mercredi 30 novembre 2011

La pomme de la discorde

Je me suis fait livrer dix kilos de pommes. Des royal gala, certifiées AB, parce que je suis une bo-bio.
Ça fait beaucoup, c'est vrai. Deux gros sacs pleins à ras bord. Mais Darling et le Grand en mangent une à chaque repas, ce qui nous fait donc dix-huit pommes par semaine, en ne comptant pas les déjeuners qu'ils prennent au boulot / à la cantine. J'ai beau en acheter plein, il ne m'en reste jamais assez pour faire de la comporte pour les Things, ou des tartes, et pourtant, c'est bon, les tartes.
Pour Darling, cette habitude est assez récente, et liée à des raisons médicales. Comme disait Churchill, "Une pomme par jour éloigne le médecin... pourvu que l'on vise bien." En ce qui concerne le Grand, c'est une phase, comme la phase "un dessert qui n'est pas un yaourt n'est pas un dessert", ou la phase "sans compote, pas de survie", ou la phase "si on ne me donne pas un bout de pain à la fin du repas, je vais mourir". Une passion qui n'aura qu'un temps, mais très intense, pour l'instant.

À tel point que l'autre jour, dans l'Eurostar, en allant vers Londres, il s'est exclamé avec rancoeur :
— Ils sont méchants, les anglais ! Ils n'aiment pas les enfants !
— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? me suis-je étonnée.
— Ben, c'est vraiment pas juste que les pommes soient interdites aux moins de quatorze ans...

Pardon ?

Devant mon air plus que perplexe, il s'est justifié :
— Mais si, c'est toi qui me l'a dit, l'autre jour, quand tu lisais ton guide !
Il m'a fallu quelques secondes pour deviner qu'il n'avait pas compris – car il ne le connaissait pas – le mot "pub"...

mardi 29 novembre 2011

Mi-parcours

Quatre mois et demi de grossesse. Encore autant à tirer.
Bon, je ne peux pas me plaindre, je suis dans la bonne période, entre le trimestre où ma vie se résume à deux phrases en boucle ("J'ai mal au cœuuuuur !" et "Je veux dormiiiiiiir !"), et le trimestre où on ressemble à un hippopotame maladif (mal au dos, varices, diabète, hémorroïdes, mycoses, insomnies, courbatures, et autres cochonneries dont je vous régalerai le moment venu) (les médecins appellent ça "les petits maux de la grossesse") (il faudrait tous les brûler vifs sans procès). Pour l'instant, je n'ai que des broutilles : des douleurs lombaires, une certaine fatigue, une tendance à m’essouffler assez vite, et d'autres désagréments presque négligeables comparés à ce qui m'attend et surtout à ce que j'ai vécu quand j'attendais les Things.
Je me rends consciencieusement aux visites médicales, je réponds à toutes les questions (note pour la prochaine fois : quand la sage-femme qui consulte le dossier s'exclame "Ah, je vois que vous avez eu du diabète gestationnel la dernière fois", ne pas répondre "Oui, ça me pend au nez, d'ailleurs je me gave de chocolats et de petits gâteaux en attendant". Le personnel médical n'a pas forcément le sens de l'humour), j'ai ressorti les T-shirts les plus grands et moches de ma garde-robe, et je ne mange même plus de Mont d'Or ou de saumon cru. Enfin, pas souvent. Pas très souvent.
Et hier, je suis allée à la deuxième échographie. Bon, la dame a compté les fémurs et les doigts, hein, au cas où ça aurait changé depuis la dernière fois, mais surtout, elle a confirmé le sexe, déjà annoncé par l'échographe précédente.

 Prémisse : j'ai passé ma jeunesse à tempêter contre les gens qui croyaient aux différences de caractère innés en fonction du sexe. Les phrases du genre "Oh la la, la pauvre, elle a eu trois garçons !" me faisaient bondir. Pour moi, c'était évident, tout était acquis. Il n'y a qu'à voir à quel point on s'adresse différemment aux garçons et aux filles, même nouveaux-nés. Savez-vos qu'Elena Gianni Belotti a même calculé que les tétées duraient moins longtemps pour les filles que pour les garçons, et que ces premières étaient sevrées plus tôt ? OK, c'était en Italie il y a quelques dizaines d'années, mais ça ne m'étonnerait pas que ce soit toujours vrai. En tous cas, on ne peut pas offrir des robes à dentelles aux filles et s'extasier devant leur beauté, ou des marteaux aux garçons et s'extasier devant leur vitalité, et ensuite prétendre que la coquetterie ou l'agressivité sont innés. Non mais.
(Et vous ne me ferez jamais croire que l'amour pour le foot, la cuisine ou le bricolage dépendent du sexe, ou que les hommes viennent de Mars et gnagnagna. Là, pour le coup, je m'y refuse catégoriquement.)
Cependant... en voyant côte à côte le Grand et sa jeune tante, et à présent Miss Thing One et Mr Thing Two, je commence à me poser des questions. Serait-il possible que la culture ne soit pas la seule en cause, que la nature joue aussi un rôle, peut-être pas au niveau du cerveau, mais des hormones ? Que les garçons "bouillent" réellement plus à l'intérieur, et ait davantage besoin de décharger leur trop-plein d'énergie, ce qui les pousserait à faire plus de bruit, plus de mouvements, et du coup plus de bêtises ?
Je n'en sais rien. Peut-être pas. Peut-être que les exclamations de Darling, qui a donné un prénom d'empereur conquérant à Mr Thing Two et qui admire sans cesse sa force, suffisent à expliquer ses différences avec Miss Thing One, qui peut passer vingt minutes à mettre un objet dans une boîte et à le ressortir sans aller casser des bouteilles de bière et ouvrir des flacons d'éosine (par exemple, au hasard).
Et au fond, je m'en fiche. Le fait est que, nature ou culture, les garçons ont bien l'air d'être plus turbulents que les filles – malgré d’innombrables exceptions, heureusement. Quelles qu'en soient les causes, c'est souvent le cas. Et quand elle était instit de maternelle, ma mère, aussi féministe fût-elle, ne l'ignorait pas.

Bref, l'échographe nous a dit qu'elle était sûre de son coup.
C'est un garçon. Et déjà en haut des courbes de croissance, comme son papa, comme son grand frère. Un garçon costaud, donc.
Au secours.

lundi 28 novembre 2011

Un pédiatre conciliant

J'aime notre pédiatre. C'est un monsieur d'un certain âge, qui a donc le mérite d'avoir vu passer des dizaines de normes de puériculture sans cesse contradictoires (lire à ce sujet le très drôle L'art d'accommoder les bébés, de Geneviève Delaisi et Suzanne Lallemand) et de prendre tout ça avec un certain recul. Par ailleurs, il est toujours très rassurant, "Ce n'est pas grave" étant sans aucun doute sa phrase préférée. Pas toujours patient avec les gamins remuants, et souvent débordé, mais très gentil, et absolument pas culpabilisant. Il n'a qu'un seul travers, ou plutôt une déformation professionnelle : il s'adresse aux parents avec le même ton gâtifiant qu'il emploie pour parler aux enfants. En clair, comme si nous avions quatre ou cinq ans. Mais c'est plutôt rigolo, une fois qu'on s'est habitué.

Vous lui dites que vous allaitez vos deux bébés jumeaux de cinq mois à 100% ?
- Eh bien c'est très bien, madame. Vous pouvez ajouter un biberon avec un peu de céréales le soir, si vous voulez.
- Oui mais en fait non, je ne veux pas.
- Eh bien c'est pas grave, vous continuez comme ça jusqu'à ce que vous en ayez assez, alors.

Vous lui dites que vous ne voulez pas allaiter ?
- Eh bien c'est pas grave, on va lui donner des biberons.

Vous ne stérilisez pas les biberons ?
- Eh bien c'est pas grave, Madame. Je laisse les parents les faire s'ils en ont envie, mais ce n'est pas du tout obligatoire.

Vous avez complètement oublié de lui donner sa dose de vitamine quotidienne depuis... bon, en fait vous ne la lui donnez jamais ?
- Eh bien c'est pas grave, on va donner une dose mensuelle, alors. Vous croyez que vous pouvez vous en souvenir une fois par mois ?

Votre gamin a des adhérences ?
- Eh bien c'est pas grave, Madame. Il se décalottera tout seul dans le bain dans quelques années.
- Vous ne pensez pas que je devrais...
- Mais non, Madame. Laissez-le tranquille. Vous, vous touchez seulement celui du papa.
(Véridique !)

Ce matin, je lui téléphone pour lui expliquer l'accident arrivé à la dent de Mr Thing Two.
- Oh, ce n'est sûrement pas grave, Madame, mais bon, il vaut mieux que vous l'emmeniez aux urgences pour qu'ils vérifient que la dent définitive va bien.
- Oui, c'est ce qu'on m'a dit de faire, mais je n'ai pas eu le courage ce weekend, enceinte, avec les deux petits...
- Ah, vous êtes encore enceinte ? Félicitations ! Eh bien c'est pas grave, Madame, vous y allez aujourd'hui, ou demain. Vous vous mettez deux coussins sur le ventre pour avoir l'air encore plus enceinte, et vous passez devant tout le monde.

Décidément, j'aime notre pédiatre.

samedi 26 novembre 2011

Un samedi avec Mr Thing Two

Ce matin, un peu avant six heures, Mr Thing Two s'est réveillé et s'est mis à crier. Non qu'il ait cru que la journée avait commencé : je ne les lève jamais avant sept heures, et ils ont pris le pli. Il a dû avoir un cauchemar, ou mal quelque part. Mais il ne voulait pas se rendormir dans son lit, non. Ni dans mes bras, d'ailleurs. Non, il voulait que j'aille m'allonger sur le canapé, avec lui contre moi, le doudou dans une main, et son énorme peluche de chien de l'autre. J'ai cédé, pour avoir la paix, mais juste cinq minutes, puis je l'ai recouché. Il a réveillé toute la maison avec ses hurlements. Un caprice à six heures du matin, la journée commençait bien.

Vers dix heures, il est rentré pour la quinzième fois de suite dans la cuisine où il n'a pas le droit de mettre les pieds, mais au lieu de prendre une boîte quelconque, ou même la boîte à farine comme c'est arrivé une fois (un souvenir délicieux), il s'est emparé d'une bouteille de bière qu'il a projeté sur le sol. Il y en avait jusque sous le buffet, et je ne parle même pas des éclats de verre.

A midi, le déjeuner ne lui convenait pas (des pâtes avec des courgettes en mini-dés, de la crème fraîche et un peu de fromage). Depuis une semaine, je n'ai pas souvenir que le plat principal lui ait convenu une seule fois, de toute façon. Il a essayé de jeter l'assiette par terre. Je l'ai rattrapée au vol, seule la cuillère est allée projeter des pâtes et des courgettes partout. J'ai dû le nourrir tout en lui racontant en même temps le nouveau livre de Mimi que je lui ai acheté ce matin.

A quinze heures, il s'est cogné violemment contre un jouet et s'est à moitié déchaussé une incisive. A moins que la dent ait déjà été fragilisé par sa chute de dimanche dernier, quand il a réussi à escalader les barreaux de son lit tout en étant emmitouflé dans sa gigoteuse. Bref, ça saignait, et la dent bougeait. J'ai appelé le samu, et on m'a conseillé d'aller aux urgences pour qu'on lui fasse une radio. Je ne suis pas allée aux urgences poireauter quatre heures, enceinte, avec deux bébés. Je suis une mère indigne. J'ai décidé que ça pouvait attendre 48h, car de toute façon, d'après ce que j'ai compris, si la dent doit tomber, il n'y a pas moyen de l'en empêcher. On verra ça lundi.

Au dîner, il a détesté le plat principal (de la purée de pommes de terre et de chou rouge), mais pour de vrai, cette fois : il a bien voulu goûter, et il a eu un haut-le-coeur immédiat. Sa soeur a accepté d'en avaler quelques cuillerées, sans conviction, mais pas lui. Pour une fois, je n'ai pas insisté. J'ai dû aller leur faire une purée mousseline en quatrième vitesse. Il ne l'a pas terminée, mais après il a réclamé trois desserts.

Juste avant d'aller se coucher, pendant que je changeais sa couche, il a réussi à attraper un flacon d'éosine. Et surtout, quelques minutes plus tard, au milieu du salon, il a réussi à l'ouvrir. Pendant qu'il y était, il a goûté le contenu. Il a immédiatement vomi tout son dîner sur les pieds de sa sœur, qui n'a pas apprécié. (Si vous avez bien suivi, j'ai donc une paire de chaussons qui sent la bière, et une autre qui sent le vomi.) Je l'ai douché, mais l'éosine, ça ne part qu'avec la pierre ponce, ou au bout de quelques jours. Il a l'air de s'être mis du rouge à lèvres. Il avait aussi les mains rouges, ce qui l'agaçait : il n'arrêtait pas de s'essuyer sur ma joue.

Là, il dort. Je pense cependant que la nuit risque d'être difficile : il avait un peu de fièvre en fin de journée, et puis selon son planning, il est malade le samedi toutes les deux semaines, donc ça tombe aujourd'hui.



— Et le Grand ? me direz-vous. Et Miss Thing One?

Pardon, qui ça ?


(Je jure que rien n'a été inventé et que tout s'est réellement passé aujourd'hui. En revanche, j'exagère un peu en ce qui concerne Miss Thing One : elle était très ronchon – peut-être couve-t-elle aussi quelque chose, ce serait logique – et ne s'est donc pas laissée oublier si facilement. Demain, j'organise l'enterrement des mes tympans, venez nombreux.)

vendredi 25 novembre 2011

Une bonne journée

Aujourd'hui, j'ai eu deux rendez-vous avec deux éditrices que j'aime beaucoup, j'ai programmé mes traductions jusqu'à fin 2012 (congé maternité inclus, quand même), j'ai admiré Notre-Dame et la Grande Bibliothèque vues de la Seine, j'ai adhéré à Osez le féminisme, j'ai fait du pâté de foie et du carrot cake, j'ai admiré la photo de classe de mon Grand, j'ai lu un article sur le militantisme dans Télérama... et j'ai même travaillé un peu.
La vie est belle.

(OK, à l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai pas encore affronté les trois caprices quotidiens, minimum, de Mr Thing Two : "Je veux regarder Mimi toute la soirée", "Je ne veux pas manger autre chose que le dessert", "Je veux m'endormir dans les bras de maman et pas dans mon lit"... Mais ça ne m'ôtera pas ma bonne humeur, na !)

Londres chez les CM1

Hier, je suis allé à l'école du Grand pour faire un "exposé" sur Londres. J'ai apporté une douzaine de photos qui ont suscité des centaines de questions, j'ai un peu parlé de la ville et beaucoup de la culture anglaise, j'ai raconté des anecdotes comme celle du malheureux garde dans son uniforme rutilant, contraint à rester immobile et droit comme un i, dont les yeux se fermaient tout seul, j'ai horrifié les gamins en leur affirmant que les anglais mangeaient des flageolets à la sauce tomate étalés sur du pain grillé au petit-déjeuner, j'ai assuré que non non, on ne voyait pas les poissons par la vitre en prenant l'Eurostar, j'ai expliqué les conséquences de la conduite à gauche, j'ai chanté le début de la chanson de Mary Poppins, j'ai détaillé le contenu ultra-riche du "traditionnal afternoon tea" chez Richoux, et dans l'ensemble, j'ai eu beaucoup de succès.
J'ai terminé par une lecture de Green eggs and ham, du même auteur que The cat in the hat, et je suis partie au bout de deux heures, la voix rauque d'avoir réclamé moult fois le silence, mais plutôt fière de moi.

Et le mieux dans tout ça, c'est que le Grand était fier, fier, fier comme un pou, mon "petit pou tout doux", comme je l'appelais encore il n'y a pas si longtemps.

Quand je pense que dans deux ou trois ans, il refusera avec horreur que je l'accompagne au collège parce que "j'ai trop la honte devant mes copains !", je me dis que j'ai vraiment bien fait de sacrifier une partie de mon après-midi.
(Cela dit, en bonne mère indigne, je ne l'accompagne déjà plus à l'école depuis un bout de temps, donc on ne devrait pas trop se disputer là-dessus.)

jeudi 24 novembre 2011

Intouchables

Je suis allée voir "Intouchables" avec une amie, hier. Comme tout le monde. Ce qui est rare : je n'ai toujours pas vu "Bienvenue chez les Ch'tis" (mais ça viendra), et j'ai vu "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" au moins trois ou quatre ans après le reste de la France.
Un peu revenue de mon anticonformisme primaire adolescent, j'ai ajouté depuis quelques années au principe de base "Ce n'est pas parce que Monsieur Tout-le-monde aime quelque chose que c'est bien" un autre principe tout aussi important : "Ce n'est pas parce que Monsieur Tout-le-monde aime quelque chose que c'est nul". Sans compter que les choses peuvent me plaire, ou pas, indépendemmant du fait qu'elles soient objectivement nulles, ou très réussies.

Bref, trêve de considérations philosophiques : j'ai bien aimé. Certes, Télérama n'a pas tort : c'est un peu simpliste, la mise en scène n'est pas forcément inventive (mais en toute franchise, ce n'est pas ce qui m'importe le plus), et l'histoire est pétrie de bons sentiments. Cependant, comme a dit mon amie au sortir de la salle, "Y a pas de mal à se faire du bien".
Juste un détail : suis-je la seule que la scène d'ouverture n'ait pas fait rire, mais alors pas du tout ? Certes, elle est remise dans son contexte plus tard, et plus compréhensible ainsi. Mais tout de même. Suis-je le seule idiote moralisatrice qui pense que, sacrebleu, ce n'est pas parce que ce type est paraplégique et qu'il a envie de mourir qu'il doit laisser son copain faire risquer un sort semblable au sien à d'autres gens ? La seule à m'être dit "J'aurais pu être en train de conduire là, avec mes enfants, et être doublée par ce fou dangereux à 180 kilomètres heure sur les voies sur berge ?" Je me suis agrippée à mon fauteuil tout du long, et leur cigarette triomphante m'a laissé un goût amer dans la bouche.
Mais bon, ce n'est qu'un détail. A part ça, l'histoire est charmante, les personnages excellents, les ressorts comiques fonctionnent, et j'ai beaucoup apprécié les acteurs - y compris, parmi les personnages secondaires, la "mère" de Driss, que j'ai trouvée frappante de justesse.

Et même si ça avait été mauvais, ça aurait certainement mieux valu que le caprice de trois quarts d'heure que Mr Thing Two a fait pour la énième fois avant de s'endormir et auquel j'ai donc échappé, n'est-ce-pas ?

mercredi 23 novembre 2011

Mythologie grecque


J'adore la mythologie grecque, et j'ai lu beaucoup de livres à ce sujet, enfant, adolescente ou adulte. On trouve des centaines d'ouvrages qui y sont consacrés, dont un très grand nombre de romans ou recueils destinés aux enfants, parfois pleins d'humour. Je vais simplement vous en citer quatre :

- A tout seigneur, tout honneur : Rififi sur le mont Olympe, de Béatrice Bottet, est une parodie drôle et enlevée qui date de 1995 et qui m'avait fait rire aux éclats quand je l'avais découvert. Je pense que c'est encore plus drôle quand on connaît déjà un peu le sujet. La pomme de la discorde et la guerre de Troie comme vous ne les avez jamais vus ! L'auteur a également écrit Du rififi pour Héraclès.

- Les dieux s'amusent de Denis Lindon est moins parodique et bien plus complet, puisqu'il balaie presque toute la mythologie. Un bon livre pour commencer, ou à utiliser comme une référence, avec tout ce qu'il faut savoir ou presque. On apprécie le ton léger et l'humour jamais outrancier.

- Héroïnes des légendes grecques, de Beatrice Masini, traduit par Dominique Vittoz, est un coup de cœur pour moi : ce n'est pas un texte drôle, mais un recueil de récits dont les personnages principaux sont des femmes. Par exemple Ariane, Circé ou Ismène, qui ne sont habituellement que des seconds rôles. C'est superbement écrit, dans des styles toujours renouvelés (dialogues, lettres, narration...). Beatrice Masini est une excellente auteure italienne.

- Le journal d'une déesse, de Teresa Buongiorno, traduit par Faustina Fiore, réussit un tour de force : nous présenter un très grand nombre de mythes de manière chronologique, sous la forme du journal intime d'Hébé, une déesse mineure souvent oubliée. Quand on sait à quel point la mythologie grecque se contredit en terme de chronologie, ça mérite vraiment d'être applaudi... C'est aussi le seul qui présente une héroïne adolescente à laquelle les lecteurs peuvent facilement s'identifier. Le ton moderne et enjoué ainsi que la narration à la première personne du singulier rendent la lecture très agréable.

mardi 22 novembre 2011

Boîte à gâteaux

Elle est pas belle, ma boîte à gâteaux ?
Je l'ai trouvée chez Marks & Spenser, à Londres, quand j'y suis allée quelques jours avec le Grand pour les vacances de la Toussaint. J'ai craqué tout de suite. Ces vieux bouquins, dont un en biais (la boîte n'est donc pas rectangulaire, ce n'est pas une illusion d'optique), cette tasse de thé, les titres des livres... Le coup de foudre !
Les biscuits qu'elle contenait à l'origine ont été dûment grignotés, et depuis, ce sont mes propres créations qu'elle contient. Car depuis que les Things s'intéressent aux "tâteaux", je me suis mise plus intensément que jamais à la pâtisserie. Je n'achète presque plus de paquets industriels : chaque semaine, je fais au moins deux ou trois fournées d'amaretti, langues de chat, speculoos, "digestive biscuits", sablés, shortbread, cookies, financiers, etc.
Les petiots le savent si bien qu'en voyant l'image ci-dessus sur l'écran de mon appareil photo, l'autre jour, Miss Thing One s'est exclamé "tâteaux !"
Ce qui aurait dû me mettre en garde, bien sûr.
Ne jamais sous-estimer la malignité de deux enfants de dix-neuf mois.

Dimanche, nous prenons le thé dans l'après-midi - une tradition dominicale que j'adore - et puis je vais dans la cuisine vider le lave-vaisselle. Darling vaque à ses occupations dans une autre pièce. Nous laissons les Things sous la surveillance distraite du Grand, qui lit une bande-dessinée.
Soudain – il avait dû lever les yeux, étonné par le silence de ses frère et sœur –, je l'entends qui s'exclame :
— Mais... mais... Oh non ! Qu'est-ce que vous faites ?
D'un ton un peu plus ennuyé que quand il s'aperçoit simplement que pour la quinzième fois de la journée, ils ont vidé les étagères à leur porté, jeté tous les boitiers des DVD par terre, les ont ouvert, et sont en train de faire une bataille avec les disques.
Je me précipite, et Darling aussi.
Les deux sales gamins étaient assis au milieu de la salle à manger, la bouche pleine, devant ma jolie boîte qu'ils avaient réussi à attraper sur la table, et étaient entourés de cannelés qu'ils avaient TOUS jetés par terre et déchirés en morceaux ou grignotés, un par un.

Le pire, c'est que depuis, ils n'en veulent plus, des cannelés. Ils ont décidé qu'ils préféraient les amaretti. A moins qu'ils ne s'offusquent que nous leur proposions des gâteaux déchiquetés ?

lundi 21 novembre 2011

Que d'eau, que d'eau...

Il y a de l'eau partout dans les toilettes.
— Ce doit être le Grand qui a fait pipi à côté de la cuvette, suggère Darling.
La vessie de notre enfant de neuf ans et vingt-deux kilos contiendrait donc au moins deux litres d'eau, sans même compter ce qu'il aurait réussi accidentellement à verser dans le trou. Bon.
J'appelle un plombier ou un médecin ?

(En fait c'est le réservoir de la chasse d'eau qui a lâché, bien sûr. Plombier, donc.)

dimanche 20 novembre 2011

Dors et fais pas...

Dans la lignée de mon précédent billet, un petit poème pour endormir les enfants :

Les chatons se sont blottis contre leur maman.
Les brebis cajolent leurs agneaux endormis.
Te voilà bien au chaud dans ton lit à présent,
Alors dors et fais pas chier, je t'en prie.

(Ceux qui se demandent pourquoi je leur colle une citation aussi niaise sont priés de relire un peu plus attentivement).

Ça vous plaît ? C'est extrait de ce livre :

Dors et fais pas chier, d'Adam Mansbach, illustré par Ricardo Cortès et traduit par Pierre Demarty, paru chez Grasset en 2011.

Apparemment, il a fait à la fois un scandale et un tabac aux Etats-Unis, où il est paru sous le titre Go the fuck to sleep.

J'avoue, même si je suis plutôt "hurlements" que "gros mots", ça m'a beaucoup fait rire. Le contraste entre les deux ou trois premières lignes très poétiques de chaque quatrain et la conclusion très vulgaire est vraiment drôle.

Allez, encore un petit extrait :

Dans le ciel, plus aucun aigle ne vole.
Sur la terre, plus rien ne bouge ; plus aucun bruit.
Non, tu n'as pas soif. Te fous pas de moi. Ras-le-bol.
Fais pas chier et couche-toi, mon chéri.

Je crois que je vais l'apprendre par cœur, ça me consolera quand les Things font la java au lieu de dormir !

samedi 19 novembre 2011

Sommeil

Trois heures du matin, il y a quelques jours. Moi, assise en tailleur dans la chambre des Things, entre les deux lits (chacun contre un mur opposé), les deux bras tendus au maximum pour pouvoir poser à la fois une main sur Miss Thing One et une autre sur Mr Thing Two, qui chouinent. Transie de froid, et la tête dodelinant sur la poitrine. Dommage que personne n'ait été là pour prendre une photo.

La sieste. Mr Thing Two gigote et s'énerve tant que je vais m'installer à côté de lui et je finis par m'endormir par terre, oui oui, à même le sol, la tête posée sur une peluche. Pas pour longtemps, car Miss Thing One termine sa sieste environ un quart d'heure après que son frère a commencé la sienne.

Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi Miss Thing One n'a pas dormi entre 2h17 et 4h43 la nuit dernière ? J'ai tout vérifié : pas froid, pas chaud, pas faim, pas soif, pas mal, pas seule, pas de fièvre, pas de caca, pas d'étiquette qui gratte, pas de cauchemar, pas de bruit, pas de dent qui pousse, pas de nez bouché, pas de doudou perdu. La question vaut aussi pour Mr Thing Two, la nuit précédente, entre 3h58 et 6h26.

Et si le réveil du Grand sonne encore UNE SEULE fois en pleine nuit, je le passe par la fenêtre.

Ce matin, je me lève au radar. Le Grand, devant qui j'ose me plaindre :
- Oh, ben ça pourrait être pire ! Tu te rappelles la nuit juste après ton retour de la maternité où tu as donné onze tétées en tout ?

La parentalité est un sacerdoce.
Cela signifie-t-il qu'à la fin, j'irai au paradis ?
(Un paradis sans bébés, siouplé...)

vendredi 18 novembre 2011

En toute franchise...

Fin du repas. Je me suis levée de table et je termine de monter la nouvelle bibliothèque sur roues des Things. (Je vous l'avais bien dit : c'est le tournevis de maman.) Encore attablé, Darling gronde le Grand :
— Tu vas manger ça, j'espère ? Tu sais bien que tu n'as pas le droit de trier !
— Non mais c'est pas ça, j'explose !
— Tu te moques de moi ?
— Mais non, je n'ai plus faim, c'est tout ! Mais je n'ai pas trié.
— Bien sûr... Et c'est tout à fait par hasard qu'il ne reste plus une seule pâte dans ton assiette alors que tous les morceaux de saumon sont encore là ?
— Mais oui, je te promets, je n'ai pas fait exprès !
— Dis donc, tu me prends pour un imbécile ?
— Ah, mais arrête, papa ! Si tu continues à dire ça, je vais répondre oui !
J'avoue, Darling et moi avons éclaté de rire. Et le saumon est resté dans l'assiette.

jeudi 17 novembre 2011

CAFkaïen

J'appelle la CAF, pour savoir si, à tout hasard, une mère en détresse avec un gros bidon et des gamins en bas âge a droit à des renforts.
Je parle tout d'abord à un monsieur qui pense que ça doit être prévu, et qui me passe une conseillère "spécialisée".
Laquelle tombe des nues.
— Vous voulez de l'aide avec vos enfants ? Ah ben non, madame, on n'a pas ça. Si vous êtes alitée, à la rigueur, on peut vous envoyer quelqu'un qui vous aide avec le ménage. Mais dans la journée, bien sûr. Notre personnel ne travaille pas la nuit !
Oui, j'avais précisé que c'était pour après la crèche, soit à partir de 17h. Franchement, a-t-on idée de proposer des horaires pareils ?
Malgré son ton agacé, voire scandalisé, je demande si elle a une suggestion, parce que rien que sortir du bain deux gamins de douze kilos chacun...
— Ah ben non, madame. Pas avec des enfants ! Pas la nuit ! (Elle réfléchit quelques secondes.) Mais bon, si vous voulez, vous pouvez embaucher quelqu'un...
Allons bon. C'est vrai ? La CAF ne m'interdit pas de prendre une baby-sitter ? Oh, merci, c'est trooooop gentil.


(Pas grave, les Things ne prendront plus de bain ni de douche jusqu'à l'accouchement, voilà. A chaque problème il y a une solution.)

Focaccia

J'ai déjà essayé plusieurs fois de faire de la focaccia. Au moins deux. (Ben quoi, c'est déjà "plusieurs", non ?) Hélas, le résultat, quoique très bon, ne s'est jamais approché de la délicieuse focaccia qu'on achète dans le petit village italien de ma grand-mère. J'ai obtenu à chaque fois un bon pain bien moelleux, voilà tout.
Hier, je me suis rappelé ce que m'avait dit ma Nonna sur la manière dont on faisait ça "dans le temps", quand chaque famille faisait sa propre boulange. Et j'ai testé.
J'ai donc fait une pâte à pain basique, avec de l'huile d'olive dedans, et après la première levée, j'ai testé deux trucs différents :
- J'ai écrasé la moitié de la pâte dans un plat, j'ai fait des trous profonds avec le bout des doigts, j'ai laissé lever encore un peu, et ensuite, j'ai abondamment badigeonné d'huile et saupoudré de gros sel. Puis j'ai fait cuire au four. L'huile en excédent bout à la surface pendant la cuisson, mais quand on sort la focaccia et qu'on la laisse refroidir, elle est absorbée par le pain, surtout autour des trous. Et ça commence à vraiment ressembler à la focaccia de mon village, quoique la croûte soit encore un peu trop ferme, comme la croûte d'un pain.
- Pour l'autre moitié, j'ai suivi les conseils de ma Nonna : j'ai fait cuire à la poêle. Eh oui ! J'ai formé une sorte de galette et je l'ai mise dans une poêle anti-adhésive avec de l'huile, et un couvercle par-dessus. Dix minutes de chaque côté sur feu moyen. Et ça marche très bien ! La croûte ressemblait davantage à celle de la focaccia traditionnelle, toute dorée, même si la mie était légèrement moins aérée.
En résumé, LE truc, quelle que soit la cuisson, c'est de mettre de l'huile deux fois. D'abord dans la pâte, et ensuite pendant la cuisson.
C'était délicieux. Nonna, tu serais fière de moi !



(— Miam, celle qui est carrée [au four] est vraiment parfaite, m'a dit le Grand. Beaucoup mieux que l'autre. On dirait vraiment de la vraie focaccia ! Tu en referas de la comme ça, dis ?
— Mmm, la ronde [à la poêle] est excellente, m'a dit Darling. De loin la meilleure. Tu devrais toujours la faire cuire comme ça, désormais.
Heureusement que les Things n'ont pas encore leur mot à dire...)

mercredi 16 novembre 2011

Sortie

70 euros les deux places de théâtre (Le jeu de l'amour et du hasard, à la Comédie française) et 60 euros la baby-sitter. Tout compte fait, je ne regrette pas de ne pas avoir eu le temps d'aller aussi au resto.

N'empêche que c'était une chouette soirée !

Je hais les bébés !

Moi j'aime pas les bébés.
Ce n'est pas une blague, ni une pose, comme celle du Papa de Sigmund. Non, c'est vraiment vraiment vrai. Je n'aime pas les bébés. Beurk. Pouah. Pff.
"Mais alors, pourquoi es-tu en train d'en pondre un quatrième ?" me demande-t-on avec un certain ahurissement et plus ou moins de tact quand je fais cette déclaration.
A cela, il y a deux réponses : une réponse simple, et une réponse complexe.
- La réponse simple, c'est que j'aime bien les enfants. Le Grand, là, tel qu'il est, avec tous ses défauts, ses râleries, ses impertinences, sa façon de jouer les mouches du coche, ses colères, eh  ! bien, je l'apprécie vraiment. J'aime discuter avec lui, même si – ou peut-être justement parce que – sa maîtrise de la rhétorique devient de plus en plus redoutable. J'aime ses découvertes, son enthousiasme. J'aime sortir avec lui, passer du temps en sa compagnie. (Mais bon, ne vous avisez pas d'aller le lui dire, hein !)
- La réponse complexe, je ne la connais pas. Soyons sérieux, si vous avez des gosses, pouvez-vous me jurer, là, entre quatzyeux, que vous savez pourquoi vous en avez eu ? Non mais sans rire, faites une liste des avantages et des inconvénients de fonder une famille, et allez vous pendre avec le fil de votre souris (si vous avez opté pour du matériel wireless, débrouillez-vous). Il n'y a quasiment aucune raison valable pour faire des enfants, et plein d'excellents arguments contre. Donc voilà, instinct, peur de la mort, inconscience, désir d'être aimé, tout ça tout ça, je ne sais pas. Dans mon cas, soyons franche, ce doit être aussi pour avoir un maximum de gens à commander. Hum.

Bref, je n'aime pas les bébés. Et je vise large, j'englobe dans cette catégorie les "toddlers", comme disent les anglais. Je parle de ces petits machins incapables de s'autogérer, incapables de s'occuper tous seuls, et surtout incapable de s'exprimer et de raisonner. Normalement, on n'est pas censé avouer ça quand on est une femme. Ce n'est que de la part des hommes qu'il est admis de dire "Bof, moi vous savez, c'est seulement vers trois ou quatre ans qu'ils commencent à m'intéresser". Mais maintenant que j'ai compris ça, je ne me prive plus de le dire.
Je me souviens encore du jour où, en me promenant et en devisant avec le Grand, qui devait avoir quatre ou cinq ans, je me suis dit brusquement "Ah ouiiiiii, voilàààààà, c'est pour ÇA que je voulais avoir des enfants, ça me revient, maintenant !". Parce que pendant toutes ces années, en voyant avec ahurissement mes collègues de bureau mettre la photo de leurs gosses en fond d'écran, en les entendant dire qu'elles ne travaillaient pas le mercredi "pour profiter de leurs enfants", et en constatant que moi-même, moins je le voyais, plus j'étais épanouie, j'ai cru qu'il me manquait une case. Il m'en manque peut-être vraiment une, d'ailleurs, mais maintenant, au moins, je sais laquelle.

Non mais sans rire, tous ceux qui trouvent ça "mignon" et, pire encore, "intéressant", il faut qu'ils m'expliquent. Intéressant, d'empiler des cubes ? Oui, trois minutes, à la rigueur. Mignon, ce petit bonhomme qui braille pour un oui pour un non ? Vous trouvez ? Ou alors, vous n'êtes que des faux-jetons, et comme tout le monde, vous ne trouvez les bébés mignons que quand ils ne remuent pas ou mieux, quand ils dorment. Dans ce cas, autant s'acheter un baigneur, hein.
[OK, le paragraphe qui précède a été écrit sous le coup de la fatigue et de la colère. Bien sûr que c'est super quand ils t'apportent pour la première fois leurs chaussures pour te signifier qu'ils veulent sortir, et qu'ils sont adorables quand ils minaudent devant la glace ou essaient maladroitement d'apprendre à sauter en ne décollant que d'un pied. Bien sûr que je craque quand ils plaquent leur main sur leur bouche, croyant m'envoyer un bisou. Et même moi, je suis parfois contente de les revoir en arrivant à la crèche. Mais dans l'ensemble, il y a moins de moments de grâce que de moments de lassitude, d'ennui ou d'exaspération.]

Hier soir, j'étais complètement déprimée. Les deux Things ont refusé leur purée préparée avec amour fait maison avant même de la goûter. Chacun exigeait d'être dans mes bras, et d'y être seul. Ils pleuraient tout le temps. Oui, je sais, ce n'est pas leur faute. Ils sont encore un peu malade, ils étaient fatigués, et ils ne savent même pas eux-mêmes ce qu'ils veulent ; comment pourraient-ils me le dire ? Je ne prétends pas le contraire. Je ne leur en veux pas. N'empêche que je trouve ça insupportable. Vous allez peut-être trouver ça choquant, mais ça me met parfois dans une telle rage que j'ai envie de hurler ou de casser quelque chose. Je vous rassure, je me retiens toujours. Au pire, je me mords le poing. Et je réessaie, inlassablement, de consoler. De comprendre. D'apaiser. Mais intérieurement, je me demande comment je vais tenir comme ça pendant des mois, des années. Et surtout, comment je vais supporter d'en avoir trois à la fois. Au secours !

Ce long préambule était l'introduction nécessaire pour la petite annonce qui va suivre :

Loue ensemble ou séparément deux gamins de dix-neuf mois, physiques superbes, caractères bien trempés, vitalité indiscutable, intelligence vive. Durée du bail : un an, renouvelable une fois. Possibilité d'en obtenir un troisième en avril 2012. Écrire au blog, qui transmettra.


PS : L'autre jour, ma mère :
— Et que feras-tu quand tu auras trois adolescents en même temps, hein ?
Elle a raison. Je déteste les adolescents. Mais pas autant que les bébés, je crois. C'est ce que je lui ai dit :
— Ah, mais au moins, avec les ados, on peut communiquer. On peut se disputer. On peut crier !
Darling a eu l'air effrayé. Je me demande bien pourquoi ?

mardi 15 novembre 2011

Manteau de portage

J'ai acheté un superbe manteau de portage sur Mamanana (un site super et que je recommande très vivement à toutes les mères qui allaitent). Parce que quand je porte un bébé sur le dos, il faut que je renonce à mettre un manteau par-dessus sous peine d'étouffer le mioche, et je gèle. En revanche, si je mets le porte-bébé sur le manteau, c'est moi qui étouffe, et c'est le gamin qui gèle. OK, puisque j'ai deux bébés, je ne les porte pas souvent, et puis au fur et à mesure que mon ventre s'arrondit, ça m'arrive de moins en moins. Mais l'année prochaine, il me sera très utile avec le Têtard. Or, si ça se trouve, il ne sera plus en vente l'année prochaine. Et puis il fait aussi manteau pour femme enceinte. Et puis il est rouge.
(Ça se voit, que j'ai mauvaise conscience ?)
Regardez, il est là :
Manteau de portage Deluxe


J'ai donc reçu le manteau, constitué de :
- un imperméable rouge pleeeiiiiin de fermetures éclair et de boutons pression ;
- une doublure en polaire détachable et qu'on peut porter séparément, pleine de fermetures éclair et de boutons pression ;
- une capuche pour la maman ;
- la doublure en polaire détachable de la capuche ;
- une capuche pour le bébé, de taille réglable ;
- la doublure en polaire pour le bébé ;
- deux inserts en polaire, pour le portage devant ou sur le côté ;
- deux inserts imperméables, pour le portage côté mais pas devant (?) ;
- un insert imperméable central, pour le portage devant (?), et pour la grossesse ;
- une bande de tissu en polaire qui fait office de cache-nuque (?), à clipser quelque part ;
- un filet (?) ;
- et PAS de mode d'emploi.

Je ne vais jamais m'en sortir.

lundi 14 novembre 2011

Bon point pour Oxybul

Dans le catalogue Noël d'Oxybul éveil et jeux, il n'y a plus de pages roses-pour-les-filles et de pages bleues-pour-les-garçons. Il y a des pages "imagination" avec des dinettes ET des bateaux pirates, des déguisements de princesse ET de cow-boy, et des pages constructions (avec des kapla), des pages plein-air (avec des ballons sauteurs), des pages découverte (avec des microscopes), etc.
Bon, d'accord, ce sont encore les filles qui jouent à la maison de poupée et les garçons qui jouent au petit train. Et le déguisement d'indienne n'a pas droit à son tomahawk. Mais il y a une fille maçonne qui se construit une maison avec des briques en carton, et l'enfant qui joue aux voitures beep beep pour bébés pourrait même être une fille.
Alors quand je repense aux découvertes effarantes que j'avais faites en étudiant le catalogue "La Grande Récré" pour mon mémoire de fin d'études sur le sexisme, je me dis que ça vaut le coup d'être applaudi. Peut-être que l'année prochaine, on trouvera un garçon qui joue à la dinette ou qui enfile les perles, qui sait ?

dimanche 13 novembre 2011

Ricochet

Aujourd'hui, 12h50. Le Grand chahute avec Mr Thing Two, alors que ce dernier est fiévreux et qu'en outre, il vaudrait mieux le calmer avant la sieste. Je lui demande d'arrêter. Une fois, deux fois, trois fois – j'élève la voix –, quatre fois – je passe aux menaces –, cinq fois, et là, je punis : privé de dessert. Punition atroce. Sachant que nous avons fait un énorme petit-déj à 9h30, que je suis certaine qu'il n'a pas faim, et que de toute façon, il se contente presque toujours d'une pomme.
Il râle. Nous couchons les Things, nous passons à table. J'ai passé une nuit infernale, les deux bébés sont malades et donc très très pénibles, j'ai mal au dos, je suis épuisée. Et le Grand râle. Me provoque. Me donne exprès un verre pas complètement propre. Prétend qu'il n'aime pas le menu (ben voyons) (des pâtes). Râle encore.
Et contre toute attente, c'est Darling qui explose :
— Arrête ! Mais réfléchis, bon sang ! Si tu continues à mettre ta mère de mauvaise humeur, ça va mal se passer pour toi, et aussi pour moi ! Elle va nous crier dessus à tous les deux, c'est ça que tu veux ?*

Je suis une vilaine qui passe mes nerfs sur mon compagnon. Et en plus c'est vrai.
Mais à ma décharge, même quand Darling ne le mérite pas là tout de suite, il y a toujours pleeeeeiiiin de bonnes raisons pour lui crier dessus dont je n'ai pas profité dans les heures ou les jours précédents.

(N'empêche que Mr Thing Two a mis quasiment une demi-heure à s'endormir.)

*En vrai, Darling parle généralement en anglais à son fils, mais bon, je suis traductrice, hein ?

samedi 12 novembre 2011

SOS !

Trois consultations SOS médecins dans la même journée - une double ce matin pour les deux Things, et une autre ce soir pour Mr Thing Two qui n'avait "rien" ce matin et était monté à 40,5° dans l'après-midi -, je crois que c'est mon record à ce jour.

Je vous laisse, j'ai environ cinquante-six pipettes de cinquante-six médicaments différents à laver.

vendredi 11 novembre 2011

Ah, les jeunes d'aujourd'hui !

Travailler à la maison présente un inconvénient (plusieurs, même, et des avantages aussi, mais on n'en parlera une autre fois) : il n'y a pas de préposé(e) à l'accueil ni au standard téléphonique, donc on est susceptible d'être dérangé par n'importe qui. Par exemple par des vendeurs de fenêtres qui appellent pour vous convaincre de les laisser venir faire un devis gratuit même si vous n'avez pas envie de changer de fenêtre ("Mais voyons madaaaame, c'est gratuiiiiiit !"). Par le livreur de canapé-lit qui cherche Monsieur Trucmachin mais ne sait pas à quel étage c'est et donc a décidé de sonner à toutes les portes (six appartements par palier, onze étages par bâtiment, six bâtiments dans la résidence, il n'est pas sorti de l'auberge). Par des sondeurs qui veulent avoir votre avis sur le poisson pané, les magazines que vous lisez et la crème de nuit que vous portez, tout ça dans la foulée. Ou par des gens qui viennent vous vendre des calendriers ou autre bricole du genre. (Tous ces exemples sont certifiés authentiques.)

Hier, on a sonné à ma porte en début d'après-midi, au plus mauvais moment, alors que j'étais en train de chercher à traduire un jeu de mot intraduisible. Non, bon, d'accord, en fait j'étais encore dans ma pause déjeuner, et je faisais des brownies. Mais c'est pire, parce que j'en étais au moment délicat où il faut verser le chocolat fondu dans l'appareil en fouettant vivement pour ne pas faire coaguler les oeufs. Bref, je cours ouvrir, ma casserole à la main, et je me trouve nez-à-nez avec un type qui vend des affiches. Je l'ai reconnu tout de suite : ça fait au moins cinq ans qu'il est en "réinsertion professionnelle". Soit il a vraiment vraiment du mal à se réinsérer, soit il va six mois en prison tous les six mois et doit tout recommencer à zéro ensuite, soit il préfère faire du porte-à-porte pour vendre d'affreuses images à un euro le gramme environ (je vous laisse calculer le prix de l'affiche, et le prix au kilo).
Et ce type commence toujours son discours de la même façon : d'une voix agressive, il explique qu'il fait partie d'une association pour la réinsertion des jeunes, et demande "Vous n'avez rien contre les jeunes, j'espère ?"
Ce qui m'agace au plus haut point.
D'abord, parce que c'est complètement démago. Même les deux vieilles dames de Julie, Claire, Cécile n'oseraient pas répondre par l'affirmative à cette question.
Ensuite, parce qu'il pourrait changer son intro de temps en temps, tant qu'à faire.
Et surtout, parce que je SUIS jeune, je te signale. Petit con.

jeudi 10 novembre 2011

Pourquoi "les Things" ?


En fait, tout vient de The Cat in the Hat, un grand grand grand classique outre-manche, au moins autant que Les trois brigands ou Petit Ours Brun en France.

Il est paru en français il y a quelques années chez Pocket, traduit par Anne-Laure Fournier Le Ray, sous le titre Le chat chapeauté, mais n'est pas resté longtemps diponible. Plus récemment, il y a eu une édition bilingue chez Random House, dans une traduction littérale de Jean Vallier - texte bilingue oblige - qui n'a donc pas pu rendre les rimes et surtout le rythme du texte original.

Ce livre présente un frère et une sœur qui s’ennuient à la maison pendant un jour pluvieux quand arrive soudain un grand chat coiffé d’un haut chapeau rouge et blanc, qui va se proposer de les distraire, et pour cela faire tout plein de bêtises... A un moment, il va apporter une boîte contenant deux créatures étranges et identiques nommées (me voyez-vous venir ?) Thing One et Thing Two !
 
And they ran to us fast. They said, « How do you do ?
Would you like to shake hands with Thing One and Thing Two ? »
Ils ont couru vers nous. Ont dit : « Vous allez bien ?
A Truc Un et Truc Deux, serrerez-vous la main ? »
(La traduction est de moi ; j'ai essayé de garder les vers, quitte à m'éloigner un peu du texte original. En revanche, en français, on est bien obligé de renoncer à un choix stylistique important du Dr. Seuss, qui utilise presque exclusivement des mots monosyllabiques.)

Et même si le Chat Chapeauté jure par tous les dieux que :
« They are tame. Oh, so tame ! They have come here to play.
They will give you some fun on this wet, wet, wet day. »
« Ils sont sages, oh, si sages ! Ils sont venus jouer.
Ils vont vous amuser en ce jour si mouillé. »

... bien entendu, les Things sont de vrais diablotins qui manquent démolir tout le mobilier :
Then those Things ran about with big bumps, jumps and kicks
And with hops and big thumps and all kind of bad tricks.
Les Trucs couraient partout : coups, sauts, chocs et sottises,
Ils galopaient, cassaient, faisaient plein de bêtises.

Or, comme avant la naissance les médecins désignent chaque jumeau par un numéro (J1 étant le plus bas, donc le premier qui va naître, et J2 l’autre), et que nous n’avions pas encore choisi les prénoms, nous avons pris l’habitude d’utiliser ces numéros, et rapidement, The cat in the hat étant un des livres que j'ai lus et relus à mon Grand, les surnoms "Thing One" et "Thing Two" se sont imposés. Plus tard, je leur ai même acheté deux pyjamas assortis, la seule tenue qu’ils ont en commun à ce jour.
(La photo est celle du site indiqué en lien.)


Mais je vais vous dire une chose : depuis que j’ai les miens, je trouve que le Dr. Seuss était bien indulgent en décrivant les deux Things…

mercredi 9 novembre 2011

Ris de veau

Samedi, le tripier du marché m'a convaincu d'acheter des ris de veau. Darling étant un ex-végératien peu porté sur les abats et le Grand détestant la consistance trop molle du foie, je me suis dit que j'allais probablement faire un flop, mais que ça valait le coup d'essayer. Moi même, en les parant (beurk), je n'étais pas très convaincue...
Surprise : dans une petite sauce aux champignons frais, au porto et à la crème fleurette, servis avec des pâtes, tout le monde a aimé ça. Je me fais une joie de manger ce qui reste à midi.

Maintenant, j'hésite : est-ce que je m'informe sur ce que cache cette appellation pudique, "ris de veau", ou est-ce que je risque d'avoir une mauvaise surprise, comme pour les rognons blancs ?

mardi 8 novembre 2011

On ne sait jamais...

Hier soir, les trois plus grands dînent, les deux petits sont couchés dans la chambre à côté depuis un bon quart d'heure. Tout à coup, la petite voix de Mr Thing Two s'élève dans le silence :
— Tâteau ?
Qui ne tente rien n'a rien.

lundi 7 novembre 2011

Fini !

Ça y est ! Le vilain-qui-voulait-devenir-maître-du-monde est mort, brûlé par un dragon maléfique qui l'a ensuite noyé pour faire bonne mesure, donc je pense qu'on en est bel et bien débarrassé. Mon héroïne est saine et sauve, ses amis aussi, et le monde est hors de danger. Je vais pouvoir aller me coucher avec le sentiment du devoir accompli.

La crème des yaourts

Alors, le mot "casseroles" dans le titre du blog, ce n'est pas seulement parce que dans une famille nombreuse, il y a forcément un des deux parents (ou les deux) qui passe un bon bout de temps chaque jour à préparer la tambouille. C'est aussi parce que (attention, aveu honteux) j'aime bien cuisiner.
J'ai bien conscience de l'image que je donne de moi. Ma mère me l'a d'ailleurs aimablement signalé, l'autre jour : "Tu faisais des grands discours féministes, et maintenant, tu as plein d'enfants, tu travailles à la maison et tu passes ton temps libre aux fourneaux". Ce n'est que longtemps après avoir raccroché que j'ai réalisé qu'elle était féministe, qu'elle adorait cuisiner, qu'elle avait eu trois enfants et qu'en tant que psy, elle recevait ses patients à la maison. Et avant, elle était instit. Alors zut, hein, camembert.
Mais bon, je vois ce qu'elle veut dire. Oui, la mère de famille nombreuse qui concocte jour après jour des bons petits plats pour sa progéniture alors que son mari est incapable de faire des pâtes, c'est un cliché. Désolée. Dans une autre vie, je m'intéresserai aux bagnoles.
(Cela dit, à trois ans, le Grand disait "le balais de papa", "le fer à repasser de papa" et "le tournevis de maman". C'est bon, je me rattrape un peu ?)

Où en étais-je ? Ah oui, j'aime bien cuisiner. Ceci étant, ce blog n'a pas du tout vocation à devenir un blog culinaire. Mais de temps en temps, vous me pardonnerez si je vous parle d'une de mes réalisations comestibles, parce que ça fait partie de ma vie et de mes petits plaisirs quotidiens.

Tout ça pour dire que ce matin, j'ai découvert comment faire ZE yaourt ultra-crémeux, vous savez, un peu comme les "bulles de yaourt" des supermarchés. Il suffit de remplacer une (petite) partie du lait par du lait concentré, sucré ou non. Croyez-moi sur parole, c'est dé-li-cieux.

dimanche 6 novembre 2011

Soupe à la grimace

Ce soir, après une journée agréable mais épuisante, avec retour à 18h45, toujours boitillante, je trouve tout de même la force d'éplucher un gros morceau de potiron, de le débiter en petits morceaux, de le faire cuire, de le mixer avec de l'huile de noisette et de la ciboulette pour faire une soupe, tout en en réservant une part que j'ai écrasée à la fourchette pour les Things. Repas léger et réhydratant : nous en avions tous besoin.
Après avoir nourri les plus jeunes, changé les couches, mis les pyjamas, donné à boire cinq ou six fois, vaguement rangé la chambre dans l'hypothèse d'un appel nocturne (rien de plus douloureux que marcher sur un légo dans le noir), Darling et moi allons les coucher. Juste avant, nous ordonnons au Grand de mettre la table.
J'étais encore penchée sur Miss Thing One quand j'ai entendu un grand "patatras !" venant de la cuisine.
Bilan : vingt-cinq minutes pour éponger la soupe de potiron qui s'était immiscée jusque sous les brûleurs à gaz, dans les rainures du lave-vaisselle, et sous la plinthe du meuble.

On a mangé une soupe Picard. Pas mauvaise, d'ailleurs.

samedi 5 novembre 2011

Un samedi casse-pieds

Le samedi est le jour le plus difficile de la semaine. Darling travaille (eh oui, les librairies ont l'idée déplorable d'être ouvertes le samedi), le Grand est à la maison (merci la semaine de quatre jours), et bien sûr, les Things aussi. Le matin, il faut aller au marché acheter assez de fruits, légumes et viande pour une famille nombreuse de gros mangeurs, et l'après-midi, on ne peut rien faire tant que les Things n'ont pas terminé leur sieste (+ goûter, + changement de couche). Donc même si j'avais le courage de prendre le bus ou le métro avec ma poussette de 40 kilos (bébés inclus), je n'aurais pas vraiment le temps d'aller ou que ce soit dans mon mini-créneau entre 16h et 18h. Mais de toute façon, je n'ai pas le courage, en tous cas pas depuis que je suis enceinte. Tout au plus nous rendons-nous au square ou à la bibliothèque.

Je déteste être enfermée à la maison avec des bébés, ramasser toutes les trois minutes les livres ou DVD qu'ils jettent par terre, crier "Non-ne-grimpe-pas-sur-la-chaise-pliante-non-ne-vide-pas-la-poubelle-non-ne-lèche-pas-les-chaussures", intervenir quand l'un tire les cheveux de l'autre qui mord l'un qui frappe l'autre, et entendre des cris toute la journée. Je préfère encore sortir, si le temps le permet.

Je déteste aussi aller au marché avec eux, déranger tout le monde avec la poussette double, faire mes achats pendant qu'ils crient parce qu'ils s'ennuient ou qu'ils veulent un "tâteau", et surtout revenir avec cinq sacs, la poussette qu'on ne m'a pas autorisée à laisser dans le local à vélo ("C'est réservé aux vélos, madame. On ne va pas faire une exception sous prétexte que votre poussette double ne rentre pas dans l'ascenseur, qu'elle pèse quinze kilos, que vous avez deux bébés et que vous êtes enceinte !"), les Things qu'il faut convaincre d'entrer dans l'ascenseur tout en retenant celui-ci ouvert d'une main et en pliant la poussette de l'autre et en transférant les sacs de nourriture de la troisième.

Bref, je n'aime pas les samedis.
Aujourd'hui, c'est samedi.
Pourquoi a-t-il fallu que ce soit justement ce matin que je me retourne l'ongle d'un orteil et que je me mette à boiter bas ?

vendredi 4 novembre 2011

Allô ?

Hier soir, 18h30, le téléphone sonne. Je sais déjà que c'est Darling, qui va me demander si tout va bien et s'il faut qu'il achète du pain sur le chemin du retour.
- Drrrriiiiing !
Aussitôt, d'un geste très naturel, Miss Thing One et Mr Thing Two portent à leur oreille ce qu'ils tenaient à la main (une chaussure pour l'un, un livre pour l'autre) et disent dans un bel ensemble :
- Allô ?
Dix-huit mois, bon sang. Et ils savent dire "allô" avant de savoir dire "encore" ou le prénom de leur frangin. Ah ben bravo.

(J'aurais bien voulu voir leurs têtes si le livre et la chaussure leur avaient répondu, tiens.)

jeudi 3 novembre 2011

Suspense

Il est très rare que je n'aie pas déjà lu un livre au moment de le traduire. Je crois que ça ne m'est arrivé qu'une seule fois en dix années de carrière. En effet, une partie de mon travail consiste à faire des fiches de lecture, comme la plupart des traducteurs travaillant dans l'édition jeunesse (du moins les traducteurs de "langues rares", c'est-à-dire... tout ce qui n'est pas l'anglais). On me soumet un roman étranger, je le lis, je fait un rapport ; s'il est positif, ou plutôt franchement enthousiaste, et si bien d'autres conditions sont remplies (l'éditeur aime le résumé ; il cherche un livre de ce genre ; un autre lecteur a également fait une fiche positive ; le thème n'a pas déjà été abordé récemment ; une autre maison d'édition n'a pas déjà fait une offre plus importante, etc.), l'éditeur achète les droits et me confie la traduction. Autant dire que ça ne concerne qu'une demi-douzaine de romans sur les dizaines qui me passent entre les mains chaque année.
La conséquence positive de ce boulot très mal payé de lectrice, c'est que forcément, j'aime toujours ce que je traduis. J'estime avoir beaucoup de chance par rapport à ceux qui traduisent des "harlequinades", ou des essais très ennuyeux, ou des polars médiocres à la chaîne.

Bref, actuellement, je traduis le troisième volume d'une série, et cette fois, le livre a été acheté en même temps que les deux précédents, alors qu'il n'avait pas encore été écrit. Du coup, je découvre l'histoire au fur et à mesure que je la traduis.
Et là, mon héroïne vient de retrouver son protecteur gravement blessé alors qu'il devait se rendre à un bal masqué pour empêcher un vilain méchant de devenir maître du monde. Que va-t-elle faire, grands dieux ?

(Oui, bon, d'accord. N'empêche que j'ai hâte de découvrir la suite !)

mercredi 2 novembre 2011

Surpoids

Ce matin, je monte sur ma balance, par curiosité - ça m'arrive environ deux fois par an, à peine plus quand je suis enceinte - histoire de savoir comment mon poids évolue maintenant que j'ai dépassé le premier trimestre.
Et voilà que sans sourciller, celle-ci affiche 156 kilos.
Ah. J'ai donc pris quasiment 90 kilos au cours des dernières semaines.

Je sens que je vais me faire gronder par la gynéco.

mardi 1 novembre 2011

Premiers mots

J'ai terriblement hâte que les Things apprennent à parler. D'abord, parce que "j'ai mal aux oreilles", "je préférerais un yaourt plutôt qu'une compote", "ma couche est pleine", "mon frère m'a piqué mon jouet" ou "je voudrais que tu m'aides à ouvrir cette boîte", c'est plus constructif que "Oooooouuuuuiiiiinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn !" Et ensuite, parce que ça voudra dire qu'ils auront entamé leur passage de "bébé" à "enfants". Or, je n'aime pas les bébés. (Si si, c'est vrai. Je vous raconterai ça une autre fois.)

Bon, autant vous avouer qu'à 18 mois et quelques jours, nous sommes loin du compte. Il y a une gamine de leur âge, à la crèche, qui sait déjà dire "Ranzer saussures ? Serser saussons ? Ranzer manteaux ? Manteau à Nina ! Manteau rose !" Vous dire que je suis jalouse est une litote.

Mais depuis quelques jours/semaines, un semblant de début de vocabulaire a fait son apparition. Bien entendu, leur premier mot a été "Maman", et ils me le disent avec tout l'amour du monde, et je fonds à chaque fois.
Naaan, c'est une blague. Il y a plein de mots bien plus important que "maman", hein ? (Sales mioches !)
Voici où nous en sommes, à peu près dans l'ordre d'arrivée :
- A tout seigneur, tout honneur : le premier mot, pour les deux, a été "gâteau" (ou "tateau" ou "dateau"). Pas de doute, c'est bien la chair de ma chair.
- Puis il y a eu "doudou". OK.
- Ensuite, "d'l'eau". C'est mieux que "du vin", vous me direz.
Ces trois-là, ils maîtrisent tous les deux. Pour l'instant, Miss Thing One s'est arrêtée là, mais Mr Thing Two a récemment ajouté "bobo" (maintenant, ce serait bien qu'il me le dise à la prochaine otite, en se touchant l'oreille de préférence, ça m'éviterait d'appeler SOS Médecin au bout de plusieurs heures de hurlements, comme samedi dernier, quand mon cerveau embué a enfin compris que ce n'était pas le manque de sommeil ou les dents), et puis il y a aussi quelques mots "passifs", dans le sens où il ne les utilise pas pour réclamer quelque chose, mais il les répète quand on les dit : "bain", "papa", "dodo", "pain", et peut-être même "maman", soyons fou.
Ah, et puis j'allais oublier la dernière acquisition de Mr Thing Two, la plus importante, celle que nous guettions avec une impatience non dissimulée et qu'il emploie environ cinquante fois par heure, à tout propos, avec crise de rage à l'appui si nécessaire, depuis quelques jours.
"Non !"

Chic.