mardi 22 février 2022

Autoportrait en skieuse

Personnellement, quand je lis des blogs, j'aime bien pouvoir me représenter leurs auteurs.
Alors aujourd'hui, j'ai décidé de vous faire plaisir et de poster un selfie pris hier matin sur un télésiège, entre deux tourbillons de neige. Ne me remerciez pas.

jeudi 10 février 2022

Le Grand et la prise de sang

 Le Grand n'est pas très en forme depuis quelques jours. Il est donc allé chez le médecin hier. En revenant, catastrophé, il m'annonce :
— Maman, c'est affreux, je suis mourant !
— ???
— Le docteur m'a dit que je faisais de l'hypertension et qu'il fallait que j'aille voir un cardiologue ! Rien que d'y penser, je me sens mal !

Allons bon. Et dire qu'on croyait tous qu'il avait "deux de tension", comme on dit. La vie est parfois facétieuse.

— Mais tu lui as dit que la simple vue d'un tensiomètre te met en transe ?
— Non, j'ai pas osé, mais j'étais très très très angoissé !

Alors, je n'y connais rien, mais ça pourrait bien être un début d'explication, il me semble.

— Bon, je te reprendrai la tension ce soir à la maison, tranquillement.
— Non ! Non, je veux pas ! J'ai peur ! Non ! Au secours !
— Mais peur de quoi, au juste ? Ça ne fait pas mal !
— Non mais ça serre et donc ça fait gonfler la main et donc ça fait penser aux veines et... Oh là là, je me sens mal.

(Oui, son hématophobie ne s'est vraiment pas arrangée, ces dernières années. Elle a même dramatiquement empiré, ce que je n'aurais pas cru possible. Il n'a même plus besoin de voir du sang : il suffit qu'on mentionne quoique ce soit qui se rapporte au fonctionnement du corps, même les battements de cœur ou les règles ou une anémie, pour qu'il manque tourner de l’œil.)

Depuis hier, je lui mesure donc la tension plusieurs fois par jour, histoire qu'il s'habitue. Ça va déjà un petit peu mieux. J'ai bon espoir que d'ici une semaine, il trouve ça presque banal.

Mais ce n'était pas terminé. Il y a bien pire. Le médecin lui a prescrit une prise de sang.

— Je veux pas, je veux pas, je veux pas, je veux pas, au secours, non, je peux pas !
— Du calme. On ira ensemble demain matin, je te soutiendrai, ne t'en fais pas, c'est très rapide.

J'ai passé un certain temps à le convaincre. Ce matin, miracle, j'arrive à l'emmener au laboratoire, qui n'est heureusement qu'à quelques dizaines de mètres de mon immeuble, car il marche avec l'enthousiasme d'un orang-outang qu'on emmène à l'abattoir. Je rentre, je me présente à l'accueil, je donne la carte vitale :

— C'est pour mon fils aîné.
— Mais... il est où, votre fils ?
— Il attend dehors. Il est très stressé. Il vaut mieux qu'il reste à l'extérieur jusqu'au dernier moment.

Quand c'est son tour, il entre bravement, s'assoit sur le fauteuil, tremble de tout son corps, n'arrive pas à tendre le bras, a la tête qui tourne. Sous les yeux de l'infirmer ébahi, je lui serre la main (l'autre), je lui cache les yeux pour qu'il ne voie rien, je lui appuie la tête contre le dossier (histoire qu'il ne tombe pas s'il s'évanouit vraiment). Et pendant que l'infirmer pique, je tente de le distraire :

— Allez, courage, dans une minute c'est terminé. Pense à autre chose !

Il n'y arrive pas. Il est blême, en sueur. 

— Allez, mon grand, un petit effort. Tiens, parle-moi un peu de Tamerlan. Quelles sont ses dates ?

Il revient d'entre les morts pour souffler :

— Euh, je me souviens plus de sa date de naissance, mais il est mort en 1405...
— Ah, d'accord. Jeune ou vieux ?
— Assez vieux, à peu près soixante-dix ans.
— Et qui lui a succédé ? Il avait des enfants ?
— Oui, deux fils, mais ils sont morts avant lui...

(L'infirmier a rempli deux fioles. Plus que quatre. On va y arriver.)

— Du coup, qui lui a succédé ?
— Alors, c'est son petit-fils... Oh là là, je vais m'évanouir...

(Plus que trois.)

— Mais non, mais non, tu ne me peux t'évanouir comme ça, j'ai impérativement besoin d'en apprendre davantage sur Tamerlan là maintenant tout de suite. C'était un admirateur de Gengis Khan, non ?
— Oui, il a même épousé une de ses descendantes. J'ai la tête qui tourne...

(Plus que deux.)

— Et c'était dans la même partie du monde ? Ohé ? Tu m'entends ? Concentre-toi. Tamerlan et Gengis Khan ont-ils conquis les mêmes territoires ?
— Non, pas du tout. Gengis Khan était mongol, alors que Tamerlan était Ouzbek. Tu sais où est l'Ousbékistan ?
— Euh, très vaguement...  Plus à l'ouest ? Et plus au sud aussi, peut-être ?
— Oui, c'est ça, ça ne touche même pas la Mongolie.

Terminé ! On a réussi ! Comme il est complètement dans les vapes, c'est moi qui appuie sur le coton pendant que l'infirmier, imperturbable, étiquette les fioles. Si ce dernier est un peu surpris de cette leçon d'histoire imprévue, il n'en laisse rien paraître. Le Grand parvient à se redresser, puis à se relever. Je m'excuse en son nom :

— Désolé, monsieur. J'imagine que vous devez en voir d'autres, des hématophobes, non ?
— Plutôt des gens qui ont peur des aiguilles. Mais à ce point-là... Un par an, peut-être ? Là c'est bon, je l'ai vu, je suis tranquille pour 2022 !


Bon. Dans quelques semaines, bilan cardiaque. Je me prépare psychologiquement. L'occasion d'une leçon sur les Croisades, peut-être ?


lundi 7 février 2022

La cuisinière contre la littéraire


Dans le genre "chroniques familiales rigolotes", on m'a récemment vanté L'omelette au sucre, le premier volume de la série Une famille aux petits oignons, de Jean-Philippe Arrou-Vinod : les joyeux souvenirs d'enfance de l'auteur, au sein d'une famille de cinq frères. Ça tombe bien, j'en avais entendu parler et il était dans ma PAL* virtuelle. Après avoir failli l'acheter dans une librairie et avoir renoncé au dernier moment, prise d'un doute, je retrouve l'exemplaire chez moi (mon doute était donc justifié, j'ai dû l'acheter pour le Grand il y a quelques années) et je commence à lire. Voilà le début :

- Les enfants, a dit maman, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer.
C'était un soir de 1967, un peu avant Noël. Papa n'était pas rentré, on était tous dans la cuisine à préparer le dîner. (...)
- Une grande nouvelle ? a répété Jean-A. Chouette, tu vas nous faire des frites !
Jean-C a ricané, vu qu'on était en train d'écosser des petits pois...

J'ai failli m'étrangler avec mon thé.

Des PETITS POIS FRAIS ??? En DÉCEMBRE ???

 

Du coup je me suis arrêtée au bas de la première page. C'est peut-être drôle, bien écrit, et tout ce que vous voulez, mais comment pourrais-je faire confiance à quelqu'un qui prétend avoir écossé des petits pois frais en décembre 1967 ? Il y a des limites à ma crédulité, quand même.

 

(Bon, en vrai je vais peut-être m'y remettre, dès que je me serai remise de mes émotions. C'est vrai que ça a l'air sympa. Je sauterai le passage offensant et je commencerai ma lecture à la deuxième page, voilà tout.)

 

* Pile À Lire.

 


dimanche 6 février 2022

Yves Saint-Laurent au Musée d'Art Moderne

J'emmène les enfants visiter le Musée d'Art Moderne, dont je n'ai redécouvert l'existence que récemment. Em plus des collections permanentes, nous admirons l'exposition Yves Saint-Laurent, disséminée à travers six musées parisiens actuellement. Je m'extasie:
- Regardez, les robes sont assorties aux œuvres exposées ! Et elles sont belles, hein?
- Rêve pas, maman, me rabroue Mr Thing Two. Ça ne t'irait pas du tout, et de toutes façons elles sont trop fines, tu ne rentrerais pas dedans.

mardi 1 février 2022

Rêve droitiste et fruité

J'ai rêvé que j'allais faire un tour en forêt, mais je prenais du retard pour une raison quelconque (je crois que je pêchais des saumons), et le soir tombait. J'étais donc très ennuyée, car j'allais me faire disputer par ma maman, qui m'avait dit que la forêt était dangereuse la nuit. Elle n'avait d'ailleurs pas tout à fait tort, car je finissais par rencontrer deux tigres. Je tentais de les tenir à l'écart avec un balais, aidée par le fait que l'un des deux était aveugle. J'avais un peu peur de me faire manger et vraiment très peur de me faire gronder, parce qu'il faisait désormais nuit noire.

Finalement je parvenais à leur échapper et à atteindre une habitation troglodyte, fermée par une porte ronde, aussi épaisse qu'un coffre-fort de banque. Mais les gens qui habitaient à l'intérieur ne voulaient pas me laisser entrer : ils étaient de droite et ne voyait pas pourquoi ils devraient porter secours à une étrangère*, même poursuivie par des tigres.

Heureusement, sur ces entrefaites arrivait Sarkozy en voiture, ce qui rendait tout de suite les pseudo-hobbits plus aimables : ils se décidaient enfin à nous ouvrir. Il leur expliquait alors qu'il suffisait de nourrir les tigres avec des fruits, et qu'il était lui-même membre d'un Comité de Nourrissage des Tigres avec des Fruits, ou un truc du genre**. D'ailleurs, il avait des rondelles d'ananas et des morceaux d'abricots collés aux joues et aux paupières.

Et puis je me suis réveillée avant de me faire gronder par ma maman, ouf.


Et vous, votre nuit ?


* Désolée, je ne suis pas responsable des conclusions hâtives de mon inconscient.

** Je trouve que mon inconscient aurait pu prendre la peine de trouver un acronyme potable.