lundi 30 septembre 2013

Tu seras une femme, ma fille (alors au boulot !)

Ce sont des membres de la famille de Darling que nous voyons très, très rarement, pour cause d'éloignement géographique. Ils sont arrivés les bras chargés de cadeaux pour les enfants. Des Lego "The Lord of the Ring" pour le Grand ; très bien, ça lui a bien plu. Une peluche pour le Filou ; nous en avons une quarantaine, mais une de plus ne peut pas faire de mal. Et puis deux grosses boîtes pour les Things :
– pour Mr Thing Two, une boîte de Lego Duplo, le commissariat. Très apprécié, bien trouvé, tout à fait de son âge, à combiner avec les autres Duplo que nous avons déjà : parfait.
– pour Miss Thing One, une poupée qui parle et qui rit, avec plein d'accessoires.

Soyons clairs : c'était adorable de la part de nos visiteurs, et je ne leur en veux absolument pas. N'empêche que ça m'a serré le cœur. Et je n'exagère pas : pour une fois, c'était de la tristesse et pas de la colère que j'ai ressenti. Oh, bien sûr, Miss Thing One était ravie de son nouveau jouet, et a beaucoup chatouillé la poupée pour l'entendre rire. N'empêche que ce message donné à cette petite fille qui n'a rien fait de mal si ce n'est naître avec un sexe féminin m'a réellement peinée. Pour son jumeau, un jouet de construction, de création, d'imagination ; un jouet qui offre des possibilités d'histoires infinies (il a déjà construit un "téléphone" en combinant des éléments éparpillés) ; un jouet auquel il jouera encore dans deux ans, peut-être même dans six ou sept, si j'en crois l'exemple du Grand. Pour elle, un "bébé" qui lui donne des ordres, qui alterne en boucle les "J'ai faim", les "Maman, où es-tu ?" et les "Il faut changer ma couche" (sic !). Un jouet qui l'entraîne à sa future vie de femme, c'est-à-dire d'être humain destiné à enchaîner les soins aux enfants et les corvées. Admettons, à aimer, aussi, à développer ses sentiments, sa "douceur naturelle" ; mais surtout pas à créer, à inventer, à utiliser son cerveau. Sans compter que ça m'étonnerait énormément que dans six ans, ou même dans six mois, ça l'amuse encore de changer la couche ou donner la béquée à cette hideuse blondinette bavarde.

Pourtant, je viens de vérifier, il y en a plein, des boîtes de Duplo "pour les filles", arborant de manière très visible la couleur réglementaire (rose, donc, les garçons ayant visiblement le monopole de toutes les autres couleurs, sauf éventuellement le violet) : l'écurie, la maison, le château de la princesse... Certes, le commissariat pour lui et le château de la princesse pour elle, ça m'aurait légèrement agacée ; mais au moins y aurait-il eu une certaine égalité, un encouragement similaire à faire preuve d'imagination.

Et après, on nous explique doctement que si les mères s'occupent davantage des bébés que les pères, c'est par "instinct maternel"...

vendredi 27 septembre 2013

Petit à petit, Fofo fait son nid





Allez, on a fait quoi... la moitié ?
(Des livres, hein, rien que des livres. Pour le linge, les vêtements et le bazar, on doit être à, heu... un quart du total ? Mais il faut avoir le sens des priorités !)

mercredi 25 septembre 2013

Une mère parfaite (pendant cinq minutes)

Tous les soirs, je vais récupérer les Things à l'école à 16h30 pour leur éviter d'aller au centre de loisirs et d'avoir des journées trop longues, et je leur donne leur goûter avant d'aller chercher le Filou dans la foulée. Et à chaque fois, en trimbalant mes gamins en triporteur sur une jolie petite route arborée et en les nourrissant de gâteaux fait maison, toujours différents, concoctés pendant ma pause déjeuner et apportés dans une jolie boîte à goûter (sans bisphénol), j'étouffe de fierté, et pendant cinq minutes, je me prends pour une mère parfaite.

Bien sûr, ensuite, je m'aperçois que la pluie menace de tomber alors que j'ai oublié leurs imperméables ; de retour à la maison, je les laisse jouer dans le jardin en feignant d'ignorer qu'ils sont en train de vider la poubelle, afin d'avoir la paix ; au dîner, je leurs sers des pâtes au jambon pour la quatrième fois en cinq jours, parce que le frigo est vide ou que je n'ai pas eu le temps de cuisiner des légumes ; après l'histoire du soir, je néglige de leur laver les dents parce qu'on les a déjà lavées hier et que franchement, un jour sur deux, ça suffit sûrement ; et même s'ils tombent de fatigue, je les couche à neuf heures et quart parce que malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à les mettre au lit plus tôt. Mais en fait, c'est fait exprès, tout ça. C'est pour leur bien. Tous les psys vous le diront, une mère qui place la barre trop haut, c'est terrible : ça vous donne des complexes à vie. Une mère parfaite cinq minutes par jour, c'est déjà bien assez, non ?

mardi 24 septembre 2013

Ça vous ennuie si je vous pique votre boulot ?

Email reçu hier :

Bonjour,
Je suis en deuxième année de master de traduction. J'ai vu sur le site de l'association des traducteurs que vous avez traduit un roman de Untel ; or, plusieurs de ses romans m'intéressent, et j'aimerais les traduire. Pouvez-vous me dire s'il y en a d'autres en cours de traduction ?
Merci d'avance,
Cordialement,
Petite Jeunette

Alors, alors, alors.

1- Je n'ai pas traduit UN roman de Untel. J'ai traduit TOUS les romans de Untel parus en France (donc une bonne douzaine de titres en tout, chez deux éditeurs différents), à l'exception d'une trilogie acheté par une grosse maison qui a négligé de faire appel à moi, et qui s'en est mordu les doigts (le roman est paru avec deux années de retard à cause de problèmes de traduction, ce qui m'a bien fait ricaner – je sais, c'est mesquin). Je suis donc quasiment la traductrice française officielle de cet auteur, que j'ai également rencontré à plusieurs reprises. Et aller dire à la traductrice d'un auteur qu'on aimerait bien marcher sur ses plates-bandes, c'est, comment dire... peu délicat.

2- Pour savoir si les droits d'un roman étranger auquel on s'intéresse sont libres, on ne s'adresse pas à une collègue qui ne peut pas tout savoir, quelle que soit sa bonne volonté : on s'adresse à la maison d'édition du pays d'origine, qui publie Untel dans sa langue originale, et qui sait forcément si les droits de La malédiction de la forêt des elfes maléfiques du crépuscule ont été vendus en France ou pas. Surtout que la vente de droits peut précéder de plusieurs mois la mise en traduction, et que le titre peut avoir été vendu à une maison d'édition différente de celle qui publiait cet auteur jusque là.

3- Quand trois maisons d'édition différente ont déjà publié un auteur étranger, il est assez naïf de croire qu'on va pouvoir leur présenter un autre roman de cet auteur, car si les éditeurs ont bien fait leur boulot, ils les ont déjà tous lus ou les ont fait lire par des lecteurs professionnels comme votre serviteuse, heu, votre servante, bref, moi. Donc de deux choses l'une : soit Le crépuscule maléfique des elfes de la forêt maudite a déjà été lu, apprécié, et acheté, ou est en passe de l'être ; soit il fait partie de ces romans d'Untel que les éditeurs français jugent moins bons, et qu'ils n'ont pas l'intention de faire traduire. En l'occurrence, c'est le cas, parce que La forêt crépusculaire des maléfiques elfes maudits est un premier roman où on ne reconnaît pas encore la "patte" d'Untel, en dehors de ses tics d'écriture plus appuyés que jamais. Et il a fait beaucoup mieux depuis.

Mais à part ça, bon courage quand même.

(En vrai je ne lui ai pas répondu tout ça, bien sûr. Enfin, disons que j'ai beaucoup résumé, et j'ai formulé les choses le plus gentiment possible, en lui disant que je restais à sa disposition si elle avait besoin d'autres informations ou conseils. Elle ne m'a pas répondu.)

vendredi 20 septembre 2013

Mousse au chocolat minute

Il me restait un peu de chocolat fondu utilisé pour glacer des biscuits. Trop peu pour pouvoir le réutiliser, mais trop pour laver la casserole sans état d'âme. J'avais très envie de le manger à la petite cuillère, encore tiède. Mais il y a des choses qui ne se font pas, et manger l'équivalent d'un demi-verre de chocolat fondu à la petite cuillère en fait partie. Pas bien. Trop riche. Écœurant. Mauvais pour la santé. Non. Pas le droit.

N'empêche que je ne pouvais pas jeter ça. Avant qu'il ne durcisse, j'ai donc ajouté au chocolat un peu de lait pour le refroidir ; puis j'ai monté un demi-verre de crème fleurette en chantilly pas trop sucrée avec mon Bamix (LE mixeur plongeant qui vous permet de fouetter même une petite quantité, et avec lequel vous obtenez une crème chantilly en moins de temps qu'il ne m'en a fallu pour écrire cette parenthèse). J'ai mélangé le tout, et j'ai obtenu une délicieuse mousse au chocolat.

Que j'ai dévorée illico.
Une mousse au chocolat, c'est autorisé, pas vrai ? Ça, on a le droit ?

Résumons : pour avoir meilleure conscience, au lieu d'un demi-verre de chocolat fondu, j'ai donc mangé un verre de mousse au chocolat confectionnée avec un demi-verre de chocolat + un demi-verre de crème fleurette, et un peu de sucre en prime.

Les diktats alimentaires, ça rend complètement idiot.

jeudi 19 septembre 2013

Eloge de Dropbox

Il y a quelques années, j'ai commencé à utiliser Dropbox. Vous connaissez ? C'est un des nombreux système de sauvegarde en ligne, ou "clouds", mais qui a une particularité : on peut créer le même dossier "dropbox" sur plusieurs ordinateurs différents, et à chaque fois qu'on y fait la moindre modification, leurs documents sont automatiquement synchronisés.
Je sens qu'il y a déjà des gens que j'ai perdus en route (ma grand-mère, par exemple) (bonjour Nony !), donc je vais vous parler de mon cas concret, ce sera plus clair.


Dans ma nouvelle maison, j'ai installé mon bureau au rez-de-chaussée, juste à côté du salon (en réalité, j'ai monopolisé ce qui aurait dû être la salle à manger). C'est bien pratique quand je suis seule : je peux surveiller un truc qui mijote sur le feu, aller rapidement ouvrir si on sonne à la porte, ce genre de choses. Mais le mercredi, maintenant que les Things sont à la maison, il m'est impossible de travailler dans cette pièce où je ne peux pas m'enfermer, juste à côté de la porte d'entrée, de la télévision, du jardin, etc. Je laisse alors Darling avec les mômes et je vais travailler dans ma chambre, au deuxième étage, sur un petit bureau d'appoint où réside désormais l'ordinateur portable qui me servait jusqu'ici uniquement pendant les vacances. Au moment de la sieste, je reviens sur mon "vrai" bureau, pour laisser Darling dormir dans la chambre sans subir le cliquetis du clavier. Après la sieste, si celle-ci se termine assez tôt, je remonte travailler dans la chambre. Et le soir, après avoir couché les enfants, je m'installe de nouveau au rez-de-chaussée, comme tous les soirs.
Si je devais à chaque fois sauvegarder ma traduction en cours sur une clé USB pour la transporter d'un ordinateur à l'autre, ou même simplement la télécharger sur un site de sauvegarde en ligne, ça m'agacerait vite. Sans compter qu'avec ce genre de manipulations, on finit toujours par découvrir avec horreur qu'on a remplacé la version la plus récente par la précédente au lieu de faire l'inverse, et qu'on a donc perdu trois heures de boulot.
Mais avec dropbox, pas de soucis ! A chaque fois que j'enregistre mon travail, l'autre ordinateur se met à jour ; dans la seconde qui suit s'il est allumé, et sinon, à l'allumage. Je peux changer d'ordinateur dix fois dans la même journée si je veux, sans la moindre difficulté : je retrouverai toujours ma traduction au point où j'en étais au moment où j'ai changé de pièce. Je pourrais même télécharger dropbox sur mon smartphone pour y avoir mes documents accessibles ; dans mon cas, ce serait un gadget, mais ça peut être utile à certains (attention, dans ce cas il faut vraiment faire attention à ne pas se faire piquer son téléphone.) Pratique, non ?

J'ai essayé d'expliquer mon enthousiasme à Darling, qui – disons-le comme ça – n'est pas un grand crac en informatique (par exemple, il n'a toujours pas compris le principe des onglets dans le navigateur, et s'obstine à me demander s'il peut fermer la page que je suis en train de consulter pour en ouvrir une autre). Il a vaguement compris le principe de Dropbox, mais tout ça reste très mystérieux pour lui. Tant et si bien qu'hier, alors que j'étais en train de travailler dans la chambre, il est venu me demander :
— Dis, je voudrais écrire un email avec l'ordinateur d'en bas, ça ne va pas te gêner ?
— Pardon ? Pourquoi veux-tu que ça me gène ?
— Eh bien, puisque les deux ordinateurs sont reliés, j'ai pensé que peut-être, ça t'empêcherait de consulter tes propres emails, ou quelque chose du genre...

Je crois qu'il s'imaginait que TOUT ce qu'il ferait sur l'un des deux ordinateurs apparaîtrait également sur l'autre. Pour ceux que l'idée séduirait, désolée de vous décevoir : Dropbox ne vous aidera pas à surveiller la correspondance électronique de votre conjoint. Mais ceux qui veulent juste se simplifier la vie quand ils doivent jongler entre plusieurs écrans ne seront pas déçus !

mercredi 18 septembre 2013

Je sèche (ou pas)

Depuis la rentrée, je pâtisse plus que jamais. En effet, les Things sortent désormais de l'école sans avoir pris leur goûter, comme le Grand, et j'ai donc une excellente excuse pour préparer des biscuits et gâteaux de toutes sortes. Et puis après avoir avalé mon déjeuner en deux temps trois mouvements, j'aime faire une pause de vingt minutes dans ma cuisine avant de replonger dans mon interminable traduction.

Hier, je tombe sur une recette dont je n'ai jamais entendu parler : la sèche franc-comtoise. Une sorte de pâte à tarte saupoudrée de sucre. La pâte est à préparer la veille : mon Kitchenaid a fait ça en deux minutes. Aujourd'hui, je ressors ma pâte, et je lis les instructions de cuisson (j'avais seulement retenu qu'il ne fallait que dix minutes ; cette histoire démontre l'importance de bien lire les recettes jusqu'au bout avant de se lancer) :
Séparer la pâte en six boules, les étaler dans six moules à tartes et les faire cuire au four 10 minutes.

Gloups.
Six moules à tarte ?
SIX moules à tarte ?
Qu'est-ce que c'est que ce délire ? Qui donc a six moules à tarte chez soi ?

Je suis descendue à la cave, où est désormais entreposé tout ce qui ne tient pas dans ma cuisine, j'ai cherché mes moules en bougonnant, et j'ai eu ma réponse.
Moi.
(Sept, même, en comptant un moule nettement plus petit que les autres – mais sans compter les moules à tartelettes.)


Ma mère, qui s'est occupée à elle toute seule de mettre tout le contenu de ma cuisine en cartons durant les deux jours précédent mon déménagement, n'avait peut-être pas tort quand elle disait que j'avais vraiment trop de choses...

lundi 16 septembre 2013

Sale comme un peigne

C'est l'histoire d'un peigne tombé dans une couche pleine (une bien triste histoire). Après récupération et rinçage rapide de l'objet – beurk –, on se dit que décidément, on n'osera plus jamais utiliser ledit peigne si on ne le désinfecte pas d'une manière ou d'une autre. Hélas, on n'a plus beaucoup d'alcool à 90°. Pas grave, on va le faire bouillir.
Une petite question, cependant : le peigne résistera-t-il à ce traitement ?

La réponse est non.


(Bon. Poubelle. A moins que pour certaines coiffures très élaborées, on ait besoin de peignes qui aient précisément cette forme recourbée ? Je devrais peut-être me renseigner...)

dimanche 15 septembre 2013

Polystyrène

Dans dix ans, on en retrouvera encore. Au-dessus de la plinthe, dans une chaussure, dans la poche d'un vêtement, dans une fissure du mur, collé à un livre, sous le paillasson, au milieu de l'herbe...

Moralité : quand vous montez un meuble IKEA,  ne laissez pas vos enfants jouer avec une plaque de polystyrène dans le couloir à côté pour avoir la paix. Ne sous-estimez pas la malignité de ces chers bambins, qui ne s'arrêteront pas avant d'avoir détaché le moindre petit grain de "neige" de la plaque, ni la malignité de l'énergie statique, qui viendra à bout de la meilleure volonté et du meilleur balai du monde.

samedi 14 septembre 2013

Pour le principe

Chahut. Miss Thing One tombe. Elle hurle. Je me précipite.

— Oh, ma pauvre chérie !
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn ! Moi j'a glissé !
— Oui, tu as glissé !
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn !
— Viens dans mes bras, que je te console.
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn !
— Ma pauvre, puce, c'est pas grave, ça va passer...
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn !
— Où est-ce que tu as mal ?
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn !
— Chérie, réponds-moi. Tu t'es fait mal ?
Une seconde de réflexion, puis :
— Heu, non.

Et elle est repartie chahuter.

mardi 10 septembre 2013

Un amour de triporteur

(Cet article est la conclusion de celui-ci, où j'explique pourquoi nous n'avons pas de voiture, et celui-là, où j'évoque ma découverte d'un moyen de transport économique et écologique compatible avec les familles nombreuses.)

Et donc, après moult hésitations, après des heures passées à comparer les différents modèles sur Internet, après une longue réflexion sur l'utilité réelle de la chose, j'ai sauté le pas. J'ai acheté un triporteur.
Si vous n'avez pas tout suivi depuis le début et que vous avez la flemme de cliquer sur les liens, un triporteur, c'est un vélo à trois roues avec une grosse caisse à l'avant, juste devant le guidon, où on peut caser des enfants (ou trois cartons de livres, ou un adulte flemmard, ou un lave-vaisselle en panne, ou un pique-nique pour un groupe d'ados...). Il existe aussi des biporteurs, avec deux roues seulement, qui sont paradoxalement plus stables, notamment dans les virages ou sur terrain inégal ; mais la charge qu'on peut transporter est moins importante. J'ai décidé qu'au point où j'en étais, autant prendre le plus grand, le plus solide, la meilleure marque, le plus grand nombre de vitesse, et la meilleure assistance électrique. Bref, le top du top, ou à peu près.

Pour ceux qui voudraient des détails, il s'agit d'un triporteur cargotrike Bakfiets, version large. Le seul qui ait une charge utile dépassant les 100 kilos, le seul qui ait une assistance électrique compatible avec une boîte de vitesse (pour les autres, il faut s’accommoder d'un dérailleur), et le seul qui réponde à mes autres critères : des bancs relevables, pas de rétropédalage, une assistance électrique modulable, quatre places pour les gamins, et puis en bois, tant qu'à faire.
Autant annoncer la couleur tout de suite : ça m'a coûté 3500 euros. Eh oui.
Avant de pousser des hauts cris, rappelez-vous juste que c'est moins que ce que coûte chaque année une voiture en frais d'entretien, sans même parler du prix d'achat.

Quand, fin juin, on m'a annoncé que mon vélo-cargo était enfin arrivé des Pays-Bas, je suis allée le chercher en métro à l'autre bout de Paris, et je suis revenue dessus. Au début, j'avoue que ça m'a fait tout drôle. La manière de conduire est si différente que pendant les premières minutes, quand je voulais aller à droite, j'allais à gauche. Si vous y ajoutez l'assistance électrique qui me faisait aller plus vite que prévu, la largeur imposante de la bête, et le déséquilibre désagréable en bordure de trottoir, vous comprendrez pourquoi je me suis brièvement demandé si je n'avais pas fait une grosse bêtise.

Et puisqu'on est dans les défauts, j'ai aussi découvert que c'était lent, nettement plus qu'un vélo. D'abord parce que c'est lourd, et ensuite parce qu'il faut vraiment ralentir à chaque tournant pour garder l'équilibre, sinon on est éjecté par la force centrifuge, puisqu'on ne s'incline pas vers le centre du virage comme sur un vélo classique. Et aussi parce que comme c'est un gros machin, on va forcément moins vite pour pouvoir freiner facilement en cas d'obstacle imprévu.

Voilà : c'est cher, c'est difficile à manier quand on n'a pas l'habitude, et c'est lent.

A part ça, vous voulez savoir ce que j'en pense ?
J'adore. J'adore !

- J'adore pouvoir aller plus loin que le périmètre très limité où nous circulions à pied ;
- j'adore retrouver le plaisir de faire du vélo, et même de faire du sport, car j'aime faire travailler mes muscles (je mets presque toujours l'assistance électrique au minimum) ;
- j'adore pouvoir enfin transporter des choses en plus des enfants, alors qu'à pied, avec les deux mains prises par les Things et un bébé sur le dos, même un simple sac de provisions posait problème ;
- j'adore échanger quelques mots avec des passants admiratifs ou hilares aux feux rouges, et répondre aux curieux, ou simplement sourire aux cyclistes-à-siège-bébé ou aux familles à pied ;
- j'adore passer sur les pistes cyclables (oui, ça passe toujours, la caisse n'est pas beaucoup plus large qu'un guidon, en fait) à côté des voitures coincées dans les embouteillages ;
- j'adore prouver – et me prouver à moi-même – qu'il est possible d'utiliser un moyen de circulation silencieux et écologique même avec une grande famille ;
- et par-dessus tout, j'adore constater que mes enfants adorent ça, et qu'ils réclament sans cesse d'aller se promener en triporteur (même le Filou, par gestes !).


Je n'ai pas eu l'occasion de le tester beaucoup avant de déménager, mais juste après le déménagement, début juillet, il y a eu une semaine où les enfants fréquentaient encore la crèche de notre ancien quartier parisien alors que nous étions déjà banlieusards. J'avais loué ma voiture de l'été en avance afin de pouvoir l'utiliser pour les aller-retours, car je ne me voyais pas du tout dans le RER bondé avec trois petits surexcités ou épuisés (ou les deux). Certes, j'avais reçu le triporteur quelques jours plus tôt, mais le trajet était tout de même assez long : huit ou neuf kilomètres, soit bien trois quart d'heure en triporteur, contre vingt minutes en voiture et une demi-heure en RER.
Le premier matin, j'ai donc vaillamment pris ma voiture pour les emmener à la crèche. Une heure et huit kilomètres d'embouteillage plus tard, je me suis juré de ne vraiment pas m'acheter de voiture de sitôt. Le lendemain matin, toujours dans les bouchons, avec le Filou qui râlait dès que je m'arrêtais (tous les trois mètres, donc), je me suis dit que finalement, j'allais tenter le triporteur. Pour que le Filou soit confortablement installé et puisse s'endormir à l'occasion, j'ai carrément installé son siège auto dans la caisse. Et roulez jeunesse !



Bien entendu, je n'ai plus lâché mon nouveau joujou de la semaine. Matin et soir, trois quart d'heure de bonheur, dont plus de la moitié sur une route entourée d'arbres et interdite aux voitures, à rouler en discutant avec les gamins, sans le moindre embouteillage, avec une piste cyclable ou des couloirs de bus presque d'un bout à l'autre... Et en plus, il faisait beau ! Franchement, la seule question que je me pose, c'est pourquoi nous n'étions pas plus nombreux sur nos vélos, avec ou sans troisième roue...

Après, il y a eu la coupure des vacances, mais dès notre retour, les excursions ont repris. Le Grand lui-même se joint souvent à nous : il me suit en trottinette, mais peut monter dans la caisse avec la trottinette pliée quand il est fatigué. Il est même arrivé une fois qu'il invite un copain en rollers, et que je fasse les deux derniers kilomètres de la balade avec cinq gamins dans la caisse. Pour l'occasion, je me suis fait aider davantage par le moteur électrique, je l'avoue !

(Au passage, quelques mots sur l'assistance électrique. En résumé, heureusement que je l'ai prise ! D'accord, sur cinq niveau d'assistance possible, je choisis presque toujours le premier, et je pourrais souvent m'en passer. Cependant, les montées seraient épuisantes sans assistance, quand les enfants sont dans la caisse et que le vélo et ses passagers (moi comprise) frôlent les 200 kilos. Il y a même quelques montées abruptes (sorties de garage, par exemple) que je ne pourrais pas faire du tout, à moins de faire sortir tous les gamins de la caisse et de pousser l'engin à la main ! Par ailleurs, sur la route ou dans les carrefours, quand on représente un danger pour les voitures qui s'énervent derrière, c'est appréciable de pouvoir dégager le passage rapidement. Et pour les longs trajets sur du plat ou "faux plat", quand la piste cyclable est lisse et sans obstacles, c'est agréable de pouvoir aller un peu plus vite, et l'assistance électrique compense alors le poids de l'engin. Bref, je ne regrette pas une seconde le surcoût.)

Et maintenant ? Eh bien, maintenant, le triporteur, acheté au départ dans l'intention de faire des sorties en famille le weekend, est en train de devenir un moyen de transport quotidien, qui me permet d'embarquer les jumeaux à la sortie de l'école et d'aller directement chercher le Filou chez son assistante maternelle (qui a le seul défaut d'être assez loin), sans devoir prendre le bus, ni les faire marcher alors qu'ils sont fatigués, ni ressortir la poussette double remisée depuis plus d'un an à la cave. Du coup, j'ai même commandé une tente de pluie pour l'hiver...
On verra dans quelques mois si notre engouement persiste, mais pour l'instant, tous en chœur : vive le triporteur !




lundi 9 septembre 2013

Vive la rentrée !

Donc :
- le Filou a fait connaissance avec son assistante maternelle (aussi professionnelle que le laissait espérer sa petite annonce, et très sympathique de surcroît), et y va désormais tout à fait volontiers ;
- le Grand a entamé pour de bon sa vie au collège, pas vraiment de gaieté de cœur, mais à peu près résigné à son triste sort d'élève (ce soir, en revenant des cours, il m'a annoncé qu'il était venu à bout de sa première semaine de sixième. Plus que trente-cinq !) ;
- Les Things ont commencé l'école maternelle sans sembler remarquer la différence avec la crèche, sans hésitation ni larmes, et même plutôt joyeusement (il faut dire qu'ils sont dans la même classe, que la maîtresse a l'air très gentille, et qu'ils ont eu une mini-adaptation : visite de l'école quelques jours avant la rentrée, pré-rentrée de deux heures avec seulement la moitié des enfants jeudi, et matinée de trois heures vendredi) ;
- Darling continue sa vie de libraire et découvre que le RER n'est pas tout à fait aussi fiable que le métro (et soutient mordicus qu'il y a plus de trains dans un sens que dans l'autre, toujours, et que si ce n'est mathématiquement pas possible, ce sont les maths qui se trompent) ;
- quant à moi, j'ai eu aujourd'hui ma première journée "complète" (de 9h30 à 15h30) sans enfants depuis plus de deux mois, mon premier déjeuner en solitaire, ma première tentative de conciliation corvées / boulot, et je vais me coucher déjà en retard de quatre pages sur mon planning de traduction très serré.

Bref, nous reprenons une vie normale... La vie est belle !


samedi 7 septembre 2013

En gros

Après quelques recherches, je trouve sur internet un grossiste qui propose des produits bio en grosses quantités, théoriquement destiné aux achats groupés, mais parfait pour les familles nombreuses : les pâtes par paquet de 5 kilos, la pulpe de tomate par colis de 12 boîtes de conserve, l'huile d'olive par 6 litres, etc. Ce n'est pas énormément moins cher qu'au détail chez mon supermarché en ligne habituel, mais un peu quand même, et puis dans le cas des gros paquets, ça évite le suremballage... et surtout, ça m'évitera de me trouver à court de produits de base trop souvent, donc je décide de tester. C'est une première commande, donc je prends peu de produits, juste assez pour atteindre le seuil minimal pour une livraison gratuite : farine, sucre, gros pots de compote, shampoing pour toute l'année, riz, jus de fruit, huile, pâtes bien sûr, et puis quelques packs de lait, pendant que j'y suis.

Quelques minutes plus tard, je reçois la confirmation du service livraison : ma commande est en cours de préparation, je recevrai mon colis de 116 kilos d'ici trois jours.

...


Ah ouais, quand même.

mercredi 4 septembre 2013

Collégien

Et donc, comme tout le monde, le Grand a fait sa rentrée, plus précisément sa rentrée en sixième. Pour la deuxième fois de sa vie, un vrai saut dans le grand bain sans bouée, pour lui qui n'était pas allé à la crèche et était donc rentré à trois ans dans une école maternelle où il ne connaissait pas un chat. Hier matin, je l'ai accompagné dans ce collège inconnu de cette banlieue inconnue peuplée d'inconnus. La principale nous a fait un grand discours où elle s'engageait à "tirer le meilleur de nos enfants", parce que s'ils ne faisaient pas tous les efforts possibles, ça se passerait très mal pour eux (eh, Madame, vous êtes tout le temps à 100% de vos capacités, vous ?), et puis elle a mis les parents dehors.
Le Grand, au premier rang devant la principale

Et je l'ai laissé là, mon grand garçon, et je me suis rappelée que moi aussi, au même âge, j'avais débarqué au même âge dans un collège-lycée gigantesque où je ne connaissais strictement personne, et où, par-dessus le marché, je devais aller toute seule en métro. Et j'y ai passé sept années excellentes.

Il est ressorti de cette première matinée un peu sonné, vaguement inquiet que personne ne lui ait parlé (— Et toi, tu as essayé d'engager la conversation avec quelqu'un ? — Ben, non, tout le monde se parlait déjà !) et scandalisé par la sévérité de son prof de français :
— Il nous a dit que si on était en retard, on aurait un avertissement !
— Hein ? Carrément ?
— Oui, et au bout de trois avertissements, on a une heure de colle !
Ah bon, je préfère.

Mais ça, c'était hier. Aujourd'hui, les deux autres profs rencontrés lui ont plu davantage, et surtout, il m'a annoncé, tout content, qu'il s'était fait un copain.
— Ah, super ! Et comment s'appelle-t-il ?
— Heu... En fait j'ai oublié.
OK.

Pour l'occasion, j'ai laissé Darling (dont c'était le jour de "repos") aux prises avec les mômes et j'ai emmené le pré-ado au restaurant. Je lui ai même fait un cadeau, pour marquer le coup : un magnifique stylo à plume en métal, un Waterman, à ne pas perdre trop vite.
— Tu vois, maintenant tu es vraiment grand, tu peux laisser tomber les stylos bille ; écrire avec un stylo à plume, c'est une sensation très agréable, sans compter...
— Waouh ! La plume est en or ?
— Plaquée or, je crois. Je disais donc...
— Super, je pourrais la faire fondre et la revendre !
Certaines choses ne changent pas.

En tous cas, c'est officiel, j'ai maintenant un collégien à la maison !

(En réalité, ça ne me fait pas tellement d'effet ; je sais que je suis censée verser ma petite larme sur le temps qui passe trop vite, les enfants qui grandissent et "j'ai l'impression que c'était hier qu'il tétait huit fois par jour", tout ça, mais prétendre que je regrette ce temps-là serait mentir...)