jeudi 30 juin 2016

Il faut appeler un chat un chat

C'était une collection d'album commencée il y a plus d'un an, chez un éditeur qui fait des trucs très commerciaux, très consensuels, très moralisateurs – et pour tout dire, très moches. Des albums cartonnés, courts, qui expliquaient en cinq phrases comment bien se laver les dents ou prendre son bain (soupir). Parfois, on me demande de donner un nom aux personnages, mais là, vu que ces animaux humanoïdes n'avaient pas la moindre personnalité ni la moindre importance, nous avions choisi de garder tout simplement "Petit Ours", "Petit Lapin", "Petite Girafe".

Et puis un an plus tard, voici trois autres albums qui vont s'ajouter à la collection. Il faut garder les mêmes codes, bien entendu. Cette fois, c'est pour expliquer aux enfants comment bien se tenir à table ou prêter ses jouets (re-soupir). Avec trois nouveaux animaux : Petit Renard, Petite Souris, et... Petite Chatte.

Je sais déjà que ça ne passera pas.

(Re-re-soupir)

mardi 28 juin 2016

Rien à déclarer

J'essaie de blogger tous les jours, vraiment. Mais parfois, à la fin de la journée, j'ai beau me creuser la tête, je n'ai rien de plus intéressant à dire que "J'ai mal au dos depuis trois jours, j'ai traduit trois albums moches, les gamins ont vidé 500 ml de gel douche (bio) dans le bain, j'ai reçu des épreuves et constaté qu'un correcteur a donné le même nom à deux lieux différents dans le dernier polar que j'ai traduit (du coup on ne comprend plus rien), j'ai fait deux lessives, toute la vaisselle d'hier et d'aujourd'hui à la main pour cause de lave-vaisselle malade, des pâtes pour le déjeuner, des lentilles pour le dîner, j'ai découvert un compte Twitter féministe rigolo, et j'ai résolu le problème de garde du chat pour cet été... Et vous, vous avez vraiment vécu aujourd'hui, ou bien vous avez à peine vu la journée passer, comme moi ?"

dimanche 26 juin 2016

Perceuse et cartables

Chapitre 1 - Chroniques du sexisme ordinaire :
Dimanche matin ; je fais la queue devant le fromager du marché. Mr Thing Two, qui est avec moi, repère l'emmenthal et s'exclame :
— Regarde, le fromage avec des trous ! Je veux celui-là !
— Mmm... Oui mais non, mon chéri. Il n'a pas beaucoup de goût, tu sais. On va plutôt prendre du comté, par exemple.
— Mais y a pas de trous, c'est moins rigolo !
Le fromager, qui a entendu notre conversation, intervient :
— Eh bien, il n'y a qu'à en faire. Il a une perceuse, ton père ?


Chapitre 2 - Cas de conscience féministe :
Je dois acheter des cartables aux Things, et après une longue étude de marché, j'ai choisi une marque assez chère, mais réputée, écolo, ancienne, et surtout solide ; j'aimerais bien que les cartables durent jusqu'en CM2 (le Grand a gardé le sien 5 ans). Problème : cette marque divise les cartables en deux rayons, "garçons" et "filles". Ce qui me hérisse passablement. Et c'est vraiment très, très genré. Du coup j'hésite. Je trouve celui-ci plutôt joli, par exemple :

... mais sa contrepartie est un cartable bleu avec une illustration de baseball dessus. Bof. Vous me direz, on évite les voitures, mais bof quand même.

Ou alors je pourrais prendre un cartable neutre, comme celui-ci :

... mais il n'y a que trois choix : rose, bleu, ou bleu et rouge. Donc celui des Things qui aurait un cartable monochrome serait parfaitement en droit d'être jaloux de celui ayant eu un cartable bicolore. Et puis je n'ai vraiment pas envie de céder à la tyrannie du rose ou du bleu, mais d'un autre côté, je ne veux pas non plus tomber dans l'excès inverse et prendre un truc rose pour Mr Thing Two ou un truc bleu pour Miss Thing One, parce que je sais que les enfants peuvent être très cruels envers ceux qui sortent du moule. Je rêve de cartables jaune et vert, orange et marron, bleu et gris, rouge et violet, décorés de zèbres, d'arbres, de vélos, de maisons, de montagnes, de livres, de balançoires...

(Si vous avez un avis, ou des conseils, je prends)





samedi 25 juin 2016

Une semaine, trois possibilités

Pour la semaine prochaine, le Grand avait trois choix :
- Aller passer trois matinées au collège. Oui, car la principale a pris une décision à la dernière minute : les cours reprennent – avec des emplois du temps allégés – après le brevet ! Sauf que bien sûr, plein de parents avaient déjà pris leurs dispositions. Hurlements du Grand : "Je vais être tout seul en cours ! Tous mes copains sont déjà partis ! On sera trois ou quatre ! Les profs ne vont même pas nous faire cours, ils vont nous passer des vidéos ou nous laisser bavarder ! Non, non, non, j'irai paaaaaaas !"
- Faire un stage d'initiation à l'aviron avec ma sœur de 15 ans*, qui passe une semaine chez moi et veut bien "s'initier", mais pas toute seule. Sachant que le Grand a déjà fait ce stage l'année dernière, et qu'il a fait ensuite de l'aviron toute l'année – sans enthousiasme, d'ailleurs – jusqu'à enfin passer son "brevet d'or".
- Aller passer une semaine chez un copain, l'un des enfants de la famille d'intellos quadripare dont j'ai déjà parlé plusieurs fois ; sachant que le père a annoncé qu'il occuperait les garçons par un stage de "mathématiques amusantes", à raison de trois heures par jour de jeux, expériences et vidéos sur le thème des maths.

A votre avis, qu'a-t-il choisi ?


* Il faut vraiment que je trouve des surnoms à mes sœurs : ça devient compliquer de toujours dire "la plus grande de mes deux petites sœurs" ou "ma plus jeune petite sœur" ou "ma sœur qui a un an de plus que le Grand" ou "ma sœur qui vient d'avoir un bébé, mais non, pas celle qui est encore ado, l'autre"...

jeudi 23 juin 2016

Les plages du Débarquement

Deux jours sur le thème de la Seconde Guerre mondiale. Une journée entière au Mémorial de Caen, puis une journée sur les routes pour aller visiter l'une après l'autre les plages où ont eu lieu le Débarquement – et une relecture d'Un sac de billes entre les deux, pour faire bonne mesure.
Il m'en restera quelques noms, quelques images, quelques informations, quelques impressions. Ces témoignages sur les agissements atroces des Japonais quand la Chine a été envahie. Cet immense cimetière américain dont les croix – ou étoiles – s'étendent à perte de vue. Cette carte touristique où presque les trois quarts des villes et villages sont labellisés "haut lieu de la Bataille de Normandie". Ces images d'archives présentées simultanément sur deux moitiés d'écran, d'un côté les Alliés qui se préparent à mourir en attaquant, de l'autre les Allemands qui se préparent à mourir en défendant leurs positions. Ce bunker sordide. Ce terrain ponctué de trous d'obus. Les restes d'un port artificiel bâti en toute hâte pour ravitailler les troupes. Et surtout ces plages, si paisibles aujourd'hui, ces plages où, hormis quelques drapeaux, parfois quelques monuments, rien ne permet de deviner qu'autrefois, des milliers d'hommes se sont entretués là au petit matin...












mardi 21 juin 2016

Visite du Mémorial avec le Grand

Six heures au mémorial de Caen. Après s'être levée à 4h50 du matin, c'est rude. Mais je crois que le plus fatigant, ce n'est pas de piétiner, ni de lire tous ces panneaux, ni d'esquiver les troupeaux de CM2. Non, le plus fatigant, c'est d'écouter le Grand pérorer à longueur de temps sans même pouvoir lui lancer un prétexte du genre "Attends, tu me racontera ça plus tard, là il faut que j'aille donner un bain aux petits et que je prépare le dîner"...

(Demain, une journée en voiture avec lui. J'ai peur.)

Boucles d'oreilles Nespresso

Je ne suis pas quelqu'un qui fait des "bidouilles", des bricolages, des petits objets en récup, de la "customisation", ce genre de choses. Une des rares fois de ma vie que je m'y suis essayé, c'était pour, avec beaucoup de modestie, écrire quelques mots sur une boule japonaise, et ça a donné... ça.

Mais j'adore les boucles d'oreilles. Un jour, je vous montrerai ma collection. Je dois en avoir, je ne sais pas, 100 paires ? 150 ? J'ai perdu le compte depuis bien longtemps. Aussi, quand j'ai découvert, dimanche matin, un stand qui proposait la confection de petites boucles d'oreilles, j'ai été très intéressée. Je me suis assise illico, en ignorant le fait que le stand était réservé aux moins de douze ans (ben quoi ?), et j'ai découvert avec ravissement que la dame de l'autre côté de la table utilisait comme matière première des capsules Nespresso, vidées, lavées et aplaties à coups de maillet. Un pli, deux strass autocollants, un crochet, et la boucle était terminée. Moins de dix minutes plus tard, je repartais avec une nouvelles paire accrochées aux oreilles :


Or, il faut savoir que j'ai une cafetière Nespresso, offerte par ma mère il y a des années, que nous utilisons en alternance avec nos traditionnelles cafetières italiennes, selon la quantité de café voulu et le temps dont nous disposons. Dès que je suis rentrée à la maison l'après-midi, je me suis donc empressée de dépecer une vieille paire pour récupérer les boucles, et j'ai fabriqué ceci :


Les petits étaient pétris d'admiration. Darling et le Grand un peu moins, mais on s'en fiche. Moi, j'étais enthousiaste. Pensez donc, on peut en faire, des choses, avec ces vieilles capsules colorées ! J'avais déjà vu des bonshommes ou des pots de fleurs miniatures, mais moi, la déco, je m'en fiche complètement, alors que les bijoux... Enhardie par mon succès, j'ai décidé de compliquer un peu les choses, et j'ai changé de forme :


N'ayant strictement aucun matériel, ça n'a pas été facile, mais j’étais très fière du résultat. A ce stade, on ne me tenait plus. Je suis allée fouiller dans le carton plein de capsules qui attend depuis des mois que j'aie le courage de l'emporter jusqu'au point de recyclage le plus proche. J'ai vidé, lavé et essuyé une bonne centaine de capsules. Et lundi matin, avec les derniers crochets vides dont je disposais et trois billes qui passaient par là, j'ai encore fait la parure suivante :


Peut-être que ça me passera aussi vite que c'est venu, mais la pensée que je puisse fabriquer mes propres boucles d'oreilles au lieu de les acheter toutes faites m'enchante. Oserais-je vous avouer que j'ai aussitôt commandé un lot de crochets vides, ainsi que quelques accessoires supplémentaires pour essayer de réaliser toutes les idées qui me sont venues depuis ?

Le seul qui n'est pas complètement satisfait, dans cette histoire, c'est Darling. Car quand je lui ai avoué que dorénavant, je choisirais notre café non pas en fonction du goût ou de l'intensité, mais de la couleur de la capsule, il a fait grise mine...

dimanche 19 juin 2016

Fête de l'été en famille

Fête de l'été (si, si, c'est le calendrier qui le dit) dans ma commune, aujourd'hui. Nous y sommes allés en manches longues et imperméables, bien sûr, mais nous y sommes allés, bravant les gros nuages noirs et les températures automnales. Et nous avons bien fait, parce que :
- Des bonds sur un château gonflable pour les petits ;
- Une initiation à l'aviron pour moi ;
- Une brocante, avec achat d'un siège auto à 7 euros, de trois DVD pour toute la famille, et de cinq Picsou magasine pour le Grand ;
- Un bref arrêt devant un stand de recyclage de capsules Nespresso qui m'a ouvert tout un monde de possibilité (je vous en reparlerai sûrement très vite) ;
- Un long moment sur un stand de vélos rigolos, avec le vélo à la roue décentrée (qui donne l'impression de "rebondir", donc), le tri-tandem, la trottinette à deux planches, un grand-bi, et même un monocycle électrique (ou monoroue) (c'était la première fois que je testais, et j'ai enfin compris comment ça marchait) ;
- Un déjeuner saucisses-frites dans une guinguette, avec de très bonnes frites et une musique d'accordéon de rigueur, pour seulement trente euros (très appréciable : pas facile de manger à six pour un prix raisonnable, donc nous n'allons plus jamais au restaurant)...

... ça fait un chouette dimanche en famille.

samedi 18 juin 2016

Anniversaire du Grand

Il a eu 14 ans aujourd'hui. Parce qu'il est grand, je lui offre un voyage pour profiter à fond de sa passion pour l'Histoire...


... et parce qu'il est encore petit, je lui ai fait un gâteau décoré comme son doudou sa mascotte, un personnage d'un jeu Nintendo, nommé Kirby, qu'il a déjà sous forme de peluche.


Bon anniversaire mon ado chéri !

jeudi 16 juin 2016

Petites chroniques des repas en famille

Acte I
Mercredi midi, j'ai rendez-vous chez l'ophtalmo avec Mr Thing Two à l'heure du déjeuner. Je l'emmène en triporteur. Au retour, j'ai le plaisir de constater que Darling s'est chargé du repas : tout le monde a déjà mangé. Au menu : boulettes Picard réchauffées au micro-onde, et riz à la sauce tomate.
Je mange rapidement avec Mr Thing Two, puis je retourne sur mon ordinateur. Le navigateur Internet est ouvert. Sur une recette de cuisine, si on peut appeler ça ainsi : Comment faire un riz basmati ?

(J'ai bien ri) (je suis méchante)


Acte II
Mercredi soir, je sors. Jeudi matin, je m'étonne auprès du Grand :
— Vous avez mangé le gâteau à la rhubarbe en entier, hier soir ?
— Oui, mais c'est papa ! Il a pris deux énormes parts, il a presque tout mangé tout seul !
— Pourquoi, les petits n'ont pas aimé ?
— Non, pas tellement, et moi non plus. Ils ont juste mangé une petite part chacun, Papa s'est même fâché et il a forcé Miss Thing One a terminer sa part.

Une demi-heure plus tard, le Grand est à l'école, et Darling se lève (horaires décalés). Je l'interroge :
— Vous avez fini tout le gâteau à la rhubarbe, hier soir ?
— Bien sûr, les enfants ont adoré ça ! Ils en ont pris deux fois chacun, Miss Thing One en a même pris trois fois !
— Ah bon ? Et le Grand ?
— Lui, c'était le seul qui chipotait, il a même essayé de convaincre les autres qu'ils n'aimeraient pas ça, j'ai dû me fâcher contre lui...

(La prochaine fois, j'installe une caméra cachée.)


Acte III
Comme je n'étais là hier ni pour le déjeuner ni pour le dîner du mercredi, et que j'ai fait le plein de produits frais et biologiques, je fais des efforts pour le dîner du jeudi. Je passe plus d'une heure aux fourneaux : salade composée, rôti de porc en cocotte, carottes rissolées, purée de pommes de terre, yaourts aux framboises et crèmes au chocolat, plus le pain. Je suis plutôt fière de moi (et fatiguée, aussi).
Mais...
— Z'aime pas la salade ! crie le Filou.
— Je déteste les avocats ! braille Miss Thing One.
— Elle n'est pas très bonne, cette viande, remarque Mr Thing Two.
— Pas de sauce, ne me mets pas de sauce ! exige le Grand.
— Z'aime pas les carottes ! hurle le Filou.
— Il y a des petites boules dans la purée, râle Miss Thing One.
— Pourquoi il est acide, ce pain ? s'interroge le Grand.
— Je finirai ma crème au chocolat demain parce qu'elle est encore un peu chaude, décide Miss Thing One.
— On ne sent pas beaucoup les framboises dans ce yaourt, m'informe le Grand.
— Hier, papa nous a fait du riz et des boulettes : c'était meilleur ! conclut Mr Thing Two.

(Je les hais.)

mardi 14 juin 2016

Scandalisé

C'est arrivé il y a quelques semaines. Le Grand et moi étions sortis en tête à tête, ce qui ne nous arrive pas si souvent. Quand nous avons débouché du RER aux Halles et que nous avons traversé le jardin, un monsieur m'a abordé sous un prétexte quelconque (pour me demander l'heure, je crois), puis il a enchaîné :
— Vous ne voulez pas vous asseoir quelques instants sur un banc ? Ou mieux, aller prendre un café ?
— Non, merci, je dois aller quelque part avec mon fils.
— Vous êtes sûre ? Vous n'avez vraiment pas le temps ? Même pas cinq minutes ? Dommage...
Je l'ai salué en souriant, et nous avons poursuivi notre chemin. Le Grand avait l'air totalement perplexe. Il m'a interrogée :
— Mais tu le connaissais, ce monsieur ?
— Ah non, pas du tout.
— Mais qu'est-ce qu'il voulait, alors ?
— Eh bien, faire connaissance, justement.
— Mais pourquoi ?
— Que veux-tu que je te dise ? Il faut croire que je lui plaisais !

La tête de l'ado qui réalise que sa mère vient de se faire draguer.
Impayable.

lundi 13 juin 2016

Du pain au levain sans levain (ni levure)

Il y a quelques années, j'ai essayé de faire du levain. J'ai lu des dizaines de conseils sur Internet, j'ai déniché le bocal idéal, j'ai annoncé mon intention en fanfare à tout le monde, et je me suis lancée. Au début, tout ne fut que bonheur, joie et harmonie. Pendant six ou sept jours, disons. Jusqu'à ce que j'oublie de le "rafraîchir", et même jusqu'à ce que je l'oublie tout court. Un truc à surveiller tous les jours ? Trop contraignant, trop compliqué pour moi. Toutes mes plantes en pot en savent quelque chose (ou disons qu'elles le savaient avant de crever). Mon levain qui avait tourné s'est retrouvé à la poubelle, et j'ai continué à faire du pain avec du levain en poudre déshydraté, ou à défaut de la levure de boulanger en poudre même-pas-bio (mais c'est moins bon, et surtout, le pain durcit bien plus vite).

Et puis il y a quelques semaines, alors que j'arrivais presque au bout de ma réserve et que je me demandais où j'allais en racheter maintenant que je suis loin de toute biocoop, je me suis rappelé ce que m'avait dit ma grand-mère italienne il y a bien longtemps :
— Ma mère [mon arrière-grand-mère, donc], elle n'achetait pas de levure, ni de levain, et elle ne s'amusait certainement pas à "nourrir" une pâte dans un bocal. A chaque fois qu'elle faisait du pain, elle gardait un petit morceau de la pâte crue, et elle l'ajoutait à sa pâte la fois suivante, tout simplement.

J'ai donc fait mon pain selon ma recette habituelle, en utilisant tout le levain en poudre qui me restait ;
Je l'ai laissé lever ;
Lors du façonnage, avant la deuxième levée, j'ai prélevée une boule grosse comme une petite pomme ;
Je l'ai mise au frigidaire dans un bocal.

La fois suivante, n'ayant plus de levure ni levain, j'ai ajouté cette boule (qui avait bien levé entretemps, malgré le froid du frigo) à ma pâte, et j'ai attendu de voir ce qui se passerait.
Ce qui s'est passé, c'est que ça a levé. Beaucoup plus lentement que d'habitude, certes. Il faut au moins cinq ou six heures, voire toute une nuit. Mais ça marche. Un peu selon le principe des yaourts, sauf que c'est plus facile de ne pas oublier d'en prélever pour la fournée suivante, puisqu'on a moins de chance de manger le pain cru que le dernier yaourt du frigo.

Cela fait environ deux mois que je fonctionne comme ça. Et franchement, notre pain n'a jamais été aussi bon. J'aimerais pouvoir le dire à ma grand-mère...


dimanche 12 juin 2016

Virée couteuse chez Decathlon

Corvée du jour : j'emmène tous les gamins chez Decathlon. Une véritable corvée, quand on sait à quel point ils y sont toujours déchaînés. Dès que je tourne le dos pour fouiller dans les rayons, ils se trouvent une activité passionnante, par exemple jouer aux petits trains avec les paniers à roulette dans les allées (le Grand tirait un panier contenant le Filou, qui tirait lui-même un panier contenant Mr Thing Two, qui tirait à son tour un panier contenant Miss Thing One, et le jeu consistait à se casser la figure le plus spectaculairement possible).
Quelques-unes de nos emplettes...
Néanmoins, au prix de quelques irritations aux cordes vocales, j'arrive à trouver des sandales et des baskets pour chaque gamin, plus des maillots de bain, plus quelques impers et vêtements divers pour les uns et les autres, et même deux ou trois trucs pour moi.
Passage en caisse.
470 euros.
Gloups.
Alors, bien sûr, comme me l'a fait remarquer ma mère après coup, ça fait moins de 100 euros par personne. Sachant qu'aucun de nous cinq n'avait acheté le moindre vêtement ni la moindre paire de chaussure depuis plusieurs mois, c'est somme toute très raisonnable. Certes, certes. Mais quand même, ça fait toujours un choc...

samedi 11 juin 2016

Wonder.land

Pff, quelle barbe, cette histoire de foot, me suis-je dit vendredi en début d'après-midi, en voyant que même la une du site Le Monde y était consacrée. Je donnerais beaucoup pour y échapper. En allant m'enfermer dans un théâtre, par exemple.
Tiens, et si j'allais au théâtre un soir de match ? Il y aura peut-être des promos.
Oh ! Et si j'allais voir une comédie musicale ? Au Châtelet, il y a une version bizarre d'Alice au pays des merveilles, j'ai vu ça hier quand je suis passée devant. Ça se joue jusqu'à quand ?
Mercredi prochain ? Je ne pourrai pas y aller. Mardi non plus. Lundi non plus. Dimanche non plus. Demain non plus. Donc en fait, il ne reste que...

Et voilà comment j'ai pris à 14h30 une des toutes dernières places (sans promo, visiblement ils n'en ont pas eu besoin pour remplir la salle, d'un certain côté ça me rassure) pour aller voir Wonder.land (prononcer "Wonder dot land") le soir même à 20h. Je crois que je n'avais pas fait ça depuis l'époque où j'habitais à Londres et où j'étais célibataire et sans enfants.


Que vous dire ? C'était super, bien sûr. L'histoire d'une adolescente mal dans sa peau qui s'inscrit sur un jeu en ligne pour oublier un peu le divorce de ses parents et les filles qui l'embêtent à l'école, et qui se crée un avatar aussi éloigné d'elle que possible (blonde aux yeux bleus, alors qu'elle est métisse). Elle passe alors presque tout son temps dans ce monde virtuel, où elle se fait des amis, des personnages tous assez étranges. Mais voilà que la directrice de son collège lui confisque son portable et se met à jouer à sa place en lui piquant son avatar, dont elle veut faire une reine très puissante et vêtue de rouge...

L'histoire n'est pas trop mal imaginée, quoique parfois un peu décousue. Les chansons sont plutôt sympathiques, même si les mélodies auraient parfois gagné à être plus simples (j'aurais été incapable de fredonner un des refrains en sortant de la salle). A part ça, les acteurs (tous anglais : c'est une tournée) sont formidables, les décors impressionnants, et la mise en scène... Ah, la mise en scène ! C'est toujours ce qui m'émeut aux larmes (parfois littéralement) dans ce genre de spectacle : le tour de force ahurissant que cela représente, ces dix ou quinze ou vingt personnes sur la scène qui font tous des gestes différents, chantent tous des textes différents, et qui donnent une scène d'ensemble à couper le souffle, où tous les morceaux s'agencent parfaitement, comme dans un puzzle vivant. En sortant de là, je me suis dit qu'il y avait peu de choses qui me plaisaient, qui me touchaient autant (à part un bon bouquin, bien sûr).


Bref, une soirée en solitaire tout à fait inattendue, mais formidable. Et maintenant, j'attends la prochaine comédie musicale avec une énorme impatience... Ce sera sans doute Le fantôme de l'opéra, l'hiver prochain. Allez, plus que six mois à patienter !

jeudi 9 juin 2016

Quelques minutes après minuit

— Tu verras, c'est vraiment très bien, m'a dit la personne qui m'a donné ce livre. Et émouvant : ça ne m'étonnerait pas que tu pleures un peu. Et peut-être que ça plaira aussi à ton aîné ?
Comme quoi on ne peut pas toujours avoir raison sur tout. Bilan : une vérité, une demi-vérité, et une erreur grossière. Parce que :
1- C'est en effet un excellent bouquin ;
2- Je n'ai pas pleuré "un peu", j'ai sangloté dans ma chemise (je ne voulais pas interrompre ma lecture le temps d'aller chercher un mouchoir)
3- Le Grand préférerait sans doute lire La critique de la raison pure en VO qu'un roman aussi bouleversant.

Franchement, ça faisait longtemps que je n'avais pas autant pleuré qu'en lisant Quelques minutes avant minuit (très beau titre, repris dans plein d'autres langues, même si le titre original est plus simplement A monster calls), de Patrick Ness, écrit d'après une idée de la regrettée Siobhan Dowd, traduit par Bruno Krebs et publié chez Gallimard Jeunesse en 2012. Difficile de résumer l'histoire sans la trahir, mais je vais essayer.

Il s'agit de Conor, un garçon de 13 ans qui vit seul avec sa mère gravement malade. Coupé du reste du monde par son chagrin, il n'a plus d'ami, et son père habite sur un autre continent... Mais le pire, ce sont ses cauchemars, ou plutôt son cauchemar, issu d'un terrible sentiment de culpabilité, qui le hante toutes les nuits. Du coup, le jour où un gigantesque arbre du cimetière prend vie et vient lui rendre visite sous la forme d'un monstre (façon "ent" dans Le seigneur des anneaux), Conor n'a pas peur de lui. D'autant plus que ce monstre, aussi effrayant soit-il, ne semble pas vraiment lui vouloir du mal. Il veut simplement lui raconter trois histoires, et en retour, exige que Conor lui en raconte une : une histoire vraie, l'histoire de son cauchemar...

Je ne vais pas vous mentir, c'est triste. Moi qui me suis identifiée au moins autant à la mère qu'à l'ado et même à la grand-mère, pour faire bonne mesure, ça m'a fait une grosse boule dans la gorge, et même trois. Mais même si c'est triste, ce n'est pas désespérant. Au contraire : il y a une certaine forme de courage, voire d'optimisme ; des choses qui sont enfin dites, des problèmes qui sont enfin résolus, même quand tout semble s'écrouler. Et j'aime tant ce que raconte le monstre. Que tout n'est pas blanc ou noir. Que les gens sont compliqués. Qu'on peut faire des mauvaises actions pour des bonnes raisons, et vice-versa. Qu'il faut avoir le courage d'affronter la vérité. Qu'il faut savoir différentier les mots des actes, et qu'on n'a pas à ses sentir coupable d'avoir eu de "mauvaises" pensées, etc.

Bref, si vous aimez les livres "coup de poing" et si vous avez une boîte de mouchoirs à portée de main, n'hésitez pas à vous lancer là-dedans !


PS : Une adaptation va sortir cet automne, un film à gros budget, avec Liam Neeson et Sigourney Weaver.

mardi 7 juin 2016

Traduire l'horreur

Celle qui a été arrachée à sa famille, celui qui s'est retrouvé dans un camp de concentration, celle qui a été traitée en esclave par ceux qui l'avaient sauvée de la rafle, celui qui a miraculeusement réussi à se réfugier en Angleterre mais a aussitôt été envoyé dans un camp d'internement parce qu'il était allemand et donc "ennemi"...

Je suis en train de traduire un bouquin écrit par des survivants de l'Holocauste, et franchement, j'ai hâte d'arriver au bout. Pourtant, c'est un livre pour les enfants, donc très édulcoré, et par définition, les narrateurs ont tous survécu. N'empêche.

Je me suis toujours demandé comment faisaient les traducteurs qui travaillaient pour Amnesty International, ou d'autres ONG de ce genre. Personnellement, le plus souvent, je n'ose même pas lire la lettre mensuelle d'Amnesty. Alors la traduire... Heureusement que tout le monde n'est pas aussi minable ; heureusement que tous les traducteurs ne sont pas des pleutres qui se cantonnent à la littérature jeunesse pour être sûrs de ne jamais avoir à passer des jours ou des semaines sur une histoire trop tragique ou sordide. Merci à eux, et bravo.

dimanche 5 juin 2016

Convergence Francilienne 2016

Pour la troisième fois consécutive, aujourd'hui, nous avons participé à la Convergence Francilienne : des cyclistes arrivant de tout autour de Paris qui convergent vers l'esplanade des Invalides pour y pique-niquer tous ensemble. Cette fois, contrairement à l'année dernière, le Grand était sur son propre vélo, et il a fait ses trente-deux kilomètres sans broncher ; il a même échangé de vélo avec moi pendant un bon quart d'heure, au retour, quand le poids du triporteur chargé (et toujours sans batterie) commençait vraiment à se faire sentir. Et contrairement à l'année dernière encore, j'étais non pas en queue de cortège, mais en tête, juste derrière les "gilets bleus" chargés de bloquer les voitures aux intersections : avec un autre triporteur, nous régulions la vitesse de tout le cortège. Quant à la météo... voyons le verre à moitié plein : nous n'avons eu besoin ni de crème solaire ni de chapeaux, nous n'avons pas risqué de nous déshydrater en pédalant, nous n'avons pas eu besoin de nous battre pour trouver des places à l'ombre sur l'esplanade, et néanmoins, il n'est pas tombé une seule goutte de pluie ; on peut donc considérer que c'étaient des conditions idéales !

Bref, comme chaque année, un vrai moment de bonheur pour petits et grands. Le dimanche 4 juin 2017 est déjà marqué dans mon agenda !


L'endroit où les différentes branches se rejoignent, à côté du Louvre.
J'avais prêté mon gilet jaune au Grand,
puisqu'on m'en avait filé un bleu...

Les sardines dans leur boîte.

Joie d'être en tête de cortège !
On ne voit pas souvent la rue de Rivoli aussi dégagée...

Un vélo particulièrement curieux !

samedi 4 juin 2016

Présumés coupables

On sonne à la porte alors que le Grand, Darling et moi sommes en train de discuter du frère de Dumbledore (on a des discussions très littéraires, en famille) et que les trois petits jouent dans le jardin. Je vais ouvrir.
— Bonjour madame, je suis votre voisine d'à-côté...
— Oh, mon dieu. Qu'est-ce qu'ils ont fait ?
Elle a l'air un peu surprise.
— Non non, rien, personne n'a rien fait, c'est juste que vos arbres commencent à dépasser beaucoup par-dessus le mur, et je me demandais si ça vous ennuierait de les tailler...
— Ah ! D'accord. Je pensais que mes gamins avaient envoyé des cailloux chez vous, ou un truc du genre. Voulez-vous me montrer de quels arbres il s'agit ?

Elle entre dans le jardin, me montre. Au retour, Darling nous guette sur le seuil de la porte. J'explique :
— Madame est notre voisine...
— Ah. Qu'est-ce qu'ils ont fait ?
— Rien du tout, c'est juste que nos arbres dépassent dans son jardin.

Je promets de m'occuper des arbres ; la voisine s'en va, nous rentrons dans la maison. Le Grand lève les yeux de sa BD et s'enquiert :
— Alors, qu'est-ce qu'ils avaient fait ?

(Et dire qu'ils étaient sagement en train de préparer une potion magique à base d'eau croupie, de fleurs arrachées, d'escargots noyés, et de cochonneries trouvées dans la poubelle !)

vendredi 3 juin 2016

Qui l'eût crue ?

Hier soir, retour à minuit passé. Je ne défais même pas ma valise : lavage de dents, bisous aux gamins endormis, au lit.

Ce matin, à 7h, le réveil se met en route.
"... êtes sur la matinale de radio-classique, il est sept heure, bonjour ! Le journal des informations : Selon les prévisions, le niveau de crue de la Seine devrait dépasser 6 mètres aujourd'hui..."

Voilà qui me réveille d'un coup.

— Le niveau de quoi ? Darling ?
Pfffssshhhhht....
— Darling !
— Grrmmpfffsh ?
— Il y a des inondations dans Paris ?
— Mmm ? Oui, bien sûr, tu n'étais pas au courant ?
— Tu te rappelles que j'étais dans un endroit sans télé, sans internet, sans radio ?
— Quelqu'un aurait pu te le dire...
— Qui ? La seule personne avec qui j'ai parlé tous les jours, c'est-à-dire... toi ?
— Ben... J'ai pensé que tu le savais...

Promis, la prochaine fois que je vais là-bas, je m'offre deux cappuccini quand je vais prendre mon goûter au café, et en plus d'un petit tour sur ma boîte mail et sur mon blog, je prends le temps de regarder les gros titres du Monde.

En tous cas, une chose est sûre, apprendre ça brusquement au réveil, ça fait un choc. Quand je pense que je me plaignais parce que mes cerises n'étaient pas mûres... Je peux dire que c'est la douche froide, ou ce serait aller un peu loin ?



PS : Normalement je ne relaie pas les images virales qui circulent sur Internet (sauf si elles concernent le vélo, j'admets), mais celle-la m'a bien fait rire (et elle a un vague rapport avec le vélo, d'ailleurs) :
Si cela continue...

jeudi 2 juin 2016

Convergence 2016, quelqu'un ?

Les autres années, je vous en parlais après, avec des photos : ici, et ici. Je le ferai encore certainement cette fois-ci, mais je lance aussi un appel à l'avance : qui vient avec nous à la Convergence dimanche prochain ? Bonne ambiance et courbatures garanties ! Allez, si le Grand peut le faire – il sera sur son propre vélo, cette fois –, tout le monde peut le faire...


Points de rendez-vous, horaires et détails ici.

mercredi 1 juin 2016

Cerises et tragédie



En vrai de vrai, je ne suis pas venue pour faire des démarches administratives, ni pour travailler, ni pour me reposer. Enfin, j’ai fait les trois, bien sûr : j’ai enfin clos la succession de ma grand-mère (hourra !), j’ai terminé ma traduction en cours et fait quatre fiches de lecture, et j’ai dormi trois nuits de suite plus de huit heures d’affilées. Mais ce n’est pas l’essentiel. En vrai de vrai de vrai, moi, je suis venue pour les cerises.
Il faut savoir que j’adore les cerises, et que pendant toute mon enfance et mon adolescence, chaque été, j’ai quitté la région parisienne au moment où la saison commençait enfin pour aller en vacances chez ma grand-mère… où la saison venait de se terminer.
Frustration.
Or, ici, il y a deux magnifiques cerisiers, un de cerises rouges et un de cerises jaunes, et une année, une seule, je suis venue par hasard pile au bon moment. J’ai encore un souvenir émerveillé de ces cerises juteuses et sucrées cueillies sur l’arbre et mangées aussitôt. Donc cette année, quand j’ai prévu de faire un autre voyage au printemps pour régler les affaires en cours, j’ai consulté mon agenda, et j’ai choisi la même date qu’il y a trois ans.
J’avais tout de même un peu d’appréhension, car il arrive qu’il y ait des années sans cerise. Après avoir posé mes bagages dans la maison, l’autre jour, je suis donc immédiatement ressortie pour aller voir les cerisiers.
Et j’ai poussé un cri de joie.
Des centaines de cerises. Des milliers, peut-être.

Et puis je me suis approchée, et je me suis souvenue qu’ici aussi, le printemps avait été « pourri ».
Des centaines de cerises qui seront mûres dans une semaine ou deux, quand il n’y aura plus personne pour en profiter.
J’en pleurerais.