lundi 30 juin 2014

Paris Cargo Bikes Meeting 2014

Hier, je suis allée fêter le premier anniversaire de mon triporteur au Paris Cargo Bikes Meeting.

http://pariscargobikes.org/

Pardon ? me direz-vous. Paris cargo bikes, késako ? Sous ce nom un peu ronflant et moyennement français (je devrais peut-être proposer mes services ?) se cache une petite association sympathique qui vise à faire la promotion des vélos-cargo, c'est-à-dire les vélos qui sont capables de transporter des lourdes charges, dont des enfants (les charges les plus lourdes qui soient, avouons-le). Une fois par an, cette jeune association organise un rendez-vous dans le bois de Vincennes où sont conviés tous les heureux possesseurs d'un triporteur, d'un biporteur, d'un long-tail*, etc, et aussi tous ceux qui rêvent d'en acquérir un et qui aimeraient d'abord essayer plusieurs modèles. Je n'avais pas pu y aller l'année dernière (je déménageais moins d'une semaine plus tard), mais je m'étais promis de ne pas le rater cette année, d'autant plus que j'ai fait la connaissance de quelques-uns de ses membres lors de la Convergence Francilienne.

Concrètement, donc, ça consiste en quoi ? En un rassemblement de bénévoles et de partenaires commerciaux. Les partenaires, tous des passionnés, sont là pour faire essayer différents modèles et expliquer les avantages et les inconvénients de chacun. Les bénévoles, encore plus passionnés, organisent des épreuves et des courses dans une ambiance très chaleureuse, qui vise surtout à s'amuser au maximum.
Ce que nous avons fait – nous amuser, je veux dire ! 

Photo piquée au site Paris Cargo Bikes, où vous en trouverez plein d'autres.

J'y suis allée avec le Grand et les Things, plus un copain du Grand - avec une caisse pleine, donc, entre autres parce que les enfants rapportaient des points bonus et que, ne pouvant pas rivaliser avec un Bullit** au niveau de la vitesse, je voulais mettre toutes les chances de mon côté. Je n'ai pas pu rester toute la journée, mais dans la matinée, j'ai passé trois épreuves :

- La première épreuve a consisté en un slalom autour de plusieurs plot. Disons-le tout net, le triporteur préfère les lignes droites ; je m'en suis sortie, mais sans gloire.

- La deuxième épreuve consistait à reproduire la journée type d'un "vélotafeur", autrement dit quelqu'un qui va au travail en vélo - ce qui était mon cas quand je travaillais à l'extérieur, et qui est encore mon cas, en fait, puisque je vais bel et bien de mon domicile à mon travail en vélo en passant par l'école et la nounou (et qu'importe si mon travail est à la même adresse que mon domicile !). Pour l'occasion, j'ai troqué le Grand contre deux gamines poid-plume qui passaient par là (pendant toute la journée, les adultes ont fait des échanges de gamins à l'occasion des épreuves, c'était hautement immoral) (je n'étais pas là à la fin, j'ignore si toutes les familles ont été reconstituées ou si certains ont eu des surprise en ouvrant la capote de pluie de leur biporteur une fois arrivés chez eux), ce qui fait que j'avais cinq enfants dans la caisse, dont trois un peu serrés sur leur banc, mais qu'importe. L'épreuve, minutée, consistait à partir d'un point A nommé "maison", rouler vers un point B nommé "école", décharger les gamins, rouler vers un point C nommé "usine" (je me demande combien il y avait d'ouvriers parmi nous ?), enfiler une blouse de travail et pointer, puis remonter dans le vélo-cargo, retourner à l'école, récupérer les gamins, rouler vers un point D nommé "AMAP" (je vous jure, j'étais écroulée de rire) (un peu plus de bobos*** que d'ouvriers, peut-être ?), charger les courses dans la caisse, et rentrer au point de départ, donc à la "maison". Je n'ai pas été trop mauvaise à ce petit jeu, pour plusieurs raisons : plein de points bonus (même si on m'a dit qu'on ne me compterait finalement "que" quatre enfants, le barème ne prévoyant pas d'aller au-delà !) ; pas besoin de mettre la béquille à chaque arrêt ; pas besoin de mettre l'antivol en U (pour un triporteur insoulevable, l'antivol de cadre suffit) ; pas de difficultés à caser les courses dans la caisse, même avec plein de gamins dedans.

La course de 2013, sous un ciel plus clément (autre photo piquée sur le site de PCB)

- La troisième épreuve, peut-être la plus drôle, consistait à livrer cinq choses (un dossier de plainte, un pack de bière, un DVD, un poisson rouge dans un seau d'eau sans couvercle, et des médicaments) dans cinq endroits différents (chez Mémé, au commissariat, à l'usine, à la pharmacie et au vidéoclub). Mais attention, on ne distribuait pas tout ça de manière logique : on tirait au sort une destination pour chaque objet, et on avait seulement trente secondes pour retenir ce qui devait aller où. Étant assez bonne pour trouver des moyens mnémotechniques, j'ai facilement retenu que j'avais une plainte à déposer contre Mémé (ma belle-mère, bien sûr), des bières pour remonter le moral des ouvriers, des médicaments pour mon Darling en garde-à-vue au commissariat (pas eu le temps de trouver la raison, mais je suis sûre qu'il le mérite), un DVD pour les pharmaciens qui se tournaient les pouces depuis que Darling était emprisonné, et le poisson rouge dans le vidéo-club pour se mettre dans l'ambiance au moment de regarder Un poisson nommé Wanda. Là encore, n'ayant pas besoin de mettre la béquille en descendant du vélo, je m'en suis relativement bien sortie, malgré la vitesse réduite du triporteur par rapport aux vrais vélos de coursiers.

Après ça, il pleuvait des corde et les Things commençaient à fatiguer, donc nous sommes rentrés pour que les petits puissent faire la sieste et que je puisse avancer ma traduction en retard. J'ai encore eu le temps d'essayer quelques biporteurs – je vous ai dit que j'avais envie d'acheter un biporteur en plus de mon triporteur ? Pour aller plus vite, pour rouler plus léger, pour ne pas sortir l'énorme cargotrike quand je n'ai qu'un gamin ou un carton de livres à transporter... Je sais, ce n'est pas indispensable, ni même raisonnable, donc j'hésite encore. En attendant, j'ai tout de même trouvé celui que je voudrais acheter si j'avais 2500 € à dépenser, ce qui n'est pas le cas. C'est un Douze Cycles, le modèle "traveller compact", presque aussi maniable qu'un vélo, et pour lequel il m'a fallu un temps d'adaptation beaucoup plus court que pour les autres biporteurs que j'ai essayés. Je ne l'achèterai sans doute pas de sitôt, ne serait-ce que parce qu'il n'y a pas encore de banquette pour enfants en série (c'est prévu pour la rentrée), mais je le garde dans un coin de ma tête...
Le biporteur que j'achèterais... si j'en avais vraiment besoin
En résumé, une très bonne journée, au cours de laquelle j'ai rencontré plein de gens sympas et chaleureux, même si je n'ai pas retenu un seul prénom à part ceux des deux gamines que j'ai trimballées comme passagères (je me rappelle plus facilement l'endroit où je dois déposer un dossier de plainte fictif que les noms des gens avec qui je discute une demi-heure, c'est ridicule). Une journée pendant laquelle, pour une fois, je me suis sentie presque normale, puisque entourée de gens tous aussi toqués que moi. Un très bon moment, donc.

Pour l'année prochaine, je veux la même chose, mais avec la pluie en moins, et surtout, je veux rester toute la journée, pour faire plus ample connaissance avec les uns et les autres... et aussi pour avoir une chance de gagner les courses, quitte à mettre six gamins dans la caisse – si si, c'est possible, vous verrez**** !


*Un long-tail est un vélo à peine plus encombrant qu'un vélo classique avec un loooong porte-bagage arrière qui permet de mettre des grandes sacoches, ou deux sièges enfants l'un derrière l'autre, etc. Tapez "vélo long-tail" dans votre moteur de recherche pour en voir quelques-uns.

**Un bullit est un biporteur ultra-sportif que je trouve très inconfortable mais que bien des hommes adorent, sans doute parce que ça leur permet d'aller acheter douze litres de lait et des rouleaux de PQ ou d'emmener des gamins à la crèche tout en se sentant malgré tout très, très virils. (Je rigooooole !)

*** Je rappelle que pour moi, "bobo" n'est pas une insulte, loin de là.

**** Ceci n'est pas une annonce. Je connais plusieurs gamins que je pourrai "emprunter" pour ce jour-là.

samedi 28 juin 2014

Messager express

Le roman que je traduis actuellement est bourré d'incohérences. Je ne parle pas d'invraisemblances, comme par exemple le fait que mon héros, le prisonnier le plus important du royaume, qui devait être gardé par le général lui-même, soit finalement confié à la garde d'une petite servante qui l'enferme dans sa propre chambre sans que nul ne s'en soucie (il y restera environ dix minutes). Non, je parle de choses de ce genre :
- Le héros a trouvé un moyen super rapide d'aller d'un point A, où se trouve son ami, à un point B, où il est lui-même ;
- Il écrit une lettre cachetée à son ami pour lui expliquer sous le sceau du secret comment venir en une heure avec un véhicule, alors que normalement il faut trois jours de marche ;
- Il envoie un messager porter la lettre ;
- Une heure plus tard, son ami arrive.
Le messager s'est donc téléporté, je suppose.


(Soupir)

(Allez, j'y retourne)

Pas de rentrée anticipée pour le Filou

A côté de chez moi, mais dans la commune voisine, il y a une petite école qui est souvent en sous-effectif et en menace de fermeture de classe. Or, l'assistante maternelle du Filou, qui est la plus gentille et joyeuse et professionnelle et serviable et avisée des assistantes maternelles, déménage cet été. Trop loin pour qu'on puisse lui amener le gamin tous les matins. Vraiment trop loin : elle part à la Réunion. Du coup, en partie sur son conseil, j'ai fait une demande de dérogation pour inscrire le Filou et les Things dans la petite école dont il était question plus haut. Cela simplifierait énormément les trajets, et nous ferait réaliser des économies substantielles. Je sais bien que le Filou n'aura que deux ans et demi à la rentrée, et que son vocabulaire n'est pas très riche (je ne crois pas qu'on leur donne du nutella, à la cantine), mais en tant que dernier d'une grande fratrie, il est débrouillard et indépendant. J'ai donc jugé qu'il pourrait sans trop de difficultés s'adapter à l'école avec un an d'avance.

Après avoir longuement harcelé la mairie pour savoir si la dérogation nous était accordée, j'ai enfin eu une réponse officieuse ce matin, au téléphone. C'est non.

Bon.
Ce n'est pas grave. Il y a même plein d'avantages à cette situation, en fait.
- Les Things ne changeront pas d'école, ils resteront dans celle qu'ils connaissent. J'ai même déjà discuté avec la directrice à ce sujet, ils seront dans deux classes différentes, ce qui leur fera beaucoup de bien. Et quand ils entreront en CP, ils iront dans l'école primaire qui est juste à côté, ce qui signifie qu'ils auront déjà plein de copains.
- Le Filou sera choyé pendant un an de plus et aura le temps de grandir un peu plus à son rythme. L'adaptation à l'école sera certainement beaucoup plus facile à la rentrée suivante. Il aura tout le temps d'apprendre à parler et à devenir propre. Il ira chez cette autre assistante maternelle qu'il connaît bien, puisque c'est une grande amie de son ass mat actuelle et qu'elles font toutes leurs sorties ensemble. Il connaîtra même au moins un des autres gamins qu'elle garde ; le dépaysement sera donc très limité.
- Je vais continuer à rentabiliser mon triporteur. J'espérais raccourcir les trajets bi-quotidiens, aller chercher mes gamins à l'école à pied, les trois d'un coup. Mais du coup, le triporteur n'aurait plus été de sortie que le weekend, et ça aurait été dommage, n'est-ce pas ?

Bref, ce n'est pas grave. Cela demande juste de continuer encore un an cette organisation compliquée. Et de débourser une somme rondelette tous les mois. Mais je peux le faire. La preuve, je le fais déjà. Et c'est peut-être mieux pour les gamins. Donc ce n'est pas grave, voilà.


...



....



...



C'est bon, je suis toute seule ? Il n'y a plus personne ?


Buuuuuuuaaaaaaaaaaaaahhhhhhh !!

vendredi 27 juin 2014

Dialogue monosyllabique avec le Filou

— Bonjour mon bébé ! Comment ça va ?
— Maman !
— Tu veux te lever ?
— D'eau !
— De l'eau, d'abord ? D'accord. Tiens, voilà ton verre. On y va, maintenant ?
— Si !
— Fais-moi un bisou !
— Kiss.
— Voilà, c'est ça, un "kiss". Merci mon chéri.
— Ding ding ding ?
— Oui, ton biberon est prêt.
— Papa ?
— Il prend sa douche. [Aït] et [Lila] sont en bas, par contre.
— Lala ?
— Oui, c'est ça, ta soeur. Et "A-it", tu sais le dire, maintenant ?
— Kat ?
— Mouais. A peu près. C'est vrai que les mots à plusieurs syllabes, ce n'est pas ton truc, hein ? Sauf quand c'est la même syllabe qui est répétée plusieurs fois... Et le Grand, tu sais dire son prénom ?
— Non.
— C'est bien ce qui me semblait. Bon, tiens, voilà ton biberon. Va t'asseoir sur le fauteuil.
— Maman !
— Oh, tu peux le prendre tout seul, non ? Tu n'as pas besoin d'être sur mes genoux pour boire ton biberon !
Ouiiiin !
— Bon, bon, d'accord. Tout, pourvu que tu ne me cries pas dans les oreilles. Allez, viens.
(...)
— Oh !
— Il n'y en a plus ? Tu as tout bu !
— Si.
— Tu sais que tu pourrais au moins dire "oui", quand même. Ce n'est pas très difficile. Bref, tu veux un petit-déjeuner, maintenant ?
— To !
— Ah non, il n'y a plus de gâteaux, désolée.
Ouiiiin !
— Je ne te mens pas, regarde, la boîte est vide. Je vais en refaire cet après-midi. Mais j'ai du pain. Tu veux du pain ?
— Pain !
— OK. Va t'asseoir à table. Tu veux quelque chose dessus ? Du Philadelphia ?
— Non, Lutella !

L'histoire retiendra que le premier mot trisyllabique de cet enfant, à deux ans et trois mois, aura été "Nutella". Vous pouvez me noyer dans l'huile de palme, je le mérite.

mercredi 25 juin 2014

Un mercredi pour rien

Le mercredi, les Things sont à la maison, et en théorie, c'est Darling qui s'occupe d'eux pendant que je travaille dans ma chambre. En pratique, cependant, je suis souvent sollicitée, pour consoler un enfant, pour déjeuner en famille, pour recoucher trois fois de suite Mr Thing Two qui ne veut pas faire la sieste, pour répondre au téléphone, etc.

Étant très en retard sur ma traduction, ce matin, j'ai décidé de prendre mes cliques et mes claques – autrement dit mon ordinateur portable et mon bouquin en cours de traduction – et d'aller travailler chez mon père adoptif.

Comme je l'espérais, j'ai pu travailler plusieurs heures sans aucune distraction, n'étant même pas reliée à Internet. A midi, j'ai eu droit à un délicieux déjeuner que je n'avais pas préparé moi-même, et à 16h, à un petit goûter apporté sur un plateau. Quand je me suis décidée à rentrer chez moi, j'avais travaillé largement autant que quand je suis seule à la maison, peut-être même plus. Logiquement, j'aurais dû être très satisfaite de ma journée.

Malheureusement, sur le chemin, j'ai cassé l'écran de mon ordinateur portable. Pour de bon. On ne voit plus rien. L'ordinateur doit encore fonctionner – je l'entends qui mouline – mais l'écran fissuré reste blanc avec des rayures grises.
D'après quelques rapides recherches, contrairement à ce que je croyais, on doit pouvoir le changer (tant mieux, car racheter un ordinateur alors que celui-ci est encore tout récent m'aurait fait de la peine). Cela coûte entre 100 et 150 euros.

100 euros, ce doit être à peu près la rémunération équivalente à ces quelques milliers de signes que j'ai traduits aujourd'hui.

J'aurais mieux fait de rester chez moi, tiens.

(Vous me direz, à déjeuner, j'aurais eu une picardise, des bêtises et des cris, au lieu d'un steak et une conversation d'adultes. Certes, certes...)

mardi 24 juin 2014

Fin des cours sans préavis

Il y avait un mot laconique dans le carnet de liaison du Grand, hier soir :
Chers parents, nous vous informons que les cours se termineront le 24 juin à 15h30.
Bien cordialement,
La direction
Le 24 juin. Aujourd'hui, donc.

Sachant que le calendrier scolaire qu'on nous a remis en début d'année, avec les jours fériés et les semaines A et B, va jusqu'au vendredi 4 juillet, comme le calendrier officiel.

J'ai eu envie de courir au collège pour y déposer une bombe. La seule chose qui m'a retenu, c'est que je n'avais pas de bombe (même si j'ai appris dans un Fantômette qu'on peut en fabriquer une avec un verre d'eau et une pile électrique - sauf que l'auteur ajoutait "mais je ne vous dirai pas comment").

Mais au fond, de quoi je me plains ? J'ai vraiment de la veine, après tout :
- De la veine parce que, mercredi dernier, un copain du Grand, délégué de classe, nous avait déjà dit officieusement que le collège était réquisitionné comme centre d'examen, et que les cours se termineraient plus tôt que prévu, même s'il ignorait quand exactement ;
- De la veine parce que je travaille à la maison, et que je n'aurai donc pas à laisser mon fils de douze ans tout seul dix heures par jour pendant dix jours, et que je peux même manger avec lui au lieu de lui préparer des tupperwares à réchauffer au micro-ondes ;
- De la veine parce qu'il est assez indépendant, que je peux lui faire confiance pour penser à fermer la porte à clef et éteindre les lumières quand il sort de la maison si je n'y suis pas, qu'il a au moins deux amis dans le quartier, et qu'il sait s'occuper tout seul (et pas seulement devant un écran) ;
- De la veine parce que ce garçon, pourtant loin d'être parfait, est tout de même plutôt honnête et naïf, et qu'il m'a donc montré le mot (pour lequel aucune signature n'était exigée) au lieu de se taire et de disparaître chaque jour traîner dans les rues du matin au soir sous prétexte d'aller en cours.

N'empêche que j'aimerais bien tenir la directrice ou proviseure ou principale, bref, la responsable de ce collège, pour lui faire entrer dans la tête à coup de cartable (plein) qu'elle aurait pu envisager d'avertir les parents quelques semaines ou même quelques mois plus tôt, histoire qu'ils puissent éventuellement s'organiser, genre.

En tous cas, la prochaine fois que je recevrai une lettre recommandée (!!) pour m'avertir que mon enfant a oublié son carnet de liaison (!!!!) et que, s'il commet encore une fois ce crime abominable, des sanctions seront prises contre lui (!!!!!!), je pense que j'irai lui dire deux mots, moi à "la direction". Peut-être même un seul, tiens.

lundi 23 juin 2014

Fête de l'été en famille

En ce moment, je travaille tous les soirs si tard que je ne dors pas assez, et même quand je me couche à une heure à peu près raisonnable, il m'arrive d'être si stressée en récapitulant tout ce que je devrais faire, que j'ai du mal à me laisser aller au sommeil. Ah, et puis Darling a un rhume des foins persistant, du coup il ronfle.
Me croirez-vous si je vous dis que je ne suis pas au mieux de ma forme ?

Du coup, il me semble qu'il faut plus que jamais se concentrer sur les meilleurs moments, pour se rappeler que non, la vie n'est pas QUE un train lancé à pleine vitesse dans un tunnel sombre qui se termine contre un mur.
(Comment ça, je vous ai déprimés pour la journée ? Mais non, mais non.)

Samedi, seule avec les gamins comme tous les samedis (Darling travaille ce jour-là), j'ai casé toute ma marmaille dans le triporteur, et nous sommes allés à une "fête de l'été" qui se tenait sur des quais pas très loin de chez nous. Soleil, ambiance joyeuse, petite fanfare, animations. Nous avons vu des vélos bizarres, qu'on pouvait même tester (le Grand s'est trouvé sur un machin rebondissant, il en est redescendu très vite) ; nous avons joué de la musique avec toutes sortes d'instruments inventés avec trois fois rien, ce qui a beaucoup plu à tout le monde ; nous avons même fait faire un tour en poney aux trois petits. Et après la promenade, comme il était midi, j'ai emmené tout le monde au restaurant. Événement ! De fait, ce fut un moment mémorable. J'ai grignoté quelques frites infectes, je me suis battue avec un steak filandreux, j'ai dû éplucher la saucisse du Filou (!), j'ai épongé deux verres de jus d'orange et mis un pantalon à sécher au soleil, j'ai ramassé cinq fois une fourchette (pas toujours la même), j'ai échangé le dessert qui me faisait envie contre celui du Grand qui l'a finalement délaissé après l'avoir longuement tripoté, j'ai réalisé un peu tard qu'à cinq l’addition serait forcément salée malgré les menus enfant... mais franchement, ce fut un très beau moment, sur ce quai provisoirement rendu aux piétons, à la mi-ombre, à regarder l'eau clapoter, dans la bonne humeur. Retour en triporteur, avec des mômes bien fatigués par leur promenade et qui ont tous fait la sieste. Vraiment, un bon moment, un de ces moments où je me rends compte qu'à défaut de traverser l'Europe avec une copine en auto-stop, je peux moi aussi emmagasiner des sourires et des rires, et où je suis absurdement fière de faire avec mes quatre gamins, bien souvent toute seule, ce que je trouvais autrefois difficile avec un seul môme, même en couple...

Bon, après, pour le dîner, j'ai fait des pâtes, et personne n'a mangé ne serait-ce qu'un cinquième de la dose de fruits et légumes recommandés par l'OMS ce jour-là, mais à leurs yeux, cela ne peut que compter en ma faveur, non ?

vendredi 20 juin 2014

Ouiiiiiii !

Invitée à dîner à l'occasion de l'anniversaire du Grand*, ma soeur lui tend un petit papier sur lequel est écrit :
Sondage :
- oui
- non
Un peu intrigué, il a coché "oui". Il a bien fait, elle lui a offert une wii.

Et s'il avait coché non, elle lui aurait offert quoi ? Un nom ?

(Au secours, moi qui espérais échapper à la wii encore quelques années...)



*Il est beaucoup question de l'anniversaire du Grand, en ce moment, pas vrai ? Vivement que cette semaine s'achève !

jeudi 19 juin 2014

Armeline Fourchedrue

Voici le cadeau que j'ai offert au Grand pour son anniversaire :


Pour ceux, et j'espère qu'ils ne sont pas nombreux, qui  ne la connaissent pas, l'illustration représente donc Armeline Fourchedrue, une héroïne inventée par Quentin Blake. Une sacré bonne femme absolument hilarante avec ses petites lunettes et son caractère bien trempé, qui trouve qu'il manque toujours quelque chose pour que son vélo soit parfait : "Ce qu'il faudrait à cette bicyclette, se dit Armeline Fourchedrue, c'est..." ... de quoi manger, de quoi faire de la musique, de quoi se laver les mains, de quoi se protéger de la pluie, etc., jusqu'à ce que le vélo soit transformé en un engin absolument improbable et que l'aventure tourne à la catastrophe. Mais quand Armeline a une idée en tête, elle ne l'a pas ailleurs... Un des rares albums pour les enfants que je peux lire et relire et relire sans me lasser, aussi charmée par les illustrations désopilantes que par le texte (chapeau à la traductrice, Camille Fabien : ah, cette ancre ajoutée "pour faire bonne mesure" !). Les suites, Armeline et la grosse vague et Armeline Fourchedrue reine du volant, ne sont pas mal non plus. Si vous n'avez pas ce grand classique chez vous, réparez vite cette erreur !

mercredi 18 juin 2014

Ma petite soeur, cette auto-stoppeuse

J'ai une sœur*. Une petite sœur qui, l'air de rien, vient d'avoir trente ans. Pendant toute mon enfance/adolescence, je l'ai détestée, ou presque ; il faut dire que c'était une véritable peste. Maintenant qu'elle est grande, je m'entends nettement mieux avec elle, même si je ne la vois pas si souvent, surtout depuis que j'ai déménagé et qu'il faut qu'elle prenne le RER ou un "bus à trois chiffres" (sic) pour venir me voir. Nous sommes cependant restées très différentes, malgré quelques points communs (qui a dit "un sale caractère" ?), et nous menons des vies très dissemblables. Nos vacances le symbolisent assez bien : pendant que je passe six semaines en famille dans une maison de campagne à faire la cuisine pour des grandes tablées, elle, elle part avec une amie traverser l'Europe en auto-stop. C'est ce qu'elles ont fait l'année dernière et celle d'avant, et elles le racontent ici :
http://lesptitespoucettes.com/

Cette fois, elles voudraient faire Athènes-Helsinki, et comme elles ne sont pas riches (ma sœur est actuellement au chômage), elles récoltent des fonds pour se lancer. Et il ne leur reste plus qu'un seul jour pour atteindre leur objectif... Alors si jamais certains parmi vous avaient envie de les soutenir, de voyager par procuration, de leur donner un petit coup de pouce (c'est le cas de le dire), vous pouvez aller ici :
http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/les-p-tites-poucettes-athenes-helsinki-en-autostop
Ma mère, qui a tous les ans des nœuds dans l'estomac pendant toute la durée de leur voyage**, vous en voudra peut-être, mais ma sœur et son amie vous en seront éternellement reconnaissantes !

*En fait, j'en ai deux ; j'ai déjà souvent mentionné l'autre, qui est à peine plus âgée que le Grand et qui part régulièrement en vacances avec nous. Mais c'est de la sœur avec laquelle j'ai été élevée qu'il est question ici.
**En toute franchise, moi aussi, un petit peu...

mardi 17 juin 2014

L'anniversaire sans les boules (quoique)

Soit un préado qui veut fêter son anniversaire avec ses copains. Jusque-là, rien que de très normal. Oui, mais où ?
- Pas au Jardin d'acclimatation, Parc floral, Playmobil fun park, ni rien de ce genre : trop grands.
- Pas dans un parc à thème, Eurodisney ou Parc Asterix : trop cher.
- Pas à la maison, où les copains viennent déjà plusieurs fois par semaine : trop banal.
- Pas dans un bar avec musique, danse et boissons : trop petits.

Alors ?
Je me suis creusé longuement la tête, mais finalement, j'ai trouvé une idée. Je les ai emmenés au bowling.

Pendant une heure et demie, ils ont fait deux parties, et le Grand a même eu le plaisir de gagner la deuxième. Ensuite, nous sommes allés pique-niquer dans un jardin, avec un temps idéal, ni trop chaud ni trop gris. Puis ils ont enchaîné sur une grande partie de cache-cache, preuve qu'ils ne sont pas si "grands" qu'ils veulent nous le faire croire, et enfin nous sommes rentrés à la maison juste à temps pour manger le gâteau préparé le matin même et ouvrir les cadeaux.
Et moi, ayant laissé Darling avec les trois petits, j'ai mangé quand ils mangeaient, et bouquiné quand ils jouaient. A part les années où, jeune accouchée, j'avais embauché un animateur, je n'ai jamais organisé une fête d'anniversaire aussi réussie pour aussi peu d'efforts.

Là où je me suis fait avoir, quand même, c'est que sous prétexte de ne pas mélanger les amis de primaire et ceux du collège, qui ne se connaissent pas, le Grand a exigé non pas une mais DEUX fêtes d'anniversaire. Samedi prochain, pyjama party avec trois autres pré-ados qui ne se sont pas vus depuis longtemps. Je sens que la nuit sera courte...

dimanche 15 juin 2014

Traductrice sans le savoir

Lors du dernier salon du livre jeunesse, j'ai été employée comme interprète auprès d'un auteur anglais qui a écrit des romans assez drôles qu'on m'a donnés à l'occasion.
J'ai refilés ces romans, dûment dédicacés, au Grand, qui les a beaucoup appréciés. Depuis, il me demande régulièrement s'il n'y a pas de nouveau volume dans cette série. Hélas, non.
Mais, me dis-je aujourd'hui dans un éclair de génie, peut-être avait-il précédemment écrit autre chose dans la même veine, cet auteur ?
Je fais donc une recherche bibliographique, qui m'apprend que non, il n'a pas écrit d'autres romans. En revanche, il a pondu une bonne dizaine d'albums, traduits par...
... moi.

(J'ai traduit près d'un millier d'albums depuis que je fais ce métier : je ne retiens pas le nom de tous les auteurs et dessinateurs. L'auteur a été traduit dans une bonne trentaine de langues par une bonne centaine de personnes différentes : il ne retient pas le nom de tous ses traducteurs. Rétrospectivement, je trouve néanmoins très étrange que nous n'ayons pas eu conscience de ce lien ténu mais réel qui nous unissait, nous qui avions planché – à des stades différents, certes – sur les mêmes textes...)

samedi 14 juin 2014

Les Things et la fête de l'école

Fête de l'école des Things, ce matin. Acte manqué : j'ai oublié d'allumer le réveil, et pour une fois, bien sûr, tout le monde a dormi jusqu'à 7h50. Lever en quatrième vitesse, biberons express, gamins de mauvaise humeur (stressés ?), départ sans petit déjeuner. A l'école, bataille pour avoir les bonnes places, près de la porte qui donne sur la cours de récréation, au cas où le Filou trouverait le temps long. Appareil photo oublié, bien sûr, et téléphone presque déchargé. Darling pas venu, sous prétexte qu'il doit aller travailler, le lâche. Le Filou court dans tous les sens, le Grand n'est pas en reste. Enfin, le spectacle commence. Très impressionnée par le gros boulot des instits : la cinquantaine de gamins entre 3 et 6 ans chantent, dansent, et récitent même deux ou trois sketchs (un résultat très difficile à obtenir, à cet âge-là ; chapeau !). Chorale générale : bataille contre les autres parents qui se mettent devant tout le monde pour réussir à prendre deux ou trois photos de mauvaises qualités. Mal au dos, car le Filou exige d'être porté, sinon il ne voit rien. Satisfaction, aussi, d'entendre enfin en entier quelques chansons dont les gamins ne chantaient que les premiers vers en boucle depuis des mois.

Mais au milieu de ce grand groupe d'enfants, il y en a deux qui ne participent pas beaucoup. Le premier, un blondinet à lunettes, parce qu'il boude, ou qu'il est timide. La deuxième, une brunette à bouclettes, parce qu'elle suce son pouce la moitié du temps, et ne peut donc ni chanter, ni faire les gestes de la main droite (et mimer de jouer du violon avec seulement la main gauche, avouez que ça n'est pas très parlant).
Devinez qui sont ces deux enfants ?
C'était bien la peine, tiens.

Je me console en me disant que c'étaient les plus beaux, na.

vendredi 13 juin 2014

Folie et bâtardise

Le Grand chahute. Darling secoue tristement la tête :
— Tu es complètement fou, mon fils. D'ailleurs, vous êtes tous complètement fous, tous les quatre. C'est ta faute : tu as contaminé les autres.
— La folie, ce n'est pas contagieux. Par contre, c'est héréditaire...


Le Grand veut littéralement ôter le pain de la bouche de son père, et s'approprier le dernier quignon. Darling l'apostrophe :
— Tu es incroyablement égoïste, toi ! Un vrai bâtard !*
— Ce n'est pas très gentil pour maman, je te signale.


*Je vous rappelle que Darling parle généralement en anglais.

jeudi 12 juin 2014

Les premières phrases du Filou

Le Filou, deux ans et trois mois au compteur, commence vaguement à envisager de peut-être se mettre à parler un jour. Dans cette phase dite "de l'explosion du langage", il acquiert, oh, allez, au moins un nouveau mot par semaine. Merveilleux, non ?

Tenez, par exemple : depuis presque un an, nous insistons pour qu'il essaie de prononcer le nom de ses frères et sœur. Eh ! bien, il y vient. Dans une bouffée d'inspiration soudaine, il y a une dizaine de jours, il a nommé sa sœur "Caca". Autant vous dire que la gamine ne l'a pas très bien pris. Soucieuse de ne pas envenimer davantage leurs relations déjà pas toujours faciles, j'ai beaucoup insisté pour qu'il tente au moins la version simplifiée de son prénom, "Lila". Trop difficile. Mais il a bien voulu prononcer du bout des lèvres "Lala". Ouf, incident diplomatique clos. Depuis, il s'en tient à ça, et est très fier de pouvoir la nommer. Quand nous la cherchons, il nous informe aimablement que "Lalalala !" ("L'est là, Lala !").

De même, après avoir quelque temps estimé qu'il pouvait également nommer Mr Thing Two "Lala" (ben quoi, ce sont des jumeaux, non ?), il accepte désormais – parfois – de se corriger et de lancer un vague "Aki". Ce qui me fait systématiquement penser au "Cococuacuakiki" d'Averell Dalton (que voulez-vous, je suis une intello).
Le Grand attend encore de savoir à quelle sauce il va être bavé. J'ai hâte, vraiment.

N'empêche que c'est bien agréable de pouvoir désormais communiquer autrement que par des braillements. Même si ça ne fait pas forcément gagner du temps, il faut bien le reconnaître. L'autre jour, quelques minutes après avoir été couché, il m'appelle. Quand j'entre dans sa chambre, il me réclame "do do do". Je commence par lui tendre un verre d'eau. Mais non, il ne veut pas "d'eau", il veut "do do do". Mouais. Dodo ? Le dos ? Mais non, trois fois, on te dit ! Do-do-do ! J'ai tout tenté, y compris de faire diversion, mais à chaque fois que je renonçais et que je faisais mine de partir, l'enfant était pris de sanglots. Do do do ! Do do do ! Et puis finalement, l'ampoule s'est allumée au-dessus de ma tête. Il voulait tout simplement deux doudous. Bon sang, mais c'est bien sûr !

Bref, jamais mes talents de traductrice n'ont autant été mis à l'épreuve. Devinez un peu ce que signifie les phrases suivante, pour voir...
- Foufou boum boum boum !
Le chien est tombé. ("Ouaf ouaf, badaboum")
- Cou, atam, apala !
Regarde, il n'y a rien sur la table. ("Ecoute" – ou peut-être "look", nous n'en sommes pas certains – "à table, pas là")
- Cou, vi, patou patou, oh non !
Regarde, j'ai balancé les livres dans toute la pièce, il serait peut-être judicieux de me gronder car je suis parfaitement conscient que je n'avais pas le droit de le faire. (Bonjour le taux de foisonnement, pour celle-ci) (private joke pour traducteurs).
- Abas, ding ding ding !
J'aimerais aller prendre mon biberon. (Ah oui, pas évidente, celle-là, hein ? Il faut savoir que dans la cuisine, donc en bas par rapport à sa chambre, se trouve le micro-ondes utilisé pour réchauffer les biberons, et qui sonne quand il a terminé...)

Etc., etc., etc – non, un seul "etc.", parce qu'il n'a pas encore assez de vocabulaire, mais ça viendra. Si, si, on y croit.

mercredi 11 juin 2014

48 heures à Londres

Samedi matin, je suis partie à Londres avec mon Grand, deux amies, des amies d'amies, et la fille d'une de mes amies. En tout, une joyeuse troupe de huit personnes, dont deux (pré)-ados, et dont un seul représentant de la gent masculine (et vous êtes priés de ne pas prononcer le T final de "gent").
Du porridge dans l'Eurostar. Déjà l'Angleterre.
48 heures à Londres, donc, de samedi midi à lundi midi. C'est peu, c'est vraiment peu. Après y avoir vécu pendant deux ans et demi après mes études, j'y suis retournée moins de fois qu'il n'y a de doigts dans une main, non par manque de désir mais de temps et d'argent. La dernière fois, c'était juste avant d'ouvrir mon blog, il y a un peu moins de trois ans ; j'étais enceinte du Filou, et j'avais décidé de m'offrir ce voyage avec le Grand, parce que je savais que je n'aurais plus beaucoup de temps à lui consacrer.

Un piano en malachite (si, si)
Arrivés samedi midi, nous nous sommes assez vite scindés en deux groupes. Le ciel menaçant de virer à la pluie, nous avons laisser les autres se diriger vers le musée de Madame Tussaud, où je n'avais guère envie d'aller vu qu'il est rempli de parfaits inconnus pour moi (je ne regarde pas la télévision, et ce n'est pas en lisant Télérama qu'on apprend à reconnaître les "people", à quelques exceptions prêt), et mon amie Ficelle et moi sommes allées arpenter Harrods. J'adore ce grand magasin, où je passais parfois des après-midi entiers à l'époque où j'habitais là-bas. C'est probablement le seul endroit au monde où le rayon boucherie est parfois agrémenté par la présence d'un harpiste. Il suffit de passer une porte pour changer entièrement de décor : art nouveau ou kitchissime, vintage ou ultra-design, il y en a pour tous les goûts. Comme d'habitude, je n'y ai quasiment rien acheté, mais cela valait largement une visite au musée. Nous avons terminé notre promenade en prenant un thé, toujours chez Harrods ; par "thé", comprendre "repas très copieux avec sandwichs, scones et mignardises" qui nous a fait office de dîner.

Un euphémisme.
Après un passage très rapide à l'hôtel, direction le théâtre où nous comptions voir une comédie musicale (passer par Londres sans aller voir un spectacle musical, pour moi, c'est comme passer un été en Italie sans manger de glaces). Moment de panique lorsque je découvre que ma montre retarde d'un quart d'heure. Course effrénée, sortie du métro à 19h28, pour un spectacle qui commence à 19h30, et je sais qu'ils n'admettent pas les retardataires qui perturbent les acteurs. Mais où est ce maudit théâtre ? J'avise un clochard assis sur un sac de couchage miteux, et en désespoir de cause, je m'adresse à lui :
— Excusez-moi, monsieur, sauriez-vous m'indiquer le théâtre ?
— Bien sûr, me répond-il dans un magnifique accent britanique. Mais lequel ? Apollo Victoria, ou Victoria Palace ?
Je demeure coite. J'ignorais qu'il y eut deux théâtres à côté de la station Victoria. Remarquant mon effarement, il précise :
— Vous venez voir Billy Eliot ou Wicked ?
Grâce à ce clochard qui connaissait la programmation des théâtres londonniens sur le bout des doigts, nous sommes arrivées juste à l'heure. Comme nous n'avions que des euros en poche, nous n'avons pu le repayer qu'avec un grand sourire. Nous étions promis de repasser lui donner une pièce le lendemain, mais il n'était plus là.
— Il faut croire qu'il ne travaille pas le dimanche, en a conclu Ficelle.

Billy Elliot (Matteo Zecca)
Que vous dire de Billy Elliot ? Extraordinaire, bien sûr. Époustouflant. Comme ça m'était déjà arrivé avec The King and I et quelques autres, j'ai été encore plus charmée par la pièce que par le film, qui est pourtant déjà excellent. Cette présence des acteurs, cette mise en scène, ces décors... Des chansons tristes ou gais, des danses de groupe, des moments drôles (ah, la grand-mère !) et puis le jeune acteur, bon sang, un gamin de onze ans qui reste trois heures sur scène, et joue, et chante, et danse, avec une telle passion ! Je pense que ce genre de soirée est peut-être une des choses qui me manque le plus depuis que j'ai quitté Londres.

 Nuit à l'hôtel, un hôtel de luxe en plein centre de Londres, pour lequel nous avions eu un prix très abordable grâce au comité d'entreprise d'une des participantes, et même d'autant plus abordable pour moi que j'ai oublié de la rembourser. Seul petit soucis : nous étions trois (Ficelle, le Grand et moi) dans une chambre de deux personnes. La réception n'y a vu que du feu, et heureusement, ayant réalisé le problème la veille du départ, j'avais apporté un sac de couchage. Nous avons étalé deux épaisses couvertures par terre pour le Grand, et lui avons donné un des oreillers en rab. Bien entendu, il a passé la nuit non pas sur les couvertures, mais sur le plancher où il avait roulé dix minutes après s'être endormi. Ce qui ne l'a pas empêché de ronfler jusqu'au matin.

Chaque fois que je viens, il y a trois nouveaux gratte-ciels...
Le lendemain, après un petit-déjeuner bien copieux, nous nous sommes promenés le long de la Tamise, histoire d'admirer les monuments les plus célèbres, de constater que les gratte-ciels poussent comme des champignons dans la City et ailleurs, et puis de faire un crochet par The Christmas Shop, parce que c'est toujours amusant d'acheter des décorations de sapin ultra-kitch sur fond de Vive le vent en plein mois de juin. Je n'ai pas résisté à l'envie de taquiner le vendeur :
— Dites-moi, à Noël, pour vous sentir vraiment en vacances et pour que ce soit une période qui sorte de l'ordinaire, est-ce que vous mettez un point d'honneur à ne rien décorer du tout chez vous ?
Il a rit, et m'a dit que pas du tout, il commençait sa déco avec ses enfants début novembre. Comme quoi il y a plus fou que moi.

Le triple decker où voyage Harry.
Après cette promenade hélas un peu trop rapide, nous avons rejoint les autres au lieu de rendez-vous pour prendre le car vers les studios Warner où ont été tournés les films de Harry Potter. C'était une idée d'une de mes amies ; personnellement, je n'avais même pas vu les films jusqu'à la semaine dernière, et je ne tenais pas à les voir (j'en ai finalement vu deux pour l'occasion, et ça me suffit : je n'aime décidément pas les adaptations aussi réussies soient-elles). Mais je savais que ça valait le coup d’œil, et j'ai pensé que ça plairait au Grand. Je ne vous les décrirai pas ; si ça vous intéresse, je vous invite plutôt à lire l'excellent article de Ciloubidouille abondamment illustré sur le sujet, car je la rejoins sur tous les points. Je partage son admiration pour l'extraordinaire soucis du détail, son émotion quand on imagine tout le travail réalisé, et même sa déception pour les produits dérivés proposés par la boutique (il n'y avait même pas de boucle d'oreille en forme de balais ou de retourneur de temps, avouez que c'est scandaleux). Le Grand a tout de même acquis une baguette magique exagérément chère, et depuis, il lance des "Petrificus" et des "Expelliarmus" à tout le monde – sans grand résultat, mais il ne perd pas espoir.

Retour du studio à l'heure du dîner, pris dans un pub mal organisé (mais avec un serveur très comestible, de l'avis unanime – seul le Grand a refusé de se prononcer sur la question), et retour à l'hôtel. Nouvelle nuit sur le plancher pour le pré-ado qui a une nouvelle fois dédaigné les couvertures installées en guise de matelas, mais qui n'en a visiblement pas souffert.

Et puis c'était déjà lundi, jour du départ, et une fois le petit-déjeuner pris dans un salon de thé très chic qui passait Laura Pausini en boucle, nous avons seulement eu le temps de faire un tour dans des magasins, chacun de son côté ; j'en ai profité pour aller saluer une ex-collègue et revoir la librairie où j'ai travaillé deux ans et où j'ai rencontré Darling. Et déjà, il a fallu récupérer les bagages, prendre le métro, acheter des sandwichs, et monter dans l'Eurostar. Au fur et à mesure que le train avançait, le temps et mon humeur se dégradait, et quand nous sommes arrivés à Paris, j'ai eu un gros coup de blues. Pourtant, normalement, je ne souffre pas trop du syndrome de la mélancolie post-vacancière ; mais 48 heures, c'était trop court, et franchement, mes amies pourraient avoir la décence d'habiter à Paris au lieu de résider dans des trous paumés comme Lyon, hein, ce serait plus simple pour se voir souvent.
(Snif.)


Voilà, c'était un beau weekend, qui m'a donné l'occasion de constater que même après toutes ces années, Londres, c'est encore un peu chez moi. Un jour, quand je serai riche et vieille, j'y passerai plusieurs semaines par an ; peut-être même que j'y habiterai. Ou pas. Mais quoi qu'il arrive, il y aura toujours un petit bout de mon âme logé là-bas, quelque part entre Charing Cross et Picadilly Circus, comme un horcruxe créé non pas par un meurtre, mais par des moments de bonheur...

dimanche 8 juin 2014

Escapade

vendredi 6 juin 2014

Deux pique-niques en quatre minutes

8h15, j'enfile les manteaux des Things, je mets mes chaussures, je prends mes clefs, et je salue Darling avant de conduire les gamins à l'école :
— A tout de suite. Au fait, tu as bien donné l'enveloppe à l'instit, hier ?
— Oui, oui. C'était pour quoi, cet argent ?
— Une sortie. Ils vont passer toute la journée à la ferme, vendredi.
— Vendredi prochain ?
— Non, ce... Oh bon sang ! C'est aujourd'hui ! Et il leur faut un pique-nique !

8h16, j'ai ôté mon manteau mais gardé mes chaussures, je coupe quatre tranches de pain, je commence à les tartiner de beurre, et en même temps, j'aboie des ordres :
— Darling, va me chercher les sacs à dos, il y en a un dans l'armoire de Miss Thing One et l'autre au porte-manteau de Mr Thing Two. Mon Grand, surveille les gamins dehors, qu'ils ne fassent pas de bêtises et ne se salissent pas. Le Filou, ne traîne pas dans mes pattes !

8h17, j'ai terminé les sandwichs avec du jambon miraculeusement trouvé dans le frigo, et Darling les emballe dans du film plastique (je hais le film plastique). Je me précipite à la cave, je rafle deux mini paquets de chips périmé depuis 2013 (le Grand en a mangé un dimanche et il est encore en pleine forme, donc ça ne peut pas leur faire de mal, pas vrai ?), deux gourdes, deux compotes. Je remonte à la cuisine, je remplis les gourdes d'eau, je répartis tout ça dans des sacs, j'ajoute des biscuits à chacun. Pas le temps d'éplucher deux carottes, tant pis.

8h18, je monte quatre à quatre dans leurs chambres, je retrouve une casquette pour l'un, un chapeau pour l'autre – taille 2-4 ans, trop petit, mais on s'en fout. Je les fourre dans les sacs à dos.

8h19, nous partons d'un pas vif.

8h28, j'arrive à l'école. Je ne suis même pas en retard.
— Vous avez pensé aux pique-niques et aux chapeaux ? demande l'instit.
— Oui, bien sûr.
— Ah, c'est bien ! Figurez-vous qu'il y a pas moins de quatre parents qui ont oublié.
— Oh ! Franchement, c'est scandaleux ! Comment peut-on oublier une chose pareille ?

8h41, de retour à la maison, j'aurais bien mangé trois grosses tartines pour me remettre de mes émotions ; malheureusement, il n'y avait plus de pain. Mais je n'ai même pas râlé.

jeudi 5 juin 2014

Maquillage poupin

Vous vous souvenez, je m'étais plainte lorsque des cousins bien intentionnés avaient offert à Miss Thing One une hideuse poupée qui lui ordonnait de lui donner le biberon ou de lui changer la couche, alors que Mr Thing Two avait eu droit à des Lego. Je m'étais lamentée qu'avec une poupée pareille, on ne pouvait pas vraiment faire preuve de créativité.

J'avais tort. On peut la maquiller.


(Et puis maintenant, comme elle est abîmée, j'ai une excuse pour la balancer, non ? Non, vraiment ?)

PS : Je viens de voir que quand nous avions reçu la poupée, dans les commentaires, Anne avait déjà prédit la possibilité qu'elle hérite d'une "coupe de cheveux démente" et d'un "maquillage au feutre indélébile". Chapeau, bien vu !

mardi 3 juin 2014

Deux minutes de la vie d'une traductrice


Je relis le chapitre que j'ai traduit hier. Quelqu'un regarde par la fenêtre.

La pluie avait commencé à tomber, peignant de gris le monde au-dehors.

Bof, c'est pas terrible, ce "peignant".  On pourrait croire que c'est le verbe "peigner".

... repeignant de gris le monde au-dehors.

C'est légèrement mieux. Mais on doit pouvoir trouver mieux que "monde au-dehors".

... repeignant de gris le monde extérieur.

Mmm. Toujours pas convaincue. Et si je changeais l'ordre des mots ?

... repeignant le monde extérieur de gris.

Décidément, je n'aime pas ce verbe "peindre", même transformé en "repeindre". On va essayer autre chose.

... teintant le monde extérieur de gris.

Je ne serais pas en train de confondre "teinter" et "teindre", moi ? D'après le dico, on peut dire les deux, mais pour le ciel, "teindre" est plus utilisé.

... teignant le monde extérieur de gris.

En fait je préférais quand le complément d'objet était à la fin.

... teignant de gris le monde extérieur.

Et si j'essayais d'éviter ce participe présent ? On en met toujours trop.

... et avait teint de gris le monde extérieur.

Non, je n'aime pas beaucoup ces deux plus-que-parfaits qui se suivent. On va s'en tenir au participe présent pour le deuxième verbe. Ce qui nous donne donc :

La pluie avait commencé à tomber, teignant de gris le monde extérieur.

Mouais. Mettons. J'y reviendrai sans doute.
(La pluie s'était mise à tomber ?)

...

Contrairement à ce que croient les enfants, être traducteur, ce n'est pas remplacer un mot dans une langue par le même mot dans une autre langue. C'est se poser ce genre de questions. Deux cent fois par jour.

dimanche 1 juin 2014

Convergence francilienne

Nous étions environ 3000, venus de toute l'Île-de-France, depuis Senlis pour les plus courageux, partis aux aurores. Des sportifs et des moins sportifs, des hommes et des femmes, des militants anti-voiture et des cyclistes du dimanche, des groupes d'amis et des familles... Seulement une trentaine au départ de ma banlieue, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières, et croyez-moi, quand les cinq branches venues de toutes les directions se sont retrouvées sur la place de la Concorde vers 13h30, cela valait le coup d'oeil.
(Cliquez pour agrandir)
Nous avons vu des vélos de tous les genres : des vélos de ville, des VTT, des vélos électriques, des vieilles bécanes customisées avec toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, des vélos couchés, un drôle de vélo à trois roues caréné comme un avion, des monocycles, des tricycles, une dizaine de biporteurs, et une demi-douzaine de triporteurs, dont le mien. Nous avons pédalé lentement, en côtoyant plein de gens sympathiques, en échangeant des plaisanteries, des informations sur nos équipements respectifs, ou juste des bavardages amicaux.
J'étais avec le Grand, qui n'a pas osé prendre son propre vélo (et je pense qu'il a bien fait), et les Things. Le Filou, trop petit pour sauter la sieste, est resté à la maison avec son papa. Contrairement à ce que je craignais, ça s'est vraiment très bien passé. Les Things n'ont pas manifesté d'impatience, il n'y a pas eu de dispute, nous avons pu admirer quelques monuments parisiens (l'obélisque, "c'est là où y a Pitou qui arrive dans Caroline" !), et même le trajet du retour, avec des gamins fatigués d'avoir sauté la sieste, n'a pas présenté de difficultés particulières. Trente-deux kilomètres en tout, que j'ai parcourus avec l'assistance électrique du triporteur le plus souvent au minimum – quelques courbatures à prévoir, mais rien de catastrophique. Au milieu, il y avait eu ce pique-nique géant sur l'esplanade des Invalides, au son des tambours venus nous accueillir, avec quelques roulades dans l'herbe en prime, sous un ciel juste assez couvert pour rendre superflu l'emploi de crème solaire.

Sauf catastrophe, croyez-moi, la convergence francilienne 2015, j'en serai !