mardi 30 novembre 2021

Falalalala

La semaine dernière, je devais aller à Strasbourg, voir une copine, sillonner la ville, visiter plein de trucs et profiter du marché de Noël dès son ouverture.

Et puis en fait, le Filou était cas contact et a dû passer une semaine à la maison, en quarantaine.

Snif.

Du coup je me suis consolée en lisant un livre qui se passe à Strasbourg, et qui parle de l'esprit de Noël et de pains d'épices et d'étoiles à la cannelle. Un livre qui met en scène sept naines (si, si) et un grand garçon. Un livre qui est très drôle, avec dès digressions dans tous les sens, des descriptions caustiques, des dialogues truculents, et des situations cocasses. Un livre porté par son style et ses personnages beaucoup plus que par l'intrigue ou l'action. Un livre parfois cru, sans scène "explicite" mais où il est souvent question de sexualité, à réserver plutôt aux 15-115 ans. Un livre qui parle surtout de famille, de secrets, de sentiments de toutes sortes, d'alliances improbables et des qualités et défauts qui nous rendent tous différents.

Falalalala – Éditions Sarbacane

Bref, si vous voulez lire un bon roman de saison, rire souvent, avoir la larme à l’œil parfois, et avoir envie d'aller à Strasbourg et de manger des bredele, et si vous aimez déjà les styles de Clémentine Beauvais et Daniel Pennac, lisez Falalalala d'Emilie Chazerand.

lundi 22 novembre 2021

Compensation vs punition

 Les gamins ont le droit à une heure d'écran par jour (dans leur cas, des DS), ou sept heures par semaine en tout (s'ils préfèrent en faire deux heures les weekends ou mercredi). Bien sûr, des fois, ils trichent. Je m'aperçois que la semaine dernière, le Filou et Miss Thing One ont joué au moins une heure de trop.

— Je suis désolée, mais vous n'avez pas respecté le contrat, donc je vais devoir vous punir.

— Ben, t'a qu'à dire qu'on n'a le droit de jouer que six heures la semaine prochaine, suggère le Filou, approuvé par Miss Thing One.

— Sauf que ce n'est pas une punition, ça...

— Ben si !

— Non. Parce que ça voudra dire que sur deux semaines, vous aurez fait quatorze heures, comme d'habitude. Alors que vous avez fait exprès de dépasser. Ce n'est pas une erreur. Quand on paie des impôts, si on paie moins que prévu parce qu'on s'est trompé de bonne foi, on peut parfois juste rembourser la différence. Mais si on a fait exprès de frauder, alors là on paie la différence ET une amende.

— Ben oui, sinon ce serait trop facile, renchérit Mr Thing Two. Quand on tue quelqu'un, on n'aurait qu'à faire un enfant, et voilà, c'est réparé ! 


Je n'avais pas songé à cet exemple, mais ce n'est pas mal trouvé.

mercredi 17 novembre 2021

Manque de folie tout relatif

 Mr Thing Two fait l'imbécile. Je râle. Il proteste :

— Maman, t'es pas assez folle.

Voilà qui m'attriste fort.

— Ah bon ? Tu trouves ? Je croyais pourtant que par rapport à la plupart des adultes, j'étais déjà bien assez farfelue et déraisonnable...

— Ah non, je voulais dire par rapport à nous, mais pour une adulte, bien sûr, beaucoup beaucoup plus que les autres gens !

Bon, c'est déjà ça.

(Miss Thing One confirme cette analyse. Ouf, me voilà rassurée.)

mardi 16 novembre 2021

Le prestige du métier

L'autre jour, j'étais fatiguée. Ça fait quelque temps que j'ai du mal à me mettre au travail. J'en ai parlé au dîner :

— Pff, j'ai envie de changer de métier. Je voudrais faire un truc manuel, et puis avoir des collègues, et surtout avoir des horaires et savoir que quand j'ai terminé le soir, je peux faire ce que je veux de mon temps libre sans mauvaise conscience ! Tiens, je vais suivre une formation et devenir mécanicienne cycles. Il paraît qu'on trouve très facilement du boulot, dans ce domaine.

Et là, les trois plus jeunes se sont mis à râler avec énergie :

— Hein ? Mais non !

— Moi je suis super fière que tu sois traductrice ! Je peux montrer à mes copines des livres que tu as traduit !

— Mais oui, c'est trop stylé de faire des livres !

Je ne m'y attendais pas du tout. J'ai manifesté mon étonnement :

— Mais mécanicien, c'est bien aussi, non ?

— Oui mais moins !

— Vous pourriez montrer votre vélo et dire "C'est ma mère qui l'a construit" ? Ce ne serait pas chic, ça ?

— Ben ouais mais c'est quand même pas aussi impressionnant que traduire un roman et avoir ton nom écrit dans un livre !

 

Voilà, aujourd'hui mes gamins ont prouvé que Bourdieu n'avait pas tort, avec ses histoires de culture et d'élitisme...

 

(Accessoirement, le Grand m'a fait remarquer que si j'étais mécanicienne, je ne pourrais plus voyager librement en emportant mon travail, et ma mère que mon salaire ne suffirait pas forcément à entretenir une famille de cinq personnes. Certes. Bon, ben je vais rester traductrice quelques années de plus, alors...)


dimanche 14 novembre 2021

Le Petit Palais avec le Filou



 Aujourd'hui, les Things devaient aller aux scouts, mais pas le Filou, qui n'est plus dans le même groupe qu'eux. Je lui avais donc annoncé que je l'emmènerai faire une sortie et déjeuner quelque part, pour profiter de ce très rare moment en tête-à-tête.

Sauf que lui, il avait surtout envie de traîner à la maison, de lire des BD et de jouer aux Lego. Mais je sais par expérience que quand on est tous les deux, une fois qu'il a surmonté sa flemme de bouger, ça se passe souvent très bien, et qu'au fond, il est plutôt content. Il est encore capable de s'intéresser à ce qu'il voit, il a toujours des remarques pertinentes, et comme il a une mémoire ahurissante, il retient plein de choses. J'ai donc insisté.

J'ai fait une présélection et je lui ai donné le choix entre plusieurs sorties : le château de Vincennes ? Le Petit Palais ? Le musée Picasso ? Celui des Arts et Métiers ? Une balade-énigme à la découverte d'un arrondissement ? Une randonnée en forêt ?
Il a choisi le Petit Palais.
Pourquoi ?
Il ne l'a pas dit, mais je sais comment il raisonne. Je le connais, le môme.
Parce que j'ai eu le malheur de lui dire que c'était gratuit.
Et alors, me direz-vous ?
Eh bien, il s'est dit que s'il en avait marre au bout de trois quarts d'heure, j'accepterais plus facilement de partir si je n'avais pas payé trente euros les deux billets d'entrée. Cet enfant est retors, il faut le savoir.*

Bref, nous voilà partis au Petit Palais. Et comme toujours, alors qu'il me parlait de complètement autre chose et avait l'air de ne pas prêter la moindre attention à ce qui l'entourait, il m'a estomaquée. Il a reconnu la place de la Concorde et l'Obélisque, et bien sûr la tour Eiffel et l'Arc de Triomphe ; bon, ça, c'est facile. Il ne se souvenait plus du nom de l'Assemblée Nationale mais savait que c'était "le truc de la démocratie, là". Il a reconnu les tulipes de l'artiste "qui fait des trucs comme des ballons" (Jeff Koons). Il savait évidemment que le Grand Palais avait un toit en verre et s'est souvenu, alors que j'avais moi-même oublié, que c'était là que nous étions allés patiner sur une grande patinoire éphémère, il y a deux ans. Et par la même occasion, il se rappelait qu'il y avait une statue du général de Gaulle à l'avant. Enfin, à l'intérieur du Petit Palais, il a reconnu du premier coup d’œil un tableau de Monet. "Ben c'est facile, il suffit de voir la lumière sur l'eau", m'a-t-il dit négligemment. Inutile de dire qu'aucun de ses trois frères et sœur ne saurait sans doute distinguer un tableau de Monet d'un Matisse ou d'un Raphaël – je pense même que les Things ne sauraient même pas qui c'est.

Soleil couchant sur la Seine à Lavacourt, effet d'hiver | Petit Palais

Il y avait une exposition, au Petit Palais. Des perles de couleur, d'un certain Othoniel, un artiste dont je n'avais jamais entendu parler, mais dont les œuvres me rappelaient furieusement la station de métro devant la Comédie Française. J'ai été très fière en découvrant que c'était effectivement de lui.
(J'en ai parlé aux autres à notre retour :
— C'était comme des très grands colliers colorés, entortillés, d'un certain... Comment il s'appelle, déjà ? O... O quelque chose...
— Ohtoniel, a complété le Filou en levant à peine le nez de son bouquin. Jean-Michel Othoniel.)



 

Bref, comme prévu, au bout de trois quarts d'heure, il en a eu marre et a réclamé à manger. Nous sommes allés jeter un coup d’œil au café du musée, mais le menu ne nous inspirait pas. Heureusement, j'avais apporté deux petits sandwichs, deux pommes et deux barres de chocolat. Et comme il y avait des tables libres, nous sommes allées manger tout cela assis à une des tables dans le jardin, entre les perles dorées d'Othoniel – pardon, de Jean-Michel Othoniel.

Voulant tout de même lui faire plaisir avec quelque chose qui sorte de l'ordinaire, je lui ai proposé ensuite :
— Tu veux qu'on aille boire un capuccino et manger un gâteau quelque part ?
— Mmm... On peut pas le faire à la maison ?
— Euh, si, éventuellement. Je dois avoir un mousseur à lait quelque part... Et il reste du gâteau d'hier...
— Je préfère à la maison, alors.

Ce qui fut fait.

Bilan : une sortie très agréable, et qui m'a coûté exactement le prix de deux tickets de métro...


* Je l'avais mal choipeauté, il y a six ans – il faut dire qu'il était encore très petit. Il a beau être casse-cou, il est clairement serpentard, comme le Grand... (Ou à la rigueur serdaigle)






mercredi 10 novembre 2021

Mal (aux oreilles)

 Réunion de préparation à un weekend scout.

(Oui, je me suis enrôlée parmi les bénévoles, oui, je suis folle, oui, mes trois mômes sont inscrits chez les scouts, oui, nous sommes athées mais c'est ouvert à toutes les religions ou absence de religion, oui, c'est mixte, oui, c'est vraiment chouette les sorties et les weekend et les camps, d'autres questions ?)

— Alors, dit le responsable de l'intendance, pour le transport, les cars partiront à 11h... Tiens, d'ailleurs, il faut que je téléphone pour savoir s'ils peuvent prendre les mâles.

???

—  De quoi tu parles ? Des enfants ?

— Pardon ?

Nous échangeons un regard, aussi perplexe l'un que l'autre. Il ne comprend visiblement pas ma question. Moi, je ne vois pas pourquoi les cars n'emmèneraient que les filles, et pourquoi il utilise ce terme-là. Il finit par développer :

— Je ne sais pas s'il y aura assez de place dans le car, et donc s'ils peuvent aussi emporter les tentes et le matos, dans les mâles...

Tilt.

— Ah, d'accord, les MALLES !


De l'intérêt de distinguer [a] et [ɑ].

mardi 9 novembre 2021

Rousseau version manga

J'avoue, ce n'est vraiment pas le genre de titre que je m'attendais à trouver en passant dans le rayon mangas de cette grande librairie.

La prochaine fois que j'y vais, je regarde s'ils ont La critique de la raison pure. Je vous tiens au courant.

dimanche 7 novembre 2021

Étourderie coûteuse

Les enfants ont passé les vacances chez leur père en Espagne. Retour prévu samedi à 16h. A 13h, en rentrant à la maison et en songeant que je vais tout juste avoir le temps de manger et ranger un peu avant de partir les chercher à l'aéroport, je constate que j'ai six appels manqués qui viennent... d'un hôpital en Espagne.
Panique.
Je téléphone à Darling. Il décroche. Ouf, c'est déjà ça.
- Allô, Darling ? Tout va bien ? Quelqu'un est malade ou blessé ?
- Hein ? Pas du tout, pourquoi ?
J'explique.
- Ah, non, c'est parce que on est allés faire les tests covid, tu sais, ceux qu'il faut faire avant de prendre l'avion, et on m'a demandé mon numéro de téléphone, et comme je me souvenais pas j'ai donné le tien.
Ah.
Bon.
En temps normal, cette réponse m'enerverait. Beaucoup. Mais là, quelque chose m'inquiète davantage :
- Mais vous êtes où, là ?
- A la maison. On vient de rentrer.
- Mais... Le vol a été décalé ?
- Mais non, voyons, c'est demain qu'ils prennent l'avion !
- Ah non, c'était aujourd'hui.
- Quoi? Tu es sûre ?
- Darling, c'est toi qui a pris les billets, mais attends, je vérifie sur la confirmation de réservation que tu m'as fait suivre... Oui oui, c'était aujourd'hui.
- OH, *#@€!!! On va se dépêcher, on peut encore l'avoir.
- Mmm, vu que l'avion part dans une heure, ça m'étonnerait...

Du coup j'ai eu tout mon temps pour manger, finalement.

(Ils rentrent dimanche. Il restait des places) (Ne PAS penser que le prix des billets en dernière minute aurait suffit pour acheter une surjeteuse ET un vélo. Non. Ne pas y penser...)

vendredi 5 novembre 2021

Masque littéraire

Une vendeuse, à la boulangerie :
- Votre masque, madame, c'est pas un livre ?
??
- Euh, non, je l'ai fait avec un vieux drap...
- Pourtant ça me rappelle quelque chose. Un truc avec un éléphant...
 
Voilà, aujourd'hui j'ai fait ressurgir dans la mémoire d'une jeune femme l'époque où ses parents (ou n'importe qui d'autre) lui racontaient Elmer, et j'en suis enchantée.

mardi 2 novembre 2021

séchoir

Quand il ne fait que pleuvoir mais que l'été dernier nous étions onze dans cette maison et qu'il y a donc (entre autres) 22 draps et 11 serviettes de toilette à laver, il faut bien s'arranger...

lundi 1 novembre 2021

imperméable (ou pas)

Puis-je raisonnablement supposer que mon imperméable ne l'est pas?
(Pas grave, rien de plus revigorant qu'une promenade dont on revient frigorifié et trempé.)