduit dans un beau bureau vitré, avec de la moquette par terre et une bouilloire sur la table. Elle me pose une grosse pile de manuscrits sous le nez et me plante là.
Je m'installe le plus confortablement possible sur la chaise (note : la prochaine fois, apporter un coussin), je me fais un thé (avec du lait) (oui, j'avais pensé à en apporter) (on peut me faire confiance pour ne pas oublier ce genre de choses), j'ôte mes chaussures (sinon, à quoi sert la moquette ?) et je me lance.
L'éditrice ne m'avait imprimé que 50 pages de chaque roman, en me prévenant qu'elle me donnerait la suite si ça en valait vraiment la peine.
En une matinée, j'ai donc lu les premiers chapitres de :
- Un roman historique avec des pirates et des princes ;
- Un roman humoristique sur un frère et une sœur en vacances ;
- Un roman coup-de-poing sur une amitié naissante entre deux âmes cabossées par la vie ;
- Un roman réaliste sur une secte aux Etats-Unis ;
- Un roman policier avec des gamins-détectives qui cherchent des voleurs de bijoux.

Comme aucun roman n'était excellent ou suffisamment vendeur, je ne suis jamais allée au-delà des cinquante premières pages. Mais comme aucun n'était mauvais au point de le laisser tomber au bout de quelques paragraphes ou même de le lire en diagonale, je n'ai pas pu m'empêcher de me plonger à fond dans chaque roman avant de devoir m'interrompre brutalement.

J'ai l'impression d'avoir passé ma matinée à voyager dans des contrées différentes, mais en devant à chaque fois reprendre le train pour ailleurs alors que je venais à peine de faire le tour de la gare d'arrivée.


mercredi 5 décembre 2018

Un saint débrouillard

Les gamins, qui attendent avec impatience depuis bien des jours leur chaussette garnie, ont tout de même oublié de laisser le traditionnel verre de lait et la carotte pour l'âne avant d'aller se coucher, pour le passage de saint Nicolas. Comme ce dernier est très gentil (normal, c'est un saint), il a tout de même apporté tout plein de friandises.



Mais comme la sainteté, ça va bien deux minutes, il leur a laissé un petit mot.

(Cliquez pour agrandir)

Bonne Saint-Nicolas à tous !

mardi 4 décembre 2018

Y a des jours comme ça...

Il y a des travaux à la colonne d'eau de mon immeuble. Cela fait plusieurs fois que l'eau est coupée pendant toute la journée. Ce qui n'est pas très grave, en dehors du fait que je ne peux pas faire de lessive. Le problème, c'est qu'on ne sait pas à quelle heure elle reviendra. Quand les enfants rentrent de l'école, ils doivent se laver les mains dans une bassine d'eau déjà assez savonneuse (oui, je me lave les mains de temps en temps, pendant la journée). On ne peut pas tirer la chasse d'eau : je vous laisse imaginer l'odeur quand ils sont tous allés faire la grosse commission. Ils ne peuvent pas prendre de douche. Et bien sûr, je ne peux pas faire cuire des pâtes ("Et du riz, alors ?" m'a suggéré le Grand, à qui il faut que je donne quelques leçons de cuisine basique), ni laver des légumes.
Bref, quand il est 18h40 et que j'attends avec une impatience grandissante que l'eau revienne, ça m'énerve, ça me stresse, ça me met de mauvaise humeur.
Ce soir, j'ai décidé de prendre ma mauvaise humeur par les cornes et de la terrasser de mon mieux. Option numéro 1 : aller au théâtre ou au cinéma. Impossible, il me reste 7 pages à traduire impérativement ce soir. Je ne compte plus les films et pièces de théâtre que j'ai raté ces derniers mois.
Option numéro 2 : manger des sucreries. Bof. J'y ai un peu trop souvent recours, ces derniers temps, pour compenser le manque de sorties et le manque de sommeil.
Option numéro 3 : mettre de la musique, et chanter à tue-tête en faisant mes corvées. Bonne idée.
J'ai donc pris un CD,
J'ai allumé ma chaîne hi-fi,
J'ai glissé le disque à l'intérieur...
... et il y est resté coincé.
Impossible de le ressortir.

Voilà, du coup je n'ai toujours pas d'eau, j'ai toujours trop de boulot, ET j'ai une chaîne hi-fi à faire réparer dès que j'aurai deux minutes, d'ici quatre à six mois environ.

(Je me demande s'il reste du chocolat ?)

lundi 3 décembre 2018

Résumé des derniers épisodes...

... que vous avez manqués suite à une interruption des programmes pour des raisons indépendantes de notre volonté (mais c'était trop long, comme titre).

Donc, donc, donc.
En juillet, les enfants sont allés passer quelques jours en Espagne chez leur père pendant que je déménageais. Tout ce que j'ai su, c'est que "tout s'est bien passé". Ça me suffisait, remarquez bien.

A leur retour, ils ont eu moins de 48 heures pour faire la connaissance de notre nouvel appart parisien avant le départ vers les Alpes, chez ma mère. Nous avons fait des randonnées, avec en prime mon neveu Gnafron que je portais sur le dos (ce qui m'a rappelé des souvenirs). De tout l'été, la "douche" prise avec une bassine d'eau (glacée) dans une "cabine" en tissu ouverte sur la vallée, dans un refuge de haute montagne, après une montée éreintante, est peut-être mon moment préféré (en tous cas le plus dépaysant).

Ensuite, en août, nous avons passé une douzaine de jours à Berlin dans le cadre d'un échange d'appartement. Dans l'ensemble, c'était fort sympathique et intéressant. Nous avons révisé intensément l'histoire allemande, vu de bien jolies choses, et très mal mangé (on ne peut pas tout avoir).
Et puis nous avons terminé notre périple par la maison de famille où nous allons tous les ans, et où Darling nous a rejoints quelques jours. Des moustiques horriblement virulents, une chaleur écrasante, et trop de travail pour pouvoir faire des excursions : ce n'était pas, à mes yeux, la meilleure partie des vacances. Mais les enfants s'y plaisent toujours.

(Donc oui, mes mômes ont partagé leurs vacances entre la mer en Espagne, la montagne en France, la grande ville en Allemagne, et la campagne en Italie. Je pense qu'ils ont battu tous les records.) (Tout ça sans une seule nuit d'hôtel ou de location, en plus.)

Et puis ce fut le retour, et puis ce fut la rentrée dans une nouvelle école, en CP pour le Filou, en CE2 pour les Things, tandis que le Grand a fait connaissance avec le RER à l'heure de pointe, puisqu'il a choisi de continuer sa scolarité dans le lycée où il était l'an dernier. Une nouvelle traduction à commencer de toute urgence une fois la précédente enfin terminée, des meubles à monter, des placards et une cuisine à réorganiser, 130 cartons à déballer, et les immanquables formulaires scolaires à remplir et livres à couvrir, en plus des corvées ordinaires et du quartier à découvrir. Autant vous dire que je n'ai pas vraiment vu passer le mois de septembre.

Ni le mois d'octobre. Sauf les quatre jours d'escapade à Vienne avec une amie, pendant que les enfants étaient de nouveau chez leur père. L'occasion de découvrir que Vienne est une ville très, très belle, bourrée de monuments, de salles de concert et de pâtisseries, et de pas grand-chose d'autre. Ça me convient assez bien, remarquez. Surtout les pâtisseries. (Oui oui, les châteaux, et Klimt, et Egon Schiele, et Sissi, et la cathédrale impressionnante, et l'architecture incroyable de Hunderwasser, et les rues piétonnes, et la grande roue, et tout ça, mais quand même, mon meilleur souvenir restera ce Kaiserschmarren exquis pris dans un resto choisi au hasard.)

Après je suppose qu'en toute logique, il y a dû y avoir un mois de novembre, mais je n'en ai aucun souvenir. Ou alors très vagues. Rendez-vous orthoptiste, et banque, et instits, et kiné, et plombier qui ne répond pas aux relances, et livraison IKEA repoussée de semaine en semaine, et cours de natation le weekend pour les gamins, et coupures d'eau à répétition dans l'immeuble, et dossier de demande de tiers-temps à monter pour le Grand, et Filou malade encore et encore, et nouvelles lunettes pour Miss Thing One, et fiches de lectures urgente en plus de la trad en retard, et... oui bon en fait c'est peut-être aussi bien que je ne me souvienne pas de ce mois de novembre, finalement.

Mais, mais, mais. J'aime cet appart. J'aime ce quartier. J'aime ces enfants qui grandissent et sont de plus en plus autonomes. J'aime ma vie de mère célibataire. J'aime ma traduction en cours. J'aime mes projets de vacances. Alors même si parfois, c'est dur, et même si je ne dors jamais assez, et même si j'ai le plus grand mal à trouver quelques minutes de libre, ne serait-ce que pour bloguer (et ne parlons même pas de lire, ou d'écrire, ou de faire du sport, voire de sortir), j'essaie de ne pas perdre de vue l'essentiel : dans l'ensemble, en ce moment, je suis heureuse.
Cela mérite d'être dit, non ?