mardi 31 mars 2020

Don de sang

De manière générale, ce n'est pas forcément super drôle d'aller donner son sang. A part la fois où la collecte avait été organisée au tout dernier étage de la Grande Bibliothèque François Mitterrand, ce qui permettait d'avoir une vue magnifique sur tout Paris, je n'y vais généralement que par sens du devoir (et accessoirement pouvoir dire à mes enfants en revenant "J'ai sauvé la vie de quelqu'un, aujourd'hui", ce qui les impressionne toujours beaucoup jusqu'à ce qu'ils comprennent de quoi je parle).

Mais en période de confinement, ça permet :
- De marcher d'un pas vif, et même sur un peu plus qu'un kilomètre ;
- De revoir le soleil (je me demande si on a conscience que tous les citadins vont avoir une carence dramatique en vitamine D d'ici quelques semaines) ;
- De discuter avec des inconnus – un luxe inouï en période actuelle ;
- De rire quand on vous demande le plus sérieusement du monde si vous avez multiplié les partenaires sexuels récemment ;
- D'admirer la salle des fêtes de la mairie d'arrondissement, avec ses dorures et ses fresques au plafond ;
- De manger des sucreries et boire des jus de fruit en ayant bonne conscience au lieu de s'entendre dire "attention, vous risquez de prendre du poids, ne grignotez pas".

Avouez que ça valait le coup, non ?

(Bonus : pour éviter qu'il y ait trop de monde à la fois, toutes les collectes proposent désormais des rendez-vous avec des horaires précis, ce qui fait qu'on attend beaucoup moins que d'habitude.)

(Malheureusement, ça ne marchera qu'une fois, sauf si le confinement est BEAUCOUP plus long que prévu...)

dimanche 29 mars 2020

Point trop n'en faut

Hier, nous avons regardé Un jour sans fin. Et nous avons bien sûr fait le parallèle avec notre vie actuelle, ou chaque jour se ressemble, avec les mêmes gens, le même décor, le même emploi du temps, sans qu'il ne se passe jamais rien.

Je suis allée me coucher en souhaitant retrouver rapidement une vie un peu plus pimentée.

Aujourd'hui, j'ai tiré à mains nues un ver solitaire de 40 cm de long des fesses de l'un de mes enfants.

Le piment, c'est comme le sel, il ne faut pas en abuser. Vivement la routine, demain...

vendredi 27 mars 2020

Sortie en vélo nocturne

Je suis sortie. J'avoue. C'est mon père adoptif qui m'a fourni une excellente excuse : il n'avait plus rien à manger. Enfin, plus rien de bon. Ou d'élaboré. Ou de varié. Bref, il avait absolument besoin de quelques tupperwares de lasagnes aux légumes, chili con carne, bœuf bourguignon, etc. Et quelques fruits frais en prime. C'est déjà dur d'être tout seul dans une maison quand on est ultra-sociable, alors si en plus on n'a pas des bons petits plats, c'est la déprime assurée, non ? Et si ça peut lui éviter d'aller au supermarché, il me semble que ça vaut le coup.

J'y suis donc allée hier soir, en vélo. Le ministère de l'intérieur a confirmé que le vélo était autorisé pour les déplacements utilitaire, mais les flics ne le savent pas tous : il y a eu plusieurs cas de cyclistes ayant écopé d'une amende alors qu'ils étaient dans leur droit. J'avais donc préparé, en plus de mon attestation, tout un laïus passionné à base de "tout le monde n'a pas de voiture", "circuler à moto est mille fois plus dangereux, regardez les statistiques", "De toute façon ce n'est pas le vélo qui est dangereux, ce sont les voitures qui sont dangereuses pour les vélos", "Ça fait vingt ans que je vais partout à vélo et je ne suis tombée qu'une seule fois", "Vous trouvez vraiment que c'est mieux de prendre le métro ?", "Je sais bien qu'il est tard mais justement il y a encore moins de monde dans les rues donc c'est moins dangereux", "A ma connaissance le couvre-feu n'a pas encore été décrété à Paris et de toute façon je viens juste de coucher mes gamins, figurez-vous, comment osez-vous faire des reproches à une mère célibataire de famille nombreuse débordée ?", "Laissez-moi passer, mon pauvre père est sur le point de mourir de faim", etc.

Manque de pot, je n'ai pas été contrôlée. Chuis déçue.

Bref, j'ai été raisonnable, j'ai roulé tranquillement, je n'ai (presque) pas fait de détour, et j'ai mis moins d'une heure pour faire l'aller-retour. Mais j'ai quand même apprécié cette sortie. Enfin un peu d'air, enfin un peu d'exercice qui n'implique pas de faire des pas chassés sur la moquette du palier, enfin des paysages autres que celui – certes très agréable, vu que je suis au 15ème étage – que j'ai depuis ma fenêtre !
Le retour a été particulièrement étrange. Il était 21h, et à part quelques joggeurs et quelques promeneurs de chien, les rues étaient vides. Dans le quartier d'affaire par lequel je suis passée, on se serait crus à la City de Londres un dimanche soir. Une ambiance de fin du monde.

Et puis c'est justement là, dans cette rue où il n'y a que des immeubles de bureaux entre un Starbucks et une sandwicherie, que j'ai croisé ce livreur Deliveroo qui apportait son repas à un égoïste qui préfère mettre en danger un travailleur sous-payé plutôt que faire sa pizza lui-même gourmand. Le livreur était à vélo. Je me trouvais à quelques dizaines de mètres derrière lui ; il ne m'avait pas vue ni entendue (pour une fois, je ne chantais pas à tue-tête, car l'atmosphère générale ne s'y prêtait pas). Et ce monsieur, en plein milieu de la rue – pas sur le trottoir, hein, mais au beau milieu de cette avenue déserte à 4 voies –, a arrêté sa byciclette, a mis pied à terre, et s'est mis à pisser. Le plus loin possible.

Les gens ne cessent de m'étonner.

(Heureusement, vu la largeur de l'avenue, j'ai pu passer à bonne distance du jet)

(J'ai aussi vu, dans ces rues où la moitié des places de stationnement sont désormais vides depuis qu'une bonne partie des 30% de Parisiens possédant une voiture sont partis se confiner à la campagne, une voiture garée sur la piste cyclable. Si. Juste en face d'une dizaine de places vides. Mais ça, ça ne m'étonne même pas...)



mardi 24 mars 2020

Vidéoclasse

Le Grand débarque dans mon bureau vers midi et demie :
— Maman, j'ai eu 13 de moyenne au deuxième trimestre, avec des compliments et un avis favorable pour tous mes choix d'orientation sur Parcoursup !
— Ah, très bien. Bravo. Bon, à la fois, tous tes choix sont exactement les mêmes*, donc c'est logique...
— Il y a même le prof de philo qui trouve que je suis "très concentré" !
— Parce que quand tu passes tout le cours à penser à Tamerlan ou à Beorn, tu le regardes fixement ?
— Oui, je pense.
— Tant mieux pour toi.
Tout à coup, je réalise quelque chose :
— Mais au fait, tu ne m'avais pas dit que tu avais un cours en direct à midi ?
— Si.
— Mais alors... tu l'as raté ! Il est 12h38 !
— Non  non, c'est bon, je suis en cours, là. La prof ne nous a pas demandé d'allumer nos caméra, donc elle voit juste si on est connecté ou pas. T'inquiète pas, c'est un cours facile, et après elle met toujours en ligne un résumé, donc j'ai pas vraiment besoin d'écouter.

Franchement, je ne m'en plains pas, mais je n'arrive pas à comprendre comment ce garçon peut avoir des notes honorables.


* Ai-je besoin de préciser quelle bi-licence il désire faire ? Sachant qu'il n'y a pas de licence "Tolkien" ?

lundi 23 mars 2020

Emploi du temps du confinement

En très gros, voici notre emploi du temps depuis le confinement :

8h - réveil. (Ça c'est LE gros avantage pour moi depuis qu'il n'y a plus d'école : ne plus avoir à me réveiller à 6h30, ça me change la vie !)
Douche (pour moi), petit-déjeuner, vidage de lave-vaisselle etc.
9h - Début des cours. J'ai totalement renoncé à tenter de faire autre chose le matin, donc je me consacre exclusivement à faire une dicter à l'un, réexpliquer les fractions à l'autre, vérifier si le troisième a bien trouvé tous les compléments circonstanciels dans le texte, etc. On fait ça pendant trois heures, plus une récréation au milieu. Et s'ils n'ont pas terminé au bout de trois heures, tant pis : j'ai déclaré aux instits que c'était le maximum que je pouvais faire !
12h30 - corvées, dont préparation du repas. J'ai décidé de leur apprendre à faire quelques tâches essentielles, donc je les mobilise pour éplucher des légumes, étendre le linge, nettoyer un lavabo, etc. Bien sûr, ça me prend encore plus de temps que si je faisais tout moi-même, mais c'est ça, l'éducation, paraît-il...
13h45 - déjeuner.
14h30 - lecture. Obligatoire. Et forcément un roman (ni documentaire ni bande dessinée). Normalement la lecture n'est pas une obligation chez nous, mais là j'ai décidé dès le premier jour du confinement que ce serait inscrit dans l'emploi du temps. Résultat : le Filou s'est lancé dans le premier Harry Potter (que je leur ai lu à voix haute il y a un peu plus d'un an, donc il avance en terrain connu, et tant mieux, parce que c'est encore un poil trop difficile pour lui), Miss Thing One est tombée amoureuse des romans de Roald Dahl* et Mr Thing Two a entamé bravement le cinquième Harry Potter, le plus long).
15h30 - sport. On a une routine, mais on improvise aussi : aujourd'hui on a tracé une marelle à la craie sur le palier (j'ai passé l'aspirateur ensuite, bien sûr).
16h30 - DS. Le Filou en a eu une pour son anniversaire, donc ils jouent souvent ensemble tous les trois (me demandez pas à quoi, j'ai totalement délégué la gestion des jeux vidéo au Grand)
17h30 - Là, c'est variable, mais on peut y mettre pèle-mêle quelques corvées, des appels par skype à la famille, des jeux variés, mais aussi, un jour sur deux, un film. J'ai décidé qu'ils étaient assez grands pour regarder (avec moi) un certain nombre de DVD de grands classiques que nous avons en stock, et que le Grand n'a jamais vus non plus. On a commencé par Comment épouser un millionnaire, La grande vadrouille, Cléopâtre et X-Men (éclectique, je sais).
19h - dîner (vous noterez qu'on ne goûte plus, comme prévu !)
20h - douches, lavage de dents, lecture (BD autorisées, cette fois !)
21h - Extinction des feux pour les trois plus jeunes.

Tout ça, c'est de la théorie, bien sûr. On ne met pas le minuteur ! Le film, en particulier, peut retarder passablement l'heure du dîner et/ou du coucher.

N'empêche que je suis plutôt satisfaite de cet emploi du temps. Les gamins n'ont pas vraiment le temps de s'ennuyer (presque pas assez : je n'arrête pas de voir passer des suggestions d'activités ou de documentaires ou de podcasts et que sais-je encore que je ne peux absolument pas caser dans l'emploi du temps !).
Bien sûr, le corollaire, c'est que moi-même, je n'ai pas vraiment le temps de travailler : si vous avez bien suivi, je traduis une heure pendant qu'ils lisent, une autre pendant la DS, puis une heure ou deux le soir si j'ai le courage... Tant pis. La priorité, pour le moment, c'est que ce confinement se passe aussi bien que possible, et il me semble que pour l'instant, c'est le cas. On croise les doigts !


* D'ailleurs, si quelqu'un a un exemplaire de Charlie et le grand ascenseur de verre illustré par Quentin Blake à me prêter, Miss Thing One lui en sera fort reconnaissante. (Elle a lu Charlie et la chocolaterie, mais mon édition de Charlie et le grand ascenseur de verre est illustrée par un autre, avec des dessins assez moches. Ça la perturbe beaucoup, donc elle a préféré s'interrompre et lire autre chose en attendant d'avoir la bonne édition !)

vendredi 20 mars 2020

Gymnastique quotidienne

Dès le premier jour du confinement, j'ai compris qu'il allait falloir intégrer un peu de sport tous les jours dans l'emploi du temps, d'abord pour que les enfants se défoulent un peu, ensuite parce que sinon, au bout de 4, 6 ou 8 semaines de confinement (personnellement, avant même qu'il soit officiellement annoncé, j'ai parié sur 7 semaines minimum, soit jusqu'au 3 mai. Quelqu'un tient le pari ?), nous serons tous ramollos comme des limaces.

Sauf que, bien sûr, nous sommes à Paris. Dans un appartement. Avec des pièces de taille assez réduites. Je sais bien qu'en théorie, on a le droit d'aller faire de l'exercice physique dehors, mais il doit y avoir à peu près 10.000 personnes dans ma résidence. Si tout le monde estime avoir "droit" à son rayon de soleil, ça va faire beaucoup, beaucoup de monde au coude à coude dehors. Donc non : sauf si on craque vraiment, on ne sort pas. #Restezchezvous.

N'empêche qu'il faut qu'on puisse bouger, et sans renverser la table basse ou heurter un mur à chaque mouvement, ni rendre folle la voisine du dessous, de préférence.

Je suis donc cette mère qui, tous les jours, aux environs de 15h30, pendant trois bons quarts d'heure, fait avec ses mômes cent pas chassés, cinquante levers de genoux, vingt assis-debout, trente secondes de "chaise", des pompes, des courses à cloche-pied, des parties de saute-mouton, des roues, des roulades, des abdos et enfin des étirements sur la moquette du palier du quinzième étage.

(Résultat paradoxal : avec la suppression du goûter quotidien, et un réveil le matin à 8h au lieu de 6h30, je n'ai sans doute jamais été autant en forme...)

jeudi 19 mars 2020

Bibliothèque provisoire

En cette période parfois difficile pour certains, j'avais envie de faire quelque chose pour mes voisins, dont beaucoup sont soit des personnes âgées, soit des familles confinées avec un ou plusieurs enfants. Mais quoi ? Je n'ai pas beaucoup de temps libre (je ne fais pas partie de ceux qui vont se remettre au latin, faire une grande tapisserie ou nettoyer tout leur appartement de fond en comble pendant le confinement...). Je ne sors pas, et avec quatre "vecteurs passifs" à la maison, je ne peux pas aller aider les personnes vulnérables, de peur de les contaminer.

Alors ?

Et puis l'idée m'est venue, et voici ce que j'ai punaisé au rez-de-chaussée et sur le palier de mon étage :


Bonjour à tous !



Si vous ou vos enfants êtes en manque de nouvelles lectures, sachez que j’ai beaucoup, beaucoup de livres à la maison, et que je les prête volontiers. Une grande quantité de romans pour adultes, surtout des classiques, en français et en anglais ; des bandes dessinées ; beaucoup d’albums pour les bambins ; énormément de romans (en français, anglais, italien et espagnol) pour les enfants et adolescents. N’hésitez pas à m’écrire à [adresse mail] ou à me laisser un petit mot sur mon paillasson (15ème étage) en m’indiquant vos coordonnées et ce que vous cherchez (un genre, une tranche d’âge, un nom d’auteur…).


Bon courage !

J'ai déjà fait une heureuse : la voisine dont le fils est un ami de Mr Thing Two, et que j'avais contactée par texto pour lui faire cette proposition. Ses enfants sont de grands lecteurs, et s'inquiétaient déjà de ne pas avoir de quoi "tenir"...

(En vrai, je ne prête pas volontiers mes livres, mais il faut faire des efforts pour la bonne cause !)

mardi 17 mars 2020

Ecole à la maison

Les trois instits de mes enfants sont très consciencieux. Tous les soirs depuis dimanche, je reçois par mail la liste de ce qu'il faut qu'ils fassent le lendemain, ainsi que les corrigés des exercices de la veille.
Pour le Filou, par exemple, ça donne ça :



Orthographe « exercices son [õ] = on » (chemise cartonnée)

-Faire la feuille recto/verso d’exercices sur le son « on », à coller dans le cahier jaune après avoir écrit la date et la matière.

-Se faire dicter les 5 mots mémorisés de O20 le lundi (dans le cahier jaune), s’il y a une erreur, les corriger et les apprendre à nouveau.

Conjugaison « Le présent des verbes faire, dire, être, avoir » (leçon F12)

-Écrire les 3 verbes sur une feuille de brouillon.

Si je ne m’en rappelle pas, relire et remémoriser F12.

-Sur le cahier jaune écrire la matière, faire l’ exercice 9 p176, (manuel « l’île aux mots ») en recopiant les phrases en entier (attention aux erreurs de copie).

-Exercice ci-dessous à recopier  sur le cahier jaune :

Réécris le texte avec les verbes indiqués au présent.

Mes amis (faire) des bêtises quand leur père (faire) des courses… Tu (dire) souvent de drôles de choses.

Si vous (dire) mon secret à tout le monde, je me vengerai ! Je (faire) des bonbons caramélisés…



Poésie « 3 microbes » (cahier rose)

-Mémoriser jusqu’à « champignon »

-Chercher dans le dictionnaire la définition des mots : « scarlatine, rougeole, oreillons ». Quelle maladie fait mal aux oreilles ?

Récréation

10h30-11h30

Calcul « La moitié » (leçon M30) et révision d’additions en lignes

-Lire la leçon et surligner en jaune les idées importantes. Mémoriser les moitiés de 0 à 10 par cœur. En disant la phrase, exemple : « la moitié de 6, c’est 3. »

-Dans le petit fichier de calcul, faire les exercices 1,2 p 15.

-Faire les exercices p28 (pour ceux qui ont des difficultés, marquer c,d,u au-dessus de chaque chiffre et les relier par un trait pour ne pas se tromper de chiffre).

15h30-16h30

Lecture « Le géant de Zéralda » (album)

-Lire le texte 1, répondre au questionnaire du texte 1 (chemise cartonnée).

Coller dans le cahier jaune.

Production écrite « Carnet de bord » (cahier vert)

-Marquer la date abrégée dans la marge et écrire un texte de 5 lignes (minimum) sur sa journée de mardi.



Sachant qu'à part peut-être Miss Thing One, ils sont incapables de travailler quand on n'est pas sur leur dos ;
Sachant que les jumeaux ne sont pas dans la même classe et n'ont donc pas les mêmes programmes ;
Sachant que tous mes enfants écrivent à la vitesse d'une tortue neurasthénique ;
Sachant qu'ils ont tous des leçons à faire réciter, des dictées à dicter, des consignes à expliquer, sans même parler des notions à revoir ;
Devinez le nombre de lignes que j'arrive à traduire chaque jour.
(Un indice : le résultat est inférieur à l'âge du capitaine)

lundi 16 mars 2020

Cadeau d'anniversaire malvenu

Alors, oui, j'avoue,
Le fait que l'anniversaire du Filou tombe aujourd'hui, soit pile le premier jour de notre confinement (nous n'avons pas attendu l'annonce officielle)
et qu'il reçoive donc justement aujourd'hui en cadeau un couteau de poche pour les sorties en forêt, ainsi qu'une trottinette,
ça tombait plutôt mal.


(Heureusement, il y avait aussi une DS) (autorisée chez nous à partir de 8 ans) (dans la limite d'une heure par jour, maximum)

samedi 14 mars 2020

Commande de lait

J'avais une livraison de nourriture prévue vendredi, suite à une commande passée jeudi matin.

[Parce que oui, même depuis que je suis de nouveau à Paris centre, avec des supermarchés proches de chez moi, je continue à me faire livrer mes courses d'épicerie (pas les fruits et légumes ni le peu de viande que nous mangeons). Pour des raisons de gain de temps (il me faut 10 à 15 minutes pour passer une commande, à partir d'une liste pré-établie) et surtout de quantité : rappelez-vous que nous sommes tous des gros mangeurs.]

Bref, quand le livreur a commencé à déposer, par pack de six, mes trente litres de lait dans mon couloir, j'ai été à deux doigts de m'excuser et de lui jurer que je ne faisais pas des stocks, que c'était juste pour notre consommation courante...

(Heureusement, il n'y avait pas de pâtes dans ma commande) (je les achète par paquets de cinq kilos, comme le riz, les farines, le sucre, les flocons de céréales, etc.)

vendredi 13 mars 2020

Fermeture des écoles

Hier, à 19h55, juste avant qu'on passe à table, j'ai allumé la télévision. Miss Thing One était à son piano (oui, elle fait du piano maintenant) et s'est tournée en voyant l'écran s'illuminer :
— Maman, la télévision elle s'est allumée toute seule !
— Non non, c'est moi qui l'ai allumée.
Elle me dévisage, ahurie.
— Pour quoi faire ?
— Eh bien, logiquement, pour regarder la télévision.
— Tu vas regarder la TÉLÉVISION ?
(Comme je l'ai dit plus tard au Grand, "Elle n'aurait pas eu l'air plus surprise si je lui avais annoncé que j'allais jouer de la trompette". Ce à quoi il a répondu : "Non, c'est sûr, et même nettement moins : c'est un peu ton style de nous annoncer tout à coup que tu te mets à la trompette. Alors que regarder la télévision...")

Ensuite, à 20h06, vous avez entendu le hurlement qui a résonné sur toute la France, quand le président a annoncé la fermeture des écoles jusqu'à nouvel ordre ? C'était moi.

Après cela, pendant le dîner, nous avons discuté en famille de ce qui allait se passer dans les semaines à venir :
— Alors, pour commencer, ce n'est pas parce que vous êtes à la maison que moi, je suis en vacances, et même très loin de là : j'ai un boulot monstre jusqu'à fin mai. Donc je vous préviens, vous aller devoir prendre en charge un certain nombre de corvées, comme la cuisine, le ménage, les lessives...
— Moi je sais faire une tarte aux pomme ! a témérairement claironné Miss Thing One.
— Moi, en tous cas, je veux pas descendre les poubelles, a dit le Grand, qui a le nez délicat.
— Moi je veux bien laver les fenêtres, a proposé Mr Thing Two, qui a le sens de l'essentiel.

Je leur ai aussi expliqué qu'en théorie, ils allaient devoir continuer leur éducation à la maison, mais sans mon aide. Qu'on sortirait quand même tant qu'on en aurait le droit, mais pas dans des lieux publics : en promenade, à pied ou à vélo pour éviter les transports en commun, sans négociation possible. Et puis j'ai annoncé une mesure drastique :
— Et aussi, à partir de maintenant, on ne fera plus que trois repas par jour.
— HEIN ?
— Quoi ? Mais pourquoi ?
— Parce qu'on va se lever un peu plus tard, petit-déjeuner vers 9h plutôt qu'à 7h30, et donc déjeuner plus tard, et donc on peut sauter le goûter. Ce qui nous fera un repas de moins à préparer, moins de rangement, de vaisselle etc.
— Mais nous on adooooore le goûter !
— Eh bien, on sautera le dîner, alors. On fera un goûter-dîner vers 18h30, comme en Allemagne ou dans plein d'autres pays.

Je dirai que dans l'ensemble, c'est l'annonce qui a suscité le plus de désolation. Mais je tiendrai bon. Nous survivrons.
Enfin, j'espère...