mercredi 29 février 2012

Cinq minutes de rangement

Vous y croyez, vous, à la nidification ?
Ça fait trois jours que je passe quasiment tout mon temps à ranger, trier, jeter, faire des cartons, remplir des boîtes toutes neuves, déplacer des trucs, etc. En partie dans le cagibi / future chambre, mais pas seulement. A tel point que j'ai énormément de mal à m'asseoir devant mon ordinateur pour avancer un peu ma traduction (à ce train-là, je n'ai aucune chance de la terminer avant d'accoucher, même en emportant mon ordinateur portable dans la salle de travail).

Ce matin, je décide de prendre cinq minutes et de profiter des vacances du Grand pour ranger son tiroir de bureau, qu'on n'arrive même plus à fermer. Juste cinq minutes, hein ; après, je me mets au boulot.
(Hier, j'avais aussi pris "cinq minutes" pour trier les médicaments. Bref.)
Je sors tout ce qu'il y a dans le tiroir et je pose tout sur le lit. Je jette plein de papiers froissés, je conserve les dessins jolis ou originaux, je mets la collection de tickets de métro dans une boîte, je rassemble les bricoles dans une autre boîte, je teste les feutres, j'entasse les lettres et cartes postales dans un porte-document, j'empile les cahiers de coloriage ou d'auto-collants, et à la fin, le tiroir est moitié moins rempli que cinq minutes – bon, disons quarante minutes – plus tôt. Je suis fière de moi.

Sauf que le tiroir ne ferme toujours pas. Il reste obstinément entrouvert, de deux ou trois centimètres.
Ah, je vois, il doit y avoir quelque chose coincé derrière.
J'ouvre le placard en dessous, je vide l'étagère supérieure. Mais rien ne dépasse.
Plus qu'à démonter le tiroir. Allez, ça ne sera pas très long.
Je vais chercher mon tournevis, je dévisse, j'ôte le tiroir. Gagné, il y avait un truc derrière, un papier roulé en boule sur lequel était écrit "Le roi de la Tantizani vous invite a asister a un spectacle". Sic. Faut pas chercher à comprendre.
Ah ben tiens, pendant que j'y suis, je vais en profiter pour retourner la planche sous le tiroir, que j'avais montée à l'envers, à l'époque.
J'ôte la planche, je la retourne. J'essaie de la remettre.

Mais heu ?
Pourquoi ça ne rentre plus ?
Cinq minutes d'efforts acharnés plus tard, il faut se rendre à l'évidence : je n'arrive pas à faire passer la planche entre les deux montants.
Et dans l'autre sens ?
Non plus, bien sûr.
Bon, je sais ce qui me gène : les deux rails coulissants du tiroir, que j'ai laissés à leur place. Je vais les ôter, ça ira plus vite.
Je dévisse.
Ah ben non. Ça ne passe pas quand même.
Mais sacrebleu, si j'ai réussi à la sortir, je devrais réussir à la rentrer, non ?
Ne nous énervons pas. C'est bien simple, je vais la passer par en-dessous, par le placard.
Je vide l'étagère inférieure du placard pour faire de la place. Voilà, cette fois, ça devrait aller.
Tintin. Je n'avais pas pensé aux fixations des portes du placard, qui empêchent ma planche de passer.
Je vais tuer quelqu'un. Le Grand, tiens. S'il rangeait mieux son tiroir, ça ne serait pas arrivé.
Je réessaie quand même une énième fois, par acquit de conscience, en vain. Comment ai-je fait pour sortir cette planche de là ? Aucune idée.
Ne restent plus que deux solutions : soit j'ôte les portes du placard avec leur fixation, soit je passe par dessus.
Sauf que par expérience, je sais que si on touche aux fixations des portes, celles-ci ne ferment plus correctement. Il y a toujours un jeu de quelques millimètres, et on a beau tourner les vis dans tous les sens selon le schéma IKEA ou Lundia (c'est le même), ça bâille. Et le Grand est maniaque.
Au-dessus, alors.
Sauf que au-dessus, il y a des livres. Des tas de livres, les plus grands de sa bibliothèque, les plus lourds. Et je ne suis pas censée porter des trucs lourds.
(OK, ni passer une heure pliée en deux à essayer de faire rentrer une fichue planche entre deux montants. Je sais.)
Attendez, attendez, ne me passez pas tout de suite la corde, j'ai une autre idée. Et si je passais par tout en bas, pour pouvoir mettre la planche à la verticale ?
J'achève de vider le placard. Bon sang, quel est le demeuré qui a eu l'idée de rassembler tous les chapeaux des playmobils dans une boîte sans couvercle ?
Mon fils. Ah.
Bon, je ramasse les chapeaux qui ont roulé partout, je descends toutes les étagères jusqu'en bas, je prends ma planche, et...
Miracle ! Ça passe ! Ça passe !
Plus qu'à :
- remettre la planche là où elle était tout à l'heure, mais à l'endroit, cette fois ;
- remettre les étagères du placard à leur place ;
- remettre les jouets dans le placard ;
- remettre les rails du tiroir ;
- remettre le tiroir sur ses rails.
Voilà. Maintenant, le Grand a un tiroir bien rangé, et la planche sous le tiroir – cachée par le tiroir, donc – est à l'endroit.
Le Têtard sera sûrement très fier d'arriver dans une maison où les planches même invisibles sont à l'endroit, et mon éditrice sera drôlement contente de savoir que j'ai passé trois heures là-dessus plutôt que traduire bêtement un chapitre de plus.
Il est presque 13h. Je vais aller manger ma salade verte et mes 100 grammes de pâtes, ça me remettra de mes émotions. Et après, je me mettrai à travailler pour de bon. A moins que je prenne cinq minutes, juste cinq minutes, pour vider le placard des fournitures scolaires afin de faire de la place pour les pyjamas du Têtard ?
Non ?
Bon.

mardi 28 février 2012

Tri médicamenteux décennal

Pourquoi est-ce que, dans une armoire à pharmacie, les étagères ne sont jamais assez hautes pour y caser les sirops ?
Pourquoi est-ce que, sur les boîtes de médicaments, les dates de péremption ne sont jamais à la même place et pas toujours clairement lisibles ?
Pourquoi est-ce que, au fil du temps, on a accumulé quatre (4 !) flacons d'Ad*vil ? Qui ne tiennent pas sur ces fichues étagères trop basses, donc ?
Pourquoi est-ce que, en revanche, on n'a plus de Doli*prane ?
Pourquoi est-ce que, dans un moment de folie, on a acheté très cher des vitamines et autres compléments alimentaires que personne n'a jamais pris ?
Et pourquoi est-ce que, après avoir passé au moins deux heures à trier, quand on arrive fièrement à la pharmacie avec un sac plein de médicaments périmés à éliminer "dans les respect de l'environnement", on s'entend dire que désolé, on ne reprend pas les médicaments cette semaine pour d'obscures raison de travaux dans l'arrière-boutique, revenez dans dix jours ?

lundi 27 février 2012

Etat des lieux

J'ai le pressentiment que le Têtard va arriver en avance. Pas au point d'être prématuré, mais disons au moins deux ou trois semaines avant le terme.
Certes, je ne crois pas aux pressentiments.
N'empêche que pour le Grand et pour les Things, j'aurais mis ma main à couper que l'accouchement se déroulerait de nuit et commencerait par la rupture de la poche des eaux. Et j'ai gagné, les deux fois, sur les deux points.
Donc à tout hasard, je me méfie.

Et s'il pointait son nez maintenant ? Ou disons, dans dix ou douze jours, à l'orée du neuvième mois ?
C'est tout à fait possible. Il est déjà GROS, tête en bas, il est bien descendu, le col est déjà "ramolli", et on ne peut pas exactement dire que je me ménage (c'est un énorme euphémisme) (et si vous êtes tentés de me faire la morale, venez plutôt porter mes gamins, terminer ma traduction, préparer les repas et étendre le linge).

Pendant une de mes nombreuses insomnies, j'ai donc envisagé cette possibilité, et j'ai fait la liste de ce qu'il nous fallait impérativement pour le jour J, afin de vérifier s'il nous manquait quelque chose.
- Un prénom ?
Non. En fait, nous en sommes exactement au même point qu'il y a six mois. Je continue à proposer Clément, Sylvain ou Admeo, et Darling continue à me suggérer Roderick, Edmund ou Adalbert.
- La valise pour la maternité ?
Non. Loin de là : tous les vêtements 0-3 mois sont encore dans des cartons à la cave, ainsi que l'écharpe de portage et les vêtements d'allaitement. Et les valises elles-mêmes, d'ailleurs.
- Une chambre, ou du moins un lit ?
Non. Le cagibi est toujours un cagibi, plein à craquer. Quant au lit, j'ai bien trouvé quelqu'un qui m'a vaguement parlé de m'en donner un, mais rien n'est moins sûr, et il faut d'abord qu'on trouve un endroit où le mettre, évidemment.
- Une baby-sitter pour s'occuper des gamins pendant que j'accouche ?
Non. Enfin, j'ai plus ou moins l'accord de principe de la part de quelqu'un, mais pas la moindre certitude quant à sa disponibilité (très réduite), pas de liste de numéros de téléphone, pas d'instructions concernant la maison (emplacement des biberons, des couches, etc.), et pas de plan B valable.

Bref, oui, il nous manque encore deux ou trois petites choses. Des broutilles.

En revanche, j'ai déjà choisi les bouquins à emporter à la maternité.
Chacun ses priorités.

dimanche 26 février 2012

Amour oblatif

Miss Thing One, dans les bras de son père, s'empare d'un rouleau en carton ; un rouleau bien dur, sur lequel se trouvait cet affreux film alimentaire qui me fait piquer des crises de rage. Ni une ni deux, elle se tourne vers son père, et lui assène un grand coup sur la tête.
Il pousse un cri de surprise et de douleur.
Elle éclate de rire.
Et c'est si rare de l'entendre rire aux éclats, si rare et si délicieux, que son père et moi nous sommes fait à moitié assommer au moins trois fois chacun, tour à tour, pour le plaisir de l'entendre hoqueter de joie.
C'est de l'amour ou du masochisme ?


PS : Et puis tiens, j'ai appris une nouvelle expression, aujourd'hui. Vous saviez, vous, que l'amour oblatif, c'était "l'amour orienté vers les besoins d'autrui au détriment des siens" ?

samedi 25 février 2012

Tout vient à point à qui sait attendre

Hier soir, grosse surprise : ma boîte mail contient un devis de la part du jardinier qui doit me planter quelques buissons et passer la tondeuse dans la maison de campagne héritée de ma grand-mère italienne.
J'avais rencontré le jardinier l'été dernier, et il m'avait promis de me faire le devis d'ici la fin du mois d'août.
Il a donc six bons mois d'avance — si on part du principe qu'il parlait d'août 2012.
Qui a dit que les Italiens étaient toujours en retard ?

(Par contre, le menuisier qui devait passer me poser des étagères "la semaine prochaine" ne s'est toujours pas manifesté. Mais je ne perds pas espoir.)

vendredi 24 février 2012

C'est comme ça !

Visite médicale mensuelle, hier. Je suis une patiente modèle : j'arrive à l'heure, je vais d'abord voir l'infirmière, je fais pipi sur la bandelette, je ne sourcille pas quand la balance m'attribue quatre kilos de trop, je prends ma tension, puis j'attends sagement mon tour, je vais voir la sage-femme, je lui donne mes tableaux de glycémie avec code couleur, je lui apporte le résultat de ma dernière prise de sang, je me déshabille péniblement pour qu'elle puisse m'examiner, je confirme que je porte mes bas de contention tous les jours. Je sais que les protestations contre l'hyper-médicalisation de la grossesse sont à la mode, mais je prends ça avec détachement. Croyez-moi, on s'y fait, surtout quand on est passé par une grossesse gémellaire.

Et puis voilà que la sage-femme m'annonce :
— Bon, vous prendrez rendez-vous pour un monitoring lundi prochain, on va en faire un toutes les semaines.
(Pour les ignorants, le monitoring, c'est un truc qu'on vous colle sur le ventre pendant une demi-heure pour enregistrer les battements de cœur du gamin.)
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Pour vérifier que le bébé va bien. On fait toujours ça avec les mères qui font du diabète gestationnel, parce que c'est dangereux, vous comprenez, si la glycémie s'emballe...
— Je vois. Cela dit, heu, arrêtez-moi si je dis des bêtises, mais si je surveille mes glycémies six ou sept fois par jour, je verrai bien si ça s'emballe, non ? Et si le bébé me roue de coups jours et nuits comme il le fait actuellement, on peut légitimement supposer que son cœur bat toujours, pas vrai ?
— Ah oui, mais quand même, c'est important, c'est comme ça.

Juste après, elle m'envoie voir l'anesthésiste. Je soupire :
— C'est vraiment indispensable ? Vous savez, il me connaît par cœur, j'ai déjà testé tout son répertoire : deux péridurale, une anesthésie locale, une rachianesthésie, et deux anesthésie générales. Et c'est la cinquième fois que je le rencontre et que je lui confirme que non non non, ni asthme, ni allergies, ni tabac, ni transfusions. La dernière fois, c'était à peine il y a deux ans...
— Ah oui, mais il faut le rencontrer à chaque grossesse, c'est comme ça.

Bon, alors si c'est comme ça...

(Oui, je SAIS que tous ces examens et rendez-vous que l'on prétend "obligatoires" ne le sont pas. Je sais, ce que beaucoup de médecins se gardent bien de dire, que les soins ne peuvent pas être imposés. Je sais que ces séances de monitoring ont 99,99% de chances de ne servir à rien. Je sais que ça va juste me faire perdre du temps. Mais je crois qu'il y a encore une ou deux sages-femmes que je ne connais pas dans la maternité, et une ou deux salles où je ne suis pas encore entrée, ça me donnera l'occasion de visiter. Quant à l'anesthésiste, je ne voudrais surtout pas le contrarier. En fait, je médite de lui apporter des fleurs, la prochaine fois...)

jeudi 23 février 2012

Colère noire dans le noir

Ça aurait pu être une colère classique, comme en font souvent les terrible two, comme disent les anglais, les gamins d'une deuzaine d'années qui commencent à découvrir à la fois la frustration et le pouvoir du "non !". Maman fait un geste qui n'est pas le bon, elle met le doudou à droite et pas à gauche, ou elle pose la main sur les cheveux, et hop, c'est parti. Pleurs, cris, hurlements à faire trembler les murs, et impossibilité de se calmer. La venue du papa empire les choses, les manœuvres de distraction ne fonctionnent pas, les chansons font redoubler la fureur, les câlins ne sont pas les bienvenus, la solitude provoque l'hystérie, les beaux discours n'ont aucun effet, les tentatives de fermeté se soldent par un échec, le bercement est une insulte, le bon exemple des autres membres de la famille ou de la résidence est fort mal pris, et seul l'épuisement, au bout de deux heures de rage vociférante, vient à bout de l'enfant.
Oui, ça aurait pu être une colère classique, la première vraie grosse grosse colère de Mr Thing Two.
Sauf que ça aurait été banal.
Donc pour corser un peu le jeu et la rendre mémorable, elle a eu lieu entre 1h30 et 3h30 du matin.
Après une journée épuisante et une soirée mouvementée. Une nuit où il y avait deux personnes supplémentaires qui dormaient à la maison. Et juste avant que Miss Thing One, ayant une fois de plus refusé de terminer son dîner la veille, nous appelle à six heures du matin pour nous signaler qu'elle avait faim.
Finalement, l'idée de faire une chambre d'enfants à la cave, deux étages plus bas, n'est pas si mauvaise que ça, si ?

mercredi 22 février 2012

Tous les cacas

Hier matin, j'ai passé trois heures dans une librairie réservée aux collectivités avec la directrice et l'éducatrice de la crèche. Comme je me suis auto-proclamée "spécialiste de la littérature jeunesse", elles m'ont proposé d'aller avec elles renouveler leur stock de livres. 500 euros à dépenser en bouquins, et pas un sous à débourser ; j'ai dit oui, vous pensez bien.
(Et puis on a toujours intérêt à être en bon terme avec les gens qui sont responsables de vos enfants...)

Bref, pendant toute la matinée, j'ai feuilleté et sélectionné des albums. Mais l'éducatrice m'a confié un regret : le personnel qui s'occupe des 2-3 ans ne veut pas lire de livres "pipi-caca". Les auxiliaires découragent même les enfants à crier "caca boudin !" à tout bout de champ. Je peux comprendre que ça les lasse, mais ce n'est pas forcément le meilleur moyen de gérer cette phase...
Du coup j'ai acheté pour moi-même (avec mes propres deniers, je vous rassure, et sans la réduction réservée aux professionnels, hélas) le livre ci-contre, qui devrait faire s'écrouler de rire tout enfant de 3-5 ans normalement constitué, dans la même collection que Tous les bisous ou Tous les câlins, que j'ai déjà (il y en a beaucoup d'autres). Un bouquin cartonné, solide, avec des onglets pour tourner facilement les pages, qui montre par exemple l'énorme caca d'éléphant et le caca sur le trône du roi lion, et qui se termine par un "Au revoir caca !" lancé par un petit garçon qui vient de tirer la chasse, ce qui est bien trouvé (les enfants de cet âge ont souvent du mal à accepter de laisser "un morceau d'eux" partir dans les toilettes, et c'est un bon moyen d'aborder le thème de manière ludique).
Pour l'instant, les Things sont encore trop petits pour l'apprécier vraiment, même si Mr Thing Two commence à répéter joyeusement des "pout ! p(r)out !" bien peu discrets dès que quelqu'un a le malheur de lâcher un petit vent à côté de lui (aïe aïe aïe).
En revanche, il a beaucoup plu au Grand.
Et à Darling.
Je ne suis pas sortie de l'auberge.

mardi 21 février 2012

Les petits maux de la grossesse (9) : l'hypersalivation

Tout comme la rhinite gravidique, c'est un petit machin presque marrant... pour ceux qui ne sont pas concernés. Certaines femmes – dont moi, est-il nécessaire de le préciser ? – se mettent à saliver plus que d'habitude quand elles sont enceintes. Mais vraiment beaucoup, beaucoup plus. Quand on est scientifique, on appelle ça l'hypersialorrhée ou le ptyalisme, c'est nettement plus chic.

Concrètement, ça veut dire que vous avez toujours la bouche pleine et que vous devez avalez à chaque seconde. Ça n'a l'air de rien, dit comme ça, mais quand ça dure plusieurs mois, je vous assure que c'est très pénible. Surtout que les mois concernés sont ceux du début de la grossesse, ce qui signifie que si vous avez bien suivi, ça coïncide avec les nausées. Et la dernière chose qu'on a envie de faire quand on est nauséeuse, c'est d'avaler. Enfin, non, c'est l'avant-dernière chose, car la dernière chose, c'est cracher : la simple suggestion d'accumuler ma salive dans un récipient comme le font certaines femmes suffisait à me retourner le coeur (encore un peu plus, je veux dire).

Et puis c'est traître, ça peut dénoncer une grossesse qui n'est pas encore visible. Je suis allée chez la dentiste en tout début de grossesse, et celle-ci n'en revenait pas de la quantité de salive que je produisais. Mais comme c'est une vraie commère et que je n'avais pas envie qu'elle me pose dix mille questions auxquelles j'aurais bien du mal à répondre, vu que j'avais ses doigts dans la bouche, je l'ai laissée croire que c'était la vue de sa fraise qui me faisait saliver ainsi, miam miam.

lundi 20 février 2012

Traumatisé

Le Grand tousse.
Ça fait deux heures qu'il est couché, et plus d'une heure qu'il tousse.
Il faut faire quelque chose.
Le sirop dans la main droite, la ventoline dans la main gauche, je rentre dans sa chambre et je l'appelle doucement.
Il se redresse d'un bond sur son lit, affolé :
— Quoi ? Quoi ?
— Rien, je t'apporte du sirop contre la toux. Pourquoi t'inquiètes-tu comme ça ?
— Ah, bon ! J'ai cru que tu avais perdu les eaux...

Visiblement, il se souviendra longtemps d'avoir été tiré du lit et envoyé terminer sa nuit chez un copain, il y a deux ans, pour cause de double naissance imminente...

dimanche 19 février 2012

Silence, on crie !

Grosse, grosse fatigue, depuis quelques jours. Longues journées, beaucoup de boulot, beaucoup d'enfants, et très mauvaises nuits.
Et visiblement, je ne suis pas la seule à accuser le coup, à la maison. Les petits sont des mauvais poil, le Grand nous la joue "pré-ado", et Darling n'est pas forcément au mieux de sa forme.
Résultat ? Tout le monde s'énerve et crie sur tout le monde.
Enfin, non, pas tout à fait. Chacun crie sur certaines membres en priorité. Question d'affinités.

Moi, je crie surtout sur Darling, et pas mal aussi sur le Grand. Pour les Things, ce n'est pas l'envie qui m'en manque, mais je réussis la plupart du temps  à serrer les dents. Ne criez pas (surtout pas !) à l'injustice, leur tour viendra bien assez tôt.
Darling crie sur le Grand, et puis aussi sur les Things, ce qui m'énerve, donc je lui crie dessus. Et aussi sur lui-même ou dans le vide, en égrenant un chapelet de juron quand quelque chose lui échappe des mains, par exemple. Ce qui m'énerve, donc je lui crie dessus (bis). Par contre, il n'ose pas trop s'en prendre à moi. Un reste de lucidité, sans doute.
Le Grand crie tout le temps, sur tout le monde. Il conteste le moindre de nos ordres, peut se mettre à tempêter parce qu'on lui a dit de se laver les mains, est incapable de parler d'une voix normale à son frère et sa sœur, avec qui il ne sait que chahuter jusqu'à ce que ça dégénère, ou hurler à la moindre micro-bêtise.
Quant aux petits, ils crient pour un oui pour un non. Miss Thing One, en particulier, est capable de se mettre dans une rage folle parce qu'on lui a mis son chausson droit avant le gauche, parce qu'elle a toussé en prenant son biberon, ou parce qu'on a soufflé sur la première cuillerée de purée trop chaude (authentique). Et contrairement à Mr Thing Two, elle n'est pas "distrayable". Aucune chanson, aucun câlin, aucun jouet, aucune friandise ne la sortira de sa colère. Ni la sévérité, ni la douceur, ni l'isolement. Hier soir, il m'a fallu 45 minutes pour qu'elle consente enfin à manger, alors qu'elle avait faim et que c'était une purée qu'elle aimait. Je crois que la crise a commencé quand j'ai essayé de la redresser sur sa chaise.
C'est épuisant. Pas étonnant que je sois épuisée. Et donc de mauvaise humeur. Et donc assez portée sur les cris.

(Et ne venez pas me faire la morale, hein. Je SAIS que c'est très vilain de crier devant ses jeunes enfants. Je SAIS qu'il y a des famille où on ne prononce jamais un mot plus haut que l'autre. Je ne SAIS PAS comment ils font, par contre...)

A part ça, il y a quelque chose qui m'étonne. Les voisins du dessous, qui avaient accueilli avec un grand sourire et plein de félicitations et de questions l'annonce de ma précédente grossesse, ne m'adressent quasiment plus la parole depuis qu'ils savent que je suis à nouveau enceinte. Bizarre, non ?

vendredi 17 février 2012

Yéoubwon ?

C'était un délicieux gratin de chou-fleur, avec quelques pommes de terre, de la béchamel enrichie de beaucoup de fromage, du jambon. Il en restait une grosse part, que je me faisais une joie de me réchauffer le lendemain midi pour mon déjeuner solitaire. Et puis la soirée a passé, les corvées se sont enchaînées, l'heure de faire dîner les Things est arrivée, et je n'avais rien préparé (ça rime, on pourrait faire une chanson). Du coup, j'ai sacrifié mon gratin. Je l'ai écrasé à la fourchette pour que les morceaux ne les rebutent pas, j'ai rajouté un peu de lait pour que ce ne soit pas trop sec, je l'ai réchauffé à la bonne température.
Ils n'en ont pas voulu.
Même pas accompagné du générique des "Barbapapa", chanté par leur mère excédée aimante.
Pareil la veille avec le reste de pâtes aux champignons, thon et poireaux, que j'aurais très volontiers mangé moi-même. Et l'avant-veille avec la purée de carottes et céleri-rave.

Et ce matin, tirée du lit une fois de plus bien trop tôt, aux alentours de 6h15 alors que depuis Noël, nous étions passés à un très raisonnable 7h15 ou même 7h30, j'ai enfin compris que ce qui les réveillait si tôt depuis une dizaine de jours, c'était la faim.
Compréhension aidée par Mr Thing Two qui, entre deux cris, gémissait "Yéoubwon ? Yéoubwon ?" en boucle. Ce qui, traduit en langage courant, signifie en gros "Mais où est mon biberon, pourquoi ne me l'avez-vous pas encore apporté, je meurs de faim, c'est incroyable ce qu'on est mal servi, dans cet hôtel !"
Il faut croire que les trois ou quatre desserts qu'ils me réclament soir après soir – une demi-banane, une demi-pomme, un yaourt, des tâteaux – ne suffisent pas. 

Ce soir, ils finiront leur bol de purée, dussé-je me munir d'un entonnoir.

mercredi 15 février 2012

Lire ou dormir, il faut choisir

Il y a des moments où je préférerais faire un travail manuel (pas trop abrutissant tout de même, de préférence) plutôt qu'être traductrice. La phase de relecture de mes textes avant envoi à l'éditeur en fait partie. Car contrairement à écrire, et encore plus à cuisiner, ou bricoler, ou n'importe quoi du genre, lire – surtout un texte qu'on connaît déjà par cœur – est propice à l'endormissement. Surtout quand ça fait plusieurs nuits qu'on se couche tard parce qu'on travaille, ou qu'on se lève très tôt pour cause d'enfant malade. Ou les deux.
Les yeux qui se ferment tout seuls, le nez qui se rapproche des pages imprimées, la phrase qu'on doit relire quinze fois de suite pour en comprendre le sens alors qu'on l'a écrite soi-même, les pensées qui vagabondent malgré les coups de fouets mentaux qu'on se donne, c'est une véritable torture. On a beau se relever toutes les demies-heures pour débarrasser la table, vider le lave-vaisselle ou exécuter n'importe quelle autre activité physique qui vous secoue un peu, on a beau se laver la figure à l'eau froide, on a beau s'installer dans des positions aussi inconfortables que possible, il y a toujours un moment où on finit par s'endormir pour de bon, "juste cinq minutes", parce qu'on n'y tient plus. Et bien sûr, non seulement on dort deux heures, mais en plus on dort mal, en rêvant qu'on essaie désespérément d'ouvrir les yeux (parce qu'on est dans un musée, ou au volant d'une voiture...) sans y parvenir. Un de mes rêves récurrents, dont je me réveille toujours avec une migraine tenace.
Je vous laisse, ma pseudo-sieste de ce matin ne m'a pas vraiment reposée, et j'ai encore plein de coquilles à corriger et de répétitions à pourchasser d'ici demain soir avant de pouvoir me débarrasser enfin de ma traduction pour de bon...
... jusqu'au stade des épreuves, bien entendu.
(Mais comme disait ma grand-mère au moins dix fois par jour, faisons les choses une par une !)

mardi 14 février 2012

Joyeuse Saint-Valentin !


En toute honnêteté, dans notre foyer, l'exemple est mal choisi, car le balais (qu'il manipule au moins quinze fois par jours) et occasionnellement l'aspirateur sont la propriété exclusive de Darling.
(Par ailleurs, s'il me rapportait des fleurs un jour, je tomberais à la renverse. Je précise que je n'y tiens pas, ce n'est pas seulement par manque de romantisme de sa part.)

En revanche, celle-ci s'applique nettement plus :

 

lundi 13 février 2012

Les petits maux de la grossesse (8) : pipiiiiii !

J'ai d'abord voulu intituler ce billet "pipiiiiii !", puis je me suis dit que ce n'était pas sérieux, et j'ai opté pour "Les troubles urinaires". Puis je me suis dit que de toute façon, ce blog n'avait pas vocation à être sérieux, et j'en suis revenu à "pipiiiiii".
(Je sais, c'est passionnant.)

Je ne vais pas en faire des tartines là-dessus, car c'est un des "petits maux" les plus connus. A ma connaissance, toutes les femmes enceintes en souffrent, souvent au début de la grossesse pour des questions hormonales, mais surtout au dernier trimestre, car le bébé appuie sur la vessie. Quand il ne la confond pas avec un ballon de foot, ce qui est moyennement agréable.
Des solutions ? Aucune. A part boire moins, bien entendu. Ce qui n'est pas du tout, du tout, du tout conseillé. Car les femmes enceintes sont particulièrement sujettes aux infections urinaires. Et toutes celles qui ont déjà connu ça savent à quel point c'est douloureux.
(Et quand ça vient en sus d'une mycose, je ne vous dit pas. Si, je vous dit ? Non, je ne vous dit pas.)
Par ailleurs, si on essaie de résister le plus longtemps possible, on risque des problèmes d'incontinence. Ce qui n'est pas très gai non plus.

Cependant, il faut avouer que cette vessie qui se rappelle à vous toutes les heures, à moins de toilettes inaccessibles ou dégoûtantes, ce n'est pas très grave. Un peu casse-pied, mais pas très grave. De jour.
La nuit... Ce n'est pas très grave non plus, mais c'est vraiment casse-pied. Même si ça permet de découvrir qu'on peut aller uriner aux trois quarts endormie, yeux clos, dans le noir complet, et reprendre ensuite son rêve là où on l'avait laissé (si un beau jeune homme figure dedans, sinon c'est moins intéressant).

Parfois, ça peut même s'avérer utile. Sans aller jusqu'à l'histoire de la dame qui a eu la vie sauve car son énième voyage aux toilettes lui a permis de découvrir un début d'incendie (elle ne devait pas encore avoir maîtrisé la technique du pipi endormie), il peut y avoir des situations où c'est bien pratique de se réveiller toutes les 90 ou 120 minutes. Quand j'étais enceinte du Grand, nous avons eu une fuite au plus grand radiateur de l'appart, qui s'est vidé petit à petit de son eau – un weekend, bien entendu. Le radiateur étant situé sous la porte fenêtre, très bas, il était impossible de mettre une grosse cuvette dessous : nous avons dû nous contenter d'un plat à gratin. Qui se remplissait donc assez vite. En deux heures, environ.
Vous me voyez venir ? Oui, j'ai profité de chaque lever-pipi de ma nuit du samedi et du dimanche pour vider le plat, et notre plancher a été sauvé.
Comme quoi, parfois, on trouve des raisons de se réjouir là où on ne s'y attendait pas.


(Ce qui me fait penser que je ne vous ai pas encore parlé de Pollyanna ! Ça ne saurait tarder...)

samedi 11 février 2012

Minche alors...

Cette fois, c'est vraiment parti. Mr Thing Two est en plein boom du langage. Chaque jour, des mots nouveaux apparaissent dans son vocabulaire, et il répète de plus en plus de choses.
Ce qu'il dit reflète donc assez bien nos activités ou notre état d'esprit.
Or, depuis 6h30 ce matin, nous avons un gamin malade, une autre d'une humeur massacrante, et un qui tourne dans l'appart comme un lion en cage. 
Ses acquisitions du jour, dont je porte l'entière responsabilité, sont donc les suivantes :
- Ah, minche !
- Marre, marre, marre !
- Oh, God !
Vous remarquerez que je reste polie même quand j'ai envie d'accoucher (rapidement) sous X et de m'exiler ensuite au Népal.
On ne peut pas forcément en dire autant de son père.
Mon seul espoir est que, quand il dira "Feuk !" lundi à la crèche, les auxiliaires ne devinent pas que c'est sa première tentative de parler anglais...

vendredi 10 février 2012

Joies et dangers du googlage

Après le premier jet et le lissage, et avant la relecture sur papier, il y a pour moi une étape importante dans la finalisation d'une traduction : celle de la vérification.
Je fais souvent les recherches les plus simples en cours de traduction, mais je garde les autres pour la fin. Et je passe donc une partie de la journée sur Wikipedia ou sur Google. Le dictionnaire a ses limites quand il s'agit de termes techniques ou d'argot.
C'est ainsi que j'ai été amenée à chercher des photos de Palerme sur un nombre incalculable de sites touristiques pour vérifier si la petite construction dans laquelle se réfugiait mon héros poursuivi par la mafia pouvait réellement être qualifiée de "kiosque".
C'est ainsi que je me suis retrouvée sur des blogs de tricot, aussi perplexe qu'une poule devant une tondeuse à gazon, pour essayer de comprendre ce qu'était concrètement une maille à l'envers.
C'est ainsi que chaque fois que l'un de mes héros monte sur un bateau, je me vois obligée de passer des heures sur des sites de passionnés de marine pour utiliser les mots justes.
C'est ainsi qu'en cherchant des renseignements sur Babe, le petit cochon, j'ai pu admirer des centaines de dames peu vêtues sur Google image. (Faites le test, pour voir.)

Je ne déteste pas cette étape, j'apprends souvent plein de choses. Mais je tombe parfois sur des informations ou des citations dont je me passerais bien. Quand il faut vérifier le nom d'une maladie, par exemple...

Il y a un autre sujet sur lequel je suis encore plus ignorante que sur le tricot, les bateaux ou la médecine : la drogue. Or, dans les romans pour adolescents, on trouve parfois des choses bien peu catholiques. Il me faut donc vérifier systématiquement comment on désigne telle ou telle action ou tel ou tel accessoire, sans quoi mes lecteurs risquent de se douter que c'est une respectable mère de famille qui a écrit ces lignes et pas le jeune rebelle de quinze ans qui parle à la première personne du singulier.
Si un jour la police saisit mon ordinateur, je suis mal barrée.

Mais j'ai gardé le pire pour la fin.
Aujourd'hui même, en voulant vérifier si les cristaux de cocaïne pouvait bien être transformés en poudre à l'aide d'une "petite râpe en plastique"(j'avais déjà trouvé qu'on en faisait des "rails" qui étaient "sniffés" à l'aide d'un petit tube appelé "paille", merci Wikipedia) et en tapant donc "râpe cocaïne" dans Google, devinez ce que j'ai trouvé ?
(Indice : Google ne prend en compte ni les trémas, ni les accents, et a cru que ma requête était en langue anglaise.)

Bon. Y a-t-il un cocaïnomane dans la salle ?

jeudi 9 février 2012

Lessives et calculs

Je fais environ dix lessives par semaine. Deux chaque jour ouvré, en moyenne. Tous les matins du lundi au vendredi, je trie le linge et je fais partir une lessive ; tous les après-midi, j'en lance une deuxième ; tous les soirs, je détends et plie le linge de la veille, et j'étends les deux lessives du jour. Tout ça me prend donc au moins 45 minutes par jour.

En ce moment, j'étends 70 chaussettes par semaine. Bientôt 84. Plus, très prochainement, 21 bodies et 21 slips, 42 T-shirts ou chemises, les pantalons, les pyjamas, les bavoirs, les torchons, les serpillières, les serviettes, les draps, etc. Sans même parler de ces mois charmant où, au moindre mouvement, le nouveau-né recrache la moitié du lait avalé sur ses vêtements, ceux de ses parents, et le magnifique tapis d'éveil ou les draps du berceau, quand ce n'est pas la housse du canapé.

Je rêve d'un sèche-linge. Ça ne résoudrait pas tout, mais ça me ferait tout de même gagner beaucoup de temps.
Oui, mais pour mettre un sèche-linge au-dessus de la machine à laver – les machines combinées ne sont pas adaptés à un usage aussi intensif –, il faudrait condamner le vide-ordure.
Or, il y a une chose pour laquelle le vide-ordure s'avère vraiment utile : les couches.
(Non, je n'utilise pas de couches lavables. J'ai essayé. Mais j'ai craqué. J'achète des couches biodégradables, écolo, tout ça, mais mes efforts s'arrêtent là. Que celui qui a envie de se coltiner un bac entier de couches mouillées et puantes tous les jours, étendage compris, en sus des autres lessives, me jette la première crotte.)
Sans vide-ordure, il va falloir descendre toutes les couches au sous-sol pour les jeter.
Soit en moyenne 12 couches par jour quand les Things ne seront pas à la crèche, et même plutôt 15 ou 20 durant les premiers mois du Têtard.
OK, c'est Darling qui se charge des poubelles, mais parfois il oublie. Ou n'a pas le temps. Et ça sent mauvais. Et c'est envahissant. Et c'est la barbe.

84 chaussettes par semaine à étendre, 84 couches par semaine à descendre... Mon cœur balance.


Alors, avec ce genre de questions existentielles à résoudre, comment voulez-vous que je m'intéresse à la crise financière ? Tout ce que je sais, c'est que si j'achète un sèche-linge, il sera de classe énergétique AA+. C'est déjà pas si mal.

mercredi 8 février 2012

Des maux et des mots

Hier après-midi, je vois arriver mon Grand par la fenêtre. Il a l'air de très bonne humeur (je saurai plus tard que c'est dû à l'absence de devoirs pour jeudi). Mais quand il sonne à la porte, je le retrouve en pleurs.
— Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Je me suis fait maaaaal ! Bouhou !
Je le scrute, ne vois aucune plaie nulle part.
— Où ça ?
— Dans l'escalier !
Ah.
Bon, passez-moi la pommade, je vais aller en mettre un peu sur chaque marche.


Hier soir, je suis déjà au lit, Darling se déshabille. J'entends un coup suivi d'un hurlement de douleur. Aimablement, je m'enquiers :
— Qu'est-ce que tu t'es fait ?
En guise de réponse, un rugissement :
— Mal !
Non mais attendez, je veux bien faire semblant d'être pleine de compassion, mais faudrait arrêter de me faire rire, aussi.


(Cela dit, je recommande le fou-rire inextinguible à minuit juste avant de dormir, quand on vient de passer à deux doigt de la crise de nerfs après avoir acheté trois billets de train sur Internet : rien de tel pour retrouver sa bonne humeur.)

mardi 7 février 2012

A eux de nous faire préférer le train...

Objectif (non professionnel) du jour : prendre un billet pour le Grand, qui va passer quelques jours en province, chez sa grand-mère, pendant les vacances de février.
Après examen de toutes les possibilités (accompagnateurs SNCF, aller-retour de Darling pendant la journée, rencontre à mi-chemin avec la grand-mère...), nous décidons qu'il partira plus tôt que prévu, puisque ma mère passe justement par Paris peu avant. Ils feront le voyage ensemble, et pendant les deux jours suivants où ma mère travaille, il se tournera les pouces, voilà.

Or, ma mère a déjà son billet. Elle part le mercredi soir, à 19h11. Je vais juste prendre un autre billet pour lui ; j'en ai pour cinq minutes.
Je vais sur voyages-sncf.com. Je trouve le train de 19h11. Je demande à choisir ma place, en voiture 15, pas trop loin du siège numéro 42.
Le site me propose une place voiture 7.
Gné ?
Je recommence. Une fois, deux fois, trois fois. Toujours la voiture 7.
Je commence à m'énerver. Non d'un chien, pourquoi pas la voiture 16, s'il n'y a plus de place en voiture 15 ? Sinon, ils vont être dans deux rames différentes, sans possibilité de passer de l'une à l'autre !
Tiens, mais d'ailleurs, maintenant que j'y pense...

Vérification faite, il y a deux trains qui partent le mercredi soir à 19h11. Deux rames différentes, avec des références différentes. Un iDTGV, et un TGV normal.
Ma mère a pris une place dans l'iDTGV. C'était moins cher, à l'époque (il y a quatre jours).
Maintenant, au contraire, c'est 20 euros de plus que le TGV normal. Il y a sûrement une logique, mais j'ignore laquelle.
Bon, on ne va pas chipoter. Vingt euros de plus, pour me débarrasser du gamin pendant presque trois jours de plus que prévu, c'est donné. Je recommence ma réservation, avec le bon train, cette fois.
Ah oui, mais dans l'iDTGV, on ne peut pas choisir sa place. Juste son "ambiance". Ma mère est-elle plutôt "zap" ou "zen" ? Bon, allez, je choisis au pif, je valide, on verra bien : je recommencerai jusqu'à ce qu'il me propose la voiture 15.
Sauf que le site refuse de me dire quelle place il m'a attribuée. Je le saurai après le paiement. Ça me fait une belle jambe.

Bon, j'en ai assez. Parfois, les humains sont irremplaçables. Je téléphone à la SNCF.
Une voix charmante m'informe que cet appel va me coûter très cher, puis me demande de prononcer à voix haute le nom du service voulu. Je tousse, donc je dois m'y reprendre à deux fois. Attention, c'est parti. "Sommaire". "Billet". "France". Musique d'ambiance, longtemps, puis quelqu'un me répond. Un homme, un être humain, un cerveau pensant (mais si). Alléluia !
Je suis une cliente modèle : je donne la date, l'heure, l'âge de l'enfant, le taux de réduction de la carte famille nombreuse, le numéro de voiture souhaité.
Sauf que non, il n'y a pas de voiture 15, me dit-on.
— Ah, mais c'est parce que vous êtes dans le mauvais train, il y en a deux à la même heure, attendez, je vais vous donner la référence.
(Une cliente modèle, je vous dit.)
— C'est bizarre, cette référence n'apparaît pas dans le système. Ce ne serait pas un iDTGV, pas hasard ?
— Si, c'est ça.
— Ah mais oui mais non, les billets iDTGV sont vendus uniquement par Internet.

Ne nous énervons pas. Je lui explique mon problème. Je lui demande ce qui se passerait si je faisais monter mon gamin dans l'autre rame. Croit-il que le contrôleur s'offusquerait ?
— Franchement, c'est possible, parce que les contrôleurs des iDTGV ne sont pas les mêmes que les contrôleurs des TGV. En fait, ce n'est pas la même compagnie.
— Et si ma mère changeait son billet et prenait directement les deux places côte à côte ?
— Elle peut, mais il y a des pénalités quand on fait des échanges.

...

...

— Dis, mon grand, ça te dérangerait tant que ça d'aller au centre de loisirs aux prochaines vacances ?




(Finalement j'ai pris un billet pour l'iDTGV, mon gamin est en voiture 18. J'ai aussi pris le billet retour, avec le billet aller de Darling qui va aller récupérer le gamin sur place. J'ai dû réinitialiser mon mot de passe trois fois, car pour une raison mystérieuse, ce site ne me reconnaît qu'une fois sur deux. Et puis j'ai dû refaire le paiement exactement six fois de suite, chaque billet séparément, car de temps en temps, le site m'affirmait que ma carte "ne permettait pas le paiement 3dsecure". Et n'enregistrait pas mon panier, bien sûr. Et surtout pas sous mon compte, auquel je ne pouvais de toute façon pas me reconnecter. En gros, ça m'a pris un peu plus de temps que si j'étais allée chez ma mère à pied. Mais j'ai réussi. Mon enfant aura des vrais vacances. J'ai vaincu voyages-sncf.com. Je n'ai pas démoli mon ordinateur. Je n'ai pas hurlé. Je suis une championne. Vive moi. Je n'ai pas bossé une minute de la soirée, mais je peux aller me coucher avec la satisfaction du devoir accompli.)

lundi 6 février 2012

Affamés

Ils sont arrivés à trois, le Grand et deux copains à lui. J'avais préparé un gâteau, pour ne pas avoir à leur céder deux paquets de biscuits comme la dernière fois. A eux trois, ces grands garçons d'une dizaine d'années l'ont quasiment dévoré en entier. Darling et moi avons pris une petite tranche chacun avec notre thé. Les Things l'ont terminé au dîner. Vie et mort d'un Victoria sponge, en moins de deux heures. Il y a deux semaines, c'était une tarte aux pommes qui avait connu le même sort.

Un jour, dans quatre ou cinq ans, ils reviendront affamés tous les après-midi vers 17h, trois enfants et un ado maigre comme un clou, plus quelques copains éventuels. Faudra-t-il alors que je prépare un gâteau tous les jours ?

Pour le dîner, juste notre dîner à tous les trois, j'ai découpé, lavé, épluché douze poireaux. Il en reste à peine de quoi en donner aux Things demain soir, avec un peu de purée ou de pâtes. J'ai refait des yaourts : les huit pots préparés samedi ont disparu. Il va falloir que je commande un nouveau lot de dix kilos de pommes très vite. Et les deux pains fait aujourd'hui auront été avalés d'ici demain soir...

C'est la première fois que je me rends compte que nourrir une famille de six gros mangeurs (sauf si le Têtard ne suit pas les traces familiales, ce qui serait surprenant) n'est pas une sinécure, sans même parler du budget !

dimanche 5 février 2012

Premières fois

Première fois que je fais des couettes à Miss Thing One, et que je lui mets une robe par-dessus le marché (bon, ça ce n'est pas la première fois... mais ça n'arrive vraiment pas souvent). Tout le monde s'est extasié, et elle-même a passé un certain temps devant le miroir. Tant mieux, puisque selon ma mère, il faut que je joue un peu à la poupée avec elle et que j'encourage sa coquetterie pour qu'elle ne soit pas aussi mal attifée que moi plus tard. (En fait elle n'a pas dit ça comme ça... mais presque.)

Première fois que les deux Things sortent de la résidence sans poussette ni porte-bébé, et qu'ils marchent dans la rue. Contrairement à ce que je craignais, Mr Thing Two a accepté d'aller dans la bonne direction, à condition qu'on ne lui donne PAS la main (et qu'on le laisse toucher à tout et grimper sur toutes les marches). Ce n'est pas encore demain qu'un seul adulte pourra sortir avec les deux enfants, mais c'est un pas en avant.

Première fois que les Things vont chez la coiffeuse. J'ai choisi celle-ci pour sa rapidité, et en effet, après avoir rapidement humidifié la chevelure avec un vaporisateur, il lui a fallu tout au plus cinq minutes par tête. Miss Thing One a toujours ses frisettes, mais moins de nœuds ; quant à Mr Thing Two, il a troqué ses larges boucles blondes d'angelot contre une tête de mecton coquin tout à fait adorable (et bien plus honnête). Et en plus, sous prétexte que c'était leur première coupe, la coiffeuse a refusé de nous faire payer.

Première fois que le Grand va à une pyjama-party. J'ai bien dit aux parents qu'ils ne devaient pas hésiter à me le réexpédier s'il était trop insupportable, mais selon Darling qui l'a emmené là-bas, "ils étaient tous surexcité, donc ça devrait aller, il ne devrait pas trop se faire remarquer". Apparemment, ça s'est bien passé, et il a même joué à peu près calmement avec le bébé de la famille, de l'âge des Things. Comme quoi certaines choses ne sont possibles que chez les autres.

Première fois que les Things voient la neige, si on ne compte pas l'hiver dernier où ils étaient bien trop jeunes. Peut-être comprendront-ils un peu mieux les albums présentant des paysages tout blancs, maintenant. En revanche, le bonhomme de neige made in Paris n'est pas pour tout de suite.

C'est long, un weekend en famille à la maison.
Mais ça peut être chouette.
(Mais c'est long, quand même.)

samedi 4 février 2012

Salaires en soldes !

Pour la date à laquelle a lieu la dernière démarque des soldes dans la plupart des régions de France, Osez le féminisme propose cette affiche...

Chez les traducteurs, pas de salaires, bien évidemment, mais un pouvoir d'achat en baisse depuis des années, peut-être des décennies, car les rémunérations stagnent tandis que l'inflation galope. Or, cette profession compte de plus en plus de femmes et de moins en moins d'hommes. C'est bien connu, une profession qui se féminise est une profession qui se paupérise. Mais ce n'est pas grave, car ce que gagnent les femmes est toujours considéré comme un complément, un salaire d'appoint, n'est-ce pas ?
(Personnellement, je ne peux pas me plaindre, je gagne nettement plus que Darling. Mais serait-ce vrai si nous faisions le même métier ?)

vendredi 3 février 2012

Resto et clichés

Hier soir, nous sommes allés voir "Sherlock Holmes". Un film plutôt sympathique, même si en fait, je pense qu'on a entendu encore plus de cris et vu encore plus de bagarres que si nous étions restés avec les enfants.
Mais ce n'était pas de ça que je voulais parler.

En sortant de là, nous sommes allés dans le premier bistrot venu et nous avons commandé deux crêpes complètes. Je crois que ce sont les plus mauvaises crêpes de ma vie : de la pâte en carton, de l'emmenthal râpé en sachet, un œuf trop cuit, et du jambon premier prix abominable dont je me demande s'il a vraiment été un cochon un jour.
Mais ce n'était pas de ça que je voulais parler.

Pour accompagner les crêpes, nous avions le choix entre crudités ou gratin dauphinois. Comme je redoute les tomates et concombres que les bistrots servent imperturbablement en février, j'ai choisi le gratin. Darling, qui n'a peur de rien, a choisi les crudités. C'est moi qui ai passé la commandes pour nous deux.

Quand le monsieur est revenu quelques minutes plus tard avec nos assiettes, devinez devant qui il a posé, sans l'ombre d'une hésitation, celle qui contenait la salade ? Sans même prendre la peine de poser la question ?

Et plus tard, lorsqu'il nous a apporté le lecteur de carte bleue à la fin du repas, devinez à qui il a tendu le terminal, sans même prendre la peine de vérifier le nom sur la carte ?

C'est bien connu, toutes les femmes surveillent leur ligne et se laissent inviter au restaurant...
(La prochaine fois, j'apporterai un sandwich au cinéma, na.)

jeudi 2 février 2012

Le ver est dans le fruit

J'ai trouvé un ver dans un pamplemousse, après en avoir mangé au moins les deux tiers.
Puis-je au moins en conclure que c'était un vrai fruit bio, sans pesticide ?

Commentaire du Grand :
— Oh, te plains pas, maman, ça aurait pu être pire, tu aurais pu trouver deux vers... ou seulement la moitié d'un ver !

Temps de travail

Aujourd'hui, un billet sérieux et bourré de chiffres, que j'ai écrit avant tout pour moi-même, pour Darling et pour ma famille. Mais ça peut intéresser les gens qui se demandent comment on concilie famille nombreuse et travail, et si le fait de bosser à la maison rend la vie plus facile ou pas...


L'un des gros inconvénients quand on travaille à la maison, c'est que les gens sont souvent persuadés qu'on ne travaille pas vraiment, ou pas beaucoup. Un jour ou l'autre, il y a toujours une grand-mère pleine de bonnes intentions pour vous demander si on ne préfère pas chercher un "vrai" travail, ou un conjoint pour trouver ça tout naturel que ce soit vous qui alliez à la pharmacie ou triiez les cartons de vêtements des gamins, puisque lui n'a pas le temps.
Comme je suis de bonne foi (de temps en temps), je m'interroge régulièrement sur ce point. Après tout, je passe beaucoup de temps sur Internet, je ne minute pas mes pauses déjeuner, et quand je suis enceinte, il m'arrive même de m'octroyer occasionnellement une sieste. En toute franchise, est-ce que je travaille 35 heures par semaine, comme Darling ? Souvent, à la fin de la journée, je me dis que non.

J'ai donc décidé de faire le calcul, tout simplement.

Pour commencer, quand je me retrouve enfin seule à la maison le matin après avoir conduit les gamins à la crèche ou les avoir salués par la fenêtre pendant qu'ils partaient avec Darling, je débute invariablement ma journée par des tâches ménagères. Lessives, lave-vaisselle, pain ou yaourt, rangement, etc. Il est très rare que je m'assoie devant mon ordinateur avant 10h, souvent 10h30.
Et une fois enfin assise, mon thé (ou mon infusion veinotonique, beurk) à la main, croyez-vous que je me lance dans ma traduction à corps perdu ? Non, je vérifie mes emails. J'en écris, parfois. Puis je fais un petit tour sur quelques blogs, entre autres de cuisine. Je blogue moi-même, maintenant. Et puis je me rappelle que je voulais vérifier le prix des lits de bébé sur eBay. Ah et puis tiens, j'appelle la coiffeuse, pour prendre un rendez-vous. Oh, ça fait des semaines que je veux m'abonner à un deuxième panier bio ; aujourd'hui, je le fais. Donc d'abord, je vérifie quels sont les lieux de livraison, les horaires, les prix, les prix de la concurrence, et au fait, l'AMAP qui était complète a peut-être de nouveau des places ? Voyons ça. Tiens, ça me rappelle qu'on n'a plus de beurre, ni de fromage, ni de... Bon, je vais passer une commande chez Houra. Ah, et puis ça fait longtemps que je n'ai pas appelé ma mère, je vais lui passer un petit coup de fil.Allez, là il faut vraiment que je travaille. Ah, un nouvel email ! Je réponds, puis je m'y mets. Voilà, je m'y mets.
Pas longtemps. Parce que j'ai très vite faim, en général au plus tard à midi et demie. Donc je vais manger.
Bilan : dans le meilleur des cas, j'ai bossé une heure avant le déjeuner.

Je mange en lisant quelque chose, et en prenant mon temps. Puis je lance une autre lessive, je fais des biscuits pour les gamins, et puis tiens, peut-être des pannacotta, ça fera plaisir au Grand et à Darling. Je range un peu la cuisine, si j'ai le courage.
Oh, mince, il est déjà presque 15h ? C'est une blague ?
Pour le coup, je m'y mets, et je m'y mets vraiment, sans plus m'arrêter jusqu'à l'arrivée du Grand, un peu avant 17h. Si c'est Darling qui va chercher les gamins, je bénéficie encore d'une demi-heure de calme ; sinon, je m'arrête là.
Prenons le pire des cas : j'ai travaillé 3h pendant la journée. Ce qui nous fait 15h par semaine.
Ah ben oui, vu comme ça, c'est sûr que ça justifie que ce soit moi qui me tape les lessives.

Sauf que... non, attendez, j'ai oublié quelques détails.

Le soir, une fois les gamins couchés, au moment où Darling allume la télévision, je m'y remets presque systématiquement. Et bizarrement, je travaille souvent mieux, à cette heure-là. Je peux éventuellement encore écrire quelques emails ou imprimer quelques formulaires pour la sécu, mais je travaille au moins deux heures avant d'aller me coucher. Environ une fois par semaine, je sors, ou j'invite quelqu'un à dîner, ou j'essaie de choisir un prénom avec Darling. Reste que ça fait 8h de plus en soirée du lundi au vendredi, ce qui nous amène à 23h par semaine.

Et le weekend, vous croyez que mon ordinateur reste éteint ? A moins de m'effondrer de fatigue, je travaille au minimum une heure pendant la sieste des Things (et de Darling). Et puis encore deux heures lesoir. Donc en tout, 6h par weekend, en moyenne. Nous arrivons à 29h par semaine.

29h par semaine de quoi, au juste ? De travail rémunéré : traduction ou fiche de lecture. Oui, mais figurez-vous que pour faire des fiches de lecture, il faut d'abord lire le bouquin. A l'heure du déjeuner, par exemple. Eh oui, Télérama ne me dure pas toute la semaine. Parfois, ce sont des épreuves qu'il faut relire, même si la traduction a déjà été payée. Et d'autres éléments de travail se sont planqués dans le texte, plus haut. Vous y êtes ? Oui, voilà : la phrase récurrente "J'écris un email". Je n'ai pas vingt grands amis très bavards qui m'écrivent tous les jours, malheureusement. J'écris donc à tel éditeur pour lui réclamer mon contrat, à tel autre pour lui demander s'il a reçu tel bouquin auquel je m'intéresse, à un autre encore pour lui envoyer mes fiches de lecture, ou pour lui envoyer une facture (qu'il a donc fallu que je rédige au préalable) ou pour discuter avec lui du titre en français de ma dernière traduction. Tout ce travail "invisible" et non rémunéré mais indispensable me prend au moins une heure par jour ouvrable. Donc 29 + 5 ; nous voici à 34h par semaine.
Voilà qui commence à devenir raisonnable, n'est-ce pas ?

Mais j'ai un dernier atout dans la manche.
Quand Darling ou un salarié lambda est en vacances, il est en vacances. Pendant cinq semaines par an, plus les jours fériés, donc au moins six semaines en tout. Moi, si j'arrive à prendre deux semaines sans travailler du tout, sans même lire des manuscrits, je suis déjà ravie. Le reste du temps, je fais comme le weekend : deux ou trois heures de travail quand les enfants dorment. Mettons deux heures et demie, sur quatre semaines pendant lesquelles un salarié se tourne les pouces. Soit 112 heures en tout, à répartir sur les semaines travaillées de l'année. Plus de deux heures par semaine, donc.

Conclusion ? Nous arrivons à plus de 36h par semaine travaillée. Et j'ai calculé au plus juste.
Plus que le salarié qui fait 35h par semaine ou celui qui fait 40h par semaine avec des RTT au bout, donc.

Une dernière chose : la franchise doit être dans les deux camps. J'ai avoué très honnêtement que je passais souvent du temps sur Internet au lieu de bosser. Et les salariés qui sont dans leur bureau exactement 7h par jour, passent-ils exactement 7h par jour à bosser, et pas une minute de moins ? N'écrivent-ils jamais d'email personnels ? Ne bavardent-ils pas avec leurs collègues devant la machine à café ? Ne passent-ils pas de temps en temps un petit coup de fil à leur moitié ? Ne sortent-ils pas dix minutes pour fumer une cigarette ? Ne vont-ils pas faire un petit tour sur Internet, eux aussi ?
Autrement dit, 35h de présence hebdomadaire au boulot n'équivalent-elles pas souvent à 30h de boulot effectif, voire moins ?

Alors certes, de nombreux travailleurs indépendants, dont beaucoup de traducteurs, travaillent 50h ou 60h : je l'ai fait moi-même à certaines époques de ma vie, quand je n'avais qu'un seul gamin déjà grand. Et je sais qu'il y a aussi beaucoup de salariés qui passent bien plus que 40h par semaine au boulot (ce qui prouve simplement qu'ils n'ont pas d'enfants ou qu'ils laissent leur conjoint gérer la vie de famille et les tâches ménagères, ou encore qu'ils emploient nounou et femme de ménage, donc la situation n'est pas vraiment comparable). Mais la preuve est faite que ce n'est pas parce que je travaille à la maison que j'ai plus de temps libre que si j'allais dans un bureau du lundi au vendredi, même en comptant une heure de transport par jour aller-retour. Mes journées, et surtout mon année, sont organisés différemment, c'est tout.


Un de ces jours, je calculerai aussi le temps consacré aux taches ménagères et aux enfants, et le temps libre dont je dispose concrètement... Mais là, je vous laisse, il faut tout de même que je songe à travailler encore un peu avant de déjeuner !

mercredi 1 février 2012

Sécurisant


Je téléphone à l'Agessa, la sécurité sociale des auteurs (dont dépendent les traducteurs, donc), pour leur demander s'ils ont bien transmis mon dossier à la CPAM : mon congé maternité commence bientôt, et je sais par expérience que la communication entre ces deux organismes souffre parfois de quelques hiatus. La dernière fois, il m'avait fallu deux mois de relances et des dizaines de coups de fil pour toucher enfin mes indemnités. Il faut croire que les traductrices qui tombent enceinte, ce n'est pas courant.

Le monsieur de l'Agessa me dit qu'en fait, c'est la CPAM qui doit leur réclamer mon dossier et non l'Agessa qui l'envoie spontanément.
— Mais je les ai appelés la semaine dernière, et ils m'ont dit que c'était à vous de les contacter !
— Ah, mais non. Ce sont eux qui sont au courant de votre grossesse. Donc c'est à eux de nous contacter les premiers.
(Passons sur le fait que j'ai envoyé ma déclaration de grossesse, en double, aux DEUX organismes. Bref.)

Je téléphone à la CPAM. Le monsieur sur lequel je tombe examine tout d'abord mon dossier, confirme que ma grossesse a été enregistrée, confirme que je suis rattachée à l'Agessa. Donc tout va bien.
— Alors... Vous allez bientôt contacter l'Agessa et demander le calcul des droits d'auteurs, pour que mes indemnités ne tardent pas trop, si possible ?
— Oui, dès que nous aurons reçu votre formulaire.
— Ma déclaration de grossesse ? Mais c'est déjà fait !
— Non, pas votre déclaration de grossesse, le formulaire ou vous déclarez sur l'honneur que vous êtes affiliée à l'Agessa.
— Mais personne ne m'a jamais réclamé un tel formulaire !
— Peut-être, mais il faut l'envoyer quand même.
— Et de toute façon, vous le savez bien, que je suis rattachée à l'Agessa, vous venez de me le dire vous-même !
— Peut-être, mais il faut l'envoyer quand même. C'est comme ça, c'est la procédure. Vous pouvez l'imprimer directement sur notre site, Ameli.fr, c'est plus simple.


Pendant que j'y suis, je demande pourquoi seuls deux de mes enfants apparaissent sur mon attestation de carte vitale.
Après brève enquête, il s'avère que :
- Le Grand est rattaché uniquement à mon numéro de sécu et pas à celui de son père ;
- Miss Thing One est rattachée uniquement à son père, pas à moi ;
- Mr Thing Two est rattaché aux deux.

— Mais c'est absurde, je n'aurais jamais demandé un rattachement différent pour les deux jumeaux !
— Ah oui, c'est bizarre. Mais ne vous inquiétez pas, c'est très simple, il suffit que vous fassiez une déclaration sur l'honneur. Vous pouvez imprimer le formulaire sur notre site, Ameli.fr.

 Ouf. Heureusement que c'est simple, dites donc.