mercredi 11 juin 2014

48 heures à Londres

Samedi matin, je suis partie à Londres avec mon Grand, deux amies, des amies d'amies, et la fille d'une de mes amies. En tout, une joyeuse troupe de huit personnes, dont deux (pré)-ados, et dont un seul représentant de la gent masculine (et vous êtes priés de ne pas prononcer le T final de "gent").
Du porridge dans l'Eurostar. Déjà l'Angleterre.
48 heures à Londres, donc, de samedi midi à lundi midi. C'est peu, c'est vraiment peu. Après y avoir vécu pendant deux ans et demi après mes études, j'y suis retournée moins de fois qu'il n'y a de doigts dans une main, non par manque de désir mais de temps et d'argent. La dernière fois, c'était juste avant d'ouvrir mon blog, il y a un peu moins de trois ans ; j'étais enceinte du Filou, et j'avais décidé de m'offrir ce voyage avec le Grand, parce que je savais que je n'aurais plus beaucoup de temps à lui consacrer.

Un piano en malachite (si, si)
Arrivés samedi midi, nous nous sommes assez vite scindés en deux groupes. Le ciel menaçant de virer à la pluie, nous avons laisser les autres se diriger vers le musée de Madame Tussaud, où je n'avais guère envie d'aller vu qu'il est rempli de parfaits inconnus pour moi (je ne regarde pas la télévision, et ce n'est pas en lisant Télérama qu'on apprend à reconnaître les "people", à quelques exceptions prêt), et mon amie Ficelle et moi sommes allées arpenter Harrods. J'adore ce grand magasin, où je passais parfois des après-midi entiers à l'époque où j'habitais là-bas. C'est probablement le seul endroit au monde où le rayon boucherie est parfois agrémenté par la présence d'un harpiste. Il suffit de passer une porte pour changer entièrement de décor : art nouveau ou kitchissime, vintage ou ultra-design, il y en a pour tous les goûts. Comme d'habitude, je n'y ai quasiment rien acheté, mais cela valait largement une visite au musée. Nous avons terminé notre promenade en prenant un thé, toujours chez Harrods ; par "thé", comprendre "repas très copieux avec sandwichs, scones et mignardises" qui nous a fait office de dîner.

Un euphémisme.
Après un passage très rapide à l'hôtel, direction le théâtre où nous comptions voir une comédie musicale (passer par Londres sans aller voir un spectacle musical, pour moi, c'est comme passer un été en Italie sans manger de glaces). Moment de panique lorsque je découvre que ma montre retarde d'un quart d'heure. Course effrénée, sortie du métro à 19h28, pour un spectacle qui commence à 19h30, et je sais qu'ils n'admettent pas les retardataires qui perturbent les acteurs. Mais où est ce maudit théâtre ? J'avise un clochard assis sur un sac de couchage miteux, et en désespoir de cause, je m'adresse à lui :
— Excusez-moi, monsieur, sauriez-vous m'indiquer le théâtre ?
— Bien sûr, me répond-il dans un magnifique accent britanique. Mais lequel ? Apollo Victoria, ou Victoria Palace ?
Je demeure coite. J'ignorais qu'il y eut deux théâtres à côté de la station Victoria. Remarquant mon effarement, il précise :
— Vous venez voir Billy Eliot ou Wicked ?
Grâce à ce clochard qui connaissait la programmation des théâtres londonniens sur le bout des doigts, nous sommes arrivées juste à l'heure. Comme nous n'avions que des euros en poche, nous n'avons pu le repayer qu'avec un grand sourire. Nous étions promis de repasser lui donner une pièce le lendemain, mais il n'était plus là.
— Il faut croire qu'il ne travaille pas le dimanche, en a conclu Ficelle.

Billy Elliot (Matteo Zecca)
Que vous dire de Billy Elliot ? Extraordinaire, bien sûr. Époustouflant. Comme ça m'était déjà arrivé avec The King and I et quelques autres, j'ai été encore plus charmée par la pièce que par le film, qui est pourtant déjà excellent. Cette présence des acteurs, cette mise en scène, ces décors... Des chansons tristes ou gais, des danses de groupe, des moments drôles (ah, la grand-mère !) et puis le jeune acteur, bon sang, un gamin de onze ans qui reste trois heures sur scène, et joue, et chante, et danse, avec une telle passion ! Je pense que ce genre de soirée est peut-être une des choses qui me manque le plus depuis que j'ai quitté Londres.

 Nuit à l'hôtel, un hôtel de luxe en plein centre de Londres, pour lequel nous avions eu un prix très abordable grâce au comité d'entreprise d'une des participantes, et même d'autant plus abordable pour moi que j'ai oublié de la rembourser. Seul petit soucis : nous étions trois (Ficelle, le Grand et moi) dans une chambre de deux personnes. La réception n'y a vu que du feu, et heureusement, ayant réalisé le problème la veille du départ, j'avais apporté un sac de couchage. Nous avons étalé deux épaisses couvertures par terre pour le Grand, et lui avons donné un des oreillers en rab. Bien entendu, il a passé la nuit non pas sur les couvertures, mais sur le plancher où il avait roulé dix minutes après s'être endormi. Ce qui ne l'a pas empêché de ronfler jusqu'au matin.

Chaque fois que je viens, il y a trois nouveaux gratte-ciels...
Le lendemain, après un petit-déjeuner bien copieux, nous nous sommes promenés le long de la Tamise, histoire d'admirer les monuments les plus célèbres, de constater que les gratte-ciels poussent comme des champignons dans la City et ailleurs, et puis de faire un crochet par The Christmas Shop, parce que c'est toujours amusant d'acheter des décorations de sapin ultra-kitch sur fond de Vive le vent en plein mois de juin. Je n'ai pas résisté à l'envie de taquiner le vendeur :
— Dites-moi, à Noël, pour vous sentir vraiment en vacances et pour que ce soit une période qui sorte de l'ordinaire, est-ce que vous mettez un point d'honneur à ne rien décorer du tout chez vous ?
Il a rit, et m'a dit que pas du tout, il commençait sa déco avec ses enfants début novembre. Comme quoi il y a plus fou que moi.

Le triple decker où voyage Harry.
Après cette promenade hélas un peu trop rapide, nous avons rejoint les autres au lieu de rendez-vous pour prendre le car vers les studios Warner où ont été tournés les films de Harry Potter. C'était une idée d'une de mes amies ; personnellement, je n'avais même pas vu les films jusqu'à la semaine dernière, et je ne tenais pas à les voir (j'en ai finalement vu deux pour l'occasion, et ça me suffit : je n'aime décidément pas les adaptations aussi réussies soient-elles). Mais je savais que ça valait le coup d’œil, et j'ai pensé que ça plairait au Grand. Je ne vous les décrirai pas ; si ça vous intéresse, je vous invite plutôt à lire l'excellent article de Ciloubidouille abondamment illustré sur le sujet, car je la rejoins sur tous les points. Je partage son admiration pour l'extraordinaire soucis du détail, son émotion quand on imagine tout le travail réalisé, et même sa déception pour les produits dérivés proposés par la boutique (il n'y avait même pas de boucle d'oreille en forme de balais ou de retourneur de temps, avouez que c'est scandaleux). Le Grand a tout de même acquis une baguette magique exagérément chère, et depuis, il lance des "Petrificus" et des "Expelliarmus" à tout le monde – sans grand résultat, mais il ne perd pas espoir.

Retour du studio à l'heure du dîner, pris dans un pub mal organisé (mais avec un serveur très comestible, de l'avis unanime – seul le Grand a refusé de se prononcer sur la question), et retour à l'hôtel. Nouvelle nuit sur le plancher pour le pré-ado qui a une nouvelle fois dédaigné les couvertures installées en guise de matelas, mais qui n'en a visiblement pas souffert.

Et puis c'était déjà lundi, jour du départ, et une fois le petit-déjeuner pris dans un salon de thé très chic qui passait Laura Pausini en boucle, nous avons seulement eu le temps de faire un tour dans des magasins, chacun de son côté ; j'en ai profité pour aller saluer une ex-collègue et revoir la librairie où j'ai travaillé deux ans et où j'ai rencontré Darling. Et déjà, il a fallu récupérer les bagages, prendre le métro, acheter des sandwichs, et monter dans l'Eurostar. Au fur et à mesure que le train avançait, le temps et mon humeur se dégradait, et quand nous sommes arrivés à Paris, j'ai eu un gros coup de blues. Pourtant, normalement, je ne souffre pas trop du syndrome de la mélancolie post-vacancière ; mais 48 heures, c'était trop court, et franchement, mes amies pourraient avoir la décence d'habiter à Paris au lieu de résider dans des trous paumés comme Lyon, hein, ce serait plus simple pour se voir souvent.
(Snif.)


Voilà, c'était un beau weekend, qui m'a donné l'occasion de constater que même après toutes ces années, Londres, c'est encore un peu chez moi. Un jour, quand je serai riche et vieille, j'y passerai plusieurs semaines par an ; peut-être même que j'y habiterai. Ou pas. Mais quoi qu'il arrive, il y aura toujours un petit bout de mon âme logé là-bas, quelque part entre Charing Cross et Picadilly Circus, comme un horcruxe créé non pas par un meurtre, mais par des moments de bonheur...

3 commentaires:

  1. C'est quand même impressionnant tout ce qu'on a fait.

    Le luxe, ce serait de prendre le thé (avec son corollaire de scones et de sandwiches, of course!) en regardant tomber la pluie sur Picadilly, et ne pas se sentir floué, parce qu'on aurait tout le temps.

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  2. J'aime vraiment beaucoup ton blog. Je m'y sens bien, un peu comme à la maison... C'est très agréable. Merci

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